Contre la démocratie participative ?

Je viens de me faire interdire l’accès à l’atelier « concevoir le nouveau paysage de l’ESR », atelier qui se tenait aujourd’hui à 14 heures à la Région Alsace, salle Marcel Rudloff (photo). Deuxième réunion sous la présidence de Guy René-Perrin et de Guy Schultz. Le premier est délégué général pour La Mission Investissements Avenir à l’université de Strasbourg (chronique et photo : « mesurer l’impact des IDEX« ). Le second a été président de l’université de Haute-Alsace.

Guy-René Perrin s’est dirigé vers moi, avant le début des débats : « vous ne pouvez assister à la séance, vous n’êtes pas invité, vous n’êtes pas sur la liste des invités validée par le rapporteur territorial, Michel Granet« . « Je ne peux donc pas m’exprimer sur les Instituts d’enseignement supérieur et leur localisation en Alsace » ? « Ce n’est pas ici le lieu pour vous exprimer, vous pouvez déposer une contribution en ligne ».

Ayant averti ce matin Michel Granet de ma participation à l’atelier de ce début d’après-midi, celui-ci m’a courtoisement répondu mais je n’ai eu son message qu’après mon retour de la Région. « Les ateliers ne sont pas « ouverts » à tout un chacun. Des règles ont été instaurées. Je vous prierai de prendre contact avec Mrs Guy Schultz et Guy-René Perrin, animateurs de cet atelier 3″. Je rappelle au lecteur que je n’ai appris l’existence des ateliers qu’il a deux jours ! « Assises en Alsace : il faut s’accrocher« .

Je ne suis pas heureux d’avoir été évincé de la « démocratie participative », sensée être à la base du processus des Assises. J’en viens même à penser qu’elles sont un contre-exemple de démocratie participative et à l’inverse un bel exemple de centralisme démocratique, de démocratie « top-down ».

Initiative d’en haut. Les assises ont été inscrites dans les engagements de François Hollande. Geneviève Fioraso les a mises en œuvre en nommant un comité de pilotage et un rapporteur général. Les rapporteurs territoriaux ont été ensuite nommés par le préfet de région, le recteur d’académie et le président de région. Puis le rapporteur territorial a nommé des animateurs d’ateliers, ceux-ci invitant des personnalités « représentatives », mais qui n’ont pas forcément des idées innovantes sur la question qu’ils doivent traiter.

Ce processus de haut en bas est structurellement verrouillé. C’est dans ce contexte que le processus « bottom-up » peut alors commencer, la parole concédée à toutes et à tous. Un leurre. Pour mobiliser les citoyens lambda, on fait appel aux techniques modernes : les contributions déposées en ligne. J’ai joué le jeu et je sais maintenant que je ne pourrai discuter nulle part de mes propositions sur les Instituts d’enseignement supérieur et leur localisation en Alsace.

Les propositions des ateliers vont remonter aux rapporteurs territoriaux et être exposées dans les Assises territoriales. Mais celles-ci ne seront pas ouvertes au public : Guy-René Perrin m’a indiqué qu’à Strasbourg, les assises se limiteront à 200 invités. Peu de chances pour moi de pouvoir y participer ; je vais quand même demander un carton d’invitation !

Les rapports territoriaux vont ensuite remonter au Comité de pilotage et le rapporteur général fera un rapport lors des Assises nationales, le nombre des représentants de chaque région étant limité à 5. La première Note de synthèse laisse augurer – tout au moins je l’espère – de propositions non consensuelles. Geneviève Fioraso a annoncé que, dans ce cas, le gouvernement prendrait ses responsabilités.

L’épisode humiliant et douloureux que j’ai vécu en début d’après-midi me laisse de plus en plus perplexe sur la démocratie participative. La future loi sur l’enseignement supérieur et la recherche ne sera pas innovante. Les Assises auront été un perte de temps et un gaspillage d’argent public. La démocratie participative ne sert-elle qu’amuser la galerie ? J’en aurais honte.

Cet épisode me semble être aussi une gifle pour l’ensemble des retraités. Mais dois-je me plaindre ? Pour me rendre à la région et en revenir, j’ai marché une heure et dix minutes. Marche et tais-toi ! Il est 16 heures, l’atelier sur la conception du nouveau paysage de l’ESR vient de se terminer… J’aurais aimé en être !

Hôtel de Région, salle Marcel Rudloff, photographiée aujourd’hui à 13 heures 50

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Une réponse à “Contre la démocratie participative ?

  1. Michel Abhervé

    Bien sur si tu n’es pas sur la liste des invités validée !
    C’est terrible, cette peur de ce qui n’est pas parfaitement délimité, cette craine d’un apport non cadré

  2. Petite anecdote personnelle, qui n’est que l’illustration parmi beaucoup d’autres, de la peur viscérale du monde politique français pour ses universités. À l’évidence la source en est les « événements » de mai 68. Pour le jeune étudiant que j’étais alors, le souvenir marquant qu’il m’en reste, c’est la peur panique des doyens et des mandarins universitaires. Edgar Faure, sans doute un des plus habiles et clairvoyants des politiciens, a réussi à désamorcer le risque pour les 50 années suivantes. Il ne faut surtout pas que l’hydre renaisse de ses cendres ! Donc le mot d’ordre est clair… Verrouillons, verrouillons, et verrouillons encore ! Qu’attendre d’autres d’un François Hollande qui a manipulé un parti politique pendant des années.

  3. Guillaume Andrieux

    Venez donc en Auvergne, les débats sont ouverts à tous…

    http://www.clermont-universite.fr/Assises-ESR-en-Auvergne

    Au plaisir,