Il aura fallu deux mois pour que les présidents des 4 universités, membres de la COMUE Sorbonne Paris Cité, prennent position en faveur de la fusion de leurs quatre établissements.
Ils l’ont fait, simultanément, par un long courrier adressé aux personnels de leur université : Carle Bonafous-Murat (Paris 3 Sorbonne Nouvelle), Frédéric Dardel (Paris 5 Descartes), Christine Clerici (Paris 7 Diderot), Jean-Pierre Astruc (Paris 13 Villetaneuse).
Les 4 présidents ont-ils seulement pensé à un courrier commun ? Ils veulent fusionner, mais ils n’ont même pas une communication de crise unifiée ! Cela en dit long sur leur rapprochement et leur solidarité réels au sein de SPC. En fait, ils ont brodé sur des éléments de langage fournis par la COMUE. Quelle tristesse de voir s’étaler de telles logorrhées présidentielles ! En effet, ce qui se conçoit bien…
Actualisation ce 30 juin 2016 à 21 heures : un communiqué « Projet de fusion des 4 universités » a été publié cet après-midi par Sorbonne Paris Cité. Une seule innovation : l’université à créer sera omni-disciplinaire. De quoi faire s’étrangler de rire le jury international !
Jean-Yves Mérindol, président de la COMUE, s’est dit partisan de la fusion dès l’annonce de l’arrêt de l’IDEX, fin avril 2016, par le jury international au terme de la phase probatoire. L’arrêt de l’IDEX signifie la perte d’environ 25 millions d’euros par an pour la COMUE. Une fusion pour récupérer les millions de l’IDEX, ce n’est pas un objectif scientifique ! Mais c’est pourtant le seul argument réel, avancé en faveur de la fusion. Des sous, des sous ! Dans l’immédiat, ce serait un scandale politique si la COMUE était accompagnée vers la sortie par une dotation de 8 millions d’euros.
Le président de la COMUE a dû utiliser tout son savoir-faire pour que les 4 présidents en arrivent enfin à penser comme lui. Il est vrai que, pour deux des quatre présidents, Christine Clerici (Paris Diderot) et Carle Bonafous-Murat (Sorbonne Nouvelle), il s’agissait de ravaler sans vergogne leur profession de foi de candidat à la présidence de leur université, profession de foi hostile à la fusion (Paris 3 Sorbonne Nouvelle hostile à la fusion, Paris 7 Diderot : non à la fusion !).
L’injonction de fusion, au-delà du verbiage de chacun des présidents, va produire – hélas pour l’université de France – des effets du plus haut comique dans les deux ans et demi à venir (Christine Clerici parle en effet d’une fusion qui pourrait n’être effective qu’au 1er janvier 2019).
Le premier à nous faire rire aux éclats est le nouveau président de Paris 13, Jean-Pierre Astruc, dauphin et successeur de Jean-Loup Salzmann. Il est urgent de se presser au rythme d’un escargot. « Je nommerai dès le mois de septembre un chargé de mission spécifique. Il devra établir rapidement un rapport qui portera sur les différentes configurations qui ont permis à certaines universités examinées d’être validée par le jury de l’IDEX. Il faudra mettre en place en septembre des groupes de travail inter-établissement pour la construction du futur projet. Nous sommes au début d’un processus de concertation qui va engager notre université pour son avenir. Ainsi, au regard des enjeux, je pense que nous devons prendre nos décisions avec le maximum d’informations précises et objectives ». Que diable ! Le président de la CPU n’avait pas pensé, durant les 4 ans écoulés, à nommer un tel chargé de mission ?
PS. Il me paraît toujours utile de rappeler aux lectrices et aux lecteurs du blog que je suis hostile aux regroupements forcés qu’ont été les COMUE mais que je suis partisan des fusions d’établissements, pour rendre lisibles et efficaces une quinzaine d’universités de recherche en France, universités dédiées aux formations de 2ème et 3ème cycle et à la recherche. Fusions à une condition sine qua non : autonomiser et regrouper le premier cycle (licence, DUT, STS, CPGE) dans de nouveaux établissements à créer, les Instituts d’enseignement supérieur (le combat du blog depuis 2009). Pourquoi les présidents d’université et les directeurs de grands établissements de SPC n’ont-ils pas pensé à ce projet révolutionnaire, à cette sortie par le haut ?
Vous voulez qu’ils pensent?…mais oui, mais comme BoJo , à Londres : pas de vision ; ce projet respire la con fusion. Et puis oser un projet « révolutionnaire »? en ont-ils commis un durant leur parcours:créer une formation, un projet bidon pour tenter « d’avoir du fric » quelle misère politique et intellectuelle.
Dans de pareilles conditions, les universités devraient chacune rester dans sa logique propre et tenter d’innover (voyez CalTec, 2000 étudiants…mais quel dynamique)