Publication de trois textes d’opposition à la loi Fioraso : ils m’ont été envoyés par courriel. Ils n’empêcheront évidemment pas le vote final de la loi par les deux chambres du Parlement. Ceux qui se sont battus comme moi pour que le projet de loi soit retiré ont perdu (81 chroniques critiques sur cette loi). C’est désormais « plié » ! Hélas ! Dont acte !
État des lieux ce 27 juin 2013. L’Assemblée nationale et le Sénat ont voté, en première lecture, en faveur du projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche. La commission mixte paritaire (CMP : 7 députés et 7 sénateurs) s’est prononcée le 26 juin 2013 en faveur du texte amendé par le Sénat, après en avoir supprimé l’amendement des Verts qui faisait disparaître la qualification aux fonctions de maître de conférences et de professeur, qualification qui est une des prérogatives du Conseil national des universités.
Si j’ai bien compris les subtilités de la démocratie parlementaire, grande faiseuse d’amendements, c’est le texte voté par le Sénat, amendé par la CMP, qui sera examiné en seconde lecture par les deux chambres du Parlement à partir de la semaine prochaine. Une observation sur le vote de la Commission mixte. La représentante des Verts a voté Oui, ainsi que Valérie Létard de l’Union des démocrates et indépendants (UDI).
Le Oui de l’UDI est lié à la reconnaissance accrue des établissements d’enseignement supérieur privés à but non lucratif (modification des articles 732-1, 732-3, 732-3). C’est une des raisons pour laquelle les sénateurs du Groupe communiste, républicain et citoyen, voteront contre le texte adopté par la CMP (communiqué de Brigitte Gonthier-Maurin) : « la CMP a maintenu l’article 42C introduit au Sénat par le groupe centriste, créant un statut dérogatoire pour les établissements privés à but non lucratif leur permettant d’avoir un système de qualification propre, un contrat pluriannuel validé par un comité spécial, sans être soumis aux contraintes que connaissent les universités ». L’article 732-3 qui crée un comité consultatif pour l’enseignement supérieur privé, placé auprès du ministre chargé de l’enseignement supérieur, est inadmissible : le CNESER existe !
La loi Fioraso, le petite loi comme elle est appelée par le Sénat, est mauvaise pour le Pays, pour l’enseignement supérieur public, pour ses personnels et pour ses étudiants. Texte de Jérôme Valluy, professeur à Paris 1, l’un des premiers opposants à la suppression de la qualification. « L’amendement n°6 supprimant les qualifications par évaluation des travaux scientifiques et pédagogiques au Conseil National des Universités a été retiré, grâce à la mobilisation immédiate de la communauté universitaire. Victoire ! … Est-ce une victoire ?… Amère victoire pour les étudiant-e-s et leurs familles… Amère victoire pour les enseignants-chercheurs : il restera de cet épisode la trace d’une nouvelle attaque contre les statuts nationaux… Amère victoire pour tous les français de plus en plus nombreux à comprendre ce que « autonomie » & « régionalisation » des universités signifie : démantèlement du service public universitaire national par désengagement financier de l’État… Tout reste à faire et il faut se battre ».
La loi Fioraso accroît le désengagement financier de l’État. Les Responsabilités et compétences élargies sont maintenues : ce sont elles qui ont jeté de fort nombreuses universités dans la débâcle financière. Elle accroît les responsabilités financières des collectivités territoriales… pourtant au bord de l’asphyxie financière.
La loi Fioraso crée à marche forcée des regroupements entre établissements. Leurs futurs dirigeants géreront l’austérité sans pouvoir prendre ou en ne voulant pas prendre en compte les réalités de travail des personnels et des étudiants sur le terrain. Il faut laisser du temps au temps pour réussir des regroupements utiles et performants. Rapport de la Commission de consultation de l’université Paris 7 Denis Diderot sur l’organisation de l’université unifiée Sorbonne Paris Cité : 18 préconisations (page 37 à 42 du synopsis). Également : rapport en 142 pages.
Et surtout et contrairement à ses bonnes intentions initiales, la loi Fioraso ne se donne aucunement les moyens de faire progresser la réussite des étudiants en 1er cycle, en particulier en licence universitaire. La version finale de l’article 18 crée une véritable usine à gaz : les recteurs d’académie vont en perdre la tête ! Le premier cycle est le grand oublié de la réforme. J’ai défendu sur ce blog le projet de la création d’instituts d’enseignement supérieur, dédiés au seul 1er cycle (146 chroniques sur les IES). Établissements de proximité, les IES étaient le moyen de faire progresser la démocratisation de l’enseignement supérieur (accès et réussite). La loi prend un chemin inverse : celui d’une trentaine de mastodontes gérés par des managers technocrates qui ne connaîtront de la formation et de la recherche que des indicateurs produits par une aide au pilotage toujours plus désincarnée.
Bref, l’enseignement supérieur privé a de beaux jours devant lui. La loi Fioraso lui fournit sur un plateau les conditions d’un développement accéléré. Bravo le PS !
Le paradoxe est que la gauche en soviétisant l’Université légitime la création d’Universités privées, à la gestion souple, à la pensée libre…
Les Bobos « soixantuitards » seront parvenu à mêler utopie gauchiste et doctrine néolibérale utilitariste. Eh oui, étrange mariage pour tous qui aboutit au managériat néo-soviétique. Ils auront détruit l’autorité, la famille, le respect, le savoir, l’école, le baccalauréat, l’Université… Il n’y a rien à espérer de cette génération qui ne laissera que des ruines et des dettes. Les jouisseurs auront bien profité et laisseront des temps très durs et difficiles à leurs enfants et petits-enfants. Qu’ils soient maudits !!!
Quant aux soutiens de Hollande, dont les syndicats (comme la CGT), ils sont des cocus magnifiques !!! ils ont été trompés, enfumés, comme tous les Français. L’énarque Hollande, ex président de la Corrèze, ne pouvait rien faire d’autre que d’accélérer son projet énarchique-technocratique de la société et de promouvoir la promotion Voltaire !!! La France de Hollande est triste, grise, moche…
Que faire ? Les Cassandre ont trop clamé dans le désert. Il faut maintenant résister à l’intérieur (comme entre 1940 et 1945 ou entre 1917 et 1989) et attendre l’écroulement de l’Université, la fuite de cerveaux, les effets du nivellement par la bas. Et sur les ruines, construire une université nouvelle…
L »an prochain, aux municipale set aux Européennes, le citoyen Martinville règlera ses comptes avec les Verts et le PS et sanctionnera la tromperie… Qu’on se fasse e… certes, mais il nous reste le droit de dire qu’on a mal. Au pouvoir qui ne cesse de nous imposer des contraintes, il faut envoyer un message contraignant son départ et le remercier…
Pour info, petite loi est le nom du projet de loi une fois qu’il est voté par l’une des chambres parlementaires sans pour autant avoir été adopté par le Parlement.
Certes, mais sous la V° république, les majorités sont plutôt Godillot… et je ne pense pas que la loi sera refusée par la majorité hollandaise à l’assemblée nationale. Faut pas rêver… et de toute façon, l’UMP aurait fait la même chose, il y convergence de vues sur la question à l’UMPS, puisque l’inspiration managériale et technocratique est la même : madame Fioraso a conservé les mêmes conseillers techniques que Pécresse, il n’y a que le conseiller politique qui a changé, et celui-ci c’est pour vendre la soupe… Nous avons été trompé, enfumés, par la méthode hollandaise. Martinville avait prévu que les Assises, le pouvoir s’assoirait dessus… et c’est ce qui c’est passé. On organise un happening puis on fait ce qu’on a prévu.
Voyez, lorsque Pierre Dubois lance dans le débat, son idée d’IES (qu’on soit pour ou contre peu importe, encore faut-il en discuter, parce que son projet a au moins le mérite de prendre en compte la réalité du niveau et du nivellement de nos étudiants), on passe le tout à la trappe. L’Université a besoin d’une réforme systémique (à partir des questions de fond) qui remet en cause les logiques adoptées depuis 30 ans, comme la Sécurité sociale, le droit du travail, et non pas d’un rustinage managérial et technocratique.
Ne demandez pas aux énarques qui nous gouvernent de faire une révolution. Nous sommes en 1788 et la noblesse des grandes écoles, de la politique et de la finance ne veut pas changer le système qui les nourrit et perdre ses privilèges. J’invite les collègues à s’intéresser à la pré-révolution, aux années 1780-1789… cela permet de comprendre le blocage de la société et l’inanité des réformes en cours. L’Ancien régime finissant faisait aussi des réformes qui ne remettait pas en cause les privilèges, et c’est pour cela qu’elles ont échoué.
sauf si Monsieur Fouquier Tintville devait revenir je ne crois pas « que les têtes tomberont comme des ardoises »…
que les soixante huitard et autres bobos soient, le discours mis à part, des libéraux très a l’aise dans le système actuel, c’est une évidence depuis au moins trois décennies… dois-je rappeler que Georges Seguy secrétaire de la CGT en 68, avait mis le service d’ordre du syndicat devant les portes de chez Renault pour empêcher les étudiants gauchistes, prétendus amis de la classe ouvrière de rentrer dans l’usine… Alors que des journaleux le lui reprochaient, il a eu ces mots très justes « rassurez-vous; vous les retrouverez dans les usines dans moins de cinq ans, ce seront les représentants des actionnaires et des banques qui licencieront, augmenteront les cadences … » plus clairvoyants on ne fait pas…
Qu’une partie notable des ENARQues ne vivent pas de l’administration mais sur l’Administration c’est aussi une évidence.
Le problème de l’université est à mon sens la gouvernance, au prétexte de « démocratie » on parle , parle , parle … et ces messieurs les enseignants ne sont pas les derniers des conservateurs attachés à leur statut et autres privilèges, la réforme systémique évoquée ci-dessus passerait-elle par une remise en cause de ceux-ci?
les commentaires 4 et 5 me paraissent pertinents
y a t il encore une possibilité de remettre sur la table
-le management des étudiants de 1ère année de licence (beaucoup de lycéens en difficulté une fois arrivés à l’université)
-l’intégration de personnels techniques et administratifs qui sont encore sur emploi précaire
– le retour pour les enseignants chercheurs exerçant effectivement une activité de recherche de 192HETD à 125HETD comme dans les années 70