Si l’on parvenait à convaincre le roi que Choiseul était la cause principale de tous ses embarras ; plus encore si l’on trouvait, ou forgeait, des preuves qui le fissent apparaître comme le leader de l’opposition et le meneur du complot parlementaire, son sort serait rapidement réglé.
On pouvait en outre combiner cette accusation avec une autre à laquelle le roi serait très sensible : les négociations anglo-espagnoles auxquelles Choiseul prenait une part si active donnaient lieu à de nombreuses rumeurs ; si l’on pouvait suggérer à Louis XV, qui ne désirait rien tant que la paix, que Choiseul voulait l’entraîner dans la guerre, il n’hésiterait pas à se séparer de lui dans l’instant.
Il n’était pas interdit à des gens sans scrupule de recourir à la calomnie et même, par la falsification de preuves, aux ressources les plus éhontées des mystificateurs. La ligue que la clique anti-Choiseul avait formé avait un allié, ou plutôt un otage dans Mme du Barry ; elle avait aussi un ennemi dans la complaisance du roi pour son ministre que l’accoutumance lui avait rendu nécessaire »…
Partie 4. Moderniser la politique. Source : extraits de L’irrévérencieux et fastueux duc de Choiseul, par Jean-Louis von Hauck. Éditions Hugues de Chivré.
« Moderniser la politique. A travers les multiples facettes de Choiseul, militaire, diplomate, Jean-Louis von Hauck montre bien que le duc a su se rendre indispensable aux affaires étrangères tant il connaissait les personnages clés que ce soit à la cour, à Vienne ou à Rome. Il séduit. Jamais je ne connus un homme qui ait su comme lui répandre dans son entourage la joie et le contentement ; quand il entrait dans un salon, il fouillait dans ses poches et semblait en tirer une abondance intarissable de plaisanteries et de gaieté, dit de lui le baron de Gleichen. Pas étonnant que Voltaire l’appréciait.
Certes charmeur, Choiseul fut aussi un réformateur. Il a impulsé une modernisation de la politique, regroupé à Versailles différents services diplomatiques, explique Jean-Louis von Hauck. Ses qualités d’observateur, développées très jeune, lui ont fait faire la même chose pour l’armée. Grâce à lui, la flotte s’est développée ce dont a profité plus tard Louis XVI. Homme d’exception, Choiseul avait une vision. Il a réussi à réparer les malheurs de la guerre de 7 ans, cette première guerre mondiale avant l’heure.
Mais ses dépenses, son train de vie ? Il avait épousé Louise Honorine Crozat, la femme la plus riche du royaume ! Certes il était vêtu de veste en daim, de damas, de velours brodé d’or, était mieux habillé que quiconque, mais payé avec sa fortune et non celle du royaume. Au roi, il proposait des solutions pour faire des économies, mais Louis XV n’acceptait aucun changement.
Porté par la Pompadour, le destin de Choiseul fut brisé par « la » du Barry mais aussi l’excès de confiance de Choiseul.
Il connut l’exil doré à Chanteloup ; sa légende pouvait continuer. Choiseul a inspiré Talleyrand, fasciné Metternich et Louis XVIII ».