Universités et IES : 20 propositions

« Histoires d’universités » fête aujourd’hui son troisième anniversaire. La première chronique a été publiée le 6 janvier 2009 : « vœux 2009 » ; ce 6 janvier 2012, c’est la 1.551ème.

Le projet politique du blog pour l’enseignement supérieur de premier cycle est né du mouvement universitaire de l’hiver et du printemps 2009. Il a été précisé au fil de mes réflexions, des initiatives assassines de Valérie Pécresse et de Laurent Wauquiez, des résistances des lobbies professionnels et politiques, des commentaires critiques déposés sur le blog… et des fort rares soutiens. Les Instituts d’enseignement supérieur (IES) ne seront pas au cœur des campagnes des mois à venir, campagnes pour les élections présidentielles dans les universités, campagnes pour les élections présidentielle et législatives nationales.

Il me faut donc suivre le conseil de Nicolas Boileau : « Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage. Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. Polissez-le sans cesse, et le repolissez. Ajoutez quelquefois, et souvent effacez ». « Effacez » : ce sera le temps de le faire en juin prochain !

Les Instituts d’enseignement supérieur constituent quatre défis pour la France : faire progresser l’accès et le succès des enfants des classes populaires dans l’enseignement supérieur ; permettre à une majorité de jeunes diplômés du supérieur et aux jeunes enseignants de commencer à travailler plus tôt et avec un contrat stable ; donner la chance à une quinzaine d’universités, résultant de fusions entre les universités actuelles, d’être compétitives, attractives et lisibles dans le monde ; utiliser mieux l’argent public, actuellement gaspillé dans un enseignement supérieur de premier cycle éclaté et moribond.

Plaidoyer pour la création d’Instituts d’Enseignement Supérieur en vingt propositions. Celles-ci feront l’objet de développements dans les mois qui viennent sous la forme de « chapitres » reprenant, modifiant, élargissant les 91 chroniques de ce blog sur les IES, et se fondant sur les données statistiques disponibles. Ces chapitres tenteront également de répondre aux critiques qui ne vont pas manquer de naître à la lecture des 20 propositions qui suivent !

1. Les missions d’enseignement supérieur sont mises en œuvre d’une part par les universités (dénommées « universités de recherche »), d’autre part par les Instituts d’Enseignement Supérieur (IES). Les universités prennent en charge les seules formations de master et de doctorat et en délivrent le grade; les IES prennent en charge les seules formations de licence et en délivrent le grade. Les universités et les IES constituent des établissements publics juridiquement distincts ; ils disposent de l’autonomie statutaire, financière, pédagogique et administrative, dans le cadre des réglementations établies par l’Etat en concertation avec les Régions.

Pour parvenir à ces deux types d’établissements, 1. Il faut poursuivre le processus de fusion pour parvenir, à partir des universités actuelles, à une quinzaine d’universités de recherche, universités multi-sites, de 20 à 25.000 étudiants, et localisées dans les grandes régions (une grande région – de taille européenne – est issue elle-même d’une fusion ; exemple : fusion de la Basse et Haute-Normandie). 2. Pour créer les IES, il faut « sortir » des lycées leurs classes supérieures (CPGE et BTS) et il faut « sortir » des universités actuelles leurs licences et leurs DUT. Les formations de CPGE, de STS, d’IUT, de Licence sont restructurées au sein des IES (proposition 7). Universités de recherche et IES participent d’une nouvelle phase de la décentralisation.

2. Les IES ont pour mission principale la formation initiale et continue des étudiants inscrits en premier cycle de l’enseignement supérieur, i.e. dans le cycle Licence en 3 ans. Ils n’ont pas de mission de recherche fondamentale ; ils peuvent avoir une mission de R & D, de diffusion de l’innovation sur le territoire régional, en coopération avec les centres de recherche des universités et avec les entreprises.

3. La création des IES est une chance pour la France. Elle a la même valeur historique que la création des lycées par Napoléon, institutionnalisant une réforme dont les prémisses se situent dès le début de l’ère moderne. La préparation au baccalauréat s’est progressivement faite en dehors des universités. La préparation à la licence doit aujourd’hui être faite en dehors des universités, mais dans des établissements appartenant clairement à l’enseignement supérieur et non à l’enseignement secondaire. La France pourrait être ainsi le moteur d’une révolution du Supérieur en Europe.

4. Les IES ont pour mission de porter à 50% le taux de jeunes obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur, la licence. Ce taux passe prioritairement par la poursuite d’études d’une partie plus importante des bacheliers professionnels. Les IES permettent la démocratisation de l’accès et de la réussite dans l’enseignement supérieur. La faillite du 1er cycle actuel, illisible et éparpillé entre les universités, les IUT, les STS et les CPGE, rend impossible la réalisation de l’objectif des 50%, fixé par la loi sur l’École de 2005.

5. Le gouvernement des IES, établissements publics d’enseignement supérieur, reproduit en partie celui des universités de recherche : conseil d’administration et conseil des études élus, président élu par un collège électoral large. IES et université(s) de la Région coopèrent et mutualisent certaines activités dans le cadre d’un Pôle Régional d’Enseignement Supérieur (PRES).

6. Les étudiants inscrits dans les IES ont le statut d’étudiant, i.e. qu’ils bénéficient de tous les droits sociaux, culturels et politiques des étudiants des universités de recherche (dont les œuvres universitaires, la sécurité sociale étudiante, les complémentaires Santé, les activités associatives…).

7. Les IES préparent à l’obtention de la licence en organisant deux voies d’études : une voie longue préparant aux études universitaires de master et de doctorat, s’appuyant sur les points forts des CPGE et des licences, et une voie professionnelle, préparant à l’insertion sur le marché du travail et s’appuyant sur les points forts des IUT, des STS, des licences professionnelles.

8. Tous les bacheliers ont le droit, immédiat ou reporté, de poursuivre des études supérieures. L’orientation vers telle ou telle voie du cycle licence est soumise à un examen sur dossier et sur projet. Le nombre de places dans les voies longue et professionnelle de Santé et paramédical est fixé conjointement par l’État et chacune des grandes Régions.

9. L’offre de formation des IES met fin à la pléthore et à l’illisibilité des formations post-bac actuelles (plus de 11.000 proposées par Admission post-bac). La voie longue, préparant aux études post-licence, et la voie professionnelle, préparant à l’insertion sur le marché du travail, sont organisées au sein de 5 parcours, de 5 parcours seulement : sciences et techniques ; économie, gestion et commerce ; lettres, langues, sciences humaines et sociales ; santé et paramédical ; droit, sciences politiques et administratives. Chaque IES organise au moins deux voies longues et deux voies professionnelles.

10. Les programmes des formations dispensées en IES sont fixés au niveau national. Ils sont spécifiés au niveau régional pour les formations de la voie professionnelle, dans la limite de 25% des heures de formation. La spécialisation est progressive au fil des 3 années de licence. Pour les voies longues, des doubles licences, des parcours différenciés peuvent être organisés par co-décision des IES et de l’université de la Région.

11. La charge d’enseignement pour les étudiants d’IES est de 2.250 heures (750 heures par an, volume horaire proche de celui des DUT et des BTS, inférieur à celui des CPGE, supérieur à celui des licences). Les enseignements sont annuels pour permettre un meilleur apprentissage des étudiants : la semestrialisation est donc supprimée. Un contrôle continu est organisé au cours des 2 premières années ; le passage dans l’année supérieure est déterminé par la moyenne obtenue au contrôle continu. La licence est délivrée à l’issue d’un examen terminal, commun à tous les IES de la même grande Région. L’examen terminal comprend une soutenance orale portant sur la réalisation d’un projet (mémoire de stage ou d’alternance dans la voie professionnelle, projet de recherche dans la voie longue).

12. La carte des formations, i.e. la localisation des IES, est établie par la grande Région, dans le cadre des contrats de projet Etat-Région (schémas directeurs de l’enseignement supérieur). Établissements de 600 à 2.000 étudiants, les IES pourraient être 600 au terme de leur création.

13. La dépense par étudiant dans les IES est portée à 14.000 euros par an, i.e. au niveau actuel de la dépense moyenne par étudiant de CPGE et de STS. Elle permet une amélioration des conditions d’études par un meilleur encadrement de tous les étudiants, dans des formations de proximité moins coûteuses pour les étudiants et leurs familles. Des passerelles sont organisées pour permettre une éventuelle réorientation – sans recul en arrière – en cours de licence. Il s’ensuit une progression du taux d’obtention de la licence en 3 ans. 14.000 euros par an signifie une dépense de l’ordre de 3 milliards d’euros par an (cf. infra le financement des IES).

14. Le corps professoral des IES est constitué d’agrégés recrutés sur concours national, les candidats ayant déclaré lors de leur inscription au concours leur souhait d’exercer dans telle ou telle grande Région. Le corps des maîtres de conférences est mis en extinction. Les agrégés des IES sont des fonctionnaires d’Etat. Ils ne sont pas soumis à l’obligation de faire de la recherche ; ils peuvent y être incités par des primes ou des congés de recherche. Leur charge d’enseignement, leur salaire et leur carrière (celle-ci commence donc beaucoup plus tôt que celle des maîtres de conférences actuels) font l’objet d’une négociation et d’une réglementation nationales, sur la base du statut actuel des agrégés exerçant dans les classes supérieures des lycées. La liste des agrégations prend en compte la création des voies longues et professionnelles structurant les IES. Le concours d’agrégation prend en compte la capacité des candidats à faire de la recherche.

15. Les agrégés des IES constituent le vivier du corps des professeurs des universités. Les centres de recherche, en fonction de la stratégie de recherche de leur université, appellent au recrutement de doctorants parmi les jeunes agrégés des IES. Les agrégés recrutés au terme de l’appel y préparent leur doctorat ; ils y travaillent en situation de délégation à plein temps (ils sont donc rémunérés) ; les contrats doctoraux, les postes d’ATER sont supprimés. Le doctorat obtenu, les agrégés docteurs sont recrutés comme professeurs stagiaires pour une durée de cinq années. Au terme de cette période, ils sont titularisés comme professeurs des universités ou sont réaffectés en IES.

16. Les IES, établissements publics d’enseignement supérieur, sont financés principalement par la puissance publique. Leurs enseignants sont fonctionnaires d’Etat et sont donc payés par lui. Les IES, et en particulier leurs formations professionnelles, ont aussi une mission de développement économique et social régional : leurs dépenses d’investissement et de fonctionnement (hors-salaires) sont donc prises en charge par leur grande Région, dans le cadre de compétences déléguées et dotées par l’Etat, inscrites dans les contrats de projets Etat-Région. Les communautés de communes et les communes, sièges d’un IES, contribuent au financement des œuvres universitaires (restauration, logement, transport, vie culturelle et associative…) ; elles sont en effet fort attachées à posséder un enseignement supérieur sur leur territoire (contribution de la Fédération des Villes Moyennes)

17. Le coût de la création des IES est de l’ordre de 3 millards d’euros par an aux fins de porter la dépense annuelle par étudiant à 14.000 euros (ce montant de dépenses inclut le recrutement d’enseignants pour améliorer l’encadrement des étudiants). A ce coût, s’ajoute celui-ci de la « logistique » (création « physique » des IES dans les locaux actuels des lycées qui ont des classes supérieures ou dans les universités) : estimons ce coût à 500 millions d’euros par an durant 7 ans.

18. Le financement de 3,5 milliards d’euros par an ne doit pas impliquer de hausse de la dépense publique. Il est assuré par la réduction et le redéploiement de dépenses actuelles, et par la progression de ressources propres. Réduction des dépenses : simplification et réduction de l’offre de formation (moins de filières en IES qu’aujourd’hui en licence, fusion des BTS et des DUT) et donc économies d’échelle (forte baisse du volume des heures complémentaires) ; service d’enseignement égal à celui en vigueur pour les agrégés des classes supérieures des lycées et donc plus important qu’en licence universitaire et qu’en IUT ; progression du taux d’obtention de la licence en 3 ans (baisse des taux de redoublement, de réorientation avec recul en arrière, d’abandon = accélération du « flux » de passage et diminution du « stock ») ; forte diminution des coûts directs et indirects de l’orientation (diminution du nombre de salons…) ; diminution du taux de poursuites d’études en master. Redéploiement des dépenses : affectation aux IES d’une partie des crédits du Plan Campus et des Investissements d’Avenir.

19. Progression des ressources autres : droits de scolarité calculés selon les revenus des parents et globalement augmentés, développement de l’alternance dans la voie professionnelle des IES et obligation pour les employeurs d’apprentis de verser aux IES une taxe d’apprentissage.

20. Calendrier pour l’ouverture progressive des IES : celui des prochains contrats de projets entre l’Etat et les Régions (2014-2020). Pour tenir ce calendrier, les grandes Régions devront dès l’automne 2012 élaborer la carte d’implantation des IES et planifier les travaux nécessaires dans les locaux des lycées ou de l’université régionale, locaux qui seront affectés aux IES. La Région Alsace me semble prête à se lancer dans la révolution des IES (carte des IES en Alsace).

Commentaires fermés sur Universités et IES : 20 propositions

Classé dans Non classé

Une réponse à “Universités et IES : 20 propositions

  1. Sébastien

    Je viens de lire vos 20 propositions et en retire un point qui me semble très positif, et des points qui me semblent améliorables.

    Le point positif, pour moi, est votre proposition n°11. C’est mon rêve depuis quelques temps que d’avoir un examen terminal pour délivrer un diplôme. Ce serait encore mieux si cet examen terminal comprenait tout en partie de tests transversaux, interdisciplinaires. En effet, dans le système actuel, les étudiants sont des « stratèges » qui ingurgitent des connaissances parfaitement cloisonnées, et oubliées sitôt l’examen terminé. Le seul moyen que je connaisse pour éviter cela, c’est le concours, ou l’examen terminal. Un point très alléchant donc, mais qui pourrait induire un taux d’échec non négligeable…

    Quant aux points qui me posent problème (je passe sous silence les aspects financiers, ne me sentant pas compétent mais pressentant que votre proposition est imparfaitement crédible), dans l’ordre chronologique:
    – « La préparation à la licence doit aujourd’hui être faite en dehors des universités, mais dans des établissements appartenant clairement à l’enseignement supérieur et non à l’enseignement secondaire »
    Vos IES me semblent davantage tournés vers le modèle du secondaire, avec ses professeurs agrégés, que vers le supérieur, quoi que vous en disiez… d’ailleurs vous proposez d’employer des enseignants du secondaire et de créer physiquement une bonne partie de vos IES dans des lycées… Comme le bac a été, par le passé, retiré aux universités pour être confié au secondaire, votre proposition revient à retirer la licence des universités et à la confier, de facto, au secondaire.
    – le taux de 50% de jeunes obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur me semble au mieux utopique, au pire malsain (car on fait croire à des jeunes et à leurs familles qu’ils peuvent avoir ce diplôme alors que, pour nombre d’entre eux, ils n’en ont pas les capacités). A moins, bien sûr, de diminuer le niveau demandé pour obtenir une licence, ce qui affleure dans votre souhait de voir diminuer le taux d’échec (cf. propositions 13 et 18). Car croire qu’augmenter la dépense par étudiant conduit mécaniquement à améliorer le taux de réussite me semble un peu naïf. Pour prendre un exemple souvent cité, si les IUT ont un taux de réussite bien meilleur que les L1, ce n’est pas grâce à une dépense par étudiant plus élevée mais du fait de la sélection qui y est opérée…
    – Vous ne dîtes pas ce que vous faites des CPGE ? Sont-elles solubles dans les IES ? A priori non puisque la voie longue des IES « prépare aux études universitaires de master et de doctorat », et la voie professionnelle « prépare à l’insertion sur le marché du travail ». Où prépare-t-on les concours des grandes écoles ?
    – La proposition 9 semble n’avoir pour objectif que de diminuer le nombre de formations post-bac. Mais ne retenir que 5 parcours, c’est faire le choix d’une formation très généraliste, alors que les entreprises trouvent déjà que nos dizaines de DUT spécialisés sont encore trop généralistes. La force des Licence Pro, par exemple, est bien leur forte spécialisation. Une licence pro « économie, gestion et commerce » ne présente absolument aucun intérêt. Ou alors vous admettez qu’au sein de vos 5 parcours il y ait des parcours spécialisés, mais dans ce cas l’offre de formation sera toujours aussi large… et peu lisible.
    – je ne comprends pas bien l’intérêt de fonder les IES dans les lycées ou dans l’université de la région ? Pourquoi pas sur les campus d’IUT ? D’ailleurs, un IUT actuel ne sera-t-il pas tout simplement l’un de vos IES ?
    – enfin, et ce sera ma critique la plus forte, les propositions 14 et 15 me semblent méconnaître totalement la formation à la recherche et la façon de faire de la recherche dans tout ce qui n’est pas sciences humaines, c’est-à-dire ce que vous connaissez. Il me semble difficile de faire un doctorat, puis de continuer à faire de la recherche au point de devenir professeur des universités tout en étant enseignant en IES… à moins que ces derniers ne fassent que 192h équivalent TD, comme des MCF ?

    Désolé pour ce long catalogue, en espérant que vous y puiserez matière à amélioration de votre projet qui a l’immense mérite de provoquer le débat pour faire bouger le monolithe enseignement supérieur.

  2. Bonjour M.Dubois,
    Vaste projet ! Petite question : ces IES seraient créés ex-nihilo, ou bien s’agirait-il de choisir une partie des universités existant aujourd’hui pour les transformer en IES (en y intégrant CPGE/classe-prépa/etc.), tandis que d’autres se transformeraient en université « master-doctorat » ?

  3. pdubois

    @ Sébastien. Grand merci d’avoir lancé le débat. Chacune de vos remarques critiques méritent réflexion. Comme je l’ai annoncé, les 20 propositions seront republiées sous forme de « chapitres » dans les 3 mois qui viennent. Ces chapitres exposeront chacune des critiques. L’idée est de préciser, d’approfondir pour tenter de parvenir au final à un jugement du type : cette proposition peut être retenue sous condition de… ; cette proposition doit être « effacée » (selon l’adage de Boileau)…

    @ Camille. Merci de cette demande clé : j’ai donc réécrit la proposition 1 pour être plus clair !

  4. BAYER

    Merci pour ce beau travail plein d’informations et de réflexions utiles.
    Je vous souhaite une bonne année 2012 avec l’espoir de continuer à vous lireaymond Bayer;
    cordialement
    R

  5. JF Martins

    Bonjour Pierre,

    Malgré nos vieilles amitiés, je me dois d’être en profond désaccord avec vous sur la création d’IES – sorte de « college » à l’américaine. Cela conduirait à une rupture entre recherche et premier cycle et éloignerait les meilleurs chercheurs des amphis de premier cycle.

    Ce serait un reniement pour l’esprit universitaire

    Au plaisir d’en débattre avec vous

  6. lucie Tanguy

    bonne année Pierre, continues à lancer des idées pour nous sortir de la torpeur ou du laisser-faire …

  7. Marianne

    Bonjour et bonne année a vous!
    Je suis toujours tres interessée par vos propositions. Je suis assez d’accord avec Sebastien sur deux points
    1) Je pense que la création et le fonctionnemùent des IES ne pourraient pas se faire a cout constant : en effet un prag est en général nettement moins payé qu’un prof de prépa meme si celui ci enseigne plus. Par ailleurs les enseignants actuels en premier cycle sont en partie des vacataires qui « coutent peu » (meme si bien sur cela ne devrait pas etre un critere!!!) Donc a mon avis, malgre les aspects interessants de votre proposition ce qui risque de freiner sa mise en oeuvre c’est son cout…
    2) Par ailleurs en sciences cela parait compliqué de restreindre le vivier des thésards au seuls agrégés. C’est tout en fait réaliste en maths puisque du moins en maths pures la plupart des thésards sont agrégés, cela l’est a mon avis moins en info ou en physique ou beaucoup de thésards sont des ingénieurs en général non agrégés car faire une agrégation reviebt a suivre une orientation réellement différente. J’avais fait moi meme une école d’ingé et honnetement il n’y pas d’agreg proche du point de vue du programme de ce qui est enseigné dans une école. Il faut prendre une ou deux année pour se remettre a niveau
    3)Il y a par contre des points que je pense tres positifs. Rendre plus lisible l’offre de formation et notament fusionner IUT et BTS ca me parait une tres bonne chose!!Par contre est-ce que l’inertie du systeme ne va pas freiner une telle evolution? D’accord encore avec vous sur le fait que le lien enseignement-recherche au niveau premier cycle n’est pas toujours nécessaire et qu’un enseignement typ prépa peut etre parfois bien plus profitable
    4) Enfin, je crains malheuresement que la logique actuelle etant exclusivementfinanciere on evolue vers des PUP, ie les facs petites seraient restreintes a leur premier cycle mais un peu laissées a elles meme sans moyens. On evoluerait forcement vers le recrutement de prag (car ca coute moins cher) au lieu de mcf (donc extinction dans les petites facs) et vers des formations professionalisantes style IUT avec une recherche appliqué. Je n’ai pas l’impression que ce soit l’esprit de vos IES!! C’est plutot ce que vous decrivez dans d’autres de vos billets : un desangagement de plus en plus important de l’état dans certaines regions ….
    Voila ce qui me fait peur, c’est que j’ai l’impression que des propositions comme les votre peuvent etre deformees et que sous couvert de creer des premiers cycles autonomes on p(a)uperise une grande partie des universites petites et moyennes

  8. Renaud

    Une première réaction, un peu corporatiste. L’idée d’IES est intéressante… par contre, en séparant les IES de l’Université, on diminuera les possibilités pour les docteurs d’avoir un poste… car malgré tout, les heures de licences, ça remplit un service… même si la charge de copies est lourde, comme en fac de droit.

    Deuxième réflexion à chaud : il ne me semble pas bon de couper l’enseignement de la licence de la recherche. Certes, en première année, voire en deuxième, on est sur des fondamentaux classiques, mais la réflexion est nécessaire, et elle est stimulée pour l’enseignant, par la recherche… Alors un compromis : certains cours basiques pourraient être effectués par des enseignants du secondaire (quoique….), et les autres par des enseignants chercheurs.

    Par contre, si l’IES permet de rationaliser la carte des formations post-bac, c’est bon à prendre.

    ET J’APPROUVE LA FIN DE LA SEMESTRIALISATION, USINE À GAZ ET À EXAMENS, MACHINERIE À BACHOTAGE (ET À STRESS INUTILE), L’ANTI-FORMATION (CAR SE FORMER, C’EST MURIR LES CONNAISSANCES) : Comment veut-on que les étudiants réfléchissent, approfondissent, lorsqu’ils passent leur temps à réviser des contrôles continus, des partiels… l’UNEF et les syndicats étudiants doivent réviser leurs positions sur cette course aux points que représente la multiplication des examens.

    Quant aux 50% je répète ici ma méfiance envers les objectifs du Gosplan, en matière de réussite scolaire ; ce type de politique du chiffre encourage les mauvaises pratiques, la démagogie pédagogiste, la baisse des exigences, le tripatouillage des diplômes (modules, coefficients, compensation, équivalence, etc… et autre arrangements qui incite les étudiants à être plus stratège des matières qu’étudiants). Ce chiffre a été inventé, un peu par dépit, lorsqu’on a constaté l’échec du bac qui ne formait pas à l’université; S’il y avait une sélection ou une orientation crédible, plus besoin de 50%.

    Par contre, soyons modeste, et assurons une formation à tous les jeunes (et surtout à ceux qui abandonnent les études au collège et au lycée) : des études supérieures à l’apprentissage (car il nous faudra toujours des ouvriers, de bons ouvriers, de bons travailleurs manuels exerçant un métier et fiers de ce métier)… Plutôt que de focaliser sur le 50% (utopie de technocrates et « passion » du diplôme), il est préférable d’assurer en réalité, la formation (sérieuse et solide) tout au long de la vie, avec pourquoi pas des passages à l’université, pour ceux qui aspirent à devenir cadres.

    Enfin, arrêtons de fabriquer des diplômes, cela empêche la mobilité et la flexibilité. Le monde du travail a besoin de compétences, de tempérament, de talent, de personnalités, et l’UNIVERSITE N’EST PAS FORCÉMENT LA VOIE ROYALE. L’apprentissage (même à 14 ans, car il vaut mieux un bon apprentissage qu’un mauvais parcours au collège) me semble un bon moyen des sauver les jeunes perdus dans le système scolaire… En tout cas, la formule IES pourrait être utilisée pour rapprocher des filières du monde économique (qu’il faut impliquer et responsabiliser, car c’est eux qui ont intérêt à avoir des jeunes bien former) et d’adapter les parcours.

  9. Grand merci à chacune et chacun pour ces premières contributions au débat sur la réforme du premier cycle de l’enseignement supérieur (CPGE, BTS, DUT, Licence universitaire).

    Voici comment je compte procéder : ne pas répondre à chacune et à chacun dans un commentaire à cette chronique, mais republier des chroniques sur telle ou telle proposition, publiant vos remarques et vos critiques, quelquefois de fond.

    Un exemple de cette méthodologie de débat : la première chronique sur les élections présidentielles dans les universités : « le président s’accorche » http://blog.educpros.fr/pierredubois/2012/01/08/le-president-saccroche/

    En fin de chronique, j’ai publié un commentaire proposition de Pierre Alain, l’ai reprise et élargie.

    Etes-vous d’accord ? J’espère que le débat ne fait que commencer !

  10. Les commentaires ne sont pas clos !

  11. Michelle Mailfait

    Bonjour,
    Votre idée d’IES est la réforme qui doit figurer dans les programmes des candidats aux élections 2012 (sinon je ne vote pas….)Plus sérieusement, je vois, dans ces IES, un cadre où le bachelier enrichit ses connaissances et ses compétences, apprend à travailler, à réfléchir. Ces IES ayant la structure des classes prépa des écoles d’ingénieurs favorisent la proximité entre prof et étudiant et permet ainsi des échanges réguliers sur leur comportement, leur orientation etc… Dans ces IES, l’accent est mis sur l’oral et le travail d’équipe. Je suis persuadée qu’on éviterait l’abandon en cours de 1ER cycle de licence d’un nombre important d’étudiants.
    J’attends la suite de vos propositions et j’espère que la réforme de léducation verra le jour.
    Michelle

  12. Pingback: organisation des études by pierrev.laurent2 - Pearltrees

  13. vincent92

    Sans revenir ici sur le rétablissement de la sélection à l’entrée et sur les frais d’inscriptions progressifs (qui, d’ailleurs, à Science Po, ont fortement progressé depuis leur mise en place), je ne suis pas convaincu par votre projet de créer des IES.

    Je partage certes votre volonté d’avoir un cadrage national de la Licence et de regrouper les différents cursus de 1er cycle dans une même structure. Mais pourquoi cette structure ne serait-elle pas l’Université ? Cette coupure entre la Licence et le Master risque de substituer à l’actuel système à deux vitesses (grandes écoles/ Université) un autre système à deux vitesses où seraient privilégiés les enseignements du Master et du Doctorat et négligés ceux de la Licence.

    Dans certaines Universités de région parisienne, où la plupart des enseignements de 1er cycle sont délocalisés, on voit bien que c’est le centre principal (avec les enseignements de L3 et au-delà) qui est privilégié. Les Universités doivent avoir une vision globale sur l’enseignement supérieur et pas se contenter de former les élites!

  14. Damien

    « Je partage certes votre volonté d’avoir un cadrage national de la Licence et de regrouper les différents cursus de 1er cycle dans une même structure. Mais pourquoi cette structure ne serait-elle pas l’Université ? »

    A mon avis, deux raisons qui font que ce serait très difficile à faire :

    1) L’assentiment des cursus extra-universitaire. Actuellement, proposer aux CPGE et aux STS de s’intégrer dans l’université, c’est comme proposer au pape de se convertir au paganisme. Déjà, les IUT (qui sont pourtant « universitaires »), ce sont des conflits à n’en plus finir, alors le reste… Et naturellement, les grandes écoles ne sont pas prêtes à accepter cela non plus.

    2) L’autonomie des universités. Les universités seraient tiraillées entre la nécessaire autonomie aux niveaux master et doctorat (et recherche), et le « cadrage national » (+ examen « régional ») du premier cycle. De fait, les universités sont déjà tiraillées entre les deux, et cette situation semble destinée à empirer (avec la LRU et l’arrêté licence).

  15. Commentaire reçu par mail et autorisé pour publication en commentaire.

    « Interessant ton dernier envoi sur les IES… Me voilà revenu 40 ans en arrière, lorsque nous discutions au ministère de ce qui allait devenir la loi Savary ! Nous avions proposé un premier cycle sur des bases semblables intégrant prepa, 1er cycle univ, dut, bts…et l’integration des ecoles dans les univ… Nous avons révé pendant qq semaines le temps que les lobbies se mettent en branle… Tu sais ce qui en est advenu.

    Le projet d’IES me semble aller dans le même sens sans toucher aux écoles (ce qui, politiquement me semble plus judicieux)… par rapport à ce projet une seule remarque… Est-il necessaire, indispensable, souhaitable de vouloir un corps unique d’enseignants dans de tels instituts et qui plus est un corps n’ayant jamais touché à la recherche?

    N’oublions pas que les quelques cycles qui marchent fort bien à l’univ le sont gràce (dans la majorité des cas) à des MC ayant une formation recherche mais qui s’impliquent ensuite à 90% dans l’organisation et l’animation de ces 1ers cycles. Un corps mixte agregé / MCF me semblerait peut-être plus judicieux ».

  16. @ Henri. L’histoire se renouvelle éternellement sans avancer !
    Eh oui, les lobbies. Un dernier que j’ai découvert récemment en discutant avec deux proviseurs qui ont des CPGE. Etre proviseur d’un tel lycée représente le sommet de la carrière, du prestige et du logement de fonction. Pas question de toucher à leurs CPGE !

    Le corps professionnel des lycées : seulement des agrégés, sous condition que l’agrégation valide un très bon niveau de compétences en recherche et que les agrégés des IES puissent sans cesse confronter leurs cours aux avancées de la recherche par le biais de la formation continue.

    Les PRAG ne sont pas si mauvais pour l’implication à faire tourner la
    boutique (dans les STS, les IUT, les CPGE et même en licence)

    Je reviendrai bien sûr sur cette question du corps professionnel qui attire beaucoup de critiques.

  17. Clavey

    Quel foisonnement de propositions.
    L’idée de fusionner les premiers cycles des universités, les CPGE, les IUT et les BTS est une idée qui m’intéresse depuis longtemps et qui me paraît indispensable. Cela permettrait d’assurer à tous l’accès à l’enseignement supérieur mais d’orienter en fonction des dossiers scolaires vers des filières longues recherche, enseignement ou écoles d’ingénieurs ou vers des filières courtes professionnelles. Les grouper dans des IES indépendants des universités me paraît plus problématique, en effet je crois très fortement au lien enseignement recherche même pour les premiers cycles et je pense que si les ingénieurs français sont actuellement si peu orientés vers la recherche mais plus vers le management c’est qu’ils ont rarement rencontré des enseignants chercheurs dans leur cursus. Vous parlez des stages pour les filières à vocation professionnelle évidemment mais aussi pour les filières longues dans des établissements scolaires (enseignement), dans des labos (recherche) dans l’industrie (ingénieurs) et cei dès le niveau licence.
    Pour les enseignants, réorienter les agrégés du secondaire vers l’enseignement supérieur de premier cycle et leur proposer un accès à la recherche est une bonne idée mais pour les nouveaux recrutés le concours devrait se faire après un doctorat et non l’inverse.Ce futur corps d’agrégés (ou d’enseignants de premier cycle)auraient vocation à enseigner en premier cycle avec un service équivalent à celui des agrégés actuels en CPGE mais les professurs d’université devraient aussi représenter un certain pourcentage des enseignants surtout pour les licences orientées vers les voies longues (recherche, enseignement ou écoles d’ingénieurs).
    Les professeurs d’université seraient recrutés parmi les doctorants qui souhaiteraient continuer dans la recherche. L’obligation d’un travail post doctoral reconnu(associé ou non à de l’enseignement) dans une université autre que son université d’origine me semble indispensable. Le retour vers l’enseignement de premier cycle serait facilité pour les chercheurs ayant suivi cette voie et n’ayant pu être recrutés comme professeurs des universités.
    Le doctorat doit pouvoir être fait par des étudiants qui n’ont pas vocation à devenir professeurs des universités (étudiants étrangers, ingénieurs, etc..) les contrats doctoraux doivent donc être maintenus sous leur forme actuelle ou sous une autre.
    Enfin vous évoquez la filière médicale et paramédicale !!!!! Il faut effectivement l’intégrer dans le cursus général, généraliser pour ces filières aussi le recrutement sur dossier et éventuellement entretien avec des réorientations possibles et des accès plus nombreux en cours de cursus ou à la rigueur mettre un concours au niveau licence avec l’inconvénient de différer la professionnalisation. L’urgence absolue est de supprimer l’ensemble des concours de ces filières dont la préparation est tout sauf de la formation. (je parle d’expérience d’enseignante dans ces voies!)
    Beaucoup de choses encore à discuter mais si on en discute c’est qu’on y croit encore!

  18. amelie

    L’idée d’IES ressemble aux Hautes Ecoles belges ou aux DEC québécois qui ont l’avantage de regrouper les filières courtes et les filières longues non universitaires. Il faut arrêter cette obsession française à vouloir rendre « universitaire » toutes les formations du supérieur (paramédical,éducation), les écoles spécialisées ont le mérite d’avoir des cours pratiques et des stages qui prépare à la vie active.