Suite de la chronique : « 10.076 formations post-bac« . Comment les futurs bacheliers (et leurs parents !) peuvent-ils s’y retrouver dans cette pléthore de formations ? Il n’est pas inutile de rappeler que les conseils d’orientation qui sont les plus suivis d’effets sont ceux donnés par les parents et par les professeurs… Il ne faut pas oublier qu’il y a des inégalités sociales d’accès à l’information, à la bonne information !
De multiples outils existent pour l’orientation : livres et numéros spéciaux (Alternatives Economiques : « Les métiers par ceux qui les exercent »), sites et portails (ONISEP), reportages et vidéos, test en ligne… Un tout nouveau portail pour les stages, les jobs, l’alternance et le 1er emploi : Pass-Pro. Et bien sûr, les Salons (quelques photos). Le plus célèbre d’entre eux, le Salon de l’Education, devenu Salon européen de l’Education : celui pour la rentrée 2011 a déjà eu lieu ; celui pour la rentrée 2012 est déjà annoncé : cliquer ici.
Mais il faut s’interroger : à quoi et à qui servent les Salons (une liste impressionnante donnée par l’Etudiant), les Forums (chronique : « Forum franco-allemand« ), le Train de l’orientation (Groupe l’Etudiant), les Nuits de l’orientation (Chambres de Commerce et d’Industrie), les Journées des carrières et des formations (Mulhouse, 22 janvier 2011), les Journées Portes ouvertes (Universités d’Alsace, 12 mars 2011) , les Journées des universités et des formations post-bac (Strasbourg, 4 et 5 février 2011) ? … Pourquoi privilégier les manifestations alsaciennes ? Le blogueur vit « activement » sa retraite à Strasbourg et fait le p’tit reporter : Tag Orientation.
A quoi et à qui ça sert ? La cible de l’orientation est le futur bachelier, mais pas seulement (Salon des masters) : faire connaître les métiers et les formations, conseiller des parcours cohérents avec le baccalauréat en cours, faire choisir une ou plusieurs formations dans les délais impartis par Admission post-bac (32 voeux possibles). L’offre de formation est tellement abondante (et concurrentielle) que pour faire connaître et rendre attractives leurs propres formations, les établissements (universités et IUT, écoles publiques et privées, classes supérieures des lycées – CPGE et STS -), doivent rivaliser d’innovations, être présents sur plusieurs manifestations, communiquer et encore communiquer, et cela toute l’année.
Il y a donc des coûts. Ils ne sont pas connus. Personne n’est à même d’agréger l’ensemble des coûts. J’en ai encore fait l’expérience l’autre jour à Mulhouse : l’ancien responsable du Parc des expositions n’a pu par exemple m’indiquer le montant global de la facture pour la location du Hall et le montage des stands. Les coûts ? Tout d’abord les coûts directs : plaquettes et guides d’information, flyers, vidéos et films, publicités dans les médias, transports des élèves en cars, location de stands, cocktails… L’entrée étant heureusement gratuite, les dépenses sont couvertes par les établissements et par des subventions des collectivités territoriales (régions, conseils généraux, communautés de communes, communes), parfois du Fonds social européen et d’entreprises.
Mais il y aussi les coûts indirects, non comptabilisés, non agrégés avec les coûts directs dans un coût global. L’essentiel de ceux-ci est constitué par du temps de travail des personnels des établissements d’éducation, de leurs services d’information et d’orientation (quand le Salon a lieu un samedi, les conseillers d’orientation et les chargés d’insertion bénéficient de congés, dits de récupération). Il y aussi les temps « gratuits », ceux de multiples bénévoles présents dans les manifestations organisées le week-end : les enseignants, les professionnels qui viennent parler de leurs métiers et de leurs entreprises…
Le coût global des salons et autres manifestations de même type n’est pas connu. Sera-t-il consolidé un jour pour l’ensemble du pays ? Cette question est légitime car les subventions des collectivités territoriales proviennent des impôts. Il faut aussi se poser la question : quel est le retour sur investissement ? Les bilans habituels ne sont pas satisfaisants : on ne peut se contenter en effet de quelques chiffres (nombre de visiteurs, d’exposants, de professionnels présents, de conférences données) et se féliciter seulement d’un nombre croissant de participants par rapport à l’année précédente.
La question principale est : les Salons sont-ils efficaces pour l’information sur les métiers et les formations, pour le choix des élèves de terminale ? Bien loin de moi de penser qu’ils sont inefficaces. En tant que directeur de Scuio universitaire et de responsable de formation, puis en tant que blogueur, j’ai participé à de très nombreuses manifestations de ce genre et j’en ai toujours retiré beaucoup de satisfaction personnelle et même de bonheur quand je constatais que l’inquiétude des élèves et des parents diminuait après avoir discuté avec eux de tel ou tel parcours de formation, de ses points forts et de ses points faibles.
Mais je ne suis pas naïf. J’ai vu aussi des exposants qui s’ennuyaient, qui regardaient leur montre, qui n’allaient pas au-devant des élèves et qui les regardaient passer sans rien leur dire. J’ai vu des élèves, venus en groupes entiers par car, qui étaient contents de ne pas avoir classe, qui passaient dans les allées sans jamais s’arrêter à un stand, qui accumulaient les prospectus au hasard, bref qui perdaient leur temps… Et puis, il y a bien sûr des constats objectifs : de jeunes étudiants de 1ère année d’enseignement supérieur qui se trouvent dans une filière parce qu’ils n’ont été pris dans une filière sélective et se retrouvent dans une filière universitaire « faute de mieux », de jeunes étudiants qui, deux ou trois mois après la rentrée, demandent à se « réorienter » (chronique à venir). Les projets professionnels qui fondent le choix d’une formation ne s’inventent pas dans les Salons !
Bref, je ne crois pas que les manifestations de type « Salon » soient pleinement efficaces. Le rapport « qualité / prix », aujourd’hui impossible à calculer, est sans doute assez faible. Mais les organisateurs de ces salons n’en sont pas responsables : leur investissement est réel ; l’implication des exposants (personnels des SCUIO, enseignants responsables de filières, professionnels des entreprises, étudiants de licence ou de master) est très forte.
En France, il n’y a pas tant un problème de l’orientation qu’un problème d’offre de formation. Tant que l’offre post-bac sera illisible et pléthorique, il y aura encore et encore des Salons, des outils techniques de plus en plus sophistiqués pour l’information et l’orientation. Alors ? Vivement les Instituts d’enseignement supérieur qui simplifieront fortement l’offre de formation : Tag IES. Pour l’orientation, consulter également le blog de Bernard Desclaux sur Educpros.
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