Suite de la chronique Régime maigre pour l’université de Lille. Pourquoi cette université fusionnée au 1er janvier 2018 est-elle en crise financière alarmante ? Une explication trop courte : le coût important de la fusion (5 millions d’euros selon la déclaration du président au Conseil d’administration du 5 avril 2018). Celui-ci était prévisible, mais, semble-t-il, il n’a pas été préfinancé par les 3 universités fusionnantes et n’a pas fait l’objet d’une dotation spécifique de l’État. Pourquoi cette crise ?
Dans les années précédant la fusion, aucune des trois universités n’a tiré la sonnette d’alarme sur sa situation financière. Les comptes financiers 2017 de chacune des 3 universités, adoptés au Conseil d’administration du 5 avril 2018, ne se soldent pas par des pertes.
Toujours est-il que, avec le Plan de redressement 2018-2019, il devient urgent de « redéfinir le Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI) en hiérarchisant les projets et en priorisant la sécurité, l’accessibilité des installations et le niveau minimum de grands entretiens et renouvellements. Définir les projets PPI à abandonner ».
- « Le PPI en cours n’est pas fondé sur une analyse ex ante de nos besoins mais sur la simple consolidation de décisions politiques non concertées, prises par les trois conseils d’administration des ex établissements au cours de l’année précédant la fusion (plus de 30 millions d’Euros) ».
Pour le plan Campus, l’université mentionne plus de 450 Mns € pour un ensemble d’investissements !
Trois exemples d’une certaine aisance financière avant la fusion et d’une certaine confiance dans l’avenir.
1er exemple. Histoires de fonds de roulement. La note présentant le Plan de redressement fait état d’un fonds de roulement réellement mobilisable inférieur à 1 million d’euros. Or…
En 2015, à Lille 2 (droit et santé), le fonds de roulement dépassait les 43 millions.
- Chronique du blog Lille 2 et le fonds de roulement. Alain Durocher, vice-président du Conseil d’administration, interviewé par News Tank Education : Prélèvement sur fonds de roulement : pour nous ce serait la double peine. Sur les 43M€ de notre fonds de roulement, 25M€ sont consacrés à la reconstruction et aux travaux concernant l’IUT. Il y a également, les recettes de la formation continue, environ 4M€ qui ne sont pas mobilisables comme le prévoit la loi sur la formation continue. Puis, il y a une partie consacrée aux traitements sociaux d’environ 2,2M€. Finalement, le fonds de roulement mobilisable serait d’environ 11,8M€, ce qui correspond à 30 jours de fonctionnement, ce que souhaite le ministère ».
- Chronique du blog Lille, le pire et le meilleur. En dépit des réactions agacées de Lille 2, son fonds de roulement est ponctionné par l’État en 2015 de 8,7 millions d’euros. Plusieurs universités de la Région Nord-Pas-de-Calais sont touchées par ce processus dit de solidarité.
2ème exemple. Janvier 2014, Lille 3 (sciences humaines et sociales) fête ses 40 ans. Chronique du blog Un learning center à 50 millions d’euros. Conférence de presse de Fabienne Blaise, alors présidente de l’université de Lille 3. Le Learning Center n’est plus un serpent de mer. Le montage financier est désormais éclairci : plan Campus et Contrat de Projets État-Région 2014-2020. La présidente ne peut toutefois s’empêcher d’être prudente. Lille 3 n’a perçu, du CPER 2017-2013, que 500.000 euros. Le coût de la transformation de la bibliothèque du début des années 70 en Learning Centrer est passé de 22 millions d’euros à près de 50 millions : la BU actuelle est amiantée et le coût du silo pour le stockage des livres a été réévalué à la hausse. Le Learning Center sera-t-il opérationnel en fin de CPER, en 2020 ?
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3ème exemple. Décembre 2016. Lille 1 (sciences et techniques) vient d’inaugurer LILLIAD (chronique du blog). Learning Center Innovation : 10 000 m², 30 millions de construction rénovation (dont 18 à la charge de la Grande Région Hauts de France). Quelques photos.
Deux Learning Centers pour l’université fusionnée : ça ferait désordre et gaspillage. Ils ne sont d’ailleurs distants que de 4 stations de métro.
Tu écris » le coût fort important de la fusion (plusieurs millions d’euros). Celui-ci était prévisible, mais il n’a pas été préfinancé par les 3 universités fusionnantes et n’a pas fait, semble-t-il, l’objet d’une dotation spécifique de l’État. »
L’Etar tout au contraire poussait à la fusion en argumentant que cela ferait faire des économies. Donc pas de dotation ni de provisionnement
Et ceux qui émettait des doutes en pensant que toute fusion a un coût ignoré par ceux qui y poussent passaient pour des passéistes
@Michel Abhervé. Merci pour tes commentaires. Même coût initial pour la fusion des régions, et bientôt pour la fusion des Académies. « Occitanie : après la fusion des régions, les dépenses explosent.
Les régions françaises ont fusionné en 2015. Mais selon France Bleu, en Occitanie, ce rapprochement n’a pas permis de réaliser de grandes économies » https://www.lepoint.fr/economie/occitanie-apres-la-fusion-des-regions-les-depenses-explosent-03-11-2018-2268256_28.php