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De la navigation sur le Danube

Partie 1. Histoire récente : le barrage de Gabčíkovo en aval immédiat de Bratislava. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

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« Il s’agit d’un projet d’aménagement hydroélectrique à la frontière entre la Slovaquie et la Hongrie. »Il s’agit d’un projet d’aménagement hydroélectrique à la frontière entre la Slovaquie et la Hongrie.

La Hongrie et la Tchécoslovaquie ont signé le 13 septembre 1977 un traité bilatéral prévoyant la construction sur le Danube d’un système d’écluses et de centrales hydroélectriques. Les conséquences environnementales de cet immense chantier avaient été sous-estimées et des protestations de militants écologistes s’élevèrent de part et d’autre du fleuve frontalier pour stopper les travaux.

Après la chute du chute du mur de Berlin et  l’effondrement des régimes communistes, la Hongrie a suspendu les travaux en 1989 en invoquant des motifs écologiques, puis a dénoncé le traité en 1992. Bien que conscient des dégâts sur l’environnement, le gouvernement slovaque, qui avait achevé 90 % des travaux, poursuivit le chantier en novembre 1991 avec une variante C qui impliquait le détournement du fleuve.

Cette variante permettait de rendre le projet opérationnel. Pour cela le barrage de Čunovo remplaça celui de Dunakiliti, situé quelques kilomètres en amont sur le territoire slovaque. Il créa un réservoir de 40 km2 plus petit que celui de 60 km2 prévu initialement mais situé exclusivement en Slovaquie, au lieu où devait être construit initialement le barrage de dérivation ».

« Le canal de 25 km, la centrale hydroélectrique de Gabčíkovo de 720 MW (8 turbines Kaplan) et ses écluses furent terminés.

Sans le barrage de Nagymaros permettant d’avoir un étage supplémentaire sur le Danube, la navigation est plus difficile et, avec la contrainte de garder la Danube navigable, la centrale hydroélectrique de Gabčíkovo ne peut fonctionner à pleine capacité.

La solution retenue par la Slovaquie n’exclut pas de terminer le projet initial en réalisant les barrages de Nagymaros et de Dunakiliti ».

Partie 2. Danube, Le tronçon autrichien entre le 16ème et le 19ème siècle. Source. R. Schörner, L’histoire de la navigation sur le Danube

« L’Empire ottoman et l’Empire autrichien se sont affrontés pour le partage du fleuve du XVIe au XVIIIe. Les Ottomans seront difficilement repoussés par des coalitions d’armées catholiques et alliées, à deux reprises aux portes de Vienne qu’ils assiègent en 1529 et 1683. Tout comme les Romains, les Ottomans avaient bien compris les intérêts stratégiques et économiques de maîtriser la navigation sur le Danube.

La navigation commerciale sur le Bas-Danube au profit de Constantinople dure jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle malgré le long déclin de l’Empire ottoman.

Au mépris de tous les obstacles, le commerce atteignit son plein développement. A partir de 1350 environ, les bateaux remontant le fleuve ne furent plus halés par des hommes mais par des chevaux, procédé qui fut appliqué pendant cinq cents ans. Pour haler un bateau il fallait quarante chevaux et même plus, et le voyage de Vienne à Linz – soit une distance d’environ 200 km – demandait au moins deux semaines !

Au XIV » siècle, la position économique des Vénitiens étant dominante, le commerce avec le Proche-Orient régressa et céda la place au commerce intérieur. Vienne devint alors le centre du commerce et de la navigation entre le Danube supérieur et le Danube inférieur, position que la ville put maintenir avec succès pendant de nombreux siècles.

Outre le sel, on note, parmi les principales marchandises transportées aux XIV » et XV » siècles, des céréales, du vin, des minerais et des métaux, des peaux, des tissus, des poissons, de la cire et finalement du matériel de guerre. Au cours des siècles, le sable et les pierres comptèrent également assez souvent parmi les principaux articles transportés sur le Danube.

La navigation connut une vive animation au cours de l’époque de 1500 à 1800. Les sièges que les Turcs firent imposèrent un agrandissement continuel de la flotte (même la guerre de Trente Ans fit subir son influence).

Vers la fin du XVII » siècle, la flotte impériale d’Autriche compta plus de 5000 bateaux.

Le commerce avec le Proche-Orient fut complètement arrêté par les guerres contre les Turcs et la navigation de commerce dut être limitée au cours supérieur du Danube. Par contre, les transports de troupes avancèrent loin en pays hongrois. Au cours de ces campagnes, de nombreuses personnalités royales choisirent le Danube comme route pour effectuer leurs déplacements.

Au XVIII » siècle débute enfin l’époque où l’on chercha à améliorer le rendement technique de la navigation qui, depuis près de deux mille ans n’avait connu aucune amélioration, se faisait encore par galères ou radeaux et, de ce fait, ne pouvait plus satisfaire des exigences toujours plus grandes.

D’autre part, on fit enfin de sérieux efforts pour régulariser le cours du Danube. Par ailleurs, à quel point hommes et bêtes devaient-ils être torturés par les moustiques, dans cette étendue de prairies et de marécages ?

Au XVII » et au XVIII » siècle, la navigation est très animée, surtout sur le cours supérieur du Danube, d’une longueur de 800 km environ, qui s’étend de Ulm, où le Danube devient navigable, jusqu’en Hongrie. A cette époque, la ville de Vienne occupe une position clef. On transporte sur le fleuve, outre les troupes déjà mentionnées, les nombreux voyageurs appartenant à toutes les couches de la population.

Le XVIII’ siècle est particulièrement important en ce sens que, sous le règne de Marie-Thérèse, les pays danubiens de l’Est devinrent accessibles et, partant, mis en valeur.

XIX » siècle. On peut considérer le 17 septembre 1830 comme étant la date de naissance de la navigation à vapeur sur le Danube. C’est, en effet, ce jour-là qu’eut lieu le voyage d’essai du premier bateau de ce genre, le Franz-I, qui parcourut en 14 heures les 300 km séparant Vienne de Budapest, et en mit 48 pour effectuer le voyage en sens inverse ».

Partie 3. L’histoire de la navigation à vapeur sur le Danube. Source : extrait du site Danube Culture.  

« Elle débute à la fin du règne de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Elle ne se concrétise en Autriche et en Hongrie que vers 1817-1818. Après une première proposition de brevet pour la navigation à vapeur restée sans réponse, le gouvernement autrichien renouvelle sa demande en 1817.

Un ingénieur germano-hongrois originaire de Pecs en Hongrie méridionale, Anton Bernhard (1779…) relève le défi et fait construire selon ses plans le Carolina en l’honneur de la quatrième épouse de l’empereur François Ier d’Autriche, Caroline-Augusta de Bavière (1792-1873), un petit remorqueur à vapeur d’un faible tirant d’eau (1,02 m) avec une coque en chêne de Slavonie), et un moteur à vapeur d’une puissance de 24 chevaux, muni de deux roues à aube et d’un treuil qui, dès le 21 mars 1817, peut remorquer sur le Danube une barge de 488 tonnes à la vitesse de 3,4 km/h vers l’amont et à la vitesse de 17 km/h vers l’aval. Le 2 mai a lieu une démonstration du Carolina pour le public viennois, puis le 10 octobre devant le fondateur et directeur de l’Institut polytechnique royal et impérial, Johann Joseph von Prechtl (1778-1854).

La Première Compagnie Impériale et Royale avec privilège de Navigation à vapeur sur le Danube fut au XIXe siècle la plus importante entreprise de transport fluvial de passagers et de marchandises au monde. Cette compagnie fluviale prestigieuse, outil de domination autrichienne sur le fleuve et ses rives mais aussi de commerce, de relations et d’échanges entre les populations de l’Empire austro-hongrois, a servi les intérêts politiques et économiques d’une capitale dépendante des ressources de ses provinces en particulier orientales. Elle fut dissoute en 1991, 162 ans après sa création. 

Les fleuves d’Allemagne sont en quelque façon des grandes routes, qui roulent leurs eaux vers la mer dans des lits réglés. Le Danube est plutôt à comparer à un géant qui, fort de sa puissance, se moque de toutes entraves, tantôt en se divisant en bras innombrables, quitte à son gré un lit et en prend un autre, tantôt en envoyant ses grands flots dans des plaines étendues, en les réunissant un peu plus loin de nouveau dans un lit étroit dont des rochers élevés, forment l’encadrement, comme si ces flots étaient engloutis par des puissances souterraines, pour revenir au jour quelques lieues plus loin et pour accorder un passage sûr et tranquille aux plus grands navires.

Tandis que les rives d’autres fleuves ne sont en général que du territoire d’un seul souverain, ou des parties de plusieurs pays ligués dont les gouvernements ont le même but, le Danube est un fleuve qui baigne les rives de divers pays, dont les langues et les mœurs ne se ressemblent nullement, chez lesquels la variété de mesures, de poids et de douanes met des entraves au commerce et au progrès industriel, sans parler de la diversité des institutions politiques et des lois..

La compagnie a plus de 150 bateaux à vapeur de différentes grandeurs, qui sont employés au transport des passagers et des marchandises et au remorquage de près de 500 chaloupes à la toue.

Elle possède en outre quatre chantiers de réparation de construction de navires neufs. Ils sont situés à Ratisbonne, Korneubourg, Budapest et à Turnu-Severin ».

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Melk. Abbaye baroquissime (1740)

Partie 1. Histoire de l’abbaye bénédictine de Melk. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

L’abbaye est fondée au XIe siècle. De 1700 à 1740, elle est reconstruite dans le style baroque à l’initiative de son abbé, Berthold Dietmayr, celui-ci confiant le chantier à l’architecte Jakob Prandtauer.

« L’abbaye de Melk est une abbaye bénédictine de Basse-Autriche, faisant partie de la congrégation bénédictine d’Autriche. Située dans la région touristique de la Wachau, elle surplombe la ville de Melk, et le Danube.

Les bâtiments actuels datent de l’époque baroque. Ils sont l’œuvre de l’architecte Jakob Prandtauer. Après sa mort, en 1726, les travaux sont achevés d’après ses plans par son élève Franz Munggenast. L’École de l’abbaye de Melk, la plus ancienne école privée d’Autriche, est située dans l’abbaye.

Du XVIe siècle au XVIIe siècle. Comme la Réforme protestante se propageait et que surtout le danger turc grandissait, la vie intellectuelle du monastère allait en s’affaiblissant. Melk dut aux interventions des souverains de ne pas disparaitre définitivement. L’impulsion qui devait conduire au redressement fut le fait d’un groupe d’Allemands du sud qui entrèrent à Melk après avoir reçu une formation dans les écoles jésuites de leur pays d’origine. En dépit de la Guerre de Trente Ans et de la menace constante que faisaient peser les Turcs, la situation économique se rétablit complètement. Peu à peu, les abbés créèrent les bases financières qui rendirent possibles les grandioses transformations à l’époque du baroque.

Le 18 novembre 1700, fut élu un jeune abbé de 30 ans, Berthold Dietmayr, qui sut trouver les moyens pour imposer ses idées, malgré les résistances de sa propre communauté. Avec détermination, il se mit à la transformation du monastère, après avoir trouvé en Jakob Prandtauer, architecte de St. Polten, un partenaire d’un génie égal au sien.

En 40 ans à peine, l’abbaye prit sa forme actuelle. Les artistes baroques les plus importants d’Autriche y ont mis tout leur talent. À peine achevé, le monastère fut gravement endommagé par un incendie. L’abbé Berthold mourut peu après. Les travaux furent achevés pendant le ministère de l’abbé Adrian Pliemel. À la mort de Prandtauer, c’est Josef Munggenast qui prit la direction des chantiers. Parallèlement, le monastère connut un renouveau de sa vie intellectuelle et artistique ».

Liste des abbés de Melk au 18ème siècle

Berthold Dietmayr (1700-1739), Adrian Pliemel (1739-1745), Thomas Pauer (1746-1762), Urban Hauer (1785), Christian Fengler (1785-1788), Isidor Payrhuber (1788)

Liste des architectes et des peintres mobilisés sur les chantiers de construction

Architectes : Jakob Prandtauer (1660-1726) et Franz Munggenast (1680-1741). Peintres : Paul Troger (1698-1762), Michael Rottmayer (1654-1730), Johann Josef Bergl (1719-1789).

« Comme tous les courants intellectuels, la philosophie des Lumières ne gagna l’Autriche qu’assez lentement et sous forme édulcorée, mais son influence n’en fut que plus longue. Sous Joseph II (1780-1790) cependant, les idées nouvelles s’imposèrent rapidement. Un décret impérial imposa aux religieux de passer par le séminaire général de Vienne, où ils recevaient une éducation conforme à l’esprit du siècle. Le monastère échappa à la fermeture, mais eut à supporter de nouvelles servitudes.

Si de nombreux décrets de Joseph II furent rapportés après sa mort, l’esprit joséphiste n’en persista pas moins jusqu’à l’époque actuelle. Les guerres napoléoniennes et les rétrocessions forcées de terres après la révolution de 1848 entraînèrent d’importantes charges financières et restructurations économiques. Malgré cela, sous l’abbé Wilhelm Eder (1838-1866), la rénovation devenue urgente de l’ensemble baroque, ainsi que la création d’un nouveau lycée, furent menées à bien ».

Partie 2. Visite guidée. Source : suite des citations de l’article de Wikipédia.

Diaporama de 44 photos (avril 2016). Cliquer sur les images pour les agrandir.

Aile sud. Avec sa magnifique salle de marbre, elle fait plus de 240 mètres de long. La longueur de l’axe principal est de 320 mètres au total. Melk, l’abbaye bénédictine aux 1365 fenêtres, aux 497 pièces et à la surface de toiture de 2,2 hectares.

Porte d’entrée de la sublime Wachau, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis l’année 2000.

La façade Est. Elle est dominée par une réplique de la Croix de Melk. L’inscription au fronton rappelle, sur le plan théologique, la valeur relative de toute grandeur et de toute gloire : Absit gloriari nisi in cruce (Que par la Croix seule soit la gloire). Au-dessus du portail en plein-cintre, se trouve un petit balcon depuis lequel l’abbé saluait ses hôtes, au-dessous figurent les armoiries de l’abbaye, deux clés d’or croisées sur fond d’azur. On reconnait, sur deux petits socles, les deux Princes des Apôtres, Pierre et Paul, les saints patrons de l’église.

La cour des prélats. Le visiteur passe sous le porche Saint Benoit et se retrouve dans cette cour à la fois élégante et majestueuse. Le regard se pose d’emblée sur la coupole de l’église et sur les deux tours qui la flanquent. La fontaine date du XVIIIe siècle.

L’église domine nettement l’ensemble des bâtiments abbatiaux, avec ses tours et avec sa vaste coupole octogonale reconstruites par Josef Munggenast après l’incendie de 1738.

La bibliothèque. Considérée comme l’une des plus belles du monde, elle est décorée par Paul Troger qui peint en 1732 une immense fresque sur le plafond, représentant en son centre une femme, allégorie de la foi, entourée par quatre groupes d’anges symbolisant les vertus cardinales : prudence, justice, courage et tempérance. Les lieux abritent encore 750 incunables, 1700 œuvres du XVIe siècle, 4 500 volumes du XVIIe et 18 000 livres du XVIIIe siècle. La collection se monte en totalité à plus de 100000 livres.

Les Fresques des voûtes de la nef et des bas-côtés. Elles sont l’œuvre du maître salzbourgeois Johann Michael Rottmayr. La travée centrale est consacrée à Saint Benoît, entouré d’allégories représentant la lutte contre le mal. Sur l’arc avant le dernier panneau, on distingue une colombe, l’âme de Sainte Scolastique qui précède dans le ciel celle de son frère Saint Benoît.

Les autels latéraux. Ils sont l’œuvre du décorateur de théâtre Antonio Beduzzi, L’ornementation de chacune des chapelles s’inspire de la vie du saint auquel l’autel est consacré. Les deux autels du fond sont consacrés à Saint Sébastien et à Saint Nicolas (peintures de Paul Troger, 1746). Les deux suivants ont pour saints patrons, Saint Jean Baptiste (Rottmayr, 1727) et Saint Michel (Rottmayr, 1723). Le troisième autel latéral est appelé autel de Saint Léopold : Léopold ler fait venir à Melk une communauté de chanoines, Léopold II des Bénédictins, Léopold III étend sur Melk une main protectrice. L’autel opposé représente une Adoration des Mages (Rottmayr, 1723).

Le maître-autel. Au-dessus du tabernacle se trouve une tiare. Elle renvoie au Christ, la tête de l’Église, et en même temps aux deux personnages qui se tiennent directement au-dessus du tabernacle : Saint Pierre et Saint Paul. Les statues placées à leur droite et à leur gauche représentent des prophètes de l’Ancien Testament.

La fresque de la coupole. Autour de la Sainte Trinité évoluent les saints rattachés à Melk et à l’ordre bénédictin.

Partie 3. L’abbé Berthold Dietmayr (1770-1739). Source : citation d’un autre article de Wikipédia.

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1763. La France renonce à Québec

10 février 1763. La France renonce à Québec, Herodote.net, Camille Vignolle, 12 mai 2022

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Le 10 février 1763, par le traité de Paris, la France met fin à la guerre de Sept Ans avec l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal.

La France évincée de l’outre-mer

Le traité est négocié au nom du roi Louis XV par le Premier ministre, le duc Étienne de Choiseul. Il se solde par la quasi-disparition du premier empire colonial français.

Perte de la Nouvelle-France

La présence française en Amérique du Nord avait commencé de se racornir avec le traité d’Utrecht de 1713 et la cession de l’Acadie à l’Angleterre ; cette colonie nord-américaine allait plus tard donner naissance aux provinces de Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Lors du traité d’Utrecht, la France avait perdu aussi ses bases de pêche de Terre-Neuve et les territoires de la baie d’Hudson, très riches en fourrures, malgré les exploits réalisés par le Canadien Pierre Le Moyne d’Iberville et ses frères pour conserver ces territoires à la France.

Avec le traité de Paris de 1763, la France cède cette fois à son ennemie la Nouvelle-France, principale implantation française en Amérique du Nord. Le roi George III la débaptise par la Proclamation royale du 7 octobre 1763 et elle devient officiellement The Province of Quebec. La France ne conserve dans le golfe du Saint-Laurent que le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, dédié à la pêche à la morue.

Le sacrifice de Montcalm devant la ville de Québec est passé par pertes et profits.

Perte de la Louisiane

Un an avant le traité de Paris, la France avait secrètement cédé à l’Espagne la Louisiane occidentale, c’est-à-dire la rive droite du Mississippi (jusqu’aux Montagnes Rocheuses) ainsi que La Nouvelle-Orléans. Il s’agissait pour Paris d’offrir une compensation à son alliée malencontreusement entraînée dans la guerre de Sept Ans.

Par le traité de Paris, la France cède à l’Angleterre ce qui lui reste de la Louisiane, autrement dit la rive gauche du Mississippi. Elle ne conserve plus dès lors en Amérique du nord que le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Notons que l’Espagne restituera la Louisiane occidentale à la France en 1800. Trois ans plus tard, ce vaste territoire fera l’objet du Louisiana Purchase entre Napoléon Bonaparte et Thomas Jefferson. Il est maintenant recouvert par treize États des États-Unis.

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1679-1790. Des marines de guerre

L’essor des marines de guerre européennes (1670-1790), Martine Acerra, André Zysberg, Les espaces maritimes, E-book  PDF, SEDES, 1997, 298 pages.

Vaisseaux et Frégates

Partie 1. Le sujet du livre (4ème de couverture). « On connaît mieux les batailles navales et les amiraux que les ports, les vaisseaux et leurs équipages. Les deux auteurs proposent d’inverser l’approche traditionnelle de l’histoire de la marine de guerre au moyen d’une nouvelle démarche combinant le quantitatif et le qualitatif. Il s’agit de montrer le cheminement technologique, mais aussi économique et culturel, qui conduisit à l’émergence au cours des années 1650-1680, puis à l‘essor des flottes de combat dans l’Europe des Lumières.

Ces flottes sont devenues les instruments très élaborés d’une politique de prestige et de puissance au service des souverains, les vecteurs d’une véritable force de frappe déjà capable, vers 1760, d’intervenir partout dans le monde, de la mer de Chine aux Caraïbes, et du Spitzberg aux Malouines… Mais cette modernité se conjuguait avec le respect très conservateur des savoir-faire traditionnels qui remontaient aux premières navigations hauturières et aux chantiers ancestraux des maîtres d’hache.

Les problèmes de mise en œuvre des flottes et de mobilisation navale sont abordés aussi concrètement que possible : comment un vaisseau de ligne est construit et armé ; qu’est-ce que la gestion d’un port-arsenal, la logistique, le recrutement des équipages ; qu’est-ce qu’un matelot trouve dans sa gamelle, comment il travaille et se divertit. Ce livre est conçu dans une perspective largement européenne et comparative, qui propose des synthèses et des séries statistiques souvent inédites.

L’étude du développement des marines de guerre montre des convergences certaines, au plan des techniques de la marine en bois et de l’organisation de la vie à bord des grands voiliers. Elle révèle aussi des divergences et des écarts : le long duel franco-anglais, cette seconde « guerre de Cent ans », ne peut se comprendre si l’on ne possède pas les courbes et les statistiques montrant en parallèle l’évolution de la Royale et la Navy, que le lecteur trouvera réunies dans ce livre. C’est pourquoi le mot Marine s’écrit ici au pluriel : les marines« .

Partie 2. Les marines de guerre dans le dernier tiers du 17ème siècle. Source : citations du Chapitre V. Les Hommes de l’art et de la prévision (pages 121 à 132)

Entre le charpentier expérimenté du 17ème siècle et l’ingénieur mathématicien du 18ème siècle se retrace la longue intégration au service de la marine militaire d’un monde initialement indépendant et libre de toute emprise étatique (page 122).

1671 (mars). Un Conseil de construction est instauré dans chaque arsenal ; il est destiné à examiner les devis des charpentiers.

1689. Ordonnance instaurant un début de hiérarchie professionnelle dans les arsenaux. Chaque arsenal doit comprendre dans son personnel permanent un maître charpentier.

La formation pratique des charpentiers du 17ème siècle est fondée sur le lien familial et la caution professionnelle d’un aîné dans le métier… Il en résulte l’existence parfois séculaire de charpentiers qui se maintiennent dans un port ou essaiment dans l’ensemble des arsenaux.

Tels les Mallet à Rochefort. Telle la famille des Coulomb à Toulon. L’association père-fils est fréquente sur les chantiers de construction.

Pour aller plus loin : Eric Rieth, Le Livre de construction des vaisseaux du maître charpentier toulonnais François Coulomb (1654-1717), Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2002, 124-7, pp. 31-55.

La domination des dynasties de charpentiers s’accompagne de la présence imposée de maîtres charpentiers étrangers, chargés d’imprégner de leurs connaissances les pratiques locales (page 125).

1690-1714. Louis Phélypeaux (1643-1727), comte de Maurepas (1687) et de Pontchartrain (1699), secrétaire d’État à la marine de 1690 à 1699, chancelier de France de 1699 à 1714. Il repère deux constructeurs curieux et avides de connaissances, Blaise Geslain et Joseph Blaise Ollivier. Il les destine à des missions d’observation. Il fait ainsi entrer la Marine royale dans l’ère des bouleversements.

Partie 3. Les marines de guerre sous Louis XV et Louis XVI. Source : citations du Chapitre V. Les Hommes de l’art et de la prévision (pages 121 à 132).

1727, 1737, 1739. Blaise Geslain et Joseph Blaise Ollivier (1701-1746) partent espionner les marines hollandaises et anglaises. Leurs séjours sont rendus fructueux par leurs capacités à interpréter les plans, à capter visuellement des différences de carènes. Ils les amènent à proposer de nouvelles maximes de construction dont l’essentielle est la normalisation ; pour y parvenir, il faut uniformiser la formation  des charpentiers constructeurs.

Buste de Blaise-Joseph Ollivier par Yves Collet

La première forme d’uniformisation de la formation consiste à obliger les jeunes gens qui se destinent à la construction navale de se rendre de leur arsenal d’origine à celui de Brest afin de se former aux nouvelles techniques, sous la direction de Joseph Blaise Ollivier (pages 125-126).

La seconde forme sera la création d’une école.

1741. La petite École de Construction de Paris, devenue la Grande École en 1748.

L’origine de l’École remonte à 1741, date à laquelle Henry-Louis Duhamel du Monceau, inspecteur général de la Marine, créa une école à Paris destinée aux maîtres-charpentiers de marine.

Portrait de Duhamel du Monceau par François-Hubert Drouais. Posés devant lui, les Éléments d’architecture navale sont présentés comme son œuvre majeure.

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1762-1775. Église Louis de Nassau

1762-1775. Église de Louis de Nassau à Saarbrücken.

Sources. Article de Wikipédia et livret (en français) mis à disposition à l’entrée de l’église (34 pages).

La Ludwigskirche, église du Prince Louis de Nassau est une église protestante de style baroque située à Sarrebruck. Symbole de la ville, elle est avec la Frauenkirche de Dresde et le Michel de Hambourg un des meilleurs exemples d’église protestante bâtie en Allemagne.

Elle est considérée comme le couronnement des travaux de l’architecte baroque Friedrich-Joachim Stengel (photo) et elle compte parmi les églises protestantes baroques les plus connues en Allemagne.

Deux diaporamas : extérieur de l’église (40 photos), intérieur (23 photos).

Guillaume Henri (né le 6 mars 1718 à Usingen) est  prince de Nassau-Sarrebruck de 1741 jusqu’à sa mort en juillet 1768.

Louis (1745-1794) est le dernier prince régnant de Nassau-Sarrebruck. Il règne de 1768 jusqu’à la Révolution française.

Chronique du 27 septembre 2022, Princes de Nassau au 18ème siècle. De 1741 à 1794, deux princes de Nassau-Sarrebruck se succèdent au pouvoir, Guillaume Henri (de 1741 à 1768) et Louis (de 1768 à 1794).

1761. Le Prince Guillaume ordonne le début de la planification pour la construction d’une nouvelle église luthérienne, destinée à l’usage de la Cour et de la paroisse.

1762. Pose de la première pierre sous le patronage du prince Guillaume Henri de Nassau-Sarrebruck. L’église est placée au centre de la place typiquement baroque, à la différence des places royales françaises où c’est la statue du roi qui a seule ce privilège.

1768. A la mort de Guillaume Henri, les travaux sont arrêtés pour raison d’endettement d’État.

1773. Reprise des travaux.

1775. L’église est terminée et inaugurée par le prince Louis de Nassau-Sarrebruck, fils et successeur de Guillaume-Henri, qui lui donne son nom ainsi qu’à la place sur laquelle elle est édifiée.

Le plan de l’église a la forme d’une large salle en croix grecque, avec l’ensemble autel et chaire situé au bout du côté long. C’est le plan qui répond le mieux aux exigences de la prédication protestante.

A l’origine, l’église est couverte de crépi et peinte en blanc comme le sont tous les édifices de la place. La peinture n’a pas résisté au temps ; elle est enlevée à la fin du 19ème,  laissant apparaitre le grès rose et ocre.

Vues de l‘extérieur. Les quatre évangélistes : Matthieu avec l’ange, Marc avec le lion, Luc avec le taureau, et Jean avec l’aigle (photos et détails dans le diaporama). Les quatre statues signifient que l’Église protestante a été construite sur les piliers porteurs de !’évangile.

L’église possède trois portails. Le clocher se trouve sur le côté ouest de l’église. Il est à toit plat, ressemble celui de Saint-Sulpice à Paris.

Le portail Est est couronné par les armoiries de la maison Nassau-Saarbrücken. Il est flanqué des apôtres principaux, Paul et Pierre, et distingué par la double inscription de dédication.

Vues de l’intérieur de l’église

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Maurepas, exilé par Louis XV

Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781).

 Il fut secrétaire d’État à la Marine de Louis XV de 1723 à 1749. Après une longue disgrâce, il devint ministre d’État à l’avènement de Louis XVI en 1774 jusqu’à sa mort en 1781. Maurepas (né en 1701) est à peine plus âgé que Louis XV (né en 1710). Il est par contre nettement plus âgé que Louis XVI (né en 1754). Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Portrait. Maurepas était doué d’une intelligence vive et d’une grande finesse, mais il était frivole et égoïste, ainsi que le note par exemple Mme de Tencin. Ironique, mordant, sarcastique, voire facétieux, il n’était pas ce que l’on appelle méchant, écrit le baron de Besenval, mais il ne résistait jamais au plaisir d’un bon mot. De figure banale et de petite taille, il essayait de compenser la médiocrité de son physique par le soin de sa mise et une affectation de raideur et de gravité. S’il n’était pas très cultivé, il était doué d’une mémoire prodigieuse et d’un véritable talent pour la conversation. Intuitif, d’après l’abbé de Véri, son jugement sur les hommes était rarement mis en défaut, mais il lui manquait souvent de s’y tenir lui-même.

Première chronique. Du secrétariat à la Maison du Roi en 1715 (date de la mort de Louis XIV et du début de la Régence) à l’exil en 1749. A venir, une seconde chronique : Maurepas, mentor de Louis XVI, faisant fonction de Ministre principal (de 1774 à 1781).

Partie 1. Maurepas sous la Régence (1715-1723)

1715 (14 ans). Fils de Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain, secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du Roi, Maurepas, âgé de seulement quatorze ans et demi succéda, dans la seconde de ces charges, à son père, que l’on avait fait démissionner en sa faveur pour s’en débarrasser.

1718 (17 ans). Le marquis de La Vrillière se chargea de gérer le département tout en faisant l’éducation du jeune homme, qui devint en outre son gendre en épousant le 19 mars 1718 sa fille Marie-Jeanne Phélypeaux de La Vrillière (1704-1793).

Maurepas prit ses fonctions à la Maison du Roi, avec supervision des affaires du Clergé et de Paris en 1718, à l’âge de dix-sept ans.

Partie 2. De 1723 (début du règne personnel de Louis XV, né en 1710) à 1748 (fin de la Guerre de succession d’Autriche).

1723 (22 ans). Maurepas devint également secrétaire d’État de la Marine le 16 août, à la place de Fleuriau de Morville, nommé aux Affaires étrangères en remplacement du cardinal Dubois qui venait de mourir. Il le resta jusqu’au 23 avril 1749. C’est durant cette fonction de secrétaire d’État à la Marine qu’un fort français de la Nouvelle-France fut nommé en son honneur, le Fort Saint Frédéric. Il utilisa le négociant Vincent de Gournay, en pleine guerre pour faire de l’espionnage en Angleterre, en Hollande et dans les États allemands.

1730-1740 (29-39 ans). Authentiquement intéressé par les questions scientifiques, ami du malouin Maupertuis, il l’envoya en Laponie faire une série de relevés et d’études. Il fit travailler les meilleurs esprits pour améliorer les techniques de navigation et de construction navale. Il fut un ministre de la marine discret mais très efficace, battant des records de longévité. C’est avec beaucoup de talent qu’il utilise des crédits insuffisants pour moderniser la Marine royale des années 1730-1740. Il visite les ports, rencontre les constructeurs et favorise l’émergence de nouvelles techniques de construction.

De Maurepas en 1730. Portrait par l’Atelier de LM Van Loo

1737 (36 ans). Il devient franc-maçon en 1737. Il fut aussi un membre très influent de la haute noblesse franc-maçonne. Il contribue à l’arrêt de poursuites contre des francs-maçons.

1741-1748 (40-47 ans). Guerre de Succession d’Autriche. Maurepas fait remonter peu à peu les effectifs des vaisseaux et des frégates, restés longtemps à un très bas niveau (depuis 1708) à cause de la grave crise financière de la fin du règne de Louis XIV. C’est à lui que l’on doit l’apparition des vaisseaux de 74 canons qui surprennent la Royal Navy par leur puissance de feu et leur manœuvrabilité.

1745 (44 ans). Défaite de Louisbourg. Maurepas gère au mieux la marine pendant ce conflit alors que la Royal Navy garde malgré tout un fort avantage en nombre d’unités, de presque 2 pour 1. Le début de la guerre est marqué par une défaite française : la prise de la forteresse de Louisbourg en 1745 qui défend l’entrée du Saint-Laurent et du Canada. La place s’est laissée surprendre par un débarquement improvisé.

Maurepas décide aussitôt d’envoyer une puissante escadre reprendre Louisbourg : 55 (ou 60) bâtiments portant 3 500 hommes de troupe escortés par 10 vaisseaux, 3 frégates et 3 navires à bombarde, commandés par le duc d’Anville. Le plan, très ambitieux, prévoit aussi de reprendre Port-Royal, l’ancienne capitale de l’Acadie devenue Annapolis et rien moins que la destruction de la ville de Boston.

1746 (45 ans). Mais l’expédition se traîne dans une interminable traversée de l’Atlantique (du 22 juin au 12 septembre 1746) où elle est bousculée par une terrible tempête lorsqu’elle arrive sur place. Elle tourne ensuite à la catastrophe sanitaire. Le scorbut, puis une toxicose liée à la mauvaise qualité des vivres, se déclare et décime les équipages. 800 soldats et 1 500 matelots décèdent en quelques jours. La Jonquière décide de rentrer. Les vaisseaux, réduits à l’état d’hôpitaux flottants, rentrent en ordre dispersé. L’escadre a été vaincue par la maladie sans même avoir rencontré l’ennemi. Louisbourg restera entre les mains des Anglais jusqu’à la fin de la guerre et sera échangée contre Madras, grosse place anglaise en Inde dont les Français de Dupleix se sont emparés.

Cet échec ne doit pas faire oublier la très bonne tenue de la marine pour maintenir ouvertes les routes commerciales. Lors de ce conflit, Maurepas organise de grands convois marchands escortés par la marine royale pour protéger ceux-ci des attaques anglaises. La réussite de cette tactique assure le maintien du commerce colonial français et les chambres de commerce félicitent même les capitaines français pour leur efficacité.

1747 (46 ans). Il faut attendre 1747 pour que la Royal Navy, tirant l’expérience de ses échecs, réussisse à reprendre le dessus lors des terribles batailles du cap Ortegal (mai 1747) et du cap Finisterre (octobre 1747).

1748 (47 ans). La paix signée à Aix-La-Chapelle assure le succès global de la marine royale qui a su résister pendant l’essentiel de la guerre à la pression anglaise. Maurepas supprime les galères. La Royal Navy, surprise par la qualité des vaisseaux français, intègre immédiatement dans ses rangs les unités qu’elle a capturées lors des batailles de 1747 et se met aussi à les copier.

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1725. 1ère loge maçonnique à Paris

Source. Extraits de l’article de Frédéric Salin, Franc-maçonnerie, Petite histoire d’un Ordre méconnu. Herodot.net, 1 janvier 2023.

« La franc-maçonnerie moderne est née en Grande-Bretagne dans les premières années du XVIIIe siècle. Elle s’est très vite diffusée dans l’ensemble du monde occidental, accompagnant partout la démocratie et la tolérance religieuse.

Le 24 juin 1717, à l’occasion de la Saint Jean, naît à Londres la Grande Loge de Londres et de Westminster. C’est l’acte fondateur de la franc-maçonnerie moderne. Il se produit dans une taverne au nom pittoresque : L’oie et le gril« .

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« À Paris, une première loge maçonnique anglaise aurait vu le jour en 1725, rue des Boucheries. Elle est restée dans les annales sous le nom emblématique de Saint-Thomas au Louis d’Argent. Elle reçoit en 1732 une patente de la Grande Loge de Londres.

Ne perdons pas de vue que les encyclopédistes et les grands philosophes qui ont valu à notre XVIIIe siècle d’être surnommé plus tard le Siècle des Lumières avaient fréquenté assidument les membres de la Royal Society de Londres et entretenu avec eux des échanges fructueux. Pour l’anecdote, nous pouvons citer Charles de Montesquieu qui avait été reçu maçon en mai 1730 dans une loge londonienne en présence de son compatriote exilé et anglicisé Jean-Théophile Désaguliers.

La franc-maçonnerie prend en France une coloration particulière qui l’éloigne peu à peu de la tutelle londonienne. En quelques années, les affiliés français supplantent les Anglais à l’origine de la première loge parisienne. À l’initiative du duc Anne Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg, plusieurs loges se fédèrent au sein d’une nouvelle obédience, le Grand Orient de France.

Le 22 octobre 1773, le duc de Chartres Louis-Philippe d’Orléans, futur Philippe-Égalité, en devient le Grand Maître, avec essentiellement un rôle de représentation.

Paris et quelques autres grandes villes de France voient croître leurs loges à la porte desquelles se pressent dans l’espoir d’y être admis à peu près tout ce qu’on y compte de notabilités. Les aristocrates, les bourgeois de qualité, certains membres du haut clergé et tous ceux qui se piquent de philosophie  envahissent les loges françaises qui, de ce fait, se multiplient et deviennent un lieu privilégié d’échanges intellectuels. Même engouement dans le reste de l’Europe. À Prague, le divin Mozart offre à la franc-maçonnerie un chef-d’œuvre, La Flûte enchantée

Le célèbre Voltaire mérite une mention particulière : il fut reçu franc-maçon dans une loge parisienne dite des Neuf Sœurs (loge d’écrivains et d’artistes fondée par Helvetius) le 7 avril 1778, soit deux mois avant sa mort. Eu égard à son grand âge, les épreuves d’admission furent allégées pour lui et on imagine bien que, en recevant cet illustre vieillard de quatre-vingt-quatre ans, la loge pensait surtout à donner davantage de lustre à sa matricule ».

Voltaire, d’après un modèle de Jean-Antoine Houdon, vers 1780, Petit Palais.

« À ce propos, notons que les dictionnaires maçonniques ont la fâcheuse habitude d’enrôler sans vergogne des personnalités célèbres en leur temps mais qui n’ont entretenu avec la franc-maçonnerie que des relations distantes et même parfois inexistantes…

Mais on ne saurait faire l’impasse sur une personnalité maçonnique hors du commun : le marquis de La Fayette, né en 1757, reçu en maçonnerie en 1774 (à l’âge de dix-sept ans) dans le sein d’une loge militaire stationnée à Metz et général à moins de vingt ans.

En 1777, il s’embarque pour l’Amérique où, sur la recommandation de son ami et frère Benjamin Franklin, il est nommé major par George Washington (également franc-maçon) et prend le commandement des insurgents désireux d’échapper à la tutelle britannique et de prendre leur indépendance ».

Buste de Benjamin Franklin d’après un modèle de Jean-Antoine Houdon, 1778, Terre cuite, Petit Palais.

« Il ne serait pas excessif d’affirmer, sans réduire le mérite des politiques, que l’indépendance américaine et la Constitution des premiers États-Unis de Philadelphie furent en grande partie une création maçonnique.

Chef de la garde nationale en 1789, député et bardé de tous les honneurs, La Fayette joua un rôle de premier plan dans les périodes révolutionnaire et postrévolutionnaire, professant des idées libérales et sans jamais renier son appartenance à la franc-maçonnerie jusqu’à sa mort en 1834 au soir d’une existence d’une exceptionnelle richesse ».

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1776. Abolition des Jurandes

Suite de la chronique : 1776-1789, l’abolition des corvées.

Partie 1. Édit du Roi portant suppression des Jurandes, Communautés de Commerce, Arts et Métiers (février 1776). Source : Gallica BNF, texte intégral de l’édit. Cliquer sur les images pour les agrandir.

Partie 2. Pourquoi supprimer les Jurandes et Communautés de Commerce ? Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« En février 1776, Turgot, contrôleur général des finances, obtint du roi Louis XVI la suppression des communautés de métiers. Le Parlement de Paris refusa de l’enregistrer et il fallut un lit de justice, le 12 mars 1776, pour l’y contraindre. Ces difficultés provoquèrent la disgrâce de Turgot qui fut révoqué par le roi le 12 mai suivant ».

« Un nouvel édit d’août 1776 rétablissait l’organisation corporative des secteurs concernés, mais il en réduisait le nombre et imposait des règles nouvelles qu’il étendait à de nombreuses autres communautés professionnelles (métiers réglés, métiers banaux). La mise en œuvre de ce nouvel édit dans tout le royaume n’était pas achevée lorsque le décret d’Allarde supprima, de manière définitive, les corporations en 1791.

L’édit de Turgot fait donc disparaître une organisation qui, dans ses grandes lignes, subsistait depuis le Moyen-Age.

Il existait trois types de métiers dans les arts dits mécaniques ou de marchandise : les métiers libres, les métiers réglés (avec des normes réglementaires, mais sans droit d’auto-administration) et les métiers jurés supprimés par l’édit. Les autres arts et métiers (arts libéraux, nobles arts) étaient tous organisés par ailleurs en communautés jurées dépendant du clergé (universités, collèges, chapitres,..) ou du roi (corps d’officiers de judicature, noblesses des provinces, régiments, etc.).

Chaque métier juré est doté d’un statut octroyé ou modifié par lettres patentes du roi donnant une personnalité collective de droit public à tous ceux qui exercent cette profession, avec un nom collectif, un sceau, une caisse, un représentant, des institutions délibératives chargées de définir les normes de qualité, ainsi que le tarif des ventes et des salaires

Le préambule de l’édit de 1776 résume les critiques qui ont visé les corporations tout au long du XVIIIe siècle. Il argue que les monopoles corporatifs interdisent le libre accès au travail : nul ne peut trouver d’emploi, qu’après avoir subi « la cherté et la longueur inutile des apprentissages et la servitude prolongée du compagnonnage » ; et nul ne peut devenir maître « qu’après des épreuves aussi longues et aussi pénibles que superflues, et après avoir satisfait à des droits ou à des exactions multipliées, par lesquelles une partie des fonds dont ils auraient eu besoin pour monter leur commerce ou leur atelier, ou même pour subsister, se trouve consumée en pure perte. Ceux dont la fortune ne peut satisfaire ces dépenses sont réduits à n’avoir qu’une subsistance précaire sous l’empire des maîtres

Les monopoles privent également les citoyens de toutes les classes « des avantages que leur donnerait la concurrence pour le bas prix et la perfection du travail ».

Les monopoles retardent le progrès technique.

Le préambule développe les conséquences de l’abolition des corporations sur les finances royales. L’édit prévoit la reprise par l’État de ces dettes des communautés. Votre Majesté rentrera dans la jouissance d’un revenu assez considérable, qu’elle pourra employer mieux, ou remettre en partie à ses peuples

L’abolition des corporations est tout entière contenue dans l’article 1er de l’édit :

Il sera libre à toutes personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, même à tous étrangers, encore qu’ils n’eussent point obtenu de nous des lettres de naturalité, d’embrasser et d’exercer dans tout notre royaume, et nommément dans notre bonne ville de Paris, telle espèce de commerce et telle profession d’arts et métiers que bon leur semblera, même d’en réunir plusieurs : à l’effet de quoi nous avons éteint et supprimé, éteignons et supprimons tous les corps et communautés de marchands et artisans, ainsi que les maîtrises et jurandes. Abrogeons tous privilèges, statuts et règlements donnés auxdits corps et communautés, pour raison desquels nul de nos sujets ne pourra être troublé dans l’exercice de son commerce et de sa profession, pour quelque cause et sous quelque prétexte que ce puisse être.

Cette abolition contient toutefois quelques exceptions. Pour les professions de la pharmacie, de l’orfèvrerie, de l’imprimerie et de la librairie, l’édit ne modifie rien dans l’attente de dispositions ultérieures. Il en est de même pour les maîtres barbiers-perruquiers-étuvistes.

L’édit avait été rédigé en référence à la situation parisienne. Son application dans les villes de province appelait des dispositions complémentaires, annoncées au terme de l’édit

Le Parlement de Paris critiquait une approche libérale qui allait à l’encontre de son modèle politique. Il refusa d’enregistrer l’édit, et il fallut un lit de justice pour l’y contraindre (12 mars 1776) ».

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Le SUP privé et ses anomalies

Deux parties dans cette chronique. 1. L’enseignement supérieur privé a le vent en poupe. 2. 56 % des 80 établissements contrôlés se sont avérés être en anomalie sur au moins un des points de la réglementation (rapport de la DGCCRF).

Partie 1. L’enseignement supérieur privé a le vent en poupe. Source : 3 chroniques du blog Histoires d’universités de janvier 2022.

Forte croissance du SUP privé(16 janvier 2022)

Billet d’humeur : débattre. La progression continue de l’enseignement supérieur privé est-elle inexorable et souhaitable ? Les frontières entre SUP public et SUP privé sont-elles en train de s’estomper ? Public ou privé : créés en 2013, les Établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général… Lire la suite →

Financement public du SUP privé (17 janvier 2022)

Le Financement public des Établissements d’Enseignement Supérieur Privé d’Intérêt Général (EESPIG) n’est ni nouveau, ni important : moins de 100 millions d’euros par an, soit moins de 600 euros par étudiant ; il est, de plus, en baisse car il doit être partagé entre un plus grand nombre d’étudiants… Lire la suite →

SUP privé. Frais de scolarité (18 janvier 2022)

Janvier 2022, l’École de Design Nantes Atlantique est labellisée EESPIG. A ce titre, elle contractualise avec l’État : elle bénéficie d’un financement annuel de 587 euros par élève, montant bien inférieur à celui des frais de scolarité…  Lire la suite →

Partie 2. 56 % des 80 établissements contrôlés se sont avérés être en anomalie sur au moins un des points de la réglementation.

Source : extraits du rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (décembre 2022).

En 2020, la DGCCRF a entrepris de vérifier les pratiques commerciales des établissements de formation apposant les labels créés en 2019 par le ministère de l’Enseignement supérieur pour informer le consommateur de l’existence de diplômes « contrôlés par l’État ». Quatre-vingt établissements ont été contrôlés. Bilan de ces investigations. De nombreux progrès à faire

Lors de cette enquête, l’ensemble des dispositions protectrice des droits des consommateurs ont été vérifiées, avec un focus particulier sur les mentions relatives aux labels créés en 2019 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
  • l’absence de pratiques commerciales trompeuses induisant le consommateur en erreur,

  • le respect des obligations d’information précontractuelle,

  • le respect des obligations sur les prix et sur la facturation,

  • l’absence de clauses contractuelles illicites ou abusives,

  • le respect des règles relatives à la vente à distance ou hors établissement.

L’enquête a révélé des anomalies dans tous ces domaines.

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1787. L’Assemblée des Notables

Louis XVI et Charles-Alexandre de Calonne, l’Assemblée des Notables (février – mai 1787).

Chronique en 4 parties. Partie 1. L’Assemblée des Notables, décision de Louis XVI pour soutenir les réformes de Calonne. Partie 2. Calonne, Contrôleur général des finances (1783-1787). Partie 3. L’Assemblée des Notables  : accès à certaines des sources originelles publiées sur Gallica bNF. Partie 4. Un chapitre de livre et deux articles sur l’Assemblée des Notables.

Partie 1. L’Assemblée des Notables. Source : article éponyme sur Wikipédia.

« L’Assemblée des notables convoquée par Louis XVI eut lieu en deux temps : une première réunion du 22 février au 25 mai 1787 et une seconde du 6 novembre 1788 au 12 décembre suivant.

Louis XVI convoqua la première assemblée le 29 décembre 1786 dans le but de soumettre le programme de redressement financier proposé par son ministre Calonne. Le projet, exposé par ce dernier au roi le 20 août 1786, prévoyait de combler le déficit en établissant un impôt, la subvention territoriale, s’appliquant sur les terres jusqu’alors libres de droits. Le programme comprenait aussi l’impôt du timbre et la suppression des corvées. Le parlement refusa au préalable d’enregistrer ces mesures, prétextant qu’aux États généraux seuls appartenait le droit de les établir. Ce refus entraîna la convocation de l’Assemblée des notables.

L’assemblée des notables, dont les membres sont nommés par le roi, comprenait les 7 princes du sang majeurs (le comte de Provence , le comte d’Artois, frères du roi, le duc d’Orléans, le prince de Condé, son fils, le duc de Bourbon, son petit-fils, le duc d’Enghien, le prince de Conti), 7 archevêques, 7 évêques, 6 ducs et pairs, 6 ducs non pairs, 8 maréchaux de France, des intendants, des parlementaires, des députés des pays d’États, des représentants des corps de ville des plus grandes cités du royaume, soit au total 147 personnes. Composée de propriétaires, elle était très majoritairement hostile aux réformes projetées ».

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« Prévue initialement le 29 janvier 1787, l’assemblée ne va tenir sa première réunion dans l’hôtel des Menus-Plaisirs de Versailles que le 22 février 1787 en raison d’une indisposition de Calonne, ce qui laisse le temps à l’opposition aux réformes de s’organiser. L’assemblée constitue sept bureaux pour examiner le plan du ministre. Un seul bureau l’approuve, celui que préside le comte d’Artois ».

« Le premier bureau, présidé par le comte de Provence, le déclare « inconstitutionnel ». Les autres, sans rejeter les réformes, les déclarent inapplicables, et présentent des contre-propositions qui les dénaturent. Tous feignent de découvrir l’ampleur du déficit et s’en insurgent à plaisir. Calonne, irrité, fait imprimer ses rapports, ce qui achève de lui aliéner la Cour. »Le premier bureau, présidé par le comte de Provence, le déclare « inconstitutionnel ». Les autres, sans rejeter les réformes, les déclarent inapplicables, et présentent des contre-propositions qui les dénaturent. Tous feignent de découvrir l’ampleur du déficit et s’en insurgent à plaisir. Calonne, irrité, fait imprimer ses rapports, ce qui achève de lui aliéner la Cour.

De tous les partis, c’est le clergé qui se montre le plus virulent. Les gazetiers et les libellistes, de leur côté, raillent l’assemblée de notables, accusée d’être à la solde du pouvoir, piquant l’amour-propre de certains députés, encouragés dès lors à faire preuve d’indépendance.

Des caricatures circulaient dans lesquelles Colonne Cuisinier (comme singe) à un comptoir Buffet de la Cour déclare devant un troupeau de volailles : mes chers administrés, je vous ai rassemblés pour savoir à quelle sauce vous voulez être mangés – Mais nous ne voulons pas être mangés du tout !!! – Vous sortez de la question …« 

« Calonne soutenu seulement par le comte d’Artois et le clan Polignac, haï par Marie-Antoinette, est lâché par Louis XVI le 10 avril. L’assemblée des Notables est également remerciée  le 25 mai« .

Partie 2. Charles-Alexandre de Calonne, Contrôleur général des finances, ministre d’État. Source : extraits de l’article Calonne sur Wikipédia.

« Calonne, Contrôleur général des finances depuis novembre 1783, va se trouver acculé à entreprendre des réformes de fond au moment même où il a perdu le soutien de l’opinion. En 1786, la situation des finances apparaît en effet catastrophique : avec la disparition du troisième vingtième, le déficit prévu pour 1787 excède 100 millions, alors que les parlements refusent tout nouvel emprunt.

Le 20 août 1786, Calonne adresse à Louis XVI le Précis d’un plan d’amélioration des finances dans lequel il propose de « revivifier l’État entier par la refonte de tout ce qu’il y a de vicieux dans sa constitution ». Il s’agit notamment de supprimer les douanes intérieures, de supprimer les traites, de réduire la taille, de remplacer les corvées par une prestation en argent, de transformer la Caisse d’escompte en une banque d’État et surtout de créer de nouveaux impôts en taxant les propriétés de la noblesse et du clergé.

Le point central du projet de réforme est en effet la création d’une subvention territoriale, impôt unique qui remplacerait les anciens vingtièmes, et qui devrait surtout frapper tous les revenus fonciers sans distinction de privilèges. À la différence des vingtièmes, en principe provisoires, la subvention territoriale doit être perpétuelle. D’autre part, alors que les vingtièmes ménageaient des possibilités de rachats, d’abonnements et d’exemptions, la subvention territoriale serait payée par tous sans exception. Enfin, alors que les vingtièmes étaient assis sur les déclarations des contribuables, la subvention serait répartie par des assemblées provinciales. Celles-ci seraient au sommet d’une pyramide d’assemblées locales (assemblées paroissiales et municipales, assemblées de districts) élues par les contribuables. Les assemblées seraient élues par les propriétaires, sans distinction de statut social et aideraient l’intendant à répartir l’impôt.

Au départ, Louis XVI a soutenu fermement son ministre. Il a approuvé tous les plans soumis à l’assemblée des notables et n’a cessé d’encourager le contrôleur général. Pourtant, il va brutalement lui retirer son soutien : le 10 avril 1787, sans qu’aucun signe avant-coureur ne l’ait laissé pressentir, Calonne est remercié ; en juin, il se décide à l’exil, dans les Pays-Bas autrichiens, puis à Londres.

Plusieurs explications ont été avancées au brusque revirement de Louis XVI : on a évoqué la perte du soutien de Vergennes, mort le 13 février ; l’hostilité du baron de Breteuil, avec qui Calonne vient de se brouiller ; l’intervention de Marie-Antoinette, qui n’a jamais beaucoup apprécié le contrôleur général ; l’accusation portée par le marquis de La Fayette, d’avoir vendu des domaines de la couronne pour deux millions, sans en avertir Louis XVI. Mais sans doute la principale cause de la disgrâce de Calonne doit-elle être recherchée dans la clameur de l’opinion publique.

De fait, lorsque la nouvelle de son renvoi se répand, la joie est générale à Paris, où l’on accusait Calonne de vouloir augmenter les impôts et où on l’avait surnommé Monsieur Déficit. En réalité son plan audacieux de réformes aurait peut-être pu sauver la monarchie s’il avait été soutenu jusqu’au bout par le Roi. Mais il ne l’aurait fait qu’au prix d’une transformation en profondeur de son esprit, avec la remise en cause de la division en trois Ordres« .

Partie 3. L’Assemblée des Notables : accès à certaines des sources originelles, publiées in extenso sur Gallica BNF.

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