1748. Saxe et Lowendal, maréchaux

Par une curieuse fatalité, ils meurent l’un et l’autre dans cette période de paix qui sépare la guerre de Succession d’Autriche de la guerre de Sept Ans, Maurice de Saxe en novembre 1750 d’un refroidissement dont il n’a pris aucun soin, Lowendal, en mai 1755, d’une blessure au pied mal soignée par un chirurgien qui n’a su empêcher la gangrène. Maurice avait cinquante-quatre ans, Lowendal cinquante-cinq.

Louis XV, le roi sensible, les a pleurés l’un et l’autre. À Maurice de Saxe, couronné de faveurs de son vivant, mais auquel il ne peut donner une messe puisqu’il est resté luthérien, il accorde de grandioses funérailles au temple Saint-Thomas de Strasbourg. Il laisse le régiment de Saxe-Infanterie au comte de Friesen, neveu et héritier du maréchal général. Mais le roi honore la mémoire de Lowendal, qui avait abandonné le luthéranisme pour la religion catholique, il accorde une pension énorme à sa veuve, la comtesse de Stembeck, et donne son régiment à son fils ».

Le Turenne saxon et le nouveau Vauban

Vous n’avez plus ni Saxe, ni Lowendal

« À ces deux hommes de guerre, tous deux étrangers, tous deux les artisans de la gloire de Louis XV au milieu du siècle et en même temps de ce moment bref d’apogée de la puissance française dans le siècle, ne peut être associée la réputation toujours détestable des condottières ou chefs de guerre des armées du siècle précédent, elles aussi souvent conduites pour un souverain par des étrangers.

Ce sont les grands capitaines de la guerre de Trente Ans, Wallenstein en tête, mais aussi à une moindre échelle Tilly ou Spinola, Bernard de Saxe-Weimar ou Koenigsmarck – ascendant de Maurice de Saxe – et tant d’autres, jusqu’à ce que, pour l’armée du roi de France, le relais du commandement soit assuré par Enghien, futur grand Condé, et Turenne et pour l’armée de l’Empereur, après Gallas ou Piccolomini, par Montecuccoli, puis le prince Eugène, qui donnent ses lettres de noblesse au service choisi en France, ou dans l’Empire, ou en Russie, par un prince étranger.

Le siècle n’a pas encore la conception d’une armée nationale, qui commence à exister dans la fin du XVIIIe siècle seulement, une trentaine d’années après la mort de Maurice de Saxe et d’Ulrich de Lowendal.

À ces deux hommes de guerre, un hommage commun a été rendu par Frédéric II, qui, dit-on, aurait répondu à un officier français envoyé par Louis XV dans le cours de la Guerre de Sept Ans, chargé de faire valoir devant le roi de Prusse l’étendue des ressources de la France : « Tout cela est vrai ; mais vous n’avez plus ni Saxe ni Lowendal ».

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