Archives mensuelles : juillet 2021

Lorraine. Faïence de Lunéville, 1730

La Lorraine, terre faïencière. 1730. Faïence de Lunéville. 1758. Faïence de Saint-Clément (Source : les Amis de la Faïence de Lunéville).

« La Lorraine est une terre faïencière par excellence. C’est d’ailleurs la région où la densité des faïenceries, petites ou grandes, est la plus importante. A cela plusieurs raisons: la matière première nécessaire à la fabrication se trouve sur place, les cours d’eau pour l’énergie, les bancs d’argile pour la pâte et le bois pour les fours ».

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« D’ailleurs les premières manufactures s’installent au tout début du XVIII° siècle, grâce là aussi à une conjoncture favorable. Les efforts de guerre engagés par la France ont contraint Louis XIV à prendre une série de mesures connues sous le nom d’édits somptuaires (1689 – 1699 – 1709), destinées à renflouer les finances en faisant fondre la vaisselle et les couverts en métal précieux, essentiellement or et argent. Comme l’écrivit Saint-Simon, « tout ce qu’il y a de grand se mit à la faïence ». Ceci a eu entre autres pour effet de donner une nouvelle impulsion à certains secteurs de production, en particulier les faïenceries, qui de ce fait connaissent un essor important. Lunéville, à cette époque ville de cour, a bénéficié elle aussi de cet essor ».

Source 2. Citations de l’article de Wikipédia. « La Faïencerie de Lunéville – Saint-Clément est l’héritière des prestigieuses faïences de Lorraine depuis le XVIIIe siècle : le Lunéville et le Saint-Clément. La manufacture de Lunéville fut fondée vers 1730, tandis que celle de Saint-Clément le fut vers 1758, ce qui en fait la plus ancienne faïencerie toujours en activité.

L’origine de la manufacture peut être identifiée en 1711, année où (Jean)-Jacques Chambrette père (1683-1751), Maître faïencier venant de Dijon, crée pour le compte du Comte de Fontenoy une première faïencerie en Lorraine à Champigneulles.

En 1722, l’histoire de la faïence débute à Lunéville lorsque son fils, Jacques Chambrette (1705-1758), s’y établit comme marchand de faïence. Dès 1723, il devient fournisseur de la Cour. Ce n’est qu’en 1729 ou peut-être 1730, que Jacques Chambrette fils y ouvre sa première manufacture de faïence. Il n’obtiendra cependant ses lettres patentes officielles que le 10 avril 1731 par le Duc François III lui permettant de tirer terres et bois où bon lui semble, puis le 14 juin 1731 par Élisabeth-Charlotte d’Orléans, des exemptions de charges et d’impôts.

Parallèlement, en 1739, Jacques Chambrette s’associe avec un certain Daix pour reprendre la verrerie de Portieux.

Après avoir mis au point d’une part en 1748 la Terre de Pipe (avec de la craie ou des marnes calcaires, cuisant blanc) – composition secrète qui sera transmise par un de ses petits-fils à la Faïencerie de Niderviller – puis la Terre de Lorraine (avec du phosphate de chaux), terres donnant une faïence fine et blanche qui permettaient l’obtention de détails délicats, – technique venant d’Angleterre pour imiter la porcelaine, raison pour laquelle on l’appelle parfois « porcelaine opaque », ainsi que d’autre part des décors plus fins et polychromes grâce à la cuisson dans un four mouflé dite « Réverbère » – invention allemande de Meissen -.

Jacques Chambrette fait constater le raffinement de ses nouvelles productions à Voltaire, à son amie Émilie du Châtelet et au Roi Stanislas Leszczynski, ce dernier lui accordant alors de nouvelles lettres patentes le 13 décembre 1749, avec droit de tirer sa terre de tous les endroits non enclos de Lorraine, et par la suite l’autorisation à la distinction de Manufacture Royale. Ce développement permit d’accroître les exportations vers l’Allemagne, la Pologne, l’Italie et même les colonies. En 1753, on compte déjà environ 200 ouvriers y travaillant.

Cependant, pour échapper aux lourdes taxes grevant les exportations vers la France (en provenance du Duché de Lorraine), Jacques Chambrette crée une seconde manufacture à Saint-Clément après requête au roi Louis XV en 1756 (autorisation officielle obtenue le 3 janvier 1758), ce village se trouvant sur les terres des Trois-Évêchés.

À la mort de Jacques Chambrette en 1758, son fils Gabriel (1732-1788) et son gendre, Charles Loyal (époux de Françoise Chambrette, 1730-1778), reprennent les deux manufactures de Lunéville & Saint-Clément. Cependant, cette alliance sera de courte durée et dès 1763, Charles Loyal rachète celle de Saint-Clément avec Richard Mique et Paul-Louis Cyfflé, tandis que Gabriel Chambrette conserve celle de Lunéville ».

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1763-1766. Faïence de Meillonnas

Faïence de Meillonnas. 1763-1766 : période la plus prestigieuse de la production.

Monastère royal de Brou (Ain). Salle du musée consacrée à la Faïence de Meillonnas. Œuvres exposées : Bouquetière, Assiette à huit lobes cintrés, Théière à anse sphérique, Pot-pourri à bord évasé sur piédouche, Compotier coquille, Terrine légumier circulaire à quatre ressauts, Jardinière d’applique à oignons, Plat ovale à bord polylobé, Terrine légumier ronde couverte.

Diaporama de 33 photos (17 juillet 2021).

Jardinière à oignons (vers 1765). Cliquer sur les images pour les agrandir

Source 1. Histoire de la famille du baron de Meillonnas.

« Ancien bourg fortifié, Meillonnas possède un château probablement construit vers 1350 par le fils d’Humbert de Corgenon, bailli de la Bresse. Du XVe au XVIIIe siècle, il appartient à la famille de Seyssel qui le vend en 1740 à Nicolas de Marron. Son neveu, le baron Gaspard de Marron de Meillonnas épouse en 1752 à Dijon, Anne Marie Carrelet de Loisy, fille du receveur général des Finances de Bourgogne.

Femme de Lettres influencée par l’esprit des Lumières, elle est une tragédienne réputée. Elle écrit également des poèmes, des comédies et entretient une correspondance avec Voltaire. La tradition lui attribue un rôle important dans le développement de la manufacture et une certaine influence dans la création des décors.

La Famille Carrelet de Loisy appartient à la noblesse de robe de Bourgogne. Elle occupe différentes charges dans l’administration royale en Bourgogne au long des 17ème et 18ème siècles. Elle est anoblie par la charge de conseiller correcteur en la Chambre des comptes de Dijon (1684-1688 et 1688-1732), charge anoblissante à l’issue de deux générations, soit en 1732″.

Source 2. La faïence de Meillonnas.

« Vers 1760, le baron de Meillonnas, animé par l’esprit d’entreprise des nobles provinciaux de son époque et sans doute encouragé par la qualité de la terre de son village utilisée depuis le Moyen Âge, crée une faïencerie dans son château.

Il en confie rapidement la direction au franc-comtois Claude Gautherot. Il utilise la technique du grand feu et contribue à la création d’une véritable manufacture.

L’arrivée du peintre Protais Pidoux (1725-1790) ouvre la période la plus prestigieuse de la production – entre 1763 et 1766 – avec les splendides pièces peintes au réverbère, dit « au petit feu ». Cette faïence aristocratique est produite par des artisans venus de toutes les grandes fabriques françaises, comme Strasbourg ou Aprey. C’est à cette époque que l’on agrandit la faïencerie. Il y a désormais une douzaine d’ouvriers qualifiés, contre six en 1764.

Quand le baron et la baronne quittent le village pour s’installer dans leur nouvel hôtel particulier à Bourg-en-Bresse, ils afferment la faïencerie à Joseph Augustin Maurel, originaire de Moustiers, puis à son frère Honoré Maurel, de 1772 à 1815. La production s’oriente alors vers des objets de consommation courante. Plus modeste en qualité, elle est assurée par une équipe d’artisans locaux peu nombreux mais fidèles à leur entreprise…

Après la mort du dernier peintre en 1845, Georges Laurent Raymond, la fabrique abandonne la faïence mais continue à produire jusqu’aux environs de 1870 des grès et de la terre vernissée ».

Commercialisation et diffusion. « Une bonne partie de la faïence est enlevée par des marchands locaux au rythme presque régulier d’une fois par mois et par fournée. Lors des premières décennies de fonctionnement, la réputation de la faïence de Meillonnas dépasse largement le cadre local, mais par la suite cette réputation est quelque peu réduite à la région et à ses environs immédiats. Ainsi en 1808, la statistique départementale signale que la plus grande partie se débite à Mâcon. Le reste fournit à la consommation de la ville de Bourg et ses environs.

Dans la classe moyenne, jusque vers la fin du 18e siècle, la faïence est un produit de consommation relativement courant, mais pas forcément d’utilisation quotidienne. Si les bourgeois, commerçants constituent l’essentiel de la clientèle, chez les gens plus modestes, on en achète aussi mais moins souvent et on la considère comme un bien plus précieux qui ne sert que dans les grandes occasions.

Au début du 19e siècle et, de plus en plus nettement, la faïence devient un objet d’utilisation quotidienne dans toutes les couches de la société. Vers 1817, les ouvriers de la fabrique emportent régulièrement des pièces, dont le prix est déduit de leur salaire.

Caractéristiques Grand Feu et Petit feu. La renommée des faïences de Meillonnas vient de leurs décors extraordinaires dits petit feu et grand feu.

Le premier nécessite trois cuissons dont la dernière fixe le décor, ce qui permet une palette de couleur très étendue : jaune ocre, bleu-vert, violet manganèse, rose ou pourpre de cassius, appelé aussi or pourpre (mélange de trichlorure d’or et d’étain). Pour la technique du grand feu, l’émail et le décor sont cuits ensemble ce qui limite le nombre de couleurs : bleu pâle, vert, jaune ocré, violet manganèse.

La rose dite manganèse, représentée sur de nombreuses pièces, est un des symboles de la faïence de Meillonnas.

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1753-1765. Vernet, ports de France

« Joseph Vernet (1714-1789) s’installe à Marseille en 1753, après avoir longtemps vécu en Italie. Or, si la ville est riche et dynamique, elle est loin du rôle de capitale artistique. Vernet comprend qu’il ne saurait trouver là une clientèle suffisante. Dès juillet, il part pour Paris où, le 23 août, il est reçu à l’Académie royale de peinture ».

Source 1. Vernet. Vues des ports de France (Wikipédia).

« En 1753, Abel-François Poisson de Vandières, frère de la marquise de Pompadour, propose à Louis XV de faire réaliser par Joseph Vernet une série de tableaux illustrant les différents ports de France et glorifiant leurs richesses. Vernet reçoit ainsi commande de 24 tableaux, payés chacun 6 000 livres. Pour chaque tableau, Vernet reçoit un cahier des charges précis ; on lui demande ainsi de représenter au premier plan les activités spécifiques à la région.

La commande doit être exécutée en commençant par un tableau concernant le port de Marseille, avec la quantité considérable de bâtiments de commerce de toutes espèces et de toutes nations qui s’y trouvent continuellement.

Entre 1753 et 1765, Joseph Vernet se déplace dans dix ports : Marseille, Bandol, Toulon, Antibes, Sète, Bordeaux, Bayonne, La Rochelle, Rochefort et Dieppe. La commande reste inachevée. En 1791, Jean-François Hue, élève de Vernet, se voit confier la tâche de terminer la série : entre 1792 et 1798, il exécute une série de six tableaux sur le thème des ports de Bretagne

À leur réalisation, les quinze tableaux sont exposés à Paris au Salon de peinture et de sculpture. Joseph Vernet en fait imprimer de longues descriptions, dans un but didactique. Leur diffusion est assurée à partir de 1758 par une série d’estampes gravées par Charles-Nicolas Cochin et Jacques-Philippe Le Bas ; ces estampes rencontrent un grand succès.

Après cette commande, Joseph Vernet peut vendre très avantageusement ses marines. De fait, la liste de ses commanditaires est aussi variée et internationale que prestigieuse ; elle comprend, entre autres figures célèbres, Catherine II« .

Le 16 octobre 1753, Vernet est de retour à Marseille et se met à la tâche.

Tableau, 1754. L’Intérieur du Port de Marseille, musée national de la Marine, Huile sur toile, 165 x 263 cm.

Commentaires par l’Institut de l’Océan (Sorbonne université). Vidéo de 7 minutes 56

« Architecture du Port de Marseille. La vue est prise du haut du pavillon de l’Horloge dominant l’actuel quai des Belges. Devant, s’étale le bassin du vieux port, fermé à droite par la tour du fort Saint-Jean. Des voiliers encombrent le quai et les mâtures dissimulent la plupart des façades. Vernet a toutefois pris soin de dégager celle de l’hôtel de ville, aux frontons triangulaires et son médaillon sculpté par Pierre Puget (1620 – 1694). De l’autre côté de la passe, large de quarante mètres, se dresse la butte de la Tête de More, à l’emplacement de l’actuel parc du Pharo.

Au premier plan, plongée dans l’ombre, se situe la façade de l’arsenal des galères, véritable ville dans la ville. En réalité, il ne reste plus alors à Marseille que onze galères car, depuis 1748, Toulon détient la suprématie en matière de marine militaire.

Un port de commerce international. En revanche, Marseille demeure le premier port de commerce de France. La quantité de navires amarrés n’est sans doute guère exagérée par Vernet ; certaines années, jusqu’à deux mille bateaux de commerce transitent dans le port.

Les orientaux, qui semblent tous porter des costumes turcs, sont nettement reconnaissables. Marseille entretient d’excellents rapports avec la Sublime Porte, et détient le monopole des échanges avec les pays sous domination ottomane, de l’Égypte à la Grèce. Marseille commerce également avec les Echelles de Barbarie, c’est-à-dire la Libye et l’Afrique du Nord, ainsi que l’Italie et l’Espagne.

Les petits métiers. Sur le quai un navire débarque du blé, car la Provence, faible productrice de céréales, en importe du sud de l’Italie et du Levant. Près du bateau, un homme crible le grain. Il appartient à la corporation des gabeleurs-jurés, chargés par la ville du triage des produits pouvant contenir des impuretés.

Vernet représente d’autres métiers liés à la vie du port, comme les peseurs. Placés sous la protection royale, ils ont le droit de porter l’épée. L’un d’eux, en veste rouge, apparaît sur la gauche. Les portefaix, pieds nus, également nommés « gagne-deniers », détiennent le privilège du transport des marchandises embarquées ou débarquées.

A gauche, un homme vêtu de noir, mais portant manches de dentelles, surveille le marquage d’un ballot. A droite du groupe de turcs, un autre homme, vêtu de façon similaire, vérifie les attaches d’un paquet de toile. Ils pourraient appartenir à la chambre de commerce, laquelle jouait le rôle d’intermédiaire entre le pouvoir royal et les Échelles.

Derrière les orientaux, un homme passe, portant un thon sous le bras. La corporation des pêcheurs compte alors deux cent soixante quatre bateaux et où travaillent deux mille hommes ».

1755. Ces deux vues (extérieur et intérieur du port) sont exposées au Salon.

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Monastère de Brou. Expo Valadon

Monastère royal de Brou. Exposition Suzanne Valadon (1865-1938). Biographie de l’artiste : cf. infra, page 2.

Album 1. 48 photos de l’exposition, photographiés le 17 juillet 2021. Excellents cartouches explicatifs.

Album 2. Quatre autoportraits (Suzanne Valadon, Louise Breslau, Marie Laurencin, Émilie Charmy).

Source 1. Valadon et ses contemporaines, peintres et sculptrices (1880-1940). « L’exposition du Monastère royal de Brou révèle le rôle des femmes dans l’explosion artistique du début du 20ème siècle ».

La Chambre bleue, 1923 (portrait choisi pour l’affiche de l’exposition de Brou). Cliquer sur les images pour les agrandir

« Prévue en 2020 et décalée d’un an en raison du contexte sanitaire, cette exposition initialement prévue jusqu’au 27 juin est prolongée jusqu’au 5 septembre 2021« .

Suzanne Valadon, une peintre libérée et libre. Extraits de la présentation de Suzanne Valadon à travers l’interview de Magali Briat-Philippe, commissaire de l’exposition (France 3).

« Qui était-elle ? Valadon n’était absolument pas destinée à devenir une grande artiste puisqu’elle était de condition très modeste. C’était la fille naturelle d’une lingère du Limousin qui avait émigré sur la butte Montmartre, pour échapper au qu’en-dira-t-on et à la misère.

Par hasard, Suzanne rencontre le peintre Puvis de Chavannes, elle devient son modèle. De fil en aiguille, elle devient également le modèle de Renoir et de Toulouse-Lautrec, avec lesquels elle a des liaisons. A leurs côtés, elle va apprendre à regarder et à dessiner. Encouragée par Degas, elle deviendra, elle aussi, une artiste et une artiste extrêmement audacieuse, à l’image de la vie très libre qu’elle menait. Elle fera scandale avec des nus féminins mais aussi masculins. Pour un Adam et Ève, elle n’hésitera pas à se représenter nue avec son amant, plus jeune qu’elle de 20 ans. Quoiqu’il arrive, elle trace son chemin, avec la reconnaissance et l’appui de grands artistes.

Aujourd’hui, elle est encore trop souvent associée à son fils, Maurice Utrillo, et à son conjoint, André Utter. L’idée de cette exposition, c’était donc de déporter le regard et de montrer le travail de Valadon et d’autres talents féminins de la fin du 19ème et du début 20ème »…

« Il fallait avoir un sacré caractère pour s’imposer à l’époque ? Il y a toujours eu des artistes femmes, et ce depuis l’Antiquité. D’ailleurs, Pline l’Ancien rapporte que la peinture aurait été inventée par l’une d’entre elles, la fille du potier de Corinthe, Dibutade qui représente son amant en repassant son ombre. Mais effectivement, il y a une sorte d’amnésie de l’histoire de l’art et on les a retenues surtout comme étant les filles de ou les sœurs de, les épouses de ou les muses de, et donc très rares sont celles qui sont passées à la postérité.

Il y a une petite parenthèse enchantée entre 1780 et 1830, période à laquelle est consacrée l’exposition actuellement au Palais du Luxembourg à Paris. Et c’est une période qui est très bien représentée aussi dans les collections permanentes de Bourg-en-Bresse. Mais ensuite, effectivement, il faut attendre l’âge moderne et la fin du XIXe siècle, avec les premières luttes féministes, pour que les femmes s’organisent pour conquérir les mêmes droits, les mêmes accès à la formation, par exemple à l’école nationale des beaux-arts ou au prix de Rome. Avant cela, les femmes étaient acceptées en tant qu’imitatrices, en tant que reproductrices, mais pas en tant que créatrices. Ces femmes de la génération de Valadon, de Camille Claudel, vont donc montrer qu’elles peuvent inventer des formes nouvelles et participer aux avant-gardes »…

Femme aux bas blancs (1924)

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1725. Mariage de Marie Leczinska

Strasbourg, 15 août 1725. Mariage par procuration de Marie Leczinska et de Louis XV.

Personnages principaux de cet épisode de l’Histoire du Royaume de France :

  • Louis XV (1710-1774), roi de France
  • Leczinska Marie (1703-1768), princesse de Pologne, reine de France suite à son mariage avec Louis XV, le 15 août 1725
  • Leczinski Stanislas (1677-1766), père de Marie, roi de Pologne
  • Charles XII (1682-1718), roi de Suède.
Marie Leczinska, d’après Carl Van Loo, Musée historique de Strasbourg. Cliquer sur les images pour les agrandir

Source 1. Extraits de Pierre de Nolhac, Le Mariage de Marie Leczinska, Revue des Deux Mondes, 4e période, tome 158, 1900 (p. 79-119). Source : Wikisource.

« En 1725, vivait sur terre française, à Wissembourg en Basse-Alsace, la famille d’un roi détrôné dont le nom, plus d’une fois mêle à l’histoire guerrière du commencement du siècle, semblait voué désormais au complet oubli.

Stanislas Leczinski (Leszczynski), simple palatin de Posnanie, élu roi de Pologne en 1704, grâce à l’amitié du grand Charles XII, avait partagé la fortune du héros de la Suède. Les revers de Charles avaient mis fin à ce règne, la Pologne ayant dû accepter à nouveau la royauté d’Auguste, électeur de Saxe, appuyé par les armées du tsar Pierre.

Le vainqueur de Pultawa, fidèle à la fraternité des armes, ne laissait point sacrifier entièrement le compagnon qui avait conduit au service de sa gloire la vaillance polonaise. Il lui donnait à gouverner la petite principauté de Deux-Ponts, rattachée momentanément à sa couronne ».

  • Les terres du duché de Deux-Ponts en Lorraine et en Alsace : des terres dispersées. Les ducs de Deux-Ponts, princes possessionnés, possédaient de nombreuses terres en Lorraine et en Alsace, cette dernière devenue province française d’Alsace en 1648 et étendue en 1680 : en particulier le comté de la Petite-Pierre et les bailliages de Seltz (bipontin en 1766, souveraineté française reconnue en 1768), de Bischwiller, de Gutemberg et de Hagenbach (ces deux derniers aujourd’hui en Allemagne). La souveraineté française sur d’autres bailliages bipontins, en particulier entre la Lauter et la Queich (dans l’actuel land allemand de Rhénanie-Palatinat) était disputée, comme pour ceux de Bad Bergzabern, Barbelroth, Wegelnbourg et Annweiler mais aussi au sud de la Lauter pour celui de Cleebourg où la souveraineté française n’est reconnue qu’en 1787.
  • Les ducs de Deux-Ponts ne sont pas seulement des princes possessionnés. Ils peuvent être propriétaires et commandants de régiments alliés au Royaume de France.
Source. Musée historique de Strasbourg

« Leczinski attendait d’abord, dans cet honorable exil, l’heure où le roi de Suède et son allié pourraient rentrer en vainqueurs dans Varsovie et reprendre à l’usurpateur le sceptre des Jagellons.

La mort de son protecteur ruinait bientôt ses espérances et celles du parti qui le soutenait encore en Pologne. Une prompte détresse suivait ce malheur ; il devait abandonner Deux-Ponts, réclamé par l’héritier légitime, et la sœur de Charles XII, devenue reine de Suède, cessait de lui servir sa pension. Il vivait quelque temps de secours plus ou moins déguisés et d’emprunts aux banques de Francfort. Mais son existence même n’était plus en sûreté : les agents du roi Auguste, qui avaient tenté à plusieurs reprises de l’enlever ou de le tuer, recommençaient leurs complots avec des facilités nouvelles.

Il fallait trouver à tout prix un asile : la frontière française était voisine, et la place de Landau le recevait en fugitif avec les siens. Bientôt après, sa demande de séjour était accueillie par le Régent, au nom du petit roi Louis XV, et on lui laissait choisir la ville de l’intendance d’Alsace où il lui plairait de résider sous la sauvegarde bienveillante du roi de France. C’est ainsi qu’au début de 1719, il s’était installé à Wissembourg. Il y gardait ce reste de petite Cour que conservent aux rois déchus le dévouement exalté par l’infortune et aussi l’indéracinable vanité des titres sonores.

Rien ne faisait prévoir que la vie déjà si agitée de Leczinski dût avoir des revirements encore plus étranges que ceux qu’elle avait subis. De simple gentilhomme vivant sur ses terres, il était devenu roi et chef d’armée ; à présent exilé et réduit à mendier sa vie, l’avenir lui ménageait des retours extraordinaires, une royauté encore, puis, de nouveau, les émotions d’un proscrit, enfin, pour couronner ces aventures, une espèce de trône honoraire et les studieux loisirs d’un philosophe ».

Source 2. Extrait de Henry Gauthier-Villars, De Louis XV d’après des documents nouveaux. Correspondance inédite de Stanislas Leczinski, Paris, Librairie Plon, 1900. Chapitre IX : les Leczinski.

Plan du chapitre. Le choix du duc Louis-Henri de Bourbon, chef de la maison de Condé. La famille Leczinski. Histoire de Stanislas. Son règne, sa chute, ses tribulations, sa vie errante. Comment il chercha un refuge en France. Comment il se lia d’amitié avec le comte du Bourg. En quête d’un foyer et d’une pension. A la recherche d’un mari. Ce qu’était la générosité du Régent. La Cour du roi déchu à Wissembourg. Marie Leczinska, sa douceur, sa piété, ses vertus. Difficultés pour la marier. Mme de Prie songe à la donner au duc.

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Carte de France, 1552 à 1798

Carte de France : agrandissement du territoire de 1552 à 1798

Source : Chronologie de la France sous Louis XIV, Wikipédia. Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Mulhouse : ultime territoire intégré dans la France, au cours de la période 1552-1798.

La Réunion de Mulhouse à la France est le rattachement voté par les citoyens de la République de Mulhouse, fondée en 1347 à la toute jeune République française le mars 1798. Le terme a été préféré à ceux de rattachement ou d’annexion. Source : Wikipédia.

1798. Traité de réunion de la république de Mulhausen à la république française. 12 articles. Source : Wikisource

« Le Directoire exécutif de la République française, instruit que les vœux du magistrat, conseils, citoyens et habitants de la république de Mulhausen se déclaraient pour la réunion à la République française et l’incorporation à la grande nation, et voulant donner aux plus anciens alliés de la France une dernière preuve de son amitié généreuse, a nommé le citoyen Jean-Ulric Metzger, membre de l’administration centrale du département du Haut-Rhin, commissaire du gouvernement pour constater les vœux émis pour la réunion, et en stipuler le mode et les conditions :

Pour lequel effet les magistrats, conseils et citoyens de la république de Mulhausen ont nommé pour traiter et stipuler en leur nom MM. Jean Hofer, bourguemestre ; Josué Hofer, syndic ; Paul Huguenin, Jérémie Kœchlin, membres du grand conseil ; Jacques Kœchlin, l’un des Quarante adjoints au grand conseil, et Sébastien Spœrlein, notable, tous de la ville de Mulhausen ; lesquels messieurs les députés sont également, et autant que besoin, particulièrement chargés et autorisés de stipuler pour les habitants d’Illzach et de Modenheim, formant dépendance de la république de Mulhausen ; et le commissaire du gouvernement français s’étant fait constater et certifier par actes authentiques ci – annexés l’émission libre des vœux pour la réunion, les commissaires et députés ont produit et échangé leurs pleins – pouvoirs et sont convenus des articles ci-après :

Article 1er.

La République française accepte le vœu des citoyens de la république de Mulhausen, et celui des habitants de la commune d’Illzach et de son annexe Modenheim, formant une dépendance de Mulhausen, et déclare lesdits citoyens et habitants Français nés…

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C-N. Ledoux, De la cité idéale

Claude-Nicolas Ledoux, Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation, tome 1, ouvrage publié en 1804. Le contexte expliqué par Jean-Michel Leniaud, dans France Archives.

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Claude-Nicolas Ledoux. L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation (1804). Source : extrait du site de la Saline Royale d’Arc-et-Senans.

« Si le demi-cercle de la Saline symbolise à lui seul la cité idéale, c’est en fait L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation (1804) – seul tome publié sur les quatre annoncés – qui offre à la postérité les réflexions et propositions de Claude Nicolas Ledoux pour une société harmonieuse.

Esquissée, pensée dès 1773, dessinée, modifiée, perfectionnée jusqu’à la fin de sa vie, la ville idéale de Chaux a toujours été le rêve secret de Claude Nicolas Ledoux…

Adepte des théories de Rousseau, soucieux de réinstaller la société dans son environnement naturel, Claude Nicolas Ledoux imagina une ville à la campagne, située entre la rivière Loue et la forêt de Chaux. Un cercle complet, exactement le doublement de la Saline d’Arc et Senans. Pour Rousseau, philosophe des lumières, l’Homme est perfectible et s’il est corrompu, c’est par l’immoralité inhérente aux sociétés urbaines. Ce sera donc une ville verte, conçue avec des plantations d’alignement en triple rang qui bordent les routes desservant la province, la superficie des jardins potagers doublée, et des bâtiments intégrés dans la nature au mieux de leur environnement.

Claude Nicolas Ledoux concevra toute sortes de bâtiments nécessaires à la vie sociale, à la vie domestique : marché couvert, bains publics, église, maison de gymnastique et aire de canotage, écoles, université, hospice, ateliers pour les ouvriers de la forêt, maison de convalescence, de tolérance, tel des bâtiments plus moralisateurs à la gloire des vertus humaines : panarethéon ou temple de la vertu, pacifère ou temple de la paix, la maison d’éducation.

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1789. Barrières d’octroi incendiées

1789, Le mur murant Paris rend Paris murmurant. Des Barrières d’octroi sont incendiées dans les jours précédant la prise de la Bastille.

Barrières de Paris (Musée Ledoux, Arc-et-Senans). Cliquer sur les images pour les agrandir

Source 1. Momcilo Markovic, La Révolution aux barrières : l’incendie des barrières de l’octroi à Paris en juillet 1789, Annales historiques de la Révolution française, 372, avril-juin 2013, p. 27-48. Texte intégral en ligne.

Extrait de l’Introduction de l’article. « Si le 14 juillet 1789 a une valeur symbolique dans la mémoire des Français, l’attaque, le pillage, la destruction et l’incendie des nombreuses barrières de l’octroi qui ceinturaient Paris représentent un épisode moins connu. Cette péripétie est reléguée à un niveau moindre, comme si cette phase était la suite logique des tensions qui culminaient depuis le début du mois de juillet et dont l’aboutissement évident serait la prise de la Bastille, aventure qu’il est digne de raconter, car cette dernière marquerait le début du règne de la liberté. De fait, peu de lignes, peu d’explications ont été écrites sur cet événement qui, pourtant, précède la prise de la Bastille…

Barricadé de l’intérieur, enfermé uniquement pour des raisons fiscales, le peuple parisien ne pouvait que constater le gouffre financier que représentait la construction du mur des Fermiers généraux. Le bâillonnement de la population continuait à un moment où le roi lui donnait la parole. Triste paradoxe qui, manifestement, ne pouvait que faire réagir le peuple de Paris.

Les attaques aux barrières se superposent au mécontentement parisien, créant ainsi une dynamique, mélangeant et confrontant des catégories de population distinctes et diverses. La chute de la forteresse vole la vedette aux barrières et occulte presque cet événement négligé. Il faut redonner la juste place qui revient à la chute des barrières et montrer que les incidents du mois de juillet 1789 ne sont pas imputables uniquement à des fraudeurs, comme cela est encore écrit trop souvent. La complexité de la situation durant l’été, où les événements s’entrechoquent et s’enchevêtrent, trouble la vision et empêche de percevoir la réalité et l’importance de la « prise » des barrières.

À bien lire les historiens, le mot « prise » n’est jamais accolé aux barrières. Les auteurs parlent de destruction, d’incendie, mais nullement de la « prise des barrières ». Et si la Bastille à prendre n’était pas uniquement celle que l’on croit être ? En d’autres termes, l’événement majeur de ce mois de juillet 1789 – la prise de la Bastille – doit être apprécié sous un autre angle, où la chute des barrières apporte un autre éclairage, autonome, et prend une place à part ».

Les quatre parties de l’article de Momcilo Markovic :

Source 2. Extraits de l’article de Wikipédia, Le mur des Fermiers généraux

« Nuit du 12 au 13 juillet 1789. L’agitation des Parisiens, qui va les mener à prendre la Bastille le lendemain, les conduit déjà à s’attaquer au mur impopulaire : ils incendient quelques barrières (telle celle de Passy) et percent de nombreuses brèches dans le mur. Jean-Sylvain Bailly, le premier maire de Paris, fait rapidement réparer toutes les dégradations.

Quelques-unes des Barrières de Paris (Musée Ledoux, Arc-et-Senans)

1791 (janvier). Les droits d’entrée dans Paris sont abolis par la Constituante.

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C-N. Ledoux, Barrières de Paris

Claude-Nicolas Ledoux. Construction des Barrières de Paris, 1784-1790. Pour taxer les marchandises entrant dans Paris, création d’un octroi, exigeant la construction du Mur des Fermiers généraux (collecteurs des impôts), appelé également les Barrières de Paris.

4ème chronique sur le célèbre architecte. Les trois précédentes chroniques sur Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) : 35 ans en 1771, le Théâtre de Besançon, la Saline royale d’Arc-et-Senans.

Source 1. Citations de Solange Marin, Imposer les parisiens, article d’Universalis.

« Depuis la fin de la guerre de Cent Ans, les Parisiens étaient exemptés de l’impôt direct : la taille. Ces conditions avantageuses étaient destinées à attirer de nouveaux habitants vers la capitale ravagée et dépeuplée.

 En revanche, la royauté institua un impôt indirect (ou aide) sur la plupart des marchandises entrant dans Paris, et ces taxes augmentèrent au fur et à mesure que croissaient les besoins du Trésor. Les plus élevées et les plus détestées de ces taxes frappaient le vin, breuvage dont les Parisiens faisaient une consommation considérable puisque, si l’on retient le chiffre élevé de 650 000 habitants dans les années 1780, on obtient une moyenne annuelle de plus de cent litres par tête.

Pour échapper à ces droits qui doublaient le prix du vin, la contrebande sévissait sur une grande échelle ; les fraudeurs avaient inventé toutes sortes de moyens dont le plus original était l’emploi de larges tuyaux enterrés qui permettaient de faire passer les barriques sous la barrière de l’octroi. Cette barrière, enfermant depuis le début du siècle les vingt quartiers de Paris, s’avérait à la fois trop étroite et trop perméable.

Aussi la construction d’une nouvelle enceinte aux allures de fortification fut-elle entreprise. Le mur des Fermiers généraux, long de vingt-trois kilomètres, englobait les nouveaux quartiers de l’ouest et les anciens faubourgs, encore partiellement champêtres, et où prospéraient les auberges et guinguettes. Ces établissements vendaient du vin à 3 sous, frelaté et de mauvaise qualité.

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Source 2. Article de Wikipédia, Le mur des Fermiers généraux

Le mur des Fermiers généraux fut l’une des enceintes de Paris, construite juste avant la Révolution, de 1784 à 1790. L’objectif du mur était de permettre la perception par la Ferme générale, aux points de passage, d’un impôt sur les marchandises entrant dans la ville.

Source Wikipédia. Le Mur des Fermiers généraux en 1859 (enceinte en bleu).

Les passages ménagés dans l’enceinte s’appelaient des barrières. La plupart des barrières étaient munies de bâtiments (ou bureaux d’octroi) appelés Propylées par leur concepteur, l’architecte Claude-Nicolas Ledoux.

Caractéristiques.

  • Mur continu (maçonnerie de pierre), interrompu par la Seine, par les barrières et le long du parc Monceau (où, au lieu de construire un mur, on aménagea un fossé).
  • Hauteur du mur : environ 3,24 mètres.
  • Côté intérieur : un chemin de ronde de 11,69 mètres de large.
  • Côté extérieur : boulevards de 29,23 mètres de large.
  • Longueur du tracé du mur initial : sept lieues (24 kilomètres).

Avant 1784. La capitale n’avait pour limites que des murailles informes et grossières, et plus souvent encore de faibles cloisons de planches mal jointes.

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C-N. Ledoux, Saline Arc-et-Senans

Saline Royale d’Arc-et-Senans. Architecte, Claude-Nicolas Ledoux. Dates de la construction : 1775-1779.

Diaporama par Pierre Dubois : 30 photos de la Saline, le 1 juin 2021.

Première partie de la chronique. Histoire de la Saline, en activité de 1779 à 1895. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Seconde partie (cf infra page 2). La Saline, un échec industriel et financier ? Un financement partagé entre public et privé, un coût final plus élevé et une production plus faible que prévus.

Lire également les deux chroniques précédentes : Claude-Nicolas Ledoux, 35 ans en 1771, Claude-Nicolas Ledoux et le Théâtre de Besançon.

Saline d’Arc-et-Senans (photo juin 2021). Cliquer sur les images pour les agrandir

Partie 1. « Au 18ème siècle, le sel était utilisé pour la conservation de certains aliments comme la viande ou le poisson. Un impôt basé sur sa consommation, la gabelle, était perçu par la Ferme générale. La Franche-Comté était une région relativement riche en gisements de sel gemme dans son sous-sol. En conséquence, on trouvait de nombreux puits salés dont on extrayait le sel par ébullition dans des chaudières chauffées au bois. On trouvait de nombreux puits à Salins-les-Bains et à Montmorot. On avait construit les chaudières près de ces puits et l’on amenait le bois des forêts voisines.

Cependant, après de nombreuses années d’exploitation, ces forêts s’appauvrissaient de plus en plus rapidement, et le combustible devait en conséquence parcourir des distances de plus en plus importantes pour être acheminé, ce qui coûtait de plus en plus d’argent. De plus, au fil des années, la teneur en sel de la saumure diminuait.

1771. Claude-Nicolas Ledoux est nommé Commissaire aux salines de Lorraine et de Franche-Comté le 20 septembre par Louis XV. Il a 35 ans.

1773. Mme du Barry appuie sa nomination en tant que membre de l’Académie royale d’architecture, ce qui permet à Claude-Nicolas Ledoux de porter le titre d’Architecte du Roi. C’est ainsi que la construction de la saline royale d’Arc-et-Senans lui est confiée.

En tant que commissaire, il a pour mission d’inspecter les différentes salines de l’Est de la France. Ceci lui permettra de se forger une opinion quant à la physionomie d’une usine efficace.

1773. La décision de construire la nouvelle saline fut prise par un arrêt du Conseil du 29 avril. Le lieu de sa construction fut défini par une commission technique désignée par la Ferme générale : ce sera entre les villages d’Arc et de Senans. Ce site présentait plusieurs intérêts : plaine dégagée, située à proximité de la Loue et de la forêt royale de Chaux, forêt de plus de 40 000 arpents. De plus, la saline pouvait communiquer avec la Méditerranée par le canal de Dole, et avec la mer du Nord par le Rhin. Enfin, la Suisse était relativement proche : un atout important du fait de la forte demande de ce pays en sel.

Projet de maison des surveillants de la source de la Loue

1773. Le roi, en quête d’argent, fait entrer dans la Manutention générale des Salines une société d’entrepreneurs à laquelle il fut accordé une autorisation d’exploitation de 24 ans. Cette société avait des volontés financières et donc de rentabilité. Le projet d’édification approuvé par le roi lui confiait également la construction.

Ledoux planche sur un projet de saline. Il n’a aucune idée de la topographie du lieu où elle serait réalisée, ni aucune indication. Il laisse donc libre cours à son imagination, n’ayant pas à s’affranchir de quelconques difficultés.

Il rompt en mettant en place un projet d’une géométrie implacable : l’enceinte est organisée autour d’une immense place carrée. Les différents bâtiments sont placés tout autour de cette cour, reliés par des portiques. Ainsi, il n’y a en quelque sorte qu’un unique bâtiment. De même, afin d’accélérer les services, la cour est découpée en diagonale par des galeries couvertes, formant une circulation abritée. Les bâtiments devaient être faits de nombreuses colonnes, ainsi que les galeries couvertes qui devaient être soutenues par 144 colonnes doriques ».

Planche 12. L’architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation, Paris, 1804

« C’est cette vision grandiose et luxueuse qui mènera le projet à l’échec : aucun bâtiment industriel de l’époque n’était si imposant. Le roi refuse le projet, en précisant : Pourquoi tant de colonnes, elles ne conviennent qu’aux temples et aux palais des rois.

De plus, un plan carré avait des défauts mis en avant dès l’Antiquité par l’architecte Vitruve : il favorisait la propagation des incendies, était relativement peu hygiénique et la cour avait forcément une de ses parties ombragée au cours de la journée.

Le projet prévoyait la production d’environ 60 000 quintaux de sel par an, ce qui représentait environ 100 000 tonnes d’eau à évaporer par an à raison d’une concentration de 30 grammes de sel par litre de saumure ».

Au final, le premier projet est rejeté par le Roi, appuyé par la Société d’entrepreneurs.

« Claude-Nicolas Ledoux profita de la remise en cause de son premier projet pour en présenter un second profondément différent baptisé Ville de Chaux. Cette fois, les locaux industriels forment un cercle (diamètre, 370 m) ».

… puis seulement un demi-cercle.

« 1774. Le second projet d’édification fut validé par Louis XV le 27 avril, peu de temps avant sa mort, le 10 mai 1774. Louis XVI, son petit-fils, lui succède.

Le plan-masse du projet fut signé par Trudaine le 28 octobre.

1775. La première pierre fut posée le 15 avril.

Les travaux se poursuivirent jusqu’en 1779, date du début de la production.

1790. Conséquence de la Révolution, la Saline intègre la Régie nationale des Salines domaniales de l’Est qui possède dès lors le monopole de l’exploitation du sel gemme de Franche-Comté.

Au 19ème siècle, l’activité périclite, car le rendement n’est pas celui escompté. La concurrence du sel marin acheminé par chemin de fer et la pollution du puits alimentant le village d’Arc amènent la fermeture de la saline en 1895. Elle n’est plus entretenue ».

1779-1895 : la Saline d’Arc-et-Senans produisit du sel gemme pendant 116 ans.

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