Archives de Tag: IES

Universités. Le Grand capharnaüm

Billet d’humeur en trois parties. Partie 1. Opposition entre deux projets. Partie 2. 19 chroniques du blog sur les regroupements d’établissements d’enseignement supérieur et leur contexte. Partie 3. L’Étudiant / Educpros soutient la politique du Grand capharnaüm.

Partie 1. Opposition entre deux projets. Un Grand capharnaüm versus 15 à 20 universités de recherche en France (dédiées au Master et au Doctorat) et 500 à 600 Instituts d’Enseignement Supérieur de proximité, dédiés au 1er cycle en trois ans, intégrant dans des établissements nouveaux les classes supérieures des lycées, les IUT et les licences.

Le Grand capharnaüm. Le classement de Shanghai, les investissements d’avenir, le financement de la recherche sur projets ont incité les gouvernements (de droite comme de gauche) à décréter l’impératif de regroupement des universités dans des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), puis dans des fusions d’universités d’une même ville (Strasbourg en a été le pionnier en 2009, suivie par Aix-Marseille), puis dans des Communautés d’Universités et d’Établissements (COMUE), puis dans des Établissements Publics Expérimentaux (EPE), incluant éventuellement des établissements-composantes.

Une nouvelle phase s’enclenche : l’accès des EPE au statut de Grand établissement.

Ces mammouths des temps modernes vont-ils survivre dans l’enchevêtrement des crises sanitaires, climatiques, politiques, économiques, énergétiques ? Rien n’est moins sûr. Les décrets de création sont extrêmement bavards, tentent de couvrir toutes les situations possibles. Effet inverse à celui recherché : ce sont des nids potentiels de conflits. Chacun sait pourtant, depuis Michel Crozier, qu’on ne gouverne pas la France par décret.

Le pire à venir ne serait-il pas une nouvelle réduction du nombre de semaines d’enseignement en présentiel (actuellement 24 semaines en moyenne sur 52), avant d’en arriver à un enseignement entièrement à distance généralisé, recourant à l’intelligence artificielle et supprimant tout face à face entre maîtres et élèves. Cette situation signerait la mort des universités.

Les Instituts d’Enseignement Supérieur en 20 propositions (6 janvier 2012). L’idée est née du mouvement universitaire de l’hiver 2008 et du printemps 2009. Les IES sont devenus le combat du blog.

Ils constituent quatre défis pour la France : faire progresser l’accès et le succès des enfants des classes populaires dans l’enseignement supérieur ; permettre à une majorité de jeunes diplômés du supérieur et aux jeunes enseignants de commencer à travailler plus tôt et avec un contrat stable ; donner la chance à une quinzaine d’universités, résultant de fusions (et seulement de fusions), d’être compétitives, attractives et lisibles dans le monde ; utiliser mieux l’argent public, actuellement gaspillé dans un enseignement supérieur de premier cycle éclaté et moribond.

Depuis 2009, j’ai publié 222 chroniques sur les IES.

Partie 2. Billets d’humeur d’Histoires d’universités sur les regroupements entre universités et autres établissements d’enseignement supérieur et leur Contexte. A noter que n’y figurent pas Besançon-Dijon, Bordeaux-Poitiers, Lyon Saint-Étienne, Rennes, Toulouse, Tours-Angers.

Budget 2023 (Enseignement supérieur et recherche) : la Conférence des Présidents d’Université a voté OUI au CNESER, en dépit d’importantes réserves (15 novembre 2022).

Université de Lille, nid de conflits (1 novembre 2022)

L’université de. Lille craque de partout (25 octobre 2022)

Présider durant 2/3 de sa vie active (10 mai 2022)

Besançon et Dijon : vers un EPE ? (3 mai 2022)

EPE Université Paris Cité (7 mars 2022)

Université de Lille : encore un EPE ! (12 février 2022)

Rennes Université : la désunion (27 janvier 2022)

Université de Paris, bureaucratie +++ (6 janvier 2022)

L’université Paris Sciences & Lettres (PSL) a déjà le statut de Grand établissement (janvier 2022). Elle était un EPE depuis 2019.

Université de Paris Quartier Latin (3 janvier 2022)

Nantes Université (1er janvier 2022). Nouvel établissement créé par Centrale Nantes, Université de Nantes, CHU de Nantes, Inserm, École des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, École nationale supérieure d’architecture de Nantes, IRT Jules Verne.

Expérimentation et Technocratie (5 juin 2020)

Université Coté d’Azur (janvier 2020). Exemplarité oblige quand on est la ministre de l’ESR, fondatrice de l’EPE. Frédérique Vidal, l’arroseuse arrosée.

Université Grenoble Alpes est un EPE depuis janvier 2020. Les universités de Grenoble avaient fusionné en 2015).

Université Paris-Saclay (création et statuts, 5 novembre 2019). Elle n’est pas un EPE mais un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. L’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement (Agro Paris Tech), Centrale Supélec, l’École normale supérieure Paris-Saclay et l’Institut d’Optique en sont des établissements-composantes.

Fusion et EPE. Cergy Paris Université (29 octobre 2019)

Des rapprochements à la carte (12 octobre 2018)

Université de Lorraine (décret du 22 septembre 2011). Création de l’université de Lorraine sous le statut de Grand établissement, après fusion des universités de Nancy 1, Nancy 2, Metz, et de l’Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL).

Partie 3. L’Étudiant / Educpros soutient la politique du Grand capharnaüm

Après la phase d’expérimentation, quatre EPE s’engagent pour devenir Grand établissement, par Camille Jourdan, 24 novembre 2022.

Commentaires fermés sur Universités. Le Grand capharnaüm

Classé dans AA. Universités : billets d'humeur, C. Ile-de-France

SUP. Estimer les besoins immobiliers

Commentaires sur le chapitre 1 du Rapport public thématique de la Cour des comptes. L’Immobilier universitaire. Du défi de la croissance à celui du transfert de propriété, octobre 2022.

Le premier chapitre du rapport de la Cour des comptes néglige quelque peu le rôle joué par les modifications du statut des enseignants du Supérieur universitaire dans l’évolution et dans l’utilisation au quotidien du parc immobilier universitaire. Ce statut leur donne la possibilité de consacrer moins d’un mois de travail en amphi ou dans une salle de cours. La plupart parviennent, au fil de l’ancienneté, à obtenir un emploi du temps satisfaisant dans des locaux satisfaisants. Les plus mal lotis savent qu’ils doivent patienter un mois, les abandons étudiants étant importants en début de semestre.

Partie 1. Moins d’un mois de travail en salle de cours : le statut de 1984

Décret n°84-431 du 6 juin 1984 fixant les dispositions statutaires communes applicables aux enseignants-chercheurs.

« Le temps de travail de référence, correspondant au temps de travail arrêté dans la fonction publique, est constitué pour les enseignants-chercheurs :

1° Pour moitié, par les services d’enseignement déterminés par rapport à une durée annuelle de référence égale à 128 heures de cours ou 192 heures de travaux dirigés ou pratiques ou toute combinaison équivalente en formation initiale, continue ou à distance. Ces services d’enseignement s’accompagnent de la préparation et du contrôle des connaissances y afférents. Ils sont pris en compte pour le suivi de carrière réalisé dans les conditions prévues à l’article 18-1 du présent décret.

2° Pour moitié, par une activité de recherche prise en compte pour le suivi de carrière réalisé dans les conditions prévues à l’article 18-1 du présent décret.

Lorsqu’ils accomplissent des enseignements complémentaires au-delà de leur temps de travail tel qu’il est défini au présent article, les enseignants-chercheurs perçoivent une rémunération complémentaire dans les conditions prévues par décret ».

Mes commentaires. 128 heures de cours ou 192 heures de travaux dirigés ou pratiques ou toute combinaison équivalente correspondent à 4 heures par semaine (4  x 32) ou à 6 heures par semaine (6 x 32). Le décret de 1984 tablait donc sur 32 semaines de cours pour les étudiants.

L’année civile faisant 52 semaines, il reste 20 semaines. A quoi sont-elles consacrées ? Aux congés payés de tous les personnels, aux vacances des étudiants, et aux examens.

La semestrialisation des cours a profondément modifié l’organisation de l’année universitaire (deux périodes d’examens). Les universités ont dû réduire le nombre de semaines de cours (12 à 13 par semestre). La mission de diffusion des connaissances n’est ainsi réalisée que la moitié de l’année (au mieux 26 semaines).

D’autres évolutions rendent de plus en plus difficile la fabrication des emplois du temps. Les regroupements entre universités ont multiplié les fonctions administratives et donc les décharges de services pour des enseignants-chercheurs chargés de ces fonctions.

L’offre de formation (nombre de diplômes différents) continue sa progression. Chaque année, Parcoursup enregistre un plus grand nombre de parcours de 1ère année, est ouvert désormais aux étudiants qui souhaitent se réorienter. Plus de demandes pour un immobilier qui n’offre désormais pas plus de m² pour l’enseignement.

Davantage de diversité des contenus de formations qui portent le même titre. Dans le 1er cycle, le cycle de licence, il n’y a pas de programme défini nationalement. Les diplômes ne sont plus habilités un par un. L’offre de formation de l’établissement fait l’objet d’une accréditation globale pour quatre ou cinq ans.

Pour ne pas gaspiller les surfaces disponibles, les universités exigent parfois un nombre minimum d’inscrits dans chaque formation ou option proposée (par exemple : pas moins de 10 inscrits). Les enseignants concernés  se débrouillent en proposant leur cours dans plusieurs diplômes de la même faculté ou dans plusieurs facultés. Cela répond au doux nom de mutualisation. Mais l’effectif réel est au mieux stabilisé et connu au bout de deux ou trois semaines. Après un tel délai, l’enseignement en question ne peut plus être fermé !

Plusieurs évolutions observées au niveau pédagogique desserrent en principe l’étau de l’immobilier disponible : progression des formations par alternance, développement de l’enseignement à distance.

La mutualisation cause d’importants soucis au moment de l’élaboration du planning des examens : ne pas se retrouver avec des étudiants qui ont deux épreuves à la même heure. On résout le problème en allongeant le nombre de jours de la session d’examens du semestre.

En résumé, pour respecter le décret de 1984 (32 semaines de cours par an), la Cour des Comptes aurait dû ou pu recommander la fin de la semestrialisation, la diminution  du nombre de contrôles continus sur table, la définition de capacités d’accueil pour chaque formation.

Plus fondamentalement, la création d’établissements de proximité, dédiés au  premier cycle en trois ans (chroniques sur les Instituts d’Enseignement Supérieur), rendrait plus faciles la prévision, la gestion, le contrôle et l’évaluation de l’immobilier mobilisé pour les enseignements.

Partie 2. Cour des Comptes. L’Immobilier universitaire. Du défi de la croissance à celui du transfert de propriété. Rapport public thématique, extraits du chapitre 1, pages 16 à 20, octobre 2022.

Page 16. L’évolution des besoins immobiliers des universités

« Elle doit s’apprécier au regard de l’évolution de la démographie étudiante, de l’affectation et des taux d’occupation des locaux existant et de la capacité de rationalisation du parc immobilier ».

Commentaires fermés sur SUP. Estimer les besoins immobiliers

Classé dans AA. Universités : billets d'humeur, E. Economie Gestion, Non classé

Toulouse,17-18ème. 2 Collèges rivaux

Toulouse (1604-1763). 2 Collèges rivaux. Suite de la chronique sur l’université de Toulouse au Moyen-âge et à l’époque moderne.

Diaporama de 15 photos (mai 2022).

Collège 1. En 1566, les Jésuites installent leur collège et ses dépendances dans l’hôtel de Bernuy, d’époque Renaissance. Collège 2. Les prêtres et les filles de la Doctrine chrétienne ont été appelés à Toulouse par l’archevêque  François de Joyeuse, et sont arrivés en octobre 1604. Par un bref du pape Grégoire XV, enregistré au Parlement de Toulouse le 1er octobre 1621, ils ont l’autorisation d’enseigner les arts libéraux.

La rivalité entre les deux Collèges s’exaspère au tournant du siècle. Elle ne s’éteint qu’en 1763 avec l’expulsion des Jésuites.

Dès le 16ème siècle, se pose la question des missions d’enseignement de l’université et de son rôle certificateur pour le baccalauréat, la licence, la maîtrise, le doctorat. Au 18ème siècle, les deux collèges toulousains ne se contentent pas de préparer au baccalauréat, mais empiètent sur les enseignements de la Faculté des arts, conduisant à l’obtention de la licence.

Les deux Collèges sont-ils des précurseurs du combat de ce blog pour la création d’Instituts d’Enseignement Supérieur (les IES en 20 propositions) ? Je le crois ! Il n’empêche que la tutelle de l’université demeure très présente au 18ème, malgré les crises que traversent les trois Facultés majeures (théologie, médecine, droit).

A la rentrée 2021, le lycée Pierre de Fermat de Toulouse, installé dans l‘ancien Collège des Jésuites, a accueilli un peu plus de 1 800 élèves dont 950 étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). La dépense par étudiant en CPGE est bien plus élevée que celle pour un étudiant inscrit à l’université. Pourquoi un tel privilège ?

Cliquer sur les images pour les agrandir

Partie 1. Le Collège des doctrinaires (1654-1792). Source : le collège de l’Esquile.

« Les prêtres et les filles de la Doctrine chrétienne – doctrinaires et ursulines – se consacraient à la catéchèse et à l’enseignement religieux. Ils avaient l’autorisation d’enseigner les arts libéraux. Toulouse devient le siège d’une des trois provinces françaises des doctrinaires, qui ouvrent rapidement des maisons d’éducation dans la région, Ils créent d’importants collèges à Pézenas, Villefranche-de-Rouergue et Brive-la-Gaillarde.

En 1646, les capitouls songent à confier aux jésuites la direction du collège de l’Esquile, puis se tournent vers les doctrinaires auxquels ils donnent, par contrat du 1er avril 1654, un bail de quatre ans. Des travaux sont engagés durant un an pour la rénovation des bâtiments et le collège rouvre à la rentrée 1655, pour la Saint-Luc (18 octobre). Le bail sera renouvelé et sa durée augmentée : le dernier bail est signé en 1767, pour une durée de 30 ans« .

« Le personnel se compose de cinq professeurs pour les classes de grammaire, deux professeurs de rhétorique, deux de philosophie, un recteur et un économe, auxquels s’ajoutent un préfet des classes et un maître des pensionnaires. L’enseignement repose sur l’étude de la doctrine, Instruction des enfants baptisés par questions-réponses à l’usage du collège de l’Esquile de 1719. L’enseignement se poursuit dans les grandes classes par les humanités, la philosophie, l’histoire, la géographie et les sciences. Le cours de philosophie, particulièrement, fait la renommée du collège de l’Esquile. Il est ouvert aux étudiants de la faculté des Arts et même aux membres de l’élite toulousaine. L’année scolaire commence le 18 octobre et se terminait avant le 15 août. À cette occasion a lieu une joute littéraire, à laquelle sont invités le clergé, les capitouls, les parlementaires et les universitaires de la ville.

Les doctrinaires mènent plusieurs campagnes de travaux afin d’embellir et d’agrandir le collège. En 1701, ils décident le prolongement des bâtiments au sud et la construction du portail sur la rue de l’Esquile. Malgré l’opposition de l’université, car il faut détruire la salle de classe de la faculté des Arts, les travaux sont achevés en 1702« .

« Le Collège rentre rapidement en concurrence et en rivalité avec le Collège des jésuites. La popularité de l’enseignement de la philosophie par les doctrinaires attire de nombreux élèves. Mais en 1681, les jésuites obtiennent l’agrégation de leurs classes de philosophie et de théologie à l’université, et en 1689, ils font incorporer au collège une des chaires des arts de l’université, finissant de dépouiller le collège de l’Esquile de ses derniers privilèges. La rivalité des deux collèges repose sur des questions de préséance, car le collège de l’Esquile porte le qualificatif de primarium.

En 1716, les capitouls obtiennent par lettres patentes l’agrégation du collège de l’Esquile à l’université, rétablissant l’équité entre les deux collèges. C’est finalement l’interdiction des jésuites en France – le procureur du roi, Jean Gabriel Alexandre de Riquet de Bonrepos, est chargé de faire le réquisitoire devant le Parlement de Toulouse en février 1763 – qui met un terme à cette rivalité.

À la fin du XVIIIe siècle, le collège s’ouvre aux idées des Lumières : la bibliothèque s’enrichit du Journal encyclopédique de Pierre Rousseau et du Supplément à l’Encyclopédie en 1781, des œuvres de Jean-Jacques Rousseau en 1787, des Études de la nature de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre en 1789. Elle reçoit par ailleurs la Gazette de France, le Journal de Genève, le Mercure de France, la Feuille toulousaine de Baour et le Courrier d’Avignon.

En 1790, tous les professeurs de l’Esquile, sauf un, acceptent de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé. Un lycée provisoire est installé dans les mêmes locaux, tandis que l’enseignement s’enrichit de l’étude de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cependant, la fermeture définitive du collège de l’Esquile a lieu le 9 octobre 1792« .

Partie 2. Le Collège des Jésuites (1566-1763). Source : Pop Culture Gouv.

« En 1566, les Jésuites installent leur collège et ses dépendances dans l’hôtel de Bernuy, d’époque Renaissance, et agrandissent leur domaine. Les bâtiments actuels, répartis autour de plusieurs cours, portent surtout la marque de la fin du 18e siècle et du 19e. Le grand portail datant de 1605 témoigne du goût baroquisant des mécènes d’alors.

Benoît Michel, Le collège des jésuites de Toulouse et la vie musicale toulousaine de la fin du 17ème siècle à 1762 in Anne Piéjus, Plaire et instruire, Le spectacle dans les collèges de l’Ancien Régime, Presses universitaires de Rennes, p. 271-285.

« Le théâtre, la musique et la danse, trois disciplines fondamentales dans l’éducation de la noblesse d’Ancien Régime, participaient, dans les collèges français, à l’élaboration de spectacles conçus pour les jeunes gens autant que pour un public avide de divertissement. La scène des collèges s’impose comme l’un des premiers lieux de création dramatique des XVIIe et XVIIIe siècles. Pourtant, ce répertoire, qui souffre de la disparition de nombreuses sources, est encore rarement appréhendé dans sa dimension spectaculaire. Ce théâtre hybride, souvent farci d’intermèdes chantés ou dansés, se présente comme un objet protéiforme, qui appelle une approche pluridisciplinaire ».

Partie 3. Lycée Pierre de Fermat. Source : article de Wikipédia.

« Le lycée Pierre-de-Fermat est un établissement d’enseignement secondaire et supérieur, situé parvis des Jacobins à Toulouse à proximité immédiate de la place du Capitole ».

  • Brève biographie de Pierre de Fermat, « né dans la première décennie du XVIIe siècle, près de Montauban, et mort le 12 janvier 1665 à Castres, est un magistrat, polymathe et surtout mathématicien. Il est aussi poète, habile latiniste et helléniste, et s’est intéressé aux sciences et en particulier à la physique ; on lui doit notamment le principe de Fermat en optique. Il est particulièrement connu pour avoir énoncé le dernier théorème de Fermat, dont la démonstration n’a été établie que plus de 300 ans plus tard par le mathématicien britannique Andrew Wiles en 1994″.

Commentaires fermés sur Toulouse,17-18ème. 2 Collèges rivaux

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, AA. Universités : billets d'humeur, AF. Histoire 16-17èmes siècles, BA. Photos, C. Occitanie (Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon), E. Arts Lettres Langues, E. Sciences humaines et sociales

Sélestat. L’École latine (1450-1520)

J’ai découvert pour la première fois la Bibliothèque Humaniste de Sélestat (BHS) en décembre 2011.

Diaporama de 28 photos d’avant les grands travaux de 2014-2018.

Cliquer sur les images pour les agrandir

La BHS était visitable comme un musée, mais elle était bien davantage car elle associait une école latine (cf. partie 1) et un fonds de livres exceptionnels : des manuscrits, des incunables, des livres imprimés. Un puits inimaginable de connaissances, légué à l’approche de la mort par Jean de Westhuss, curé de la paroisse de 1423 à 1452, et par l’humaniste Beatus Rhenanus en 1547 (cf. sa biographie résumée en partie 2).

De 2014 à 2018, la Bibliothèque est l’objet d’une campagne de très importants travaux de restructuration et d’agrandissement, confiés à l’architecte Rudy Ricciotti. Trois changements réussis : la montée de la collection permanente au 1er étage, l’ouverture d’une salle de consultation pour les chercheurs, la création d’un lieu d’expositions temporaires au rez-de-chaussée (cf. partie 1).

Diaporama de 20 photos : la Bibliothèque Humaniste de Sélestat par Rudy Ricciotti

Partie 1. A l’origine de l’école latine de Sélestat, Jean de Westhuss et Louis Dringenberg. Source : citations d’un article d’Histoire-Alsace, 9 avril 2020.

« Ils sont deux à se partager la paternité de l’extraordinaire aventure humaniste qui eut Sélestat pour cadre au XVe siècle : Jean de Weshuss, curé de la paroisse de Sélestat et Louis Dringenberg, le maître de l’école latine, qui en fit un établissement de premier plan où l’on tenta de (bien) former d’excellents chrétiens. Fidèle à l’exemple des Frères de la vie commune de Deventer, un foyer ardent de spiritualité chrétienne qui prônait la pauvreté, à l’image de celle du Christ, et les bienfaits de l’éducation.

Jean de Westhuss, le curé visionnaire. Il avait été curé de Sélestat de 1423 à 1452, date de sa mort. Issu de la famille de Westhausen qui  possédait des terres à Sélestat, rien ne le destinait à la célébrité. Il aurait pu, comme beaucoup de ses pairs, s’acquitter mollement  de sa charge pastorale dans une Église en crise qui avait, depuis 1431, réuni  à quelques lieues de là  un nouveau concile. Dans un climat délétère où les pères du concile s’étaient longtemps opposés au pape. Pendant ce concile interminable qui dura dix ans et se transporta successivement de Bâle à Lausanne, puis à Ferrare et enfin à Rome, Jean de Westhuss vivait la crise de l’Église  sur le terrain. Où les prêtres étaient mal formés, les ouailles ignares, les écoles médiocres et les maîtres mal payés.

Le curé de Sélestat était convaincu que seul un enseignement de qualité était capable de faire progresser les chrétiens sur le chemin de la foi et de la pratique. Son école paroissiale ne brillait guère par l’esprit. Il s’en émut, s’en ouvrit à ses proches et se mit en quête de trouver  un pédagogue digne de ce nom. Capable de transmettre un savoir solide pour faire de ses élèves de bons chrétiens.

Des jeunes Sélestadiens  qui fréquentaient l’Université de Heidelberg lui recommandèrent  l’un de leurs aînés, un certain Louis Dringenberg, originaire de Westphalie. Il fit l’affaire, prit la direction de l’école à partir de 1441 et débuta cette merveilleuse et grande aventure  humaniste qui fit et fait encore la réputation de Sélestat.

Jean de Westhuss ne s’arrêta pas la. Il installa l’école paroissiale dans les bâtiments de l’ancienne Œuvre Notre Dame à proximité de Saint-Georges. A sa mort, en 1452, Il légua l’ensemble de sa bibliothèque à la fabrique de l’église. Par ce geste, il donna une impulsion décisive  à la constitution d’une bibliothèque paroissiale, celle de l’école latine, l’autre pilier, à côté de celle de Beatus Rhenanus, de notre Bibliothèque Humaniste. Son exemple fit des émules, d’autres bienfaiteurs suivirent son exemple.

On estime sa donation à une trentaine de volumes au contenu essentiellement  religieux. Il était prêtre après tout. Un prêtre resté exemplaire dans une Église tourmentée.  Ce qui est tout à son honneur ».

« Louis Dringenberg, l’apôtre de la jeunesse, fut le premier maître de l’école paroissiale qui acquit la notoriété. Né dans le diocèse de Paderborn vers 1410, il aurait fréquenté l’école du Mont Sainte-Agnès, près de Zwolle au Pays-Bas. Celle-ci avait été fondée par les Frères de la vie commune de Deventer, un foyer ardent de spiritualité chrétienne du Nord de l’Europe. C’est à Heidelberg qu’il poursuivit ses études à partir de 1430. En 1432, il est bachelier. Deux ans plus tard, il obtient le grade de maître ès art.  On suppose qu’il étudia la théologie par la suite.

Toujours est-il qu’il apparaît à Sélestat en 1441 pour prendre le poste de maître d’école à la demande du curé Jean de Westhuss. Le poste était devenu vacant. Son prédécesseur venait d’être renvoyé pour s’être battu, à coups de hache, avec un tailleur de pierre véhément nommé Jean de Spire

Quand il vint à Sélestat, il ne s’attendait pas à y rester 36 ans, de 1441 à 1477. Jean de Westhuss l’installe dans les locaux de l’œuvre Notre Dame et lui confie non seulement les élèves de l’école mais aussi la direction du chant sacré lors des offices dominicaux et des jours de fête. Dringenberg est un excellent pédagogue mais également un  chrétien fervent ! Il disposait des qualités requises pour aider à réformer par l’enseignement. En bon humaniste, il cultivait l’amour des belles lettres et le retour aux sources antiques sans que sa foi ne fût prise en défaut. Il n’omit pas d’enseigner aussi les pères de l’église. Rappelons que l’humanisme de cette époque est un humanisme chrétien. Celui qu’embrassera le grand Érasme de Rotterdam (1469-1536) un peu plus tard. Avec des préoccupations identiques : Former les chrétiens par l’éducation selon sa belle formule : L’homme ne naît pas homme, il le devient« …

Commentaires fermés sur Sélestat. L’École latine (1450-1520)

Classé dans AE. Histoire médiévale, AF. Histoire 16-17èmes siècles, BA. Photos, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), E. Arts Lettres Langues, E. Sciences, E. Sciences humaines et sociales

Histoires d’universités a 13 ans

9 Janvier 2022. Le blog Histoires d’universités a 13 ans. La chronique du 9 janvier 2009 avait porté sur les Vœux des Universités : « Les enseignants et les personnels techniques et administratifs ont élu en 2008 les conseils de l’université dans laquelle ils travaillent, conseils réformés par la loi Libertés et Responsabilités des Universités d’août 2007. Leurs représentants au conseil d’administration ont élu un président au pouvoir renforcé, pour un mandat de 4 ans renouvelable une fois. Les conseillers, élus selon un scrutin de liste, se sont engagés sur un programme. Cette première chronique d’Histoires d’Universités mobilise les titres de ces programmes pour adresser les vœux à la communauté universitaire« . Je les ai alors rangés en 6 thématiques.

Thématique 1, une université qui se projette dans l’avenir. Cliquer sur les images pour les agrandir

2009-2022 : 6 150 chroniques et des dizaines de milliers de photos.

En 2022, l’objectif du blog demeure le même qu’en 2009. Débattre d’une réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la création de deux nouveaux établissements publics : les Instituts d’enseignement supérieur dédiés au cycle Licence en 3 ans, les Universités de recherche, en concertation avec les Écoles d’ingénieurs et de commerce, se consacrant au Master et au Doctorat. Se donner 10 ans pour créer 500 IES et 15 à 20 Universités de recherche.

Une réforme pour parvenir à 50% d’une classe d’âge diplômée du supérieur, condition d’une démocratisation de l’accès et de la réussite dans le supérieur.

En 2022, Histoires d’universités se poursuit sous forme de billets d’humeur… quand l’actualité en fournit l’occasion. Exemple : les deux chroniques du début janvier 2022 sur l’Université de Paris : Université de Paris Quartier Latin, Université de Paris, bureaucratie +++.

En 2022, le blog poursuit l’Histoire du 18ème siècle. Le Siècle des Lumières, porté par l’Encyclopédie, ne doit pas masquer la crise qui touche les trois facultés majeures des universités : crise de la Théologie, de la Médecine, du Droit. La faculté des Arts, dite aussi de philosophie, propédeutique aux trois majeures, tire encore son épingle du jeu. L’avancée des savoirs se joue dans des Académies et des Sociétés savantes ; l’application des savoirs se joue dans le développement d’Écoles professionnelles spécialisées.

420 chroniques sur le 18ème siècle déjà parues. Le but à atteindre : 500 chroniques avant la fin 2022. Une première version des Index est parue en août 2021.

A la fin du 18ème siècle, les corporations universitaires, comme toutes les corporations de métier d’ailleurs, sont supprimées par les lois Le Chapelier de juin 1791. Durant 15 ans, l’Université n’existe plus. Napoléon lui redonne vie par la loi du 10 mai 1806 (décret du 17 mars 1808 sur son fonctionnement) : « il sera formé, sous le nom d’Université impériale, un corps chargé exclusivement de l’enseignement et de l’éducation publiques dans tout l’Empire »

Oui, les universités sont mortelles, celles du 21ème siècle comme celles du 18ème.

2022-2032 : de quel enseignement supérieur la France et l’Europe ont-elles envie et besoin ? quelles étapes pour y parvenir ?

Des avancées ? Réponse : un Oui timide. Deux exemples qui illustrent l’adage célèbre : l’habit ne fait pas le moine (Collège universitaire de la Cour des comptes, CY SUP de Paris-Cergy Université).

2 Commentaires

Classé dans AA. Universités : billets d'humeur, C. Ile-de-France

La piste du collège universitaire ?

En janvier 2022, le blog Histoires d’universités aura 13 ans.

Chronique du 19 février 2009 : Créer 480 Instituts d’enseignement supérieur. Texte paru le 17 février dans les Chroniques d’abonnés du Monde sous le titre : « Réformes bloquées : une chance pour la Réforme. Assez de temps perdu pour réformer l’enseignement supérieur public. Chaque partie prenante au mouvement et à la réforme doit bouger ses lignes »…

En octobre 2021, la Cour des Comptes publie Universités à l’Horizon 2030 : plus de libertés, plus de responsabilités. Les enjeux structurels pour la France, octobre 2021, 27 pages. Pages 24 et 25, elle propose de franchir une seconde étape en évoquant la piste du collège universitaire.

Aurais-je eu raison trop tôt ? Hélas, non ! Les collèges universitaires de la Cour des Comptes ont certes quelques points communs avec les Instituts d’enseignement supérieur, dont ceux de la disparition de cette anomalie française qu’est l’existence de classes supérieures dans les lycées (CPGE et STS), d’un corps enseignant spécifique.

Mais ils s’en distinguent trop : je dirais même que la Cour n’a pas pris le temps d’une réelle réflexion (cf infra le texte des pages 24 et 25) et envisage un délai proche des calendes grecques (2030).

Chronique du 2 novembre 2011 : Dresser la carte des IES. La Cour semble n’envisager qu’un seul Collège associé pour chaque université. « Quelle méthodologie pour construire la carte de l’implantation des IES ? L’outil pertinent pour ce faire est l’Atlas des formations en région (le dernier paru concerne l’année 2009-2010).

Chronique du 6 janvier 2012. Universités et Instituts d’Enseignement Supérieur : 20 propositions. Quatre défis : faire progresser l’accès et le succès des enfants des classes populaires dans l’enseignement supérieur ; permettre à une majorité de jeunes diplômés du supérieur et aux jeunes enseignants de commencer à travailler plus tôt et avec un contrat stable ; donner la chance à une quinzaine d’universités, résultant de fusions entre les universités actuelles, d’être compétitives, attractives et lisibles dans le monde; utiliser mieux l’argent public, actuellement gaspillé dans un enseignement supérieur de premier cycle éclaté et moribond.

Table des matières du rapport de la Cour des Comptes

Commentaires fermés sur La piste du collège universitaire ?

Classé dans AA. Universités : billets d'humeur

Science Po à Reims (2009-2020)

Le Pdf de cette chronique d’Histoires d’universités (21 pages) peut être téléchargée : cliquer ici.

L’Histoire de l’implantation de Sciences Po à Reims commence début 2009. A peine chargé par Xavier Darcos d’une mission sur la Réforme du lycée, Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, initie une première visite de lycée, le lycée Roosevelt de Reims. Retraité depuis fin 2008, je commence le blog Histoires d’universités le 6 janvier 2009. J’habite Reims depuis l’automne 2006. Où ça ? Dans le lycée Roosevelt ! J’assiste à la visite de Descoings.

Dès avril 2009, visitant un lycée puis un autre, Richard Descoings fait son marché, à la recherche d’une ville pouvant accueillir; hors île de France, une préparation de 1er cycle à Sciences Po Paris. Il porte son dévolu sur Reims et est très vite assuré du soutien financier des collectivités territoriales (ville, département et région)

De 2009 à 2011, je publie des chroniques très critiques contre les projets de 1er cycle de Sciences Po dans différentes villes de province. Critiques car ce projet est antinomique de celui que je défends alors : une réforme de l’ensemble du 1er cycle en 3 ans, regroupant, dans des Instituts d’Enseignement Supérieur à créer (les IES), Licence, DUT, BTS, CPGE, Instituts de l’ordre de 2000 étudiants et répartis dans toutes les villes grandes et moyennes.

2017. La Cour des Comptes dresse un bilan financier sévère de l’implantation de Sciences Po à Reims.

2020. Sciences Po à Reims. Le collège universitaire fait feu de tout bois, poursuit une croissance tous azimuts… mais hors-la-loi.

Cette synthèse reprend, intégralement, toutes les chroniques que j’ai publiées sur Sciences Po Reims depuis 2009

2009 (février). Réforme du lycée (1)

Richard Descoings commence son tour de France. D’ici mai 2009, il visitera au moins un lycée par département. Le 6 février, durant près de 3 heures dans le nouvel amphi du lycée Franklin Roosevelt, il a écouté plus de 200 personnes, professeurs (de la Seconde à la 2nde année de CPGE ou de BTS), CPE et COP, syndicalistes, élèves et parents d’élèves. Il a confirmé, dans une brève introduction, qu’il n’y a plus de réforme Darcos de la classe de seconde. On repart totalement à zéro. Rien n’est encore décidé aujourd’hui. Son souhait: prendre en compte les choses qui marchent dans les lycées, ces multiples expériences qui associent tous les acteurs du système éducatif pour faire progresser les parcours de réussite : tutorat, passerelles entre les filières et décloisonnements, orientation qui ne soit pas une sanction (réorientation vers une filière professionnelle), construction du projet professionnel, préparation à l’enseignement supérieur, partenariats entre universités et classes supérieures du lycée, entre celles-ci et les entreprises… Un forum de discussion en ligne sera ouvert en mars.

Richard Descoings a-t-il été éclairé ? Déçu ? Il est difficile pour la majorité des professeurs de sortir d’un discours revendicatif sur les moyens dans un contexte de suppressions d’emplois et pour les élèves de prendre de la distance par rapport à ce qu’ils vivent au quotidien. Toujours est-il qu’il y avait beaucoup de bonne volonté participative chez les participants.

2009 (12 février). Voies post-bac

Réforme du lycée. 3 défis pour la préparation des élèves à l’enseignement supérieur. Rééquilibrer la voie technologique par rapport à la voie générale… Préparer les lycéens à la poursuite d’études supérieures en termes de méthodes de travail et d’aide à l’orientation… Développer la reconnaissance de la responsabilité et de l’engagement des lycéens dans la vie de leur établissement et dans l’organisation de leurs études. Il s’agit là d’un appel clair au développement de la pédagogie de projet : projets individuels et collectifs dans les études et en partenariat avec des associations, des entreprises industrielles et de services, des collectivités territoriales…. La pédagogie de projet fait de l’élève un acteur de son parcours. Elle est un support pour l’orientation et une condition de la réussite dans le cycle « licence » de l’université. Mais la pédagogie de projet demande des moyens importants : elle suppose en effet un travail en petits groupes ! 

Pour réaliser sa mission, Richard Descoings doit prendre en compte les données statistiques sur les voies empruntées par les bacheliers qui poursuivent des études dans le supérieur : l’évolution des chiffres démontre une grave crise des entrées en 1ère année de licence universitaire.  

Il doit taper sur la table : il est totalement anormal que la DEPP fasse de la rétention de Notes d’information. Pas de note sur l’enseignement supérieur depuis août 2008 ! 

Extraits de L’université déchiffrée par Pierre Dubois et Andrea Cammelli (AlmaLaurea). Chapitre 2. Les parcours de formation. 1.1. Poursuivre des études après l’obtention du diplôme de fin d’études secondaires (version de novembre 2008).  « Entre le milieu des années 90, point culminant des effectifs inscrits dans les universités françaises, et la fin de la 1ère décennie du 21ème siècle (Fabre, 2007), les poursuites d’études des bacheliers ont évolué très sensiblement pour ce qui concerne les différentes voies empruntées…

2009 (19 février). Créer 480 IES

Créer 480 Instituts d’Enseignement Supérieur (IES). Texte paru le 17 février dans les Chroniques d’abonnés du Monde sous le titre : Réformes bloquées : une chance pour la Réforme

Assez de temps perdu pour réformer l’enseignement supérieur public. Chaque partie prenante au mouvement et à la réforme doit bouger ses lignes. Le gouvernement : il doit retirer immédiatement les deux décrets (celui sur le statut des enseignants-chercheurs et celui sur la formation des maîtres) ; il doit faire voter une loi de programmation pour l’enseignement supérieur et la recherche, loi garantissant durant les 5 années à venir une progression nette du budget de l’enseignement et de la recherche (supprimant ainsi la crainte constante de suppressions d’emplois) ; il doit mettre au travail le comité de suivi de la LRU qui a critiqué la loi sur un nombre important de points aux fins de trouver des solutions de progrès : la transparence voudrait que Valérie Pécresse donne accès à ce rapport sur le site du Ministère (MESR) et sur celui de l’Université Nouvelle.

Les enseignants-chercheurs et les chercheurs doivent solennellement affirmer qu’ils sont en faveur d’une évaluation renforcée de leurs enseignements et de leurs recherches, qu’ils acceptent que les résultats de cette évaluation soient à l’origine de sanctions positives ou négatives.  

Les étudiants et leurs syndicats doivent se décrisper sur la question de la sélection à l’entrée des masters, d’un numerus clausus souple à l’entrée du nouveau cycle licence, et sur celle des droits d’inscription (sous la condition d’un développement significatif des bourses sur critères sociaux, de prêts à taux zéro ou encore de réelles avancées sur le Chantier Vie étudiante). 

Tous les acteurs de l’enseignement supérieur ayant bougé leurs lignes, il faut que tous se posent la Question : quelles universités et quels grands organisme de recherche voulons-nous en 2020 ? De quoi le pays et l’Europe ont-ils besoin ? Comment égaliser, élargir les chances d’accès à l’enseignement supérieur ? La base de la Réforme, totalement réalisée en 2020, pourrait être : « faire accéder 50% des jeunes à l’enseignement supérieur et faire qu’ils y obtiennent un diplôme ». Cet objectif est assez consensuel, à droite comme à gauche. Valérie Pécresse croit qu’on peut parvenir à le réaliser en 2010 ; elle rêve, et ce en dépit du Plan pour la réussite en Licence.  

Les propositions qui suivent s’appuient sur les données statistiques produites par la DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) : nombre de bacheliers, filières d’enseignement supérieur suivies par les bacheliers qui poursuivent des études, nombre de diplômés de l’enseignement supérieur, dépense par étudiant inscrit dans l’enseignement supérieur. 

Les études universitaires commencent en Master (450.000 inscrits) et se poursuivent éventuellement en doctorat (60.000 inscrits). L’enseignement universitaire se fonde sur la recherche. Le corps enseignant est composé de professeurs (le corps des maîtres de conférences est mis en extinction). Un numerus clausus par grands champs disciplinaires de master et de doctorat est établi chaque année et fait l’objet d’une large concertation ; ce numerus clausus est inscrit dans la Loi de programmation mentionnée ci-dessus. La sélection est donc pratiquée à l’entrée du master et du doctorat. La perspective 2020 est de parvenir à 20 à 25 universités de 20 à 25.000 étudiants ; les grandes écoles sont incitées à s’intégrer dans ces nouvelles universités à vocation nationale ou internationale.  

Des Instituts d’Enseignement Supérieur (IES) sont créés : ce sont des entités juridiques autonomes des lycées actuels. Ils ont la mission d’organiser un cycle de 3 ans après le baccalauréat, cycle dénommé « licence ». Ils regroupent des Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE, actuellement 80.000 inscrits), des Sections de techniciens supérieurs (STS, 210.000 inscrits), des départements des ex-Instituts universitaires de technologie (IUT, 115.000 inscrits) et les 3 années de la licence universitaire actuelle (730.000 inscrits). Les BTS et les DUT sont fusionnés ; la disparition des BTS était prévue par le décret de 1966 créant les IUT ; les lois de décentralisation, dès la première moitié des années 80, ont empêché cette disparition, chaque ville moyenne ou grande luttant jusqu’à satisfaction pour obtenir un morceau d’enseignement supérieur. Il s’en est suivi une concurrence absurde entre STS et IUT. Les économies issues de la fusion BTS-DUT permettent de faire progresser la dépense publique pour les étudiants des ex-licences universitaires. Avec un encadrement meilleur, ceux-ci abandonnent moins et réussissent davantage. Le lycée d’enseignement supérieur prépare à des études « longues » (accès aux masters et aux grandes écoles) et à des études débouchant sur le marché du travail (diplôme de licence professionnelle). Le baccalauréat devient le diplôme de fin d’études secondaires et n’est donc plus le premier diplôme universitaire. 

Les IES ont la mission de permettre l’accès de 50 % des jeunes à un premier diplôme de l’enseignement supérieur. Ils ont aussi la mission de participer au développement économique et social de leur territoire (formation des professions intermédiaires agricoles, industrielles et tertiaires). L’offre et la carte des formations des LES sont co-décidées par l’Etat et chacune des Régions.  

Pour parvenir à diplômer 50% des jeunes (42% en 2006 – État de l’École), les IES offrent une capacité d’accueil égale à 55% des effectifs d’une génération, soit un ordre de grandeur de 400.000 places en 1ère année ; cette capacité d’accueil est supérieure à la capacité actuelle des classes supérieures des lycées, des IUT et du premier cycle universitaire (licence). Une capacité d’accueil est définie pour chaque grand champ disciplinaire. L’admission dans le nouveau premier cycle de l’enseignement supérieur se fait sur dossier et/ou sur examen d’entrée ; elle doit être organisée pour que la capacité d’accueil (400.000 places en 1ère année) soit réellement réalisée.  

Quelle répartition des 400.000 bacheliers entrant chaque année dans les IES ? Une répartition 60% d’étudiants dans la voie professionnelle et 40% dans la voie permettant l’accès au Master semble pouvoir être une base de la concertation à venir. Ceci veut dire qu’il faut augmenter, significativement et progressivement, le nombre de places en CPGE et le nombre de places dans la filière BTS-DUT. Les bacheliers, admis en LES et qui n’ont pas en début d’année de projet professionnel affirmé, font l’objet d’un semestre de mise à niveau et d’orientation. Au second semestre, ils optent pour la voie longue ou la voie courte. L’intégration dans une grande école demeure possible après deux ans de CPGE et réussite au concours ; cette disposition devient également valable pour l’entrée en master. Dans la filière professionnelle, les sorties vers le marché du travail demeurent possibles à bac+2 ; la poursuite d’études après l’obtention d’une licence professionnelle (ou technologique pour reprendre le terme de la revendication de l’Association des directeurs d’IUT) est possible mais doit rester nettement minoritaire. Des passerelles sont organisées, à chaque étape de la licence, entre la voie longue et la voie courte.      

Les IES accueillent donc une population totale de l’ordre d’1,2 million d’étudiants. Chaque IES accueille en moyenne 2.500 élèves dans les filières courtes et longues. 480 IES sont donc créés d’ici 2020 ; chaque département dispose d’au moins un LES. Chaque LES peut afficher une dominante (scientifique, lettres, langues, sciences humaines et sociales, économie et gestion, santé) mais doit obligatoirement comporter des formations permettant l’accès au master et des formations ouvrant les portes du marché du travail à bac+3. 

L’enseignement en IES, dans les filières conduisant au master /grandes écoles et dans les filières professionnelles, est assuré par des professeurs agrégés. Cela suppose une redéfinition de la carte des agrégations, une très forte progression du nombre de places ouvertes aux concours d’agrégation, la fin des tentations de malthusianisme de la part de certains jurys d’agrégation, une ouverture de la thématique des concours (pouvoir mesurer la capacité des candidats à mener à bien un projet de recherche).  

L’agrégation obtenue, les agrégés sont nommés dans un IES. Ils y effectuent un minimum d’une année d’enseignement en tant que fonctionnaire stagiaire. Des professeurs agrégés titulaires sont incités à s’inscrire en doctorat à temps plein ou à temps partiel ; durant leurs études doctorales, les agrégés perçoivent leur salaire. Le doctorat obtenu, ils peuvent continuer à être détachés dans un centre de recherche pour y poursuivre des recherches et préparer une habilitation à diriger des recherches, préalable à l’acquisition du statut de professeur d’université.

Cette réforme ouvre un énorme chantier : l’échéance de 2020 paraît requise. Elle est très difficile à réussir car elle va faire monter au créneau de nombreux groupes d’opinion et de pression. Même l’obstacle logistique peut être levé : à parc immobilier constant, les locaux pour les universités / grandes écoles et les LES existent ; certes, il faudra reconfigurer des bâtiments existants et organiser de multiples déménagement. Mais que ne ferait-on pas pour parvenir à 50% d’une classe d’âge diplômée du supérieur ? 

Universités centrées sur l’enseignement de master et de doctorat, Instituts d’Enseignement Supérieur préparant à des professions qualifiées pour le marché du travail et aux études de master ou de grandes écoles.Une réforme qui rend nettement plus lisible l’enseignement supérieur français au niveau international ! Une utopie ? Une utopie rationnelle ! Le débat est ouvert ! La concertation doit commencer !

2009 (5 avril). Sciences Po à Reims ?

Sciences Po a, ces années dernières, délocalisé deux années préparatoires dans plusieurs villes de province. Le Journal l’Union de Reims fait état de négociations de Sciences Po avec la Mairie et présente l’implantation comme quasiment acquise : 200 élèves pourraient être accueillis dès la rentrée de 2009, dans l’ex-collège des Jésuites.

3 certitudes. 1. Le collège des Jésuites à Reims existe et son histoire vaut le coup d’être contée. 2. Richard Descoings est venu à Reims le 6 février 2009 pour discuter de la réforme du lycée. 3. Aucune mention de l’éventuelle implantation à Reims sur le site de Sciences Po et sur celui de la mairie. Si Sciences Po s’installait à Reims et portait progressivement ses effectifs à plus de 1.000 étudiants, on pourrait évidemment prévoir une concurrence accrue avec les classes supérieures des lycées et avec le cycle Licence de  l’université !

2009 (9 avril). Le marché de Descoings

Richard Descoings, conseiller d’Etat, est directeur de l’Institut d’études Politiques de Paris (dit Sciences Po) et administrateur de la Fondation Nationale des Sciences Politiques. Depuis janvier 2009, il est chargé d’une mission sur la réforme du lycée et, à ce titre, il a entrepris un tour de France. Enfin, il est de notoriété publique qu’il veut « faire le ministre » ; il a des idées : n’est-ce pas lui qui a été pionnier pour faire venir à Sciences Po les très bons élèves des lycées classés en Zone d’Éducation Prioritaire ! Il faut d’ailleurs lui en être reconnaissant.

Mais, dans la période récente, Richard Descoing a allégrement confondu ses intérêts personnels (devenir Ministre), les intérêts de Sciences Po et l’intérêt général. Ses déplacements dans le cadre de sa mission d’intérêt général (la réforme du lycée) lui ont permis de faire son marché entre les différentes villes de France, au profit de Sciences Po.

Le Monde du 8 avril titre ainsi : Sciences Po Paris crée un sixième campus régional. Un ancien collège de jésuites sera aménagé pour abriter l’antenne rémoise de l’IEP , antenne spécialisée dans les relations transatlantiques et l’Amérique du Nord. 600 étudiants de premier cycle, voire très rapidement 2.000 étudiants pour le cycle complet de Sciences Po. Reims a de nombreux atouts dont celui de n’être qu’à 45 minutes de Paris en TGV : belle commodité pour les « turboprofs » parisiens et pour les étudiants américains qui vont être démarchés pour venir étudier dans la Cité des Sacres et dans la Cité reconstruite à l’aide de capitaux américains après les destructions de la 1ère guerre mondiale.

Mais quelque chose ne va pas. Richard Descoings, en charge de la réforme du lycée, a-t-il vraiment compris que le lycée Roosevelt accueille des élèves de Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE) et de Sections de Techniciens Supérieurs (STS) ? Sans vergogne, sans avoir à en demander l’autorisation au Ministre de tutelle mais avec l’aide financière des collectivités territoriales, il arrive à Reims grandement perturber le marché de l’offre de formation post-bac, marché déjà bouleversé par la désaffection des bacheliers à l’égard des filières de la licence universitaire. Richard Descoings confond ainsi l’intérêt de Sciences Po et l’intérêt général du service public d’enseignement supérieur. Il devrait lire attentivement la chronique : Créer 480 Instituts d’enseignement supérieur.

La mission de Richard Descoings sur la réforme du lycée doit s’achever en mai par la remise d’un rapport. Gageons que le Directeur de Sciences Po en attend sa nomination comme ministre (accepterait-il de n’être que secrétaire d’Etat ?) à l’occasion du remaniement ministériel qui va suivre les élections européennes. Richard Descoings satisfera ainsi son intérêt personnel. Vraiment dommage qu’il ait confondu pendant un semestre l’intérêt général et l’intérêt de Sciences Po. A-t-il vraiment le sens du service public, de l’intérêt général ?

2009 (2 juin). Descoings. Orientation

Le rapport de Richard Descoings sur la réforme du lycée est intitulé Lycée pour tous. Deuxième partie du rapport : Accompagner l’orientation des élèves.

Les préconisations du rapport en matière d’orientation méritent un « zéro pointé », parce qu’elles ne sont pas issues d’une vision stratégique de l’enseignement supérieur de demain. Orienter pour quoi faire ? Pour parvenir à ce que 50% d’une génération de jeunes obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur ? On s’en éloigne : en 2008, la proportion de jeunes qui a obtenu le baccalauréat est en diminution ; le taux de poursuite immédiate d’études dans le supérieur est lui aussi en baisse. Orienter vers quelle filière ? Vers les classes supérieures des lycées (CPGE, STS), vers les IUT ou vers les licences universitaires. Les bacheliers 2009 ont tranché : une forte majorité d’entre eux ne souhaite pas aller à l’université. La dispersion de l’enseignement supérieur entre les lycées et les universités ne doit-elle pas cesser d’exister : il faut créer des Instituts d’Enseignement Supérieur. Orienter vers les filières sélectives ou vers la licence universitaire non sélective : Richard Descoings ne se pose même pas la question de la sélection à l’entrée du Supérieur.

Richard Descoings aurait dû prendre exemple sur Charles De Gaulle, le pionnier de l’orientation. Le premier président de la 5ème République avait, lui, une réelle vision stratégique de l’orientation, mais n’est pas De Gaulle qui veut !

Le rapport Descoings reflète certes l’écoute des usagers du lycée et de ses professionnels, enseignants et conseillers d’orientation psychologues, mais il ne reprend que ce que ceux-ci pensent : c’est insuffisant. Richard Descoings dit ne pas vouloir une révolution de l’éducation. On attend pourtant d’un homme qui veut être ministre autre chose que des recettes d’orientation sans envergure. Les préconisations d’orientation doivent découler d’une vision stratégique de l’enseignement supérieur de demain : ne pas faire de vagues pour devenir ministre est presque indécent.

Préconisations du rapport Descoings en matière d’orientation.  

1. Le temps de l’orientation inclus dans le temps scolaire.

2. Rencontres et parrainages : un réseau des anciens dans chaque lycée ; un référent adulte pour chaque lycéen ; des stages en entreprises possibles pour tous les lycéens ; une préparation pédagogique des stages ; des mesures incitatives pour les professionnels ; la mobilisation systématique des parents d’élèves dans les rencontres métier.

3. Une égale information sur les voies et les filières en continu dès le collège : investir dans une égale information dès le collège ; des journées de découverte au lycée pour tous les collégiens ; rencontres et parrainages ; assister à des cours dans les établissements d’enseignement supérieur ; plus d’enseignants du secondaire dans l’enseignement supérieur ; plus d’enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur dans les lycées ; des partenariats lycée-établissement d’enseignement supérieur ; des soutiens rapides et sur mesure, à tous les niveaux du lycée et accompagnées dans le temps ; des formations passerelles sur mesure ; des réorientations en cours d’année ; des journées d’information pour les parents ; une exigence de lisibilité des filières ; des bilans de compétence proposés dans le cadre du service public ; des carnets de l’orientation.

2009 (2 juillet). Sciences Po Reims. Non!

Richard Descoings est une personnalité incontournable dans l’enseignement supérieur et dans les médias. Il a accepté en janvier 2009 et conclu en juin une mission sur la réforme du lycée : ce blog a critiqué la faiblesse de la partie de son rapport consacrée à l’orientation pour son absence de vision stratégique.

Richard Descoings n’est pas ministre de l’Éducation nationale : il n’a pas voulu ou le Président de la République n’a pas voulu. Le voici donc rentré à Sciences Po pour y concevoir et mettre en œuvre de nouveaux projets, dont celui de l’installation de Sciences Po à Reims, dans le collège des Jésuites.

Richard Descoings, vous êtes aujourd’hui au pied du mur. Etes-vous prêt à détruire l’image très positive que vous avez intelligemment construite, celle du pionnier de la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur, par l’accueil à Sciences Po de bacheliers originaires de zones d’éducation prioritaires ? Tout le monde vous en a été reconnaissant.

Voulez-vous détruire cette image ou retrouver celle d’un patron qui défend « bec et ongles » le développement d’un établissement socialement élitiste, Sciences Po. Pourquoi ? Parce que, pour vous installer à Reims, vous négociez une convention financière avec 3 collectivités territoriales de Champagne-Ardenne, le Conseil régional , le Conseil général de la Marne, la ville de Reims. Ces 3 collectivités, qui n’ont pourtant pas de compétence légale en matière d’enseignement supérieur, vont investir des dizaines de millions d’euros, en investissement mais aussi en dotations annuelles de fonctionnement. Combien exactement ? Plus de 100 millions à terme ?

Richard Descoings, cet argent mobilisé, c’est celui des contribuables de la Champagne-Ardenne. Votre projet ne figurait pas dans les professions de foi des candidats aux dernières élections régionales, cantonales et municipales. Opportunismes des collectivités. On peut comprendre l’envie de celles-ci d’attirer sur leurs terres un établissement de renom international. Mais cet argent mobilisé pour l’élite n’ira pas aux étudiants de l’université de Reims Champagne-Ardenne, université dont le recrutement social est plus « démocratique » que celui de Sciences Po. Etes-vous prêts, Richard Descoings, à renoncer à implanter Sciences Po à Reims si les 3 collectivités concernées n’attribuent pas la même somme, en investissement et en fonctionnement et par étudiant universitaire, à celle qu’elles vont consacrer à Sciences Po ?

Richard Descoings, il faut prouver que vous continuez à être un réformateur visionnaire, un homme qui lutte pour une plus grande égalité des chances de tous les étudiants de toutes les origines sociales. C’est le moment pour vous de choisir ! Les jeunes étudiants champardennais demandent l’égalité de traitement !

2009 (11 juillet). Président Meyer

Jacques Meyer, 8ème adjoint de la maire de Reims, en charge de la recherche, de l’innovation et de l’éducation, a voté fin juin 2009, comme ses 58 collègues du Conseil municipal, la venue de Sciences Po dans la « ville des Sacres ». Le coût pour les 3 collectivités territoriales (Commune, Conseil général, Conseil régional) : 76 millions d’euros d’investissement et 3.000 euros par étudiant et par an au titre de la participation des collectivités aux frais de scolarité des étudiants.

Le blogueur a dit sa ferme opposition à ce projet (Sciences Po à Reims : Non !) et demande qu’en lieu et place soit créé à Reims un premier Institut d’Enseignement Supérieur de 2.500 élèves. La chronique d’aujourd’hui questionne le Président Jacques Meyer. Ce professeur de mathématiques de l’université de Reims Champagne Ardennes (URCA) est une personnalité régionale, qui a toujours pris des responsabilités gestionnaires et politiques, à gauche.

Jacques Meyer au fil des ans. 1986 à 1989 : directeur de l’UFR de Sciences de l’URCA. 1989 à 1997 : premier directeur de l’IUFM de Champagne Ardenne. 1997 à 2002 : président de l’université. Faute de pouvoir candidater à un second mandat de Président, il redevient, de 2002 à 2004, directeur de l’UFR de Sciences (en avril 2004, le blogueur l’interviewe : lire le compte-rendu de l’entretien). 2004 : Jacques Meyer est élu Conseiller régional sur la liste de gauche et devient Vice-président, délégué à l’enseignement supérieur, à la recherche et au sport. 2008, il est élu adjoint au maire.

Jacques Meyer ne cumule pas seulement deux mandats d’élu. Il est également premier secrétaire de la Fédération du Parti Socialiste de la Marne ; à ce titre, il accueille le Congrés du Parti socialiste à Reims en novembre 2008. Il écrit régulièrement des articles pour le blog de sa Fédération, dont un article sur le PS et le mouvement des universités.

Adeline Hazan, maire de Reims, est ardente partisane du campus Sciences Po. L’est également son 1er adjoint en charge de l’enseignement supérieur, Serge Pugeault. Mais pourquoi Jacques Meyer, ancien Président de l’université, en charge de responsabilités pour l’enseignement supérieur à la commune et à la région, premier secrétaire du PS dans la Marne accepte-t-il le mirage du Transatlantic Campus in Reims et les inégalités sociales qu’il crée ? Les inégalités de traitement sont en effet flagrantes. 3.000 euros par an et par étudiant de Sciences Po ? Combien d’euros les collectivités donnent-elles à chaque étudiant champardennais au titre des frais de scolarité ?

Tout est « mirage » dans le projet Sciences Po, à part son coût. Les effectifs annoncés par Sciences Po sont un premier mirage : 80 étudiants à la rentrée 2010, oui ! Mais 1.800 étudiants d’ici 5-6 ans, impossible, Sciences Po ne s’engageant à ouvrir qu’un Bachelor of Arts de 3 années d’études (dont une année à l’étranger).

Reprenons les autres arguments des partisans du projet Sciences Po. Renforcer « l’image de dynamisme et de vitalité » de la ville de Reims : dépenser l’argent des contribuables, alors que la ville est endettée et que la promesse de non-augmentation des impôts locaux a été martelée durant la campagne des municipales, c’est faire preuve d’une vitalité dépensière irresponsable. « Compléter l’offre de formation » : de quel droit les collectivités territoriales s’arrogent-elles une prérogative qui est celle de l’État ? « 20 à 25 millions d’euros par an au titre des retombées économiques » : de qui se moque-t-on ? Seule une chose est certaine et d’innombrables projets le prouvent tout au long de l’histoire : au final, tout projet est plus coûteux que prévu et les retombées financières sont inférieures à celles attendues. 

« Revitaliser la vie universitaire« . Avec quelques centaines d’étudiants et des professeurs qui rentreront à Paris dès leurs cours dispensés ? L’argument doit plutôt être inversé : Sciences Po Reims « dévitalisera la vie universitaire » parce que ce campus affaiblira l’université URCA. L’histoire du Collège des Jésuites, lieu hautement symbolique choisi pour l’implantation de Sciences Po, a été celle d’un combat, ouvert ou larvé, contre l’Université de Reims. 

Jacques, prenez la tête du combat de gauche pour la création d’un premier Lycée d’Enseignement Supérieur à Reims, projet qui concernera 2.500 étudiants, projet permettant une plus grande démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur que le campus élitiste de Sciences Po. Et même, proposez-vous comme premier directeur pionnier de ce lycée. Il reste moins d’un an avant les élections régionales : ce serait dommage que la Gauche perde la région parce qu’elle a commis l’erreur de soutenir un projet « mirage », un projet à classer dans la société « bling, bling ». A bientôt de lire votre contribution sur le blog de la Fédération du PS de la Marne : « stop au projet Sciences Po !« .

2010 (25 juillet). Transatlantic Campus in Reims

Sciences Po Paris ouvre en septembre 2010 son campus de Reims, campus de 1er cycle. Que de tromperies dans la communication de Sciences Po ! Les collectivités territoriales (conseil régional, conseil général, conseil municipal) vont investir 75 millions d’euros.

2010 (7 septembre). Sciences Po in Reims. Shocking !

Suite de mes chroniques Contre l’installation de Sciences Po à Reims. 3 septembre 2010, inauguration en grandes pompes du Transatlantic Campus in Reims : communiqué de presse de Sciences Po, 6 vidéos sur France 3, Site de Sciences Po Reims. Adeline Hazan, maire de Reims, et Richard Descoings dévoilent la plaque commémorative de l’évènement. Ils rient tous les deux. Ils ne devraient pas ! Depuis plus d’un an, je crie sur ce blog que l’installation de Sciences Po à Reims est un scandale parce que 3 collectivités territoriales (la ville, le conseil général, la région) se sont engagées à financer la rénovation du Collège des Jésuites pour permettre cette venue (76 millions d’euros) et à financer le fonctionnement pendant 20 ans à concurrence de 3.000 euros par étudiant.

Quelles contreparties de Sciences Po en échange de cet investissement énorme des collectivités territoriales ? Beaucoup de vent, et aujourd’hui de promesses écrites dans un protocole. Seront-elles tenues ? Détournement de l’argent des contribuables champardennais au profit de qui ? A cette rentrée : au profit de 80 étudiants seulement. En annoncer 600 à la rentrée 2012 (200 par promo du Bachelor) et éventuellement 1.800 en 2016, c’est vraiment se moquer de toutes et de tous !

Combien de bacheliers champardennais parmi ces 80 ? Combien de jeunes issus des classes populaires parmi eux ? Combien de boursiers, hors bourses sponsorisées par le Crédit Agricole (!) et hors bourses à taux zéro ? Richard Descoings, faites publier immédiatement ces données ! Montrez qu’il vous est impossible de prouver que Sciences Po Reims n’est pas déjà un ghetto élitiste, réservé aux enfants d’une bourgeoise fortunée, internationale et bilingue franco-anglais. Dites que vous n’avez pas honte de faire payer votre « danseuse » par les contribuables du territoire !

6 septembre 2010, signature du protocole de coopération entre la Région Champagne Ardenne et Sciences Po. C’est assez drôle de consacrer quatre pages aux engagements que Sciences Po devra tenir. La Région ne croirait-elle pas à la parole de Descoings ? Le nombre d’engagements fait sourire.

Surtout ne pas rire en lisant le 1er paragraphe : La Région et Sciences Po unissent leurs moyens et leur savoir-faire pour faire émerger, au cœur de la Champagne-Ardenne, un pôle d’excellence universitaire ayant vocation à rayonner à l’échelle mondiale, tout en étant parfaitement ancré et intégré au niveau local. Quels moyens mobilisés par Sciences Po : son image de marque ? son logo ?

Sciences Po ne mobilise même pas ses propres enseignants ; il faut d’ailleurs rappeler sans cesse la faiblesse numérique du corps enseignant statutaire de Sciences Po. 25 enseignants sont annoncés dont… 10 en provenance de l’université URCA et 2 de Reims Management School : il serait moins coûteux pour les finances publiques si les étudiants allaient écouter ces enseignants dans leur institution d’origine et non dans le bâtiment provisoire du Collège des Jésuites. Il y aura bien sûr quelques cours d’amphi par des vedettes « à l’américaine » : il ne faudra pas oublier de leur faire signer la feuille de présence !

Trois mauvaises surprises concernant les cours : le programme est généraliste et mortellement ennuyeux ; 45 crédits par semestre et non 30 (c’est une entrave à la mobilité !), 12 semaines de cours seulement par semestre : mais où sont donc les 10 mois de scolarité prescrits par Valérie Pécresse ? Descoings serait-il devenu un mauvais élève ? Engagements prévisionnels de Sciences Po prévus par le Protocole signé hier. 1. Promouvoir à l’international le Campus transatlantique et sa région d’accueil : combien de millions d’euros prévus dans le budget de communication de Sciences Po pour cette promotion ? 2. Animation de la vie culturelle, intellectuelle et citoyenne régionale : organisation d’un cycle de conférences pour le grand public lors de la rentrée 2010… 3. Actions à l’intention des lycéens de la région (ZEP et Cordées de la réussite) et promotion de l’égalité des chances : supercherie ! Qui peut croire que ces lycéens d’origine populaire pourraient suivre avec profit des cours majoritairement donnés en anglais ? 4. Soutien au développement économique de la région : offre de formation continue pour les cadres locaux : ce seront les enseignants de l’Université et de RMS qui feront les cours ? 5. Coopération avec d’autres établissements régionaux d’enseignement : mutualisation des ressources et offre de formations conçues en commun ; on aurait pu y croire si Sciences Po avait implanté son diplôme de Bachelor dans l’université même. Pour Sciences Po, la mutualisation se fait à sens unique.

En guise de bouquet final, il faut se retenir pour ne pas hurler quand Jacques Meyer, vice-président du Conseil régional et ancien président de l’université, déclare que les fonds dépensés pour Science Po sont utiles et nécessaires : demain, il y aura dix grands pôles universitaires au niveau national. Pour la ville de Reims et sa région, l’enjeu est de savoir si elle veut continuer à jouer dans la cour des grands. Jacques Meyer voudrait nous faire croire que l’investissement en faveur de Sciences Po permettra à Reims d’accéder à ce décapôle.

Il y en a assez de ces gesticulations politico-médiatiques, de ces gabegies financières. Soyons clairs : il n’y aura pas ni retombées économiques, ni retombées sociales de l’implantation du micro Sciences-Po de Reims !

2010 (14 octobre). Reims. Meyer et Sciences Po

Sciences Po in Reims. Shocking ! et Transatlantic Campus in Reims. Suite à ces chroniques, Jacques Meyer, ancien président de l’université de Reims (URCA) et premier vice-président de la région Champagne Ardenne, m’a adressé un courriel. Il en a fait copie à Gérard Mary, également ancien président de l’URCA. . Quelques extraits du courriel. « Je pense que l’on peut débattre de la question [de Sciences Po] sans injure ni blessure personnelle… Et je n’ai jamais dit ni pensé que Reims pouvait figurer parmi les 10 pôles d’excellence de réputation mondiale que les gouvernements successifs depuis une dizaine d’années cherchent à instaurer ».

La décision de soutenir le projet d’implantation de Sciences Po est le fruit d’une réflexion mûrement pensée concernant la situation des villes universitaires de la grande couronne parisienne : elle n’est évidemment pas antagonique d’un soutien actif à l’Université.

Si vous voulez connaître ma position, je vous joins le texte de mon intervention à ce sujet devant les élus du conseil régional en novembre 2009. Ce document de géostratégie universitaire pose très bien la question du devenir de l’université de Reims Champagne Ardenne et plus largement des universités relativement proches de Paris. Je partage pleinement l’analyse de Jacques Meyer mais non sa conclusion sur l’implantation de Sciences Po à Reims et le soutien financier qu’y apportent les collectivités régionales.

Dans un contexte budgétaire difficile et de concentration des ressources publiques sur un nombre limité de pôles d’enseignement supérieur, Jacques Meyer met à l’épreuve les trois scénarios envisageables pour les 2 universités de la région (URCA et UTT), scénarios qu’il reprend de différents rapports officiels. Scénario 1. Concentration de l’enseignement supérieur et de la recherche de haut niveau en Ile-de-FranceUn service minimum se maintiendrait d’une part dans les universités régionales autour des formations de niveau licence pour les filières générales, d’autre part autour de formations professionnelles courtes dans des villes secondaires.

Scénario 2. Organisation multipolaire : constitution ou renforcement de 4 grands pôles universitaires généralistes régionaux ou interrégionaux, à travers le regroupement d’universités aujourd’hui distinctes : Rouen, Caen et Le Havre ; Orléans-Bourges, Tours et Poitiers ; Le Mans, Angers, Nantes ; Reims et Amiens ». L’objectif est d’atteindre ou de maintenir une taille critique d’au moins 40.000 étudiants par pôle universitaire au moyen d’une offre complète de disciplines LMD. Jacques Meyer montre les avantages et les atouts d’un tel scénario, mais un inconvénient majeur : l’éloignement relatif des différents sites d’un même pôle.

Scénario 3. Réseaux éclatés. Ce scénario expose un maillage territorial de l’offre d’enseignement supérieur limité aux premières années d’études supérieures« … « Mais, dès le niveau L3, les universités régionales se spécialiseraient et fonctionneraient en réseau avec d’autres établissements nationaux voire internationaux.

Dans ce contexte de 3 scénarios, auxquels il faut ajouter le fait que l’URCA ne bénéficie pas de l’opération Campus et qu’elle ne sera pas bien placée dans les réponses aux différents appels d’offres de l’emprunt national, quelle peut être sa stratégie ? Quelles sont les initiatives prises par les directions successives de l’université et par l’équipe présente, présidée par Richard Vistelle.

Jacques Meyer semble déplorer l’échec de la négociation d’un PRES avec l’université de technologie de Troyes (UTT). J’avais moi-même dressé, en mars 2009, le constat d’échec de ce projet de PRES : Pas de PRES à Reims .

Jacques Meyer poursuit et c’est là que nos analyses divergent sur Sciences Po à Reims. L’université de Reims paraît donc seule, isolée et l’arrivée de Sciences Po va en quelque sorte desserrer l’isolement… et permettre d’atteindre une taille suffisante pour résister à l’attraction parisienne. L’arrivée de Sciences Po à Reims, c’est donc comme si une nouvelle université s’installait à Reims. Excusez du peu ! C’est, pour le monde de la formation et de la culture, quelque chose d’équivalent en importance à la décision de faire passer et s’arrêter le TGV à Reims. C’est une chance extraordinaire pour notre région, pour son développement économique, culturel et scientifique. C’est aussi une opportunité pour son rayonnement et sa notoriété. Et c’est aussi une chance et une opportunité pour son université. Alors évidemment la facture est là ! C’est indéniable.

Je ne crois pas une seconde à la possibilité de réussir ce scénario optimiste. En un mot : les collectivités territoriales de Champagne-Ardenne ont déroulé le tapis rouge pour Sciences Po, pour permettre à ce Grand établissement public de tisser, sans autofinancement, une « toile » nationale, un « réseau » international, constitués d’une tête de réseau à Paris et d’antennes de premier cycle en province, antennes destinées à n’être qu’un vivier de recrutement pour le second cycle parisien. Richard Descoings n’en a rien à faire de l’université de Reims et de son avenir !

Je reconnais que je vois mal l’avenir de l’université de Reims Champagne Ardenne : le scénario 3 (Réseaux éclatés) me semble le plus probable. Le temps n’est pas au beau fixe entre l’université et les collectivités territoriales. Deux faits récents sont pour moi symptomatiques d’un futur problématique. Pas de PRES avec l’UTT et donc une négociation est entreprise avec l’université de Picardie Amiens. Un PRES de 2ème génération, dixit le président de l’URCA, Richard Vistelle, devrait voir le jour en 2011 (5 ans après la création des PRES !). Ce PRES inclurait même la Wallonie ! Où se situerait le siège du PRES ? A Saint-Quentin dans l’Aisne, à mi-distance de Reims et d’Amiens. C’est où Saint-Quentin ?

Deuxième fait : des données statistiques sur les parcours de formation et le devenir professionnel des diplômés en nombre encore trop limité. A l’URCA, la création d’un observatoire était devenue un serpent de mer (Observatoire OSIPE). Des moyens ont été affectés dont un poste d’ingénieur de recherche en 2010. Des moyens, pour quels résultats ? La nouvelle ingénieur de recherche aurait dû pourtant donner l’exemple de la réactivité : n’est-elle pas devenue en juin dernier vice-présidente de RESOSUP ?

2011 (15 décembre). Descoings entre Public et Privé

Richard Descoings, né en 1958, énarque devenu Conseiller d’État, est administrateur de la Fondation Nationale de Sciences Politiques (FNSP, fondation de droit privé), et directeur de Sciences Po Paris depuis 1996 (4ème mandat). Sciences Po est membre du PRES Sorbonne Paris Cité (établissement public) et Richard Descoings a animé le comité de pilotage pour répondre au 2ème appel à projets IDEX (la candidature du PRES a franchi une première étape : il fait partie des pré-sélectionnés). Richard Descoing joue trop habilement de la double appartenance de Sciences Po : grand établissement public quand ça l’arrange ; grand établissement privé quand ça l’arrange. C’en est devenu insupportable !

L’initiative de Richard Descoings d’accueillir à Sciences Po de jeunes lycéens d’origine populaire m’était plutôt sympathique. Plusieurs années ont passé. Le personnage m’est aujourd’hui antipathique. Ses initiatives me révoltent chaque jour davantage. L’annonce en grande pompe d’une réforme du concours d’entrée à Sciences Po, pour la rentrée… 2013, m’a agacé. Pourquoi les médias ont-ils besoin de relayer une information somme toute banale ? Tous les responsables universitaires d’une formation sélective (DUT, licence pro, master, doctorat) ne procèdent-ils pas à une sélection sur dossiers et entretiens ? Ils ne font pas pour autant La Une des médias !

L’enquête de Médiapart, reproduite par Sauvons l’université, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je suis sûr que ma révulsion, à la lecture des rémunérations et des bonus d’une partie des cadres et des enseignants de Sciences Po, sera partagée par un grand nombre. Grand établissement public, financé largement par l’État et les collectivités territoriales (près de 60% de ses ressources), Sciences Po verse des rémunérations à ses dirigeants, enviables par bien des cadres du privé. Grand établissement privé, Sciences Po pratique des droits d’inscription, enviables par bien des écoles supérieures privées. Public et privé, le beurre et l’argent du beurre.

Mon jugement sur Richard Descoings a commencé à changer quand j’ai ouvert ce blog et l’ai vu, entendu et photographié début 2099 au lycée Roosevelt à Reims ; il y faisait son premier déplacement dans le cadre de sa mission sur la réforme du lycée. Mission d’intérêt public ou mission d’intérêt privé pour Sciences Po ? J’ai trouvé et je trouve scandaleux que Richard Descoings ait réussi à ouvrir un campus du Collège universitaire de Sciences Po à Reims avec l’appui financier des collectivités territoriales.

Sept campus en province pour approvisionner Sciences Po Paris. A quel droit se réfère cette toile tissée sans vergogne ? Imagine-t-on les universités de Strasbourg, d’Aix-Marseille, de Lorraine, les trois premières universités réunifiées, implanter des campus de 1er cycle à Paris, à Rennes, à Lille, à Bordeaux, à Lyon, à Toulouse, à Montpellier…

Agacement également contre les fort peu rigoureuses enquêtes sur le devenir professionnel des diplômés de Sciences Po. Coups de pub et coups de com incessants. Instrumentalisation des médias. Quand cela va-t-il s’arrêter ? Un petit espoir pour remettre en cause ce mélange public-privé : la Cour des Comptes est à Sciences Po pour y auditer les comptes.

Peut-on attendre une prise de position de la CPU et de son président Louis Vogel, une stigmatisation des comportements de Sciences Po et de son directeur ? Je suis presque sûr que Louis Vogel y serait personnellement favorable, tant la concurrence que Sciences Po fait à son établissement, Paris 2 Panthéon Assas, se fait à armes fort inégales.

2012 (4 avril). Décès de Richard Descoings

La mort de Richard Descoings m’attriste profondément car elle est « injuste » : on ne meurt pas, on ne doit pas mourir à 53 ans. Tant de réformes encore à faire pour l’enseignement supérieur ! Richard Descoings, une personnalité fort et des idées plein la tête. Un pionnier. Un homme de débats. Ainsi, je ne dois pas regretter mes désaccords avec lui, en particulier pour l’implantation de collèges de Sciences Po en province.

Commentaires fermés sur Science Po à Reims (2009-2020)

Classé dans C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), C. Ile-de-France, E. Droit et Sciences politiques, E. Mobilité internationale, E. Sciences humaines et sociales

Et si on discutait enfin des IES ?

Le projet de créer de nouveaux établissements d’enseignement supérieur, à savoir des Instituts d’Enseignement Supérieur (IES), est proposé par mon blog Histoires d’Universités, depuis 2009.

IES dédiés au 1er cycle d’enseignement supérieur, la licence.

Cinq ans après cette proposition, en 2014, j’ai fait le point : propositions pour les IES. Chronique : Le combat du blog : créer des IES

Jean-Philippe Denis et Adrien de Tricornot (XERFI Canal) proposent d’engager la discussion sur les IES : décentraliser et décloisonner l’enseignement supérieur. Je les en remercie vivement. Il n’est jamais trop tard pour discuter !

Voir et écouter l’interview d’Adrien de Tricornot par Jean-Philippe Denis (9’18)

Commentaires fermés sur Et si on discutait enfin des IES ?

Classé dans E. Economie Gestion

Fusion. Cergy Paris Université

Il s’en passe des drôles de choses dans les regroupements d’établissements de l’enseignement supérieur public et privé du Val d’Oise. Une fusion inédite, à nulle autre pareille. Et une université fusionnée qui demeure incomplète, sans Faculté de médecine et pharmacie. See why !

A. CY Cergy Paris Université (communiqué de presse, 15 juillet 2019). « Les avancées collectives ont permis de déterminer le nom de l’université : CY Cergy Paris Université (CY se prononce à l’anglaise : See why), un nom qui ancre dans le territoire (Cergy et l’Ile de France), assoit résolument l’identité universitaire (université), tout en imprimant d’un signe fort (CY) – au sens propre comme au sens figuré – l’élan et la vocation d’un projet tourné vers l’international autour de ce qui constitue la racine commune de ses écoles et alliances ».

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

« Depuis l’obtention de l’initiative d’excellence (I-SITE Paris Seine) en février 2017, et afin de mettre en œuvre cette feuille de route, la COMUE Université Paris Seine prépare sa mutation institutionnelle : une université publique, porteuse de la politique de site, fusion de l’UCP, de l’EISTI et de la COMUE (qui donc disparait), à laquelle s’associe l’ESSEC dans le cadre de l’initiative d’excellence, et formant le cœur du dispositif.

La nouvelle Grande École interne est quant à elle dénommée CY Tech. L’initiative d’excellence Paris Seine est rebaptisée CY Initiative, et l’alliance de site CY Alliance« .

Lire la suite

Commentaires fermés sur Fusion. Cergy Paris Université

Classé dans C. Ile-de-France

ESR. Wauquiez, ministre 2011-12

28 juin 2011. À la suite de la désignation de la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), et du remaniement ministériel qui s’ensuit, Laurent Wauquiez est nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a succédé à Valérie Pécresse et exercé cette fonction durant moins d’une année.

2 juin 2019. Après le sévère défaite du Parti républicain aux élections européennes, son président, Laurent Wauquiez, a démissionné. C’est son premier grand échec.

Occasion de se poser la question : bilan de son passage au ministère de l’ESR ? Bilan de la Nouvelle licence qu’il a porté sur les fonds baptismaux ? 27 chroniques d’Histoires d’universités. Le texte intégral de chacune d’entre elles figure dans un document de 37 pages : cliquer ici pour le lire ou pour l’archiver.

Lire la suite

Commentaires fermés sur ESR. Wauquiez, ministre 2011-12

Classé dans Non classé