Etat statistique du SUP en 2012

Un état statistique de l’enseignement supérieur français au début des années 2010 par François Vatin, professeur de sociologie à l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense. Article dans son intégralité, 11 pages. Débattre !

Alors que certains diagnostiquent que l’université française « n’est pas en crise », la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, organisme public chargé du recueil et de l’exploitation des statistiques portant sur l’enseignement, publie son dernier rapport (RERS 2013). Celui-ci nous permet de faire le point relativement à nos analyses précédentes (Expansion et crise de l’Université française. Essai d’interprétation historique et statistique, Commentaire, n° 139, automne 2012).

Conclusion de l’article. L’université, au sens strict (c’est-à-dire en excluant les formations sélectives qui en dépendent, auxquelles il faudrait ajouter, ce qui s’est révélé impossible, les études de médecine-pharmacie) fonctionne pour l’essentiel comme « voiture-balai » de l’enseignement supérieur français. La remontée des effectifs observée à la fin des années 2000 et dans laquelle Valérie Pécresse avait voulu voir la preuve de l’efficacité de la réforme LRU ne correspond aucunement à un changement de tendance. Tout au contraire, tous les indicateurs conduisent à conclure à une dégradation sensible de la situation au cours de la décennie 2000.

Il faut le dire sans détour : l’extrapolation d’une telle tendance sur les années à venir fait craindre le pire. Il est plus que temps que les pouvoirs publics se penchent sur la situation réelle de l’enseignement supérieur français. La loi ESR, simple toilettage de la loi LRU a les mêmes défauts que la précédente. Elle fait semblant de croire que l’on pourrait réformer de façon isolée l’université en française en agissant sur ses modes de gouvernance et de gestion, sans poser la question de ses missions et de sa place dans l’ensemble de l’enseignement supérieur. On fait comme si l’enseignement supérieur français était composé de deux secteurs étanches entre eux : un qui fonctionne (tout sauf l’université) et un qui dysfonctionne (l’université) et qu’il suffisait de réformer ce dernier, alors que le dysfonctionnement est celui du système dans sa dynamique globale.

Les universitaires se plaignent à raison de la faiblesse des moyens que leur allouent les pouvoirs publics. Mais on ne peut se focaliser sur la question des moyens en ignorant celles des missions et de l’efficacité des moyens au regard des missions. Le développement de l’enseignement supérieur privé devrait faire réfléchir les universitaires comme les pouvoirs publics. Cela signifie en effet que, de plus en plus nombreux, les citoyens français payent deux fois l’enseignement supérieur : par leurs impôts qui financent les universités et en finançant par ailleurs des études supérieures privées à leurs enfants. Pour le dire autrement, le financement, certes insuffisant, mais pourtant considérable, que la collectivité publique consacre à l’université est socialement de moins en moins productif. Il est évident qu’une telle tendance ne pourra pas se poursuivre éternellement sans provoquer une crise ouverte.

Débattre !

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