Pédagogie, le rapport scandaleux

CNESER, lundi 15 septembre 2014, 9 heures 30, présentation du Rapport de Claude Bertrand par lui-même : Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur (10 pistes d’action en photo ci-dessous).

Bertrand 1Claude Bertrand appartient à la MINES (Mission du numérique pour l’enseignement supérieur). Par fonction, il intervient régulièrement pour défendre et valoriser les missions et les actions de son service, par exemple auprès de la CPU : Le numérique, levier de la transformation pédagogique.

C’est Simone Bonnafous (DGESIP) qui lui a commandé ce nouveau rapport sur les transformations pédagogiques. Je suis effrayé par l’absence de rigueur scientifique (petit nombre d’entretiens, qualité des interviewés et des intervieweurs – lire infra).

Bertrand2Il y a conflit d’intérêts, Claude Bertrand n’est pas un rapporteur indépendant ; il est juge et partie : les 10 pistes d’action du rapport ne viennent pas éclairer une politique à mettre en œuvre : elles sont là pour conforter une politique déjà décidée (le numérique). Arrêtons de produire des rapports orientés, inutiles et gaspilleurs de l’argent public !

Bertrand3Rapport indécent par sa méthodologie. « Ce rapport s’appuie sur 52 entretiens réalisés avec différents acteurs, dont 15 au sein de la DGESIP, 10 experts étrangers et 2 représentants d’associations étudiantes… il s’appuie aussi sur une revue de littérature… sur l’expérience accumulée dans le travail réalisée depuis plusieurs année au sein la MINES ».

Commentaire d’un élu au CNESER. Rapport calamiteux pour les enseignants-chercheurs :
1) idéologie pédagogiste tendant à la secondarisation de l’enseignement supérieur, notamment du premier cycle massifié, pour accompagner les restrictions budgétaires ;
2) recherche : Bertrand fait mine d’ignorer cette composante du métier d’enseignant-chercheur ; la recherche comme modalité de formation continue dans une discipline ;
3) numérique : le rapport active le mainstream technologique-technocratique sans le moindre esprit critique sur les effets pervers de certaines TICE et MOOC et de leurs utilisations dévoyées politiquement aux mêmes fins de réductions budgétaires en vue d’un enseignement sans enseignant.

6 Commentaires

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6 réponses à “Pédagogie, le rapport scandaleux

  1. LB

    Je ne suis plus étonné. La massification du supérieur, les QUOTAS STS/IUT, l’absence de sélection en master, la disparition des bourses aux mérites, les COMUE etc.
    Il nous reste un seul espoir : 2017 avec une autre majorité et une autre politique mais que de dégâts et de desinformation dans l’enseignement supérieur…Heureusement qu’il y a le site de Monsieur Dubois pour dénoncer les fausses statistiques, les passages frequents et choquants dans la presse et la télévision du gouvernement pour faire de la propagande à outrance…

  2. Thierry Chevaillier

    Septime
    Je ne suis pas intervenu sur ce blog depuis longtemps mais ce « post » me pousse à le faire. Les chroniques de Pierre Dubois relèvent de plus en plus de l’opposition systématique à tout ce qui bouge, lui attirant, comme on le voit ci-dessus, des commentaires élogieux de la frange la plus conservatrice du monde académique.
    Le rapport Berrtand n’a rien de scandaleux. Tout au plus peut-on le trouver un peu trop rapide et trop orienté vers le numérique. Les personnes consultées, tant en France que dans les pays francophones, sont les personnes les plus compétentes dans le domaine de la pédagogie universitaire. Cela n’est pas une position raisonnable de s’en tenir à bannir le terme de pédagogie pour obscènité et de condamner toute réflexion sur la façon dont les universitaires s’acquitent de leur mission d’enseignement et toute tentative pour les aider à saméliorer.

    • POP

      Mouais mouais… Disons plutôt que pour un chercheur, la méthode c’est un truc important… Et entre un nombre d’entretiens ridicule et des conflits d’intérêts, il y un vrai problème méthodologique. Je suis sûr que vous pouvez comprendre…

  3. Vous avez dit pédagogie ?

    Tout n’est sans doute pas à jeter dans le « rapport » Bertrand, mais c’est globalement très décevant, pour ne pas dire nul, à la fois quant à la méthode et sur le fond. Quant à la méthode : confier au responsable du pôle pédagogie de la Mission numérique du MESR un rapport sur le travail qu’il est censé faire depuis plus de 20 ans, constitué à partir d’entretiens avec les membres de son réseau et ses propres collègues de bureau (administratifs bien sûr), voilà qui fait comprendre au moins pourquoi on ne pouvait pas lui confier un rapport sur la recherche… Quant au fond : les propositions formulées sont vraiment pathétiques : aucun apport en terme d’innovation pédagogique, mais uniquement de vagues annonces de recensement de ce qui se fait dans les établissements, ou à peine plus. A la place du commanditaire du rapport, on s’interrogerait surtout sur l’efficacité du personnel qu’on emploie depuis si longtemps en qualité de chargé de mission à temps plein : visiblement, il est incapable de procéder à une « cartographie de la recherche en pédagogie de l’enseignement supérieur », « d’animer la communauté IDEFI », etc., malgré les moyens à disposition. Bref, ce n’était rien d’autre qu’un plaidoyer pour la prolongation de sa mission auprès du MESR, au vu de l’inefficacité du travail produit. Et le pire est que dans le contexte actuel de nullité intellectuelle du ministère, ça marche…

  4. Samuel BLIMAN

    Faut il s’attendre, aprés cette « oeuvre » colossale »que les EC retournent à l’école se faire aux « beautés de la pédagogie »? Et la recherche leur sera-t-elle « accordée » si et seulement siils sont « bons » pédagogues?
    Ce « cher » collègue semble oublier que les étudiants sont des adultes et que, même si leurs enseignants ne sont pas de « brillants » pedagogues(?) , le travail d’approfondissement n’est malgré tout nullement interdit.D’autant que l' »art de la pédagogie » ne se réduit malgré tout pas à servir une « bouillie » prédigérée, comme éventuellement on le ferait à des bébés!!

  5. Olivier

    On voit chaque année avec les nouveaux étudiants de L1 la réussite étonnante des méthodes pédagogiques mises en place au lycée. Vivement qu’on impose ce genre de méthodes dans le supérieur !