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1763. Rêver une Amérique française

1763. Dernière année de la guerre de Sept ans : les vainqueurs sont les anglais, les vaincus sont les français (perte du Canada). La Guyane devient le dernière rêve de l’Amérique française.

Suite de la chronique 24 décembre 1770. Choiseul exilé. La décision de Choiseul, en 1763, de créer en Guyane une colonie idéale aboutira à un échec retentissant (17 000 morts en deux ans). Il aurait été logique de compter ce fiasco comme facteur de disgrâce du puissant ministre de Louis XV. Ce ne fut pas le cas.

Partie 1. La Guyane, le dernière rêve de l’Amérique française. Source : ouvrage de Marion F. Godfroy, éditions Vendemiaire*, 2014, 318 pages.

« Créer en Guyane une colonie idéale. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants parcourant à pied  les routes de France d’est en ouest pour arriver au port de la Rochelle et de là embarquer pour Cayenne : c’est l’extraordinaire aventure que mit en œuvre, en 1763, le duc de Choiseul, dans l’idée de faire pièce à la domination anglaise outre atlantique, et de créer en Guyane une colonie idéale d’où serait banni l’esclavage…

Une histoire de rivalités internationales, entre la France et l’Angleterre, victorieuse de la guerre de Sept ans et triomphante en Amérique du nord. Une histoire de clans concurrents dans l’orbite du pouvoir, de faveur et de disgrâce, Turgot contre Choiseul, et d’un idéal des Lumières dévoyé.

Bilan : 17 000 morts« .

Partie 2. Les Jésuites en Guyane à partir de 1668. Deux sources :

« Présentation générale des résultats des interventions archéologiques conduites à Loyola, une habitation exploitée par les jésuites en Guyane, à partir de 1668 et jusqu’à leur interdiction en 1763. L’habitation Loyola, située à Rémire, à 10 km de Cayenne, couvre une superficie d’un peu plus de 1 000 hectares. Jusqu’à 500 esclaves y travaillèrent à produire des biens dont les revenus finançaient le grand projet des religieux en Amérique : l’évangélisation des Amérindiens par le biais des missions. Cet établissement illustre, de façon éloquente, la relation particulière qu’entretint l’église catholique avec le système esclavagiste.

Historique de cette habitation et de la place qu’occupaient les missionnaires dans cette aventure coloniale. Les recherches ont mis au jour la maison de maître et ses dépendances, la chapelle et le cimetière, une forge, une poterie, une manufacture sucrière complète (moulins, chaufferie, purgerie et étuve) une caféterie, une indigoterie… Un très abondant mobilier céramique, verrier et métallique a été recueilli au cours des opérations archéologiques ; il permet de préciser les conditions de vie et les relations commerciales de cette habitation, exceptionnelle par ses dimensions mais représentative de l’économie coloniale à cette époque.

Une entreprise de mise en valeur du site est actuellement engagée, elle vise à révéler au public un lieu illustrant, de façon éloquente, la mémoire de l’esclavage en Guyane ».

Partie 3. Histoire de la Guyane au 18ème siècle. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« En 1713, le traité d’Utrecht considère le fleuve Maroni comme la frontière ouest de la Guyane française. Par ce traité, le roi Louis XIV abandonne totalement le bassin de l’Amazone aux Portugais, mais la difficulté à fixer les frontières géographiques en Amazonie va être la source de disputes durant deux siècles. Les deux parties ne cessent de rechercher l’extension de leur territoire respectif par l’installation de postes militaires, de missions religieuses et de comptoirs commerciaux. Ces disputes se termineront en 1900 par un arbitrage suisse qui fixe la frontière entre le Brésil et la France.

Vers 1750, de nombreux Amérindiens s’installent sur le territoire.

En 1762, les Jésuites sont expulsés de la Guyane sur ordre de Louis XV : l’expulsion précède l’implantation en Guyane par la volonté du ministre français Choiseul d’une nouvelle colonie de peuplement ; des milliers de personnes sont envoyées de France pour accélérer de manière décisive la colonisation des terres. Cette politique volontariste échoue car rien n’a été préparé pour les accueillir.

En 1763, une campagne de propagande principalement menée en Alsace et en Lorraine conduit environ 15 000 Français dont 12 000 Alsaciens et Lorrains vers le port de Rochefort, à destination des savanes de l’Ouest guyanais. En effet, après la perte du Québec, Choiseul veut faire de la Côte Sauvage une nouvelle colonie de peuplement afin de réaffirmer la position française en Amérique.

Choiseul, qui s’imagine la Guyane comme un paradis luxuriant, a une méconnaissance totale du terrain. Le projet colonial est réalisé dans l’approximation. Les colons, dont un certain nombre est déjà malade sur le bateau surpeuplé, débarquent à Kourou en pleine saison des pluies et dans les marais. 12 000 colons meurent dans l’année de maladies (dysenterie, fièvre jaune, syphilis, paludisme). L’expédition, menée par Choiseul, est un cuisant échec, le paradis guyanais se transforme en enfer. Une soixantaine de familles de survivants au désastre de Kourou se réfugient sur le petit archipel en face de Kourou, baptisé Îles du Salut pour l’occasion, avant de retourner en France.

En 1776, un gouverneur compétent est enfin nommé. Pierre-Victor Malouët, secondé par l’ingénieur Joseph Guisan, d’origine suisse, entreprend un programme de réforme de l’agriculture et d’aménagement de territoires agricoles. Le territoire va connaître une période de relative prospérité jusqu’à la Révolution française.

À partir de 1792, la Révolution fait de Cayenne un lieu de déportation pour les prêtres réfractaires et les ennemis politiques de la Révolution. Le premier bagne, celui de Sinnamary, est créé. Jusqu’en 1805, le territoire est un lieu de déportation pour les opposants politiques aux différents régimes qui se succèdent en France.

En 1794, la République Française abolit l’esclavage mais remplace les esclaves par les religieux français et belges. C’est le conventionnel André Pomme, premier député de Guyane, qui est à l’origine du projet de déportation des religieux français et belges ».

Partie 4. Guyane Française, Données historiques. Source : université Laval.

« Après 1763, la Guyane était demeurée française à la faveur d’une violente tempête qui avait empêché les Britanniques de s’en emparer. Elle restait donc sur la liste des rares colonies françaises à développer. La perte du Canada pouvait être compensée en quelque sorte par la colonisation de la Guyane. Le duc de Choiseul voulait en faire un nouveau Canada sous le nom de France équinoxiale, parce que la durée des jours et des nuits y reste approximativement la même tout au cours de l’année ».

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Année 1758. Huit chroniques du blog

621ème chronique d’Histoires d’universités sur le 18ème siècle. Pour chaque année, évolution des relations internationales (alliances, mariages, guerres, traités de paix, échanges commerciaux). Évènements climatiques, politiques, économiques, scientifiques, artistiques.

Sources. Année 1758 sur Wikipédia (France, Amérique, Asie, Europe), sur Kronobase (99 dates). Années déjà publiées sur le blog.

1758, troisième année de la guerre de 7 ans (1756-1763).

Disgrâce du Cardinal de Bernis (décembre 1758)

Homme d’État, prélat et écrivain français  (1715-Rome 1794). Protégé par Mme de Pompadour, ambassadeur à Venise (1752), il négocia, à l’instigation de Louis XV, l’alliance franco-autrichienne consacrée par le premier traité de Versailles (1756), qui préluda à la guerre de Sept Ans.

Nommé lors de ce conflit secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1757), il s’opposa à la poursuite des hostilités après la défaite de Rossbach (1757), ce qui provoqua sa disgrâce (1758). Nommé cardinal (1758) puis archevêque d’Albi (1764), il fut envoyé en ambassade à Rome (1768-1791), où il négocia avec Clément XIV la suppression de la Compagnie de Jésus.

1754-1758. Saint-Jean, Sarrebruck

La Basilique Saint-Jean est une église catholique située sur le marché Saint-Jean.Diaporama de 43 photos. Au XVIIIe siècle, sous la domination française de Louis XIV, la population catholique s’accrut. Le pouvoir en place finança alors la construction de la basilique, qui était le seul édifice religieux construit depuis cent ans. Celui-ci fut construit à la place de la chapelle du même nom par l’architecte Frédéric-Joachim Stengel entre 1754 et 1758.

Après que l’emplacement et le style du nouvel édifice aient été déterminés, les dons sont recueillis pour financer les coûts de construction. Parmi ceux-ci, Claude Charles de Rouvroy de Saint-Simon  (1695-1760), évêque (1733-1760) de Metz, fait don de 1 000 francs pour le maître-autel alors que le prince Wilhelm Heinrich fait don du bois en provenance de sa  forêt privée. Quelle que soit leur allégeance religieuse, tous les résidents doivent participer aux corvées sur le site.

1740-1758. Benoit XIV, pape

Prospero Lorenzo Lambertini, né le 31 mars 1675 à Bologne, est le troisième enfant d’une famille noble des États pontificaux. Il devient pape en 1740 sous le nom de Benoît XIV. Il meurt le 3 mai 1758 à Rome.

Pape Moderne et Conservateur. Législateur de l’Église moderne, Benoit XIV a marqué le XVIIIe siècle par son long pontificat de dix-huit ans et par son ouverture d’esprit au siècle des Lumières. C’est un pape moderne qui tente de calmer les querelles religieuses, de ramener l’Église grecque et l’Église arménienne dans le giron de Rome, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, il adoucit les rigueurs que l’on exerçait sur les jansénistes.

Féru de sciences (en particulier de physique, de chimie, de mathématiques), il autorise les œuvres sur les nouvelles représentations du monde (héliocentrisme à cette époque). Devant la preuve optique de la trajectoire orbitale de la Terre apportée par James Bradley, il fait accorder par le Saint-Office l’imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée.

Christophe Guérin, graveur (1758-1831)

Christophe Guérin, peintre et graveur, né à Strasbourg le 14 février 1758 et mort dans la même ville le 27 septembre 1831 à l’âge de 73 ans.

Christophe Guérin, dans une famille d’artistes en Alsace.

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Joseph II, empereur de 1765 à 1790

Joseph de Habsbourg-Lorraine, puis Joseph II, né le 13 mars 1741 à Vienne et décédé le 20 février 1790 dans la même ville, était un Empereur du Saint-Empire Romain Germanique de 1765 à 1790. Source : extraits de l’article de Wikipédia. Lire aussi : François Fejtö, Joseph II, Un Habsbourg révolutionnaire, Librairie Académique Perrin, 1982, 384 pages.

« Joseph  était le fils aîné de François de Lorraine et de Marie-Thérèse d’Autriche. De ses deux mariages, il n’eut pas d’enfant qui ait survécu ».

« Il est élu empereur des Romains à la mort de son père en 1765 et devient corégent des possessions héréditaires des Habsbourg d’Autriche dont il hérite en 1780, à la mort de sa mère ».

« Joseph II se montra un souverain moderne et réformiste. Mais ses réformes, trop rapides, n’ont été ni comprises ni acceptées par ses sujets. Il s’allia à la Prusse et à l’Empire russe pour dépecer la Pologne (1772) et faillit déclencher une guerre européenne en 1778 en voulant s’emparer de la Bavière. Il tenta d’influencer la politique étrangère de la France grâce à sa sœur Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI. Il essaya également de démembrer l’Empire ottoman en s’alliant à l’Empire russe ».

« Baptisé par un historien d’empereur révolutionnaire, l’œuvre réformatrice de Joseph II est énorme : il publia plus de 6 000 décrets et 11 000 lois en 10 ans. Elle touche tous les domaines. Sitôt maître absolu, il voulut imposer ses réformes en commençant par mettre fin à cette république de femmes qu’était la cour et il renvoya ses deux sœurs Marie-Anne et Marie-Élisabeth dans leurs couvents. D’abord religieuses, inspirées de l’Aufklärung, les réformes politiques consistaient à soumettre l’Église à l’État : réduction du nombre de séminaires, suppression de congrégations et d’ordres contemplatifs jugés inutiles, tolérance à l’égard des chrétiens non catholiques… Ces réformes inquiétèrent si fortement le Saint-Siège que le pape Pie VI fit en personne le voyage depuis Rome pour inciter l’empereur à revenir sur ses intentions.

Il achève de démanteler l’arsenal juridique dédié à la magie noire et la sorcellerie en 1787, achevant l’œuvre entamée par sa mère Marie-Thérèse dès 1740 avec le décret spécifiant que toutes les affaires de sorcellerie relèvent uniquement de la juridiction impériale. En 1766, ce décret avait été renforcé par une Ordonnance générale sur l’attitude à adopter.

Parmi les autres réformes entreprises par ce roi inspiré par l’esprit des Lumières, il faut citer sa réforme territoriale de l’administration, la création d’un statut de la fonction publique réservée aux titulaires de titres universitaires et non plus à la noblesse du royaume, une réforme totale de l’enseignement imitée de Frédéric II, l’instauration d’un mariage civil, la suppression des jurandes, l’abolition du servage et des monopoles de vente seigneuriaux, la possibilité du rachat des corvées, l’accession à la propriété des paysans en tenure.

La réforme la plus audacieuse pour l’époque fut l’institution d’un impôt de quotité (par tête) payable par tous les propriétaires, sans exception, et basé sur un cadastre général. Joseph II entreprend par là de supprimer les privilèges de la noblesse et du clergé. Cette réforme passe généralement comme inspirée par les idées fiscales de la physiocratie et Joseph est parfois même qualifié par les historiens d’empereur physiocrate. En réalité, il mène des réformes principalement mercantilistes et connaît assez mal les théories des physiocrates.

Par ses réformes, il sème le trouble dans la monarchie habsbourgeoise. Ses successeurs reviendront sur la plupart d’entre elles, profitant de son décès le 19 février 1790, d’autant que la Révolution française inquiète de plus en plus l’élite autrichienne et que s’amorce une réaction contre les événements parisiens.

Menant une vie austère et sans fastes, voyageant incognito sans protocole, Joseph II, souverain absolutiste et réformateur, est un exemple parfait de despote éclairé. D’ailleurs, il était admiré par les physiocrates, partisans du despotisme légal.

Il mourut en 1790, à quarante-huit ans, dans la tristesse, sans postérité, incompris, ayant fait l’unanimité contre lui ».

Faute de descendance, il a été suivi sur le trône par son frère Léopold II, jusque-là grand-duc de Toscane. Il ne sera empereur qu’un an et 6 mois. Son fils aîné lui succédera : FRANÇOIS II (1768-1835) empereur germanique (1792-1806), puis FRANÇOIS Ier empereur d’Autriche (1804-1835).

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Disgrâce de Bernis (décembre 1758)

Disgrâce du Cardinal de Bernis (décembre 1758).

Partie 1. Le contexte : la guerre de Sept ans. Source. Pages 340-346 du livre d’Edmond Dziembowski, La guerre de  Sept ans (1756-1763), Pour l’Histoire, Perrin, Ministère de la Défense, janvier 2015, 670 pages.

Partie 2. François Joachim de Pierre, cardinal de Bernis. Source : article du Larousse.

« Homme d’État, prélat et écrivain français  (1715-Rome 1794). Protégé par Mme de Pompadour, ambassadeur à Venise (1752), il négocia, à l’instigation de Louis XV, l’alliance franco-autrichienne consacrée par le premier traité de Versailles (1756), qui préluda à la guerre de Sept Ans.

Nommé lors de ce conflit secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1757), il s’opposa à la poursuite des hostilités après la défaite de Rossbach (1757), ce qui provoqua sa disgrâce (1758). Nommé cardinal (1758) puis archevêque d’Albi (1764), il fut envoyé en ambassade à Rome (1768-1791), où il négocia avec Clément XIV la suppression de la Compagnie de Jésus. Outre des poésies, il a laissé des Mémoires ».

Partie 3. La disgrâce de Bernis. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis, né le 22 mai 1715 à Saint-Marcel-d’Ardèche et mort le 3 novembre 1794 à Rome, est un diplomate, homme de lettres et prélat français qui fut ambassadeur à Venise (1752-1755), ministre d’État (1757), secrétaire d’État des Affaires étrangères (1757-1758) et enfin chargé d’affaires auprès du Saint-Siège (1769-1791).

En juin 1757, Bernis remplace Antoine Louis Rouillé comme secrétaire d’État des Affaires étrangères. Son ministère est d’abord placé sous les meilleures auspices, compte tenu des premières victoires françaises de la guerre de Sept ans. Mais il se rend vite compte que la France n’est pas en état de sortir victorieuse du conflit, et a la naïveté de faire part de ses doutes à Choiseul, alors ambassadeur de France à Vienne. La défaite de Rossbach le 5 novembre 1757 signe un tournant de la guerre. Dès lors, Bernis ne va cesser de prôner une issue rapide et pacifique du conflit pour limiter les pertes françaises. La marquise de Pompadour et Choiseul se retournent alors contre lui pour défendre la poursuite de la guerre et gagner en influence auprès du roi.

Vers la disgrâce

En octobre 1758, Bernis redouble de naïveté en offrant au roi sa démission et son remplacement par Choiseul : il espère en retour se voir confier la direction d’un comité central des ministres qui travaillerait à une restauration des finances de la monarchie. Le 30 novembre, Bernis reçoit la barrette de cardinal, négociée avec Rome depuis plusieurs mois. Mais le 13 décembre 1758, Louis XV fait parvenir au nouveau cardinal une lettre de cachet qui lui enjoint de s’exiler dans l’une de ses abbayes de province. Choiseul prend alors la tête des Affaires étrangères, la France s’enfonce dans la guerre et signe en 1763 le traité de Paris qui la prive de l’essentiel de ses possessions coloniales au profit de l’Angleterre.

L’exil et l’archevêché d’Albi.

Comme lieu de son exil, Bernis choisit le château de Vic-sur-Aisne, qui dépendait de son abbaye de Saint-Médard de Soissons reçue en 1756. C’est donc à Soissons qu’il se fait ordonner prêtre en septembre 1760. Depuis son lieu d’exil, Bernis cultive sa correspondance avec Voltaire, et entame la rédaction de ses Mémoires, dictés à sa nièce la marquise du Puy-Montbrun, dans lesquelles il cherche à justifier son action politique. Il reçoit à partir de 1762 l’autorisation de rendre visite à sa famille en Ardèche et en Languedoc, puis celle de séjourner à la Cour.

En 1764, Léopold-Charles de Choiseul-Stainville, frère cadet du ministre, quitte l’évêché d’Albi pour celui de Cambrai. Le duc de Choiseul œuvre alors à ce que Bernis prenne sa place. Devenu maître du puissant archevêché d’Albi, le cardinal s’y révèle un excellent administrateur, faisant planter des vignes, tracer des routes, et s’occupant des charités publiques. Grâce à de copieux bénéfices ecclésiastiques, il peut mener grand train au palais de la Berbie, où il confie à l’abbé Gabriel Cavaziez la gestion de son importante bibliothèque. Parallèlement, il passe une partie de ses étés en Lozère au château de Salgas, auprès de sa sœur Françoise-Hélène de Pierre de Bernis ».

Partie 4. Bernis. Renforcer le Gouvernement. Source : Books Openedition.

« De retour à Versailles à l’été 1755 après son ambassade de Venise où il s’était appliqué à acquérir « la réputation d’un ambassadeur le mérite », Bernis se dit effrayé de la situation de l’État. Sans doute, accentue-t-il les traits dans ses Mémoires pour augmenter, par un effet de contraste, l’ampleur du redressement qu’il tentera de réaliser au ministère. « Les finances du royaume […] n’avaient que l’apparence de la bonne administration ; car, depuis le traité Aix-la-Chapelle, l’État avait dépensé tous les ans bien au-delà de ses revenus […] tout l’argent du royaume se trouvait entre les mains des financiers. Le commerce était florissant, mais sans protection de la part de la marine guerrière […] Notre milice, quoique assez nombreuse, n’était ni bien composée ni bien disciplinée, et nos places frontières mal pourvues et mal réparées […] Point d’union dans le Conseil, guerre ouverte entre M. d’Argenson et M. de Machault […] le débordement du luxe le plus scandaleux, la misère du peuple, nulle vraie lumière dans le Conseil, aucun courage de citoyen à la Cour, nuls généraux de terre ni de mer à la veille de la guerre ».

Issu de l’entourage de Madame de Pompadour, Bernis est choisi par le roi pour la négociation délicate et secrète du renversement des alliances sur l’échiquier européen qui devait se conclure par « ce chef d’œuvre de sagesse et de politique » que fut, selon Bernis, la signature du traité de Versailles le 1er mai 1756. Artisan de ce rapprochement entre la France et l’Autriche qui allait entraîner la guerre de sept ans contre la Prusse de Frédéric II, Bernis connaît alors une ascension politique rapide ».

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Année 1757. Neuf chroniques du blog

613ème chronique d’Histoires d’universités sur le 18ème siècle. Pour chaque année, évolution des relations internationales (alliances, mariages, guerres, traités de paix, échanges commerciaux). Évènements climatiques, politiques, économiques, scientifiques, artistiques.

Sources. Année 1757 sur Wikipédia (France, Amérique, Asie, Europe), sur Kronobase (107 dates).

Années déjà publiées sur le blog.

1757, deuxième année de la guerre de 7 ans (1756-1763).

Présentation de l’ouvrage

Michel Adanson, 30 ans en 1757

Michel Adanson (1727-1806), naturaliste, explorateur du Sénégal. Il a exploré des régions peu connues des Européens, comme le Sénégal ou les Açores. Principalement botaniste, systématicien original, auteur d’un mémoire célèbre sur le baobab, il a aussi apporté des contributions à la zoologie, à la géographie, à l’ethnographie et aux recherches sur l’électricité. Adanson suivit les cours de Ferchault de Réaumur et de Bernard de Jussieu au Jardin du roi, ancêtre du Muséum national d’histoire naturelle.

1757-1759. Le Poêle du Miroir

Ancien hôtel de la tribu des Marchands ou poêle du Miroir, 29 rue des serruriers à Strasbourg. Diaporama de 30 photos  La riche corporation des marchands et des négociants installe son poêle dans la maison Zu dem Spiegel, citée dans les archives dès 1367. L’immeuble est reconstruit de 1757 à 1759 dans le style Louis XV. Il forme un quadrilatère irrégulier de trois façades donnant sur les rues du Miroir, des Serruriers et Gutenberg . Le maître d’œuvre de la tribu est le maître maçon Jean Louis Müller. Les fonds nécessaires sont avancés par le Quinze Dietrich.

1757 et 1783. Haguenau, Hôpitaux

1757. Reconstruction de l’Hôpital civil de Haguenau : nouveau bâtiment, imaginé par Georges-Joseph Barth. 1783-1788. Construction de l’Hôpital militaire. Le bâtiment est construit à l’initiative de l’Intendant d’Alsace, Antoine de Chaumont de la Galaizière, sur les plans de Charpentier, directeur des Ponts et Chaussées. Il est destiné aux militaires de la province ainsi qu’aux bourgeois de Haguenau. Le plan de l’hôpital est conçu pour être un bâtiment fonctionnel et régulier. Le bâtiment de style de Louis XVI est émaillé de motifs néo-classiques.

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1757-1780. Soufflot, le Panthéon

Prévu à l’origine, au XVIIIe siècle, pour être une église qui abriterait la châsse de sainte Geneviève, le Panthéon a depuis la Révolution française vocation à honorer de grands personnages ayant marqué l’Histoire de France. Les premiers à y être transférés en grande pompe furent Mirabeau, suivi de Voltaire et de Jean-Jacques Rousseau. Diaporama de 15 photos : le Panthéon, l’Église Sainte-Geneviève. La façade principale est décorée d’un portique aux colonnes corinthiennes, surmonté d’un fronton triangulaire réalisé par David d’Angers.

Turgot (1727-1781), 30 ans en 1757

Anne Robert Jacques Turgot, baron de l’Aulne (1727-1781), 30 ans en 1757. 30 années au cours desquelles Turgot suit une trajectoire fidèle à ses origines familiales. En tant que cadet, il est destiné à entrer dans les Ordres, mais y renonce à l’âge de 22 ans. Il commence alors une carrière juridico-administrative : maître des requêtes à l’âge de 26 ans, intendant de la Généralité de Limoges à l’âge de 34 ans. En parallèle, il publie de nombreux ouvrages en économie et en science politique.

1757-1774. Strasbourg : Collège royal, Séminaire, puis Lycée public

En 1919, le Lycée public prend le nom de Fustel de Coulanges. Album de 15 photos. Divers plans sont proposés entre 1755 et 1757 par les architectes Le Mire, Joseph Massol et Saint Martin. Finalement choisis, les plans de Le Mire sont exécutés de 1757 à 1759, sous la direction de Massol, architecte de l’évêché. L’expulsion des jésuites de France, en 1762, transforme l’établissement en collège royal. Entièrement en pierre de taille de grès rouge, la façade sur la place est animée par des saillies matérialisées par des chaînages à refends, surmontée de frontons curvilignes.

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La guerre de Sept Ans en Europe

Partie 1. Les prémisses de la guerre. Source : extraits d’un article de Wikipédia.

« Le début de la guerre de Sept Ans est traditionnellement daté du 29 août 1756, jour de l’attaque de la Saxe par Frédéric II, qui fait le choix de devancer une offensive autrichienne visant à reprendre la Silésie. Cependant, l’affrontement avait débuté plus tôt dans les colonies d’Amérique du Nord.

En Europe continentale, une zone de friction importante existe entre la Prusse de Frédéric II et l’Autriche de Marie-Thérèse : la Silésie, province riche, peuplée et développée, conquise en 1742 par la Prusse, au début de la guerre de Succession d’Autriche. Au terme de cette guerre, Marie-Thérèse s’est trouvée confirmée à la tête des États patrimoniaux de la maison de Habsbourg (Hongrie, Bohême, duchés autrichiens, etc.) et son époux François de Lorraine a été élu empereur en 1745, mais Frédéric II conserve la Silésie. En 1754, Marie-Thérèse n’accepte toujours pas la perte de cette province.

Sous la houlette de Frédéric Ier, puis de Frédéric II à partir de 1740, la Prusse s’est imposée comme un acteur majeur en Europe centrale. Constituée de territoires morcelés, elle dispose de moyens humains et économiques limités, mais son armée est très disciplinée et bien entraînée. Frédéric II est de plus un excellent stratège et tacticien.

Sur le plan diplomatique, Frédéric II redoute d’être encerclé par une coalition de la Russie, de l’Autriche et de la Saxe, l’électeur de Saxe, Auguste III, étant aussi en tant que roi de Pologne élu à la tête de la République des Deux Nations (Pologne et Lituanie) ».

« Frédéric, voulant éviter un rapprochement entre la Grande-Bretagne et la Russie, propose ses services pour protéger le Hanovre de Georges II, également roi d’Angleterre. La Prusse et l’Angleterre concluent un accord sans contenu précis, la convention de Westminster, le 1er janvier 1756. Cet accord provoque le mécontentement de la France, jusque-là alliée de la Prusse, et entraîne son rapprochement avec l’Autriche. Cependant, même avec les subsides britanniques, l’armée prussienne est en infériorité numérique et en position stratégique délicate face à ses adversaires ».

Partie 2. La Saxe attaquée, vaincue par la Prusse (septembre 1756) et soumise.

« La Prusse, informée par ses espions que l’Autriche et la Russie mobilisent leurs armées, décide de prendre les devants et attaque la Saxe (septembre 1756).

Elle est en position d’infériorité face à l’alliance de l’Autriche, de la Russie et de la Saxe, mais peut compter sur une armée tout à fait opérationnelle. Son idée maîtresse est de profiter de sa position centrale pour vaincre séparément les trois alliés sur un terrain de son choix.

Sa première cible est l’électorat de Saxe, un pays riche mais dont les forces armées sont limitées. Une fois la décision prise, l’armée prussienne envahit la Saxe, occupant rapidement Dresde, la capitale (9 septembre), tandis que l’armée saxonne (18 000 hommes) se replie dans la forteresse de Pirna. Il bat ensuite à Lobositz une armée autrichienne venant au secours des Saxons (1er octobre), subissant de lourdes pertes, puis met le siège devant Pirna qui capitule le 14 octobre.

  • La bataille de Lobositz marque le début de la guerre de Sept Ans : elle voit s’affronter, le 1er octobre 1756, l’armée de Prusse forte de 29 000 hommes menée par Frédéric II et une armée autrichienne de 34 000 hommes menée par von Browne. La bataille se solde par une victoire de la Prusse, qui est parvenue à empêcher la jonction de l’armée autrichienne avec l’armée assiégée de ses alliés saxons… Malgré des pertes équivalentes et une retraite en bon ordre de l’armée autrichienne, c’est un succès stratégique pour les Prussiens qui empêchent les Saxons assiégés à Pirna de recevoir des renforts, ce qui conduit à la reddition de l’armée saxonne le 14 octobre, le duché de Saxe reconnaissant sa défaite dès le lendemain.

Cette campagne victorieuse a pris plus de temps que prévu : l’armée prussienne renonce à la poursuivre et prend ses quartiers d’hiver. Elle occupe une bonne partie de la Saxe. Auguste III et Heinrich von Brühl, son premier ministre, trouvent refuge à Varsovie ; en revanche, l’épouse d’Auguste, Marie-Josèphe d’Autriche, reste dans Dresde occupée, où elle mourra le 17 novembre 1757. Pendant le conflit, la Saxe fournira environ un tiers des revenus de la monarchie prussienne. Les soldats saxons faits prisonniers à Pirna sont incorporés dans l’armée« .

Partie 3. La Résistance de la Bohême et de Prague, sa capitale

« Lorsque la campagne de 1757 commence, Frédéric se tourne vers la Bohême (qui relève de la monarchie autrichienne) et lance l’offensive en direction de Prague, défendue par une armée commandée par Charles de Lorraine, frère de l’empereur, et par le maréchal Maximilien Ulysse Browne (d’origine irlandaise). Les Prussiens s’imposent, puis mettent le siège devant Prague (6 mai), où s’est réfugié le corps d’armée autrichien.

Une nouvelle armée est mise sur pied par le maréchal Leopold Joseph von Daun pour porter secours à Prague. Frédéric va à sa rencontre mais, profitant d’une position avantageuse, les Autrichiens sont vainqueurs à Kolin le 18 juin, ce qui oblige Frédéric à lever le siège et à battre en retraite en Silésie.

  • La bataille de Kolin (environ 50 kilomètres à l’est de Prague). Les Autrichiens, commandés par Leopold Joseph von Daun, y infligèrent une grave défaite à Frédéric II de Prusse. Les Prussiens ont vaincu les Autrichiens lors de la bataille de Prague et assiègent désormais cette ville. Le maréchal Daun est arrivé trop tard pour participer à cette bataille mais il a, en plus de son armée, rassemblé 16 000 hommes rescapés de la défaite autrichienne. Il avance prudemment pour délivrer Prague du siège et Frédéric II prend 32 000 hommes avec lui pour l’intercepter. Sachant que les Prussiens n’ont pas assez d’hommes pour assiéger Prague et tenir son armée éloignée de la ville, Daun prend des positions défensives sur des collines près de Kolin… Cette première défaite prussienne de la guerre force Frédéric II à lever le siège de Prague et à se retirer sur Litoměřice. Les Autrichiens, désormais renforcés par les 48 000 hommes qui se trouvaient dans Prague, le poursuivent et surprennent les forces d’Auguste-Guillaume de Prusse (1722-1758) , frère de Frédéric II, qui s’étaient repliées sur Zittau, leur infligeant un sévère échec. Frédéric II est alors forcé d’abandonner la Bohême. »

Partie 4. 1757 et 1758. La France et la Russie entrent en guerre aux cotés de l’Autriche.

« Frédéric II est alors engagé dans sa campagne contre les Français : la bataille de Hastenbeck, le 26 juillet 1757. Les forces alliées du Hanovre, de Hesse-Cassel et Brunswick doivent concéder la victoire à une armée française, victoire qui débouche sur la convention de Klosterzeven et l’occupation de Hanovre.

La France, alliée avec l’Autriche, la Russie, la Suède et la Saxe, a traversé le Rhin en avril 1757 avec deux armées totalisant 100 000 soldats, pour attirer la Prusse, alliée de la Grande-Bretagne et du Hanovre hors du théâtre de Bohême où la Prusse et l’Autriche s’étaient affrontés lors de plusieurs batailles (Lobositz, Prague, Kolin).

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Frédéric II de Prusse, va-t-en-guerre

Situer la Prusse dans l’Europe du milieu du 18ème siècle

Partie 1. Brève Histoire de la Prusse au 18ème siècle. Source : extraits de l’article de Wikipédia, L’électorat de Brandebourg.  

Frédéric II (1712-1786) succède à son père en 1740 et devient roi de Prusse.

La Prusse est divisée en deux entités géographiquement distinctes : l’électorat de Brandebourg (capitale Berlin) et le duché de Prusse

Le Brandebourg est un ancien État du Saint-Empire romain. Il tire son nom de l’ancienne résidence des margraves à Brandebourg-sur-la-Havel. Fondé le 11 juin 1157, il joue un rôle majeur dans l’histoire de l’Allemagne. La Bulle d’or de 1356 confirme le margrave au statut de prince-électeur, lui permettant ainsi d’élire le roi des Romains.

La dynastie des Hohenzollern obtient la souveraineté en 1415 et déplace la résidence au château de Berlin. Sous leur règne, le margraviat croît en puissance et s’étend territorialement. À partir de 1618, ils règnent également sur le duché de Prusse en union personnelle.

Partie 2. Calendrier des guerres et des traités. Source : article de Wikipédia, l’évolution territoriale de la Prusse.

1701 :  l’État de Brandebourg-Prusse est érigé en royaume de Prusse.

1702 : Frédéric Ier hérite du comté de Lingen.

1707 : extinction de la lignée d’Orléans-Longueville : la principauté de Neuchâtel choisit comme nouveau souverain Frédéric Ier.

1707 : achat du comté de Tecklembourg à Frédéric-Maurice de Bentheim-Tecklembourg.

1712. Naissance du futur Frédéric II (1712-1786).

1713 : traités d’Utrecht : acquisition d’une partie de la Gueldre espagnole, avec la ville de Gueldre.

1720 : traité de Stockholm : acquisition de la partie sud de la Poméranie suédoise.

1740 : Frédéric II succède à son père ; il a 28 ans. 1740, c’est aussi la 1ère année de la Guerre de Succession d’Autriche. Une occasion immédiate de devenir un va-t-en-guerre, visant la continuité géographique de la Prusse par le moyen d’importantes extensions territoriales. Il y parviendra en 1772. Il sera appelé Frédéric le Grand.

1742 : traité de Breslau : acquisition par la Prusse de la majeure partie de la Silésie et du comté de Glatz (cf. Partie 3).

1744 : extinction de la lignée des Cirksena : Frédéric II hérite de la principauté de Frise orientale (cf. Partie 4).

1748 : fin de la guerre de succession d’Autriche. Traité d’Aix-la-Chapelle.

1756 : Le renversement des alliances. Frédéric II abandonne l’alliance avec la France pour la remplacer par l’Angleterre de Georges II, par ailleurs duc de Hanovre situé en terre germanique.

1756-1763. Engagée dès le début dans la Guerre de sept ans (attaque de la Saxe), la Prusse n’en retirera finalement aucun territoire nouveau. Chronique à venir : La Prusse en 1756-1757.

1772 : premier partage de la Pologne : acquisition de la Prusse royale et de la partie nord de la Grande-Pologne, organisées en province de Prusse-Occidentale. Chronique du blog

1778 : la Guerre des Pommes de terre. Guerre de succession de Bavière et Traité de Teschen (mai 1779). Les prétentions de la Prusse aux principautés franconiennes d’Ansbach et de Bayreuth y ont été reconnues.

1791 : le décembre, Charles-Alexandre de Brandebourg qui avait également acquis Bayreuth, vendit la souveraineté de ses principautés au roi Frédéric-Guillaume II de Prusse, Ansbach fut officiellement annexée le janvier 1792.

Dès le 15ème siècle, Ansbach fut détenue par des branches cadettes de la Maison de Hohenzollern, ses princes furent appelés margraves de Brandebourg-Ansbach.

Dans le contexte de la Contre-Réforme, de nombreux huguenots (estimés à 4 000) trouvent refuge dans la principauté. Le margrave Jean Frédéric y accueille les François réformés et leur accorde des privilèges.

1793 : deuxième partage de la Pologne : acquisition du reste de la Grande-Pologne et d’une partie de la Mazovie, organisées en province de Prusse-Méridionale, ainsi que des villes de Dantzig et Thorn.

1794 : perte de la Gueldre prussienne au profit de la France.

1795 : troisième partage de la Pologne entre la Prusse, l’Autriche, la Russie.

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Raids anglais sur les côtes de France

1756-1763. Guerre de Sept ans. Raids anglais sur les côtes de France (Rochefort, Saint-Malo, Cherbourg, Saint-Cast).

« La première décision que prit William Pitt à son arrivée aux affaires fut de lancer l’opération contre Rochefort. De juillet 1757 à septembre 1758, il n’eut de cesse de promouvoir les descentes sur les côtes de France. Si ces mesures avaient pour premier objectif de contenter Frédéric II de Prusse, l’allié de la Grande Bretagne, qui souhaitait des opérations de diversion, le contexte politique intérieur s’avère néanmoins déterminant pour comprendre ces opérations ».

Quiz. Quel est le raid de la Guerre de Sept ans, non mentionné dans cette chronique, qui fut un réel succès pour les anglais ? Quand et pourquoi l’occupation anglaise s’est-elle terminée ? Réponse : il s’agit de la prise et de l’occupation de Belle-Ile de 1761 à 1763.

Partie 1. Septembre 1757. Raid anglais sur Rochefort

Source. Edmond Dziembowski, La place des descentes sur les côtes françaises dans la politique de William Pitt l’Ancien (1757-1758), Annales de Bretagne et des Pays de L’Ouest, 114-4,  2007, Varia, p. 119-131.

« Pitt entendait consolider son assise au Parlement, ménager son allié politique, le Prince de Galles, et, enfin, préserver son image d’homme fidèle à ses idées. Ses raids sur les côtes de France prouvaient son attachement au principe de non-intervention dans la guerre d’Allemagne qu’il avait défendu lorsqu’il était à la tête de l’opposition patriote.

Considérées dans le cadre planétaire de la guerre de Sept Ans, les descentes anglaises sur les côtes de France apparaissent de prime abord comme des épisodes secondaires. Mobilisant des effectifs limités pour des opérations de courte durée, ces expéditions, au mieux, se soldèrent par un coup d’éclat sans lendemain (la prise de Cherbourg en août 1758), et, au pire, par de terribles humiliations (le fiasco de Rochefort en septembre 1757 et le désastre de Saint-Cast en septembre 1758). En définitive, leur histoire pourrait très bien se résumer à la plaisanterie qui courut en Angleterre après l’échec de Rochefort : pris d’un accès de vandalisme teinté de snobisme, le ministère britannique s’employait à briser des fenêtres en utilisant des guinées comme projectiles.

Loin d’être anecdotique, ce trait d’humour nous mène directement au problème que posent ces descentes aux historiens de la guerre de Sept Ans. Tandis que la situation en Amérique semblait réclamer des mesures fortes, pourquoi avoir dispersé les énergies en promouvant ces expéditions coûteuses et hasardeuses ? Pourquoi, alors que l’humiliation de Rochefort militait pour un arrêt immédiat de cette stratégie, s’être obstiné pendant une année entière en lançant trois nouveaux raids sur les côtes françaises ? Au centre de ce questionnement se tient la figure du promoteur de ces opérations, William Pitt l’Ancien, secrétaire d’État au département du sud de novembre 1756 à avril 1757, et de juin 1757 à octobre 1761. L’œuvre ministérielle de Pitt et, plus largement, son parcours d’homme politique ont fait l’objet d’un vaste débat chez les historiens anglo-saxons. À la lumière de ces travaux, il convient d’examiner la stratégie mise sur pied par Pitt en la confrontant au cadre politique et au débat public qui l’ont vue naître. Comme il sera loisible de le souligner, les positionnements partisans sur la politique étrangère ainsi que l’ambition affichée par Pitt de gouverner d’une manière ostensiblement différente de celle de ses prédécesseurs conditionnèrent dans une large mesure ces descentes qui, en leur temps, ont été décrites sous le ton de l’ironie.

Dans son étude consacrée à la conduite de la guerre de Sept Ans, R. Middleton estime que les opérations sur les côtes de France ont été « la contribution la plus distinctive de Pitt au conflit ». Revenu au pouvoir le 29 juin 1757 après une éphémère expérience ministérielle (novembre 1756-avril 1756), Pitt ne tarda pas, en effet, à apposer sa marque aux hostilités. Jusqu’à son retour aux affaires, les principaux théâtres d’opération, du côté britannique, étaient l’Amérique du Nord, cause première de la guerre de Sept Ans, et l’Inde, où s’affrontaient les troupes des compagnies française et anglaise. En Allemagne, où le conflit s’était étendu après l’offensive de la Prusse contre la Saxe (août 1756), l’Angleterre se contentait de payer une armée d’observation chargée de défendre l’Électorat de Hanovre. À ce canevas, Pitt apporta une nouveauté de taille. Il reprit à son compte une suggestion émise quelques mois plus tôt par Frédéric II. Confronté à la menace d’une intervention simultanée des troupes de la Maison d’Autriche, de la France, de la Suède et de la Russie, le roi de Prusse demandait que l’Angleterre, son alliée, soulageât sa position en lançant une opération de diversion qui obligerait Louis XV à rappeler une partie de ses troupes engagées en Allemagne. Dès la mi-juillet 1757, Pitt obtint le soutien du roi et du Cabinet pour son premier projet de descente, dont l’objectif était Rochefort. Aussitôt, Frédéric fut informé de l’imminence d’une puissante diversion  sur les côtes françaises.

Ce n’est que le 8 septembre que l’expédition commandée par Sir John Mordaunt et escortée par la flotte de l’amiral Hawke quitta Portsmouth pour gagner son objectif. Le 3 octobre, elle était de retour, l’oreille basse : la « puissante diversion » avait fait long feu. Divisés sur les chances d’un débarquement, les officiers de l’armée de terre passèrent le gros de leur temps à reconnaître le terrain et à discuter. Finalement, ils décidèrent de faire demi-tour. L’envoyé anglais à Berlin, Andrew Mitchell, rendit compte de l’effet de ce fiasco sur l’image de son pays : jusqu’alors, les Anglais étaient enviés et détestés en Europe. Maintenant, on les méprise« .

Partie 2. Juin 1758. Raid sur Saint-Malo.

Source : article de Wikipédia.

« Pendant l’hiver, alors que se préparaient les plans de campagne pour l’année 1758, Frédéric II exigea une participation militaire effective de l’Angleterre à la guerre d’Allemagne. Pitt fit la sourde oreille. Résigné, le roi de Prusse suggéra de poursuivre les opérations de diversion sur les côtes françaises. La prudence prévalait à Londres : Pitt se rallia à l’avis du Premier Lord de l’Amirauté, l’amiral Anson, qui estimait que l’expédition de Rochefort, en dégarnissant la défense des côtes britanniques, avait été un coup très risqué. Désormais, l’aire d’intervention serait limitée au secteur de la Manche. Le 19 mai, une réunion ministérielle fixa le lieu de la nouvelle descente : l’objectif était Saint-Malo. L’attaque « obligera l’ennemi à conserver une grande force » dans le secteur. Anson prit personnellement le commandement de la flotte chargée d’escorter le corps expéditionnaire commandé par Marlborough et Howe. Débarqués le 5 juin dans la baie de Cancale, les redcoats ne parvinrent pas à prendre Saint-Malo. Mais, avant de se retirer, ils détruisirent l’essentiel des navires corsaires français. L’humiliation de Rochefort était en partie lavée. »Pendant l’hiver, alors que se préparaient les plans de campagne pour l’année 1758, Frédéric II exigea une participation militaire effective de l’Angleterre à la guerre d’Allemagne. Pitt fit la sourde oreille. Résigné, le roi de Prusse suggéra de poursuivre les opérations de diversion sur les côtes françaises. La prudence prévalait à Londres : Pitt se rallia à l’avis du Premier Lord de l’Amirauté, l’amiral Anson, qui estimait que l’expédition de Rochefort, en dégarnissant la défense des côtes britanniques, avait été un coup très risqué. Désormais, l’aire d’intervention serait limitée au secteur de la Manche. Le 19 mai, une réunion ministérielle fixa le lieu de la nouvelle descente : l’objectif était Saint-Malo. L’attaque obligera l’ennemi à conserver une grande force dans le secteur. Anson prit personnellement le commandement de la flotte chargée d’escorter le corps expéditionnaire commandé par Marlborough et Howe. Débarqués le 5 juin dans la baie de Cancale, les redcoats ne parvinrent pas à prendre Saint-Malo. Mais, avant de se retirer, ils détruisirent l’essentiel des navires corsaires français. L’humiliation de Rochefort était en partie lavée.

Bien que la ville elle-même n’ait pas été attaquée, comme cela avait été prévu à l’origine, les Britanniques détruisirent un nombre important de bâtiments de commerce et de navires corsaires avant de réembarquer une semaine plus tard. La composante navale des forces britanniques est commandée par le commodore Richard Howe, alors que les forces terrestres sont conduites par le duc de Marlborough et Lord Sackville.

Au début de l’année 1758, le gouvernement britannique commence à planifier la prochaine descente sur les côtes françaises, et rassemble des troupes sur l’île de Wight. De l’expédition de Rochefort, Pitt tire un certain nombre de leçons. De nouvelles barges de débarquement sont conçues et le processus de rassemblement des troupes est amélioré, permettant ainsi d’avancer la date du départ. La cible désignée de l’expédition est Saint-Malo, un port de pêche abritant de nombreux corsaires, sur la côte bretonne – permettant à la flotte de rester dans la Manche et de pouvoir immédiatement rentrer au port en cas de tentative d’invasion française.

Le 1er juin, l’expédition met à la voile depuis l’île de Wight et elle atteint la baie de Cancale près de Saint-Malo le 5 juin. Dans la soirée, les barges de débarquement transportent les troupes britanniques à terre. Saint-Malo étant situé à l’extrémité d’une chaussée, les Britanniques espéraient s’en saisir afin de couper l’approvisionnement en eau potable de la ville. Une fois à terre, la seule opposition immédiate à laquelle les troupes britanniques doivent faire face est l’artillerie française, qui est bientôt réduite au silence par les canons embarqués à bord des vaisseaux britanniques restés au large. Les troupes débarquées se mettent alors en marche en direction de Saint-Malo, mais les commandants britanniques réalisent rapidement que la ville ne pourrait être prise sans un long siège – ce qui laisserait le temps aux Français d’envoyer des renforts qui les écraseraient. Aussi, décision est prise de se replier sur le petit port de Saint-Servan, où 30 navires et 100 autres bâtiments sont brûlés.

Des troupes sont également envoyées en reconnaissance en direction de Dol, située plus à l’est. Ces éclaireurs rapportent l’arrivée d’une importante force française et Marlborough décide qu’il est alors temps de réembarquer. Les 11 et 12 juin, les Britanniques remontent à bord des vaisseaux de l’expédition.

La flotte britannique croisera une semaine de plus au large de Saint-Malo, avant de reprendre sa route le long de la côte, à la recherche de nouvelles cibles. Des attaques sur Le Havre et Caen sont un temps envisagées avant d’être abandonnées. Les Britanniques concentrent alors leur attention sur Cherbourg en Normandie. Cependant, le mauvais temps les empêche de mener à bien les débarquements de troupes prévus pour les 29 juin et 3 juillet et, étant à court d’eau potable, Marlborough décide de reprendre le chemin de Portsmouth.

Bien que l’expédition ait échoué à prendre Saint-Malo, elle est considérée en Grande-Bretagne comme un succès. En apprenant qu’une importante flotte avait quitté l’Angleterre, l’inquiétude gagne le gouvernement à Paris, qui croit alors que cette flotte est destinée aux Flandres où elle pourrait faire la jonction avec les armées allemandes conduites par le Duc de Brunswick qui venaient de traverser le Rhin. Lorsque l’on découvre que Saint-Malo était la cible de l’expédition, paradoxalement, le sentiment général est un sentiment de soulagement. Cependant, à l’image du raid sur Rochefort, cette descente soudaine sur les côtes françaises inquiète et un nombre plus important d’hommes sont affectés à la défense des côtes.

En septembre de la même année, à la suite du succès de la descente sur Cherbourg, une deuxième force britannique, placée sous les ordres de Thomas Bligh tente un nouveau raid sur Saint-Malo. Mais, attendus par un important contingent français, ils sont contraints de réembarquer, en essuyant de lourdes pertes. Cette défaite marque la fin de la politique de raids et de descentes navales, les Britanniques préférant désormais engager davantage de forces en Allemagne plutôt que de risquer un nouvel échec.

Malgré ce dernier revers, ces raids ont atteint leurs objectifs dans la mesure où ils atteignent le moral de la population française, et montrent que le territoire de la France métropolitaine était lui aussi sous la menace des attaques britanniques. En réponse, la France planifie une invasion de la Grande-Bretagne, destinée à mettre un terme au conflit, mais ces plans doivent être abandonnés après les défaites de Lagos et de la baie de Quiberon ».

Partie 3. Août 1758. Raid sur Cherbourg.

Source : article de Wikipédia

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Année 1756. Sept chroniques du blog

606ème chronique d’Histoires d’universités sur le 18ème siècle. Pour chaque année, évolution des relations internationales (alliances, mariages, guerres, traités de paix, échanges commerciaux). Chroniques du blog illustrant l’année. Évènements climatiques, politiques, économiques, scientifiques, artistiques (rangés selon le mois et le jour).

Sources. Année 1756 sur Wikipédia (France, Amérique, Asie, Europe), sur Kronobase (111 dates).

Années déjà publiées sur le blog.

1756, première année de la guerre de 7 ans (1756-1763).

Présentation de l’ouvrage

1er mai 1756. Le renversement des alliances

Le traité de Versailles du 1er mai 1756, qui concluait une alliance offensive et défensive entre la France et la monarchie autrichienne, a profondément modifié l’équilibre européen jusqu’à la Révolution française. Connu comme le renversement des alliances, il représente en effet un événement historique pour l’Europe des Lumières. Au système diplomatique en vigueur depuis la fin du règne de Louis XIV, qui plaçait la monarchie autrichienne et la Grande-Bretagne dans un camp, la France, la Prusse et la Bavière dans le camp adverse, se substitue désormais une alliance anglo-prussienne s’opposant à une alliance franco-autrichienne.

Mai-juin 1776. Bataille de Minorque

Bataille de Minorque ou bataille de Port Mahon, au début de la Guerre de sept ans. Minorque est l’un des rares atouts de Louis XV lors des négociations de paix de 1762-1763. La base est rendue à ce moment-là, non pas pour sauver des positions au Canada français, mais pour recouvrer l’île bretonne de Belle-Île-en-Mer, conquise par la Navy en 1761.

François-A. de Rohan

François-Armand-Auguste de Rohan (1717-1756) : une carrière ecclésiastique hors-pair. 1739. Recteur de l’université de Paris. 1741. Membre de l’Académie française le 15 juillet. 1742. Coadjuteur de Strasbourg puis quatre mois après, évêque in partibus de Ptolémaïde en Palestine.1745. Louis XV le choisit comme grand aumônier de France. 1747. Cardinal. 1749. Prince-évêque de Strasbourg et abbé commendataire de La Chaise-Dieu. Il se défait de l’abbaye de Saint-Epvre.1756. Meurt à Saverne d’une phtisie. Discours de réception à l’Académie française en 1741.

La manufacture de Sèvres

La Manufacture de Vincennes est fondée en 1740, grâce au soutien de Louis XV , afin de concurrencer les productions de Chantilly et de Meissen. En 1756, elle est transférée à Sèvres dans un bâtiment construit à l’initiative de Madame de Pompadour, à proximité de son château de Bellevue. Longue de 130 mètres et haute de quatre étages, la manufacture est édifiée entre 1753 et 1756 par l’architecte Laurent Lindet.

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1756. Le renversement des alliances

Le renversement des alliances (traité de Westminster et traités de Versailles) prend place en amont de la guerre de sept ans (1756-1763).

Partie 1. Traité de Westminster (16 janvier 1756), alliance entre l’Angleterre et la Prusse, auparavant alliée de la France. Source : Richard Waddington, Revue Historique, T. 58, Fascicule 1 (1895), pp. 1-43 (43 pages), Presses Universitaires de France.

Partie 2. Traités de Versailles (1er mai 1756 et 1er mai 1757). Source : Encyclopédie Larousse

Le traité de Versailles et le renversement des alliances, 1er mai 1756. Source : texte intégral de Jean Berenger, France Archives, 2006.

« Le traité de Versailles du 1er mai 1756, qui concluait une alliance offensive et défensive entre la France et la monarchie autrichienne, a profondément modifié l’équilibre européen jusqu’à la Révolution française. Connu comme le renversement des alliances, il représente en effet un événement historique pour l’Europe des Lumières. Au système diplomatique en vigueur depuis la fin du règne de Louis XIV, qui plaçait la monarchie autrichienne et la Grande-Bretagne dans un camp, la France, la Prusse et la Bavière dans le camp adverse, se substitue désormais une alliance anglo-prussienne s’opposant à une alliance franco-autrichienne.

Les analyses politiques du temps de Richelieu semblaient appartenir au passé depuis le règlement de la succession de Charles II d’Espagne en faveur des Bourbons. La France ne risquait plus l’encerclement par la maison d’Autriche. C’est pourquoi Louis XIV avait, dans les derniers mois de son règne, souhaité un rapprochement avec l’empereur Charles VI, qui s’y refusa. En 1742, après la mort de Charles VI, les adversaires français des Habsbourg, menés par le maréchal de Belle-Isle, firent élire empereur romain germanique l’électeur de Bavière et préparèrent le démembrement de la monarchie autrichienne. Comme l’échec de Charles VII (1742-1745) montra l’impossibilité de créer un tiers-parti en Allemagne, on se demanda à Versailles si l’essor de la Prusse était vraiment conforme aux intérêts français. Le renversement des alliances permettrait de barrer la route à un Frédéric II (1712-1786)  qui ne cachait plus ses ambitions en Europe du Nord. Il permettrait surtout, croyait-on à Versailles, d’empêcher l’expansion coloniale anglaise en laissant à la France toutes ses forces disponibles outre-mer, au moment où les relations franco-anglaises en Amérique du Nord ne cessaient de se détériorer.

L’initiative diplomatique est néanmoins venue de l’impératrice Marie-Thérèse (1717-1780) qui, après les affrontements de la guerre de succession d’Autriche, fit de l’alliance française le pilier de son nouveau système diplomatique. À Vienne, Kaunitz, qui avait négocié la paix d’Aix-la-Chapelle, ne cacha pas les avantages d’un rapprochement avec les Bourbons : la France pourrait rester neutre en cas de guerre austro-prussienne, inévitable si Marie-Thérèse voulait récupérer la Silésie. La mission de Kaunitz, ambassadeur d’Autriche en France de 1750 à 1753, avait été une réussite, car il sut à la fois gagner Mme de Pompadour et déjouer l’hostilité des ministres français, qui demeuraient attachés à l’alliance prussienne. Rappelé à Vienne, Kaunitz fut nommé chancelier d’État et dirigea pendant 40 ans la diplomatie autrichienne. À ce moment l’impératrice Marie-Thérèse, qui voulait à tout prix reconquérir la Silésie, avait compris que la Grande-Bretagne, qui l’avait obligée à céder cette province à la Prusse en 1745, ne l’y aiderait jamais. Or, elle n’osait pas attaquer la Prusse, si elle ne disposait d’aucune aide et si elle n’était pas assurée de la neutralité de ses voisins.

Starhemberg, successeur de Kaunitz à Paris, avait reçu dès 1755 des instructions précises pour négocier un traité d’alliance défensif avec la France. Les ouvertures de Marie-Thérèse furent bien accueillies par le roi et Mme de Pompadour qui joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace. Pendant près d’un an, Starhemberg mena avec l’abbé de Bernis de longues et difficiles conversations secrètes, car il ne fallait pas éveiller les soupçons du ministère, foncièrement anti-autrichien.

C’est alors que Frédéric II accomplit le geste qui devait tout déclencher. Par le traité de Westminster du 16 janvier1756, il manifesta son rapprochement avec la Grande-Bretagne, en s’engageant à ne pas attaquer le Hanovre, qui appartenait au roi d’Angleterre. Même si Frédéric II n’avait pas l’intention d’abandonner l’alliance française, l’alliance prussienne n’était plus d’aucune utilité pour Louis XV (1710-1774), au cas où le roi de Prusse refuserait d’attaquer le Hanovre, possession de Georges II, roi d’Angleterre.

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