UNEF, la descente aux enfers ?

27 mars 2015. Le militant de l’UNEF, auteur du texte ci-dessous, m’a demandé de préserver son anonymat ; dont acte !

La longue descente aux enfers de l’UNEF ? La principale organisation étudiante est séculairement raillée et vouée aux gémonies par ses adversaires sans que cela ait pu entraver jusque là son règne sur les universités françaises.

Pourtant, l’organisation centenaire commence à sentir sérieusement le roussi depuis quelques années. Subissant les contrecoups de son antenne mutualiste, la LMDE, de nouveau secouée par un scandale financier, elle est également acculée sur les campus. Bien que disposant toujours d’une majorité relative aux élections nationales de représentants étudiants, ses antennes locales sont à la peine.

La fusion des universités a fragilisé son implantation à Strasbourg, Marseille, Montpellier, Bordeaux et en Lorraine. De Lyon à Rennes, ses bastions de sciences humaines et sociales s’effondrent un à un, au fil des années, comme en témoigne la victoire surprise d’une liste « Armée de Dumbledore » à Rennes 2 en début de semaine.

Dans la plupart des cas, sa concurrente directe, la FAGE, profite de cet étiolement en conjuguant une organisation décentralisée, une visibilité nationale renforcée et l’adoption de méthodes militantes « unefiennes ». Ratant de peu son pari de dépasser l’UNEF aux élections des CROUS, elle a néanmoins réussi à faire jeu égal avec elle en sièges.

Il ne faut certes pas sous-estimer la capacité de résistance de l’UNEF qui repose sur une grosse centaine de militants endoctrinés, à la discipline de fer et prêts à sacrifier leurs études pour « le syndicat ». La région parisienne demeure ainsi solidement arrimée. Mais cela suffira t-il à boucher les trous béants que l’absence de réflexion et de démocratie interne a laissés ? L’éloignement des préoccupations étudiantes et des réalités de terrain et le rejet du politique qui traverse les âges comme les classes sociales sont des handicaps que l’UNEF, actuellement en plein congrès [lire la note], ne pourra surmonter à terme sans changement de logiciel.

Note. Ce congrès n’est pas annoncé sur le site de l’UNEF ; les médias n’y donnent aucun écho. Je n’en ai trouvé qu’une seule trace : le texte d’orientation de 16 pages présenté par la Tendance pour une Alternative Syndicale Et Réformiste (TASER). Actualisation 28 mars : merci aux commentateurs qui m’ont signalé le site du Congrès de l’UNEF, 9/12 avril à Nantes.

17 Commentaires

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17 réponses à “UNEF, la descente aux enfers ?

  1. Eric Andres

    pour les positions du congrès.. et c’est vrai, assez peu de publicité sur ce congrès.. surprenant..
    Pour ce qui est de faire plaisir à la FAGE, je ne veux pas parler en leurs noms, étant de la génération des débuts ou nous regardions encore l’UNEF comme un lointain bastion (enfin, avoir assisté au congrès unef-id en 91 en tant qu’invité a beaucoup fait pour démystifié aussi bien l’unef-id que la fage à laquelle j’appartenais), mais je ne suis même pas sur que cela fasse tellement plaisir à la FAGE. Le pire serait l’éclatement, là au moins ils savent à qui ils ont à faire.

  2. Lévik

    La semaine qui vient de se dérouler a été catastrophique pour l’Unef et est le symptôme d’une direction focalisée sur des enjeu interne et essayant de garder le contrôle sur une organisation qui se délite:
    Résultats électoraux à Rennes 2, perte des VPE CROUS à Paris, Lille et Montpellier, dépôt des listes pour les élections à la COMUE de Normandie raté et donc l’Unef n’y sera pas représentée, etc.

  3. Jérémy Diamphy

    Je suis ce congrès de très prêt et l’on peut dire que le syndicat est agité de remous. La tendance actuellement à la direction du syndicat mieux connue sous le nom de « Majorité Nationale » issue des ailes gauche des MJS et du PS montre ses limites à garder le contrôle du Syndicats. En effet, le congrès ne se passe pas bien du tout pour eux, même s’ils arrivent à garder le contrôle, leurs positions se sont pas mal affaiblies: perte de l’AGE de Rouen au profit du la Tendance Unité et Action Syndicale (TUAS) (tendance non-partisane et pro-associative) perte de Dijon au profit de la Tendance pour une Action Collective de Lutte Etudiante (TACLE), résultat exaeco à Reims Majo 103 TUAS 103. Bien qu’étant la tendance a avoir récolté le plus de voix, la Tendance actuellement à la direction du Syndicat ne détient plus la majorité absolue à Lille, qui a vu passer un Congrès intense. Même la TASER (anciennement TRS, aile droite du PS) a enregistré quelques progressions bien qu’étant la tendance la plus faible du syndicat. Il est clair que l’UNEF est en train d’évoluer. Et j’espère par ailleurs que cela passera par un fonctionnement plus ascendant de l’organisation, en replaçant les AGE et les individus au coeur des dèbats. Je pense aussi à des amis de la FAGE avec qui j’ai eu la discussion plus d’une fois, attention si vous vous réapproppriez certains fonctionnements de la TMN de l’UNEF (parce que ces fonctionnements fanatiques ne sont pas propres à toute l’UNEF), vous en payerez le prix comme l’UNEF le paye actuellement…

    • Colin Jude

      Si je ne me trompe pas, tu es un ancien de la TMAS/TUAS de Lille ?
      Tout d’abord, je t’invite à venir jeter à oeil dans les AGE de Strasbourg, Metz ou Nancy (où la TMN est majoritaire) pour me compter le nombre de militants (ou même d’adhérents !) de l’UNEF encartés au MJS/PS.
      Ensuite, tu dis que la TUAS est apartisane et pro-associative… Tu fais référence aux liens qui ont existé entre l’ancienne direction TMAS de l’AGE de Rouen avec d’autres « organisations » ? Ou juste à ceux qui lient les militants TUAS de Reims aux corpos ?
      Et la TRS avait recueilli ≈8% des voix il y a 2 ans, et se plaçait devant la TACLE. Elle n’est ni n’était pas la tendance la plus faible du syndicat.
      Enfin, c’est très gentil à toi redonner des conseils aux fagistes, ils en ont besoin. Car jusqu’à preuve du contraire, l’UNEF est encore la première orga étudiante.

      • +3 élus CROUS à Besançon

        Tic tac Tic tac

      • Je pense que les « fagistes » (peut-être moins le BN, mais de sûr le réseau), préfèrent mille-fois des conseils pour éviter d’avoir un fonctionnement interne malsain et anti-démocratique, que des conseils pour gagner la course aux grands électeurs et avoir 44% des voix CNOUS devant le deuxième qui en a 42%.

        A chacun ses objectifs et priorités.

      • TL

        Faudra qu’on m’explique le principe de décentralisation de la FAGE en région parisienne par contre. On a 10 AGE sur Paris (la TUAS n’a aucune majorité sur celles-ci) pendant que la FAGE a qu’une seule fédération sur tous Paris (l’AGEP, construire sur les vestiges de l’ancienne AGE de Paris contrôlée par Action Française). #Cohérence

      • En fait, c’est le message d’origine qui est mal formulé : la FAGE n’a pas une organisation « décentralisée », mais ce sont les fédérations membres du réseau de la FAGE qui ont leur existence propre et recentralisent leurs compétences au sein de la FAGE. Du moins, c’est encore comme ça pour le moment et j’espère que ça le restera. C’est qu’il y a une question de subsidiarité plus forte, là où à l’UNEF il y a surtout, me semble t’il, plusieurs sections que sont les AGE. Les deux modèles ont leurs avantages et inconvénients, ça ne m’intéresse pas d’en débattre

        Si je fais toute cette introduction barbante, c’est pour expliquer que ce n’est pas la FAGE qui n’est pas suffisamment « décentralisée », mais plutôt que ce sont les associations étudiantes proches de la FAGE des universités Parisiennes, qui ne sont pas assez nombreuses/preneuses d’initiatives/en contact/que sais-je, pour avoir créé jusqu’ici une fédération dans chaque université.

        Autrement il y a tout de même Interassos UVSQ, FAPS (P11), FAC (P12) parmi les fédérations adhérentes, et d’autres fédérations existent et ont des liens (parfois légers) avec la FAGE sans y adhérer (P7, P13, UCP). Quant à l’AGEP, c’est peut-être la fédération des universités qui n’en ont pas propre à leur établissement. En tout cas, il y a bien plus d’une fédération sur Paris.

        Il me paraît en tout cas aussi exagéré qu’audacieux, de souligner des liens entre une AGE ayant eu des liens avec l’extrême-droite dans les années 30 puis dissoute en 1937, et une fédération créée en 2008. Non ?

      • Grenadine

        Sur le principe, les associations (FAGE, PDE ou indépendantes) se distinguent des syndicats (entre autre) en ce qu’elles ne vont pas « implanter » des assos là où il n’y en a pas, elles laissent les associations se créer d’elles mêmes, c’est la meilleure garantie de ne pas vivre dans une fiction où elles penseraient être présentes partout – en n’étant en réalité rien d’autre qu’un noyau dur d’une centaine de membres hardcore (comme décrit pour l’UNEF dans le billet d’origine) qui maintient l’illusion d’une structure importante. Ca explique en partie qu’il n’y ait parfois qu’une seule fédération là où il y aurait la place pour plusieurs. Dans les faits, la FAGE tend de plus en plus à s’écarter de ce modèle respectueux de la subsidiarité…

        Après, le cas de l’AGEP est particulier, c’est une structure qui n’a eu quasi aucune activité entre 2008 et 2012 et réactivée par des membres de la direction de la FAGE à la veille des centraux des universités de Paris en 2012. Aujourd’hui elle est tenue debout à bout de bras par quelques personnes très endoctrinées elles aussi, suivies bon gré mal gré par des associations locales qui se sont retrouvées liées à l’AGEP par la force des choses plus que par réelle volonté (ce qui est beaucoup moins le cas pour les autres fédé citées, qui fournissent ses voix à l’AGEP). Au final, l’AGEP représente surtout une fédération assez « extrême » au sein de la FAGE, le genre qui, sans se l’avouer, voudrait que la FAGE fonctionne totalement comme l’UNEF.

        (Quant au nom, c’est un débat assez stérile, mais quand même, m’est avis que quand tu veux te dissocier d’un héritage peu glorieux, tu changes de nom (c’est une remarque qui vaut aussi bien pour l’UNEF, d’ailleurs)… Après quand on voit ça, on se demande s’ils veulent vraiment réfuter cet héritage : http://img11.hostingpics.net/pics/942353BXBTaNIEAANLk.png …)

      • J’ajoute à cela que si la FAGE devait être « décentralisée » (encore une fois le mot est mal choisi), ce serait non pas sur le nombre de fédération spécifique à chaque université qu’il faudrait en juger, mais plus sur les relais qu’elle devrait avoir dans chaque UFR de chaque université. En tout cas, c’est surtout dans ce sens là que j’interprète le message anonyme de cet article.

      • Jérémy Diamphy

        Alors je vais répondre à ce que j’ai compris de temps n commentaire… C’est à dire pas grand chose vu que tu semble commencer des raisonnements sans les achever. Donc premièrement, oui la TUAS est une tendance apartisane qui accepte les militants syndicaux de tout bords même ceux qui ne sont pas encartés dans un parti, elle est pro-associative car elle est à l’origine de la création d’associations comme la FERUR, la FERUL et travaille avec toute les associations étudiantes non fédérée dans la FAGE et dans PDE (Puisqu’elle n’en reçoivent pas souvent l’autorisation). Les liens entre la TUAS-Reims et les corporations sur place ne sont qu’une pure invention d’une bande d’hystérique qui n’on rien d’autre que l’UNEF dans leur vie, les même qui font les fausses cartes et les cartes à deux euros. (Pour Dijon méaculpa, j’ai dit une connerie, je me suis mélangé avec les nouveaux sigles… Ah la vieillesse..) . En oui, l’UNEF est encore la première organisation étudiante, mais avec une attitude autosatisfaite comme la tienne qui est assez généralisé et en particulier au sein de la TMN, elle ne le restera plus très longtemps… J’en veux pour preuve la stratégie de dillution des forces qui se retourne contre la TMN lors des Congrés locaux de Rouen, Lille et Reims (et oui nous n’avions que des dispos locaux, à peine 1 à 2 nationaux) et dis toi que à Lille, nous faisons 35% alors que nous n’avions pas décidé de reprendre l’AGE. Aussi je ne vois pas pourquoi tu me parles de Strasbourg, Metz et Nancy, parce que je n’y est pas fait allusion, ni ce que tu essayes de me dire à ce sujet…

  4. Tristan

    Je suis toujours avec attention les articles sur ce sujet, bien qu’ayant quitte cet objet de recherche et essayant de m’extraire du « syndicalisme » etudiant, tout du moins au niveau national. plusieurs remarques : Oui la « democratie a l’Unef est tres particuliere. Ce n’est un secret pour personne. Neanmoins, malgre les faits exposes par Jeremy, je ne crois pas a un bouleversement venu de l’interieur : ni changement de majorite, ni changement de cap de la majorite actuelle. Et ce meme si, a long terme, je pense que le modele « unefien » va droit dans le mur. Mais, pour l’instant, l’Unef n’est pas a l’agonie, n’en deplaise à certains (moi le premier).

    • Jérémy Diamphy

      Tu as raison Tristan, ce n’est pas lors de ce Congrés que nous allons assister à des changements dans le fonctionnement, même si la progression de la TUAS est significative, elle n’est pas suffisante pour ébranler le syndicat en profondeur. Mais l’on se rend bien compte que l’appareil Bureaucratique de la TMN est en train de montrer des signes de faiblesses. Ces signes de faiblesses sont annonciateurs de deux possibilités: soit un rebattage des cartes à l’interne de l’UNEF et qui pourra éventuellement sauver le syndicat. Soit à l’explosion pure et simple de l’UNEF et qui aura d’une façon où d’une autre des répercutions sur la FAGE et les autres orgas étudiantes.

  5. fabien

    Bonjour,

    L’unef est devenu aujourd’hui une impasse pour les étudiants. Issue de la fusion des deux frères « ennemis » (PC et PS), ce syndicat après avoir eu des positions « révolutionnaires » est devenu au fil du temps le parcours initiatique pour futurs cadres du PS ( et un peu du PC mais il y a moins de place). Son positionnement pour toutes les réformes passées y compris la LRU sous couvert de « démocratisation » aurait du permettre aux étudiants et aux « militants » de comprendre que depuis fort longtemps le roi était nu. Sans parler des scandales financiers (après ceux de la MNEF ).
    Il n’est donc pas surprenant que les syndicat dits indépendants prennent le dessus. D’ailleurs la FAGE présentent à peu près les mêmes propositions que l’UNEF en nous épargnant le discours infantilisant pré-pubère de l’UNEF et les slogans pseudo antilibéraux. On nous dira que l’UNEF a changé depuis que son ancien dirigeant Julliard a trouvé un job à la mairie de Paris. Pas de chance le suivant Prévôt travaillait au cabinet de Fioraso …
    L’actuel président, encore un peu jeune pour pantoufler au PS, défend toujours l’objectif du ministère de 50 % d’une classe d’âge au niveau licence. Pas de soucis avec 80-90 % de réussite au Bac et les innovations pédagogiques défendues de concert par L’UNEF, la FAGE, le ministère et IBM et la nouvelle formation des « maîtres », on est sur la bonne voie.

    Amitiés

  6. Alain Quemin, université Paris-8

    Etudiant, j’étais moi même victime de l’illusion UNEF et je pensais que ce syndicat se mobilisait pour les droits des étudiants. Depuis ma nomination à Paris-8, j’observe de près ces élus plus ou moins jeunes… et leurs comportements d’apparatchiks me sidèrent. Il faut, en effet, les voir dealer pour le croire, réaliser jusqu’où ils poussent le cynisme en monnayant leurs voix au plus offrant pour faire basculer les majorités lors des élections aux conseils centraux. Et après ? On ne les voit souvent plus. Ils ont mieux à faire que de perdre leur temps à siéger en accomplissant leur mandat. Aucun idéalisme chez ces jeunes qui préparent leur future carrière au sein d’un parti politique ami. C’est assez écoeurant. Pierre, tu t’adoucis décidément avec le temps ! : pas un mot sur l’étonnant cursus de Cambadelis qui l’a mené jusqu’au doctorat dans des conditions assez troubles ! L’enquête de Mediapart est quand même édifiante sur un parcours fait d’impostures à répétition et de copinages permettant d’obtenir, dans des conditions assez obscures ou franchement suspectes, dispense sur dispense, validation sur validation (et même des diplômes de DESS sans avoir jamais apparemment résidé dans la ville où les cours étaient censés être assurés)… Quand ce sont tous les copains de l’UNEF qui étaient inscrits la même année et qui se voyaient décerner leur beau diplôme, cela ne peut que susciter des interrogations (surtout si l’UNEF finançait par ailleurs la formation en question…).

  7. Estela

    C’est l’élan associatif qui a remporté les élections à Rennes 2 et non armée de Dumbledore. Et ce contrairement à ce qui a été relayé dans la presse, etc.
    Demandez donc à un copain de Rennes de vous prêter ses identifiants et allez voir sur le site si vous voulez tirer ça au clair.