Taux de succès : de 91,4 à 34,7 %

Taux de succès incroyable au baccalauréat. Taux d’échec incroyable à la licence. Il y a comme un problème, non ?

D’un côté, l’objectif de 80% de jeunes au niveau du baccalauréat est atteint : la part des bacheliers dans une génération a augmenté de 77,7% en 2015 à 78,6% en 2016 (in Le baccalauréat 2016, Note d’information, n°22, juillet 2016). D’un autre côté, l’objectif de la loi de 2005 sur l’École (50% de jeunes diplômés du supérieur dans une génération) ne se profile pas à l’horizon ; le pourcentage reste scotché un peu au-dessus des 40%.

Intéressons nous aux seuls bacheliers généraux, i.e. à ceux qui réussissent le moins mal dans l’enseignement supérieur : taux de succès au bac ? taux d’obtention de la licence en 3 ou 4 ans ?

En 2016, 91,4% des candidats à un baccalauréat général l’ont obtenu (327.049 bacheliers généraux contre 316.971 en 2015). Ce taux est égal à celui de 2015. Les taux de succès dans les 3 types de baccalauréat général sont tous supérieurs à 91%.

Au baccalauréat général, la proportion de candidats obtenant une mention Bien ou Très bien est la plus élevée : elle a atteint 30,4% contre 12,9% dans la voie technologique et 11,6% dans les spécialités professionnelles. Cette proportion a augmenté de 2,6 points par rapport à 2015 dans la voie générale. Aux mentions les plus élevées, il faut ajouter 1/4 de mentions Assez bien chez les bacheliers généraux.

P1500155Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Tous les bacheliers généraux poursuivent des études supérieures, à quelques exceptions près. La majorité des 327.049 bacheliers généraux de 2016 vont s’inscrire à l’université, la moitié d’entre eux venant d’obtenir une mention à leur bac. Un avenir rose – obtenir la licence en 3 ans – devrait se dessiner devant eux. Ce ne sera vraisemblablement pas le cas.

Le tableau ci-dessous indique que seulement 34,7% des bacheliers généraux 2010 (cohorte ayant passé au moins 4 ans dans le supérieur) ont obtenu leur licence en 3 ans, 49% en 4 ans. Ces taux de succès moyens sont inférieurs pour les bacheliers généraux littéraires (respectivement 31,7% et 44,7%).

p1420911Parcours et réussite aux diplômes universitaires : les indicateurs de la session 2014

Isabelle Maetz, DGESIP, Note Flash, N°1, février 2016.

Pléthore de mentions au bac versus Minorité de licences obtenues en 3 ans : un paradoxe français assassin. L’introduction de ma chronique du 25 février 2016, L’Université sans qualités, reste d’actualité. A tous les niveaux de formation, les taux de diplômés, dans les délais (2 ans pour le DUT, 3 ans pour la licence, 1 an pour la 3ème année de licence, 2 ans pour le master) ou avec une année de plus, sont mauvais. Pire, les taux ne s’améliorent pas en licence, en dépit de modalités de contrôle des connaissances fort favorables aux étudiants.

L’Université sans qualités est indigne de notre pays. Pire, elle nous précipite dans une crise financière qui s’accentuera au fil des ans (progression du nombre d’étudiants universitaires). Les ressources publiques et les sur-ressources (financement des années de redoublement) sont insuffisantes (diminution de la dépense par étudiant), mais en même temps elles sont gaspillées : elles ne permettent pas une diplomation élevée. Viendra prochainement le jour où ces dépenses interrogeront les contribuables. L’Université publique sans qualités n’est pas garantie d’une vie éternelle.

11 Commentaires

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11 réponses à “Taux de succès : de 91,4 à 34,7 %

  1. La solution est pourtant simple. Décrétons que tout bachelier a le DROIT d’avoir une licence. Dans un second temps on décrétera que tout licencié a le droit d’avoir un master. Pour y arriver, on indicera la masse salariale (et pas la SCSP) sur les taux de réussite. Il restera le problème de l’emploi, alors on décrétera que tout titulaire du bac a le droit d’avoir un travail, et on rendra obligatoire les embauches… et demain on rasera gratis aussi… (pas d’allusion au coiffeur présidentiel).

  2. Christine D

    le vrai problème est de connaître l’utilité du BAC ? La sélection se fait naturellement au niveau de Licence !!! Nous savons tous. Pourquoi une telle hypocrisie ?

  3. Olivier

    Heureusement que l’université conserve quelques critères qui ont un sens pour délivrer des diplômes. Les critères d’évaluation au bac sont totalement fantaisistes, les copies sont totalement surnotées, y compris et surtout dans des matières comme les maths ou l’anglais. Des bacheliers qui ont eu la moyenne dans ces matière arrivent à la fac et ne savent même pas tracer une droite à partir d’une fonction, ou lire un paragraphe en anglais.
    Il est tout à fait normal d’échouer quand on ne vient jamais en cours, qu’on ne travaille pas et que même la discipline de base devient un problème.

    Les ressources de licence ne sont pas gaspillées, au contraire, je connais peu de systèmes au monde qui soient capables de gérer autant d’étudiants avec aussi peu de moyens et une règlementation aussi peu flexible. Ceux qui n’ont absolument aucune chance de réussir se le voient signifier très tôt (même s’ils peuvent rester pour pointer et toucher une bourse). Les formations tournent, avec un staff très faible, un grand nombre d’étudiants est diplôme, les insertions pro ne sont pas si mauvaises.
    Il faudrait plutôt attribuer une médaille aux collègues qui acceptent encore de passer du temps à chercher des vacataires pour les cours d’anglais non spécialiste plutot que de s’indigner sur des taux de réussite tout à fait compréhensibles (et en fait déjà très laxistes).

  4. alain quemin

    Nous savons tous bien que le bac ne garantit pas du tout les savoirs qu’il est censé certifier. Les cas d’étudiants, de licence et parfois même de masters, qui ne maîtrisent pas du tout l’orthographe, sont légion. Est-ce à l’Université de s’attaquer à l’acquisition – ou à la sanction – de cette compétence ? Les mentions au bac sont une vraie ânerie. La moyenne des notes n’a plus rien du tout à voir avec la moyenne. Ma filleule, élève en terminale littéraire à H-IV a eu son bac avec mention très bien et … 18,6 de moyenne. Elle est … la 3ème meilleure lauréate de sa classe. Mais dans l’autre terminale littéraire, deux élèves ont eu 20/20 de moyenne. Certes, c’est H-IV, mais une telle inflation de la notation est-elle sérieuse ? On peut quand même se demander si l’inflation de la notation ne vise pas à encourager le plus possible de jeunes à faire des études supérieures, si possible longues, pour ne pas faire augmenter le taux de chômage des jeunes en se portant trop vite sur le marché de l’emploi…

  5. Joel Pothier

    Même si on avait 91% de réussite en licence, cela ne dirait rien de plus sur la formation universitaire que ces 78%. De plus, comme le dit Olivier, l’université ne coûte pas très cher par étudiant, environ 8000€ pour un étudiant, donc moins qu’un lycéen général (environ 10 250€). L’enseignement à l’université est-il vraiment de moindre qualité que celui dispensé au lycée ?

    Cerise sur le gâteau, les enseignants chercheurs qui enseignent à l’université font de la recherche, ce qui n’est pas rien pour le pays.

    Et à vérifier : il semble que quand on met des enseignants-chercheurs en L1 plutôt que des vacataires, les décrochages diminuent (voir Versailles, http://etudiant.lefigaro.fr/orientation/actus-et-conseils/detail/article/le-classement-des-meilleures-universites-francaises-1746/ ), ce qui souligne le lien organique entre l’enseignement et la recherche, spécificité de l’université.

    Le jour où on arrêtera de mélanger les études et l’emploi (la carpe et le lapin), on aura fait un grand retour vers une société de nouveau orientée vers la connaissance, où les étudiants viennent apprendre plutôt que décrocher un diplôme en vue d’un illusoire boulot. Comment aujourd’hui ne pas voir que le chômage est nécessaire au système et qu’aucune politique ne veut le réduire drastiquement. Alors qu’y peut la pauvre université ?

    • DeAngers

      Le jour où on réussira à associer les études et l’emploi, on aura fait un grand pas vers une société orientée vers la connaissance, où les étudiants viennent apprendre pour décrocher un diplôme en vue d’une insertion professionnelle durable.
      PS : je me suis permis une partie en copier-coller…

  6. Trois pistes évolutives se présentent face à un tel constat :

    1) en finir avec cette incongruité qui fait réglementairement du baccalauréat le premier grade universitaire et non un simple certificat de fin de scolarité secondaire. Ce positionnement du bac entraîné de trop nombreuses ambiguïtés, et notemment celle de donner à tout élève qui l’obtient le droit d’entrer en premiere annee d’une Licence « non sélective » à l’université… Avec les résultats que l’on y voit ! Une première mesure salutaire serait donc de clarifier le statut du baccalauréat en en faisant une sorte de « brevet des lycées », avec un statut proche de celui du brevet des collèges, ne donnant pas un droit automatique de passage dans le supérieur.

    2) il faudra bien poser clairement le problème de la sélection à l’entrée de l’université, seule dans l’appareil d’enseignement supérieur français à devoir offrir des formations non sélectives (les licences « à pastille verte » sur APB). Pourquoi maintenir ce deux poids/deux mesures, alors que précisément, d’année en année, la sélection à l’entrée de l’université progresse, mais à visage honteux ? Et comment s’étonner dans de telles conditions que les taux d’échec en licence soient ceux que met en avant cet article ? Quelle absurdité , voire scandale, que cette pratique du tirage au sort pour départager des candidats à certaines licences non sélectives, mais cependant « à effectifs limités »

    3) Enfin , pourquoi l’université ne propose-t-elle pas aux bacheliers technologiques et professionnels, qui sont ceux qui échouent le plus fortement en licence, une veritable « licence polytechnique » en trois ans, qui permettrait sans aucun doute de voir leurs taux de reussite en licence augmenter significativement ? On me dit qu’il y a pour cela les IUT, mais faut-il rappeler que les IUT accueillent principalement des bacheliers … Généraux ? Et que le format bac + 2 n’est plus adapté au schéma des études supérieures internationales (l’architecture LMD) .

    Bruno Magliulo
    Auteur, dans la collection L’Etudiant de « Bien choisir ses etudes à l’université « 

  7. Alain

    Le plus grave est le mensonge que l’on fait aux jeunes. Le manque d’exigences est sans doute le premier rempart à la connaissance. Ils doivent apprendre à acquérir des compétences, c’est vital pour notre pays. Notre responsabilité individuelle et collective est totale. Ne soyons plus surpris de leurs réactions.

  8. Pingback: Le gouvernement a réussi à supprimer le redoublement | Profs mis en examen

  9. LaRigueur

    Un peu de rigueur s’il vous plait. Au lieu de critiquer à tort et à travers, réfléchissions, comprenons ces chiffres. On nous donne d’une part, le taux de réussite au bac, environ 90% en 2016. Puis le taux de réussite d’une licence en 3 ans, environ 30%. Maintenant, le taux de réussite au bac signifie que 90% des candidats s’étant présentés l’ont reçu. On ne nous dit pas en combien de temps ces bacheliers ont fini leur lycée. Environ 1/3 des licenciées l’ont obtenu en 3 ans. Cela signifie que SUR CEUX AYANT OBTENU leur licence, 1/3 l’ont fait en 3 ans, on en déduit donc que 2/3 l’ont eu en plus. Mais encore une fois, il s’agit là de ceux l’ayant obtenu! On ne parle jamais du taux de réussite en licence, et on ne parle jamais du nombre d’année nécessaires à un lycéen pour obtenir son bac. En définitive, comparer ces deux données est complètement absurde, car elles ne s’intéressent pas à la même chose.