Archives mensuelles : juin 2011

Suspendre la réforme de la licence

Laurent Wauquiez, prenez une décision sage : laissez au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche qui entrera en fonction après les élections présidentielle et législatives de 2012 le soin de réformer la licence. Ne touchez pas maintenant à l’arrêté d’avril 2002 qui a créé la licence LMD. Vous n’avez pas le temps d’y voir clair, de vous approprier les enjeux d’une réforme nécessaire. Ne jouez plus au 1er de la classe qui sait tout sur tout et mieux que tout le monde.

Le projet de réforme de la licence que vous laisse votre prédécesseur, Valérie Pécresse, n’est qu’une réformette, une « pécressette » sans réelle ambition et sans moyens financiers additionnels. N’oubliez pas que le Président de la république a dit qu’il fallait, un jour, prendre le temps de déréglementer. Aucune des quatre grandes orientations définies pour la nouvelle licence n’est satisfaisante ; aucune n’est réellement contraignante ; par ailleurs, elles peuvent être mises en oeuvre par les universités libres et responsables, à réglementation constante. 

1ère orientation. Imposer un socle horaire minimum de 1.500 heures dans chaque licence, soit 500 heures par an. Volume horaire annuel « ridicule » quand on le compare à celui pratiqué en CPGE, en DUT, en BTS, en licence professionnelle. Une vraie réforme de la licence suppose une égalité de traitement entre toutes les filières de formation post-bac, un rapprochement des volumes horaires sur la base des horaires des filières sélectives (800 à 1.000 heures par an).

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Les non-produisants sanctionnés

Les effets délétères du passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) commencent à se faire sentir dans les universités. Celles-ci avaient cru le discours ministériel : « les RCE accroîtront vos marges de manoeuvre financières parce que vous aurez la mainmise sur votre masse salariale et que vous serez responsables de votre gestion des ressources humaines ». Il n’était pas dit que les RCE contraindraient, aussi rapidement, à faire des choix financiers insupportables pour les personnels, fonctionnaires et sur contrat (CDD ou CDI).

L’université de Limoges a ouvert le feu des restrictions dès 2010 : gel d’une dizaine d’emplois vacants pendant une année, étalement sur un ou deux ans de l’augmentation de l’indemnité indiciaire pour les BIATOSS (« RCE et GVT : Limoges dans le mur« ). Le 1er vice-président de l’université de Strasbourg s’inquiète d’un possible désengagement de l’Etat (« Un VP Finances inquiet« ). L’université de Savoie se met à recruter des enseignants contractuels nettement moins coûteux que des enseignants-chercheurs (« RCE = + d’enseignants contractuels« .

L’université Pierre Mendès France (UPMF Grenoble) attaque de front ses enseignants-chercheurs non produisants en inventant sa propre modulation des services d’enseignement. Elle veut les sanctionner en ne leur payant plus une partie des heures complémentaires qu’ils feraient. Propositions pour la recherche présentées en Comité technique paritaire le 20 juin 2011 et qui devraient être soumises au Conseil d’administration le 4 juillet 2011 (lire la page 6 en particulier). La politique de l’équipe de direction proposée à ses enseignants non produisants : « travailler autant et gagner moins« . Chroniques du blog sur les universités de Grenoble : « Campus en 270 photos« , « Cultiver le Campus« , « Promotion profilée au fil de l’eau« , « Indicateurs de réorientation« , « SUIO et réorientations« .

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Quiz. Le porto et l'université

Quiz. Emblème du Porto Sandeman : quel rapport avec l’université ?

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RCE = + d'enseignants contractuels

Dans le cadre des responsabilités et compétences élargies (chroniques sur les RCE), initiées par la LRU, les universités, désormais maîtres de leur gestion des ressources humaines et de leur masse salariale, peuvent recruter des enseignants contractuels à temps plein, des enseignants non chercheurs. Le risque est donc que se poursuive la tendance en cours : celle de confier de moins en moins l’enseignement dans le supérieur à des enseignants fonctionnaires (maîtres de conférences, professeurs, professeurs agrégés ou certifiés), de le confier à des enseignants contractuels moins payés et qui font plus d’heures d’enseignement !

La Note d’information de mai 2011 (n°11.06), « Les personnels enseignants de l’enseignement supérieur 2009-2010« , est tout à fait révélatrice de cette tendance. Le graphique 1 est éloquent. Depuis 1992, la progression du nombre d’enseignants fonctionnaires est nettement plus faible pour les professeurs, les maîtres de conférences et les professeurs détachés du secondaire (PRAG et PRCE) que pour les attachés temporaires d’enseignement et de recherche et les moniteurs. Les PRAG et PRCE sont moins nombreux aujourd’hui qu’au tournant des années 2000 et surtout depuis 2006-2007 (13.408 et seulement 12.999 en 2009-2010) (note d’information de décembre 2007).

Valérie Pécresse, qui se flatte d’avoir protégé l’emploi dans le supérieur, ne devrait pas être fière des résultats de sa politique. Les enseignants-chercheurs (MCF et PR) étaient 54.178 en 2006-2007 (tableau 4 de la note de mai 2011), 54.227 en 2007-2008, 54.310 en 2008-2009, 54.698 en 2009-2010 (progression de 0,96% en 3 ans). En 2006-2007, ils représentaient 64,2% de l’ensemble des personnels enseignants du supérieur ; en 2009-2010, ils ne constituent plus que 63.6% des effectifs.

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D. Chave, "la soude aux soudeurs"

Daniel Chave, chercheur au CNRS en sociologie, est mort après une longue maladie, à l’âge de 65 ans. Daniel, je n’ai pu participer hier à tes obsèques. Geneviève, ma belle-mère, une « femme de bien » elle aussi, était enterrée, à quelques centaines de kilomètres de Nanterre. Elle allait fêter ses 90 ans.

Daniel, par cette chronique, je veux te rendre hommage, en rappelant ou en faisant connaître à toutes et à tous, à ta femme et à tes deux filles en particulier, ce que furent tes belles années d’apprenti sociologue à Lille. Tu étais déjà l’homme des calembours, des contrepèteries, d’un humour constant et parfois grinçant. Tu as un jour inventé le slogan : « la soude aux soudeurs« , inspiré de la « mine aux mineurs ». Les temps étaient à la révolution ; tu militais pour elle mais, presque toujours, avec doute et humour. La soudure, tu connaissais : « je suis peut-être le seul chercheur CNRS en sociologie qui ait aussi un CAP de soudure » !

Te souviens-tu, Daniel, de notre article, écrit à la fin des années 70, après plusieurs enquêtes sur l’autonomie ouvrière dans les industries de série et sur les expériences de réorganisation du travail ? Nous osions contester les normes de l’écriture académique (tutoiement dans une lettre à un ouvrier), imiter les constructions de phrase de Pierre Bourdieu. Comme des gamins, nous étions amusés par notre titre bourdieusien : « mobilité dans la production et production de la mobilité« . Tu étais passionné par la science-fiction, mais il fallait insister pour que tu nous racontes les romans que tu écrivais, en parallèle à tes recherches sociologiques. Logique donc que ce clin d’oeil en sous-titre de l’article : « les mutants dans l’usine« . Un « niet » des Actes de la recherche en sciences sociales et de la Revue française de sociologie. Mais grande fut ta fierté d’être alors publié par Les Temps modernes, revue fondée par Jean-Paul Sartre (référence de l’article : février 1981, n°415, pages 1352 à 1387).

1964-1966, Daniel, apprenti sociologue à la faculté des Lettres de l’université de Lille, rue Auguste Angelier. La licence de sociologie existait depuis 1958. Après propédeutique, nous fûmes, en 1964, 12 à nous inscrire dans ce diplôme dont nous savions qu’il ne menait pas au métier d’enseignant du secondaire. Qu’allions-nous faire après la licence ? Ce n’était pas notre problème. Nous voulions apprendre de nos professeurs pourquoi et comment changer le monde. Pierre Bourdieu nous arrivait de Paris ; dans ses cours, il nous traduisait, en « live », Max Weber. Nous étions « bluffés ». Bourdieu, Les Héritiers. Daniel n’était pas, à proprement parler, un « héritier ». Fils de pasteur, il nous impressionnait par sa grande culture, son amour des livres. Il n’était pourtant pas un « intello ». Jamais au cours de sa vie, Daniel n’a fait le « pédant ». Un homme réservé, voire timide et manquant quelquefois de confiance en lui. Un professionnel consciencieux, qui n’a publié que quand il avait quelque chose à dire, qui n’a jamais souhaité faire carrière ou devenir « chef ». Un exemple à suivre !

Il arrivait que nos professeurs parisiens ratent le train ou aient des choses plus importantes à faire que de venir nous former à Lille. Nous ne détestions pas cela ! Nous allions « travailler’ dans la petite bibliothèque du 5ème étage ou à la BU. Nous pratiquions évidemment tous les cafés du coin. Daniel était le « champion toutes catégories » du flipper. Sa capacité de descente de bières était fort honorable. Nous testions nos premières capacités de militants, au resto U de la rue de Valmy. Nous fréquentions les AG quand il y en avait et il y en avait souvent. C’était le temps de la lutte contre la réforme Fouchet. Daniel n’intervenait pas en AG mais il commentait : il trouvait immanquablement les points faibles de l’argumentation des professionnels de l’UNEF.

Juillet 1965. Nous ne rations aucune occasion de nous former. Pierre Bourdieu nous a accueillis une semaine en stage dans son labo de la rue Monsieur le Prince. Cinq étudiants provinciaux débarquaient à Paris, prenaient le métro, logeaient à la Maison du Maroc à la Cité internationale, assistaient à des séminaires dispensés par des chercheurs qu’ils avaient lus mais qu’ils découvraient en chair et en os, calculaient les pourcentages dans des tableaux à deux variables. Etait-ce sur la pratique de la photographie, « Un Art moyen« , ou sur la fréquentation des musées, « L’Amour de l’Art » ? Nous avions terminé la deuxième année d’études et nous avions la chance de pouvoir nous former, par la pratique, au métier de sociologue. Autres temps, autres modalités d’études. « After » était heureux. « After » ? Je repense à un des sobriquets dont nous qualifiions gentiment Daniel. « After » parce que « After Chave« .

Juillet 1966. Nous venions d’obtenir notre licence. Il était temps de penser à la révolution. Mais pas à n’importe laquelle. Nous voulions un socialisme démocratique, « La mine aux mineurs », « La soude aux soudeurs ». Direction « la Yougoslavie« . Neuf étudiants (5 garçons et 4 filles ; sociologues, philosophes et psychologues ; communistes ou chrétiens de gauche) prenaient, en Estafette Renault, la route pour aller observer, de visu, l’autogestion. Nous avions lu et aimé le livre d’Albert Meister, « Socialisme et autogestion : l’expérience yougoslave » (Seuil, 1964). Nous n’avons rien vu de l’autogestion mais nous avons immédiatement ressenti que la Yougoslavie n’était pas un pays traditionnel ; les contrastes et les inégalités étaient immenses entre les républiques de Slovénie et de Croatie et celles de Bosnie-Herzégovine, de Macédoine ou du Monténégro. Daniel, tu avais juste vingt ans. Il n’y avait pas meilleur que toi pour inventer de nouvelles paroles sur les chansons de l’air du temps. Tu portais une petite calotte blanche sur la tête. Pourquoi diantre ? Tu es « tombé » amoureux, d’autres d’entre nous aussi. Mais toutes nos copines ont gardé leur virginité au cours de ce voyage ! Une tente pour les filles, deux tentes pour les garçons et, entre elles, une ligne de démarcation imaginaire mais infranchissable au milieu des années 60. Il t’arrivait aussi de dormir sur le matelas de mousse qui occupait le siège arrière de l’Estafette. Ce voyage initiatique, nous l’avons évoqué des centaines de fois au cours de notre vie (ci-contre « les 9 « Yougoslaves fêtent leurs 50 ans). Nous avions vingt ans.

Et 1968 vint. Je n’ai pas de souvenir de toi durant les mois de mai et juin. Je terminais mon doctorat et je venais de me marier. Par contre, je me souviens d’un dimanche matin au printemps 1969, vraisemblablement. Tu arrives chez nous, mal à l’aise. « Daniel, parle ! ». « J’ai un service à te demander. Je voudrais que tu fasses un faux témoignage pour un ami ». Je découvre alors que Daniel s’est « établi » en usine, à la demande de ses amis politiques, les « maoïstes ». Mon ami Daniel est devenu « mao ». Il fait l’ouvrier dans une grande entreprise métallurgique de la région. Il apprend la soudure et obtiendra même ce fameux CAP. Au cours de cette période, Daniel, tu as fait ce que je n’aurais jamais eu le courage de faire. Tu as tenté la révolution dans l’usine. Chapeau, Daniel Chave !

Le maoïsme passa et tu revins à la sociologie, à la sociologie du travail industriel et des relations professionnelles. Tu arrivas dans notre labo à Jussieu. Nous avons partagé le même bureau au 6ème étage de la Tour centrale pendant une dizaine d’années (ci-dessous, repas de fête au labo). Nous n’avions aucun scrupule de faire une pause déjeuner de deux heures : une heure d’échecs après le repas au resto U. Mais, un jour, notre jeu d’échecs a disparu de l’armoire métallique ! Peut-être, est-ce à cette époque qu’a commencé l’intensification du travail de chercheur ! Merci à toi Daniel Chave, Daniel, mon ami. Ta vie, ta mort nous enseignent le doute, la modestie entraînée par le doute, des qualités qui se perdent. Et aussi le courage d’affronter la mort : tu savais que tu étais atteint d’une maladie incurable.

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Luc Ferry piétine son statut

Le président délégué du Conseil d’analyse de la société (CAS), Luc Ferry, s’énerve, crie au complot, envisage de prendre un avocat pour se défendre. « Il tente de clore la polémique sur ses salaires » (Le Figaro). « Il part à la chasse aux calomnies » (France soir). « Il se défend d’avoir un emploi fictif » (Le Monde). « Il se défend d’occuper un emploi fictif » (Le point). « On veut le faire passer pour un guignol » (20 Minutes). « Ce Ferry qui fait des vagues » (Libération). Pour ma part, il est évident que Luc Ferry n’a pas eu, n’a pas d’emploi fictif au CAS, mais que le CAS devrait être fermé car il est redondant par rapport à d’autres Conseils (chronique : « Luc Ferry, le CAS« ).

Luc Ferry est fonctionnaire, professeur des universités depuis 1982 (depuis 1996, à Paris VII Denis Diderot). Il se doit donc de connaître les textes qui régissent son statut de fonctionnaire et celui de professeur (articles 7 à 10 du statut de 1984, révisé en 2009). De plus, il est, depuis 2009, membre du Comité consultatif national d’éthique : à ce titre, il se doit de connaître les lois, de les appliquer et de ne pas demander de traitement de faveur. Rappelons quelques-unes de ces régles : l’ancien ministre de l’éducation nationale semble les ignorer ou les avoir oubliées. Il semblait s’en moquer mais voilà qu’elles le rattrapent !

Le statut de fonctionnaire autorise le cumul de rémunérations publiques (décret de 1937), i.e. le doublement du salaire de la fonction de base. Le cumul d’un salaire de professeur et d’une indemnité au Conseil d’analyse de la société ne pose donc aucun problème. Un fonctionnaire peut également percevoir des rémunérations privées (elles ne sont pas concernées par le décret de 1937 et peuvent s’ajouter au cumul de revenus publics). Je repose donc la question : Luc Ferry perçoit-il des droits d’auteur pour les livres publiés aux Editions Odile Jacob et fondés sur les travaux collectifs du CAS ? Combien ? Si la réponse est oui, ce serait profondément choquant. Aux juristes de dire si une telle appropriation personnelle de travaux d’une institution publique est condamnable.

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Luc Ferry : "le CAS"

Professeur des universités en philosophie, Luc Ferry n’a pas dispensé ses cours à Paris VII Denis Diderot au cours de l’année 2010-2011, bien que sa convention de délégation n’ait pas été renouvelée par le Conseil d’administration de l’université (chronique : « Luc Ferry et Michel Maffesoli« ). L’ancien ministre a donc été payé depuis octobre 2010 pour un travail qu’il n’a pas effectué. Il se retrouve donc en faute. Aux dernières nouvelles, Matignon devrait rembourser à l’université les salaires versés et perçus indûment. Le problème se résoudrait ainsi à l’amiable. Mais rappel : le Conseil d’administration de Paris VII n’a pas renouvelé la délégation. Malgré le « beau geste » du premier ministre, Luc Ferry demeure dans l’illégalité par rapport à son statut d’enseignant-chercheur. Il le resterait à la rentrée 2011… sauf si le CA de Paris VII changeait d’avis ou si le CNRS l’accueillait en délégation. C’est un bruit qui court également. Copinage politique. Un pas de plus dans l’inégalité de traitement entre les enseignants-chercheurs.

Mais que fait donc Luc Ferry depuis 2004 ou 2005 ? Il est président délégué du Conseil d’Analyse de la Société. Le CAS a été créé par décret du 8 juillet 2004, pour « éclairer les choix politiques du Gouvernement, par l’analyse et la confrontation des points de vue, lorsque les décisions à prendre présentent des enjeux liés à des faits de société ». N’est-ce pas la fonction du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? et/ou d’un Conseil existant : Centre d’analyse stratégique, Conseil d’analyse économique, Conseil d’orientation des retraites, Conseil d’orientation pour l’emploi ?

Composition du CAS : « 32 personnalités de tous horizons, choisis en fonction de leur compétence ». Rien que du beau monde. Organigramme : un staff léger. Dernières actualités : François Fillon confie au CAS une mission sur les jeunes. Un rapport devrait être remis en novembre 2011. Un rapport de plus sur une question tout à fait originale et qui n’avait jamais été explorée ! Et aussi 2 interviews données en 2011 par Luc Ferry.

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Boursiers CPGE : flux et stocks

Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) : admission, déroulement du cursus. Circulaire signée par Patrick Hetzel (DGESIP), parue au bulletin officiel n°23 du 9 juin 2011. 37 chroniques du blog sur les CPGE. La circulaire comporte bien d’autres pépites que celle des CPGE partenariales.

L’obsession de parvenir à 30% de boursiers dans les CPGE, filière la plus élitiste de l’enseignement supérieur, se poursuit ! Valérie Pécresse a fait croire que l’objectif était atteint (chronique du 28 septembre 2010 : « 30% de boursiers en CPGE : faux !« ). Il n’en était rien. La preuve : Patrick Hetzel, dans sa circulaire, consacre de longs développements aux moyens pour parvenir enfin au taux visé. Il veut agir sur les stocks (pourvoir absolument les capacités d’accueil des CPGE existantes) et sur les flux (accélérer les flux de passage de la 1ère à la 2ème année de CPGE), pour permettre un flux d’entrée plus important en 1ère année, son hypothèse étant que l’accélération des flux de passage et l’utilisation totale des capacités d’accueil en 1ère année permettront d’ouvrir davantage la 1ère année aux étudiants boursiers. Hypothèse intéressante mais non démontrée par des faits observés. Bref, on frise l’acharnement thérapeutique !

Les 30% de boursiers doivent désormais être atteints non seulement dans chaque établissement mais dans chaque filière de formation (à noter qu’il n’existe aucune donnée publiée sur les taux de boursiers dans chacune des filières de CPGE). Il faut utiliser tous les moyens, dont celui des « cordées de la réussite » : combien d’élèves en bénéficient ?

La circulaire fournit une information décapante, pour ne pas dire hilarante. « Les proviseurs et les équipes pédagogiques doivent « vérifier que [les élèves de ces Cordées] déposent bien une demande de bourse de l’enseignement supérieur sur critères sociaux avant le 30 avril 2011 [la circulaire est datée du 9 juin], même si le simulateur du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) leur a indiqué l’attribution d’une bourse à taux 0. En effet, bien qu’elle n’ouvre pas droit à un versement financier, cette attribution permet néanmoins de bénéficier de l’exonération des droits en cas d’inscription parallèle à l’université »… Il faut rappeler que les élèves de CPGE ne paient pas de droits d’inscription ! Subterfuge des bourses à taux 0 pour démontrer que l’accès aux CPGE se démocratise !

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CPGE partenariales : "du pipeau" !

Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) : admission, déroulement du cursus, partenariat avec les universités, circulaire signée par Patrick Hetzel (DGESIP), parue au bulletin officiel n°23 du 9 juin 2011. 36 chroniques du blog sur les CPGE. Le replâtrage des formations de premier cycle se poursuit. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? 

Il existe des CPGE en lycée, des classes prépas en université (chronique du 14 mars 2011 : « Les limites d’une prépa universitaire« ). Et voilà que le ministère continue de vouloir développer des CPGE partenariales (chronique du 7 septembre 2010 : « Valérie Pécresse veut casser le mur de béton« ). Vivement une réflexion de fond sur les Instituts d’enseignement supérieur, projet porté par ce blog (64 chroniques sur les IES).

Point V de la circulaire du 9 juin 2011 : « les partenariats entre les lycées et les universités« . Patrick Hetzel : « je souhaite un renforcement des partenariats existant entre les lycées comportant des CPGE et les universités ». Mais, c’est d’abord un coup de patte qu’il donne aux universités. Les recteurs d’académie doivent traquer les « clauses irrégulières » dans les conventions partenariales. Les universités ne peuvent exiger des élèves de CPGE qu’ils s’inscrivent en parallèle à l’université ; elles ne peuvent lier la validation des deux années de prépas en vue d’une inscription en 3ème année de licence au fait que les étudiants ont été inscrits chez elles durant leur scolarité de CPGE. Les « inscriptions cumulatives » ont du plomb dans l’aile.

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Diplômes en partenariat

Strasbourg, Cité de la danse et de la musique (Conservatoire). Les universités développent des partenariats en recherche et formation. Ce n’est pas nouveau mais on observe une intensification, volontaire ou obligée, de ces partenariats. Ils s’incarnent dans des conventions qui fixent les objectifs à atteindre, les actions à mettre en oeuvre et les tâches à partager (qui fait quoi ?), les ressources à mobiliser. Travailler ensemble permet de fixer des objectifs plus ambitieux, de mobiliser des compétences complémentaires, d’économiser des ressources (chacun « met au pot »). Conclure un partenariat demande du temps et le mettre en oeuvre n’est pas sans écueils.

Evaluer les résultats et les impacts d’un partenariat est un exercice difficile. En particulier en matière financière : quels sont les coûts, les ressources et les dépenses ? On oublie trop souvent les coûts « cachés« , ce que Williamson a appelé les « coûts de coordination » pour la conception, la réalisation, le suivi, l’évaluation. Coûts de coordination, à savoir le temps passé aux échanges à distance par différents moyens de communication et aux nombreuses réunions. Quand un partenariat existe, il devient difficile de se poser la question : « au lieu de se partager les tâches, ne serait-il pas mieux de les faire toutes soi-même » ? Les partenariats contraints dans la plupart des investissements d’avenir sont « pires qu’une usine à gaz » (Chronique : « Investissements d’avenir : « je t’embrouille !« ).

Ce n’est pas le propos de cette chronique d’évaluer le partenariat entre l’université de Strasbourg et le Conservatoire de la ville, conservatoire créé en 1855. Je n’ai aucune idée de sa pertinence et de sa performance, de ses points forts et de ses points faibles. L’idée de la chronique m’est venue de ma promenade du dimanche 5 juin, inscrite dans mon projet de base de données « photos » du patrimoine immobilier de l’enseignement supérieur et de la recherche à Strasbourg. Au programme, photographier la Cité de la danse et de la musique (elle accueille le Conservatoire). Album de 40 photos. Le fort beau bâtiment, inauguré en 2006, est l’oeuvre de l’architecte Henri Gaudin.

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