Les Notes d’Information de la DEPP continuent de paraître au compte-gouttes, en dépit des déclarations de Valérie Pécresse et Luc Chatel, concernant la parution des Notes bloquées (cliquer ici). La Note de Sylvie Péan (n°09-15, juin), consacrée aux « orientations post-baccalauréat. Evolution de 2000 à 2007 » (lire la Note), est particulièrement intéressante car elle concerne huit promotions récentes de bacheliers. Quelle est la proportion de bacheliers qui poursuivent immédiatement des études supérieures après l’obtention du bac (lire la note 1) ? Etudes longues à l’université ou en CPGE ? Ou études courtes en IUT, en STS ou dans une autre formation (lire la note 2) ? Dans quelles spécialités ? A lire absolument.
Cette chronique attire l’attention sur la diminution du taux global de poursuites d’études supérieures (l’objectif de 50% de jeunes diplômés du supérieur s’éloigne !), et sur ce qu’il faut bien appeler « la crise du recrutement en 1er cycle universitaire« . Le taux d’entrée dans l’enseignement supérieur diminue pour tous les types de baccalauréat. 99% des bacheliers généraux 2002 avaient poursuivi des études ; le taux est tombé à 96,2% en 2006 et 94,8% en 2007. 79% des bacheliers technologiques 2003 avaient poursuivi des études ; le taux est tombé à 75,7% en 2006 et 74,1% en 2007. Le taux de poursuite des bacheliers professionnels amorce aussi une décrue (21,8% en 2007), après une forte progression de 2000 (17,1%) à 2005 (23%).
La diminution des taux observés masque en fait des évolutions différentes selon qu’il s’agisse de l’orientation vers les études longues ou courtes. Les bacheliers généraux s’inscrivent moins dans les études longues (78,6% en 2005 et seulement 74,1% en 2007), alors que leur taux de poursuites d’études courtes ne varie guère au cours de la période). La diminution du taux de poursuites d’études des bacheliers technologiques est observée tant pour les études longues (21,5% en 2005 et 19,7% en 2007) que pour les études courtes (57,8% en 2003 et 54,4% en 2007). Les bacheliers professionnels sont fort peu nombreux à poursuivre des études longues (6,9% en 2004, 5,5% en 2007) ; de 2000 à 2004, ils ont été de plus en plus nombreux à poursuivre des études courtes, et, depuis cette date, un palier entre 16 et 16,5% semble avoir été atteint.
Moins d’un bachelier sur deux entre en 1er cycle universitaire après l’obtention du baccalauréat : ce taux a globalement diminué de 2000 à 2007 ; il a diminué pour tous les types de baccalauréat. Les bacheliers les plus nombreux à entreprendre des études en 1er cycle universitaire sont les bacheliers de la série L (73,2% en 2000, 70,1% en 2007). Ils sont suivis par les bacheliers ES (respectivement 61,6% et 56,5%) et par les bacheliers S (52,9% et 51%). Les bacheliers technologiques et professionnels sont très minoritaires à entreprendre des études en 1ère année de licence universitaire. Ceux de la série STT étaient 30,6% en 2000 à poursuivre de telles études ; il n’étaient plus que 25,9% en 2007 ; pour les bacheliers professionnelles, entre les deux dates, le taux a diminué de 37,2% à 23%.
Le cas des bacheliers scientifiques mérite d’être d’être souligné car il démontre l’échec de tous les dispositifs d’orientation, y compris de l’orientation active. Ils n’étaient plus qu’un sur deux à entrer à l’université en 2007 ; ils sont en effet de plus en plus nombreux à opter pour une CPGE ou une « autre » formation (en dehors de l’université et des classes supérieures des lycées). A l’université, ils sont de moins en moins nombreux à opter pour la filière scientifique (18,5% en 2007), et de plus en plus nombreux à entrer en médecine ou pharmacie (12,5% en 2000, 21,5% en 2007). Le recentrage du bac S sur les sciences, préconisé par le rapport Descoings, doit être mis en oeuvre.
Sylvie Péan s’interroge : comment contrecarrer les tendances observées de 2000 à 2007 ? Trois dispositifs pourraient produire des effets à terme pour faire progresser les taux de poursuites d’études, en particulier à l’université : l’incitation à poursuivre des études supérieurs, le « plan réussir en licence », la réforme du baccalauréat professionnel. Sylvie Péan ne donne aucune indication sur les flux post-bac à la rentrée 2008 et ne se permet pas de mentionner les effets potentiels destructeurs de la crise universitaire du printemps 2009 : les résultats d’admission post-bac en 2009 laissent en effet envisager une nouvelle fuite à l’égard du 1er cycle universitaire (chronique : « voeux des bacheliers« ). Ne faudrait-il pas enfin commencer la réflexion sur une réforme de fond : la création de Lycées ou d’Instituts d’Enseignement Supérieur (LES) ?
Note 1. Malheureusement, la Note ne prend pas en compte les reprises d’études après une ou plusieurs années d’interruption à la suite de l’obtention du baccalauréat : selon un panel déjà ancien, ces reprises d’études seraient plus nombreuses qu’auparavant. Note 2. Les bacheliers qui poursuivent des études supérieures en alternance (en contrat d’apprentissage ou en contrat de professionnalisation) ne sont pas pris en compte par la Note ; il s’agit essentiellement d’étudiants en BTS. De ce fait, le taux de poursuite d’études après le bac est plus important que celui observé par la Note.
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