1770 (24 décembre). Disgrâce de Choiseul.
- suite de Choiseul, 40 ans en 1759
- suite de Disgrâce de Bernis (13 décembre 1758). Celui-ci est remplacé comme principal ministre de Louis XV par Étienne François de Choiseul ; ce dernier le restera pendant 12 ans
24 décembre 1770 : disgrâce de Choiseul. Source : 1770 en France. « Les coteries de cour ont un rôle dans cette disgrâce : les dévots réunissant les filles du roi, La Vauguyon, précepteur du Dauphin, d’Aiguillon, hostiles aux parlements, aux idées éclairées, à l’alliance autrichienne, s’opposent aux Choiseulistes.
Choiseul, exilé sur son domaine de Chanteloup (Touraine), y crée un foyer actif d’opposition. Début du triumvirat du duc d’Aiguillon, de l’abbé Terray et de Maupeou. Louis XV s’efforce, avec le chancelier Maupeou de restaurer l’absolutisme et de poursuivre la politique de réforme fiscale.
Partie 1. Choiseul. L’obsession du pouvoir. Source : Monique Cottret, Éditions Tallandier, 2018, 509 pages.
La chute de Choiseul, grand ministre de Louis XV. Source. Franck Ferrand interviewe Monique Cottret, Europe 1, récit intégral, 42 minutes 12, 4 avril 2018.
Partie 2. Étienne François de Choiseul. Source : extraits de l’article de Wikipédia
« Choiseul, progressivement à partir de la mort de madame de Pompadour en 1764, doit utiliser de manière permanente son habileté à maintenir son pouvoir et son influence sur Louis XV, tant celui-ci était l’objet de stratégies concurrentes pour supplanter l’influence du ministre. Par le moyen de la faveur royale, les coteries et autres clans investissaient en utilisant le moyen d’intrigantes, rêvant pour la plupart à un destin similaire à celui de madame de Pompadour. Choiseul sans cesse écrivit à Louis XV pour devancer les attaques et éviter la disgrâce.
L’autre stratégie déployée par Choiseul était de prévenir de manière raffinée les attaques d’intrigantes, jouets, pour la plupart, des diverses coteries de la cour de Versailles. Ce fut le cas dans l’affaire de madame d’Esparbès : cette dernière, parente de Mme de Pompadour, accordait ses faveurs à de nombreux princes, dont Louis-Henri-Joseph, prince de Condé, puis, Mme de Pompadour étant absente, au roi lui-même. À la mort de la Pompadour, le 15 avril 1764, Louis XV réserva à Mme d’Esparbès un appartement à Marly et un autre à Versailles, au point de la faire presque passer pour sa maîtresse déclarée. Choiseul tenta de lui substituer la duchesse de Gramont, qui avait 34 ans et était de son clan ».
« Les Rohan-Soubise soutinrent quant à eux Mme d’Esparbès qui semblait bien devoir triompher, lorsqu’au printemps 1766, Choiseul introduit dans l’intimité de cette dernière une amie infidèle, qui l’interroge sur ses rapports avec le roi, et obtient des confidences scandaleuses qui furent publiées par les nouvellistes. Le roi, informé par Choiseul, donna sur-le-champ ordre à Mme d’Esparbès de se retirer auprès de son mari.
Après la mort de madame de Pompadour, le duc de Choiseul caressait l’espoir de placer auprès du roi sa sœur, la duchesse de Gramont, ou toute autre femme à leur dévotion. Aussi les Choiseul n’accueillirent-ils pas d’un bon œil l’ascension de la nouvelle favorite Mme Du Barry, qui leur fit perdre une part d’influence auprès du roi. Une créature du clan Choiseul, Pidansat de Mairobert, fut le rédacteur des premières attaques, souvent triviales contre Mme Du Barry. Il suscita des chansons grivoises et même des libelles pornographiques (L’Apprentissage d’une fille de modes, ou L’Apothéose du roi Pétaud).
Par la force des choses, Mme Du Barry se retrouva soutenue par le parti dévot, par le fait même qu’il était hostile à Choiseul qui, pour avoir conclu le mariage du nouveau Dauphin Louis-Auguste et de l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche, semblait encore intouchable (on pensa même régulariser la situation en la faisant officiellement épouser par le roi). Prévenue contre Mme Du Barry dès son arrivée en France en mai 1770 (chronique du blog Goethe et Marie-Antoinette, la dauphine, jeune et entière, lui voua d’emblée un mépris profond en ne lui parlant pas, ce qui était grave quand on vivait à la cour, moins parce qu’elle était favorite royale que parce qu’elle était non agréée par le parti lorrain de la cour (1770).
Membre de la commission pour la réforme fiscale de L’Averdy, l’abbé Terray est remarqué par René-Nicolas de Maupeou, qui le fait nommer contrôleur général des finances en décembre 1769. Terray l’aide à se débarrasser de Choiseul et de son cousin Choiseul-Praslin, le 24 décembre 1770.
Sa disgrâce se dessine progressivement. L’affaire d’Aiguillon-La Chalotais mécontente Louis XV sur l’orientation libérale de son ministre dont la pratique politique s’apparentait à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue.
La connaissance d’une négociation menée secrètement par Choiseul avec Charles III d’Espagne pour une reprise de la guerre contre l’Angleterre, guerre dont le roi ne voulait pas, accéléra la disgrâce du ministre à la fin de 1770.
À cette première cause idéologique s’ajoute une raison liée à l’intimité de Louis XV. Ses ennemis, menés par la comtesse du Barry, maîtresse du roi, et le chancelier Maupeou, eurent raison de lui. Ce dernier se rapproche en effet du clan du Barry et dénonce au Roi la politique de soutien de Choiseul envers les parlementaires. Courroucé, le Roi le fut davantage encore en voyant le duc de Choiseul travailler à susciter une guerre au dehors.
Un incident met un comble à l’indignation royale : le roi et Choiseul se rencontrent dans la galerie des glaces alors que le ministre était suivi d’un cortège à la tête duquel il semblait être un souverain, tandis que Louis XV à peine accompagné semblait un souverain en disgrâce. Cette circonstance décide de la chute de Choiseul, représenté aussitôt comme osant se présenter pour rival du souverain.
A la suite d’humiliations répétées contre Mme Du Barry Louis XV décide le renvoi de Choiseul et des siens, et le fait remplacer par le duc d’Aiguillon.
Le neveu du duc d’Aiguillon remet au duc de Choiseul une lettre par laquelle le Roi l’exilait non seulement avec dureté mais de manière menaçante. Le 24 décembre 1770, Choiseul recevait cette lettre du roi : mon cousin, le mécontentement que me causent vos services me force à vous exiler à Chanteloup, où vous vous rendrez dans vingt-quatre heures. Je vous aurais envoyé beaucoup plus loin, si ce n’était l’estime particulière que j’ai pour Mme la duchesse de Choiseul, dont la santé m’est fort intéressante. Prenez garde que votre conduite ne me fasse prendre un autre parti ; sur ce, je prie Dieu, mon cousin, qu’il vous ait en sa sainte garde. Il reçut l’ordre de se retirer dans son château de Chanteloup près d’Amboise.
En 1771, il doit démissionner de sa charge de colonel général des Suisses. Comme l’écrivit un chroniqueur : jamais un ministre au faîte de la faveur et de la puissance ne fut aussi triomphant que le duc de Choiseul dans sa disgrâce. Malgré tout, le roi Louis XV conserva une haute opinion de Choiseul ; apprenant le démembrement de la Pologne, il s’écria : ah ! Cela ne serait pas arrivé, si Choiseul eût été encore ici. L’impératrice Marie-Thérèse, après avoir formellement déploré cette situation, se satisfît parfaitement du duc d’Aiguillon, qu’elle jugea doué de peu de génie et de talents, sans crédit et harcelé sans cesse par des factions.
Durant son bannissement, Choiseul fut visité par des personnages puissants et apparut comme un véritable chef de l’opposition. Le duc de Choiseul, exilé à Chanteloup, y avait toute la France, observe l’abbé Morellet en 1773. Les libelles fleurirent. Au mois de juillet 1773, Théveneau de Morande, devenu une des créatures du clan Choiseul, s’attaqua alors à la favorite royale, Madame du Barry. Le lieutenant général de police Sartine fait alors perquisitionner les libraires pour connaître l’éditeur. Finalement Théveneau est localisé à Londres, son arrestation échoue et c’est Beaumarchais qui est envoyé, début 1774, pour négocier avec le libelliste. La même année, lors de la constitution du gouvernement de Louis XVI, questionné sur le choix des ministres, Choiseul répond alors : « je ne vois que le comte de Vergennes pour les affaires étrangères ». En effet, malgré ses différends avec Vergennes, celui-ci, issu du courant traditionnel diplomatique du cardinal Fleury, peut être considéré comme le continuateur de la politique de redressement de Choiseul.
Marie-Antoinette considère d’un très mauvais œil le départ de Choiseul, auquel elle pensait devoir son mariage. Pendant toute sa disgrâce, elle lui témoigna une grande fidélité et le fait rappeler à l’avènement de Louis XVI, le 10 mai 1774, lui donnant une audience à Reims au moment du sacre. Cependant, Louis XVI ne pardonnait pas à Choiseul de s’être vivement opposé à son père, le dauphin Louis, à propos de l’expulsion des Jésuites, en 1764, à tel point que lorsque le Dauphin mourut en 1765, le bruit des opposants fit courir la rumeur que Choiseul l’avait fait empoisonner.
Le nouveau roi, cédant aux instances de la reine, lui permet toutefois de revenir à Paris. Il paraît de nouveau à la Cour dès le 12 juin 1774, mais à cette date, Maurepas domine le Conseil et Vergennes occupe le secrétariat d’État aux Affaires étrangères.
Louis XVI lui réserve un accueil maussade, se bornant à lui dire : Monsieur de Choiseul, vous avez perdu une partie de vos cheveux. Choiseul comprend qu’il n’a plus rien à espérer et repart dès le lendemain pour Chanteloup où il meurt onze ans plus tard, en 1785″.
Partie 3. Disgrâce de Choiseul, in Guy Chaussinand-Nogaret, Choiseul, 1998, pages 289 à 304.
« Pour renverser Choiseul, le parti Maupeou fit choix de deux arguments ou plutôt de deux assertions mensongères, fondées sur des ragots et de faux témoignages, mais susceptibles de faire impression sur le roi qui se laisserait aisément persuader qu’un danger imaginaire le guettait et du moins que sa tranquillité, aspiration dernière de ce vieillard pusillanime, était menacée en même temps que l’idylle dubarrienne, devenue l’obsession sénile de ses dernières années.
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