Archives mensuelles : mars 2022

R&I Europe. Manuel de l’influence

Recherche & Innovation en Europe. Pour la France… un Manuel de l’influence informelle.

  • Suite de la chronique du 26 mars 2022. Cabinets de Conseil : le brûlot du Sénat. Commission d’enquête, Influence des Cabinets de Conseil sur les politiques publiques, rapport final, mars 2022, 385 pages. Synthèse de 8 pages.

Les Cabinets de Conseil ne sont pas les seuls à influencer les politiques publiques. C’est également le cas des plus grandes entreprises françaises privées au niveau des politiques européennes de Recherche et d’Innovation.  Et ce dans le cadre d’un soi-disant partenariat Public/Privé.

Mars 2022. R&I, Manuel de l’influence informelle. Comprendre pour agir en faveur de la Recherche et l’Innovation en Europe. Fruit des travaux de la mesure 12 du PAPFE, Plan d’action national d’amélioration de la participation française aux dispositifs européens de financement de la recherche et de l’innovation (MESRI, 24 pages).

Cliquer pour découvrir le Manuel d’influence

Influenceurs et influencés : rire ou pleurer des flèches noires figurant sur la droite du schéma.

Extrait de l’introduction du Manuel. « Selon le rapport des inspections de Février 2016, l’influence française est très en-deçà de celle déployée par ses partenaires européens et ne peut être compensée au niveau institutionnel. C’est donc par une présence continue, active et diversifiée que l’influence française peut croître sur les orientations de la recherche et de l’innovation soutenues par l’Union européenne.

Dans le cadre de l’Axe 3 du PAPFE « Renforcer les capacités d’influence française sur le PCRI et sa mise en œuvre », l’objectif de la Mesure 12 est d’influencer la préparation des textes européens de manière informelle. Cette influence informelle doit respecter pleinement le fonctionnement des institutions (aspects éthiques et déontologiques) et doit être conduite en cohérence, voire en coopération, avec les structures de négociation formelle (comités de programme, SGAE, RPUE).

Le Manuel de l’influence, à destination des organismes publics et privés français, vise à assurer une bonne compréhension de ce que l’on entend sous « influence informelle », d’en étudier ses formes, ses limites, et de définir les méthodes, structures et profils des personnes les mieux à même de l’exercer ».

Ce Manuel de l’influence informelle est le fruit de la réflexion de bureaux bruxellois de grandes entreprises privées. La présence du secteur public aurait dû être orchestrée par l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT).

Mais ce n’est pas le cas :

  • le secteur public ne figure pas dans la liste des membres du groupe de travail sur le Manuel

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Crespi dit Lo Spagnolo (1665-1747)

Giuseppe Maria Crespi dit Lo Spagnolo, né le 14 mars 1665 à Bologne où il est mort le 16 juillet 1747, est un peintre et graveur italien.

Le musée des Beaux-arts de Strasbourg possède trois peintures de Crespi :

  • L’Amour vainqueur ou L’Ingegno (vers 1695-1700) : partie 1 de la chronique.
  • Portrait de jeune homme accordant sa pandurina (1700-1710) : partie 2.
  • Le Christ tombé sous la croix (vers 1740) : partie 3.

Diaporama de 17 photos. La 1ère et la dernière photo (les deux tours de Bologne, la statue de Neptune), ainsi que la photo de céroplastie anatomique (partie 4) ont été prises par mes soins. J’ai en effet eu le bonheur de pouvoir travailler à Bologne, 4 mois en 1998 et 2 mois en 2008.

Autoportrait de Crespi, vers 1700, Source Wikipédia

Source : citation de l’article de Wikipédia. « Crespi est le fils de Girolamo Crespi et Isabella Cospi. Il a été surnommé Lo Spagnolo pour son habitude de porter des habits serré,s typiques de la mode espagnole de l’époque.

Élève de Domenico Maria Canuti, il se laisse d’abord imprégner par le naturalisme des Carrache, en particulier par Ludovico, diffusé par Carlo Cesare Malvasia dans la Bologne de l’époque.

Le pape Benoît XIV l’engagea comme peintre personnel, et lui donna le titre de comte palatin ».

Tableau de Pierre Subleyras, 1741 (copie du portrait peint en 1740 par Crespi)

« En 1708, il se présente au grand-prince Ferdinand de Toscane qui l’invite à séjourner à la villa Pratolino en 1709, où il réalisera La Foire de Poggio a Caiano, inspirée d’une œuvre de Jacques Callot ».

Partie 1. L’Amour vainqueur ou L’Ingegno, vers 1695-1700, huile sur toile, 114 x 95 cm. Source : notice du MBA de Strasbourg.

« C’est seulement depuis quelques années que les critiques considèrent Giuseppe Maria Crespi comme l’un des plus remarquables artistes italiens de la première moitié du XVIIIe siècle. Ce fut un peintre très éclectique : il réalisa de grands retables, des natures mortes et des portraits. Le mélange d’attention naturaliste et d’émotion contenue qui apparaît dans son travail, allié à de grandes qualités de luministe, confère à l’œuvre de Crespi une grande originalité.

Ce tableau représente l’Ingegno, personnification de l’esprit d’invention : l’arc et la flèche évoquent son adresse et sa pénétration ; l’aigle et le cimier signifient sa générosité, la hauteur et la justesse de ses vues.

Il est possible de voir ici également le thème de l’Amour vainqueur : il apparaît sous la forme d’un bel adolescent souriant qui, l’arc et les flèches à la main, se désigne lui-même de l’index comme l’éternel vainqueur sur tout ce qui pourrait nous distraire de l’amour, notamment les sciences et les lettres, symbolisées par le livre qu’il écrase de sa main gauche et l’astrolabe placé derrière lui.

La figure, vue à mi-corps, se détache par son intense luminosité sur un fond neutre. L’ensemble de la composition se fond dans la monochromie et le coloris ne joue que sur des subtiles nuances de brun, de jaune, et de beige, que viennent ça et là animer quelques légères touches plus froides. Tout semble être conçu pour mettre en valeur la triomphante et éclatante beauté du personnage ».

Partie 2. Portrait de jeune homme accordant sa pandurina, 1700-1710, Hauteur en cm 81.5, Largeur en cm 69, Huile sur toile (ovale). Source : Pop culture.

« Un jeune homme, vêtu d’une chemise blanche et d’un veston brun-rouge accorde une pandurina posée sur ses genoux. Assis de trois quarts, il est entouré des instruments de ses loisirs : une raquette et un volant sont posés sur une table, une arbalète est laissée contre un mur. Derrière le personnage, un vase avec des fleurs claires prend également place sur une table. Le personnage, unique protagoniste du tableau se détache d’un fond très sombre ».

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Cabinets Conseils. Brûlot du Sénat

Sénat, Commission d’enquête, Influence des Cabinets de Conseil sur les politiques publiques, rapport final, mars 2022, 385 pages. Ce rapport critique est un brûlot.

Commandes de l’État auprès de cabinets de conseils : « Ils ont été pris la main dans le pot de confiture », France Info, Brut, 24 mars 2022, vidéo de 4’05.

Deux parties dans cette chronique. Partie 1. Un exemple d’intervention de Cabinet Conseil : celui de l’université Gustave Eiffel. Partie 2. Extraits du rapport de synthèse.

Partie 1. 90 720 euros HT attribués à l’université Gustave Eiffel.

Acheteur. Établissements et organismes de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Accompagnement dans la mise en place de la fonction financière et comptable de la future université Gustave Eiffel (Marne-La-Vallée).
Financement. 90 720 euros HT.
Source: DECP et Journal Le Monde.

Accompagnement dans la mise en place de la fonction financière et comptable de la future université Gustave Eiffel. Future université : cela signifie que le Cabinet Conseil est intervenu avant 2020, l’université ayant été « ouverte » le 1 janvier de cette même année. Toutes les chroniques du blog sur l’Université Gustave Eiffel.

Je n’ai pas trouvé sur le site de l’université le rapport et les recommandations du Cabinet Conseil. Pas davantage de trace dans le Rapport d’activité 2020.

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Globalement, la fonction financière et comptable est semblable à celle de toutes les universités, sauf sur trois points. Des informations figurent dans l’Organigramme des services.

Trait commun : séparation de l’agence comptable et des services financiers. Celle-ci n’était pas systématique il y a encore une vingtaine d’années. Elle s’est généralisée avec la progression de taille et de regroupement d’universités, la mise en extinction du Corps des CASU, et donc la réservation de la fonction d’Agent comptable à des fonctionnaires du ministère des finances.

Traits distinctifs :

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Le vignoble : 80 espèces virales

L’édition 2022 de la finale Alsace Ma thèse en 180 secondes a eu lieu jeudi 24 mars à l’Université de Strasbourg. Les 11 finalistes ont présenté leurs travaux de recherche devant un public nombreux et enthousiaste. Source : Communiqué de presse de l’université de Strasbourg.

Anne Cousin. 1er prix du jury et prix du public

Institut de biologie moléculaire des plantes. Biologie et biotechnologie des virus de la vigne.

Thèse d’Anne Cousin : Nanocorps pour la détection et la résistance aux virus responsables de maladies de la vigne.

Saviez-vous que la vigne est l’une des cultures les plus fortement touchées par les virus ? A ce jour, on compte près de quatre-vingts espèces virales capables d’infecter nos vignobles. Afin de dépister les plants et de prévenir les maladies, je développe des tests à partir d’anticorps de… lamas.

10 juin 2014. Finale nationale de la 1ère édition de Ma thèse en 180 secondes.

Grâce au rectum d’un ver ; Marie-Charlotte Morin de l’université de Strasbourg avait gagné le prix du jury et le prix du public. Le sujet de thèse : Rôle des protéines lin-15A et rétinoblastome dans la reprogrammation cellulaire directe in vivo chez C.elegans.

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Chr. Guérin, graveur (1758-1831)

Christophe Guérin, peintre et graveur, né à Strasbourg le 14 février 1758 et mort dans la même ville le 27 septembre 1831 à l’âge de 73 ans. Source : citation de l’article de Georges Foessel dans Alsace Histoire, 1989.

Christophe Guérin, dans une famille d’artistes en Alsace.

« 1778 (Christophe Guérin a 20 ans). Étudiant de Jeulain et de P. Muller, il fit son instruction à l’École des Beaux-arts de Paris et obtint en 1778 la 3e médaille.

1783 (25 ans). Il concourut pour le Prix de Rome et obtint à nouveau la 3e médaille.

1788 à 1792 (30 à 34 ans). Il fut, comme son père, graveur de coins, puis maître de la Monnaie de Strasbourg.

Durant la Révolution, alors que la cathédrale elle-même était menacée par les fureurs des fanatiques, il accepta de peindre une déesse Raison et de participer au culte républicain, pour éloigner les périls, en donnant une affectation reconnue au monument.

1803 (45 ans). Il fut nommé par la municipalité, conservateur en chef de la galerie des peintures de la ville, née des dépôts effectués par l’État auprès des grandes villes de France. Il conserva ce poste jusqu’à sa mort en 1831.

Le 19 novembre 1803, il sollicita du conseil municipal la fondation d’une école gratuite de dessin qui serait placée sous sa direction. Le conseil, en date du 27 décembre 1803, en décréta la création et le 18 novembre 1804, la réunit au musée à charge de recevoir un certain nombre d’élèves gratuits, pris dans la classe ouvrière ou indigente, qui seraient nommés chaque année par le conseil municipal.

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1775. La guerre du blé

Suite de la chronique 1774. Le Commerce des grains. Partie 2. La guerre du blé (avril-mai 1775).

Source 1. La guerre des farines, in Les essentiels de Gallica BNF.

« Suite à de mauvaises récoltes de blé, certaines régions françaises souffrent d’une véritable famine, tandis que d’autres, mieux approvisionnées, sont épargnées. En 1774, Turgot provoque une flambée des prix du pain et une disette généralisée en libéralisant le commerce des grains.

C’est l’agitation sur les lieux de distribution des farines, et la révolte gronde contre les commerçants spéculateurs. Une vague d’émeutes, appelée la « guerre des farines », a lieu dans la moitié nord du royaume en avril et mai 1775 : pillages, attaques de dépôts et de boulangeries, entrave des axes fluviaux et routiers. Marchands et fermiers sont généralement visés, mais aussi les représentants directs du pouvoir, meuniers affairistes ou conseillers aux parlements.

Signe avant-coureur de la Révolution, ces émeutes seront finalement enrayées par l’intervention massive des soldats du roi. L’ordre est rétabli par un contrôle des prix du blé et par l’organisation d’un approvisionnement des provinces en difficulté ».

Le Fermier brûlé ou la famille pauvre par François Philippe Charpentier (1734-1817). graveur, BnF, département des Estampes et de la Photographie.

Source 2. La guerre des farines. Larges extraits de l’article de Wikipédia.

« La guerre des farines (l’expression, contemporaine des événements, fut retenue par l’historiographie) désigne une vague d’émeutes survenues d’avril à mai 1775 dans les parties nord, est et ouest du royaume de France. Elle fait suite à une hausse des prix des céréales et consécutivement du pain, supposément du fait de la suppression de la police des grains royale, et des mauvaises récoltes des étés 1773 et 1774. Cette révolte singulière par son échelle fut réglée par un contrôle des prix du blé (avant le retour de l’abondance) et l’intervention de la troupe.

À travers la révolte frumentaire de l’Ancien Régime, se manifeste une crise sociale et politique. Ainsi, ces événements peuvent se lire comme une réaction envers l’édit de Turgot, qui rétablit la libéralisation du commerce des grains sous l’Ancien Régime le 13 septembre 1774 : en effet, cette libéralisation apparaît comme contraire à l’économie morale, rupture par rapport au principe qui exige du roi de veiller à la sécurité de ses sujets et à leur approvisionnement en denrées.

Des analyses récentes tendent à voir cet événement non pas seulement comme une révolte de la faim, mais également comme un prélude à la Révolution française. La guerre des farines peut être considérée, à ce titre, comme un événement prérévolutionnaire ou comme un signe avant-coureur de la Révolution. La guerre dite des farines s’inscrirait dans un mouvement frumentaire plus ancien, et annoncerait les révoltes frumentaires de l’An II ».

La guerre du blé au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique. Florence Gauthier et Guy-Robert Ikni (eds), éditions Kimé, mai 2019, 332 pages.

Causes et étapes de la violence frumentaire

« Lors de la soudure du printemps 1775, les réserves de céréales s’épuisent alors que les nouvelles récoltes ne sont pas encore arrivées. Au printemps 1775, la disette se manifeste dans ce contexte nouveau : avant l’édit de Turgot, chaque région aurait fait face à sa propre pénurie, de sorte que certaines auraient souffert d’une véritable famine tandis que d’autres auraient été totalement épargnées et approvisionnées à des prix stables ; une intervention royale aurait été demandée, et sans doute obtenue, pour assurer l’approvisionnement des régions les plus touchées.

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1774. Le commerce des grains 

Deux chroniques successives.

  • 1. La libéralisation du commerce des grains (1774) : Mably contre Turgot
  • 2. La guerre du blé (1775). Cliquer ici.

23 mars 2022. La sécurité alimentaire est en jeu en Ukraine. France Culture, Le Journal, 12 minutes. « Reportage dans la principale usine de farine de Kiev, qui tourne encore, près d’un mois après le début de l’invasion russe ». Elle traite 450 tonnes de farine par jour. Comment serait qualifié un  bombardement pour arrêter la production de l’usine au prix de morts civils ?

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Partie 1. La libéralisation du commerce des grains sous Louis XV et Louis XVI

Source 1. Louis-Paul Abeille (1719-1807), Principes sur la liberté du commerce des grains, 1768. Gallica BNF.

Source 2. L’édit de Turgot du 13 septembre 1774. Extraits de l’article de Wikipédia sur La libéralisation du commerce des grains sous l’Ancien Régime.

« La libéralisation du commerce des grains sous l’Ancien Régime est une politique économique menée en France à partir de 1763 qui visait la libre circulation des denrées. Aboutissement politique du développement de la pensée des Physiocrates, c’est l’une des premières tentatives de libéralisation de l’économie française, comparable à celles menées en Angleterre, en Espagne ou en Toscane à la même époque ».

Louis XV meut le 10 mai 1774 ; Louis XVI lui succède. « Turgot, proche des physiocrates, est nommé ministre des finances. Son édit du 13 septembre 1774, peu à peu complété par d’autres arrêts, restaure la déclaration de 1763. La liberté du commerce des grains devient quasi complète à l’intérieur du royaume, et il est en projet de restaurer jusqu’à l’édit de 1764 autorisant l’exportation ».

« Le raisonnement est simple : les années ou les régions qui auront connu de bonnes récoltes permettront de créer des réserves qui seront utiles dans les mauvaises années ou aux régions dont la récolte aura été insuffisante. Le stockage et le transport sont donc encouragés, contre l’avis des réglementaristes, qui veulent lutter contre l’accaparement et la spéculation…

De l’expérience menée par Choiseul, Turgot a retenu qu’il est indispensable d’anticiper une éventuelle disette en cas de mauvaise récolte et de cherté des produits céréaliers. Si la situation l’exige, l’État organisera donc des ateliers de charité, grâce auxquels les ouvriers qui auront perdu leur travail, faute de grains à broyer, trier ou nettoyer, pourront, même avec un salaire modeste, continuer à se nourrir et à acheter, ce qui évitera les troubles publics et l’arrêt ou le ralentissement brutal de l’économie. Ces ateliers sont pour Turgot non pas une forme d’assistance humanitaire conçue isolément, mais un des instruments de la politique céréalière…

Le stockage et le transport des grains doivent, dans l’esprit du ministre, être aussi à l’avantage des producteurs. Les profits de ces derniers diminuent en effet dans deux cas de figure : une très faible production qui entraîne une hausse des prix sans que celle-ci compense celle-là, et une production très élevée, qui entraîne une baisse des prix, sans que celle-là compense celle-ci. Dans le premier cas, les stocks seront mobilisés afin de faire tomber les prix ; dans le second cas, le transport vers les régions souffrant de la pénurie résoudra le problème de la surproduction — que Turgot appelle, par un bel oxymore, la misère de la surabondance, et permettra de vendre un peu plus cher. Les exploitants ont donc un intérêt à réguler leur production et à fixer des tarifs raisonnables.

L’édit de Turgo s’inscrit aussi dans une politique économique globale : production céréalière et prix des grains jouent sur l’évolution des salaires, ces derniers baissant automatiquement dans les deux cas de figure évoqués plus haut. Par la libéralisation du commerce des grains, Turgot ne cherche pas moins qu’à donner à la France les moyens de la prospérité générale ».

Source 3. Un opposant à l’édit de Turgot : Gabriel Bonnot de Mably (1709-1785). Extraits d’un article de Wikipédia.

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25 évènements en 1747

Suite des chroniques sur le 18ème siècle, année par année.

25 évènements en 1747, dont 4 principaux et 4 chroniques du blog.

  • Bulle Unigenitus, l’affaire des billets de confession. Opposition du Parlement, des Jansénistes et des Philosophes.
  • Dans la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), les troupes royales françaises continuent de voler de victoire en victoire dans les Pays-Bas autrichiens.
  • École royale des ponts et chaussées, mise en place par Daniel-Charles Trudaine et Perronet.
  • De Machault d’Arnouville est contrôleur général des finances de 1745 à 1754. Pour financer la guerre, il augmente l’impôt dit le Dixième ; le clergé exempté de cet impôt accorde au roi un don gratuit de 11 millions de livres. Émission de 12 millions de rentes viagères à 10 %. Augmentation de la capitation (deux sols par livre), de quatre sols par livre  pour les  droits sur les ports, quais et marchés de Paris. Création d’une  nouvelle loterie royale.

7 janvier : la bulle Unigenitus. Un arrêt du Parlement de Paris ordonne la suppression d’un mandement de l’évêque d’Amiens La Motte qui a interdit à ses curés de donner les sacrements à tous ceux qui ne se sont pas soumis à la constitution Unigenitus. Le 17 février, le Parlement dans un nouvel arrêté rappelle sa doctrine relative à la bulle, mais le roi mécontent mande à Versailles une députation du Parlement pour le 22 février. Peu après un arrêt du Conseil casse l’arrêté du 17 février et réaffirme le caractère intangible de la constitution Unigenitus. Début de l’affaire des refus de sacrements ou des billets de confessions, dans le diocèse d’Amiens puis l’archevêché de Paris (1752). Dirigée contre les jansénistes, elle soulève la question du droit aux sacrements, tenu pour inaliénable et sacré.

10 janvier : disgrâce du Marquis d’Argenson, secrétaire d’État aux affaires étrangères, accusé notamment d’hispanophobie. Il est remplacé par le Marquis de Puysieulx. La ligne dure du régime demeure en vigueur avec le Comte d’Argenson, frère du marquis, resté ministre.

2 février : victoire française de Belle-Isle sur l’Autriche qui fait lever le siège d’Antibes ; les Austro-piémontais et les Anglais repassent le Var.

14 février : à la suite de la création du Corps des ponts et chaussées en 1716, un arrêt du conseil du roi décide le 14 février 1747 de la mise en place d’une formation spécifique des ingénieurs d’État, l’École royale des ponts et chaussées, mise en place par Daniel-Charles Trudaine et Perronet. Renaissance d’un réseau routier cohérent en France.

 23 février : Louis de France (18 ans en 1747), fils aîné de Louis XV (37 ans en 1747) et de Marie Leszczyńska, épouse, en secondes noces, Marie-Josèphe de Saxe, à peine âgée de 15 ans.

12 mars : l’assemblée du clergé réunie à Versailles accorde au roi un don gratuit de 11 millions de livres.

29 mars : naissance à Strasbourg de Jean-Laurent Blessig, prédicateur, responsable d’Église, professeur, philanthrope. Mort à Strasbourg, le 17 février 1816.

17 avril : le gouvernement français, qui pense détenir la supériorité stratégique aux Pays-Bas, rompt les conférences de paix tenues à Bréda et déclare la guerre aux États généraux des Provinces-Unies.

Avril : émeutes frumentaires à Toulouse. Fortes hausses des prix du blé à la suite de récoltes médiocres (1746-1747). Crise de mortalité consécutive, particulièrement dans l’Est et le Midi.

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Strasbourg. Le Sac du NeuBau (1789)

« Le NeuBau (source : Archi-wiki) est un très bel édifice de la Renaissance, construit de 1582 à 1585. Architecte, Hans Schoch, sculpteurs suisses Paul Maurer et Joerg Schmitt. Neue bau (nouvelle construction) car il s’agissait de la première construction civile entièrement en pierre à Strasbourg.

Le Neubau servit d’hôtel de ville pendant 14 ans seulement. Dès l’origine, il accueillait également des commerces au rez-de-chaussée.

Pour les étages supérieurs il faudra attendre 1588 suite à l’accueil d’une délégation Zurichoise. De fait, le Neubau sera le Palais des congrès de Strasbourg jusqu’en 1779.

L’originalité de ce bâtiment réside dans son architecture classique de la Renaissance qui tranchait avec l’architecture locale à colombages. C’est le premier bâtiment en Alsace où l’on voit la superposition canonique des trois ordres antiques. Au-dessus de chaque chapiteau de colonne on trouve des têtes d’hommes reprenant chacune les professions des corporations, rappelant ainsi l’origine commerciale de l’édifice ».

Partie 1. Un évènement révolutionnaire.

Jean-Henri CLESS, Pillage de l’Hôtel de ville de Strasbourg le 21 juillet 1789, Cabinet des dessins et estampes. Source : gravure EV15 3.

Diaporama de 13 photos (Pierre Dubois, octobre 2021).

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« Jean Henri Cless assiste aux soulèvements révolutionnaires qui aboutissent au pillage de l’Hôtel de ville le 21 juillet 1789. Le bâtiment, abritant désormais la Chambre de Commerce et d’Industrie, fut la cible de destructions importantes. Ce dessin, réalisé sur le vif, illustre la violence du moment, avec la défenestration de documents d’archives ou de meubles. Même les tuiles sont arrachées et projetées au sol » (source Cabinet des dessins et estampes).

Après le pillage de juillet 1789, le bâtiment, en 1802, est acheté et rénové par la Chambre de Commerce et d’Industrie.

Le pillage vu par deux voyageurs étrangers contemporains. 1. Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788, 1789.

2. Rodolphe Baudin, Nikolaï Karamzine à Strasbourg. Un écrivain-voyageur russe dans l’Alsace Révolutionnaire, Presses Universitaires de Strasbourg. « Les Lettres d’un voyageur russe (1791-1801) fut le premier récit de voyage littéraire jamais publié en Russie et l’œuvre principale de Nikolaï Karamzine (1766-1826), figure phare du sentimentalisme et premier grand historien de son pays ».

Analyse d’un Historien du 1er quart du 20ème siècle : Rodolphe Reuss (1841-1924). Le sac de l’Hôtel de ville de Strasbourg, juillet 1789. Épisode de l’histoire de la Révolution en Alsace, Revue Historique, Presses Universitaires de France, T. 120, Fascicule 1 (1915), pp. 26-55.

Partie 2. Le Neubau du 16ème au 20ème siècle. Source : larges extraits de l’article de Wikipédia. lire la suite page 2.

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Sélestat. Les maîtres et les élèves

Bibliothèque Humaniste de Sélestat, École latine (1450-1520), Exposition jusqu’au 30 juin 2022. Les Humanistes font la classe. Suite de la chronique : Sélestat. A l’école des Humanistes.

Les maîtres de l’école latine, comme Beatus Rhenanus, enseignent devant des élèves répartis par classe, selon leur âge et selon leur degré de maîtrise du latin. Ils utilisent les ouvrages de la bibliothèque, en font copier des pages sur des cahiers et les commentent. Parmi les maîtres de l’Antiquité figurant dans l’exposition et présentés dans cette chronique : Terence, Suétone, Tertullien, Justinien 1er, Bède le Vénérable.

Diaporama de 25 photos : livres manuscrits ou imprimés, cartels, détails.

Cahier d’écolier de Beatus Rhenanus (1498-1499).

Étude de textes de Virgile, de Martial, d’Ovide

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Les Humanistes de Sélestat. « Le mot Humanitas, en latin, désigne la culture, et c’est pourquoi l’on nommera ceux qui y adhèrent les Humanistes. Cela désigne ainsi une école de la pensée gréco-latine, basée sur le retour aux textes anciens et aux philosophes de l’Antiquité, pour former une éthique fondée sur la dignité de l’homme, pour qu’il se sente maître de son destin, une conception générale de la vie, commune à tout l’Occident, axée sur la croyance, peut-être un peu utopique, au salut de l’homme par lui-même, aidé par le savoir et la culture ».

A. Gregor Reisch, Typus Grammatice, Margarita Philosophica Nova, imprimé à Strasbourg entre 1503 et 1525, Gravure sur bois, New York, Bibliothèque de l’université de Columbia. Source : Utpictura, Aix-Marseille Université.

« Nicostrata, l’inventaire des lettres de l’alphabet qu’elle tient d’une main, ouvre la clef de la tour du banquet philosophique (triclinium philosophiae) pour un enfant qu’elle invite à entrer.

« L’entrée est un accès à la congruitas, c’est–à-dire à l’accord, à la conciliation des catégories grammaticales latines (nombre, personne, genre, cas).

Les deux premiers étages de la tour sont consacrés à l’apprentissage des grammairiens latins, Donatus – 315-380, pour l’ars minor -, et Priscien  – actif de 500 à 530, auteur des Institutiones grammaticae -.

Viennent ensuite trois étages consacrés aux disciplines et aux auteurs du trivium et du quadrivium. D’abord Aristote (383-322 avant J.C) pour la logique, Tullius (c’est-à-dire Cicéron) pour la rhétorique et la poétique (rhetorica poesis) et Boèce pour l’arithmétique.

Puis Pythagore pour la musique, Euclide pour la géométrie et Ptolémée pour l’astronomie.   

Puis le Philosophe (c’est-à-dire Aristote) pour la physique et Sénèque pour la philosophie morale.

Enfin, tout en haut, Pierre Lombard (vers 1100 – 1160) pour la théologie et la métaphysique« .

B. Térence (environ 190-159 avant J.C), auteur de Comédies. Source : Eduscol.

« Térence est considéré comme le plus grand auteur comique latin avec Plaute (environ 254-184 avant J.C), qui était de quelque soixante ans son aîné. L’essentiel de sa vie nous est connu par le témoignage de l’historien Suétone qui a écrit une Vita Terentii (Vie de Térence), ainsi que par les différentes didascalies accompagnant ses œuvres.

Distingué par Caecilius Statius, un vieil auteur comique en renom, Térence fait représenter sa première comédie, L’Andrienne, en 166 avant J.C, la jeune fille de l’île d’Andros  dans les Cyclades. Un jeune homme aime une jeune fille pauvre, mais son père veut qu’il épouse la fille d’un ami, laquelle aime un autre jeune homme. Au dénouement, on découvre que les deux jeunes filles sont sœurs et les deux couples pourront s’unir selon leur cœur.

Terence est désormais accueilli dans la société des grandes familles aristocratiques, adeptes ferventes de l’hellénisme, et devient le poète attitré des cercles érudits. Mais, par jalousie sans doute, on prétend que ses amis Scipion Émilien et Laelius l’aideraient dans ses créations, voire qu’il ne serait que leur prête-nom…

La carrière de Térence, aussi brillante que discutée, demeure fort brève. Après avoir produit six comédies, il quitte Rome, où il ne reviendra plus. Il meurt, à peine âgé d’une trentaine d’années, en 159 avant J.C, au cours d’un voyage en Grèce. Deux versions circulent alors sur les circonstances de sa mort : parti chercher de nouveaux sujets de pièces encore inédites à Rome, il se préparait à ramener les manuscrits de nombreuses comédies de Ménandre qu’il avait traduites (108, dit-on), lorsque le vaisseau transportant ses bagages aurait fait naufrage ; désespéré par cette perte, il serait mort dans le Péloponnèse ».

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