1756. Le renversement des alliances

Le renversement des alliances (traité de Westminster et traités de Versailles) prend place en amont de la guerre de sept ans (1756-1763).

Partie 1. Traité de Westminster (16 janvier 1756), alliance entre l’Angleterre et la Prusse, auparavant alliée de la France. Source : Richard Waddington, Revue Historique, T. 58, Fascicule 1 (1895), pp. 1-43 (43 pages), Presses Universitaires de France.

Partie 2. Traités de Versailles (1er mai 1756 et 1er mai 1757). Source : Encyclopédie Larousse

Le traité de Versailles et le renversement des alliances, 1er mai 1756. Source : texte intégral de Jean Berenger, France Archives, 2006.

« Le traité de Versailles du 1er mai 1756, qui concluait une alliance offensive et défensive entre la France et la monarchie autrichienne, a profondément modifié l’équilibre européen jusqu’à la Révolution française. Connu comme le renversement des alliances, il représente en effet un événement historique pour l’Europe des Lumières. Au système diplomatique en vigueur depuis la fin du règne de Louis XIV, qui plaçait la monarchie autrichienne et la Grande-Bretagne dans un camp, la France, la Prusse et la Bavière dans le camp adverse, se substitue désormais une alliance anglo-prussienne s’opposant à une alliance franco-autrichienne.

Les analyses politiques du temps de Richelieu semblaient appartenir au passé depuis le règlement de la succession de Charles II d’Espagne en faveur des Bourbons. La France ne risquait plus l’encerclement par la maison d’Autriche. C’est pourquoi Louis XIV avait, dans les derniers mois de son règne, souhaité un rapprochement avec l’empereur Charles VI, qui s’y refusa. En 1742, après la mort de Charles VI, les adversaires français des Habsbourg, menés par le maréchal de Belle-Isle, firent élire empereur romain germanique l’électeur de Bavière et préparèrent le démembrement de la monarchie autrichienne. Comme l’échec de Charles VII (1742-1745) montra l’impossibilité de créer un tiers-parti en Allemagne, on se demanda à Versailles si l’essor de la Prusse était vraiment conforme aux intérêts français. Le renversement des alliances permettrait de barrer la route à un Frédéric II (1712-1786)  qui ne cachait plus ses ambitions en Europe du Nord. Il permettrait surtout, croyait-on à Versailles, d’empêcher l’expansion coloniale anglaise en laissant à la France toutes ses forces disponibles outre-mer, au moment où les relations franco-anglaises en Amérique du Nord ne cessaient de se détériorer.

L’initiative diplomatique est néanmoins venue de l’impératrice Marie-Thérèse (1717-1780) qui, après les affrontements de la guerre de succession d’Autriche, fit de l’alliance française le pilier de son nouveau système diplomatique. À Vienne, Kaunitz, qui avait négocié la paix d’Aix-la-Chapelle, ne cacha pas les avantages d’un rapprochement avec les Bourbons : la France pourrait rester neutre en cas de guerre austro-prussienne, inévitable si Marie-Thérèse voulait récupérer la Silésie. La mission de Kaunitz, ambassadeur d’Autriche en France de 1750 à 1753, avait été une réussite, car il sut à la fois gagner Mme de Pompadour et déjouer l’hostilité des ministres français, qui demeuraient attachés à l’alliance prussienne. Rappelé à Vienne, Kaunitz fut nommé chancelier d’État et dirigea pendant 40 ans la diplomatie autrichienne. À ce moment l’impératrice Marie-Thérèse, qui voulait à tout prix reconquérir la Silésie, avait compris que la Grande-Bretagne, qui l’avait obligée à céder cette province à la Prusse en 1745, ne l’y aiderait jamais. Or, elle n’osait pas attaquer la Prusse, si elle ne disposait d’aucune aide et si elle n’était pas assurée de la neutralité de ses voisins.

Starhemberg, successeur de Kaunitz à Paris, avait reçu dès 1755 des instructions précises pour négocier un traité d’alliance défensif avec la France. Les ouvertures de Marie-Thérèse furent bien accueillies par le roi et Mme de Pompadour qui joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace. Pendant près d’un an, Starhemberg mena avec l’abbé de Bernis de longues et difficiles conversations secrètes, car il ne fallait pas éveiller les soupçons du ministère, foncièrement anti-autrichien.

C’est alors que Frédéric II accomplit le geste qui devait tout déclencher. Par le traité de Westminster du 16 janvier1756, il manifesta son rapprochement avec la Grande-Bretagne, en s’engageant à ne pas attaquer le Hanovre, qui appartenait au roi d’Angleterre. Même si Frédéric II n’avait pas l’intention d’abandonner l’alliance française, l’alliance prussienne n’était plus d’aucune utilité pour Louis XV (1710-1774), au cas où le roi de Prusse refuserait d’attaquer le Hanovre, possession de Georges II, roi d’Angleterre.

Commentaires fermés sur 1756. Le renversement des alliances

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, C. Outre-Mer, D. Allemagne, E. Droit et Sciences politiques, E. Mobilité internationale

Les commentaires sont fermés.