Brève 25 février 2009. François Fillon demande à Xavier Darcos de renforcer la mise à disposition de l’université de professeurs agrégés (PRAG du second degré) pour un meilleur encadrement des étudiants dans le cadre du « Plan Réussir en licence ». Cette annonce est presque présentée comme un scoop, une nouveauté. Il n’en est rien ! Les PRAG (mais aussi les PRCE, professeurs certifiés) interviennent de très longue date dans l’université : ils ont été mobilisés de manière très importante dans les années 90 pour faire face à la progression du nombre d’étudiants et… pour limiter la progression des effectifs d’enseignants-chercheurs ! En 2007-2008, ils sont toujours là !
La Note d’information « Les personnels enseignants de l’enseignement supérieur 2007-2008« (Bideault et Rossi, 2008) fait le point. 90.000 enseignants ont enseigné dans l’enseignement supérieur cette année-là : 20.000 professeurs, 37.300 maîtres de conférences, 13.700 enseignants du second degré, 6.600 attachés d’enseignements et de recherche (ATER), 7.100 moniteurs. Le nombre d’enseignants de ces deux derniers statuts précaires a plus que doublé entre le début des années 90 et 2007-2008 ! Au cours de la même période, le nombre d’enseignants du second degré en fonction dans l’enseignement supérieur a progressé de 60% (progression analogue à celle des maîtres de conférences), alors que le nombre de professeurs n’augmentait que de 35%.
Les professeurs du secondaire en fonction dans le supérieur (ils y sont « affectés » et non « détachés », comme je l’ai écrit dans la première version de cette chronique : lire les commentaires) enseignent, en particulier, dans les disciplines littéraires et de sciences humaines et sociales, dans les Instituts universitaires de technologie (IUT). Ils ont un service double (384 heures de travaux dirigés) de celui des enseignants-chercheurs (d’où l’intérêt, pour les finances publiques, d’y recourir quand les effectifs étudiants augmentent rapidement !). Il faut rappeler, dans le débat actuel sur la modulation des temps de services d’enseignement, que les PRAG bénéficient de décharges de services quand ils préparent un doctorat, quand ils ont des responsabilités pédagogiques ou administratives ou… quand les effectifs étudiants diminuent (cas des disciplines scientifiques).
L’incitation à faire appel aux PRAG pose, de manière très explicite, la question de l’enseignement dans le cycle « licence ». Depuis la réforme LMD, le premier cycle est assuré essentiellement par des maîtres de conférences (certains de ceux-ci sont des PRAG et des PRCE titulaires d’un doctorat), des professeurs détachés du secondaire, des ATER et des moniteurs (ceux-ci doivent assurer 64 heures de travaux dirigés). Les professeurs ont délaissé le 1er cycle et assurent les enseignements de master et de doctorat.
Le corps enseignant de premier cycle universitaire est donc extrêmement hétérogène (personnels titulaires et personnels précaires), ce qui présente un risque important pour la qualité des enseignements. D’où notre idée de créer des lycées d’enseignement supérieur (LES), établissements d’éducation autonomes des lycées et des universités et assurant la totalité des enseignements de premièr cycle, ceux menant aux études longues et ceux menant au marché du travail (licences professionnelles). Le corps enseignant de ces LES ne serait composé que de professeurs agrégés. Cliquer ici pour accéder à la chronique : « créer 480 lycées d’études supérieures ».
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