La Conférence des présidents d’université est-elle pour la suppression de la procédure de qualification aux fonctions de maître de conférences et de professeur ? On pourrait le penser pour plusieurs raisons. Il est surprenant tout d’abord que les instances de la CPU (bureau, conseil d’administration, présidences de commission) n’aient publié aucun communiqué sur le sujet, alors que l’amendement des Ecologistes adopté au Sénat fait le buzz sur la toile depuis samedi dernier (CNU : supprimer la qualification ?, Qualification : elles ont tergiversé !, Pétition pour le maintien de la qualification, Les Verts s’enferrent, Les Verts contre-attaquent).
Un seul communiqué récent de la CPU sur le projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche : Promotion du doctorat : les tâtonnements du gouvernement. Le silence de la CPU laisse croire que l’autonomie accrue des universités en matière de recrutement passe par la suppression de la qualification.
Certes, 25 présidents, la plupart marqués à gauche et élus avec le soutien du SNESUP, ont signé une motion : « la suppression de la qualification conduirait à remettre en cause le caractère national du recrutement des enseignants-chercheurs, accentuant la fragmentation du système universitaire français et son évolution vers un régime à plusieurs vitesses ». 25 présidents, c’est seulement 20% des membres de la CPU. Les présidents proches du Parti socialiste n’ont pas signé la motion. L’ont signée seulement deux présidents sur les 17 qui assument des responsabilités au sein de la CPU.
Qui ne dit mot consent. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux faire connaître publiquement ce que l’on pense. Même si on sait que la Commission mixte paritaire Assemblée nationale / Sénat ne va pas retenir l’amendement voté au Sénat et revenir à la version initiale de l’article L 952 6 du Code de l’éducation, votée par l’Assemblé nationale.
Pour rappel : texte intégral des échanges au Sénat lors du débat sur l’amendement demandant la suppression de la qualification. Les propos de Geneviève Fioraso ne devront pas être oubliés : « c’est la raison pour laquelle nous sommes défavorables à cet amendement, même si, sur le fond et dans une perspective de plus long terme, nous sommes favorables à une telle mesure« .
Plus de 16 000 signatures à ce jour sur la pétition demandant le maintien de la qualification par le CNU :
http://www.petitions24.net/cpcnu
Il est heureux de voir la communauté universitaire rassemblée (du SNESSUP à l’Aunome). Enfin, une mobilisation contre ces politiques qui détruisent l’Université depuis Bayrou, en passant par Pécresse et Fioraso. Après le bac à 80% (et des notes de 24 sur 20), la licence à 50 % (et des notes de 30 sur 20). La démagogie, le nivellement, l’apparatchikisme (ou carriérisme des enseignants-chercheurs dans les filières du pouvoir) réussiront à détruire l’Université.
On voit comment Hollande nomme ses copains de la promotion Voltaire à tous les postes de l’Etat (le népotisme comme « religion » d’Etat, et du sommet de l’Etat). Bien des présidents d’Université rêvent de faire comme Hollande : nommer les copains…
Certes, le CNU n’est pas parfait, il est comme toute institution humaine. Et la procédure de qualification n’est pas parfaite, mais c’est la « moins pire »… Il faut préserver le caractère national et disciplinaire du concours de CNU, et même si le CNU, ça coûte cher, c’est le prix d’une certaine qualité de recrutement… et si on veut supprimer des institutions coûteuses, je suggère, le Conseil Economique et Social, l’Inspection des finances (la Cour des Comptes suffit), l’Ena (la formation sera meilleure et plus diversifiée dans l’Université), l’Inspection générale de l’Education nationale, etc…
Enfin que les politiques cessent de casser l’Université, ils nous exaspèrent… et l’an prochain risque d’être un immense Villeneuve-sur-Lot, l’expression du raz le bol des Français, de haut en bas, et de long en large.
Fascinant ces universitaires qui considèrent que les universités ne sont ni capables de garantir la qualité des doctorats ou HDR qu’elles délivrent, ni capables de juger de la qualité des doctorats ou HDR des candidats qui se présentent chez elles pour y être recrutés.
@ Sirius. Le monde des grandes écoles, que vous semblez défendre (implicitement) au fil de vos interventions, apparaît à travers celles-ci comme un monde d’ordre, d’autorité et de certitude. L’esprit universitaire est plutôt guidé par la recherche, l’incertitude et la diversité. L’évaluation par les pairs est l’une des normes qui régule cette diversité au service du bien commun. La qualification nationale en est actuellement en France, dans un système national de service public gratuit, la traduction admise, même si elle n’a aucune nécessité de fond. Ce qui est agaçant dans votre propos est votre refus de considérer la logique humaine et historique des institutions et des organisations, comme si la « qualité » était une valeur substantielle. Allez voir comment se font les évaluations de candidatures et de promotions aux Etats Unis et reparlons-en.