Aléas pour trois chantiers immobiliers universitaires. Concernant des constructions neuves, ils ont eu pour conséquences d’en retarder l’ouverture aux étudiants. Parmi eux, notons la pandémie COVID, la prévision approximative des besoins, les budgets serrés affectés, l’ambition de certains architectes de vouloir demeurer dans l’Histoire en prenant des risques architecturaux, la défaillance d’une entreprise retenue pour telle ou telle partie du chantier, la lenteur de la Justice pour trancher des conflits apparus entre parties prenantes, la mauvaise qualité de certains matériaux, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, la mise en chômage pour intempéries. Il faut enfin y ajouter un lot de surprises plus ou moins faciles à résoudre.
Des pénalités financières sont certes prévues pour les entreprises fautives. Mais elles ne suffisent pas pour éponger les surcoûts engendrés par la location temporaire de locaux pour assurer l’année universitaire. Quant aux préjudices moraux causés aux uns et aux autres, ils sont, au mieux, signalés par la communication universitaire institutionnelle.
Les aléas et les retards de trois chantiers de construction neuve illustrent cette chronique. Partie 1. Sorbonne nouvelle à Nation (Paris). Partie 2. Le CARDO (Sciences politiques à Strasbourg). Partie 3. Le STUDIUM (Learning Center de l’université de Strasbourg).
Cette chronique est la suite de SUP. Estimer les besoins immobiliers. Elle est illustrée par plus de 150 photos, prises tout au long des deux chantiers strasbourgeois.
Partie 1. Sorbonne Nouvelle à Nation : un chantier de huit années (2013 à 2021). Décembre 2021 : remise des clés du Campus Nation. Bilan : un campus trop petit, pas assez de salles de classes.
Ma chronique de juillet 2022 : Sorbonne Nouvelle a, à la peine. De Censier à Nation, peines en chaine.
Sorbonne-Nouvelle quitte le Quartier latin, sur fond de polémique, Jessica Gourdon, Le Monde, 19 juillet 2022. « Censier, clap de fin. Cet été, l’université Sorbonne-Nouvelle quitte définitivement ses bâtiments du Quartier latin, amiantés et à bout de souffle. Elle vient d’emménager sur un campus tout neuf, près de la place de la Nation. Enfin ! Neuf ans que ce projet, reporté à plusieurs reprises, avait été annoncé par le ministère de l’enseignement supérieur.
En septembre, les 17 000 étudiants de cette université parisienne (anciennement Paris-III), connue pour ses formations en langues, civilisations, théâtre et cinéma, franchiront les portes de ce bel ensemble vert-jaune-bleu tout en courbes et trapèzes, conçu par l’architecte Christian de Portzamparc.
Mais la rentrée s’annonce houleuse : le nouveau campus, bien que de surface équivalente à l’ancien, ne dispose pas d’assez de salles pour tous les cours prévus. Une partie de l’espace a été absorbée par la salle de spectacle et par le restaurant du Crous, dont l’ancien site était dépourvu. De fait, l’établissement comptera, à la rentrée, une trentaine de salles en moins.
La bombe à retardement avait été signalée depuis plusieurs années par les syndicats. « A mon arrivée, j’avais aussi signalé à ma tutelle que le compte n’y était pas », abonde Jamil Dakhlia, le président de l’université. Il fallait toutefois « faire avec ». Alors, la direction a réussi à produire des simulations certifiant que « tout rentrait », grâce à une optimisation de l’utilisation des locaux et des emplois du temps – avec des cours le samedi et le soir jusqu’à 21 heures. Mais ces estimations ne prenaient pas en compte tous les paramètres, notamment que certains cours ne pouvaient pas avoir lieu en même temps, car s’adressant aux mêmes étudiants »…
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