18ème. Ingénieurs, Écoles des mines

18ème siècle. Du charbon aux Écoles des mines. Chronique en 7 parties. 1. Charbon, 2. Mines, 3. La Compagnie des Mines d’Anzin, 4. La formation des ingénieurs, 5. Vers la création d’écoles des Mines, 6. École nationale supérieure des mines de Paris (1783), 7. Montage de 150 diapos : création de l’École des mines dans son contexte historique,

Partie 1. Charbon. Source : extraits de l’article de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, volume 3, 1753, pages 190 à 194.

« Il y a  tout lieu de croire que par des révolutions arrivées à notre globe dans les temps les plus reculés, des forêts entieres de bois résineux ont été englouties & ensevelies dans le sein de la terre, où peu-à-peu & au bout de plusieurs siecles, le bois, après avoir souffert une décomposition, s’est ou changé en un limon, ou en une pierre, qui ont été pénétrés par la matiere résineuse que le bois lui-même contenoit avant sa décomposition.

On trouve du charbon minéral dans presque toutes les parties de l’Europe, & sur-tout en Angleterre : ceux qui se tirent aux environs de Newcastle sont les plus estimés ; aussi font-ils une branche très-considérable du commerce de la grande Bretagne. La Suede & l’Allemagne n’en manquent point, non plus que la France, où il s’en trouve une très-grande quantité de la meilleure espece. Il y en a des mines en Auvergne, en Normandie, en Hainaut, en Lorraine, dans le Forès, & dans le Lyonnois.

Les mines de charbon se rencontrent ordinairement dans des pays montueux & inégaux : on a pour les reconnoître des signes qui leur sont communs avec les autres especes de mines métalliques. Mais ce qui les caractérise plus particulierement, c’est qu’on trouve dans le voisinage des mines de charbon, des pierres chargées d’empreintes de plantes, telles que sont les fougeres, les capillaires, &c. L’air est souvent rempli de vapeurs & d’exhalaisons sulphureuses & bitumineuses, surtout pendant les fortes chaleurs de l’été.

M. Triewald, qui a fourni à l’Académie des Sciences de Stockolm des mémoires très detaillés sur les mines de charbon de terre, donne deux manieres de s’assûrer de leur présence : la premiere consiste à faire l’examen des eaux qui sortent des montagnes, & des endroits où l’on soupçonne qu’il peut y avoir du charbon ; si cette eau est fort chargée d’ochre jaune, qui après avoir été séchée & calcinée, ne soit presque point attirable par l’aimant, on aura raison de fouiller dans ces endroits : la seconde maniere, que les mineurs Anglois regardent comme la plus certaine, & dont ils font un très-grand mystere, est fondée sur ce qu’en Angleterre il se trouve très-souvent de la mine de fer mêlée avec le charbon de terre : on prend donc une ou plusieurs pintes de l’eau qui est chargée d’ochre jaune, on la met dans un vaisseau de terre neuf vernissé, & on la fait évaporer peu-à-peu à un feu très-modéré ; si le sédiment qui reste au fond du vaisseau après l’évaporation est d’une couleur noire, il y aura toute apparence, suivant M. Triewald, que l’eau vient d’un endroit où il y a une mine de charbon. Outre les différentes manieres que nous venons de dire on se sert encore de la sonde ou tarriere ; c’est vraissemblablement la méthode la plus sûre.

Le charbon minéral se trouve ou par couches ou par veines dans le sein de la terre : ces couches varient dans leur épaisseur, qui n’est quelquefois que de deux ou trois pouces ; pour lors elles ne valent point la peine d’être exploitées : d’autres au contraire ont une épaisseur très-considérable. On dit qu’en Scanie, près de Helsingbourg, il y a des couches de charbon de terre qui ont jusqu’à 45 piés d’épaisseur.

Le charbon fossile se rencontre entre plusieurs lits de terres & de pierres de différentes especes ; telles que l’ardoise, le grais, des pierres plus dures, que les Anglois nomment whin ; des pierres à aiguiser, des pierres à chaux, entre-mêlées d’argille, de marne, de sable ».

Partie 2. Mines. Source : extraits de l’article de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, volume 10, 1765, pages 521 à 523.

« Dans l’histoire naturelle du règne, on appelle mine toute substance terreuse ou pierreuse qui contient du métal ; c’est ainsi qu’on appelle mine d’or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un sens moins étendu, on donne le nom de mine à tout métal qui se trouve minéralisé, c’est-à-dire combiné avec le soufre ou avec l’arsenic, ou avec l’un & l’autre à la fois ; combinaison qui lui fait perdre sa forme, son éclat & ses propriétés. »Dans l’histoire naturelle du règne, on appelle mine toute substance terreuse ou pierreuse qui contient du métal ; c’est ainsi qu’on appelle mine d’or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un sens moins étendu, on donne le nom de mine à tout métal qui se trouve minéralisé, c’est-à-dire combiné avec le soufre ou avec l’arsenic, ou avec l’un & l’autre à la fois ; combinaison qui lui fait perdre sa forme, son éclat & ses propriétés.

C’est dans cet état que les métaux se trouvent le plus ordinairement dans les filons ou veines métalliques, alors on dit que ces métaux sont minéralisés, ou dans l’état de mine ; au lieu que quand un métal se trouve dans le sein de la terre sous la forme qui lui est propre, on le nomme métal natif ou métal vierge.

Il y a souvent plusieurs métaux qui sont mêlés & confondus dans une même mine, c’est ainsi qu’on trouve rarement des mines de cuivre qui ne contiennent en même temps une portion de fer ; toutes les mines de plomb contiennent plus ou moins d’argent. Voilà précisément ce qui cause la difficulté de reconnaître les mines au simple coup-d’œil, il faut pour cela des yeux fort accoutumés, quelquefois on est obligé même de recourir au microscope, & souvent encore c’est sans succès, & l’on est forcé de faire l’essai de la mine, quand on veut être assuré de ce qu’elle contient ».

Partie 3. La Compagnie des mines d’Anzin. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« La Compagnie des mines d’Anzin est une ancienne compagnie minière. Elle se distingue par son rôle dans l’histoire économique pour avoir lancé l’exploitation du charbon dans le Nord de la France et avoir ainsi été l’une des premières grandes sociétés industrielles françaises. Elle a été créée à Anzin le 19 novembre 1757 par le vicomte Jacques Désandrouin. Les signatures officialisant sa création ont été faites dans le château de l’Hermitage à Condé-sur-l’Escaut, propriété d’Emmanuel de Croÿ-Solre à l’époque. Elle a exploité ses mines pendant près de deux siècles (1757-1949), jusqu’à la nationalisation des mines. »La Compagnie des mines d’Anzin est une ancienne compagnie minière. Elle se distingue par son rôle dans l’histoire économique pour avoir lancé l’exploitation du charbon dans le Nord de la France et avoir ainsi été l’une des premières grandes sociétés industrielles françaises. Elle a été créée à Anzin le 19 novembre 1757 par le vicomte Jacques Désandrouin. Les signatures officialisant sa création ont été faites dans le château de l’Hermitage à Condé-sur-l’Escaut, propriété d’Emmanuel de Croÿ-Solre à l’époque. Elle a exploité ses mines pendant près de deux siècles (1757-1949), jusqu’à la nationalisation des mines.

1678. A la suite des guerres de conquête de Louis XIV, une partie du Hainaut est rattaché à la France par le traité de Nimègue. Le rattachement à la France pose problème à quelques industries implantées dans la région : leur approvisionnement en charbon dans la région de Mons est compliqué et renchéri par le fait qu’il soit de l’autre côté de la frontière, aux Pays-Bas autrichiens.

1716. Parmi ces industriels, la famille Désandrouin, de Lodelinsart, possède une verrerie à Fresnes, qui est alors du côté belge (et donc autrichien à l’époque) de la frontière. Le vicomte Desandrouin est convaincu que la veine du gisement houiller se poursuit dans le sous-sol côté français et obtient l’autorisation d’entamer des recherches en 1716 après la mort de Louis XIV.

Il en confie la direction à l’ingénieur Jacques Mathieu, le responsable technique de son charbonnage de Lodelinsart, qui traverse la frontière avec toute sa famille et une vingtaine de jeunes gens recrutés à Charleroi.

Ces recherches sont extrêmement difficiles, car le gisement n’affleure pas en surface. De plus, la nappe phréatique se trouvait à une distance relativement faible de la surface. On devait donc, au fur et à mesure qu’on approfondissait les puits, évacuer les eaux.

1720. Une première veine de quatre pieds (à peu près 1,20 m) fut découverte en 1720 à Fresnes-sur-Escaut, à 35 toises de profondeur (à peu près 70 m), dans la pâture de Jeanne Colard, qui donne son nom à la première fosse. Trois fosses y furent exploitées pendant quelques années, mais il s’agissait d’un charbon maigre, qui n’était pas apte à tous les usages. À Noël 1720, le cuvelage de l’une cède, plusieurs associés se retirent et du matériel est vendu.

Cependant, Jacques Desandrouin ne perd pas espoir et fonde une nouvelle société avec une partie des associés qui lui sont fidèles et le soutien de l’État, représenté par l’intendant de Hainaut, René Hérault, de la famille Hérault de Séchelles.

1720-1734. Les travaux furent poursuivis pendant dix ans, en creusant de nouvelles fosses, mais en se déplaçant vers l’est, vers Valenciennes. On trouve à Anzin le premier gisement de houille exploitable de la région en 1734, c’est la « fosse du Pavé » et son charbon gras. De 1720 à 1734, la plupart des 35 puits que l’on trouve sont rentables. Désormais, le Nord de la France devient une grande région productrice de charbon alors que ce dernier était auparavant acheté en Belgique.

1757. La compagnie des mines d’Anzin est créée en 1757 par la fusion de trois des Premiers entrepreneurs du charbon français qui se disputent un territoire proche, le vicomte Jacques Désandrouin, François Marie Le Danois et Emmanuel de Croÿ-Solre, seigneur haut justicier de la région. La Compagnie Desandrouin-Taffin et la Compagnie Desandrouin-Cordier, toutes deux appartenant à Jacques Désandrouin et ses associés, les premiers avoir développé les mines, n’obtiennent que 9 des 24 parts.

La Compagnie des mines d’Anzin est la plus ancienne des grandes mines du Nord, celle qui y a lancé l’exploitation de charbon. Lors de la fusion, elle devient l’une des premières sociétés industrielles d’Europe.

Dès ses débuts, la société profite d’innovations puisque, vers la fin du XVIIIe siècle, ses machines à vapeur lui permettent d’extraire du charbon à 200 mètres de profondeur. « En 1789, la société avec 27 puits, 12 machines à vapeur et 4 000 ouvriers assure le tiers de la production française » de charbon. La Révolution française entraîne des remises en cause du statut de la société qui emploie Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau (en 1791) puis Jean-Jacques-Régis de Cambacérès pour défendre ses intérêts. Elle donne lieu à une profonde modification de l’actionnariat.

Les actifs des nobles émigrés (58 % du capital) sont saisis, rachetés par Désandrouin, et revendus pour bonne part à un groupe de financiers issu de la Compagnie française des Indes orientalesDès lors, grâce à l’appui financier de Sabatier, les Perier prennent progressivement le contrôle des Mines d’Anzin ».

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