La « caporalisation ministérielle »

Communiqué Pour Paris 8 sur les « lettres d’attention » envoyées par Madame Bonnafous, DGSIP, à la Présidente de l’Université Paris 8 et au Président de l’Université Paris Ouest Nanterre le 24 avril 2014. Lire la chronique du 5 mai 2014 : Diktats de Simone Bonnafous.

« La situation est en définitive plus grave que celle que nous décrivions dans nos textes précédents. Non seulement le passage à la COMUE s’annonce comme un processus engageant des transferts de compétences beaucoup plus importants – et plus rapides – que ceux qui ont été annoncés, non seulement devrait advenir dans ce cadre une modification substantielle de la carte des formations, mais ce processus se fera sous la férule d’un État qui en l’occurrence est moins « stratège » et « régulateur » qu’autoritaire et punitif.

Que reste-t-il de l’autonomie universitaire dans tout cela (nous entendons parler ici de cette autonomie scientifique et pédagogique qui fonde l’existence même de toute université) ? Que reste-t-il d’ailleurs même de cette autre autonomie qu’on nous avait octroyée ? Les « responsabilités et compétences élargies » sont devenues des « responsabilités et compétences rétrécies » par la caporalisation ministérielle. Au désastre annoncé et à l’austérité imposée par la gestion mécaniquement déficitaire de la masse salariale viennent désormais s’ajouter des modes de gouvernement toujours plus autoritaires, l’interventionnisme des cabinets, le chantage financier de l’État et la destruction dans la COMUE de ce qui demeure de démocratie universitaire. Comment imaginer que les directions de nos universités restent inertes devant la morgue et le cynisme de leur tutelle ?

Mais comment imaginer surtout que même les trésors de dialectique, les omissions plus ou moins volontaires et la ritournelle usée sur l’absence d’alternative puissent suffire désormais à convaincre une majorité des membres des conseils d’administration de s’engager dans une telle voie ? Comment ne pas préférer à ce monstre froid bureaucratique piloté d’en haut, toujours plus vertical et soumis aux ordres ministériels, la structure horizontale et souple de l’association d’universités, fondée sur le dialogue entre partenaires et la recherche de consensus ? »

« Le choix est clair désormais et chacun peut en mesurer les enjeux. Ceux qui, dans nos deux universités, voteront en faveur de la COMUE marqueront leur accord avec le ton de la lettre de Madame Bonnafous, avec les pratiques qu’elle instaure, les horizons qu’elle dessine ».

Pour aller plus loin. Motion de Conseil d’UFR votée à l’unanimité. « Le Conseil de l’UFR de Droit et Science Politique de Paris 8, réuni le 6 mai 2014, a exprimé, à l’unanimité de ses membres, sa plus ferme opposition au projet de COMUE entre les Universités Paris 8 et Paris Ouest ».

Pour aller plus loin. Chroniques du blog sur les regroupements d’universités et d’établissement à marche forcée.

4 Commentaires

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4 réponses à “La « caporalisation ministérielle »

  1. Rectif.

    Juste une précision : le conseil d’UFR Droit et science politique qui a voté une motion contre la Comue et contre Mme Bonnafous-Dizambourg, ce n’est pas celui de Paris 8, mais de Paris 10, pourtant réputé plus calme que sa voisine.

  2. Action Paris10

    Attention. Le Conseil d’UFR Droit et science politique en question est celui de Paris-Ouest Nanterre, et non de Paris 8.

  3. Les personnels de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée se mobilisent aussi, contre la fusion UPEC-UPEM, et sonnent l’alarme face à la ComUE Université Paris-Est.
    L’UPEC et l’UPEC en lutte défileront ensemble ce jeudi 15 mai.
    Voir le communiqué de l’intersyndicale UPEM: https://paris-luttes.info/universite-paris-est-marne-la

  4. Martinville

    Madame Bonnafous est de gauche… tout un symbole… le soviétisme botté est de retour… au pas, camarades!!!… et Merci Hollande !!!