Première Note d’information de la DEPP concernant les effectifs inscrits dans l’enseignement supérieur en 2009-2010 : elle porte sur les Sections de techniciens supérieurs (STS) (Note n°10.04, mars 2010). Souhaitons la parution prochaine des Notes sur les effectifs des CPGE, des DUT, des licences universitaires. Le nombre de bacheliers 2009 est plus élevé que celui des années précédentes (539.000 bacheliers soit 65,6% de la classe d’âge) ; cette progression offre un potentiel d’augmentation des effectifs dans toutes les filières d’enseignement supérieur. Quelle filière en a le plus profité ? Les bacheliers 2009 par rapport aux bacheliers 2008 ont-ils encore plus délaissé la licence universitaire (données pour les bacheliers 2008) ? On attend avec impatience la Note qui permettra de répondre à la question.
Les STS ne sont certainement pas perdantes dans la compétition avec les autres filières ! Les données de la Note de la DEPP le prouvent. Progression des effectifs totaux pour la 3ème année consécutive : 222.000 inscrits (+ 2,5% par rapport à l’année précédente) ; progression dans les spécialités de la production et des services, progression nettement plus importante que la moyenne dans les spécialités de l’agroalimentaire et de la cuisine, des transformations chimiques, du génie civil, du travail du bois, de la mécanique auto, de la communication, des techniques de l’image et du son, du sanitaire et social, des services à la personne. Progression équilibrée des inscrits hommes et femmes (elles constituent 52% des effectifs).
Les STS tirent donc leur épingle du jeu : en 2009, elles ont accueilli plus de 95.000 nouveaux bacheliers, 23.400 bacheliers généraux dont 8.200 bacheliers scientifiques, 53.400 bacheliers technologiques, 18.400 bacheliers professionnels (progression de 19,2% par rapport à l’année précédente et progression supérieure à celle observée pour le nombre de bacheliers pros, + 16,9%). A la rentrée dernière, les STS ont accueilli 15,2% des bacheliers professionnels.
Par cet accueil croissant de bacheliers professionnels, les STS jouent un rôle croissant pour permettre l’accès de jeunes bacheliers à l’enseignement supérieur et pour les conduire à un diplôme. Elles se sont ainsi attaquées à deux de leurs points faibles, la stagnation des effectifs et l’insuffisant accueil de bacheliers professionnels (chroniques : « Points forts et points faibles des DUT et des BTS« ). Il est en effet pertinent d’observer que les bacheliers professionnels en STS sont presque aussi nombreux à passer directement en 2nde année de BTS (c’est le cas de 84% d’entre eux, 10% redoublant et 6% se réorientant ou arrêtant leurs études) que les bacheliers généraux (90%) et que les bacheliers technologiques (89%).
La progression des effectifs en BTS est en fait plus importante que celle observée par la Note d’information ; en effet, elle ne prend en compte ni les 16.500 élèves inscrits dans les STS dépendant du ministère de l’agriculture, ni les élèves inscrits en BTS en alternance (45.000). Toutes les STS, qu’elles soient publiques ou privées ont profité de la progression des effectifs ; toutefois, les STS publiques perdent régulièrement un peu de terrain ; à la rentrée 2009, elles ont accueilli 67,4% des élèves (-3 points en 6 ans).
La progression des effectifs en STS, de bacheliers professionnels en particulier, donne un signal intéressant. Pour parvenir à 50% de jeunes diplômés du supérieur dans les nouvelles générations, il faut absolument faire progresser le taux de poursuites d’études des bacheliers professionnels. Pour accélérer le mouvement, les STS représentent un outil limité et un outil confié pour 2/3 au secteur privé. J’en reviens donc à la nécessité de créer des Instituts publics d’enseignement supérieur (IES), ouverts évidemment à de nombreux bacheliers professionnels mais surtout intégrant tous les étudiants de la licence universitaire. En STS, les bacs pros réussissent ; à l’université, la majorité des bacheliers généraux et des bacheliers technologiques ne parviennent pas à obtenir la licence en 3 ans. Il faut donner à tous les bacheliers des chances égales de réussir leurs études. Il faut leur donner des conditions d’études et d’encadrement analogues à celles des STS, des IUT et des CPGE. Bref, il faut créer des IES et il devient urgent d’en débattre (chroniques de ce blog sur les IES) !