Grégory Oswald, Aspects économiques de la présence des Jésuites dans la Région de Molsheim du XVIème au XVIIIème siècle, in Les Jésuites à Molsheim et ses environs (1580-1765), SHAME, 2015, pp 103-114.

Source principale de l’article : analyse d’un registre de 734 pages, le Pied-terrier de 1776 ; pour l’auteur, ce terrier a valeur pour 1765. Certes, à cette date, les Jésuites ont été chassés de France et le Collège de Molsheim a été fermé, mais ses biens ont été transférés au Collège épiscopal qui a pris sa place.
- Pied-terrier. « En droit féodal, un terrier ou livre terrier est un registre où sont consignés l’étendue et les revenus des terres, les limites et les droits d’un ou de plusieurs fiefs appartenant à un seigneur. On parle ensuite de terriers communaux qui sont les documents ayant précédé les cadastres (généralisés à l’époque napoléonienne en France). Pour les biens séculiers du clergé, on parle de Tibériade« .
Ressources du Collège des Jésuites de Molsheim entre 1580 et 1765 : elles sont tirées d’innombrables possessions et redevances dispersées entre Vosges et Rhin dans une cinquantaine de localités (5 bailliages), la majorité se trouvant dans un rayon de 5 à 10 kilomètres autour de Molsheim. En fin de période, surface totale atteinte : 1200 hectares (terres labourables, forêts, prairies, vignes), répartis entre plus de 300 fermiers.

Première ressource : les biens de fondation. En 1580, Jean IV de Manderscheid-Blankenheim, fonde le Collège de Molsheim. Il met à disposition de la Compagnie de Jésus les bâtiments désaffectés de l’hospice local (dit hôpital de la Vierge ou hôpital Sainte-Marie) avec toutes les propriétés et revenus qui en dépendaient… De 1580 à 1765, on observe un doublement de la surface des terres affermées.
Les biens avaient été cédés à l’hôpital, du 14 au 16ème siècle, par des bourgeois, des nobles, des prêtres : rentes sur des maisons, redevances en nature (céréales, vin) ou en argent… Revenus tirés de prébendes, d’autels privés, de messes anniversaires.
Deuxième ressource : les chapelles de pèlerinage et les biens de dotation. Pour couvrir les besoins du nouveau Collège, son fondateur Jean IV ajouta en 1590 les biens de la chapelle d’Altbronn (lieu de pèlerinage le plus célèbre dans la région et de dépenses subséquentes des pélerins). En 1616 et en 1617, son successeur, l’archiduc Léopold d’Autriche, fit de même avec les chapelles de Laubenheim et de Wiwersheilm. Ces trois biens de dotation totalisaient 309 hectares environ.
Troisième ressource : acquisitions à titre d’achat, de donation ou de cession pour dettes. Au lendemain du départ des Jésuites de l’Alsace, l’ensemble de ces acquisitions représentait environ 220 hectares (soit près d’un cinquième du total des biens du Collège).
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