Les bêtises de G. Fioraso aux abois

Tribune de Geneviève Fioraso dans le Monde du 26 avril 2013, reprise sur le site du MinistèreUn nouvel élan pour la réussite étudiante. La Ministre est aux abois, constate que sa réforme n’a plus un seul soutien qui compte, et commence à dire n’importe quoi.

Florilège de bêtises, voire de mensonges dans le communiqué ministériel. 1er paragraphe : « le taux de poursuite d’études stagne depuis 15 ans », c’est-à-dire depuis 1998. Faux ! La Ministre  rendrait-elle responsable de cette stagnation les réformes introduites par ses amis socialistes au pouvoir entre 1997 et 2002 (création de la licence professionnelle en 1999, du LMD en 2002) ?

2ème paragraphe. « La France ne souffre pas d’un trop plein d’étudiants, mais d’un manque de diplômés par rapport à ses voisins ». Faux ! Il suffit de consulter les statistiques de l’OCDE, reproduites dans Repères et Références statistiques 2012 pour prouver le contraire : le taux de jeunes sortants, diplômés de l’enseignement supérieur, est plus élevé en France que dans la moyenne européenne (indicateur 8.29).

5ème paragraphe. « Le projet de loi d’orientation que je porte se fixe l’objectif ambitieux de diplômer 50% d’une classe d’âge« . Faux ! L’objectif de 50% est inscrit dans la loi sur l’École votée en 2005.

5ème paragraphe : « Élever notre niveau de qualification est une nécessité pour relancer l’ascenseur social, mais aussi pour aider les salariés en reconversion, anticiper les métiers de demain, innover dans les filières d’avenir. C’est la meilleure arme anti-crise ». Faux ! Les liens causaux établis entre élévation des qualifications et relance de l’ascenseur social n’ont jamais été établis scientifiquement. « Élévation des qualifications comme arme anti-crise ». Ce lien causal n’a jamais été démontré. Rappelons par exemple que le taux de jeunes sortants, diplômés de l’enseignement supérieur, est de 30,7% en Allemagne et de 43,4% en France (RERS, indicateur 8.29). La crise est-elle plus forte en Allemagne qu’en France. Ne pas rire !

6ème paragraphe. « Tous nos efforts doivent converger vers la réussite du plus grand nombre. Cette ambition s’accompagne d’un effort exceptionnel de création de 5.000 emplois nouveaux dans le quinquennat ». Faux ! Les universités, dans les années récentes et en 2013, ont « gelé » plus de 1.000 postes d’enseignants et de personnels BIATSS. Les effectifs des personnels titulaires du supérieur diminueront en 2013.

6ème paragraphe. « Pour lutter contre l’orientation par défaut qui enferme des milliers de jeunes dans des parcours auxquels ils ne sont pas préparés, la loi facilite l’accès des bacheliers professionnels en STS et des bacheliers technologiques en IUT ». Faux !  Après bien des tergiversations, l’article 18 du projet de loi ne fixe aucun quota, aucune mesure contraignante.

6ème paragraphe. « Pour favoriser les réorientations sans redoublement, la loi encourage la spécialisation progressive en licence. Elle engage la simplification du maquis des intitulés de diplômes devenus illisibles pour les étudiants et les employeurs ». Faux ! Comment la spécialisation progressive ferait-elle diminuer les réorientations observées en 1ère année de licence ? Toutes les réorientations actuelles à partir d’un échec ou d’un abandon en L1 se font avec redoublement. Le combat pour la révision des nomenclatures des diplômes ne fait que commencer (communiqué de la CPU). Gageons que le millefeuille de l’offre de formation sera encore plus compliqué si on touche à la nomenclature ! Parions que l’accréditation, qui devrait remplacer l’habilitation des diplômes, aura pour effet de faire progresser l’offre… Sauf si les universités sont de plus en plus étranglées financièrement : elles seront alors obligées de fermer des diplômes.

6ème paragraphe. « La loi rapproche sans les confondre les classes prépas des premiers cycles pour favoriser les parcours mixtes et les réorientations ». Faux ! Parcours mixtes ? La réorientation d’élèves de CPGE vers la licence est un processus qui existe depuis longtemps et qui fait déjà l’objet de conventions entre des lycées et des universités. La Ministre veut-elle inventer une réorientation de la 1ère année de licence vers les prépas ? Ne pas rire !

7ème paragraphe. « Pour engager cette rénovation pédagogique, l’université doit s’ouvrir davantage sur son environnement. La loi reconnaît enfin l’alternance, que nous voulons doubler, comme une voie de formation à part entière ». Faux ! L’alternance se développe dans l’enseignement supérieur depuis de nombreuses années (en BTS, en DUT, en licence professionnelle, dans les écoles). Était-elle interdite jusqu’ici par la loi, comme le laisse entendre le mot « enfin » ? « Doubler l’alternance » ? Ne pas rire !

8ème paragraphe. « La loi rapproche universités et écoles dans le cadre de regroupements territoriaux désormais simplifiés ». Faux ! Les contrats de site pour la période 2013-2017 empilent les structures, sont le contraire d’une simplification du mille-feuille institutionnel.

Ce communiqué de la Ministre devrait devenir une étude de cas dans les formations en communication. Soit la Ministre veut manipuler sans vergogne l’opinion publique, et particulièrement les parlementaires, et il s’agit là d’un comportement indigne, détestable et inadmissible. Soit la Ministre croit à ce qu’elle a fait publier dans Le Monde et cela démontre une incompétence certaine, une confiance mal placée dans ses conseillers ; il faudrait alors en tirer les conséquences politiques.

Dans l’immédiat, je vous prie, Madame la Ministre : « retirez votre projet de loi ! » Et commençons enfin à réfléchir sérieusement aux réformes qui pourraient faire progresser la réussite de tous les étudiants en premier cycle !

26 avril 2013. Service de communication d’Aix-Marseille Université. « Un accord a été signé aujourd’hui  en Chine entre le président d’Aix-Marseille Université, Yvon Berland, et le président de Wuhan University of Technology, en présence de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso et du ministre de l’éducation de Chine. Cet accord porte sur des collaborations en matière  de formation et de recherche, avec l’ambition de créer prochainement à Wuhan un campus universitaire « Aix Marseille Université – Wuhan Liquong« . La Ministre n’est pour rien dans cette initiative des deux universités.

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23 Commentaires

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23 réponses à “Les bêtises de G. Fioraso aux abois

  1. benoit

    cette ministre est décidément incompétente. Cette incompétence a été décelée lors de la clôture des assises. Elle ne m’inspire pas confiance : un écart flagrant entre ce qu’elle projette et la réalité de l’enseignement supérieur tel qu’il est vécu par les personnels. Il serait temps qu’elle parte et cède sa place à un(e) vrai(e) connaisseur(se) de l’enseignement supérieur de ce pays.

  2. François

    Un peu de mauvais esprit. Elle démontre la nocivité du système des quotas, puisqu’elle doit son poste actuel à la décision présidentielle d’avoir 50% des ministres de sexe féminin … prenant ainsi la place de son ex-mentor qui paraissait beaucoup plus qualifié.

  3. Michel Abhervé

    On pourrait penser que, si le projet vient en discussion au Parlement, il y a un risque d’agitation dans le milieu explosif que constituent les universités
    Il n’est pas certain que, dans le contexte politique actuel, le pouvoir ait intérêt à ouvrir un nouveau front, avec un projet dont peu pensent qu’il suscite adhésion et encore moins enthousiasme !

  4. On confond souvent en France « qualifications professionelles » et « diplomes ». On manque aussi en France de personnes qualifiées dans les métiers de l’artisanat, capables de reprendre des entreprises. Ce ne sont pas des universitaires sur-diplômés.

    A quoi bon pousser les plus jeunes à faire de longues études dans des secteurs peu porteurs ? Pour servir de voie de garage ? Mieux vaut privilégier « employabilité/niveau de qualification » que « niveau de diplôme »; comme en Allemagne peut être ?

  5. LB

    Bravo pour cet article qui démontre les mensonges du ministère ESR. J’ai l’impression que l’on prend le monde universitaire et la population française pour des idiots. En ce qui concerne l’incompétence de Mme Fioraso cela ne fait aucun doute pour moi…elle adore les quotas grace auxquels elle a eu un poste de Ministre….Il faut esperer que son dossier scolaire lui permettait à son époque d’integrer une première année d’IUT…Nous sommes gouvernés par des communicants stupides qui pronent la médiocrité et l’égalitarisme…
    Il faut attendre le mois de mai 2013 pour voir de l’effervescence dans l’enseignement supérieur…il y a une véritable exaspération du personnel des IUT de France en ce moment… »Ras le Bol »

    LB

  6. LB

    Oui et c’est une evidence Mme Fioraso est incompétente. Elle a obtenu ce poste de Ministre grace aux quotas qu’elle prone pour les STS et les IUT.

    Il y a une exaspération qui va s’exprimer bientôt bientôt dans la rue. Il faut arreter de gerer l’ESR par des communicants stupides…

  7. Michel Abhervé

    Comme je l’écrivais il y a presque un an
    « Cette volonté paritaire a fait une victime directe, Michel Destot, qui a vu sa première adjointe à Grenoble, Geneviève Fioraso, être nommée à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, poste auquel il postulait assez clairement. »

    voir « Ceux qui ne sont pas entrés au Gouvernement »

    sur http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2012/05/21/ceux-qui-ne-sont-pas-entres-au-gouvernement/

    Comme quoi, il faut se préparer à exercer des fonctions !

    Faute de quoi on réussit à se fâcher avec tout le monde pour tenter de ne fâcher personne. On se met à dos les IUT en parlant de quotas, et comme on ne le fait pas, on ne change rien !

  8. Samuel BLIMAN

    Mais non , mais non, Madame Fiorasso n’est pas incompétente, elle est simplement comme beaucoup de personnes qui ont été nommées à ce poste la personne qui énonce à haute voix ce que la haute administration du ministère prépare. Comment aurait elle pu élaborer tout cela en l’espace de six mois après prise de fonction, partant des fonctions qu’elle occupait avant (Corys, Nanotechnologie, à Grenoble)?

    Plus préoccupant, le nombre de ministres qui se sont succédé à ce poste depuis le début de la Vème République:on en dénombre trente six. Qu’ont ils laissé qui ait effectivement constitué une avancée?

    Il faut par ailleurs oser dire que programmer un taux de réussite de 80% au baccalauréat est une vaste tromperie car de fait, le baccalauréat couvre trois cursus totalement différents dont on ne voit pas qu’ils puissent conduire au delà vers des succès dans des filières auxquelles ils ne qualifient pas les étudiants

    Et pour aller au-delà, on se dispose à nous « rejouer » le numéro « quota de réussite en licence, à 50% d’une classe d’âge »;on ne peut voir poindre, tenant compte de la crise déjà sensible dans la majorité des établissements -finance, création, renouvellement des postes d’enseignants, constitution d’équipes de gestionnaires, comme dans le privé- que la faillite et probablement après fermeture de certains cursus de certains établissements. CPGE et Ecoles, elles continueront, elles ont d’autres ressources.

  9. Marianne

    Un autre ou une autre ministre aurait fait la même chose….Le problème est qu’il n’y a plus d’argent dans l’ESR et que l’enseignement dans les facs tout le monde s’en fout…Il s’agit donc pour le ou la ministre d’enteriner la situation de fait, de faire des économies en pupérisant un certain nombre de petites facs et de préserver quelques filières style les IUT et les CPGE
    A partir de la le ou la ministre est juste la pour faire plus ou moins diversion et faire avaler de manière intelligente la pilule. Le nom de le ou le titulaire ne change pas grand chose a ce qui sera fait en pratique….

  10. Marianne

    Quand aux 50% d’étudiants au niveau licence et bien ca fera juste une génération grugée, a qui on aura fait poursuivre des études en leur faisant croire monts et merveilles et qui découvriront un peu tard que cela ne les mène à rien….

  11. Patriat Claude

    Cher Pierre,
    Pardon, mais trop c’est trop. Tant dans la forme que dans le fond, ce que j’appellerai une « triste chronique d’un faux printemps » n’est pas du ton et du niveau de vos habituelles contributions. La méthode consistant à prendre des bribes vidées de leur contexte me rappelle de sinistres manières de procéder. L’exagération est mauvaise conseillère, à moins que l’objectif soit de faire partir la ministre. Dire que Geneviève Fioraso n’est pas compétente relève de l’affirmation primaire. Je suis pas forcément d’accord avec tout ce qu’elle propose, mais cette manière de faire, disons-le, ouvre la voie aux pires corporatismes de certains de nos collègues qui ne veulent rien changer. En raison du contexte actuel, G.F. se voit contrainte à une réforme sans moyens. C’est sans doute là que le bas blesse.

  12. François

     » C’est sans doute là que le bas blesse.  »
    Faut-il le prendre au second degré ?
    S’agit-il d’une subtile référence à un de ses vêtements ? ou bien au niveau que beaucoup d’intervenants veulent lui attribuer ?

  13. jako

    « commençons enfin à réfléchir sérieusement aux réformes qui pourraient faire progresser la réussite de tous les étudiants en premier cycle ! » : si cette phrase signifie appliquer à l’Université les recettes qui ont envoyé dans le mur le primaire et le secondaire – au nom de la « réussite pour tous » et de « l’étudiant au centre » – on n’est peut-être pas obligés d’y précipiter aussi l’ESR. Dictature des statistiques aidant, on passe son temps à pleurer sur le sort des étudiants qui « décrochent » en L (sans d’ailleurs jamais préciser exactement ce que recouvre ce « décrochage »), et à pointer l’inefficacité et l’inadaptation de l’Université. Mais la situation serait-elle la même si l’Université n’acceptait en son sein que les mentions TB du bac ? Compte tenu du fait que nous sommes entrés dans l’ère de « l’assurance qualité » et des « indicateurs de performance », ce serait pourtant la moindre des prérogatives d’une Université « libre » et « autonome » que de pouvoir sélectionner son public… En voilà une mesure claire et précise qui modifierait radicalement la donne…

  14. Pierre Dubois

    Merci pour ces commentaires. Ils pointent plusieurs questions sensibles et à débattre : la communication politique, les objectifs fixés par la loi (80% d’une génération au niveau du bac ; 50% de diplômés du supérieur dans les jeunes générations), l’absence de sélection à l’entrée des licences universitaires, les indicateurs de performance et l’aide à la décision portée par les données statistiques, et plus largement le rôle du diplôme dans l’accès au marché du travail…

    Je me dois de répondre à Claude Patriat, à ses critiques sur « le fond et la forme » de ma chronique. Quand j’ai lu le communiqué de Geneviève Fioraso, j’ai hurlé et il en reste des traces dans le ton, dans la forme. Je revendique la liberté de ton de ce blog. Une liberté mesurée et responsable : depuis plus de 4 ans, je n’ai jamais été poursuivi pour diffamation. Bien sûr, on peut détester ma liberté de ton.

    Quant à la critique du fond, je suis fort surpris et ne suis pas d’accord avec lui. « Bribes vidées de leur contexte » ? Le lecteur a accès au texte intégral du communiqué de la Ministre, ; j’ai pris soin de noter le paragraphe du communiqué dont j’ai cité une phrase hautement criticable. Par ailleurs, j’ai multiplié ces temps derniers les chroniques sur la réusssite en licence. Cher collègue, en quoi ma chronique n’est-elle pas contextualisée ? en quoi ma méthode de citation est-elle une « sinistre manière de procéder » ?

    Quant à l’incompétence de la Ministre, je suis prêt, cher collègue, à écouter vos conseils de professeur des universités. Supposons que le communiqué de Geneviève Fioraso soit une copie que vous avez à corriger. Elle comprend 10 erreurs manifestes – les contestez-vous ? -. Quelle note attribuez-vous à cette copie ? L’étudiant qui l’a produite est-il compétent ?

    Puisque le communiqué de Geneviève Fioraso est trompeur (manipulateur) en matières de données statistiques, je me suis remis dans ma peau d’ancien directeur d’observatoire universitaire. Si un de ses chargés d’études m’avais remis un texte de ce type pour lecture avant publication, je lui aurais passé un savon pour faute professionnelle et me serais dit que j’avais fait une sacrée erreur de recrutement ! Geneviève Fioraso n’est-elle pas responsable de sa communication.

    Au final, après la lecture de ce communiqué, je n’hésite plus : oui, « trop, c’est trop ». Geneviève Fioraso doit passer la main !

  15. Catherine

    Le temps que la communauté universitaire aura passé à mettre sur pieds une réforme qui veut tout améliorer et tout modifier et accouchera d’une souris (au mieux) et d’un surcroît de complexité (ça c’est évident), ce temps, ne sera pas, une nouvelle fois, consacré aux missions qui sont les nôtres : enseigner, préparer l’insertion professionnelle de nos étudiants, faire de la recherche et appuyer les missions administratives d’un corps de personnel Biats à l’agonie. A l’heure où les moyens financiers manquent de toute part, il était bien sûr urgent de gaspiller nos compétences et notre temps à cette mascarade. Ras le bol de tout cela, de ces règles du jeu qui changent sans arrêt et de cette ministre incompétente. Même les humoristes n’en veulent pas.

  16. simon

    A cette liste d’incompétences, ne pas oublier son projet d’imposer la langue anglaise dans les universités ….

    http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/02/23/loi-fioraso-et-usage-du-francais-de-pire-en-pire.html

  17. benoit

    exact. Et j’ajoute que le temps perdu dans les assises n’a servi à rien si ce n’est pour perdre le temps des enseignants chercheurs. Elle s’est foutu de la gueule de tout le monde. C’est honteux.

  18. ujio

    La ministre a aussi l’intention de dévaloriser la filière Médecine, en permettant un contournement massif de la sélection à l’entrée par concours, via des passerelles pour les personnes ayant une licence à hauteur de 1/3 du Numerus Clausus ! Je conchie l’égalitarisme idéologique qui domine actuellement au ministère de l’enseignement supérieur. On dilue la qualité de l’université en permettant même aux plus mauvais d’accéder à peu près n’importe où.

  19. E G S

    Pierre Dubois démontre de façon convaincante que la ministre Fioraso n’est pas à la hauteur.
    Certes, elle n’est pas pour autant responsable du naufrage actuel de l’Université française, et même loin de là. Mais la présence d’un pilote expérimenté dans le navire ne serait-elle pas utile en pareille situation ? Et le choix d’une non-universitaire pour ce poste stratégique, dans un gouvernement dont l’enseignement, à tous les niveaux, était censé constituer une priorité, n’était-il pas révélateur d’un dessein moins ambitieux qu’affiché ?
    Toutefois, qu’on puisse encore lire, en 2013, dans un blog essentiellement fréquenté par des universitaires, que la cause de cette incompétence ministérielle est l’idéologie de la parité au nom de laquelle une femme a été imposée à ce poste, est consternant, d’une part, et prouve d’autre part que l’appartenance à l’Alma Mater ne garantit pas un jugement éclairé.
    Sur le fond du problème, que reste-t-il à dire qui n’ait déjà été répété mille fois ? Droite et gauche ont passé un pacte tacite d’euthanasie de l’Université républicaine, la gauche par lâcheté et médiocrité politiques, la droite dans le projet cynique de reconstruire un système à l’américaine sur les décombres d’une institution qui a toujours suscité sa crainte et son mépris. Le corps enseignant, tout à ses efforts de survie, a renoncé à résister, à quelques bouffées de colère corporatiste près, et a globalement accompagné le mouvement en acceptant sans broncher les renoncements de la démagogie pédagogique et les humiliations de l’évaluationnite. Tout est consommé, maintenant : il faudrait bien plus qu’un-e bon-ne ministre pour inverser la tendance de près d’un demi-siècle de démocratisation gâchée et de modernisation ratée, car les jeunes générations d’universitaires ont désormais intériorisé les schèmes de la déculturation -prosaïsme intellectuel, hyperspécialisation, mépris des humanités, compétition tous azimuts.

  20. vincent92

    Quelques réponses à toutes vos remarques M. Dubois (en partant des numéros de paragraphe que vous avez cités).

    2. Une spécificité de la France, c’est les diplômes dits courts en deux ans. Or, l’étude ne dit pas si ces diplômés sont comptés. J’aurais tendance à penser que la France booste son nombre de diplômés grâce à ces diplômes en deux ans (mais encore faut-il le démontrer).

    5. Un fait est cependant incontestable : plus on est diplômé, plus on a de chances d’entrer sur le marché du travail.

    6. 2ème remarque. C’est pourtant simple! Un étudiant qui réussirait sa 1ère année mais qui souhaiterait changer de cursus aurait beaucoup moins de difficultés à le faire avec un cursus pluridisciplinaire en L1. Quelques courts de rattrapage lui permettrait de refaire son retard!

    6. 3ème remarque Les Prépas-Deug existent déjà certes. Mais là on parle de les généraliser. Et quand on passe en 2ème année dans ces cursus, on a son L1, ce qui rend les choses beaucoup plus simples pour la réorientation!

  21. Il est clair que les diplômes officiels sont devenus nettement insuffisants, mais la question se pose également: vont-ils devenir inutiles? Ma réponse est:  » Probablement oui! ».
    J’en ai fait l’expérience en fondant en Belgique, il y a 20 ans, SCHOLA NOVA, une école indépendante d’humanités gréco-latines, qui a, précisément, refusé d’être reconnue par l’État pour préserver la qualité et la liberté de ses programmes. Si, au début, cela a limité fortement le nombre d’inscriptions (les parents craignant pour le « diplôme » de leurs enfants), la réputation de l’école et les résultats à l’université sont tellemnt supérieurs, que non seulement les parents prennent « le risque » quand leurs enfants sont doués (ce qui fait une augmentation chez nous des bons élèves et une disparition (non voulue) des moins forts), mais même les universités accordent certains privilèges (dispenses de certains cours etc.) à ceux qui sortent de Schola Nova. Donc, finalement, notre diplôme qui n’a officiellement aucune valeur étatique, devient par le fait même un laisser-passer presque partout, et la réputation augmente d’année en année.
    J’en conclus que ce qui est vrai pour SCHOLA NOVA doit certainement le devenir pour d’autres…
    Toute institution, fût-elle excellente, finit par périr et pourrir par des médiocres. Cela semble être une loi du monde. Mais, du fumier, renaissent nécessairement quelques pousses vertes. J’ignore la forme que tout cela prendra, mais je crois que si les universités et les écoles secondaires s’engluent dans de la paperasserie, le nombre des victimes forcera les gens à se servir eux-mêmes.
    Pr Stéphane Feye
    Schola Nova – Humanités Gréco-Latines et Artistiques
    http://www.scholanova.be
    http://www.concertschola.be
    http://www.liberte-scolaire.com/…/schola-nova

  22. François

    @Vincent92  » Une spécificité de la France, c’est les diplômes dits courts en deux ans. »

    Non, aux États-Unis ce sont les « associate degrees » obtenus dans les « community colleges ». C’est le diplôme de niveau le plus élevé obtenu par un peu moins de 10% des jeunes générations. Le chiffre français correspondant et 12% (RERS 2012 page 266).

    Pour la France, on a comme diplôme de niveau le plus élevé obtenu par les jeunes générations :
    – au moins master ou diplôme GE : 16% (supérieur au chiffre américain)
    – au moins licence : 11% (inférieur au chiffre du bachelor américain obtenu en 4 ans – et qui est par exemple le diplôme standard de la majorité des ingénieurs américains)
    – au moins BTS, DUT : 12% (supérieur au chiffre de l’associate degree américain)
    – paramédical, social :3% (pas d’équivalent dans la classification américaine)
    TOTAL des DIPLÔMÉS du SUPÉRIEUR : 42% (même chiffre dans les 2 pays)

  23. François

    Petite correction : lire

    – au plus licence (et non au moins) : 11%
    – au plus BTS, DUT (et non au moins) : 12%