Femmes graveuses du 18ème siècle.
Partie 1. La gravure au féminin. Partie 2. Femmes graveuses : œuvres entre 1763 et 1790. Partie 3. Ces femmes qui gravent. Féminisation d’une pratique et de son vocabulaire.
Partie 1. La gravure au féminin : une exposition pionnière à Strasbourg. Source : Musées de Strasbourg.
« Le Cabinet des Estampes et des Dessins de Strasbourg (responsable : Florian Siffer) a présenté pour la première fois (du 16 mars au 16 juin 2023) une exposition sur La gravure au féminin, panorama des femmes graveuses, XVIe – XIXe siècles, sélection de gravures sur bois, sur cuivre, lithographies ».
J’ai choisi de centrer cette chronique du blog Histoires d’universités sur les femmes graveuses du 18ème siècle (636 chroniques sur l’Histoire du 18ème siècle).
Diaporama de 45 photos (10 œuvres, cartels, détails).
« Actives d’abord grâce à leurs maris ou pères, les femmes graveuses se sont progressivement émancipées. Cet accrochage permet de découvrir certaines pionnières, comme Diana Mantuana ou la Strasbourgeoise Electrine Stuntz, probablement la première femme lithographe au monde.
Les premières graveuses se rencontrent au XVIe siècle en Italie, telle Diana Scultori, qui avait reçu un privilège du Pape pour imprimer et faisait de la gravure dite d’interprétation de dessins, de fresques ou de peintures. Sa liberté d’artiste résidait précisément dans son interprétation personnelle de l’œuvre originale. Une belle gravure sur cuivre est ici présentée, en parallèle à l’œuvre qu’elle a interprétée, et il est intéressant de jouer au jeu des Sept erreurs : l’image a été inversée, un bosquet ajouté.
Sa contemporaine Geronima Parasole venait d’une famille de graveurs. Le cabinet des estampes possède d’elle une rare gravure sur bois, d’après une grande planche de bois, de celles qui étaient fragiles. Elle aussi interprétait à loisir, ajoutant à un Combat de cavaliers d’Antonio Tempesta, du ciel, des végétaux, des éléments de musculature, des chevelures »…
Partie 2. Six femmes graveuses : œuvres entre 1763 et 1790
Angelica Catherina Kauffmann (1741-1807)
« Née le 30 octobre 1741 en Suisse) et morte le 5 novembre 1807 à Rome, est une artiste peintre autrichienne.
Elle est l’une des femmes peintres et portraitistes les plus célèbres du XVIIIe siècle. Son style est à mi-chemin entre le néoclassicisme et l’Empfindsamkeit.
Connue pour ses portraits et ses autoportraits, Kauffmann se spécialise également dans la représentation de thèmes mythologiques.
C’est également une des premières et rares femmes peintres à avoir connu de son vivant un succès international, et l’une des plus éminentes représentantes de l’autoportrait féminin en peinture« .
1763. Suzanne et Les Vieillards.
1764. Portrait de Johann Jakob Winkelmann.
1780. Femme assise.
Marie-Rosalie Bertaud (1738-1er quart du 19ème siècle)
« Née à Paris en 1738 et morte dans les premières années du XIXe siècle, est une graveuse française.
Elle reçoit l’enseignement de maîtres en gravure que sont Pierre-Philippe Choffard et Augustin de Saint-Aubin.
1768. Les pêcheurs à la ligne.
« Devenue buriniste confirmée, elle produit avant la Révolution française, entre 1770 et 1785, pas moins de huit gravures d’après des tableaux de Claude Joseph Vernet, ses interprétations recevant alors de nombreux compliments et citations dans la Gazette de France et le Mercure de France.
Vers 1770, il est indiqué sur ces tirages qu’elle possède boutique près Saint-Germain-l’Auxerrois ».
Jeanne-Françoise Ozanne (1735-1795)
« Née le 10 octobre 1735 à Brest et morte le 2 février 1795 à Paris est une artiste graveuse française.
Elle est la sœur de Pierre Ozanne et de Nicolas Ozanne, tous deux dessinateurs de marine ; élève de Jacques Aliamet, elle est une artiste graveuse dont les œuvres représentent principalement des paysages et des animaux. Ses gravures évoquent principalement des paysages de sa Bretagne natale.
Jeanne-Françoise Ozanne reproduit notamment sur gravures les dessins de son frère Nicolas Ozanne. Elle prend part également aux cahiers de voyages et marines ».
1771. Vue prise dans le port de Dieppe.
Maria Katharina Prestel (1747-1794)
« Graveuse et peintre active à Londres. Elle se forme à l’eau-forte et à l’aquatinte auprès de Johann Gottlieb Prestel. Ils se marient en 1769, ont une fille, Ursula Magdalena Prestel, mais se séparent en 1786.
Elle part alors s’installer à Londres avec sa fille, où elle travaille pour John Boydell en réalisant des aquatintes.
La carrière de Prestel à Londres est couronnée de succès : elle produit plus de soixante-treize gravures d’après des œuvres d’artistes allemands, italiens et néerlandais. Elle est reconnue pour ses grandes gravures de paysages à l’aquatinte, dans lesquelles elle reproduit habilement les détails subtils de peintures de paysages romantiques ».
1782-1785. La Sainte Famille.
Marie-Catherine Riollet (1755-1788)
« Née rue Zacharie à Paris, fille d’un maître-tailleur, Marie-Catherine Riollet est graveuse à l’eau-forte et au burin. Son frère est Joseph Riollet, orfèvre rue Saint-Louis. Elle signe ses travaux Mlle Riollet. Elle fournit des planches pour des catalogues de particuliers, comme par exemple le Cabinet de M. Poullain (1780-1781), interprétant des tableaux de maîtres anciens (Jean Raoux, David Teniers, Jan Wijnants).
Elle a travaillé sous la direction de François-Denis Née d’après des dessins de J. Daubigny pour les Voyages pittoresques de la France (vers 1779-1780). Elle exécute le frontispice et les vignettes du recueil poétique d’Alix et de Mlle Dormoy, Les quatre âges de l’homme (Moutard, 1784) d’après Gois.
Elle épouse en troisièmes noces le graveur Jacques Firmin Beauvarlet le 9 juillet 1787 mais elle meurt l’année suivante ».
Le mauvais riche, d’après David Teniers Le jeune. Interprétation de la parabole de Lazare.
Marie Cosway (1760-1838)
« Née le 11 juin 1760 à Florence et morte le 5 janvier 1838 à Lodi, est une artiste peintre et graveuse, musicienne, active entre l’Italie et l’Angleterre.
« Elle a exposé à la Royal Academy à Londres.
1781, Maria Hadfield épouse Richard Cosway, miniaturiste connu. Ensemble, ils réunissent une fameuse collection d’art, La collezione Maria e Richard Cosway.
1790 (vers). Portrait de femme
Proche de David, elle a eu une carrière officielle remarquable.
1812. Elle fonde à Florence un collège pour filles anglaises ; il devient en 1830 l’Istituto delle Dame inglesi.
Elle installe ensuite son institution dans le nord de l’Italie, à Lodi.
Elle achète un couvent dans lequel elle s’établit avant qu’il n’abrite l’ordre religieux de la Dame anglaise.
Elle y meurt en 1838″.
Partie 3. Ces femmes qui gravent. Féminisation d’une pratique et de son vocabulaire.
Source : article de Rémi Mathis dans Nouvelles de l’Estampe, 24/6, 2 à 21.
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