Archives mensuelles : janvier 2011

Orientation. Salons, Nuit, Train…

Suite de la chronique : « 10.076 formations post-bac« . Comment les futurs bacheliers (et leurs parents !) peuvent-ils s’y retrouver dans cette pléthore de formations ? Il n’est pas inutile de rappeler que les conseils d’orientation qui sont les plus suivis d’effets sont ceux donnés par les parents et par les professeurs… Il ne faut pas oublier qu’il y a des inégalités sociales d’accès à l’information, à la bonne information !

De multiples outils existent pour l’orientation : livres et numéros spéciaux (Alternatives Economiques : « Les métiers par ceux qui les exercent »), sites et portails (ONISEP), reportages et vidéos, test en ligne… Un tout nouveau portail pour les stages, les jobs, l’alternance et le 1er emploi : Pass-Pro. Et bien sûr, les Salons (quelques photos). Le plus célèbre d’entre eux, le Salon de l’Education, devenu Salon européen de l’Education : celui pour la rentrée 2011 a déjà eu lieu ; celui pour la rentrée 2012 est déjà annoncé : cliquer ici

Mais il faut s’interroger : à quoi et à qui servent les Salons (une liste impressionnante donnée par l’Etudiant), les Forums (chronique : « Forum franco-allemand« ), le Train de l’orientation (Groupe l’Etudiant), les Nuits de l’orientation (Chambres de Commerce et d’Industrie), les Journées des carrières et des formations (Mulhouse, 22 janvier 2011), les Journées Portes ouvertes (Universités d’Alsace, 12 mars 2011) , les Journées des universités et des formations post-bac (Strasbourg, 4 et 5 février 2011) ? … Pourquoi privilégier les manifestations alsaciennes ? Le blogueur vit « activement » sa retraite à Strasbourg et fait le p’tit reporter : Tag Orientation.

A quoi et à qui ça sert ? La cible de l’orientation est le futur bachelier, mais pas seulement (Salon des masters) : faire connaître les métiers et les formations, conseiller des parcours cohérents avec le baccalauréat en cours, faire choisir une ou plusieurs formations dans les délais impartis par Admission post-bac (32 voeux possibles). L’offre de formation est tellement abondante (et concurrentielle) que pour faire connaître et rendre attractives leurs propres formations, les établissements (universités et IUT, écoles publiques et privées, classes supérieures des lycées – CPGE et STS -), doivent rivaliser d’innovations, être présents sur plusieurs manifestations, communiquer et encore communiquer, et cela toute l’année.

Il y a donc des coûts. Ils ne sont pas connus. Personne n’est à même d’agréger l’ensemble des coûts. J’en ai encore fait l’expérience l’autre jour à Mulhouse : l’ancien responsable du Parc des expositions n’a pu par exemple m’indiquer le montant global de la facture pour la location du Hall et le montage des stands. Les coûts ? Tout d’abord les coûts directs : plaquettes et guides d’information, flyers, vidéos et films, publicités dans les médias, transports des élèves en cars, location de stands, cocktails… L’entrée étant heureusement gratuite, les dépenses sont couvertes par les établissements et par des subventions des collectivités territoriales (régions, conseils généraux, communautés de communes, communes), parfois du Fonds social européen et d’entreprises.

Mais il y aussi les coûts indirects, non comptabilisés, non agrégés avec les coûts directs dans un coût global. L’essentiel de ceux-ci est constitué par du temps de travail des personnels des établissements d’éducation, de leurs services d’information et d’orientation (quand le Salon a lieu un samedi, les conseillers d’orientation et les chargés d’insertion bénéficient de congés, dits de récupération). Il y aussi les temps « gratuits », ceux de multiples bénévoles présents dans les manifestations organisées le week-end : les enseignants, les professionnels qui viennent parler de leurs métiers et de leurs entreprises…

Le coût global des salons et autres manifestations de même type n’est pas connu. Sera-t-il consolidé un jour pour l’ensemble du pays ? Cette question est légitime car les subventions des collectivités territoriales proviennent des impôts. Il faut aussi se poser la question : quel est le retour sur investissement ? Les bilans habituels ne sont pas satisfaisants : on ne peut se contenter en effet de quelques chiffres (nombre de visiteurs, d’exposants, de professionnels présents, de conférences données) et se féliciter seulement d’un nombre croissant de participants par rapport à l’année précédente.

La question principale est : les Salons sont-ils efficaces pour l’information sur les métiers et les formations, pour le choix des élèves de terminale ? Bien loin de moi de penser qu’ils sont inefficaces. En tant que directeur de Scuio universitaire et de responsable de formation, puis en tant que blogueur, j’ai participé à de très nombreuses manifestations de ce genre et j’en ai toujours retiré beaucoup de satisfaction personnelle et même de bonheur quand je constatais que l’inquiétude des élèves et des parents diminuait après avoir discuté avec eux de tel ou tel parcours de formation, de ses points forts et de ses points faibles.

Mais je ne suis pas naïf. J’ai vu aussi des exposants qui s’ennuyaient, qui regardaient leur montre, qui n’allaient pas au-devant des élèves et qui les regardaient passer sans rien leur dire. J’ai vu des élèves, venus en groupes entiers par car, qui étaient contents de ne pas avoir classe, qui passaient dans les allées sans jamais s’arrêter à un stand, qui accumulaient les prospectus au hasard, bref qui perdaient leur temps… Et puis, il y a bien sûr des constats objectifs : de jeunes étudiants de 1ère année d’enseignement supérieur qui se trouvent dans une filière parce qu’ils n’ont été pris dans une filière sélective et se retrouvent dans une filière universitaire « faute de mieux », de jeunes étudiants qui, deux ou trois mois après la rentrée, demandent à se « réorienter » (chronique à venir). Les projets professionnels qui fondent le choix d’une formation ne s’inventent pas dans les Salons !

Bref, je ne crois pas que les manifestations de type « Salon » soient pleinement efficaces. Le rapport « qualité / prix », aujourd’hui impossible à calculer, est sans doute assez faible. Mais les organisateurs de ces salons n’en sont pas responsables : leur investissement est réel ; l’implication des exposants (personnels des SCUIO, enseignants responsables de filières, professionnels des entreprises, étudiants de licence ou de master) est très forte. 

En France, il n’y a pas tant un problème de l’orientation qu’un problème d’offre de formation. Tant que l’offre post-bac sera illisible et pléthorique, il y aura encore et encore des Salons, des outils techniques de plus en plus sophistiqués pour l’information et l’orientation. Alors ? Vivement les Instituts d’enseignement supérieur qui simplifieront fortement l’offre de formation : Tag IES. Pour l’orientation, consulter également le blog de Bernard Desclaux sur Educpros.

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InEx 5. Diplômés engagés

Cinquième chronique sur les Initiatives excellentes. Les futurs bacheliers 2011 sont entrés dans la période de choix de filières de formation (chronique « Admission post-bac« ). Ils doivent prendre en compte l’intensité vie associative qui se pratique dans les établissements. Hélas, il n’existe pas de palmarès ou d’indicateur de performance des universités, des STS ou des classes prépas dans ce champ ! Un exemple à suivre : une trentaine d’associations dans l’université d’Avignon.

L’engagement étudiant dans la vie associative de leur établissement est non seulement socialement et politiquement utile, mais il est très formateur ; il est un moyen d’acquérir des compétences qui peuvent s’avérer utiles ou insdipensables pour l’accès au marché du travail (dont la compétence de gestion de projets).

La Lettre CPU Infos du 28 janvier 2011 (n°62 envoyé aux abonnés) donne la parole à Camille Gallap, président de l’université du Havre et président de la Commission Vie de l’étudiant et questions sociales de la CPU. « L’année 2011 est l’année européenne du bénévolat et du volontariat » (cliquer ici). « Elle sera pour la CPU l’occasion de continuer à avancer sur la reconnaissance et la valorisation de l’engagement étudiant à travers la signature de la charte sur la valorisation de l’engagement étudiant mais aussi sur la prise en compte de l’expérience du service civique dans les cursus ». Camille Gallap a totalement raison. Les atermoiements du ministère durent depuis trop longtemps ; le président de la république a promis cette charte en 2009 (communiqué de PDE d’avril 2010). Elle doit rapidement être signée !

Trois parcours qui montrent une continuité de trajectoire : des « étudiants engagés » deviennent des « diplômés engagés ». Ce n’est pas un hasard si Cécile (photo ci-dessus), Emilie et Ahmed travaillent aujourd’hui dans l’économie sociale et solidaire. Tous trois ont obtenu la licence professionnelle « Management des organisations de l’économie sociale » de Marne-la-Vallée ; j’en étais alors le responsable avec Michel Abhervé (site de la licence). 7 promotions, 200 diplômés et un réseau d’anciens qui se réunit régulièrement pour une « Conférence-débat » (la prochaine en février 2011). « Jeunes diplômés, valorisez vos compétences dans l’Economie sociale et solidaire » (L’Atelier, 10 février 2011).

Cécile a obtenu la licence en 2007 (CV à cette date). Elle est aujourd’hui employeur-salarié dans une petite entreprise créée avec son mari (Faucon Formation Service), au sein de la Coopérative d’activité et d’emploi d’Ile-et-Vilaine (cliquer ici). PME bretonnes, donnez-leur un coup de main ! Ils débutent ! C’est quoi une CAE ? C’est une entreprise partagée. Coopaname en Ile-de-France est un autre formidable exemple d’entreprise « qui fait sens ». C’est bien mieux d’être employeur-salarié dans une CAE que d’être auto-entrepreneur !

Emilie a également obtenu la licence pro en 2007 (CV à cette date et photo ci-contre), mais elle a poursuivi ses études en Master, sous le régime de l’alternance. Elle travaille, comme Cécile, dans le secteur coopératif. Elle est chargée de communication pour l’union de Sociétés coopératives et participatives pour l’Ile-de-france, le Centre Orléanais, la Haute Normandie et les DOM-TOM. Les voeux de l’Union pour 2011 : ici. L’Union régionale programme des actions à destination des étudiants : à suivre donc.

Ahmed est, quant à lui, diplômé de la deuxième promotion (2004-2005). Il est resté proche du milieu étudiant, puisqu’il est devenu récemment délégué général d’Animafac, après en avoir été le délégué adjoint. Il raconte lui-même sa trajectoire d’étudiant puis de diplômé engagé : interview d’Ahmed et photo. Il présente les projets d’Animafac, « agitateur de citoyenneté« . Les 5 et 6 février 2011 sur le Campus de Lille 1, Animafac organise une rencontre des associations étudiantes de l’Ile-de-france, de Picardie, de Champagne-Ardenne, d’Alsace, de Lorraine et du Nord Pas-de-Calais : programme détaillé. J’y interviendrai dans le débat : « Pourquoi accueillir des étudiants internationaux ?« 

Une des associations du réseau Animafac : « Etudiants & Développement » (chronique InEx 1). Abonnez-vous à la Newsletter de cette association pour le développement de la solidarité internationale : cliquer ici.

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Quiz. Trois personnalités

Quiz. Qui sont ces 3 personnalités ? Dans quelle ville et manifestation se trouvent-elles ?

Un indice : le dépôt de tramways de la ville

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Classé dans BF. Quiz, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne)

Insertion des M2 : quels salaires ?

Admission post-bac. Faut-il, après le baccalauréat, choisir une formation en fonction des débouchés des masters ? Ma réponse à cette question est non conformiste : non ! sauf si la/le futur(e) bachelier(e) a un projet professionnel déterminé. Non, pour plusieurs raisons. 1. Les débouchés recensés par les enquêtes concernent les diplômés 2007 ou antérieurs. 2. Impossible de prédire aujourd’hui l’état du marché du travail en 2016 ou en 2017. 3. Aucune enquête comparative – dans le temps et dans l’espace des universités – ne fournit de résultats suffisamment détaillés (cf. les résultats de l’enquête analysée dans cette chronique). Que faire alors si on projette des études longues ? Eviter les formations trop spécialisées, dites « tubulaires » dans le jargon académique. Il y en a hélas beaucoup (chronique : « 10.076 formations post-bac« ).

3.067 diplômés de master, formés et diplômés par les 7 universités de la Région Nord Pas-de-Calais (NPdC), ont affronté le marché du travail durant l’été ou l’automne 2007. 3.067 : des régions ont-elles fait mieux ? Je ne connais qu’une seule étude régionale relativement comparable : celle publiée par le PRES Université de Bordeaux (chronique « Bordeaux. L’insertion des M2« ). Avec ses 3.151 diplômés 2007, l’Aquitaine l’emporterait-elle de peu sur le NPdC ? Peut-être non, car cette population du Sud-Ouest comprend les diplômés qui ont poursuivi des études après l’obtention de leur master, ce qui n’est pas le cas pour l’enquête lilloise ! Quand les enquêtes seront-elles enfin comparables ? L’Aquitaine et le Nord Pas-de-Calais donnent le bon exemple aux universités des autres régions : celui de l’agrégation régionale des enquêtes faites par les Observatoires des universités du PRES de référence (deux d’entre eux : l’OFIP de Lille 1 et l’OFIVE de Lille 3).

Progresser encore car il faut des enquêtes exhaustives, distinguant certes diplômés de masters professionnels et de masters « recherche », diplômés en emploi ou en recherche d’emploi et diplômés en poursuites d’études, diplômés en formation initiale et diplômés en formation continue, diplômés français et diplômés étrangers. Le devenir (professionnel ou d’études) de ces différentes populations doit être publié dans un seul et même document ! C’est une des conditions pour mesurer la performance de l’offre régionale de masters (un fort taux de poursuite d’études hors-doctorat constitue a priori une piètre performance). Je désespère de voir un tel document, un jour !

Un observatoire pionnier : l’ORES. L’observatoire régional de l’enseignement supérieur du PRES Lille Nord de France vient de publier les résultats de l’enquête 2009 menée auprès de 3.067 diplômés de master en 2007 : le rapport d’enquête. La publication ne concerne que les diplômés en formation initiale, français et n’ayant pas poursuivi d’études en 2007-2008 et en 2008-2009, en particulier en doctorat. Je n’ai pas trouvé l’information : s’agit-il seulement des diplômés de master professionnel ?

88,7% de ces diplômés de master avaient obtenu un baccalauréat général (45% un bac scientifique) et seulement 0,4% un bac professionnel. 36,5% ont un père « cadre ou profession intellectuelle supérieure » et 16,5% un père « profession intermédiaire ». Age moyen à l’obtention du diplôme : 24,3 ans (soit un parcours de 6 ans pour un bac obtenu à l’âge « attendu »). Ces variables sociodémographiques ne sont cependant pas utilisées dans l’analyse du devenir professionnel.

Les taux d’emploi (et de chômage) et les caractéristiques de l’emploi sont meilleurs pour les diplômés de master en sciences énocomiques / gestion et en sciences fondamentales et appliquées que pour les diplômés de Lettres, Langues, Arts, et à un tire moindre pour ceux de Sciences humaines et sociales et Sciences de la vie et de la terre. Ce sont des résultats habituels et la Région NPdC ne se distingue donc pas des autres régions.

Les diplômés de master en sciences économiques et gestion sont les plus nombreux (1.134 diplômés soit 37% de l’ensemble), les diplômés en sciences ne sont que 27,6% (844 diplômés). Ce résultat pose-t-il problème aux 7 universités ? Ont-elles discuté sérieusement de leur offre de formations de masters ? Combien de diplômés de master en sciences ont-ils poursuivi des études en doctorat ?

En décembre 2009, soit 30 mois environ après l’obtention du diplôme, 91,3% des diplômés de master 2007 étaient en emploi, 8,2% étaient en recherche d’emploi et 0,5% était en inactivité (ces résultats sont proches de ceux observés dans l’enquête de la DGESIP. Le taux de chômage le plus faible est observé en Sciences humaines et sociales (6,5% pour 392 diplômés) : ce résultat mérite d’être souligné, même si les conditions d’emploi de ces diplômés ne sont pas éblouissantes (lire infra). Le taux de chômage en sciences économiques et gestion ainsi qu’en sciences est un peu inférieur au taux moyen ; le taux dépasse par contre 10% en AES (42 diplômés), en Lettres, Sciences du langage et Arts (212 diplômés) et en STAPS (60 diplômés).

Le taux d’emplois stables approche les 80%. Il est largement meilleur en sciences économiques et gestion (86,6%) et en sciences fondamentales et appliquées (89,9%). Il est inférieur à 70% en Lettres, Langues, Arts et SHS (65,2%) et sciences de la vie et de la terre (66,1%). Le taux de féminisation de ces filières étant important, il s’ensuit que le taux de contrats stables est plus fort chez les diplômés hommes (85,1%) que chez les diplômées femmes (75,3%).

66,3% des diplômés sont cadres, ce qui est le statut attendu pour un diplômé de master. 24,2% sont professions intermédiaires et 9,5% employés ou ouvriers. Sont plus souvent cadres les diplômés de sciences économiques et de gestion, de sciences fondamentales et appliquées. Le sont moins que la moyenne les diplômés des disciplines concernées par un taux faible de contrats stables.

70% des diplômés de master en emploi travaillent dans une entreprise privée, 15% dans la fonction publique et 8% dans une association… De nouveau, la même opposition entre les disciplines que pour les caractéristiques précédentes de l’emploi : 82% des diplômés de Sciences travaillent dans le privé ; 19% des diplômés de LLASHS ont un emploi dans une association.

Et le salaire mensuel net ? Cette dimension de l’emploi n’a pas été recueillie par l’enquête de la DGESIP. Elle l’a été en région NPdC. Le salaire moyen est de 1.908 euros et le salaire médian (50% gagnent plus et 50% gagnent moins) est de 1.800 euros, ce qui est peu pour des diplômés de bac+5, 30 mois après l’obtention du diplôme. Le tableau de la page 20 réfère les salaires à la discipline du master, à la catégorie professionnelle de l’emploi, au type d’employeur, et au sexe. Dommage que ce tableau n’oppose pas deux populations extrêmes. Combien gagnent en moyenne les diplômés de gestion, ayant le statut de cadre dans une entreprise privée ? Combien gagnent les diplômées de lettres et langues, ayant le statut de profession intermédiaire ou d’employé dans une association ? Il y a probablement un écart voisin d’1 à 2 : plus de 2.000 euros pour les premiers, moins de 1.300 euros pour les secondes (et encore si elles travaillent à temps complet !).

Malheureusement, l’enquête de l’ORES ne va pas jusqu’à ce niveau de détail. Le document est bien fait, fort clair ; une note en bas de chaque tableau indique comment il faut lire les résultats ; le tableau de la page 26 compare les différentes dimensions de l’emploi selon la discipline des masters : à lire en priorité. Je me dois cependant de poser la question : les résultats publiés sont-ils utiles aux étudiants qui sont en fin de licence et qui souhaitent poursuivre des études en master ? La réponse est clairement : « Non ». Les résultats ne sont pas publiés université par université, spécialité de master par spécialité. D’ailleurs le nombre de masters n’est pas indiqué. Le seul document vraiment utile pour l’orientation des étudiants de licence est le répertoire de tous les emplois réellement occupés par les diplômés de chacun des masters, avec pour chacun d’entre eux le type de contrat, la catégorie professionnelle, le type d’employeur, le secteur d’acitvité, le temps de travail, le salaire.

Ces répertoires montrent la diversité non négligeable des emplois et des conditions d’emplois à l’issue de chaque master. Il faut le rappeler sans cesse aux candidats qui veulent s’inscrire en deuxième cycle. Il y a bien sûr des masters qui ont globalement de meilleurs débouchés professionnels que d’autres : mais certains des diplômés d’un master excellent peuvent avoir de mauvaises conditions d’emploi et l’inverse est également vrai. Certes, le rapport de l’ORES démontre les inégalités Hommes / Femmes, mais il ne démontre pas l’influence du baccalauréat et de l’origine sociale. Rappelons l’importance des relations familiales et professionnelles pour accéder à l’emploi et à un bon emploi : celle-ci sont inégalement réparties selon les origines sociales.

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Classé dans C. Hauts-de-France (Nord Pas-de-Calais Picardie), C. Nouvelle Aquitaine (Aquitaine Poitou Charentes)

InEx 4. Club des partenaires

« L’Université de Strasbourg (UdS), l’Agence pour l’Emploi des Cadres (APEC), et la Jeune Chambre Economique de Strasbourg (JCES) mutualisent leurs compétences et fêtent le lancement du Club des partenaires« . Strasbourg, 16 décembre 2010 : album de 35 photos. « L’objectif des partenariats est de développer des actions durables pour aider les étudiants à mieux s’orienter et leur permettre d’appréhender efficacement le marché de l’emploi« .

Ce club des partenaires est une « Initiative excellente » qui mérite de figurer dans la nouvelle rubrique de ce blog « InEx ». Il est officialisé par la signature des conventions mais le partenariat se fonde déjà sur des initiatives communes comme « Temps fort » (le site). « Entretiens : stage / emploi.. Venez muscler votre candidature« . Cette opération de l’UdS a été pilotée par Béatrice Calligaro et Yannick Achard-James d’Espace Avenir (à la fois SUIO et BAIP de l’université) : ci-dessous photo d’une partie de l’équipe d’Espace Avenir : Colette Vassogne, 3ème à partir de la gauche, en est la directrice).

A destination des étudiants de Master 2, Temps fort s’est déroulé au mois de novembre 2010 (Coaching : conférences, supports en ligne) et décembre (Training : simulations d’entretien, conseils personnalisés pour le CV et la lettre de motivation). La plupart des universités préparent les étudiants à l’emploi, mais l’originalité de Temps fort est la préparation à l’entretien pour obtenir un stage ou un emploi ; je l’ai pratiquée à petite échelle dans mon dernier poste à l’université et je sais l’atout décisif qu’elle donne aux étudiants.

Trois outils mobilisés. Ateliers co-animés par un professionnel du recrutement et un chargé d’insertion d’Espace Avenir, ateliers de 3 heures en petits groupes de 4 étudiants (« permettre à chacun d’entre eux d’effectuer lui-même une simulation, de tirer profit des 3 autres simulations et de bénéficier de conseils personnalisés »).

Espace Avenir a mis le « paquet » pour permettre à 10% des étudiants de Master 2 de l’UdS de bénéficier des simulations d’entretien : 150 ateliers possibles ! Certes seulement 77 ont eu lieu, mais ils ont permis à plus de 200 étudiants de bénéficier d’une préparation à l’entretien d’embauche. Pour une première, c’est un franc succès : les étudiants qui y ont participé ne tarissent pas d’éloges dans le questionnaire d’évaluation qu’ils ont rempli à l’issue des ateliers. Ils vont tirer profit des conseils que leur ont donnés des « vrais professionnels » du recrutement, professionnels « disponibles », « à l’écoute », « concrets ».

Les étudiants prient Espace Avenir de continuer ces ateliers (certains voudraient en faire un second). Ils estiment que tous les étudiants de master devraient pouvoir en profiter, certains suggérant de les rendre obligatoires en master. Il me semble effectivement que ça devrait l’être. Espace Avenir a les forces, les compétences et l’ambition pour y parvenir. Il reste à persuader tous les responsables de master de l’efficacité de cette préparation à l’entretien d’embauche.

Le cocktail qui suit la signature des conventions est l’occasion pour l’équipe d’Espace Avenir de féliciter et de remercier Béatrice qui a décidé d’aller s’impliquer dans la fonction publique territoriale. Bon vent, Béatrice !

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Classé dans C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne)

SHS : ni Equipex, ni Cohorte

Samedi 22 janvier 2011, ARTE, rediffusion d’un documentaire de 2007, « La tombe 33. Un mystère égyptien » (cliquer ici, visionner sur Dailymotion). « Bien qu’elle dépasse en dimension celles des plus illustres pharaons, cette tombe a abrité un simple serviteur de l’empire, un « prêtre lecteur en chef » du nom de Padiamenopé qui a vécu au VIIe siècle avant Jésus-Christ ». Le documentaire passionnant retrace l’expédition d’égyptologues de l’université de Strasbourg, Annie Schweitzer, responsable des collections, et Claude Traunecker, aujourd’hui professeur émérite (photos de la fouille). Institut d’Egyptologie de l’UdS : cliquer ici.

L’émission d’ARTE m’a donné l’idée du Quiz de dimanche dernier : « Equipex et le pharaon« . Mais pourquoi ce rapport avec les projets Equipex dont 52 ont été retenus le 20 janvier 2011 pour un financement de 340 millions d’euros (dont 80 non « consomptibles ») : cliquer ici. Pourquoi ? Parce que les deux égyptologues ont mentionné l’insuffisance des crédits pour les expéditions. Lire aussi la chronique sur Jean-François Champollion.

Certes, les besoins des archéologues en équipements paraissent a priori limités : pelles, brouettes, balais, pinceaux, cordes, échelles, lampes frontales, appareils photos et caméras, crayons et papier pour dessiner… Mais des investissements lourds sont aussi nécessaires pour traiter et numériser les données, constituer des bases, percer les secrets des objets par l’imagerie électronique… Et puis, il faut financer les missions sur le terrain. Et pourquoi pas aussi des fonds pour le musée d’Egyptologie de Strasbourg, pour l’ouvrir au public, aux fins de mettre en valeur les 6.000 objets des collections ?

L’appel à projets Equipex a privilégié les sciences « dures » et maltraité les Lettres, Langues, Sciences humaines et sociales. Cinq projets SHS seulement sur 52 pour moins de 30 millions d’euros : cliquer ici. Projets tous localisés en Ile-de-France, projets de Grandes écoles et de Grands organismes, n’associant que 3 universités (Paris 1, Paris V et Rennes 1). Une véritable « claque », une humiliation pour les centres de recherche en Lettres et Langues, en Sciences humaines et sociales des universités et du CNRS.

Ces 5 projets ne sont pas des projets SHS : ils sont scientistes (modéliser, modéliser !), « pharaoniques » (des bases et encore des bases), à l’organisation imprécise (quel partage des tâches entre les parties prenantes ?), prétentieux, ingouvernables. Pire, ils me paraissent d’une inutilité sociale pour les citoyens (document présentant les projets). J’aurais préféré qu’Equipex finance les équipements des musées universitaires et du réseau des Maisons des Sciences de l’Homme (site du réseau). Photo ci-contre : la MSH (en construction) de l’université de Bourgogne.

Les 5 projets retenus. Le projet CASD vise « la création d’une infrastructure hautement sécurisée permettant aux chercheurs d’accéder à des bases de données individuelles détaillées. Il permettra des tris de fichiers issus de différentes enquêtes existantes et fournira à des utilisateurs des outils de modélisation ». D-FIH veut constituer une « base de données exhaustive, harmonisée et documentée sur les marchés boursiers français depuis 1800 ». DIM SHS veut « développer une plateforme de collecte et de diffusion de données pour la recherche qualitative et quantitative en SHS ».

MATRICE est une « plateforme multi-factorielle, multi-échelle et multi-disciplinaire pour la mémoire individuelle et la mémoire sociale, basée sur la modélisation du corpus des témoignages écrits, oraux et audio-visuels de deux tragédies de l’histoire contemporaine : la seconde guerre mondiale et les attentats du 11 septembre 2001. New Aglae vise « la rénovation et la mise à jour de l’accélérateur mise en place en 1988 au Musée du Louvre pour l’analyse chimique non invasive des oeuvres d’art » = manque de fonds récurrents pour ce Musée.

Et l’appel à projets « Cohortes » des Investissements d’avenir ? Les résultats en ont été communiqués en début de semaine : 10 lauréats pour 200 millions d’euros (cliquer ici et ici). « Les cohortes constituent l’un des instruments de référence de la recherche en santé publique. Elles permettent d’étudier les déterminants biologiques, sociaux, comportementaux, économiques et environnementaux de la santé ». Les SHS sont concernées par l’étude des déterminants de la santé. Figurent-elles parmi les lauréats ? Non. Nouvelle « claque » : 7 projets pour l’INSERM. Pourquoi ce grand organisme ne peut-il fixer lui-même ses priorités ? Pourquoi gaspiller de l’argent pour réunir un jury international ? Quel est d’ailleurs le coût d’un tel jury et du Commissariat général à l’investissement ? Seulement 4 universités concernées : Paris Sud Orsay, Bordeaux, Versailles Saint-Quentin, Claude Bernard Lyon 1, i.e quatre universités qui possèdent une composante « Médecine ». Exeunt les centres de recherche SHS, spécialisés dans les recherches sur la Santé. Photo ci-contre : la MESHS de Lille.

Et une pensée pour la maître de conférences en immunologie dont j’ai parlé dans la chronique « HDR. Leçons d’une soutenance« . Le labo auquel elle appartient (université de Strasbourg, CNRS et INSERM) n’a pas été retenu parmi les lauréats Equipex. Il n’a pas postulé à l’appel à projets « Cohortes » alors que la méthodologie de la recherche, présentée dans l’HdR, mobilise le suivi d’une cohorte de malades.

Valérie Pécresse avait déclaré que les Sciences humaines et sociales étaient concernées, au même titre que les autres sciences, par les investissements d’avenir. Effets d’annonce démentis par les faits. Les Lettres, Langues, Sciences humaines et sociales devraient être au coeur de l’université de demain. Elles sont écartées et humiliées. Elles ont, plus encore que les autres sciences, besoin de fonds récurrents. La ministre et le gouvernement auquel elle appartient sont incapables de le comprendre. Qu’ils s’en aillent donc !

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Classé dans C. Bretagne Normandie, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), C. Ile-de-France

L'injure comme défense

Dans ma chronique du 2 décembre 2010 (cliquer ici), j’écrivais : « un lecteur du blog m’a fait part de ce qu’il a découvert, l’été dernier, dans un livre d’Ali Aït Abdelmalek : des phrases recopiées, sans guillemets, d’un livre d’Edgar Morin. Ce lecteur – il souhaite garder l’anonymat – me demande un avis. ”Est-ce un cas de plagiat ? Que peut-on faire ? Le “recopieur” encourt-il des sanctions ? Edgar Morin va-t-il, devrait-il porter plainte” ? J’ai pris mes responsabilités et publié, sur ce blog, des faits avérés de plagiat. Toutes les chroniques du blog sur le plagiat : cliquer ici.

Les spécialistes de la recherche sur le plagiat m’avaient prévenu : « cela va être dur pour vous« . Et cela l’a été, à ce point que j’ai failli arrêter ce blog (chronique : « Vert, blanc, noir« ). Le lecteur peut lire les commentaires aux chroniques « copier-coller sans guillemets » : l’injure comme défense du plagiaire.

Mais les faits de plagiat de ce professeur de sociologie sont établis. Les associations professionnelles, l’Association des sociologues de l’enseignement supérieur et l’Association française de sociologie, sont donc montées au créneau et ont publié, le 24 janvier 2011, un communiqué pour condamner les plagiats : cliquer ici. Elles demandent « au Président de la 19ème section du CNU [sociologie-démographie] de faire en sorte qu’Ali Aït Abdelmalek quitte ses fonctions [de vice-président de la section]… « parce qu’il n’a plus aucune légitimité pour expertiser les dossiers [de qualification et de promotion] qui lui sont confiés au CNU ». Ce communiqué n’appelle pas à d’autres sanctions, à celles que pourrait prononcer par exemple la section disciplinaire de l’université. Pierre Mercklé commente sur son blog : « Sous le pavé, le plagiat ? » On lira aussi : « Dans les pavés, le plagiat » (ici) et repris dans Paperblog.

Le communiqué de l’ASES et de l’AFS est modéré. Il n’empêche ! Les injures ont repris comme en témoigne cette lettre de « solidarité », adressée à Ali Aït Abdelmalek et avec copie à Joëlle Deniot, par Jacky Réault, agrégé d’histoire, maître de conférences en sociologie à l’université de Nantes, aujourd’hui en retraite : cliquer ici. Co-découvreur des plagiats avec le lecteur anonyme de ce blog, je considère que ces injures me sont adressées et je porte donc plainte auprès du président de l’université de Nantes.

Voici les propos que j’estime diffamants : « Hommes pervers », « infâmes acharnements de mafieux cyniques », « chasse à l’homme », « immonde campagne », « acharnement meurtrier », « bande mafieuse », « acharnement répugnant de bande organisée », « chiens », « clans privés », « chiens de garde du totalitarisme intellectuel », « tricoteuses d’échafaud », « clans toujours staliniens d’un marxisme de farce recuit », « infirmes aveugles », « culture d’inquisition », « blog du plus hystérisé des lanceurs de meute« , « meurtriers de la pensée qui prétendent te condamner à la mort sociale ». Ces propos sont de même tenue que ceux de la « sottie » publiée par Michel Maffesoli en février 2010 : « Notes sur la grippe cochonne » (cliquer ici).

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Précaires, pauvres et maltraités

Actualisation 4 février 2011. Négociation sur la situation dans agents non titulaires de la fonction publique. Communiqué de la FSU : « le gouvernement doit entendre nos revendications » (cliquer ici).

20 janvier 2011, premiers rassemblements et manifestations de l’année. Une large intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche a ciblé plusieurs revendications (chronique du blog). ”Exigeons les emplois nécessaires. Imposons la résorption de la précarité. Refusons le budget de pénurie“. A Strasbourg, l’intersyndicale a lancé une invitation à une « Conférence de presse ouverte« , dans un des amphis du Collège doctoral européen (CDE). Une trentaine de syndicalistes étudiants, enseignants, BIATOSS sont présents, ainsi que des représentants du collectif des contractuels et vacataires de l’université (CONVACS). Les journalistes des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), de 20 Minutes, de l’Agence Education Formation (AEF) se sont excusés. Blogueur mais non journaliste, je suis présent et le représentant du SNESUP me remercie même pour cela ! 16 photos de la conférence.

Plusieurs tendances sont observées et dénoncées. La précarisation progresse dans l’Education nationale, à tous les niveaux d’enseignement, y compris dans le primaire jusqu’ici épargné. Elle ne concerne plus seulement les personnels administratifs et techniques ; elle gagne le coeur du métier : l’enseignement. Dans les écoles, il n’y a plus seulement des EVS et des AVS. Dans le 93, certains postes de remplaçants sont déjà confiés à des précaires. Les emplois de « titulaires remplaçants » sont pratiquement tous supprimés.

Le vivier de précaires va s’élargir : étudiants qui auront raté le concours de recrutement de professeur des écoles mais qui auront obtenu le master « enseignement », étudiants de Master 2 « enseignement » qui fourniront des stagiaires à « bon compte ». Les emplois étudiants « à l’ancienne » (maîtres d’internat et d’externat avec un contrat de quelques 20 heures par mois) disparaissent. Dans les universités, les « emplois étudiants » se substituent à des postes pérennes de fonctionnaires, dans les bibliothèques en particulier. Les représentants de l’UNEF et de Sud Etudiant contestent ces évolutions, insistant par ailleurs sur le fait qu’elles creusent les inégalités sociales entre les étudiants.

Les salariés précaires sont de plus en plus maltraités par l’administration, à ce point que certains syndicalistes parlent d’une paupérisation croissante. Personnels précaires en voie de « paupérisation » ou pauvres, c’est-à-dire percevant un revenu mensuel inférieur au seuil de pauvreté : 949 euros par mois en 2008 pour une personne seule, selon l’INSEE (« qui sont les pauvres en France ? », article de l’Observatoire des inégalités. Pire. Ces personnels précaires et pauvres ont des conditions de vie dégradées (accès difficile au logement, à la santé, au crédit parce qu’ils ont des revenus faibles et instables…), en partie parce qu’ils sont fort mal gérés par l’Enseignement supérieur et la recherche : simulacres de contrats de travail signés, parfois, des semaines après la prise effective du travail, incertitudes croissantes sur le renouvellement des dits « contrats », paies non mensualisées et versées plusieurs mois après les heures effectuées ; le recours à des « avances » sur salaire n’est qu’un pis-aller. Les déplacements ne sont pas défrayés ; leur coût « mange » une bonne partie du salaire ; il s’ensuit des démissions. Ces situations sont qualifiées d’inadmissibles, d’insupportables par les syndicalistes. La nouvelle gestion des ressources humaines dans l’éducation nationale est pire que dans le secteur privé ; il n’existe pas d’inspection du travail ; il faut aller au tribunal administratif pour contester et c’est compliqué.

La précarisation n’en a pas fini de faire des dégâts. Des chefs d’établissement, qui auront la possibilité de recruter directement et sous la pression de « primes de résultats » en voie de création, se laisseront aller au plus facile : externaliser des tâches jusque là effectuées par des fonctionnaires, diminuer les coûts de personnel par le recrutement de précaires mal payés et corvéables à merci.

Combien de précaires dans l’académie de Strasbourg ? Un syndicaliste avance le taux de 5 à 10% pour les collèges et lycées. 5 à 10% ? « La population est fluctuante, le recrutement permanent ». Combien dans l’université ? Bien davantage. La recherche elle-même n’est pas épargnée par la précarisation. Le représentant du SNTRS CGT (sur la photo ; mes excuses pour la confusion avec le SNCS !) explique qu’elle est même devenue « structurelle », avec la multiplication des appels à projets, la contractualisation sur « budget d’Etat », la diminution des fonds stables récurrents. Moins de postes mis au concours et plus de contractuels : des post-docs qui s’enchaînent les uns derrière les autres, des techniciens et des ingénieurs de recherche partis en retraite et qui sont remplacés par des jeunes diplômés à qui on fait miroiter une titularisation de plus en plus improbable. Combien de non-titulaires dans la recherche ? Entre un quart et un tiers des effectifs si on calcule en ETP (équivalent temps plein), environ 40% si on calcule en nombre de personnes concernées au cours d’une année. « En quatre ans, le volume de contractualisation a été multiplié par deux ». Combien de précaires, « pauvres » au sens de l’INSEE ? Nul ne sait

Que faire ? Exiger des postes de titulaires, ou tout au moins le recours à des CDD mensualisés pour les vacataires payés à l’heure, à des CDI pour les contractuels « historiques », à la titularisation sur des postes de fonctionnaires pour ceux qui occupent des fonctions pérennes. Pour y parvenir, il faut évidemment des budgets qui soient à la hauteur des besoins : ce n’est pas le cas. Par ailleurs, les précaires sont isolés les uns des autres. Ils ne s’intègrent guère à la communauté scolaire car ils sont quelquefois « balladés » d’un établissement à l’autre. Ils ne sont évidemment pas syndicalisés et leur mobilisation est difficile car beaucoup d’entre eux ont peur de se faire remarquer ; c’est vrai en particulier dans les universités et dans la recherche.

La lutte pour la satisfaction des revendications est difficile mais elle est payante : à l’université de Strasbourg, les personnels BIATOSS contractuels ont obtenu les mêmes conditions que les titulaires en matière de salaires et de primes. Alors ? Il me paraît évident qu’il y aura d’autres manifestations en 2011 et 2012. La politique d’emploi menée depuis quelques années dans l’Education nationale, l’enseignement supérieur et la recherche a assez duré. Il faut s’indigner et s’engager ! Lire également sur Rue 89 le témoignage d’un vacataire parisien.

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Quiz. Equipex et le Pharaon

Quiz. Qui est ce pharaon ? Dans quelle université se trouve cette statue ?

Un Institut d’archéologie est-il un des lauréats d’Equipex ?

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Conditions de vie des étudiants

Les résultats de la 6ème enquête « Conditions de vie des étudiants en 2010 » étaient attendus (chronique de ce blog, 10 février 2010). Les premiers résultats ont été publiés cette semaine par l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE). Ils sont résumés dans un communiqué de 3 pages (ici) et dans un document de 24 pages (brochure Répères 2010). Les thèmes abordés dans ces premiers résultats : les conditions d’études (durée hebdomadaire du travail studieux, stages, séjours à l’étranger), le logement et le temps de transport, les ressources (dont le travail rémunéré) et les dépenses, les pratiques culturelles (internet et télévision, sorties), la santé (soins, alcool et tabac). Le lecteur trouvera facilement l’information qu’il recherche dans le document fort bien présenté.

Les conditions de vie et d’études des étudiants varient selon un certain nombre de facteurs, identifiés par l’enquête : caractéristiques socio-démographiques (origine sociale, âge et sexe) et caractéristiques des études (en lycée ou en université, filière et niveau d’études). Les premiers résultats publiés donnent des résultats bruts (exemple : « 33% des étudiants vivent au domicile des parents ou de l’un d’eux ») et des résultats reportés à tel ou tel facteur énuméré ci-dessus (exemple : « plus l’âge de l’étudiant est élevé, moins il habite chez ses parents »). Il est évident que le lecteur aimerait en savoir plus : « la décohabitation décroît-elle avec l’âge, au même rythme selon que l’étudiant est une fille ou un garçon, selon qu’il a un père ouvrier ou un père cadre » ? Il est sûr que l’enquête de l’OVE, forte de ses 33.000 répondants, permet de répondre à ce type de question. Dommage que le lecteur doive attendre les publications ultérieures de l’OVE pour satisfaire sa curiosité intellectuelle et politique !

Autre limite d’une publication de type « premiers résultats » : aucune comparaison n’est faite avec les résultats des enquêtes antérieures. « La proportion d’étudiants vivant chez leurs parents est-elle plus forte ou plus faible qu’il y a 4 ans » ?

Quelques résultats. Certains sont connus mais méritent d’être rappelés, d’autres sont nouveaux pour moi ou me surprennent. Les voici « en vrac ». L’enquête couvre les écoles de soins infirmiers : les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) y sont peu nombreux (17%) ; les garçons représentent 15% des effectifs (le métier d’infirmière se masculiniserait-il un peu ?). Les études de management ont un recrutement social plus élitiste (52% d’enfants de CPIS) que les études de santé (49%) et que les classes préparatoires aux grandes écoles (48%) ; sans doute parce que l’enquête inclut des écoles de management privées, aux droits d’inscription élevés…

Parmi les étudiants inscrits en master, ce sont les étudiants de Lettres et sciences humaines qui sont les plus pessimistes : 43% seulement d’entre eux pensent trouver facilement du travail avec leur formation. Il faut dire que seulement 51% d’entre ont effectué un stage au cours de leur année de master (70% pour l’ensemble des étudiants). Avant de penser à introduire des périodes de stage dans les années de licence, ne serait-il pas préférable de rendre obligatoires les stages en master, y compris dans les masters « recherche ». Le stage facilite l’accès au marché du travail.

35% des étudiants inscrits en master ont effectué au moins un séjour à l’étranger depuis le début de leurs études : ce taux est plus élevé que celui auquel je m’attendais. Séjour à l’étranger pour 67% des étudiants en management et 61% pour les étudiants en école d’ingénieurs : 2 filières dont le recrutement social est élevé ; les séjours à l’étranger sont coûteux et l’accès à ces séjours est marqué par l’origine sociale. Seulement 22% des étudiants en master de sciences ont effectué un séjour à l’étranger. Parmi ces étudiants, certains feront un doctorat : la plupart des publications scientifiques sont écrites en anglais ; un séjour dans un pays anglophone ne serait-il pas utile ?

Deux commentaires sur les budgets des étudiants. Le document Repères (page 16) identifie, avec raison, trois types de ressources : versements familiaux, rémunérations d’activité, aides de la collectivité (essentiellement les bourses, les allocations d’études et les aides personnelles au logement). Le tableau démontre de fortes inégalités et d’insupportables « injustices sociales ». 100% des boursiers reçoivent évidemment une aide de la collectivité (montant moyen : 385 euros par mois), mais c’est le cas également de 40% des non-boursiers (287 euros par mois).

Enfants d’ouvriers et d’employés et enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) ? Ces derniers sont plus nombreux (67%) à percevoir de l’argent de leur famille (359 euros par mois en moyenne) que les premiers (respectivement 42% et 207 euros). Les ressources issues du travail rémunéré ne clivent guère les deux populations. Par contre, 49% des enfants de PCIS perçoivent une aide de la collectivité (pour un montant moyen mensuel de 292 euros). La collectivité aide à peine plus les enfants d’ouvriers et d’employés : 68% de bénéficiaires pour un montant moyen de 374 euros. 49% des enfants PCIS perçoivent une aide de la collectivité et 32% des enfants d’ouvriers et d’employés n’en bénéficient pas ! Etonnement !

Le loyer est, bien évidemment et de loin, la principale dépense mensuelle pour les étudiants qui n’habitent pas chez leurs parents (Repères, page 17). Dépenses pour l’achat de livres : 18 euros en moyenne. Pour le téléphone : 31 euros. Pour les sorties : 51 euros. Il n’est pas inutile de rappeler le montant des droits d’inscription en licence : 14,50 euros par mois. 82 euros pour le téléphone et les sorties et moins de 15 euros pour faire des études. Le lecteur sait que la comparaison de ces deux chiffres a le pouvoir de m’agacer : « Coûts de rentrée : agacements« .

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