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Au Jardin avec le Pasteur Oberlin

Ban-de-la-Roche : au jardin avec le Pasteur Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826).

Diaporama de 46 photos.

Partie 1. Exposition très instructive aux Archives de Strasbourg. Catalogue de 64 pages (12 euros), en ligne. Articles de Marie Bell, Albane Eglemme, Benoît Jourdan.

Pour aller plus loin : visiter également le musée Oberlin de Waldersbach (Bas-Rhin).

Présentation de l’expo sur le site des Archives.

Du 14 mars au 16 juillet 2023, découvrir la vie du pasteur Jean-Frédéric Oberlin et son goût pour la botanique, la phytothérapie et l’application des plantes dans le quotidien de ses paroissiens. Visites guidées, cycle de conférences, film documentaire, meuble à senteurs (photo ci-dessous)…

« Homme des Lumières, Jean-Frédéric Oberlin est un prédicateur humaniste et progressiste. Le vif de son action se déroule au Ban-de-la-Roche, dans la vallée de la Bruche, où il met en œuvre une politique sociale et bienfaitrice grâce à la création d’institutions publiques destinées à l’instruction morale, sociale et politique de ses paroissiens.

L’exposition présentée par les Archives de Strasbourg met en exergue un aspect particulier de l’action de Jean-Frédéric Oberlin : la botanique et ses applications dans le quotidien au Ban-de-la-Roche vers 1800.

Une première section replace dans le contexte européen de la fin du XVIIIe siècle les recherches menées par Oberlin : il lit, il échange, il explore le domaine de la botanique pour planter sur papier les plantes et fleurs locales dans ses fameux herbiers.

En deuxième lieu, Jean-Frédéric Oberlin s’attache à diffuser ses connaissances à ses paroissiens. L’exposition s’attarde sur la révolution agronomique mise en œuvre par Oberlin pour permettre de nourrir les hommes comme les bêtes, mais aussi de les soigner grâce à l’essor de la phytothérapie et de la création d’une pharmacie de charité.

Enfin, si Oberlin sensibilise les adultes à de nouveaux modes de vies, il œuvre également à l’éducation et à l’instruction des jeunes, garçons comme filles, en créant les premières écoles maternelles et en formant des jeunes femmes au métier d’institutrice. Les plantes et les fleurs deviennent des savoirs à apprendre et à connaître ».

Partie 2. Autour d’un herbier du XVIIIe siècle avec Oberlin. Source : extraits de l’article de François Goursolas, BIU Santé, Université Paris Descartes.

« Chaque étiquette porte aussi le nom en bon français, en allemand et souvent aussi en patois lorrain de la haute vallée de la Bruche. Il marque en haut de l’étiquette la date et le lieu de la cueillette, en bas des renseignements concernant les vertus de la plante et l’ordre simplifié de classification : Ire classe « économique » c’est-à-dire propre à l’utilisation habituelle ; 2e classe dite « curieuse », par exemple les fleurs décoratives et la 3e de beaucoup la plus importante, divisée en deux ordres : médical et dangereux.

A l’opposé, le fichier iconographique comporte bien les 24 classes de Linné, la dernière étant « à fertilisation cachée », fougère, mousses, lichens, champignons, et des renseignements très détaillés sur leur usage. Si l’herbier était, dans l’esprit d’Oberlin, un matériel de référence scientifique, le fichier était destiné aux élèves sous la direction de ceux que l’on appelait déjà les maîtres d’école, complété par des listes séparées de « plantes dangereuses ou comestibles« . Ces listes destinées à l’ensemble de la population, furent établies par le pasteur lui-même dans les premières années de sa vie à Waldersbasch et plus tard par l’une de ses fille, Louise-Charité, et une dévouée collaboratrice et « conductrice » des enfants, Louise Schepler.

D’où lui vint ce goût pour l’histoire naturelle ? En même temps que la théologie, il avait appris chez le docteur Ziegenhagen, chirurgien renommé de Strasbourg où il était comme précepteur (Hofmeister) de ses enfants, des rudiments de médecine et de petite chirurgie. En 1766, âgé de 26 ans, il suivit les conférence de Jean Hermann (1738-1800) professeur à l’école de médecine et débuta une « Collection ».

A cette époque, on liait histoire naturelle et théologie et par ailleurs on découvrait l’œuvre de Karl von Linné (1708-1778) le fils d’un pasteur luthérien de la campagne suédoise, diplômé docteur en médecine de l’université de Leyde, botaniste dès l’enfance, auteur de plusieurs traités dont le « Species plantarum » publié à Stockholm en 1753 qui eut encore une 10e édition en 1759, connue d’Oberlin qui débutait ses études.

Celui-ci, « n’ayant jamais été un vrai botaniste », a établi son herbier sur « des données empiriques tirées de la tradition orale » de sa vallée et sur un savoir livresque entretenu au long des années : il avait dans sa bibliothèque un ouvrage du naturaliste Jean Bauhin (1541-1613) frère du célèbre anatomiste de la valvule coecale, et auteur d’une « Historia universalis plantarum ». Il disposait aussi d’une « Historia plantarum alsaticum » de Mappus, publiée en 1742 qui donnait la liste des espèces les plus répandues de la région et leurs localisations ».

Partie 3. Biographie du pasteur Jean-Frédéric Oberlin. Source : extraits de l’article de Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Oberlin

Johann Friedrich Oberlin, Jean-Frédéric Oberlin en français, né le 31 août 1740 à Strasbourg et mort le 1er juin 1826 (à 85 ans) à Waldersbach, est un pasteur protestant alsacien, piétiste et apôtre du progrès social.

Jeunesse et études. Fils de Jean-Georges Oberlin (1701–1770), professeur au gymnase protestant de Strasbourg, et Marie-Madeleine, née Feltz (1718–1787), Oberlin reçut son éducation à l’université de Strasbourg. Porté par ses goûts et par une grande piété vers la carrière ecclésiastique, il y étudia la théologie et se fit remarquer parmi ses condisciples non seulement par son intelligence et son application, mais aussi par un enthousiasme religieux qui se rencontre rarement chez un jeune homme de son âge.

1763. Ayant obtenu le grade de maître ès arts, il entra, en qualité de précepteur, dans la maison du chirurgien Ziegenhagen, où il passa trois années et joignit, à ses connaissances d’agriculture acquises durant sa jeunesse, des notions de médecine et de botanique.

1767. Il se vit offrir la place peu recherchée de pasteur à Waldersbach, un village pauvre de la haute vallée de la Bruche, situé dans le comté du Ban de la Roche, sur le versant ouest du Champ du Feu. Dès le XVIIe siècle, quelques pasteurs, pénétrés de l’importance de leur mission, comme Jean Nicolas Marmet, Jean Georges Pelletier, de Montbéliard, et surtout son prédécesseur, Jean-Georges Stuber, avaient contribué à améliorer le bien-être de la population déshéritée de cette région. Stuber avait réussi à établir une école convenable, et grâce à ses soins, grâce aussi à son Alphabet méthodique pour faciliter l’art d’épeler et de lire en français, la plupart de ses paroissiens lisaient à peu près couramment, lorsqu’il quitta ce coin de terre qui partageait avec le reste de l’Alsace le privilège de jouir d’une certaine liberté de conscience, pour aller desservir celle de Saint-Thomas à Strasbourg.

1768. Le 6 juillet, il se maria avec la fille d’un professeur à l’université de Strasbourg, Madeleine-Salomé Witter, chez qui il trouva une compagne fidèle et une aide précieuse pour les réformes qu’il projetait.

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Apprentissage, forte progression

L’apprentissage se développe rapidement dans l’Enseignement Supérieur. Au même rythme dans le public et dans le privé ? au même rythme dans les établissements publics expérimentaux et dans les universités petites et moyennes centrées sur le développement de leurs territoires ? L’apprentissage n’échappe-t-il pas à toute gouvernance centralisée ? Ne se développe-t-il pas au contraire selon les fils tissés dans et par les réseaux d’anciens diplômés, impliqués dans la fonction de tuteur ?

Les données statistiques qui font l’objet de cette chronique ne disent effectivement pas tout.

7 mars 2023 : sixième journée nationale interprofessionnelle de grève et de manifestation contre la réforme des retraites. Il faut rappeler que les apprentis cotisent pour la retraite (comptabilisation de huit trimestres) : le gouvernement l’a-t-il oublié dans ses calculs ?

Source 1. Les contrats d’apprentissage en 2022, Dares, 3 mars 2023.  

837 000 contrats d’apprentissage ont commencé en 2022 (+14 % par rapport à 2021). Au 31 décembre 2022, le nombre d’apprentis s’élève à 980 000 en France.

Source 2. Près d’un million de jeunes étudient désormais en apprentissage, par Étienne Gless, L’étudiant, 03 Mars 2023.

Deux apprentis sur trois préparent un diplôme de niveau bac+2 ou plus

Par ailleurs, la Dares observe que le niveau de diplôme monte. Depuis plusieurs années, l’enseignement supérieur est la locomotive de l’apprentissage. 22% des jeunes préparent ainsi un BTS ou une autre formation de niveau bac+2 par apprentissage. Tout autant d’apprentis (22% également) préparent désormais aussi une formation de niveau bac+5 : master, titre d’ingénieur, etc.

TPE et PME recrutent deux tiers des apprentis

Par ailleurs, seules 14% des entreprises de plus de 1.000 salariés proposent des contrats d’apprentissage. Ce sont, en fait, les très petites entreprises (TPE, moins de dix salariés) et les PME (moins de 50 salariés) qui ont signé le plus de contrats – 66% l’an passé – soit deux contrats sur trois. Les entreprises de taille intermédiaire (de 50 à 999 salariés) fournissent, quant à elles, 22% des contrats.

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1762-1775. Église Louis de Nassau

1762-1775. Église de Louis de Nassau à Saarbrücken.

Sources. Article de Wikipédia et livret (en français) mis à disposition à l’entrée de l’église (34 pages).

La Ludwigskirche, église du Prince Louis de Nassau est une église protestante de style baroque située à Sarrebruck. Symbole de la ville, elle est avec la Frauenkirche de Dresde et le Michel de Hambourg un des meilleurs exemples d’église protestante bâtie en Allemagne.

Elle est considérée comme le couronnement des travaux de l’architecte baroque Friedrich-Joachim Stengel (photo) et elle compte parmi les églises protestantes baroques les plus connues en Allemagne.

Deux diaporamas : extérieur de l’église (40 photos), intérieur (23 photos).

Guillaume Henri (né le 6 mars 1718 à Usingen) est  prince de Nassau-Sarrebruck de 1741 jusqu’à sa mort en juillet 1768.

Louis (1745-1794) est le dernier prince régnant de Nassau-Sarrebruck. Il règne de 1768 jusqu’à la Révolution française.

Chronique du 27 septembre 2022, Princes de Nassau au 18ème siècle. De 1741 à 1794, deux princes de Nassau-Sarrebruck se succèdent au pouvoir, Guillaume Henri (de 1741 à 1768) et Louis (de 1768 à 1794).

1761. Le Prince Guillaume ordonne le début de la planification pour la construction d’une nouvelle église luthérienne, destinée à l’usage de la Cour et de la paroisse.

1762. Pose de la première pierre sous le patronage du prince Guillaume Henri de Nassau-Sarrebruck. L’église est placée au centre de la place typiquement baroque, à la différence des places royales françaises où c’est la statue du roi qui a seule ce privilège.

1768. A la mort de Guillaume Henri, les travaux sont arrêtés pour raison d’endettement d’État.

1773. Reprise des travaux.

1775. L’église est terminée et inaugurée par le prince Louis de Nassau-Sarrebruck, fils et successeur de Guillaume-Henri, qui lui donne son nom ainsi qu’à la place sur laquelle elle est édifiée.

Le plan de l’église a la forme d’une large salle en croix grecque, avec l’ensemble autel et chaire situé au bout du côté long. C’est le plan qui répond le mieux aux exigences de la prédication protestante.

A l’origine, l’église est couverte de crépi et peinte en blanc comme le sont tous les édifices de la place. La peinture n’a pas résisté au temps ; elle est enlevée à la fin du 19ème,  laissant apparaitre le grès rose et ocre.

Vues de l‘extérieur. Les quatre évangélistes : Matthieu avec l’ange, Marc avec le lion, Luc avec le taureau, et Jean avec l’aigle (photos et détails dans le diaporama). Les quatre statues signifient que l’Église protestante a été construite sur les piliers porteurs de !’évangile.

L’église possède trois portails. Le clocher se trouve sur le côté ouest de l’église. Il est à toit plat, ressemble celui de Saint-Sulpice à Paris.

Le portail Est est couronné par les armoiries de la maison Nassau-Saarbrücken. Il est flanqué des apôtres principaux, Paul et Pierre, et distingué par la double inscription de dédication.

Vues de l’intérieur de l’église

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Classé dans AA. Le 18ème, année par année, AH. Histoire 19-20èmes siècles, BA. Photos, D. Allemagne, E. Arts Lettres Langues, E. Ingénierie, Architecture, E. Mobilité internationale, E. Sciences humaines et sociales

18ème. Brasser à Strasbourg, Paris

18ème siècle. Brasseries à Strasbourg et Paris.

Partie 1. Brève Histoire de la Bière, du 15ème au 19ème siècle. Sources : blog Brewnation et Wikipédia.

Du développement de l’activité brassicole. L’année 1446 est décisive pour la bière. Jusque là la bière était avant tout considérée comme un substitut au vin produit en quantité en Alsace. Si le vin venait à manquer, le public se tournait logiquement vers la bière.

La bière continue donc son développement et, au 16ème siècle, on compte six brasseries dans la ville de Strasbourg. Elles produisent 1 300 hectolitres de bière.

Au 18ème siècle, on recense jusqu’à 300 brasseries artisanales en Alsace.

1775. De la culture du Houblon (source). Les premiers plants de houblon domestique sont apparus en Alsace, dans le secteur d’Oberhofen-sur-Moder vers 1775, sous l’impulsion d’un ecclésiastique féru de botanique : le pasteur Charles Ehrenpfort. Il crée du même coup un véritable marché local. Mais c’est François Derendinger, un brasseur allemand du Pays de Bade voisin installé à Haguenau, qui va lancer les houblonnières modernes en Alsace. Après plusieurs tentatives avec des houblons bavarois, c’est finalement un houblon de la région de Saaz qui sera retenu. Derendinger rapporte 800 plants de Bohême, qui vont constituer la souche initiale du houblon alsacien. Les premières parcelles apparaissent à Haguenau en 1808.

De la distribution de la bière (source). Chacune des brasseries disposait d’un débit pour la vente directe de bière. Elle était vendue sur place ou dans les débits de boisson à proximité de la brasserie.

De la corporation des brasseurs (source). Vers le milieu du 17ème siècle, la rumeur publique prétendit que la levure de bière que les brasseurs vendaient aux boulangers était mauvaise et empoisonnait le pain. Mais les brasseurs sortirent vainqueurs et ils continuèrent à avoir le monopole de la vente de la levure… On pouvait interdire de brasser les années de disette pour garder les céréales pour l’alimentation: en 1693 par exemple. En temps ordinaire, on ne pouvait faire par jour, dans chaque brasserie, qu’un seul brassin de quinze setiers de farine maximum. Le brasseur devait, à chaque brassin, avertir le commis de la perception de l’heure où il mettait le feu sous la chaudière, sous peine d’amende et de confiscation… A la fin du 18ème siècle, la corporation était dirigée par trois jurés ou gardes. L’apprentissage durait 5 ans, faire trois ans de compagnonnage et réaliser un chef-d’œuvre avant de devenir maître… À partir de 1783, les brasseurs sont autorisés à brasser toute l’année.

De la révolution : elle établit la liberté de brasser. Cela tente apparemment pas mal de Strasbourgeois puisque entre 1789 et 1795, 24 nouvelles brasseries se créent.

La brasserie devient le fruit de l’activité de grandes familles protestantes (une cinquantaine alors). Dès lors, la recherche de bénéfices allait promouvoir le secteur.

19ème siècle. Deux évènements majeurs vont révolutionner la distribution de la bière: l’invention de la fermentation basse grâce au travail sur les levures de Louis Pasteur et le développement des moyens de transport.

Partie 2. Trois Brasseries fondées au 18ème siècle

Schutzenberger : fondée en 1740 dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg, elle devient brasserie royale sous Louis XV et Louis XVI.

La Révolution la renomme Grande brasserie de la Patrie.

Brasserie de l’Espérance : fondée en 1746 à Strasbourg;

Source. Nicolas Stoskopf, Les Hatt, une dynastie de brasseurs strasbourgeois de 1664 aux années 1980.Vandelle Éditions, 2018, 9. Hal Open Science

« Le second fils de Jérôme V et Catherine Goll, Jean Hatt (1720-1753), est le fondateur en 1746 de la Brasserie de l’Espérance (Zur Hoffnung). Quand Jean a, conformément à la tradition – et devançant d’un an son frère aîné – réalisé et présenté son chef-d’œuvre en tonnellerie, il postule à la maîtrise en 1745. Sa requête est une première fois rejetée en août de la même année au prétexte qu’il ne possédait pas de brasserie, puis finalement satisfaite le 20 janvier 1746.

C’est qu’il a entre-temps, le 20 décembre 1745, acquis d’Anne Catherine, née von Herff, veuve d’Antoine Vogler, intendant général de la Commanderie des chevaliers teutoniques à Andlau, un immeuble situé à l’angle de la rue des Veaux et de la rue de la Pierre-Large pour un montant de 2 250 livres de Strasbourg. Constitué d’une maison sur rue, d’une autre sur l’arrière, de deux cours et d’une ferme, Jean y a obtenu du Conseil des XV un permis d’installation d’une brasserie contre versement de deux contributions pour un total de 120 livres. Quelques jours auparavant, le 4 décembre 1745, Jean Hatt vendait à Marie Ève. Cousteau, épouse du lieutenant d’artillerie Antoine Cousteau, la maison de l’Oie d’or, place Saint-Étienne, et une maison mitoyenne avec cour sur la rue des Pucelles, l’ensemble pour 1 228 livres de Strasbourg. La maison mitoyenne était d’ailleurs une acquisition récente dont l’achat remontait seulement au 29 juillet de la même année. Tout porte à croire que cette vente est directement motivée par l’acquisition de l’immeuble de la rue des Veaux, sans doute mieux adapté à son projet de brasserie.

Le 12 novembre, Jean emprunte auprès du brasseur strasbourgeois Jean-Georges Klein 1 750 livres de Strasbourg à 4 % d’intérêt. Le débiteur donne en gage la Brasserie de l’Espérance avec tout son matériel et les droits attachés. Son beau-frère, le forgeron strasbourgeois Jean Conrad Heyl, se porte caution solidaire sur ses biens propres.

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1776. 50 évènements, 8 chroniques

576ème chronique d’Histoires d’universités sur le 18ème siècle. Pour chaque année, évolution des relations internationales (alliances, mariages, guerres, traités de paix, échanges commerciaux). Chroniques du blog illustrant l’année. Évènements climatiques, politiques, économiques, scientifiques, artistiques (rangés selon le mois et le jour).

Chronique précédente : 1775. 57 évènements, 10 chroniques

1776, deuxième année de la guerre d’indépendance des États-Unis (1775-1783).

3ème année du règne de Louis XVI. Composition du Conseil du Roi après le limogeage de Turgot le 12 mai 1776.

  • Principal Ministre : Comte de Maurepas (mai 1774 – novembre 1781).
  • Garde des Sceaux : Hue de Miromesnil (août 1774 – avril 1787).
  • Contrôleur général des Finances : Clugny de Nuit (mai 1776 – octobre 1776). Taboureau des Réaux (octobre 1776  – juin 1777) ; le 22 octobre, celui-ci  appelle le financier et ministre genevois et protestant Necker pour le servir en tant que conseiller. 
  • Secrétaire d’état aux Affaires étrangères : comte de Vergennes (juillet 1774 – février 1787).
  • Secrétaire d’état à la Guerre : comte de Saint-Germain (octobre 1775 – novembre 1777).
  • Secrétaire d’état à la marine : de Sartines (août 1774 – octobre 1780).
  • Secrétaire d’état à la Maison du Roi : Amelot de Chaillou (mai 1776  – novembre 1783).
  • Secrétaire d’état : Bertin (mai 1774 – juin 1780).

Partie 1. 1776  dans 8 chroniques du blog

1775-1783. La Guerre d’indépendance. Chronique du 18 février 2021. Contraintes de commercer exclusivement avec l’Angleterre, les colonies américaines pratiquent en fait une importante contrebande avec les Antilles françaises et l’Amérique espagnole. L’essor démographique est très important, lié à l’émigration européenne et au système esclavagiste (deux millions d’habitants vers 1770 dont un quart d’esclaves noirs). La rupture avec la Couronne britannique s’explique par la demande croissante de terres de la part des colons et l’alourdissement des prélèvements fiscaux depuis la guerre de Sept Ans (1756-1763), très coûteuse pour l’Angleterre.

1776-1789. L’abolition des Corvées. Les six édits de Turgot (février 1776) concernent :

  • la suppression des corvées, travail imposé d’entretien des voies et ouvrages d’art publics : routes, ponts, fossés, palissades.
  • la suppression des jurandes et maîtrises.
  • la suppression de la Caisse de Poissy.
  • la suppression des droit de hallage sur les grains.
  • la suppression des charges sur les ports.
  • la diminution des droits sur les suifs.

Abolition des Jurandes

Édit du Roi portant suppression des Jurandes, Communautés de Commerce, Arts et Métiers. Le Parlement de Paris refusa de l’enregistrer et il fallut un lit de justice, le 12 mars 1776, pour l’y contraindre. Ces difficultés provoquèrent la disgrâce de Turgot qui fut révoqué par le roi le 12 mai suivant.Un nouvel édit d’août 1776 rétablissait l’organisation corporative des secteurs concernés, mais il en réduisait le nombre et imposait des règles nouvelles qu’il étendait à de nombreuses autres communautés professionnelles (métiers réglés, métiers banaux)… 

Marine Royale. Réforme de septembre 1776

Ordonnance du roi, concernant la régie et administration générale & particulière des Ports & Arsenaux de Marine. Reliées à la suite : ordonnance du roi, pour régler les fonctions dont les Officiers de la Marine seront chargés sur les escadres & à bord des Vaisseaux, relativement aux Consommations & Remplacements des Munitions & des Effets, & aux revues des Équipages dans le cours des Campagnes…

Toulouse, le canal de Brienne (1776).

Le canal naît au niveau de la Garonne à l’amont des Moulins du Bazacle par l’écluse Saint-Pierre. Il court sur 1 560 mètres (6 mètres de dénivelé), et rejoint le port de l’Embouchure, point de rencontre avec le canal du Midi et le canal latéral à la Garonne.

Le Doubs, navigation à vapeur

Claude François de Jouffroy d’Abbansavec l’aide du chaudronnier baumois Pourchot, il construit sa première embarcation, le Palmipède, dont une machine à vapeur actionne des rames en forme de palme. Il parvient à naviguer avec succès pour la première fois de l’histoire de la navigation sur le bassin de Gondé, là ou le Cusancin se jette dans le Doubs, à Baume-les-Dames, aux mois de juin et juillet de la même année. Les deux paires de rames de chaque côté du bateau empêchent le passage aux écluses, et ce relatif échec du procédé de propulsion incite son inventeur à abandonner ce projet.

Ressources d’un Collège Jésuite

Aspects économiques de la présence des Jésuites dans la Région de Molsheim du XVIème au XVIIIème siècle ; elles sont tirées d’innombrables possessions et redevances dispersées entre Vosges et Rhin dans une cinquantaine de localités (5 bailliages), la majorité se trouvant dans un rayon de 5 à 10 kilomètres autour de Molsheim. En fin de période, surface totale atteinte : 1200 hectares (terres labourables, forêts, prairies, vignes), répartis entre plus de 300 fermiers.

18ème. Ingénieurs, Écoles des mines

Bertin souhaitait vivement créer une école des mines ; mais il lui fallait assurer le financement nécessaire. Dans ce but, un arrêt a été rendu le 13 janvier 1776, commettant le caissier de la Petite Poste de Paris pour recouvrer les contributions des exploitants de mines destinées à l’entretien d’une école des mines. Ce caissier est vraiment tout indiqué ; il doit également percevoir les contributions versées par les entrepreneurs de carrosses des villes de Lyon, Bordeaux et autres. La création de l’École des mines de Paris a ainsi été rendue possible ! Elle est cependant combattue par Monnet, qui avait été nommé, le 17 juin 1776, Inspecteur général des mines du Royaume.

Partie 2. 1776 au jour le jour en Amérique (6 évènements)

17 mars 1776. Les Américains reprirent Boston, à la suite de la fortification de Dorchester Heights. Puis George Washington dirigea son armée sur New York, où il avait prévu que se ferait la retraite britannique après la chute de Boston. Un des objectifs des Britanniques était de repousser les attaques des villes côtières pour que les renforts venus par la mer puissent arriver. Le ministère britannique n’avait pas cru d’abord à une résistance si énergique. Les colonies, mises au ban des nations par la métropole, prirent alors une mesure à laquelle presque personne n’avait songé au commencement de la lutte.

Juin. Après que la Virginie se fut dotée d’une déclaration des droits, Thomas Jefferson fut chargé de préparer l’ébauche d’une déclaration d’indépendance.

4 juillet. Le document, qui représente l’un des textes fondamentaux du pays, fut approuvé par le Congrès après remaniement. La proclamation d’indépendance des treize colonies conduisit à une confédération où chaque État conserva sa liberté et sa souveraineté, et qui rompit irrévocablement avec la Grande-Bretagne. Louis XVI, par l’intermédiaire de Beaumarchais, aide financièrement les insurgés américains.

Juin. Les volontaires américains, sans munitions, sans ressources, ne purent d’abord tenir tête aux régiments expérimentés qu’on envoyait contre eux. En juin, le général Howe prit New York et Rhode Island avec 20 000 tuniques rouges. Pendant plusieurs mois, Howe et Washington se battirent pour l’État de New York et finalement, Washington, obligé de battre en retraite par le New Jersey jusqu’au-delà du Delaware, eut la douleur de voir un grand nombre de ses soldats l’abandonner.

25 décembre. De là, Washington fit une tentative imprévue et d’une audace remarquable. À Noël, l’armée continentale avait besoin d’une victoire. Il franchit le fleuve malgré la glace pendant la nuit du 25 décembre, surprit à Trenton un corps de mille Allemands commandés par Johann Rall, tua celui-ci et fit prisonniers ses soldats.

Ce succès, qui dégageait Philadelphie, releva le moral de la population. De nouveaux miliciens accoururent de la Pennsylvanie, et Washington, reprenant l’offensive, força Charles Cornwallis à se replier jusqu’à Brunswick.

3 janvier 1777. L’armée de Washington eut une autre victoire lors de la bataille de Princeton le 3 janvier. Ces succès redonnèrent confiance aux insurgés et entraînèrent l’enrôlement de nouveaux volontaires dans l’armée continentale.

Partie 3. 1776 au jour le jour, en France (32 évènements)

Sources. Wikipédia, Khronobase.

1 janvier. Les appointements de Monge à l’école du génie de Mézières sont portés à 3k livres et il devient officiellement professeur de physique, de mathématiques pratiques, de chimie et d’histoire naturelle.

5 janvier. Turgot propose au conseil du roi un projet de six édits abolissant la corvée royale, supprimant les privilèges commerciaux et les jurandes, imposant la noblesse.

9 janvier : hiver glacial dans le nord de la France. Normal au Centre et dans le Sud du pays. Grand froid à Paris à partir du 9 janvier jusqu’au début février. Température record : -19,1 °C à Paris le 29 janvier. La Seine est gelée du 25 janvier au 6 février.

Janvier : la direction de l’Académie royale de musique est refusée au chevalier de Saint-George ; Mlles Arnould, Guimard, Rosalie et autres actrices ayant adressé un placet à la reine pour représenter à Sa Majesté que leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais d’être soumises aux ordres d’un mulâtre .

5 février : des lettres patentes abolissent le droit de sol pour livre sur les suifs et chandelles, remplacé par un impôt sur les bestiaux aux entrées de Paris.

9 février. Panchaud crée à Paris la Caisse d’escompte.

Février. Condorcet traite du financement des travaux sur l’Escaut à la demande de Turgot.

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Rochefort et la Charente (17-19ème)

Rochefort et la Charente du 17ème au 19ème siècle. Suite de la chronique Turgot et la Charente (1772-1773). Le pont suspendu de Tonnay-Charente.

La Charente en Charente maritime : la marée à Rochefort, l’aménagement et la défense de l’estuaire à Port des barques, le canal de Brouage, l’assainissement au 18ème et 19ème siècles (page 2, cliquer ici), le pont transbordeur entre Rochefort et Échillais (page 3, cliquer ici).

Quatre diaporamas (63 photos).

Carte de 1689

Partie 1. De la création de l’Arsenal de Rochefort en 1666 à l’aménagement d’un système militaire complet, pour empêcher un ennemi éventuel de remonter l’estuaire de la Charente jusqu’à Rochefort. Source : extraits de Moisdon Pascale, présentation de la vallée de la Charente en Charente-Maritime, dossier d’aire d’étude.

« Rendu navigable à partir d’Angoulême par des aménagements pratiqués au Moyen Âge, le fleuve a permis le développement d’une myriade de petits ports et de quelques places plus importantes, comme celles d’Angoulême, Cognac, Saintes, Taillebourg ou Tonnay-Charente ».

Néanmoins, entre l’océan et Rochefort, la marée se fait puissamment sentir et rend difficile ou impossible la navigation à marée basse étale.

Diaporama 1 (14 photos). Marée basse à Rochefort

« A partir de 1666 et l’implantation de l’arsenal à Rochefort, l’accroissement du trafic fluvial pour l’alimentation de l’établissement en matériaux, vivres et marchandises manufacturées, stimule l’économie des communes traversées mais aussi celles alentours. Le rôle joué par Rochefort dans les échanges avec les colonies, en augmentant encore les besoins, participe de ce mouvement.

L’établissement militaire, qui se déploie sur la rive droite à Rochefort, possède un certain nombre de sites annexes dans l’estuaire : bassins ou fosses à bois, fontaine, magasins à poudre… En outre, des redoutes et des forts y sont édifiés pour protéger l’arsenal de toute incursion ennemie, ainsi que des phares pour guider les vaisseaux dans l’entrée du fleuve ».

Le fort Lupin (1685-1689).

La fontaine royale de Lupin « construite en 1676, reconstruite en 1763 en aval de fort Lupin, c’est la première source captée puisque son origine remonte à la fondation de l’arsenal de Rochefort pour permettre aux navires de se ravitailler en eau potable ».

Diaporama 2 (18 photos). Fontaine royale de Lupin

En mars 1780, La Fayette repart en Amérique à bord de la frégate Hermione. Il aurait embarqué à la Fontaine de Lupin, pour éviter le lent et long trajet naval depuis Rochefort. Il arrivera à Boston le 27 avril.

Partie 2. Le canal de Brouage, devenu canal de la Bridoire, relie la Charente à la Seudre. Source : inventaire Nouvelle Aquitaine

Diaporama 3 (15 photos). La citadelle et le canal de Brouage

« Le Canal de Brouage est le seul canal navigable aménagé dans les marais des environs de Rochefort. La carte de l’embouchure de la Charente relevée en 1704 par Claude Masse montre qu’il emprunte, au moins partiellement, l’ancien lit de la rivière d’Arnou ou de Pont-L’Abbé qui meut le moulin de la Bridoire situé à son embouchure. Sur cette carte, les terres basses alentour sont des marais. Ce canal est réalisé en plusieurs campagnes de travaux ; le projet initial qui prévoyait de relier Rochefort à Brouage est complété par une jonction avec la Seudre ».

« L’aménagement de la première partie d’une quinzaine de kilomètres entre Brouage et Rochefort est commencé entre 1782 et 1785 sous la direction de l’intendant Réverseaux ; en même temps sont ouverts les canaux de Broue et de Mérignac. Le canal de la Bridoire doit faciliter la navigation entre la mer et la Charente, tout en assainissant par un ensemble de canaux et de fossés les territoires marécageux de Pont-l’Abbé-d’Arnoult et de Champagne, dans les marais de Brouage. François Philibert Boischot, adjudicataire des ouvrages de dessèchement des marais de Rochefort en 1783, est chargé de ceux nécessaires à l’ouverture de ce canal.

Après avoir été interrompus une vingtaine d’années, les travaux reprennent sous la direction des ingénieurs Champion de la Bretonnière et Masquelez, au début du 19e siècle. La partie déjà réalisée est curée et deux écluses sont construites, l’une à l’embouchure du canal dans la mer, l’autre à celle de la Bridoire. Le canal, ainsi rendu navigable à partir de 1807, sert au transport de sels, de vins, d’eaux-de-vie et de bois de construction.

Pour permettre la navigation, le canal fait 17 mètres de large avec une profondeur de 2,50 mètres. Des gares et des élargissements pratiqués à chacune de ses inflexions servent de points de repos et facilitent le croisement des bateaux de fort tonnage à fond plat. Ainsi, les chargements peuvent partir de Brouage et remonter la Charente directement, sans subir de transvasements entre des bâtiments de mer et des bateaux de faible tirant. Deux fois par an, pour l’entretien du canal, il est nécessaire de faucher, de réparer les talus et banquettes et d’effectuer son curage. Le halage se fait à bras d’hommes et par chevaux ».

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1776-1789. L’abolition des Corvées

Louis XVI est roi depuis la mort de son grand-père, Louis XV, le 10 mai 1774. Les six édits de Turgot (février 1776) concernent :

  • la suppression des jurandes et maîtrises.
  • la suppression de la Caisse de Poissy.
  • la suppression des droit de hallage sur les grains.
  • la suppression des charges sur les ports.
  • la diminution des droits sur les suifs.

Ouvrage de référence Anne Conchon, La corvée des grands chemins au 18ème siècle, Presses universitaires de Rennes, 2016. Chapitre VII. Trouver une alternative à la corvée, p. 229-276.

Partie 1. Évolution des Corvées au 18ème siècle. Source : Anne Conchon, Le temps de travail en quête de mesure. La corvée royale au 18ème siècle, Genèses 2011/4, (n° 85), pages 50 à 69.

1738. Généralisation de la corvée royale, travail imposé d’entretien des voies et ouvrages d’art publics : routes, ponts, fossés, palissades.. Elle est amorcée en 1738 par les mesures du contrôleur général des finances Philibert Orry et permet d’agrandir et moderniser le réseau des routes en France.

1776 (5 janvier). Turgot, contrôleur général des finances, présente au roi six projets d’édits.

1776 (janvier). Discussions au sein du Conseil royal. La taxation en argent (au lieu de la corvée) concernait les privilégiés (Noblesse et Clergé). Maurepas et Miromesnil obtiennent finalement l’exemption du Clergé.

1776 (février). Suppression des corvées par édit royal.

1776 (11 mars). Le Parlement s’opposant à l’édit, Louis XVI tient un lit de justice le 11 mars pour le lui imposer.

1776 (12 mai). Renvoi de Turgot.

1776 (11 août). Successeur de Turgot : Clugny, ancien intendant de Guyenne : puisqu’il faut faire parler de soi, je puis toujours culbuter d’un côté ce que M. Turgot a culbuté de l’autre. Il rétablit ainsi les corvées, laissant toutefois liberté aux intendants de leur substituer une taxe en argent.

1777 (8 septembre). Quelques mois après sa nomination comme Directeur général des finances, Necker adresse le 8 septembre aux intendants un questionnaire comportant quatorze items. Cette enquête a d’abord vocation à estimer le nombre de travailleurs nécessaires à la construction et à l’entretien des routes afin d’évaluer le coût de la dépense à engager.

1787 (27 juin). La corvée royale est supprimée définitivement par Ordonnance.

1789 (4 août). La corvée seigneuriale est abolie.

Partie 2. Turgot et les Corvées. Source : Benoît Malbranque, La suppression des corvées par Turgot (février 1776), Institut Coppet, mars 2016.

Turgot. Je crois la corvée injuste en ce que c’est une charge qui ne tombe que sur un certain nombre de paroisses que le hasard rend voisines des grands chemins. Je la crois encore plus injuste, en ce que le fardeau en retombe uniquement sur les journaliers et les laboureurs qui sont les moins intéressés à la bonté des chemins, dont les seuls propriétaires de terre profitent par l’augmentation de leurs revenus. Je crois d’ailleurs impossible de mettre une règle certaine dans leur administration. 

« Arrivé dans Limousin, Turgot comprenait l’ampleur du mal et anticipait parfaitement sa cause. Il songea à remplacer purement et simplement le système des corvées, cet impôt en nature, par une imposition plus juste : une taxe en argent. Sous ce système, le pauvre paysan contribuerait par son argent à la construction ou la réparation de la route et n’irait pas la construire ou la réparer lui-même. Ce difficile travail serait laissé à des spécialistes, rémunérés par les fonds perçus de l’impôt. La construction des routes est un art qui a ses principes et ses règles, ignorés du vulgaire, à plus forte raison des paysans, fera plus tard remarquer Gustave d’Hugues avec raison.

Après son expérience réussie dans le Limousin, Turgot, devenu ministre, supprimera les corvées pour le pays entier. Condorcet, qui le soutenait ardemment dans cette lutte, écrira que cette abolition devait être pour les paysans un bien inappréciable. On peut calculer ce que cette suppression peut épargner d’argent au peuple, ajoutera-t-il, mais ce qu’elle lui épargnera du sentiment pénible de l’oppression et de l’injustice est au-dessus de nos méthodes de calcul. 

Autre grand partisan de la réforme, Voltaire écrira : Je suis enchanté des édits sur les corvées et sur les maîtrises. On a eu bien raison de nommer le lit de justice, le lit de bienfaisance ; il faut encore le nommer le lit de l’éloquence digne d’un bon roi. Lorsque maître Séguier lui dit qu’il était à craindre que le peuple ne se révoltât, parce qu’on lui ôtait le plaisir des corvées, et qu’on le délivrait de l’excessif impôt des maîtrises, le roi se mit à sourire, mais d’un sourire très dédaigneux. Le siècle d’or vient après un siècle de fer. À un autre correspondant, il dira plus simplement : L’abolition des corvées est un bienfait que la France n’oubliera jamais.

Partie 3. Un livre sur Louis XVI, Jean-Christian Petitfils, éditions Perrin, nouvelle édition novembre 2015, 1116 pages, pages 221-222.

Partie 4.  Édit de suppression des corvées (février 1776). Source : texte intégral publié par l’Institut Coppet en 2016.

L’utilité des chemins destinés à faciliter le transport des denrées a été reconnue dans tous les temps. Nos prédécesseurs en ont regardé la construction et l’entretien comme un des objets les plus dignes de leur vigilance.

Jamais ces travaux importants n’ont été suivis avec autant d’ardeur que sous le règne du feu roi, notre très honoré seigneur et aïeul. Plusieurs provinces en ont recueilli des fruits par l’augmentation rapide de la valeur des terres.

La protection que nous devons à l’agriculture, qui est la véritable base de l’abondance et de la prospérité publique, et la faveur que nous voulons accorder au commerce comme au plus sûr encouragement de l’agriculture, nous feront chercher à lier de plus en plus par des communications faciles toutes les parties de notre royaume, soit entre elles, soit avec les pays étrangers.

Désirant procurer ces avantages à nos peuples par les voies les moins onéreuses pour eux, nous nous sommes fait rendre compte des moyens qui ont été mis en usage pour la construction et l’entretien des chemins publics.

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Le SUP privé et ses anomalies

Deux parties dans cette chronique. 1. L’enseignement supérieur privé a le vent en poupe. 2. 56 % des 80 établissements contrôlés se sont avérés être en anomalie sur au moins un des points de la réglementation (rapport de la DGCCRF).

Partie 1. L’enseignement supérieur privé a le vent en poupe. Source : 3 chroniques du blog Histoires d’universités de janvier 2022.

Forte croissance du SUP privé(16 janvier 2022)

Billet d’humeur : débattre. La progression continue de l’enseignement supérieur privé est-elle inexorable et souhaitable ? Les frontières entre SUP public et SUP privé sont-elles en train de s’estomper ? Public ou privé : créés en 2013, les Établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général… Lire la suite →

Financement public du SUP privé (17 janvier 2022)

Le Financement public des Établissements d’Enseignement Supérieur Privé d’Intérêt Général (EESPIG) n’est ni nouveau, ni important : moins de 100 millions d’euros par an, soit moins de 600 euros par étudiant ; il est, de plus, en baisse car il doit être partagé entre un plus grand nombre d’étudiants… Lire la suite →

SUP privé. Frais de scolarité (18 janvier 2022)

Janvier 2022, l’École de Design Nantes Atlantique est labellisée EESPIG. A ce titre, elle contractualise avec l’État : elle bénéficie d’un financement annuel de 587 euros par élève, montant bien inférieur à celui des frais de scolarité…  Lire la suite →

Partie 2. 56 % des 80 établissements contrôlés se sont avérés être en anomalie sur au moins un des points de la réglementation.

Source : extraits du rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (décembre 2022).

En 2020, la DGCCRF a entrepris de vérifier les pratiques commerciales des établissements de formation apposant les labels créés en 2019 par le ministère de l’Enseignement supérieur pour informer le consommateur de l’existence de diplômes « contrôlés par l’État ». Quatre-vingt établissements ont été contrôlés. Bilan de ces investigations. De nombreux progrès à faire

Lors de cette enquête, l’ensemble des dispositions protectrice des droits des consommateurs ont été vérifiées, avec un focus particulier sur les mentions relatives aux labels créés en 2019 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
  • l’absence de pratiques commerciales trompeuses induisant le consommateur en erreur,

  • le respect des obligations d’information précontractuelle,

  • le respect des obligations sur les prix et sur la facturation,

  • l’absence de clauses contractuelles illicites ou abusives,

  • le respect des règles relatives à la vente à distance ou hors établissement.

L’enquête a révélé des anomalies dans tous ces domaines.

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1787. L’Assemblée des Notables

Louis XVI et Charles-Alexandre de Calonne, l’Assemblée des Notables (février – mai 1787).

Chronique en 4 parties. Partie 1. L’Assemblée des Notables, décision de Louis XVI pour soutenir les réformes de Calonne. Partie 2. Calonne, Contrôleur général des finances (1783-1787). Partie 3. L’Assemblée des Notables  : accès à certaines des sources originelles publiées sur Gallica bNF. Partie 4. Un chapitre de livre et deux articles sur l’Assemblée des Notables.

Partie 1. L’Assemblée des Notables. Source : article éponyme sur Wikipédia.

« L’Assemblée des notables convoquée par Louis XVI eut lieu en deux temps : une première réunion du 22 février au 25 mai 1787 et une seconde du 6 novembre 1788 au 12 décembre suivant.

Louis XVI convoqua la première assemblée le 29 décembre 1786 dans le but de soumettre le programme de redressement financier proposé par son ministre Calonne. Le projet, exposé par ce dernier au roi le 20 août 1786, prévoyait de combler le déficit en établissant un impôt, la subvention territoriale, s’appliquant sur les terres jusqu’alors libres de droits. Le programme comprenait aussi l’impôt du timbre et la suppression des corvées. Le parlement refusa au préalable d’enregistrer ces mesures, prétextant qu’aux États généraux seuls appartenait le droit de les établir. Ce refus entraîna la convocation de l’Assemblée des notables.

L’assemblée des notables, dont les membres sont nommés par le roi, comprenait les 7 princes du sang majeurs (le comte de Provence , le comte d’Artois, frères du roi, le duc d’Orléans, le prince de Condé, son fils, le duc de Bourbon, son petit-fils, le duc d’Enghien, le prince de Conti), 7 archevêques, 7 évêques, 6 ducs et pairs, 6 ducs non pairs, 8 maréchaux de France, des intendants, des parlementaires, des députés des pays d’États, des représentants des corps de ville des plus grandes cités du royaume, soit au total 147 personnes. Composée de propriétaires, elle était très majoritairement hostile aux réformes projetées ».

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« Prévue initialement le 29 janvier 1787, l’assemblée ne va tenir sa première réunion dans l’hôtel des Menus-Plaisirs de Versailles que le 22 février 1787 en raison d’une indisposition de Calonne, ce qui laisse le temps à l’opposition aux réformes de s’organiser. L’assemblée constitue sept bureaux pour examiner le plan du ministre. Un seul bureau l’approuve, celui que préside le comte d’Artois ».

« Le premier bureau, présidé par le comte de Provence, le déclare « inconstitutionnel ». Les autres, sans rejeter les réformes, les déclarent inapplicables, et présentent des contre-propositions qui les dénaturent. Tous feignent de découvrir l’ampleur du déficit et s’en insurgent à plaisir. Calonne, irrité, fait imprimer ses rapports, ce qui achève de lui aliéner la Cour. »Le premier bureau, présidé par le comte de Provence, le déclare « inconstitutionnel ». Les autres, sans rejeter les réformes, les déclarent inapplicables, et présentent des contre-propositions qui les dénaturent. Tous feignent de découvrir l’ampleur du déficit et s’en insurgent à plaisir. Calonne, irrité, fait imprimer ses rapports, ce qui achève de lui aliéner la Cour.

De tous les partis, c’est le clergé qui se montre le plus virulent. Les gazetiers et les libellistes, de leur côté, raillent l’assemblée de notables, accusée d’être à la solde du pouvoir, piquant l’amour-propre de certains députés, encouragés dès lors à faire preuve d’indépendance.

Des caricatures circulaient dans lesquelles Colonne Cuisinier (comme singe) à un comptoir Buffet de la Cour déclare devant un troupeau de volailles : mes chers administrés, je vous ai rassemblés pour savoir à quelle sauce vous voulez être mangés – Mais nous ne voulons pas être mangés du tout !!! – Vous sortez de la question …« 

« Calonne soutenu seulement par le comte d’Artois et le clan Polignac, haï par Marie-Antoinette, est lâché par Louis XVI le 10 avril. L’assemblée des Notables est également remerciée  le 25 mai« .

Partie 2. Charles-Alexandre de Calonne, Contrôleur général des finances, ministre d’État. Source : extraits de l’article Calonne sur Wikipédia.

« Calonne, Contrôleur général des finances depuis novembre 1783, va se trouver acculé à entreprendre des réformes de fond au moment même où il a perdu le soutien de l’opinion. En 1786, la situation des finances apparaît en effet catastrophique : avec la disparition du troisième vingtième, le déficit prévu pour 1787 excède 100 millions, alors que les parlements refusent tout nouvel emprunt.

Le 20 août 1786, Calonne adresse à Louis XVI le Précis d’un plan d’amélioration des finances dans lequel il propose de « revivifier l’État entier par la refonte de tout ce qu’il y a de vicieux dans sa constitution ». Il s’agit notamment de supprimer les douanes intérieures, de supprimer les traites, de réduire la taille, de remplacer les corvées par une prestation en argent, de transformer la Caisse d’escompte en une banque d’État et surtout de créer de nouveaux impôts en taxant les propriétés de la noblesse et du clergé.

Le point central du projet de réforme est en effet la création d’une subvention territoriale, impôt unique qui remplacerait les anciens vingtièmes, et qui devrait surtout frapper tous les revenus fonciers sans distinction de privilèges. À la différence des vingtièmes, en principe provisoires, la subvention territoriale doit être perpétuelle. D’autre part, alors que les vingtièmes ménageaient des possibilités de rachats, d’abonnements et d’exemptions, la subvention territoriale serait payée par tous sans exception. Enfin, alors que les vingtièmes étaient assis sur les déclarations des contribuables, la subvention serait répartie par des assemblées provinciales. Celles-ci seraient au sommet d’une pyramide d’assemblées locales (assemblées paroissiales et municipales, assemblées de districts) élues par les contribuables. Les assemblées seraient élues par les propriétaires, sans distinction de statut social et aideraient l’intendant à répartir l’impôt.

Au départ, Louis XVI a soutenu fermement son ministre. Il a approuvé tous les plans soumis à l’assemblée des notables et n’a cessé d’encourager le contrôleur général. Pourtant, il va brutalement lui retirer son soutien : le 10 avril 1787, sans qu’aucun signe avant-coureur ne l’ait laissé pressentir, Calonne est remercié ; en juin, il se décide à l’exil, dans les Pays-Bas autrichiens, puis à Londres.

Plusieurs explications ont été avancées au brusque revirement de Louis XVI : on a évoqué la perte du soutien de Vergennes, mort le 13 février ; l’hostilité du baron de Breteuil, avec qui Calonne vient de se brouiller ; l’intervention de Marie-Antoinette, qui n’a jamais beaucoup apprécié le contrôleur général ; l’accusation portée par le marquis de La Fayette, d’avoir vendu des domaines de la couronne pour deux millions, sans en avertir Louis XVI. Mais sans doute la principale cause de la disgrâce de Calonne doit-elle être recherchée dans la clameur de l’opinion publique.

De fait, lorsque la nouvelle de son renvoi se répand, la joie est générale à Paris, où l’on accusait Calonne de vouloir augmenter les impôts et où on l’avait surnommé Monsieur Déficit. En réalité son plan audacieux de réformes aurait peut-être pu sauver la monarchie s’il avait été soutenu jusqu’au bout par le Roi. Mais il ne l’aurait fait qu’au prix d’une transformation en profondeur de son esprit, avec la remise en cause de la division en trois Ordres« .

Partie 3. L’Assemblée des Notables : accès à certaines des sources originelles, publiées in extenso sur Gallica BNF.

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18ème. Ingénieurs, Écoles des mines

18ème siècle. Du charbon aux Écoles des mines. Chronique en 7 parties. 1. Charbon, 2. Mines, 3. La Compagnie des Mines d’Anzin, 4. La formation des ingénieurs, 5. Vers la création d’écoles des Mines, 6. École nationale supérieure des mines de Paris (1783), 7. Montage de 150 diapos : création de l’École des mines dans son contexte historique,

Partie 1. Charbon. Source : extraits de l’article de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, volume 3, 1753, pages 190 à 194.

« Il y a  tout lieu de croire que par des révolutions arrivées à notre globe dans les temps les plus reculés, des forêts entieres de bois résineux ont été englouties & ensevelies dans le sein de la terre, où peu-à-peu & au bout de plusieurs siecles, le bois, après avoir souffert une décomposition, s’est ou changé en un limon, ou en une pierre, qui ont été pénétrés par la matiere résineuse que le bois lui-même contenoit avant sa décomposition.

On trouve du charbon minéral dans presque toutes les parties de l’Europe, & sur-tout en Angleterre : ceux qui se tirent aux environs de Newcastle sont les plus estimés ; aussi font-ils une branche très-considérable du commerce de la grande Bretagne. La Suede & l’Allemagne n’en manquent point, non plus que la France, où il s’en trouve une très-grande quantité de la meilleure espece. Il y en a des mines en Auvergne, en Normandie, en Hainaut, en Lorraine, dans le Forès, & dans le Lyonnois.

Les mines de charbon se rencontrent ordinairement dans des pays montueux & inégaux : on a pour les reconnoître des signes qui leur sont communs avec les autres especes de mines métalliques. Mais ce qui les caractérise plus particulierement, c’est qu’on trouve dans le voisinage des mines de charbon, des pierres chargées d’empreintes de plantes, telles que sont les fougeres, les capillaires, &c. L’air est souvent rempli de vapeurs & d’exhalaisons sulphureuses & bitumineuses, surtout pendant les fortes chaleurs de l’été.

M. Triewald, qui a fourni à l’Académie des Sciences de Stockolm des mémoires très detaillés sur les mines de charbon de terre, donne deux manieres de s’assûrer de leur présence : la premiere consiste à faire l’examen des eaux qui sortent des montagnes, & des endroits où l’on soupçonne qu’il peut y avoir du charbon ; si cette eau est fort chargée d’ochre jaune, qui après avoir été séchée & calcinée, ne soit presque point attirable par l’aimant, on aura raison de fouiller dans ces endroits : la seconde maniere, que les mineurs Anglois regardent comme la plus certaine, & dont ils font un très-grand mystere, est fondée sur ce qu’en Angleterre il se trouve très-souvent de la mine de fer mêlée avec le charbon de terre : on prend donc une ou plusieurs pintes de l’eau qui est chargée d’ochre jaune, on la met dans un vaisseau de terre neuf vernissé, & on la fait évaporer peu-à-peu à un feu très-modéré ; si le sédiment qui reste au fond du vaisseau après l’évaporation est d’une couleur noire, il y aura toute apparence, suivant M. Triewald, que l’eau vient d’un endroit où il y a une mine de charbon. Outre les différentes manieres que nous venons de dire on se sert encore de la sonde ou tarriere ; c’est vraissemblablement la méthode la plus sûre.

Le charbon minéral se trouve ou par couches ou par veines dans le sein de la terre : ces couches varient dans leur épaisseur, qui n’est quelquefois que de deux ou trois pouces ; pour lors elles ne valent point la peine d’être exploitées : d’autres au contraire ont une épaisseur très-considérable. On dit qu’en Scanie, près de Helsingbourg, il y a des couches de charbon de terre qui ont jusqu’à 45 piés d’épaisseur.

Le charbon fossile se rencontre entre plusieurs lits de terres & de pierres de différentes especes ; telles que l’ardoise, le grais, des pierres plus dures, que les Anglois nomment whin ; des pierres à aiguiser, des pierres à chaux, entre-mêlées d’argille, de marne, de sable ».

Partie 2. Mines. Source : extraits de l’article de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, volume 10, 1765, pages 521 à 523.

« Dans l’histoire naturelle du règne, on appelle mine toute substance terreuse ou pierreuse qui contient du métal ; c’est ainsi qu’on appelle mine d’or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un sens moins étendu, on donne le nom de mine à tout métal qui se trouve minéralisé, c’est-à-dire combiné avec le soufre ou avec l’arsenic, ou avec l’un & l’autre à la fois ; combinaison qui lui fait perdre sa forme, son éclat & ses propriétés. »Dans l’histoire naturelle du règne, on appelle mine toute substance terreuse ou pierreuse qui contient du métal ; c’est ainsi qu’on appelle mine d’or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un sens moins étendu, on donne le nom de mine à tout métal qui se trouve minéralisé, c’est-à-dire combiné avec le soufre ou avec l’arsenic, ou avec l’un & l’autre à la fois ; combinaison qui lui fait perdre sa forme, son éclat & ses propriétés.

C’est dans cet état que les métaux se trouvent le plus ordinairement dans les filons ou veines métalliques, alors on dit que ces métaux sont minéralisés, ou dans l’état de mine ; au lieu que quand un métal se trouve dans le sein de la terre sous la forme qui lui est propre, on le nomme métal natif ou métal vierge.

Il y a souvent plusieurs métaux qui sont mêlés & confondus dans une même mine, c’est ainsi qu’on trouve rarement des mines de cuivre qui ne contiennent en même temps une portion de fer ; toutes les mines de plomb contiennent plus ou moins d’argent. Voilà précisément ce qui cause la difficulté de reconnaître les mines au simple coup-d’œil, il faut pour cela des yeux fort accoutumés, quelquefois on est obligé même de recourir au microscope, & souvent encore c’est sans succès, & l’on est forcé de faire l’essai de la mine, quand on veut être assuré de ce qu’elle contient ».

Partie 3. La Compagnie des mines d’Anzin. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« La Compagnie des mines d’Anzin est une ancienne compagnie minière. Elle se distingue par son rôle dans l’histoire économique pour avoir lancé l’exploitation du charbon dans le Nord de la France et avoir ainsi été l’une des premières grandes sociétés industrielles françaises. Elle a été créée à Anzin le 19 novembre 1757 par le vicomte Jacques Désandrouin. Les signatures officialisant sa création ont été faites dans le château de l’Hermitage à Condé-sur-l’Escaut, propriété d’Emmanuel de Croÿ-Solre à l’époque. Elle a exploité ses mines pendant près de deux siècles (1757-1949), jusqu’à la nationalisation des mines. »La Compagnie des mines d’Anzin est une ancienne compagnie minière. Elle se distingue par son rôle dans l’histoire économique pour avoir lancé l’exploitation du charbon dans le Nord de la France et avoir ainsi été l’une des premières grandes sociétés industrielles françaises. Elle a été créée à Anzin le 19 novembre 1757 par le vicomte Jacques Désandrouin. Les signatures officialisant sa création ont été faites dans le château de l’Hermitage à Condé-sur-l’Escaut, propriété d’Emmanuel de Croÿ-Solre à l’époque. Elle a exploité ses mines pendant près de deux siècles (1757-1949), jusqu’à la nationalisation des mines.

1678. A la suite des guerres de conquête de Louis XIV, une partie du Hainaut est rattaché à la France par le traité de Nimègue. Le rattachement à la France pose problème à quelques industries implantées dans la région : leur approvisionnement en charbon dans la région de Mons est compliqué et renchéri par le fait qu’il soit de l’autre côté de la frontière, aux Pays-Bas autrichiens.

1716. Parmi ces industriels, la famille Désandrouin, de Lodelinsart, possède une verrerie à Fresnes, qui est alors du côté belge (et donc autrichien à l’époque) de la frontière. Le vicomte Desandrouin est convaincu que la veine du gisement houiller se poursuit dans le sous-sol côté français et obtient l’autorisation d’entamer des recherches en 1716 après la mort de Louis XIV.

Il en confie la direction à l’ingénieur Jacques Mathieu, le responsable technique de son charbonnage de Lodelinsart, qui traverse la frontière avec toute sa famille et une vingtaine de jeunes gens recrutés à Charleroi.

Ces recherches sont extrêmement difficiles, car le gisement n’affleure pas en surface. De plus, la nappe phréatique se trouvait à une distance relativement faible de la surface. On devait donc, au fur et à mesure qu’on approfondissait les puits, évacuer les eaux.

1720. Une première veine de quatre pieds (à peu près 1,20 m) fut découverte en 1720 à Fresnes-sur-Escaut, à 35 toises de profondeur (à peu près 70 m), dans la pâture de Jeanne Colard, qui donne son nom à la première fosse. Trois fosses y furent exploitées pendant quelques années, mais il s’agissait d’un charbon maigre, qui n’était pas apte à tous les usages. À Noël 1720, le cuvelage de l’une cède, plusieurs associés se retirent et du matériel est vendu.

Cependant, Jacques Desandrouin ne perd pas espoir et fonde une nouvelle société avec une partie des associés qui lui sont fidèles et le soutien de l’État, représenté par l’intendant de Hainaut, René Hérault, de la famille Hérault de Séchelles.

1720-1734. Les travaux furent poursuivis pendant dix ans, en creusant de nouvelles fosses, mais en se déplaçant vers l’est, vers Valenciennes. On trouve à Anzin le premier gisement de houille exploitable de la région en 1734, c’est la « fosse du Pavé » et son charbon gras. De 1720 à 1734, la plupart des 35 puits que l’on trouve sont rentables. Désormais, le Nord de la France devient une grande région productrice de charbon alors que ce dernier était auparavant acheté en Belgique.

1757. La compagnie des mines d’Anzin est créée en 1757 par la fusion de trois des Premiers entrepreneurs du charbon français qui se disputent un territoire proche, le vicomte Jacques Désandrouin, François Marie Le Danois et Emmanuel de Croÿ-Solre, seigneur haut justicier de la région. La Compagnie Desandrouin-Taffin et la Compagnie Desandrouin-Cordier, toutes deux appartenant à Jacques Désandrouin et ses associés, les premiers avoir développé les mines, n’obtiennent que 9 des 24 parts.

La Compagnie des mines d’Anzin est la plus ancienne des grandes mines du Nord, celle qui y a lancé l’exploitation de charbon. Lors de la fusion, elle devient l’une des premières sociétés industrielles d’Europe.

Dès ses débuts, la société profite d’innovations puisque, vers la fin du XVIIIe siècle, ses machines à vapeur lui permettent d’extraire du charbon à 200 mètres de profondeur. « En 1789, la société avec 27 puits, 12 machines à vapeur et 4 000 ouvriers assure le tiers de la production française » de charbon. La Révolution française entraîne des remises en cause du statut de la société qui emploie Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau (en 1791) puis Jean-Jacques-Régis de Cambacérès pour défendre ses intérêts. Elle donne lieu à une profonde modification de l’actionnariat.

Les actifs des nobles émigrés (58 % du capital) sont saisis, rachetés par Désandrouin, et revendus pour bonne part à un groupe de financiers issu de la Compagnie française des Indes orientalesDès lors, grâce à l’appui financier de Sabatier, les Perier prennent progressivement le contrôle des Mines d’Anzin ».

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