Les IUT ont un corps enseignant composite et très spécifique par rapport aux autres composantes universitaires. 1. Enseignants chercheurs : 936 professeurs (4,4% de l’ensemble des professeurs), 4203 maitres de conférences (11% de l’ensemble des MCF), 2. Enseignants qui ont réussi un concours du second degré (agrégés PRAG ou certifiés PRCE) et qui sont affectés dans le supérieur : environ 3500 (26,6% de l’ensemble des agrégés et certifiés affectés dans le supérieur universitaire). C’est dans les IUT et dans les ESPE que les PRAG et PRCE sont les plus nombreux.
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Les deux corps enseignants ne sont pas soumis aux mêmes obligations d’enseignement. Les enseignants-chercheurs doivent un service d’enseignement de 192 heures équivalent TD, les agrégés et certifiés, un service de 384 heures (ils ne sont pas tenus de faire de la recherche).
Cette distorsion d’obligations crée des problèmes depuis la création des IUT. La charge d’enseignement ayant toujours été élevée dans ces Instituts et souvent supérieure au potentiel enseignant titulaire, la nécessité d’un volant d’heures complémentaires a toujours existé. Les enseignants-chercheurs y accèdent plus facilement (parce qu’ils ne doivent que 192 heures), et ont donc une source de revenus que n’ont pas les agrégés et certifiés. Mais ce faisant, les enseignants-chercheurs, chargés de nombreuses heures complémentaires, font moins de recherches ou n’en font plus que symboliquement. Ce qui crée des problèmes, des tensions récurrentes.
Chronique : PRAG, PRCE, MCF, ASU en tensions
Les associations de directeurs d’IUT et de présidents d’IUT n’ont jamais été à même de traiter et a fortiori de résoudre ces tensions. Isolés dans leur tour d’ivoire – le bel et bon IUT – ils ne peuvent penser une réforme d’ensemble du 1er cycle par la création de nouveaux établissements et un statut unique pour les enseignants de ces nouveaux établissements (lire le projet du blog Histoires d’universités).
Deux des 50 objectifs formulés par le Réseau des IUT, à l’occasion du 50ème anniversaire des Instituts, abordent la question de la triple mission enseignante dans les IUT, mais les évolutions envisagées (accompagner le retour à la recherche après prise de responsabilités) ne démontrent qu’une impuissance cinquantenaire (objectifs 43 et 44).
Quant au soutien des enseignants-chercheurs des IUT pour obtenir un congé de recherche ou de conversation thématique, la chronique (Les enseignants sont maltraités) démontre qu’il s’agit d’un vœu pieux.
Cette chronique est la dernière que je publie sur les IUT.
Pour aller plus loin : 184 chroniques sur les IUT (celles-ci demeureront en ligne après l’arrêt des chroniques sur les IUT).
Hem… Etant en IUT depuis +20 ans et connaissant bien les deux corps évoqués, je suis un peu interloqué par quelques points de ce billet. Je n’ai certes pas de vision d’ensemble, ne connaissant que la situation d’un seul établissement, mais je ne me retrouve pas du tout dans ce que vous décrivez.
HC: « Les enseignants-chercheurs y accèdent plus facilement » Sur quoi s’appuie cette affirmation ? Pour ma part, mon expérience m’amène à dire que c’est les E qui font le plus d’HC. Les EC, en général, cherchent à préserver leur activité de recherche et donc essaient de limiter leur volume d’HC (ce qui n’est pas toujours facile).
« Ce qui crée des problèmes, des tensions récurrentes ». Hmm. Le point ci-dessus étant évacué, je n’en voit pas d’autres. Pour ma part, mis à part des situations conflictuelles liées à une situation particulière (ce qui arrive dans tout milieu professionnel), je ne pense pas qu’on puisse affirmer qu’il y a des tensions liées à cette double catégorie d’enseignants. Au contraire, je pense que ceci est une source de richesse pour les IUT, et ça se passe en bonne intelligence, chacun étant conscient des obligations de l’autre catégorie.
Mais il est vrai que l’activité de recherche est très difficile en IUT: on est souvent loin du labo avec effectivement des charges admin et HC importantes. Du coup, la proportion d’EC ne faisant pas/plus de recherche de façon significative est certainement plus importante que dans d’autres UFR/écoles. Mais il y a (en général) des raisons.
Votre discours est certainement influencé par votre analyse de la situation à Figeac (cf. autre billet). Mais attention à ne pas généraliser trop vite: chaque site a ses spécificités et son histoire.
De façon plus générale, et à la lecture de vos autres billets récents sur les IUT, j’ai le sentiment que vous les connaissez assez mal. Je retrouve les habituels griefs qu’on les universitaires en général sur les IUT, en général par méconnaissance. On peut certes leur trouver des torts, mais c’est un système qui a plutôt bien marché ces 30 dernières années, contrairement à beaucoup de filières licence en UFR, scientifiques en particulier. Quant à l’avenir… Oui les IUT sont menacés, mais ils me semble qu’ils essaient de trouver des solutions.