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1731. Académie royale de Chirurgie

1731-1793. Académie royale de Chirurgie

Suite des articles du blog sur la Médecine, la Pharmacie, la Chirurgie au 18ème siècle

Partie 1. 1731-1793. Académie royale de Chirurgie. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« L’académie royale de Chirurgie est une ancienne institution fondée à Paris, où, sous l’Ancien Régime, ont été formés des chirurgiens. Fondée en 1731 pour remplacer la confrérie de Saint-Côme et de Saint-Damien. Supprimée en 1793. Ne pas la confondue avec l’académie nationale de chirurgie, fondée en 1843.

Instituée le 18 décembre 1731, l’académie prend d’abord place dans l’ancien l’amphithéâtre d’anatomie érigé entre 1691 et 1694 par l’architecte Joubert et le sculpteur François Jacquin, pour la confrérie de Saint-Côme et de Saint-Damien dans la rue des Cordeliers et qui subsiste encore (au no 5 de l’actuelle rue de l’École-de-Médecine). Cet édifice était le premier bâtiment scolaire médical en France à avoir été conçu avec selon un modèle architectural propre à sa fonction, inaugurant le genre des écoles de médecine qui se développera aux XVIIIe et XIXe siècles.

De nouveaux bâtiments sont construits sur ordre de Louis XV entre 1769 et 1774 sur le site de l’ancien collège de Bourgogne, un peu plus bas dans la même rue (actuel no 12). L’architecte Jacques Gondoin, influencé par l’Antiquité grecque, construit le corps central avec la façade principale néo-classique, rue de l’École-de-Médecine, la cour d’honneur intérieure, le grand amphithéâtre et la salle du Conseil. Une devise latine, consilio manuque (par le moyen de l’intelligence et de la main) surmontait le blason de l’établissement. Elle est transférée en 1776 dans ces nouveaux bâtiments.

Elle fut ainsi le lieu de bon nombre de progrès opératoires :

L’Académie Royale de Chirurgie, libre de tout lien avec la faculté de médecine et ses dogmes, va permettre à la chirurgie du XVIIIème de franchir des étapes conceptuelles majeures.

Elle va installer les prémices de la méthode anatomo-clinique et d’une pensée médicale fondée sur l’expérimentation. Les chirurgiens de l’Académie notent leurs succès et leurs échecs, dissèquent les patients décédés, observent les lésions des organes, les rapportent aux symptômes observés. Ils en font rapport à l’assemblée, débattent et votent sur les indications opératoires de telle ou telle technique.

L’enseignement dispensé encourage les étudiants à comptabiliser les symptômes et signes cliniques observés afin de poser un diagnostic selon leur nombre. Le diagnostic n’est plus une rhétorique mais s’essaie à devenir une preuve.

Elle sera supprimée tout comme la faculté de médecine de Paris par la Convention le 8 août 1793.

La fondation ultérieure d’une école de médecine en 1794 puis la renaissance en 1806 de la faculté de médecine au sein de l’Université incluront les chirurgiens de l’Académie Royale de Chirurgie et leurs précieux apports, transformant totalement l’abord du concept de clinique et donnant à l’aube du XIXème l’apparence d’une nouvelle pensée médicale ».

Evelyne Lever, Chronique de la cour et de la ville 1757-1789. Source : Tome 2, Tallandier, 2020, Essai  

pp. 387-389. « Louis XV, sensible aux arguments de ses chirurgiens La Peyronnie et La Martinière et pour rendre leur Art indépendant de celui de la médecine, crée une École pratique d’anatomie et d’opérations où les élèves pratiqueront, sous la direction de leurs maîtres, ce qui leur a été enseigné. Trois années d’études seront nécessaires pour obtenir la maitrise en chirurgie.

A cette fin, a été construite l’Académie royale de chirurgie à l’emplacement du collège de Bourgogne qu’on a démoli rue des Cordeliers. C’est l’œuvre du jeune architecte Gondoin, fils d‘un des jardiniers du roi et imposé par S.M. après examen de ses plans. Mais c’est Louis XVI qui a inauguré ce monument royal, dédié à la science et à la chirurgie pour le plus grand besoin de la Nation.

Une audacieuse harmonie caractérise cet édifice dont la modernité fait l‘admiration générale. Un péristyle d’ordre ionique à quatre rangs de colonnes, coiffé d’un étage, se déploie sur la longue façade de  la rue des Cordeliers. Au-dessus de la porte qui s’ouvre sur une large cour, un bas-relief représente Louis XV, accompagné de Minerve et la Générosité accordant des grâces et des privilèges à la chirurgie, aux côtés de laquelle se trouvent la Prudence et la Vigilance. La porte franchie, on découvre trois corps de bâtiment de même hauteur ».

« Dans l‘aile nord, face à l’entrée, l’amphithéâtre qui peut contenir deux cents personnes, décoré de fresques allégoriques, s’achève par une demi-coupole, ornée de caissons et de rosaces. Dans l‘aile droite, au rez-de-chaussée, se trouvent les salles de visite des malades, un hôpital de six lits pour les maladies chirurgicales extraordinaires, une pharmacie, des foyers à l’usage des professeurs en exercice, et un amphithéâtre pour les sages-femmes.

A l’étage, un cabinet contenant des instruments de chirurgie depuis les débuts de cet Art précède les logements réservés aux personnels de l’école.

Dans l‘aile gauche, une bibliothèque et une salle des actes ont été aménagées. A l’étage, se succèdent une antichambre, une vaste salle d’Académie, où l’on voit un écorché, œuvre du sculpteur Houdon, et deux tableaux, l’un représentant une saignée, l’autre un accouchement. Un cabinet est réservé aux archives, un autre pour les préparation anatomiques.

Partie 2. L’amphithéâtre d’anatomie de la communauté des chirurgiens de Paris sis rue des Cordeliers. Source : Pierre-Louis Laget, Bulletin Monumental, Année 1998, 156-4, pp. 369-384.

Partie 3. Présidents, chirurgiens du Roi

Georges Mareschal (1658-1736)

« Premier chirurgien du roi Louis XIV le 14 juin 1703 ; nommé Maître d’hôtel du roi, en avril 1706, et anobli par lettres patentes, en décembre 1707

En septembre 1709, il opère le maréchal de Villars, blessé au genou à la bataille de Malplaquet et lui évite l’amputation en extrayant la balle et en cautérisant la plaie. En novembre 1710, il soigne le duc d’Orléans des suites d’une chute de cheval, puis en novembre 1711 opère le comte de Toulouse d’une pierre grosse et pointue, recevant en récompense dix mille écus, qu’il tente de refuser avant de devoir les accepter.

En août 1715, il veille le roi Louis XIV, atteint de la gangrène, tente une opération pour le sauver, constate sa mort le 1er septembre puis pratique son autopsie et son embaumement

En 1731, il a fondé, avec François Gigot de Lapeyronie, l’Académie royale de chirurgie. On lui doit aussi d’avoir fait progresser la chirurgie lithotomique« .

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24 décembre 1770. Choiseul exilé

1770 (24 décembre). Disgrâce de Choiseul.

24 décembre 1770  : disgrâce de Choiseul. Source : 1770 en France. « Les coteries de cour ont un rôle dans cette disgrâce : les dévots réunissant les filles du roi, La Vauguyon, précepteur du Dauphin, d’Aiguillon, hostiles aux parlements, aux idées éclairées, à l’alliance autrichienne, s’opposent aux Choiseulistes.

Choiseul, exilé sur son domaine de Chanteloup (Touraine), y crée un foyer actif d’opposition. Début du triumvirat du duc d’Aiguillon, de l’abbé Terray et de Maupeou. Louis XV s’efforce, avec le chancelier Maupeou de restaurer l’absolutisme et de poursuivre la politique de réforme fiscale.

Partie 1. Choiseul. L’obsession du pouvoir. Source : Monique Cottret, Éditions Tallandier, 2018, 509 pages.

La chute de Choiseul, grand ministre de Louis XV. Source. Franck Ferrand interviewe Monique Cottret, Europe 1, récit intégral, 42 minutes 12, 4 avril 2018.

Partie 2. Étienne François de Choiseul. Source : extraits de l’article de Wikipédia

« Choiseul, progressivement à partir de la mort de madame de Pompadour en 1764, doit utiliser de manière permanente son habileté à maintenir son pouvoir et son influence sur Louis XV, tant celui-ci était l’objet de stratégies concurrentes pour supplanter l’influence du ministre. Par le moyen de la faveur royale, les coteries et autres clans investissaient en utilisant le moyen d’intrigantes, rêvant pour la plupart à un destin similaire à celui de madame de Pompadour. Choiseul sans cesse écrivit à Louis XV pour devancer les attaques et éviter la disgrâce.

L’autre stratégie déployée par Choiseul était de prévenir de manière raffinée les attaques d’intrigantes, jouets, pour la plupart, des diverses coteries de la cour de Versailles. Ce fut le cas dans l’affaire de madame d’Esparbès : cette dernière, parente de Mme de Pompadour, accordait ses faveurs à de nombreux princes, dont Louis-Henri-Joseph, prince de Condé, puis, Mme de Pompadour étant absente, au roi lui-même. À la mort de la Pompadour, le 15 avril 1764, Louis XV réserva à Mme d’Esparbès un appartement à Marly et un autre à Versailles, au point de la faire presque passer pour sa maîtresse déclarée. Choiseul tenta de lui substituer la duchesse de Gramont, qui avait 34 ans et était de son clan ».

« Les Rohan-Soubise soutinrent quant à eux Mme d’Esparbès qui semblait bien devoir triompher, lorsqu’au printemps 1766, Choiseul introduit dans l’intimité de cette dernière une amie infidèle, qui l’interroge sur ses rapports avec le roi, et obtient des confidences scandaleuses qui furent publiées par les nouvellistes. Le roi, informé par Choiseul, donna sur-le-champ ordre à Mme d’Esparbès de se retirer auprès de son mari.

Après la mort de madame de Pompadour, le duc de Choiseul caressait l’espoir de placer auprès du roi sa sœur, la duchesse de Gramont, ou toute autre femme à leur dévotion. Aussi les Choiseul n’accueillirent-ils pas d’un bon œil l’ascension de la nouvelle favorite Mme Du Barry, qui leur fit perdre une part d’influence auprès du roi. Une créature du clan Choiseul, Pidansat de Mairobert, fut le rédacteur des premières attaques, souvent triviales contre Mme Du Barry. Il suscita des chansons grivoises et même des libelles pornographiques (L’Apprentissage d’une fille de modes, ou L’Apothéose du roi Pétaud).

Par la force des choses, Mme Du Barry se retrouva soutenue par le parti dévot, par le fait même qu’il était hostile à Choiseul qui, pour avoir conclu le mariage du nouveau Dauphin Louis-Auguste et de l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche, semblait encore intouchable (on pensa même régulariser la situation en la faisant officiellement épouser par le roi). Prévenue contre Mme Du Barry dès son arrivée en France en mai 1770 (chronique du blog Goethe et Marie-Antoinette, la dauphine, jeune et entière, lui voua d’emblée un mépris profond en ne lui parlant pas, ce qui était grave quand on vivait à la cour, moins parce qu’elle était favorite royale que parce qu’elle était non agréée par le parti lorrain de la cour (1770).

Membre de la commission pour la réforme fiscale de L’Averdy, l’abbé Terray est remarqué par René-Nicolas de Maupeou, qui le fait nommer contrôleur général des finances en décembre 1769. Terray l’aide à se débarrasser de Choiseul et de son cousin Choiseul-Praslin, le 24 décembre 1770.

Sa disgrâce se dessine progressivement. L’affaire d’Aiguillon-La Chalotais mécontente Louis XV sur l’orientation libérale de son ministre dont la pratique politique s’apparentait à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue.

La connaissance d’une négociation menée secrètement par Choiseul avec Charles III d’Espagne pour une reprise de la guerre contre l’Angleterre, guerre dont le roi ne voulait pas, accéléra la disgrâce du ministre à la fin de 1770.

À cette première cause idéologique s’ajoute une raison liée à l’intimité de Louis XV. Ses ennemis, menés par la comtesse du Barry, maîtresse du roi, et le chancelier Maupeou, eurent raison de lui. Ce dernier se rapproche en effet du clan du Barry et dénonce au Roi la politique de soutien de Choiseul envers les parlementaires. Courroucé, le Roi le fut davantage encore en voyant le duc de Choiseul travailler à susciter une guerre au dehors.

Un incident met un comble à l’indignation royale : le roi et Choiseul se rencontrent dans la galerie des glaces alors que le ministre était suivi d’un cortège à la tête duquel il semblait être un souverain, tandis que Louis XV à peine accompagné semblait un souverain en disgrâce. Cette circonstance décide de la chute de Choiseul, représenté aussitôt comme osant se présenter pour rival du souverain.

A la suite d’humiliations répétées contre Mme Du Barry Louis XV décide le renvoi de Choiseul et des siens, et le fait remplacer par le duc d’Aiguillon.

Le neveu du duc d’Aiguillon remet au duc de Choiseul une lettre par laquelle le Roi l’exilait non seulement avec dureté mais de manière menaçante. Le 24 décembre 1770, Choiseul recevait cette lettre du roi : mon cousin, le mécontentement que me causent vos services me force à vous exiler à Chanteloup, où vous vous rendrez dans vingt-quatre heures. Je vous aurais envoyé beaucoup plus loin, si ce n’était l’estime particulière que j’ai pour Mme la duchesse de Choiseul, dont la santé m’est fort intéressante. Prenez garde que votre conduite ne me fasse prendre un autre parti ; sur ce, je prie Dieu, mon cousin, qu’il vous ait en sa sainte garde. Il reçut l’ordre de se retirer dans son château de Chanteloup près d’Amboise.

En 1771, il doit démissionner de sa charge de colonel général des Suisses. Comme l’écrivit un chroniqueur :  jamais un ministre au faîte de la faveur et de la puissance ne fut aussi triomphant que le duc de Choiseul dans sa disgrâce. Malgré tout, le roi Louis XV conserva une haute opinion de Choiseul ; apprenant le démembrement de la Pologne, il s’écria : ah ! Cela ne serait pas arrivé, si Choiseul eût été encore ici. L’impératrice Marie-Thérèse, après avoir formellement déploré cette situation, se satisfît parfaitement du duc d’Aiguillon, qu’elle jugea doué de peu de génie et de talents, sans crédit et harcelé sans cesse par des factions.

Durant son bannissement, Choiseul fut visité par des personnages puissants et apparut comme un véritable chef de l’opposition. Le duc de Choiseul, exilé à Chanteloup, y avait toute la France, observe l’abbé Morellet en 1773. Les libelles fleurirent. Au mois de juillet 1773, Théveneau de Morande, devenu une des créatures du clan Choiseul, s’attaqua alors à la favorite royale, Madame du Barry. Le lieutenant général de police Sartine fait alors perquisitionner les libraires pour connaître l’éditeur. Finalement Théveneau est localisé à Londres, son arrestation échoue et c’est Beaumarchais qui est envoyé, début 1774, pour négocier avec le libelliste. La même année, lors de la constitution du gouvernement de Louis XVI, questionné sur le choix des ministres, Choiseul répond alors : « je ne vois que le comte de Vergennes pour les affaires étrangères ». En effet, malgré ses différends avec Vergennes, celui-ci, issu du courant traditionnel diplomatique du cardinal Fleury, peut être considéré comme le continuateur de la politique de redressement de Choiseul.

Marie-Antoinette considère d’un très mauvais œil le départ de Choiseul, auquel elle pensait devoir son mariage. Pendant toute sa disgrâce, elle lui témoigna une grande fidélité et le fait rappeler à l’avènement de Louis XVI, le 10 mai 1774, lui donnant une audience à Reims au moment du sacre. Cependant, Louis XVI ne pardonnait pas à Choiseul de s’être vivement opposé à son père, le dauphin Louis, à propos de l’expulsion des Jésuites, en 1764, à tel point que lorsque le Dauphin mourut en 1765, le bruit des opposants fit courir la rumeur que Choiseul l’avait fait empoisonner.

Le nouveau  roi, cédant aux instances de la reine, lui permet toutefois de revenir à Paris. Il paraît de nouveau à la Cour dès le 12 juin 1774, mais à cette date, Maurepas domine le Conseil et Vergennes occupe le secrétariat d’État aux Affaires étrangères.

Louis XVI lui réserve un accueil maussade, se bornant à lui dire : Monsieur de Choiseul, vous avez perdu une partie de vos cheveux. Choiseul comprend qu’il n’a plus rien à espérer et repart dès le lendemain pour Chanteloup où il meurt onze ans plus tard, en 1785″.

Partie 3. Disgrâce de Choiseul, in Guy Chaussinand-Nogaret, Choiseul, 1998, pages 289 à 304.

« Pour renverser Choiseul, le parti Maupeou fit choix de deux arguments ou plutôt de deux assertions mensongères, fondées sur des ragots et de faux témoignages, mais susceptibles de faire impression sur le roi qui se laisserait aisément persuader qu’un danger imaginaire le guettait et du moins que sa tranquillité, aspiration dernière de ce vieillard pusillanime, était menacée en même temps que l’idylle dubarrienne, devenue l’obsession sénile de ses dernières années.

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Mme de Pompadour. Guerre de 7 ans

Madame de Pompadour et la guerre de 7 ans (1756-1763).

Sources. Edmond Dziembowski, La guerre de  Sept ans (1756-1763), Pour l’Histoire, Perrin, Ministère de la Défense, janvier 2015, 670 pages.

Louis XV et Madame de Pompadour. Youtube : 50 minutes

Née à Paris le 29 décembre 1721, Madame de Pompadour a 34 ans au début de la  guerre de 7 ans.

Elle est la maîtresse en titre de Louis XV de 1745 à 1751. Après cette période, elle demeure amie et conseillère du roi.

Le 7 février 1756, le roi annonce sa nomination comme Dame du palais de la Reine et la présentation a lieu le lendemain.

Elle reste auprès de lui jusqu’à sa mort le 15 avril 1764, au château de Versailles.

Les sources mobilisées dans cette chronique dressent un portrait très contrasté et vont même jusqu’à ignorer son existence (partie 1). Les Goncourt en 1888 critiquent impitoyablement ses origines non nobles (partie 3). Pour Jean Beranger, historien contemporain, « Madame de Pompadour joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace » (partie 2).

Madame de Pompadour par François Boucher, 1759

Partie 1. Aucune mention d’un rôle joué par Madame de Pompadour

La révolution diplomatique de 1756 : une négociation au sein de l’État royal, Lucien Bély, Books openedition, Expériences de la guerre, pratiques de la paix, Presses universitaires de Rennes, pp. 149-167.

« Nous voyons s’élaborer un discours de substitution qui vient transformer les justifications habituelles de la politique extérieure de la France, sous la pression des événements et de décisions prises dans l’urgence. Cela exige une négociation au cœur même de la sphère gouvernementale, avec l’obligation de concilier des idées contraires, dans une réconciliation inattendue avec un ennemi traditionnel (la dynastie des Habsbourg). Il y a à la fois une évolution lente des conceptions politiques et une réaction face à la situation présente. Le discours royal retrouve quelques références stables : la logique dynastique, la convergence religieuse, la société des princes, l’union des puissances. Mais les risques apparaissent aussi clairement, d’où d’infinies précautions. Si le système ancien est renversé, si un nouveau système d’alliance se dessine, la sagesse diplomatique vient se rappeler à l’audace des princes ».

Partie 2. « Madame de Pompadour joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace« 

Analyse d’un historien contemporain, Jean Bérenger, professeur émérite à l’université de Paris IV-Sorbonne. Le traité de Versailles et le renversement des alliances Versailles, 1er mai 1756, Source : France archives, Commémorations Collection 2006.  

« Le traité de Versailles du 1er mai 1756, qui concluait une alliance offensive et défensive entre la France et la monarchie autrichienne, a profondément modifié l’équilibre européen jusqu’à la Révolution française. Connu comme le renversement des alliances, il représente en effet un événement historique pour l’Europe des Lumières. Au système diplomatique en vigueur depuis la fin du règne de Louis XIV, qui plaçait la monarchie autrichienne et la Grande-Bretagne dans un camp, la France, la Prusse et la Bavière dans le camp adverse, se substitue désormais une alliance anglo-prussienne s’opposant à une alliance franco-autrichienne.

Le renversement des alliances permettrait surtout, croyait-on à Versailles, d’empêcher l’expansion coloniale anglaise en laissant à la France toutes ses forces disponibles outre-mer, au moment où les relations franco-anglaises en Amérique du Nord ne cessaient de se détériorer.

L’initiative diplomatique est néanmoins venue de l’impératrice Marie-Thérèse qui, après les affrontements de la guerre de succession d’Autriche, fit de l’alliance française le pilier de son nouveau système diplomatique. À Vienne, Kaunitz, qui avait négocié la paix d’Aix-la-Chapelle, ne cacha pas les avantages d’un rapprochement avec les Bourbons : la France pourrait rester neutre en cas de guerre austro-prussienne, inévitable si Marie-Thérèse voulait récupérer la Silésie.

La mission de Kaunitz, ambassadeur d’Autriche en France de 1750 à 1753, avait été une réussite, car il sut à la fois gagner Mme de Pompadour et déjouer l’hostilité des ministres français, qui demeuraient attachés à l’alliance prussienne. Rappelé à Vienne, Kaunitz fut nommé chancelier d’État et dirigea pendant 40 ans la diplomatie autrichienne. À ce moment l’impératrice Marie-Thérèse, qui voulait à tout prix reconquérir la Silésie, avait compris que la Grande-Bretagne, qui l’avait obligée à céder cette province à la Prusse en 1745, ne l’y aiderait jamais. Or, elle n’osait pas attaquer la Prusse, si elle ne disposait d’aucune aide et si elle n’était pas assurée de la neutralité de ses voisins.

Starhemberg, successeur de Kaunitz à Paris, avait reçu dès 1755 des instructions précises pour négocier un traité d’alliance défensif avec la France. Les ouvertures de Marie-Thérèse furent bien accueillies par le roi et Mme de Pompadour qui joua, dans le renversement des alliances, un rôle discret, mais efficace. Pendant près d’un an, Starhemberg mena avec l’abbé de Bernis de longues et difficiles conversations secrètes, car il ne fallait pas éveiller les soupçons du ministère, foncièrement anti-autrichien.

C’est alors que Frédéric II accomplit le geste qui devait tout déclencher. Par le traité de Westminster du16 janvier1756, il manifesta son rapprochement avec la Grande-Bretagne, en s’engageant à ne pas attaquer le Hanovre, qui appartenait au roi d’Angleterre. Même si Frédéric II n’avait pas l’intention d’abandonner l’alliance française, l’alliance prussienne n’était plus d’aucune utilité pour Louis XV, au cas où le roi de Prusse refuserait d’attaquer le Hanovre.

Le résultat de la volte-face prussienne fut le traité de Versailles du 1er mai 1756. Celui-ci garantissait la neutralité des Pays-Bas autrichiens, les possessions réciproques des parties contractantes et prévoyait une aide militaire au partenaire sous forme d’un corps auxiliaire de 24 000 hommes ou d’une aide financière permettant l’entretien d’un effectif équivalent. Marie-Thérèse ratifia le traité dès le 25 mai, mais l’accord demeurait fragile car il choquait profondément l’opinion française et déplaisait aux ministres de Louis XV, Machault d’Arnouville et d’Argenson. Choiseul lui-même, partant en qualité d’ambassadeur à Vienne, ne s’était pas gêné pour montrer tous les inconvénients de l’alliance.

Un second traité fut signé à Versailles le 1er mai 1757 par le nouveau ministère qui, composé de Belle-Isle à la Guerre, de Silhouette au contrôle général des Finances et de l’abbé de Bernis aux Affaires étrangères, était favorable à l’alliance autrichienne. Louis XV promettait de fournir une armée de 130 000 hommes, de verser à Marie-Thérèse un subside annuel de 12 millions de florins (soit 12 millions d’écus) jusqu’à ce que Frédéric II ait restitué à l’Autriche la Silésie. Louis XV versa en fait à Marie-Thérèse pendant plusieurs années 25 à 30 millions de livres tournois, sans lesquels les Impériaux n’auraient pu fournir un gros effort de guerre en Bohême et en Silésie. C’était pour Kaunitz un triomphe diplomatique, qui ne permit pourtant pas à Marie-Thérèse de récupérer la Silésie à la fin de la guerre de Sept ans.

Tout le projet reposait sur une analyse erronée des capacités de résistance de Frédéric II, qui fit face à une vaste coalition continentale regroupant la Russie de la tsarine Élisabeth Petrovna, la Saxe et la Pologne d’Auguste III, la Suède, la France, la monarchie autrichienne et le Saint-Empire, qui avait déclaré la guerre à Frédéric II à la suite de l’agression prussienne contre la Saxe. Si la guerre de Sept ans se traduisit pour la maison de Brandebourg par un véritable « miracle », dont Frédéric II était parfaitement conscient, elle se révéla pour  Louis XV une opération désastreuse, car la France accumula les défaites sur terre et sur mer. Elle eut en effet à combattre sur deux fronts, sans autre but de guerre que d’aider Marie-Thèrèse, alors qu’elle était engagée dans un conflit maritime et colonial.

L’alliance franco-autrichienne de 1756 permit néanmoins la réconciliation des maisons de Bourbon et de Habsbourg-Lorraine même si, de part et d’autre, de vieilles rivalités demeuraient. Elle a en outre apporté un demi-siècle de paix à la Rhénanie, aux Pays-Bas autrichiens, à l’Italie du Nord et aux provinces françaises du Nord-Est et a facilité l’essor économique et culturel de ces régions au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle ».

Partie 3. Madame de Pompadour, La femme implacable

Source. Edmond & Jules de Goncourt, Madame de Pompadour, France Empire, 2012, chapitre XVIII, pp . 330 à 341. Réédition de l’ouvrage de 1888.

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Valadon, œuvres de 1912 à 1936

Suzanne Valadon, un Monde à soi. Exposition au Centre Pompidou Metz, jusqu’au 11 septembre 2023. Texte de présentation.

Valadon. Œuvres de 1912 à 1936. Source : extraits de l’article de Wikipédia. Suite de la chronique Valadon, le quatuor d’un Monde à soi

Diaporama de 35 photos (9 peintures, cartels, détails).

L’avenir dévoilé ou La tireuse de cartes, 1912, huile sur toile, 130 x 163 cm

« Le premier mariage de Suzanne Valadon (1865-1938) prend fin en 1909, année où elle expose au Salon d’Automne à Paris. Elle se met en ménage avec l’ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 1914. Cette union, houleuse, durera près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Ève figurent sur l’une de ses toiles les plus connues Adam et Ève« .

« Edgar Degas, remarquant les lignes vives de ses esquisses et de ses peintures, encourage ses efforts en lui achetant et collectionnant ses premiers dessins.

Valadon connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse, pourvoyant aux besoins de son fils.

Parmi les premières femmes admises au Salon de la Société Nationale des Beaux-arts, elle expose régulièrement chez Berthe Weill, au Salon des Indépendants ou encore au Salon d’Automne, dont elle devient membre en 1920. Berthe Weill la soutiendra efficacement en lui permettant de participer, dans ses galeries successives, à 15 expositions de groupe et en lui offrant 3 expositions personnelles (1915, 1927 et 1928) ».

Nu allongé à la draperie rouge, vers 1914, Huile sur toile, 50,6 x 66 cm

« Dans La chambre bleue (1923), Suzanne Valadon livre le portrait d’une femme ostensiblement moderne et libérée des conventions de son temps. Elle rompt avec la tradition orientaliste du nu alangui, lui préférant un corps au repos, portant des vêtements amples et confortables, aux mains et au visage expressifs. La synthèse des styles est telle que cette œuvre est vue comme précocement féministe, réinventant les codes de la peinture. Elle signe un contrat avec la Galerie Bernheim-Jeune et l’État acquiert La chambre bleue (1923) ».

« À la fin de sa vie, Suzanne Valadon se lie d’amitié avec le peintre Gazi-Igna Ghirei, dit Gazi le Tatar (1900-1975) et, poussée par cette rencontre, se remet à peindre ».

Elle participe alors aux expositions de groupe organisées par la Société des femmes artistes modernes, créée en 1931. Elle rejoint cette Société en 1933″.

Nu au châle bleu, 1930, Huile sur toile, 65 x 54,5 cm, Colmar Musée Unterlinden

1936. Vase de fleurs sur un guéridon, huile sur toile, 33 X 24 cm, Lyon, collection Paul Dini.

Tableau exposé le plus récent et le plus petit. Le plus émouvant.

Quatre roses : un ultime symbole du quatuor d’un Monde à soi ? La rose jaune est en petite forme : un symbole du fils de Suzanne, Maurice Utrillo ? Un symbole de l’inquiétude la mère : que deviendra mon fils après ma mort ? Maurice ne mourra en fait qu’en 1955.

« Suzanne Valadon meurt le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso, Georges Braque et Georges Kars, lequel dessine son ultime portrait ce jour-là. Elle est inhumée, le 9 avril 1938, au cimetière parisien de Saint-Ouen.

Elle laisse derrière elle une œuvre de près de 500 toiles et 300 œuvres sur papier« .

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Valadon, le quatuor d’un Monde à soi

Suzanne Valadon, un Monde à soi. Exposition au Centre Pompidou Metz, jusqu’au 11 septembre 2023. Texte de présentation.

« Suzanne Valadon (1865-1938) lègue à l‘histoire de l‘art un corpus fascinant, à la fois transgressif et radical. Son caractère frondeur, son destin hors du commun, sa vie et son art partagés avec son fils Maurice Utrillo et son mari André Utter, n‘ont cessé de nourrir l‘interprétation de son œuvre ».

Diaporama de 46 photos (avril 2023).

Pour aller plus loin. 52 photos dans Valadon et ses contemporaines, peintres et sculptrices (1880-1940), exposition du Monastère royal de Brou, juillet 2021.

1912. Portraits du Monde à soi

Partie 1. Suzanne Valadon (1865-1938). Source : extraits de l’article de Wikipédia.

1865. « Marie-Clémentine Valadon, née le 23 septembre à Bessines-sur-Gartempe en Haute-Vienne, emménage avec sa mère à Montmartre, venue chercher la prospérité à Paris.

Fille naturelle de Madeleine Valadon, blanchisseuse, Marie-Clémentine Valadon devient acrobate de cirque en 1880 jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils, le futur peintre Maurice Utrillo, né en 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Pour aider sa mère, elle porte le linge repassé chez les clients.

Son genre de beauté solide attire le regard des artistes et, devenue leur modèle, elle les observe en posant et apprend ainsi leurs techniques. C’est à cette occasion qu’elle fait la connaissance du peintre Puvis de Chavannes, dont elle devient le modèle. Elle pose également pour Auguste Renoir, qui devient aussi son amant. Elle est également modèle pour Théophile Alexandre Steinlen, Jean-Jacques Henner et Federico Zandomeneghi.

À partir de 1881, elle fréquente le milieu artistique de Montmartre, où elle a vite plusieurs admirateurs : le chansonnier Maurice Boissy et Miquel Utrillo i Molins, un ingénier catalan promoteur des arts, peintre, homme de lettres et critique d’art (journaliste) ».

1883. Suzanne fait le portrait de sa mère.

« Elle devient Suzanne, adoptant le nom que Toulouse-Lautrec lui donne en référence à l’épisode biblique de Suzanne et les Vieillards. Tirant parti de ses séances de pose qu’elle transforme en leçons voilées, elle retient çà et là un geste, une touche, un trait. Valadon, concomitamment modèle et artiste, aiguise son trait de crayon, s’affiche librement en héritière.

1885. Suzanne Valadon par Toulouse Lautre

1892. Il faudra ensuite attendre 1892 pour qu’elle peigne ses premières œuvres sur toile, parmi lesquelles Jeune fille faisant du crochet, appartenant au Musée national d’art moderne.

« 1894 est marquée par son amitié naissante avec Edgar Degas, qui fera partie des plus importants collectionneurs de Suzanne Valadon. Il lui enseigne la gravure en taille douce sur sa propre presse et la soutient auprès de leurs pairs. Les deux artistes partagent une même idée de la ligne – souple et dure –, comme du modèle – intime et sans complaisance. Contrairement à d’autres relations qu’elle noue avec ses confrères, Suzanne Valadon ne pose pas pour Degas. De trente-et-un ans sa cadette, elle est rapidement admise par le peintre qui déclare Vous êtes des nôtres !  lorsqu’il découvre son talent de dessinatrice ».

Partie 2. Le fils, Maurice Utrillo (1883-1955). Source : extraits de l’article de Wikipédia.

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Disgrâce de Bernis (décembre 1758)

Disgrâce du Cardinal de Bernis (décembre 1758).

Partie 1. Le contexte : la guerre de Sept ans. Source. Pages 340-346 du livre d’Edmond Dziembowski, La guerre de  Sept ans (1756-1763), Pour l’Histoire, Perrin, Ministère de la Défense, janvier 2015, 670 pages.

Partie 2. François Joachim de Pierre, cardinal de Bernis. Source : article du Larousse.

« Homme d’État, prélat et écrivain français  (1715-Rome 1794). Protégé par Mme de Pompadour, ambassadeur à Venise (1752), il négocia, à l’instigation de Louis XV, l’alliance franco-autrichienne consacrée par le premier traité de Versailles (1756), qui préluda à la guerre de Sept Ans.

Nommé lors de ce conflit secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1757), il s’opposa à la poursuite des hostilités après la défaite de Rossbach (1757), ce qui provoqua sa disgrâce (1758). Nommé cardinal (1758) puis archevêque d’Albi (1764), il fut envoyé en ambassade à Rome (1768-1791), où il négocia avec Clément XIV la suppression de la Compagnie de Jésus. Outre des poésies, il a laissé des Mémoires ».

Partie 3. La disgrâce de Bernis. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis, né le 22 mai 1715 à Saint-Marcel-d’Ardèche et mort le 3 novembre 1794 à Rome, est un diplomate, homme de lettres et prélat français qui fut ambassadeur à Venise (1752-1755), ministre d’État (1757), secrétaire d’État des Affaires étrangères (1757-1758) et enfin chargé d’affaires auprès du Saint-Siège (1769-1791).

En juin 1757, Bernis remplace Antoine Louis Rouillé comme secrétaire d’État des Affaires étrangères. Son ministère est d’abord placé sous les meilleures auspices, compte tenu des premières victoires françaises de la guerre de Sept ans. Mais il se rend vite compte que la France n’est pas en état de sortir victorieuse du conflit, et a la naïveté de faire part de ses doutes à Choiseul, alors ambassadeur de France à Vienne. La défaite de Rossbach le 5 novembre 1757 signe un tournant de la guerre. Dès lors, Bernis ne va cesser de prôner une issue rapide et pacifique du conflit pour limiter les pertes françaises. La marquise de Pompadour et Choiseul se retournent alors contre lui pour défendre la poursuite de la guerre et gagner en influence auprès du roi.

Vers la disgrâce

En octobre 1758, Bernis redouble de naïveté en offrant au roi sa démission et son remplacement par Choiseul : il espère en retour se voir confier la direction d’un comité central des ministres qui travaillerait à une restauration des finances de la monarchie. Le 30 novembre, Bernis reçoit la barrette de cardinal, négociée avec Rome depuis plusieurs mois. Mais le 13 décembre 1758, Louis XV fait parvenir au nouveau cardinal une lettre de cachet qui lui enjoint de s’exiler dans l’une de ses abbayes de province. Choiseul prend alors la tête des Affaires étrangères, la France s’enfonce dans la guerre et signe en 1763 le traité de Paris qui la prive de l’essentiel de ses possessions coloniales au profit de l’Angleterre.

L’exil et l’archevêché d’Albi.

Comme lieu de son exil, Bernis choisit le château de Vic-sur-Aisne, qui dépendait de son abbaye de Saint-Médard de Soissons reçue en 1756. C’est donc à Soissons qu’il se fait ordonner prêtre en septembre 1760. Depuis son lieu d’exil, Bernis cultive sa correspondance avec Voltaire, et entame la rédaction de ses Mémoires, dictés à sa nièce la marquise du Puy-Montbrun, dans lesquelles il cherche à justifier son action politique. Il reçoit à partir de 1762 l’autorisation de rendre visite à sa famille en Ardèche et en Languedoc, puis celle de séjourner à la Cour.

En 1764, Léopold-Charles de Choiseul-Stainville, frère cadet du ministre, quitte l’évêché d’Albi pour celui de Cambrai. Le duc de Choiseul œuvre alors à ce que Bernis prenne sa place. Devenu maître du puissant archevêché d’Albi, le cardinal s’y révèle un excellent administrateur, faisant planter des vignes, tracer des routes, et s’occupant des charités publiques. Grâce à de copieux bénéfices ecclésiastiques, il peut mener grand train au palais de la Berbie, où il confie à l’abbé Gabriel Cavaziez la gestion de son importante bibliothèque. Parallèlement, il passe une partie de ses étés en Lozère au château de Salgas, auprès de sa sœur Françoise-Hélène de Pierre de Bernis ».

Partie 4. Bernis. Renforcer le Gouvernement. Source : Books Openedition.

« De retour à Versailles à l’été 1755 après son ambassade de Venise où il s’était appliqué à acquérir « la réputation d’un ambassadeur le mérite », Bernis se dit effrayé de la situation de l’État. Sans doute, accentue-t-il les traits dans ses Mémoires pour augmenter, par un effet de contraste, l’ampleur du redressement qu’il tentera de réaliser au ministère. « Les finances du royaume […] n’avaient que l’apparence de la bonne administration ; car, depuis le traité Aix-la-Chapelle, l’État avait dépensé tous les ans bien au-delà de ses revenus […] tout l’argent du royaume se trouvait entre les mains des financiers. Le commerce était florissant, mais sans protection de la part de la marine guerrière […] Notre milice, quoique assez nombreuse, n’était ni bien composée ni bien disciplinée, et nos places frontières mal pourvues et mal réparées […] Point d’union dans le Conseil, guerre ouverte entre M. d’Argenson et M. de Machault […] le débordement du luxe le plus scandaleux, la misère du peuple, nulle vraie lumière dans le Conseil, aucun courage de citoyen à la Cour, nuls généraux de terre ni de mer à la veille de la guerre ».

Issu de l’entourage de Madame de Pompadour, Bernis est choisi par le roi pour la négociation délicate et secrète du renversement des alliances sur l’échiquier européen qui devait se conclure par « ce chef d’œuvre de sagesse et de politique » que fut, selon Bernis, la signature du traité de Versailles le 1er mai 1756. Artisan de ce rapprochement entre la France et l’Autriche qui allait entraîner la guerre de sept ans contre la Prusse de Frédéric II, Bernis connaît alors une ascension politique rapide ».

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Loutherbourg (1740-1812), Alsacien ?

Philippe-Jacques de Loutherbourg, connu aussi sous les prénoms de Philip James et Philipp Jakob dit le jeune, né le 31 octobre 1740 à Strasbourg et mort le 11 mars 1812 à Chiswick, est un artiste anglais d’origine franco-suisse.

Diaporama de 26 photos (5 œuvres exposées au musée des Beaux-arts de Strasbourg, cartels et détails).

De Loutherbourg peint par Gainsborough (1777-1778)

Partie 1. Biographie. Source : extraits d’un article de Wikipédia.

Septième enfant du peintre de miniatures, Philippe-Jacques de Loutherbourg l’aîné (1698-1768), miniaturiste et graveur originaire de Bâle, Philippe-Jacques de Loutherbourg reçoit sa première formation artistique de son père.

1755 (15 ans). Son père le conduisit à Paris et le fit entrer dans l’atelier du portraitiste Carle Van Loo, alors dans tout l’éclat de sa carrière, mais le genre de ce maitre ne lui plut pas, et il passa chez le peintre de marine et de guerre Francesco Casanova, dont on retrouve le caractère dans certaines de ses œuvres.

À l’Académie royale de peinture et de sculpture, Jean-Georges Wille lui enseigna la gravure.

1767 (27 ans). Il fut reçu à l’Académie et nommé peintre de Louis XV le 22 août.

1767. Paysage avec animaux

1771 (31 ans). À la suite de l’invitation de David Garrick, directeur de comédiens, il quitta Paris pour Londres et devint responsable de la scène du Théâtre Royal de Drury Lane londonien, avec un confortable salaire de 500 £ par an. Son travail fut très remarqué, non seulement du grand public, mais même d’artistes comme Joshua Reynolds.

1772 (32 ans). Il organise sa première exposition à la Royal Academy.

1778 (38 ans). Paysage avec figures et troupeau au soleil couchant.

1781 (41 ans). Il est titularisé dans cette Académie.

Le 26 février, sur Lisle Street, Leicester Square, il présente au public l’Eidophusikon  ou théâtre mécanique, promettant des Moving Pictures representing Phenomena of Nature (images animées représentant des phénomènes naturels), en précurseur des panoramas du XIXe siècle, ce qui fascina Gainsborough et provoqua un vif intérêt de la part de Joshua Reynolds.

1785 (45 ans) .Son dernier grand projet au théâtre fut la mise en scène de la spectaculaire pantomime Omai, un voyage autour du Monde, d’après les écrits de James Cook. Omai, Tahitien fut un compagnon de voyage de James Cook, et vécut en Angleterre de 1774 à 1776. Il fut le premier indigène des îles du Pacifique à visiter l’Angleterre, et sa présence, combinée aux récits de Cook, enflamma l’imagination des Anglais.

1789 (49 ans). À la fin de sa vie, sa réputation fut un peu altérée par ses implications dans le mysticisme. En 1789, il abandonna temporairement la peinture pour se consacrer à l’alchimie et au surnaturel. Il voyage avec Cagliostro, qui l’instruit dans les sciences occultes, avant de l’abandonner lorsqu’il est condamné. Il pratique également, avec sa femme, la guérison par la foi.

1791 (51 ans). Une âme d’artiste portée au ciel.

1803 (63 ans). Philandre et Clorinde (scène du Conte de Noël de Garrick).

Non daté. Vue de Snowdon depuis le lac de Llamberis.

Partie 2. Portrait par la Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace

« Fils du graveur et miniaturiste bâlois Philipp Jacob Loutherbourg, établi vers 1700 à Strasbourg où il avait épousé Catherine Barbe Heitz.

1755, La famille s’installa à Paris où le jeune Loutherbourg fut confié à Carle Van Loo. Il étudia également la gravure auprès de Jean-Georges Wille et entra dans l’atelier de François-Joseph Casanova dont il devint le collaborateur.

1763. Son premier envoi au Salon lui valut les louanges de Diderot qui appréciait son retour à la nature, rappelant Berchem et l’estimant digne de rivaliser avec Vernet. Cette distinction marqua le début d’une brillante carrière, jalonnée par des paysages, des marines, des scènes de genre ou de bataille.

Entre 1763 et 1771. Il présenta 80 tableaux lors des Salons.

1767. Nommé peintre du roi, il fut reçu à l’Académie royale de peinture. Vers cette époque, son nom s’enrichit d’une particule dont on ignore l’éventuelle justification.

1768. Il effectua un voyage en Provence qu’il prolongea peut-être en Italie, en Suisse et en Allemagne.

Peintre prolifique, accumulant les succès, qualifié de génie rare, Loutherbourg était aussi d’un caractère très déréglé, menant une vie de désordre, aventureuse et fastueuse, non dépourvue de scandales, provoqués notamment par sa vie conjugale et extra-conjugale.

1771. Il décida de commencer une nouvelle existence. Il abandonna ses quatre enfants et sa femme qui venait d’obtenir la séparation des biens, puis, poussé par l’attrait de gains importants, se rendit à Londres.

Jusqu’en 1785. Engagé par David Garrick au théâtre de Drury Lane, il se consacra aux décors, faisant preuve d’un réel talent dans l’art scénique. C’est à ce talent qu’on doit l’invention par Loutherbourg de l’Eidophusikon (1781-1785), spectacle panoramique et mécanique, aux éclairages variables, qui illustrait différents aspects de la nature et qui fit sensation.

1773-1811. Parallèlement, il avait exposé à la Royal Academy dont il devint membre en 1781. En 1786 il rencontra Cagliostro qu’il accompagna en Suisse l’année suivante. Après une brouille en 1788, il revint en Angleterre où il s’établit comme guérisseur.

1789. Il se remit à la peinture. Son importante production anglaise se diversifia. Il se fit caricaturiste et illustrateur, notamment d’une bible, d’un Shakespeare et d’une Histoire d’Angleterre, devint aussi peintre de scènes historiques, mythologiques ou religieuses.

1793. Il suivit le duc d’York dans les Flandres pour y peindre les victoires anglaises.

Sur sa tombe, une inscription le compare à Salvator Rosa, à Poussin et au Lorrain.

Dans quelle mesure, Loutherbourg, né à Strasbourg, peut-il être considéré comme un artiste alsacien ? En 1776, devant le naturaliste Jean Hermann, il renia même ses origines, prétendant être suisse. Ce qui est sûr, c’est qu’il fut un peintre talentueux et fécond, parisien d’abord, anglais ensuite. Son importance, affirmée par Diderot et aujourd’hui méconnue, fut assez bien jugée par son confrère Sir Thomas Lawrence qui disait : Loutherbourg est à compter parmi les plus grands génies, mais il n’est pas allé plus loin« .

Partie 3. Vie et œuvre. Source : résumé de la thèse d’Olivier Lefeuvre, dirigée par Barthélémy Jobert et soutenue le 6 décembre 2008 au Centre André Chastel.

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18ème. Brasser à Strasbourg, Paris

18ème siècle. Brasseries à Strasbourg et Paris.

Partie 1. Brève Histoire de la Bière, du 15ème au 19ème siècle. Sources : blog Brewnation et Wikipédia.

Du développement de l’activité brassicole. L’année 1446 est décisive pour la bière. Jusque là la bière était avant tout considérée comme un substitut au vin produit en quantité en Alsace. Si le vin venait à manquer, le public se tournait logiquement vers la bière.

La bière continue donc son développement et, au 16ème siècle, on compte six brasseries dans la ville de Strasbourg. Elles produisent 1 300 hectolitres de bière.

Au 18ème siècle, on recense jusqu’à 300 brasseries artisanales en Alsace.

1775. De la culture du Houblon (source). Les premiers plants de houblon domestique sont apparus en Alsace, dans le secteur d’Oberhofen-sur-Moder vers 1775, sous l’impulsion d’un ecclésiastique féru de botanique : le pasteur Charles Ehrenpfort. Il crée du même coup un véritable marché local. Mais c’est François Derendinger, un brasseur allemand du Pays de Bade voisin installé à Haguenau, qui va lancer les houblonnières modernes en Alsace. Après plusieurs tentatives avec des houblons bavarois, c’est finalement un houblon de la région de Saaz qui sera retenu. Derendinger rapporte 800 plants de Bohême, qui vont constituer la souche initiale du houblon alsacien. Les premières parcelles apparaissent à Haguenau en 1808.

De la distribution de la bière (source). Chacune des brasseries disposait d’un débit pour la vente directe de bière. Elle était vendue sur place ou dans les débits de boisson à proximité de la brasserie.

De la corporation des brasseurs (source). Vers le milieu du 17ème siècle, la rumeur publique prétendit que la levure de bière que les brasseurs vendaient aux boulangers était mauvaise et empoisonnait le pain. Mais les brasseurs sortirent vainqueurs et ils continuèrent à avoir le monopole de la vente de la levure… On pouvait interdire de brasser les années de disette pour garder les céréales pour l’alimentation: en 1693 par exemple. En temps ordinaire, on ne pouvait faire par jour, dans chaque brasserie, qu’un seul brassin de quinze setiers de farine maximum. Le brasseur devait, à chaque brassin, avertir le commis de la perception de l’heure où il mettait le feu sous la chaudière, sous peine d’amende et de confiscation… A la fin du 18ème siècle, la corporation était dirigée par trois jurés ou gardes. L’apprentissage durait 5 ans, faire trois ans de compagnonnage et réaliser un chef-d’œuvre avant de devenir maître… À partir de 1783, les brasseurs sont autorisés à brasser toute l’année.

De la révolution : elle établit la liberté de brasser. Cela tente apparemment pas mal de Strasbourgeois puisque entre 1789 et 1795, 24 nouvelles brasseries se créent.

La brasserie devient le fruit de l’activité de grandes familles protestantes (une cinquantaine alors). Dès lors, la recherche de bénéfices allait promouvoir le secteur.

19ème siècle. Deux évènements majeurs vont révolutionner la distribution de la bière: l’invention de la fermentation basse grâce au travail sur les levures de Louis Pasteur et le développement des moyens de transport.

Partie 2. Trois Brasseries fondées au 18ème siècle

Schutzenberger : fondée en 1740 dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg, elle devient brasserie royale sous Louis XV et Louis XVI.

La Révolution la renomme Grande brasserie de la Patrie.

Brasserie de l’Espérance : fondée en 1746 à Strasbourg;

Source. Nicolas Stoskopf, Les Hatt, une dynastie de brasseurs strasbourgeois de 1664 aux années 1980.Vandelle Éditions, 2018, 9. Hal Open Science

« Le second fils de Jérôme V et Catherine Goll, Jean Hatt (1720-1753), est le fondateur en 1746 de la Brasserie de l’Espérance (Zur Hoffnung). Quand Jean a, conformément à la tradition – et devançant d’un an son frère aîné – réalisé et présenté son chef-d’œuvre en tonnellerie, il postule à la maîtrise en 1745. Sa requête est une première fois rejetée en août de la même année au prétexte qu’il ne possédait pas de brasserie, puis finalement satisfaite le 20 janvier 1746.

C’est qu’il a entre-temps, le 20 décembre 1745, acquis d’Anne Catherine, née von Herff, veuve d’Antoine Vogler, intendant général de la Commanderie des chevaliers teutoniques à Andlau, un immeuble situé à l’angle de la rue des Veaux et de la rue de la Pierre-Large pour un montant de 2 250 livres de Strasbourg. Constitué d’une maison sur rue, d’une autre sur l’arrière, de deux cours et d’une ferme, Jean y a obtenu du Conseil des XV un permis d’installation d’une brasserie contre versement de deux contributions pour un total de 120 livres. Quelques jours auparavant, le 4 décembre 1745, Jean Hatt vendait à Marie Ève. Cousteau, épouse du lieutenant d’artillerie Antoine Cousteau, la maison de l’Oie d’or, place Saint-Étienne, et une maison mitoyenne avec cour sur la rue des Pucelles, l’ensemble pour 1 228 livres de Strasbourg. La maison mitoyenne était d’ailleurs une acquisition récente dont l’achat remontait seulement au 29 juillet de la même année. Tout porte à croire que cette vente est directement motivée par l’acquisition de l’immeuble de la rue des Veaux, sans doute mieux adapté à son projet de brasserie.

Le 12 novembre, Jean emprunte auprès du brasseur strasbourgeois Jean-Georges Klein 1 750 livres de Strasbourg à 4 % d’intérêt. Le débiteur donne en gage la Brasserie de l’Espérance avec tout son matériel et les droits attachés. Son beau-frère, le forgeron strasbourgeois Jean Conrad Heyl, se porte caution solidaire sur ses biens propres.

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Maurepas, exilé par Louis XV

Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781).

 Il fut secrétaire d’État à la Marine de Louis XV de 1723 à 1749. Après une longue disgrâce, il devint ministre d’État à l’avènement de Louis XVI en 1774 jusqu’à sa mort en 1781. Maurepas (né en 1701) est à peine plus âgé que Louis XV (né en 1710). Il est par contre nettement plus âgé que Louis XVI (né en 1754). Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Portrait. Maurepas était doué d’une intelligence vive et d’une grande finesse, mais il était frivole et égoïste, ainsi que le note par exemple Mme de Tencin. Ironique, mordant, sarcastique, voire facétieux, il n’était pas ce que l’on appelle méchant, écrit le baron de Besenval, mais il ne résistait jamais au plaisir d’un bon mot. De figure banale et de petite taille, il essayait de compenser la médiocrité de son physique par le soin de sa mise et une affectation de raideur et de gravité. S’il n’était pas très cultivé, il était doué d’une mémoire prodigieuse et d’un véritable talent pour la conversation. Intuitif, d’après l’abbé de Véri, son jugement sur les hommes était rarement mis en défaut, mais il lui manquait souvent de s’y tenir lui-même.

Première chronique. Du secrétariat à la Maison du Roi en 1715 (date de la mort de Louis XIV et du début de la Régence) à l’exil en 1749. A venir, une seconde chronique : Maurepas, mentor de Louis XVI, faisant fonction de Ministre principal (de 1774 à 1781).

Partie 1. Maurepas sous la Régence (1715-1723)

1715 (14 ans). Fils de Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain, secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du Roi, Maurepas, âgé de seulement quatorze ans et demi succéda, dans la seconde de ces charges, à son père, que l’on avait fait démissionner en sa faveur pour s’en débarrasser.

1718 (17 ans). Le marquis de La Vrillière se chargea de gérer le département tout en faisant l’éducation du jeune homme, qui devint en outre son gendre en épousant le 19 mars 1718 sa fille Marie-Jeanne Phélypeaux de La Vrillière (1704-1793).

Maurepas prit ses fonctions à la Maison du Roi, avec supervision des affaires du Clergé et de Paris en 1718, à l’âge de dix-sept ans.

Partie 2. De 1723 (début du règne personnel de Louis XV, né en 1710) à 1748 (fin de la Guerre de succession d’Autriche).

1723 (22 ans). Maurepas devint également secrétaire d’État de la Marine le 16 août, à la place de Fleuriau de Morville, nommé aux Affaires étrangères en remplacement du cardinal Dubois qui venait de mourir. Il le resta jusqu’au 23 avril 1749. C’est durant cette fonction de secrétaire d’État à la Marine qu’un fort français de la Nouvelle-France fut nommé en son honneur, le Fort Saint Frédéric. Il utilisa le négociant Vincent de Gournay, en pleine guerre pour faire de l’espionnage en Angleterre, en Hollande et dans les États allemands.

1730-1740 (29-39 ans). Authentiquement intéressé par les questions scientifiques, ami du malouin Maupertuis, il l’envoya en Laponie faire une série de relevés et d’études. Il fit travailler les meilleurs esprits pour améliorer les techniques de navigation et de construction navale. Il fut un ministre de la marine discret mais très efficace, battant des records de longévité. C’est avec beaucoup de talent qu’il utilise des crédits insuffisants pour moderniser la Marine royale des années 1730-1740. Il visite les ports, rencontre les constructeurs et favorise l’émergence de nouvelles techniques de construction.

De Maurepas en 1730. Portrait par l’Atelier de LM Van Loo

1737 (36 ans). Il devient franc-maçon en 1737. Il fut aussi un membre très influent de la haute noblesse franc-maçonne. Il contribue à l’arrêt de poursuites contre des francs-maçons.

1741-1748 (40-47 ans). Guerre de Succession d’Autriche. Maurepas fait remonter peu à peu les effectifs des vaisseaux et des frégates, restés longtemps à un très bas niveau (depuis 1708) à cause de la grave crise financière de la fin du règne de Louis XIV. C’est à lui que l’on doit l’apparition des vaisseaux de 74 canons qui surprennent la Royal Navy par leur puissance de feu et leur manœuvrabilité.

1745 (44 ans). Défaite de Louisbourg. Maurepas gère au mieux la marine pendant ce conflit alors que la Royal Navy garde malgré tout un fort avantage en nombre d’unités, de presque 2 pour 1. Le début de la guerre est marqué par une défaite française : la prise de la forteresse de Louisbourg en 1745 qui défend l’entrée du Saint-Laurent et du Canada. La place s’est laissée surprendre par un débarquement improvisé.

Maurepas décide aussitôt d’envoyer une puissante escadre reprendre Louisbourg : 55 (ou 60) bâtiments portant 3 500 hommes de troupe escortés par 10 vaisseaux, 3 frégates et 3 navires à bombarde, commandés par le duc d’Anville. Le plan, très ambitieux, prévoit aussi de reprendre Port-Royal, l’ancienne capitale de l’Acadie devenue Annapolis et rien moins que la destruction de la ville de Boston.

1746 (45 ans). Mais l’expédition se traîne dans une interminable traversée de l’Atlantique (du 22 juin au 12 septembre 1746) où elle est bousculée par une terrible tempête lorsqu’elle arrive sur place. Elle tourne ensuite à la catastrophe sanitaire. Le scorbut, puis une toxicose liée à la mauvaise qualité des vivres, se déclare et décime les équipages. 800 soldats et 1 500 matelots décèdent en quelques jours. La Jonquière décide de rentrer. Les vaisseaux, réduits à l’état d’hôpitaux flottants, rentrent en ordre dispersé. L’escadre a été vaincue par la maladie sans même avoir rencontré l’ennemi. Louisbourg restera entre les mains des Anglais jusqu’à la fin de la guerre et sera échangée contre Madras, grosse place anglaise en Inde dont les Français de Dupleix se sont emparés.

Cet échec ne doit pas faire oublier la très bonne tenue de la marine pour maintenir ouvertes les routes commerciales. Lors de ce conflit, Maurepas organise de grands convois marchands escortés par la marine royale pour protéger ceux-ci des attaques anglaises. La réussite de cette tactique assure le maintien du commerce colonial français et les chambres de commerce félicitent même les capitaines français pour leur efficacité.

1747 (46 ans). Il faut attendre 1747 pour que la Royal Navy, tirant l’expérience de ses échecs, réussisse à reprendre le dessus lors des terribles batailles du cap Ortegal (mai 1747) et du cap Finisterre (octobre 1747).

1748 (47 ans). La paix signée à Aix-La-Chapelle assure le succès global de la marine royale qui a su résister pendant l’essentiel de la guerre à la pression anglaise. Maurepas supprime les galères. La Royal Navy, surprise par la qualité des vaisseaux français, intègre immédiatement dans ses rangs les unités qu’elle a capturées lors des batailles de 1747 et se met aussi à les copier.

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Biscuits, expo Manufacture de Sèvres

Suite des chroniques du blog Histoires d’universités sur les faïenceries au 18ème siècle.

Partie 1. Sèvres – Manufacture et Musée nationaux. Communiqué de presse. Biscuits, exposition du 18 janvier au 1 avril 2023.

« L’exposition de soixante-dix sculptures, du XVIIIème siècle à nos jours, met en lumière la variété, la finesse et la virtuosité du modelé des biscuits de Sèvres, qui participent à la légende de la Manufacture.

Inventé en 1752 à Sèvres pour se démarquer des autres productions de Meissen en Saxe ou de Chine, émaillées et peintes, le biscuit désigne une pâte de porcelaine qui, contrairement à ce que laisse supposer son nom bis-cuit ou cuit deux fois, ne subit qu’une seule cuisson à haute température et ne reçoit ni émail ni décor. Le terme dérive de l’italien biscotto qui, dans les faïenceries italiennes de la Renaissance, désignait la pâte avant cuisson dont l’aspect épais et grumeleux rappelait sans doute la pâte à biscuit des pâtissiers.

Cette invention, révélant la blancheur de la matière et les détails les plus fins qui ne sont plus aplanis par la couche d’émail, rencontre rapidement le succès auprès de membres de la Cour et incite l’institution à développer cette production. Réalisation du modèle en argile crue, travail du plâtre pour confectionner des moules, nouvelle technique de moulage par estampage et contrôle de la cuisson délicate de la porcelaine à sa plus haute température révélant cet effet unique évoquant le marbre blanc : la technique est encore à l’œuvre dans les ateliers de la Manufacture.

Depuis 1740, Sèvres – Manufacture et Musée nationaux préserve, enrichit et révèle un patrimoine matériel et immatériel unique au monde. Lieu de vie hors du commun, Sèvres célèbre la passion de la matière, le respect des gestes séculaires des artisans céramistes et la beauté des œuvres d’art qui traversent les âges. Maison de création, de transmission et d’inspiration, Sèvres offre des expériences singulières à vivre, à partager et à offrir.

Le décor de la table bénéficie tout particulièrement de ce renouveau de la sculpture à Sèvres et les biscuits, en compositions de plusieurs éléments, de la simple paire faisant échos à la symétrie alors en vogue dans les décors Rocaille au plus large surtout, mettent en scène les nouvelles salles à manger. Ces nouveaux objets décoratifs et la pratique des cadeaux diplomatiques sous les règnes successifs de Louis XV et Louis XVI vont, dès lors, largement participer à la grande diffusion des biscuits à travers l’Europe, à leur reprise par les différentes manufactures européennes et à l’association durable du biscuit au goût et au savoir-faire français dans les arts décoratifs.

L’exposition Biscuit(s) réunit un groupe de figures emblématiques créées à Sèvres du XVIIIème siècle à aujourd’hui : elle présente ainsi le travail d’artistes illustres du siècle des Lumières, membres de l’Académie royale et amenés à diriger les ateliers de la Manufacture : les sculpteurs Jean-Jacques Bachelier, Étienne Maurice Falconet ou Louis-Simon Boizot et des biscuits reproduits d’après des gravures du peintre François Boucher« . Chronique du blog Histoires d’universités : François Boucher, 30 ans en 1733.

Exposition Zu Tisch! Die Kunst des guten Geschmacks, Alte Sammlung, Sarrebruck, 2022

Partie 2. Le bouquet de Delphine (1787). Chronique d’Histoires d’universités

Le bouquet de Delphine de Sabran (1770-1826), Manufacture de Niderviller, 1787. Matière et technique : porcelaine, modelage, assemblage, pastillage, biscuit. Musée du Pays de Sarrebourg. Diaporama de 11 photos.

Histoire de la Faïencerie de Niderviller (1735-1793). « Le biscuit est une porcelaine, tendre ou dure, cuite sans glaçure à haute température (de 1200 à 1400 °C).

Créé au sein de la manufacture de Niderviller par les ouvriers, selon l’histoire orale de la manufacture, pour être offert à la Comtesse de Custine, Delphine de Sabran (1770-1826) ».

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