Mme de Pompadour. Guerre de 7 ans

Madame de Pompadour et la guerre de 7 ans (1756-1763).

Sources. Edmond Dziembowski, La guerre de  Sept ans (1756-1763), Pour l’Histoire, Perrin, Ministère de la Défense, janvier 2015, 670 pages.

Louis XV et Madame de Pompadour. Youtube : 50 minutes

Née à Paris le 29 décembre 1721, Madame de Pompadour a 34 ans au début de la  guerre de 7 ans.

Elle est la maîtresse en titre de Louis XV de 1745 à 1751. Après cette période, elle demeure amie et conseillère du roi.

Le 7 février 1756, le roi annonce sa nomination comme Dame du palais de la Reine et la présentation a lieu le lendemain.

Elle reste auprès de lui jusqu’à sa mort le 15 avril 1764, au château de Versailles.

Les sources mobilisées dans cette chronique dressent un portrait très contrasté et vont même jusqu’à ignorer son existence (partie 1). Les Goncourt en 1888 critiquent impitoyablement ses origines non nobles (partie 3). Pour Jean Beranger, historien contemporain, « Madame de Pompadour joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace » (partie 2).

Madame de Pompadour par François Boucher, 1759

Partie 1. Aucune mention d’un rôle joué par Madame de Pompadour

La révolution diplomatique de 1756 : une négociation au sein de l’État royal, Lucien Bély, Books openedition, Expériences de la guerre, pratiques de la paix, Presses universitaires de Rennes, pp. 149-167.

« Nous voyons s’élaborer un discours de substitution qui vient transformer les justifications habituelles de la politique extérieure de la France, sous la pression des événements et de décisions prises dans l’urgence. Cela exige une négociation au cœur même de la sphère gouvernementale, avec l’obligation de concilier des idées contraires, dans une réconciliation inattendue avec un ennemi traditionnel (la dynastie des Habsbourg). Il y a à la fois une évolution lente des conceptions politiques et une réaction face à la situation présente. Le discours royal retrouve quelques références stables : la logique dynastique, la convergence religieuse, la société des princes, l’union des puissances. Mais les risques apparaissent aussi clairement, d’où d’infinies précautions. Si le système ancien est renversé, si un nouveau système d’alliance se dessine, la sagesse diplomatique vient se rappeler à l’audace des princes ».

Partie 2. « Madame de Pompadour joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace« 

Analyse d’un historien contemporain, Jean Bérenger, professeur émérite à l’université de Paris IV-Sorbonne. Le traité de Versailles et le renversement des alliances Versailles, 1er mai 1756, Source : France archives, Commémorations Collection 2006.  

« Le traité de Versailles du 1er mai 1756, qui concluait une alliance offensive et défensive entre la France et la monarchie autrichienne, a profondément modifié l’équilibre européen jusqu’à la Révolution française. Connu comme le renversement des alliances, il représente en effet un événement historique pour l’Europe des Lumières. Au système diplomatique en vigueur depuis la fin du règne de Louis XIV, qui plaçait la monarchie autrichienne et la Grande-Bretagne dans un camp, la France, la Prusse et la Bavière dans le camp adverse, se substitue désormais une alliance anglo-prussienne s’opposant à une alliance franco-autrichienne.

Le renversement des alliances permettrait surtout, croyait-on à Versailles, d’empêcher l’expansion coloniale anglaise en laissant à la France toutes ses forces disponibles outre-mer, au moment où les relations franco-anglaises en Amérique du Nord ne cessaient de se détériorer.

L’initiative diplomatique est néanmoins venue de l’impératrice Marie-Thérèse qui, après les affrontements de la guerre de succession d’Autriche, fit de l’alliance française le pilier de son nouveau système diplomatique. À Vienne, Kaunitz, qui avait négocié la paix d’Aix-la-Chapelle, ne cacha pas les avantages d’un rapprochement avec les Bourbons : la France pourrait rester neutre en cas de guerre austro-prussienne, inévitable si Marie-Thérèse voulait récupérer la Silésie.

La mission de Kaunitz, ambassadeur d’Autriche en France de 1750 à 1753, avait été une réussite, car il sut à la fois gagner Mme de Pompadour et déjouer l’hostilité des ministres français, qui demeuraient attachés à l’alliance prussienne. Rappelé à Vienne, Kaunitz fut nommé chancelier d’État et dirigea pendant 40 ans la diplomatie autrichienne. À ce moment l’impératrice Marie-Thérèse, qui voulait à tout prix reconquérir la Silésie, avait compris que la Grande-Bretagne, qui l’avait obligée à céder cette province à la Prusse en 1745, ne l’y aiderait jamais. Or, elle n’osait pas attaquer la Prusse, si elle ne disposait d’aucune aide et si elle n’était pas assurée de la neutralité de ses voisins.

Starhemberg, successeur de Kaunitz à Paris, avait reçu dès 1755 des instructions précises pour négocier un traité d’alliance défensif avec la France. Les ouvertures de Marie-Thérèse furent bien accueillies par le roi et Mme de Pompadour qui joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace. Pendant près d’un an, Starhemberg mena avec l’abbé de Bernis de longues et difficiles conversations secrètes, car il ne fallait pas éveiller les soupçons du ministère, foncièrement anti-autrichien.

C’est alors que Frédéric II accomplit le geste qui devait tout déclencher. Par le traité de Westminster du16 janvier1756, il manifesta son rapprochement avec la Grande-Bretagne, en s’engageant à ne pas attaquer le Hanovre, qui appartenait au roi d’Angleterre. Même si Frédéric II n’avait pas l’intention d’abandonner l’alliance française, l’alliance prussienne n’était plus d’aucune utilité pour Louis XV, au cas où le roi de Prusse refuserait d’attaquer le Hanovre.

Le résultat de la volte-face prussienne fut le traité de Versailles du 1er mai 1756. Celui-ci garantissait la neutralité des Pays-Bas autrichiens, les possessions réciproques des parties contractantes et prévoyait une aide militaire au partenaire sous forme d’un corps auxiliaire de 24 000 hommes ou d’une aide financière permettant l’entretien d’un effectif équivalent. Marie-Thérèse ratifia le traité dès le 25 mai, mais l’accord demeurait fragile car il choquait profondément l’opinion française et déplaisait aux ministres de Louis XV, Machault d’Arnouville et d’Argenson. Choiseul lui-même, partant en qualité d’ambassadeur à Vienne, ne s’était pas gêné pour montrer tous les inconvénients de l’alliance.

Un second traité fut signé à Versailles le 1er mai 1757 par le nouveau ministère qui, composé de Belle-Isle à la Guerre, de Silhouette au contrôle général des Finances et de l’abbé de Bernis aux Affaires étrangères, était favorable à l’alliance autrichienne. Louis XV promettait de fournir une armée de 130 000 hommes, de verser à Marie-Thérèse un subside annuel de 12 millions de florins (soit 12 millions d’écus) jusqu’à ce que Frédéric II ait restitué à l’Autriche la Silésie. Louis XV versa en fait à Marie-Thérèse pendant plusieurs années 25 à 30 millions de livres tournois, sans lesquels les Impériaux n’auraient pu fournir un gros effort de guerre en Bohême et en Silésie. C’était pour Kaunitz un triomphe diplomatique, qui ne permit pourtant pas à Marie-Thérèse de récupérer la Silésie à la fin de la guerre de Sept ans.

Tout le projet reposait sur une analyse erronée des capacités de résistance de Frédéric II, qui fit face à une vaste coalition continentale regroupant la Russie de la tsarine Élisabeth Petrovna, la Saxe et la Pologne d’Auguste III, la Suède, la France, la monarchie autrichienne et le Saint-Empire, qui avait déclaré la guerre à Frédéric II à la suite de l’agression prussienne contre la Saxe. Si la guerre de Sept ans se traduisit pour la maison de Brandebourg par un véritable « miracle », dont Frédéric II était parfaitement conscient, elle se révéla pour  Louis XV une opération désastreuse, car la France accumula les défaites sur terre et sur mer. Elle eut en effet à combattre sur deux fronts, sans autre but de guerre que d’aider Marie-Thèrèse, alors qu’elle était engagée dans un conflit maritime et colonial.

L’alliance franco-autrichienne de 1756 permit néanmoins la réconciliation des maisons de Bourbon et de Habsbourg-Lorraine même si, de part et d’autre, de vieilles rivalités demeuraient. Elle a en outre apporté un demi-siècle de paix à la Rhénanie, aux Pays-Bas autrichiens, à l’Italie du Nord et aux provinces françaises du Nord-Est et a facilité l’essor économique et culturel de ces régions au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle ».

Partie 3. Madame de Pompadour, La femme implacable

Source. Edmond & Jules de Goncourt, Madame de Pompadour, France Empire, 2012, chapitre XVIII, pp . 330 à 341. Réédition de l’ouvrage de 1888.

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