Présentation de l’exposition La Répétition. Commissariat, Éric de Chassey, directeur général de l‘Institut national d‘histoire de l‘art.
Autre présentation. Youtube (15 minutes 53)

« En 1936, Marie Laurencin peint le tableau La Répétition. À première vue, rien ne s‘y distingue d‘une scène de genre convenue. Un groupe de jeune femme est assemblé ; l‘une tient un livret pour le chant, une autre une guitare pour la musique, une autre encore esquisse un pas de danse, tandis que les deux autres les regardent. Sans en avoir l‘air, ce tableau n‘est rien de moins qu‘une reformulation des Demoiselles d‘Avignon de Pablo Picasso, l‘une des œuvres inaugurales du modernisme : même rideau qu‘ouvre un des modèles, même nombre de figures féminines dans une composition pyramidale, mêmes rythmes chromatiques – un chien remplaçant au premier plan une nature morte. Sauf que, loin de multiplier les hétérogénéités, tout le tableau est marqué par un principe de redoublement.
La répétition n‘est pas seulement le sujet du tableau (une répétition comme il en faut pour qu‘un spectacle soit réussi), elle est aussi sa méthode, incarnée par le fait que tous les visages sont identiques – un redoublement dans le redoublement ».
Répétitions de Victor Brauner et de Marlène Dumas
Partie 1. Victor Brauner. Monsieur K : diaporama de 9 photos
« Son œuvre est loin d’être insensible au climat politique qui devient de plus en plus alarmant ; l’iconographie de l’artiste roumain se caractérise par son opposition à l’oppression totalitaire, autrement dit fasciste. Dès 1932, L’Orateur montre un mannequin terrifiant, tenant fièrement un drapeau, symbole de la montée du nationalisme et s’adressant à une foule qui l’acclame.
Cependant, la figure emblématique de l’alliance entre bourgeoisie et tyrannie est Force de concentration de Monsieur K. (1934) , cette version grotesque d’Ubu, le héros de la pièce d’Alfred Jarry. Symbole du délire du pouvoir et de l’absurdité des hiérarchies politiques, le personnage de Brauner, nu et obèse, au corps recouvert de minuscules poupées en celluloïd, dément le dicton selon lequel le ridicule ne tue pas. À la différence de la caricature politique – que le peintre pratique par ailleurs (Hindenburg, 1935-1936). Monsieur K. est une image universelle de l’autorité écrasante, décrite par André Breton comme l’exemple du combat de l’artiste contre toutes les puissances d’asservissement humain. Breton, à qui Brauner fait, dans une lettre de 1940, cette magnifique déclaration : je suis le rêve, je suis l’inspiration ».
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Biographie et diaporama de 73 photos. Chronique du 23 décembre 2022.

Partie 2. Marlène Dumas. Ressemblances I et II

« Deux corps étendus dans une position similaire, au teint cadavérique, gisent, juxtaposés. Avec Gelijkenis I & II, diptyque de grandeur nature, Marlene Dumas émet une proposition artistique profonde, tant sur la peinture en elle-même que sur notre époque.
Cette œuvre puissante se réfère explicitement aux codes de la peinture religieuse, plus précisément aux représentations du Christ mort. Elle évoque notamment le tableau de Hans Holbein le Jeune (1497-1543) conservé au Kunstmuseum de Bâle, de son iconographie jusqu’à son format. Ce chef-d’œuvre de la peinture hollandaise montre le Christ entre la descente de croix et la résurrection avec un réalisme cru et morbide.
Par ce diptyque, peint avec une palette de tons gris, de verts et de bruns, Marlene Dumas nous invite à une réflexion profonde sur la mort, la rédemption et l’histoire de l’art. Cette œuvre a été présentée pour la première fois en 2007 lors de l’exposition Sequence 1 à Palazzo Grassi à Venise ».
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Biographie et Diaporama de 46 photos.
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