L’Université s’approprie le patrimoine historique national avec le soutien financier de l’Etat et des Collectivités territoriales. Cette mission de faire vivre des bâtiments historiques classés, restaurés au profit de l’enseignement et de la recherche, ne figure pas directement dans les lois de 1968, 1984 et 2007 (certes, le patrimoine fait l’objet de formations et de recherches !). Cette mission s’est progressivement inscrite dans l’espace urbain au fil des contrats de plan puis de programme entre l’Etat et les régions, au fil des plan Université 2000, U3M et Campus.
Au fil de mes déplacements de retraité blogueur, j’ai photographié de magnifiques, et le plus souvent fonctionnels, bâtiments universitaires de centre ville, créés, au cours de l’ère moderne ou contemporaine, pour assurer d’autres fonctions (photo 1 ci-contre : façade de l’IAE de Lille). Quelques centaines de photos d’anciens hôpitaux, d’anciennes prisons, casernes ou usines. Ils sont tous séculaires. Ils ont assuré leurs missions de santé, d’enfermement, de défense, de production industrielle, mais les bâtis n’étaient plus adaptés à des missions devenues plus complexes, plus diversifiées, et concernant plus de gens.
Au cours de l’histoire contemporaine, l’Université s’est inscrite dans des contextes urbains successifs : le coeur de ville quand elle a été refondée comme institution d’enseignement supérieur à la fin du 19ème, la périphérie urbaine quand il s’est agi de faire face, par la création des Campus, à la première montée importante du nombre d’étudiants dans les années 60, le retour partiel en coeur de ville pour s’installer dans les bâtiments laissés vides par des hôpitaux, des prisons, des casernes, des usines fermés définitivement ou devenus trop à l’étroit pour exercer leur mission le mieux possible.
Cette réappropriation du coeur de ville par l’Université est hautement symbolique (photo 2 ci-contre : IAE de Lille) Elle a des impacts fort positifs sur la vie sociale, culturelle, économique et politique dans les villes. Mais elle a aussi ses points faibles : la dispersion des bâtis universitaires, leur (trop) grand nombre, leur état fort inégal en termes de fonctionnalités, de normes de sécurité, de petit entretien et de maintenance, de chauffage et de climatisation. Les universités prennent tout cela en compte quand elles établissent leurs schémas directeurs immobiliers. La dévolution du patrimoine, possible dans le cadre de la loi LRU, ne peut pas ne pas en tenir compte. L’Etat ne peut pas, ne doit pas se désengager. Tag « Patrimoine immobilier » et Tag « Plan Campus« .
1. De l’Hôpital à l’université. A Lille, l’Hospice général, fondé par Lettres patentes de Louis XV en 1739, a fonctionné jusqu’en 1988 (cliquer ici). Depuis 1997, l’aile donnant sur le boulevard du Peuple belge accueille l’Ecole universitaire de management (IAE de l’université de Lille 1 Sciences et technologies). 40 photos du 13 décembre 2010.
A Avignon, le siège de l’université s’est installé en 1997 dans l’ancien Hôpital Sainte-Marthe, fondé en 1354. « Escalier du 17ème siècle et pharmacie du 18ème » (cliquer ici). 54 photos d’août 2009 et 60 photos de novembre 2009.
A Besançon, la présidence de l’université de Franche-Comté s’est installée en 1992 dans certaines ailes de l’Hôpital du Saint-Esprit, construites au milieu du 18ème siècle et jouxtant la chapelle éponyme, édifice gothique du début 13ème (cliquer ici). 66 photos de mars 2010
2. De la caserne à la recherche. A Lille, la Maison européenne des Sciences humaines et sociales (MESHS), sise dans certains bâtiments restaurés de la caserne Souham (cliquer ici), est idéalement placée à côté de la gare Lille Flandres et de la gare Lille Europe (photo-contre). L’IFRESI s’y était installé dès 1986 et une MSH dès 2002 ; elle se sont fédérées dans une unité CNRS de service et de recherche : la MESHS. A proximité de la MESHS, le quartier de la Porte de Roubaix, porte érigée en 1621 (photo ci-dessous), a été totalement réaménagé à l’occasion de la création de la gare TGV. 45 photos du 14 décembre 2010.
A Strasbourg, depuis 1999, le Pôle européen de gestion et d’économie (PEGE) accueille l’Ecole de Management de Strasbourg et la Faculté de sciences économiques et de gestion, dans les locaux des Subsistances militaires, créées pour l’armée allemande entre 1886 et 1889 (cliquer ici). 115 photos du PEGE en novembre 2009. Des casernes, fermées à la suite de la concentration des sites militaires, engagée en 2008, ont été transformées en résidences pour étudiants à Arras, Limoges et Versailles (cliquer ici).
3. De la prison à l’ENA. En 1991, le siège de l’Ecole nationale d’administration est transféré de Paris à Strasbourg. L’Ecole est localisée aujourd’hui au bord de l’Ill, près des Ponts couverts dans un bâtiment chargé d’histoire. « La Commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, construite au XIVe siècle, fut successivement un lieu de commerce et de diplomatie, un hôpital, puis, entre 1740 et 1989, la prison pour femmes de la ville » (cliquer ici).
4. De l’usine à la production et à la diffusion de connaissances. Université de Haute-Alsace. Mulhouse, site de la Fonderie , occupé depuis 2007 par la Faculté de Droit, d’Economie et Société, de Management et de Langues & Affaires (photos d’avril 2009). « La Fonderie, le nom d’un quartier devenu le nom de l’usine de constructions mécaniques, créée en 1826 par André Koechlin et qui produisit jusqu’à la fin des années 60 du 20ème siècle, en particulier des locomotives » (cliquer ici).
A Colmar, l’usine textile Berglass-Kiener de Colmar, fondée au début du 19ème siècle, a cédé la place à un des deux sites de l’IUT de l’université de Haute-Alsace (photos d’avril 2009). Histoire de l’usine : cliquer ici.
Il y a bien d’autres exemples de bâtis du patrimoine historique devenus universitaires : Halle aux farines et université Paris 7 Denis Diderot, Château de Sévenans et université de Technologie de Belfort-Montbéliard, Villa Art nouveau et université de Strasbourg… Il faut chercher un peu sur le blog ! Peut-être un jour, prendrai-je le temps de faire une base de données « photos » : l’Université, bénéficiaire et conservatrice du patrimoine national !
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