Archives mensuelles : juin 2023

Femmes graveuses du 18ème siècle

Femmes graveuses du 18ème siècle.

Partie 1. La gravure au féminin. Partie 2. Femmes graveuses : œuvres entre 1763 et 1790. Partie 3. Ces femmes qui gravent. Féminisation d’une pratique et de son vocabulaire.

Partie 1. La gravure au féminin : une exposition pionnière à Strasbourg. Source : Musées de Strasbourg.

« Le Cabinet des Estampes et des Dessins de Strasbourg (responsable : Florian Siffer) a présenté pour la première fois (du 16 mars au 16 juin 2023) une exposition sur La gravure au féminin, panorama des femmes graveuses, XVIe – XIXe siècles, sélection de gravures sur bois, sur cuivre, lithographies ».

J’ai choisi de centrer cette chronique du blog Histoires d’universités sur les femmes graveuses du 18ème siècle (636 chroniques sur l’Histoire du 18ème siècle).

Diaporama de 45 photos (10 œuvres, cartels, détails).

« Actives d’abord grâce à leurs maris ou pères, les femmes graveuses se sont progressivement émancipées. Cet accrochage permet de découvrir certaines pionnières, comme Diana Mantuana ou la Strasbourgeoise Electrine Stuntz, probablement la première femme lithographe au monde.

Les premières graveuses se rencontrent au XVIe siècle en Italie, telle Diana Scultori, qui avait reçu un privilège du Pape pour imprimer et faisait de la gravure dite d’interprétation de dessins, de fresques ou de peintures. Sa liberté d’artiste résidait précisément dans son interprétation personnelle de l’œuvre originale. Une belle gravure sur cuivre est ici présentée, en parallèle à l’œuvre qu’elle a interprétée, et il est intéressant de jouer au jeu des Sept erreurs : l’image a été inversée, un bosquet ajouté.

Sa contemporaine Geronima Parasole venait d’une famille de graveurs. Le cabinet des estampes possède d’elle une rare gravure sur bois, d’après une grande planche de bois, de celles qui étaient fragiles. Elle aussi interprétait à loisir, ajoutant à un Combat de cavaliers d’Antonio Tempesta, du ciel, des végétaux, des éléments de musculature, des chevelures »…

Partie 2. Six femmes graveuses : œuvres entre 1763 et 1790

Angelica Catherina Kauffmann (1741-1807)

« Née le 30 octobre 1741 en Suisse) et morte le 5 novembre 1807 à Rome, est une artiste peintre autrichienne.

Elle est l’une des femmes peintres et portraitistes les plus célèbres du XVIIIe siècle. Son style est à mi-chemin entre le néoclassicisme et l’Empfindsamkeit.

 Connue pour ses portraits et ses autoportraits, Kauffmann se spécialise également dans la représentation de thèmes mythologiques.

C’est également une des premières et rares femmes peintres à avoir connu de son vivant un succès international, et l’une des plus éminentes représentantes de l’autoportrait féminin en peinture« .

1763. Suzanne et Les Vieillards.

1764. Portrait de Johann Jakob Winkelmann.

1780. Femme assise.

Marie-Rosalie Bertaud (1738-1er quart du 19ème siècle)

« Née à Paris en 1738 et morte dans les premières années du XIXe siècle, est une graveuse française.

Elle reçoit l’enseignement de maîtres en gravure que sont Pierre-Philippe Choffard et Augustin de Saint-Aubin.

1768. Les pêcheurs à la ligne.

« Devenue buriniste confirmée, elle produit avant la Révolution française, entre 1770 et 1785, pas moins de huit gravures d’après des tableaux de Claude Joseph Vernet, ses interprétations recevant alors de nombreux compliments et citations dans la Gazette de France et le Mercure de France.

Vers 1770, il est indiqué sur ces tirages qu’elle possède boutique près Saint-Germain-l’Auxerrois ».

Jeanne-Françoise Ozanne (1735-1795)

« Née le 10 octobre 1735 à Brest et morte le 2 février 1795 à Paris est une artiste graveuse française.

Elle est la sœur de Pierre Ozanne et de Nicolas Ozanne, tous deux dessinateurs de marine ; élève de Jacques Aliamet, elle est une artiste graveuse dont les œuvres représentent principalement des paysages et des animaux. Ses gravures évoquent principalement des paysages de sa Bretagne natale.

Jeanne-Françoise Ozanne reproduit notamment sur gravures les dessins de son frère Nicolas Ozanne. Elle prend part également aux cahiers de voyages et marines ».

1771. Vue prise dans le port de Dieppe.

Maria Katharina Prestel (1747-1794)

« Graveuse et peintre active à Londres. Elle se forme à l’eau-forte et à l’aquatinte auprès de Johann Gottlieb Prestel. Ils se marient en 1769, ont une fille, Ursula Magdalena Prestel, mais se séparent en 1786.

Elle part alors s’installer à Londres avec sa fille, où elle travaille pour John Boydell en réalisant des aquatintes.

La carrière de Prestel à Londres est couronnée de succès : elle produit plus de soixante-treize gravures d’après des œuvres d’artistes allemands, italiens et néerlandais. Elle est reconnue pour ses grandes gravures de paysages à l’aquatinte, dans lesquelles elle reproduit habilement les détails subtils de peintures de paysages romantiques ».

1782-1785. La Sainte Famille.

Marie-Catherine Riollet (1755-1788)

« Née rue Zacharie à Paris, fille d’un maître-tailleur, Marie-Catherine Riollet est graveuse à l’eau-forte et au burin. Son frère est Joseph Riollet, orfèvre rue Saint-Louis. Elle signe ses travaux Mlle Riollet. Elle fournit des planches pour des catalogues de particuliers, comme par exemple le Cabinet de M. Poullain (1780-1781), interprétant des tableaux de maîtres anciens (Jean Raoux, David Teniers, Jan Wijnants).

Elle a travaillé sous la direction de François-Denis Née d’après des dessins de J. Daubigny pour les Voyages pittoresques de la France (vers 1779-1780). Elle exécute le frontispice et les vignettes du recueil poétique d’Alix et de Mlle Dormoy, Les quatre âges de l’homme (Moutard, 1784) d’après Gois.

Elle épouse en troisièmes noces le graveur Jacques Firmin Beauvarlet le 9 juillet 1787 mais elle meurt l’année suivante ».

Le mauvais riche, d’après David Teniers Le jeune. Interprétation de la parabole de Lazare.

Marie Cosway (1760-1838)

« Née le 11 juin 1760 à Florence et morte le 5 janvier 1838 à Lodi, est une artiste peintre et graveuse, musicienne, active entre l’Italie et l’Angleterre.

« Elle a exposé à la Royal Academy à Londres.

1781, Maria Hadfield épouse Richard Cosway, miniaturiste connu. Ensemble, ils réunissent une fameuse collection d’art, La collezione Maria e Richard Cosway.

1790 (vers). Portrait de femme

Proche de David, elle a eu une carrière officielle remarquable.

1812. Elle fonde à Florence un collège pour filles anglaises ; il devient en 1830 l’Istituto delle Dame inglesi.

Elle installe ensuite son institution dans le nord de l’Italie, à Lodi.

Elle achète un couvent dans lequel elle s’établit avant qu’il n’abrite l’ordre religieux de la Dame anglaise.

Elle y meurt en 1838″.

Partie 3. Ces femmes qui gravent. Féminisation d’une pratique et de son vocabulaire.

Source : article de Rémi Mathis dans Nouvelles de l’Estampe,  24/6, 2 à 21.

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Chambéry. Fontaine des Éléphants

Chambéry. La Fontaine des Éléphants, érigée de 1835 à 1838 en l’honneur du général-comte de Boigne par le sculpteur grenoblois Pierre-Victor Sappey. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

La fontaine des Éléphants, historiquement appelée La colonne de Boigne et aujourd’hui surnommée Les quatre sans cul, est une fontaine de la commune de Chambéry.

Diaporama de 11 photos (juin 2023).

Biographie résumée dans la chronique du blog : Benoit de Boigne, 30 ans en 1781.

L’ensemble, haut de 17,65 mètres et bâti en pierre calcaire de Saint-Sulpice, est une habile superposition de trois monuments : une fontaine, une colonne et une statue.

La fontaine présente dans son plan la croix de Savoie. Quatre éléphants réunis par la croupe, réalisés en fonte de fer, jettent l’eau par leurs trompes dans un bassin octogonal et portent chacun une tour de combat surmontée d’un bas-relief ou d’une inscription.

Sur les éléphants, se dresse une grande colonne, symbolisée par un tronc de palmier. Sa base est ornée d’une grande variété de trophées : des armes persanes, mogholes, hindoues ; divers objets rappelant les mœurs, les arts et la civilisation des peuples que le général de Boigne a combattus ou gouvernés, composent les trophées.

« Le sommet de la colonne est constitué d’une statue du général-comte de Boigne à qui le monument est dédié.

Ce dernier est vêtu de son costume de lieutenant-général du royaume de Sardaigne. Son manteau relevé sur son épaule gauche laisse apparaître sa main posée sur un sabre oriental, tandis que sa main droite tient un document sur lequel est inscrit dons à la Ville de Chambéry, représentant l’ensemble des donations accordées à la ville par le comte de Boigne ».

« Il s’agit d’une statue en bronze fondue à Paris dans les ateliers de Charles Crozatier. Elle pèse 750 kg et mesure 2,82 m de hauteur.

Cette fontaine est érigée de 1835 à 1838 par le sculpteur grenoblois Pierre-Victor Sappey afin de commémorer les exploits des indiens Marathes et du comte de Boigne après sa mort en 1830.

Le conseil municipal de Chambéry vote en décembre 1832 un crédit d’un montant de 50 000 livres pour sa construction, et lance, l’année suivante un concours afin de trouver le sculpteur pouvant réaliser l’œuvre. Au total, la ville comptabilise 17 projets proposés puis porte finalement son choix sur le projet de ce sculpteur pour son originalité et son faible coût.

L’accord final aura lieu le 6 septembre 1834. Les travaux commencent en avril 1835 puis se terminent en octobre 1835. La fontaine des éléphants est inaugurée le 10 décembre 1838« .

Restauration 2013-2015. « La fontaine des éléphants a fait l’objet de plusieurs restaurations de plus ou moins grande importance.

Préalablement à la restauration prévue à partir de 2013, une souscription publique est lancée en septembre 2012 par la municipalité de Chambéry, laquelle devant permettre de contribuer au financement d’une partie des travaux. Deux ans plus tard, en novembre 2014, cette souscription a permis de récolter près de 125 000 euros, soit 12,4 % du coût total de la restauration, auprès de 388 donateurs dont 348 particuliers ».

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Mme de Warens et J.J. Rousseau

Mme de Warens (1699-1762) et Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

Diaporama de 55 photos (juin 2023). La maison et le jardin des Charmettes (à 2,5 kms de Chambéry).

Partie 1. Rousseau et Mme de Warens aux Charmettes (maison construite en 1660). Source : ville de Chambéry.

« Une maison isolée au penchant d’un vallon fut notre asile, et c’est là que dans l’espace de quatre ou cinq ans j’ai joui d’un siècle de vie et d’un bonheur pur et plein (Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, 10e promenade).

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), philosophe, écrivain et musicien, souvent présenté comme un des pères de la Révolution Française avec son fameux Contrat Social, décrit Les Charmettes comme là où  commence le court bonheur de sa vie.

En 1728, il fugue de la ville de Genève où il est né. A Annecy, à peine âgé de 16 ans, il rencontre Madame de Warens. Celle-ci, divorcée, deviendra vite sa protectrice et marquera à jamais la vie du jeune homme en assurant son éducation.

Rousseau verra en elle une figure maternelle (il l’appelle d’ailleurs Maman et elle, Petit). Elle aura une grande influence sur lui. En effet, elle lui donnera une éducation sentimentale et le fera se convertir au catholicisme.

De 1736 à 1742, Jean-Jacques Rousseau et Madame de Warens vivront ensemble dans la maison des Charmettes. De son passage dans cette maison, il dira dans son livre VI des Confessions : Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire que j’ai vécu.

La période aux Charmettes a été pour l’auteur non seulement des années de plaisirs simples et de temps adonné à ses passions, un lieu où il se définit comme libre mais aussi là où il a constitué la base indispensable à son œuvre, la phase d’enseignement pure et essentielle qui donnera ensuite lieu à la critique et donc à l’écriture.

C’est aux Charmettes que Rousseau, suivant sa propre méthode de travail, créera son magasin d’idées pour se révéler quelques années plus tard aux yeux du monde à travers l’Émile, le Contrat Social, ses Confessions ou encore son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».

Autre source : article de Wikipédia sur les Charmettes.

« Jean-Jacques Rousseau et Madame de Warens découvrent vraisemblablement la maison de Monsieur Noëray à l’automne 1735. Ils y passeront au moins deux étés ensemble, 1736 et 1737. Deux autres séjours aux Charmettes se dérouleront durant l’hiver 1738-39, et les six premiers mois de l’année 1742. Mais Jean-Jacques est seul. Il étudiera beaucoup pour mûrir sa pensée :

En lisant chaque auteur, je me fis une loi d’adopter et de suivre les idées de chacun sans y mêler les miennes ni celles d’un autre. Je me dis : commençons par me faire un magasin d’idées, vraies ou fausses, mais nettes, en attendant que ma tête en soit assez fournie pour pouvoir les comparer et choisir.(…) Insensiblement je me sentis isolé et seul dans cette même maison dont auparavant j’étais l’âme, où je vivais pour ainsi dire à double. Je m’accoutumai peu à peu à me séparer de tout ce qui s’y faisait, de ceux mêmes qui l’habitaient, et pour m’épargner de continuels déchirements, je m’enfermais avec mes livres, ou bien j’allais soupirer et pleurer à mon aise au milieu des bois. Je sentis que la présence personnelle et l’éloignement de cœur d’une femme qui m’étaient si chère irritaient ma douleur, et qu’en cessant de la voir je m’en sentirais moins cruellement séparé (Les Confessions, livre VI).

Pour éloigner Jean-Jacques de Chambéry, Madame de Warens lui dénichera une place de précepteur à Lyon. Puis Rousseau gagnera Paris où il présentera, en 1742, un nouveau système d’annotation musicale, mis au point à Chambéry.

Partie 2. Madame de Warens (1699-1762). Source : extraits d’un article de Wikipédia.

« Françoise-Louise de la Tour, également connue sous les noms de Madame de, née le 31 mars 1699 à Vevey, en Suisse, et morte le 29 juillet 1762 à Chambéry, est une aristocrate suisse, manufacturière, prospectrice de filons miniers, épistolière, espionne et libertine.

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Chambéry, peintures du 18ème

Chambéry, Musée des Beaux-arts, peintures du 18ème siècle

Diaporama de 31 photos (juin 2023) : 9 œuvres, cartels et détails.

Le XVIIIe piémontais. Issue de l’histoire bien particulière des États de Savoie et des liens privilégiés entre Chambéry et le Piémont, l’École de Turin dévoile les peintres piémontais les plus remarquables, baroques puis néoclassiques.

Giacomo Cipper dit Il Todeschini (1664-1736). Le Petit Mangeur de spaghetti, vers 1700.

« Aucun témoignage ne permet de savoir où et de quelle façon se déroulent ses années d’apprentissage. Pigler évoque à ce sujet le nom d’un peintre viennois, Jacob Zieper. La présence de Giacomo Francesco Cipper est en revanche attestée à Milan à partir de 1696. Il a alors une trentaine d’années et habite la casa Carcani. Il épouse la  fille du notaire Carlo Federico Galdone. De son mariage naissent dix enfants. Giulia Francesca meurt en 1735, Giacomo Francesco Cipper le 17 octobre 1736 ».

Giuseppe Zaïs (1709-1784). Moïse sauvé des eaux, 2ème moitié du 18ème siècle

« Giuseppe Zais, né le 22 mars 1709 à Forno di Canale, est un élève de Marco Ricci et Zuccarelli. Il est actif à Venise où il s’inscrit comme membre de la Fraglia de 1749 à 1759, et de l’académie des beaux-arts en 1774. Il suit Zucarelli dans l’exécution de paysages arcadiens en vogue à l’époque, ne trouvant son indépendance que dans quelques scènes de bataille. Son œuvre majeure reste la décoration en fresques de la Villa Pisani à Stra, avec des vues de villes italiennes et des paysages ou la fantaisie se mêle au réalisme ».

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806). Le jeu de la palette, 1757-1759.

Début de Carrière. « Les dispositions artistiques de Fragonard sont précoces et c’est le notaire chez qui il devient clerc à treize ans qui remarque ses dons artistiques. Après avoir quelque temps travaillé avec Jean Siméon Chardin, il entre comme apprenti, à l’âge de quatorze ans, dans l’atelier de François Boucher. C’est grâce à lui que le jeune Fragonard affirme ses dons et apprend à copier les maîtres. Boucher le présente bientôt au prestigieux grand prix de peinture de l’Académie royale qu’il remporta en 1752 grâce à son tableau Jéroboam sacrifiant aux idoles. Une carrière dans la peinture d’histoire lui semble alors toute tracée. Il entre ainsi durant trois années à l’École royale des élèves protégés alors dirigée par le peintre Charles van Loo. Fragonard effectue son Grand Tour et part en 1756 pour l’Académie de France à Rome en compagnie de son ami Hubert Robert et de l’architecte Victor Louis. Il y résidera jusqu’au mois d’avril 1761 et y est notamment influencé par le peintre Giambattista Tiepolo et le style baroque de Pierre de Cortone, Il quitte la Ville éternelle pour la France après avoir achevé en septembre un long périple qui l’a vu traverser les villes de Florence, Bologne et Venise notamment ».

Pour aller plus loin : chronique du blog du 22 janvier 2023, Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)

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Chambéry, peintures 15 au 17ème

Chambéry, Musée des Beaux-arts, peintures du 15 au 17ème siècle

Diaporama de 38 photos (juin 2023) : 9 œuvres, cartels, détails.

Partie 1. Histoire du Musée. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Lire aussi. Monique Dacquin, le Musée des Beaux-arts, une construction laborieuse, Société des amis du Vieux Chambéry, BNF Gallica, texte en ligne.

« Propriété de la commune, le musée des Beaux-arts est installé au cœur du centre-ville dans le bâtiment de l’ancienne halle aux grains, complètement rehaussé en 1889 par l’architecte François Pelaz.

Le bâtiment Grenette. Cette halle aux grains, était située le long des remparts médiévaux de la cité ducale et bordée par la Leysse, rivière qui se jette dans le lac du Bourget. Désaffectée dès le XIXe siècle, elle servit de lieu de vote lors de la Réunion de la Savoie à la France. Le bâtiment fut transformé dans les années 1880 en musée-bibliothèque. Rénovés entre 2009 et 2011, les espaces ont retrouvé un caractère architectural très identifié, exploitant la diversité des trois étages : les piliers sous voute du rez-de chaussée, les éléments métalliques de type Eiffel du premier étage et les généreuses verrières du deuxième étage.

Le musée des Beaux-Arts de Chambéry doit sa collection à une succession de legs de collectionneurs privés. À l’origine, l’abbé de Mellarède fait don, par testament, de toute sa collection personnelle, ce qui constitue la somme des premières œuvres visibles au musée.

Par la suite viennent s’ajouter les dons et legs du baron Garriod, un collectionneur savoyard établi à Florence qui fait don d’environ 250 œuvres parmi lesquelles se trouvent la Vierge à l’Enfant, œuvre maniériste de Pier Francesco Foschi et le Portrait de jeune homme attribué à Domenico Veneziano.

Le peintre et académicien Benoît Molin (1810-1894) a dirigé le musée à partir de 1850.

Après le musée du Louvre, le musée des Beaux-arts de Chambéry possède la seconde plus grande collection de peintures italiennes présentes en France, avec notamment des œuvres du Trecento, du Quattrocento et de la Renaissance, et des œuvres maniéristes et baroques, de l’école florentine, de l’école napolitaine et de l’école siennoise, de l’école bolonaise. Le développement des collections italiennes est notamment dû à la dation Daille, en 1980, qui a permis l’entrée dans le musée de la collection de primitifs siennois de l’écrivain français Paul Bourget.

Le parcours chronologique permet au visiteur d’évoluer à travers différents mouvements de l’histoire de l’art – Primitifs, Renaissance, Maniérisme, Baroque, Néoclacissisme – et de découvrir différents genres: peinture religieuse, historique, portraits, paysages ».

Partie 2. Peintures du 15ème au 17ème siècle. Source principale : plate-forme pop.culture.gouv

Jacquelin de Montluçon (Bourges, vers 1463-1505). Le martyre de Sainte Catherine (1496-1497), panneau double face.

« L’empereur Maxence, désespéré d’impuissance, déchire ses vêtements; à côté de lui, un homme vêtu de noir, au beau visage passif, se désigne lui-même de la main : peut-être s’agit-il du donateur? L’artiste s’est représenté coiffé d’un bonnet de peintre, à droite dans le fond du tableau, l’œil fixé sur la sainte impassible, agenouillée au premier plan, tout près de la roue qui éclate et déchiquette ses bourreaux. Catherine porte sur la tête une couronne d’or fleurdelisée et est vêtue d’une superbe robe de brocart recouverte d’un justaucorps de velours garni d’hermine ».

Jan Van Dornike (1470-1527). L’Adoration des Mages, vers 1520. Cartel du musée.

Stefano Pieri (Florence, 1542-1629). Déposition de croix, vers 1587

« Le tableau de Chambéry a été identifié grâce à une autre version conservée au Musée des Offices, qui porte un monogramme et la date 1587. Elle est très semblable à celle de Chambéry, les principales différences étant la position du bras droit de la Vierge et la présence supplémentaire, dans le fond, de deux visages masculins. Proche d’une déposition de Santi di Tito conservée au musée de Minneapolis ».

Santi di Tito (1536- 1603). Crucifixion, vers 1595.

« Le thème choisi est celui de la crucifixion. Nous sommes le Vendredi Saint, il est trois heures de l’après-midi : c’est l’instant de la mort du Christ qu’indique l’éclipse. Il porte déjà sur son côté droit la plaie faite par le coup de lance. La Vierge est présentée debout, les mains jointes. Elle est vêtue d’un manteau vert sur une robe rouge et porte un voile blanc. Devant elle, saint Jean, vêtu de rose, est agenouillé. Marie-Madeleine, tout en enlaçant la croix, essuie de ses cheveux les pieds du Christ. Elle porte un manteau rouge sur une robe verte. A droite de la représentation saint François de Paule a les mains croisées et prie. Il s’appuie sur un bâton. En arrière plan, on aperçoit une ville sensée être Jérusalem mais qui ressemble fortement à San Miniato al Monte, près de Florence, d’où proviendrait le tableau. A. Matteoli croit en effet reconnaître le couvent des Olivetains, l’église et le palais crénelé, ainsi que le campanile reconstruit en style roman dans la première moitié du XVIe siècle ».

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Hommage à Alain Touraine

Hommage à Alain Touraine (1925-2023).

Je dois à Alain Touraine un début de carrière devenu impossible aujourd’hui pour les jeunes chercheurs. Je me dois de remercier ce brillant intellectuel.

1966-1968. Inscrit en  doctorat 3ème cycle à Lille et bénéficiant d’une bourse de thèse, mon directeur, Jean-René Tréanton, m’incite à participer aux séminaires parisiens dédiés à la sociologie du travail. J’ai suivi ses conseils. C’est à cette occasion que j’ai entendu pour la première fois la voix forte et claire d’Alain Touraine, dans son séminaire de la rue de Varenne (Paris). Il a alors 41 ans, j’en ai 22. Je ne comprends pas tout, mais j’observe chez lui une très grande culture en sciences humaines et sociales, une volonté d’expliquer et de changer le monde.

Automne 1968. Alain Touraine me propose d’entrer dans le Groupe de recherche qu’il dirige, le Laboratoire de sociologie industrielle, à la Maison des Sciences de l’Homme, boulevard Raspail. Il sait que je souhaite poursuivre mes recherches sur le syndicalisme. Il me dit avec conviction qu’il faut désormais s’intéresser aux mouvements sociaux. Il veut faire École, mais pas au prix de la mise au pas de la liberté de recherche.

Je suis affecté à l’équipe qui doit mener une étude sur les grèves de 1968, et chargé des enquêtes dans le Nord (128 grèves). Contrat de travail d’une année pour un salaire égal à 3 fois et demi le SMIG. Alain Touraine n’a jamais été l’exploiteur d’une main-d’œuvre étudiante bénévole, chargée de faire passer des questionnaires.

1969. Concours d’entrée au CNRS. Je suis candidat classé 1er au sein du Labo de Touraine, ce rang étant bien sûr influencé par le directeur. Je suis recruté Attaché de recherche au CNRS à partir du mois d’octobre. J’ai 25 ans.

1971. La liberté de recherche inclut la mobilité institutionnelle et géographique. Quand une partie du labo décide de quitter le père et de créer le Groupe de sociologie du travail, Alain Touraine n’y met pas son veto. Il m’a cependant convoqué pour me demander : et vous, vous partez ? J’ai répondu : oui, je pars avec mes collègues de travail directs. Il aurait pu, avec raison, me qualifier de traitre, d’ingrat ; il ne l’a pas fait. Il est resté mon directeur de recherche pour le CNRS, c’est-à-dire le responsable qui évaluait et signait mon rapport d’activité. Un comportement noble : ni rancune, ni vengeance.

1978 (juin). Alain Touraine accepte d’être membre de mon jury de doctorat d’État. Quand c’est son tour de juger mon travail, intitulé Travail et conflit dans l’industrie, il conclut : dans le fond, cher collègue, vous êtes Proudhonien. J’ai été fier de ce compliment… que je ne méritais pas et que je n’aurais pas eu le courage d’assumer.

1980 (octobre). Je suis nommé professeur de sociologie à l’université de Lille III.

2013 (jeudi 7 novembre). Alain Touraine donne une conférence à la Librairie Kléber (Strasbourg). La salle est pleine à craquer. L’objet : son dernier livre, La Fin des Sociétés (cf. présentation infra). Après son intervention, il est possible d’aller le saluer et d’acheter le livre, avec son autographe. Mais que faites-vous à Strasbourg ? Réponse : nous avons choisi cette ville pour y vivre notre retraite.

Ce fut mon dernier et bref échange avec Alain Touraine. Il avait 88 ans, j’en avais 69.

Merci, Alain Touraine !

La Fin des Sociétés

« Nous sommes, depuis la crise financière, confrontés à cette évidence : avec la décomposition du capitalisme industriel, toutes les institutions sociales, la famille, l’école, la ville, les systèmes de protection et de contrôle social, l’entreprise, la politique elle-même perdent leur sens. Que se passe-t-il pour que les piliers de nos sociétés démocratiques se dérobent ainsi quand la globalisation du monde appellerait leur renforcement ?

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Benoit de Boigne, 30 ans en 1781

Benoît le Borgne, devenu Comte de Boigne (1751-1830), est né et mort à Chambéry dans le Duché de Savoie. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Partie 1. 1751-1781. Les racines savoyardes et l’appel des Indes.

Né le 8 mars 1751, Benoît Leborgne est le fils d’un marchand de pelleteries de Chambéry. Son grand-père paternel, né à Burneuil en Picardie, s’était installé à Chambéry, dans le duché de Savoie, au début du XVIIIe siècle. En 1709, il avait épousé Claudine Latoud. Ils eurent treize enfants, dont seulement quatre atteignirent l’âge de vingt ans. Ils établirent un négoce de fourrures, rue Tupin à Chambéry.

Cette boutique marqua le jeune Benoît Leborgne. Dans ses Mémoires, il raconte comment il était fasciné par l’enseigne exotique de ce magasin : celle-ci représentait, avec des couleurs vives, des animaux sauvages parmi lesquels figuraient des lions, des éléphants, des panthères et des tigres. Il est le 4ème d’une famille de 7 enfants.

La carrière militaire. Elle  débute dans le nord de la France. Il est simple soldat au sein du régiment irlandais de Louis XV dirigé par lord Clare et cantonné en Flandre. Ce régiment est formé essentiellement d’émigrés irlandais ne souhaitant pas servir les Anglais. À l’époque les Irlandais qui quittaient leur terre natale, se rendaient généralement soit en France soit dans les treize colonies d’Amérique du Nord, là où leur haine pour la tutelle anglaise trouvait un écho. Il y apprend peu à peu les rudiments du métier et l’anglais. Il écoute les récits militaires de ses supérieurs et plus particulièrement ceux du major Daniel-Charles O’Connel qui raconte ses faits d’armes aux Indes. Il retrouve bien plus tard en Angleterre ce major qui lui permet de faire la rencontre de sa future femme Adèle. Au sein de ce régiment, il participe à de nombreuses campagnes militaires qui le font voyager à travers l’Europe mais qui l’emmènent également dans les îles de l’océan Indien et notamment à l’île Bourbon.

1768 (17 ans). Benoît Leborgne blesse un officier sarde lors d’un duel. Cette mésaventure l’empêche d’intégrer la Brigade de Savoie. Il s’engage alors dans l’armée française.

1773 (22 ans). Benoît Leborgne donne sa démission. L’Europe est alors en paix et en conséquence ses chances d’avancement sont devenues minces.

1774 (23 ans). Il participe à la fin de la guerre russo-turque. Il constate très vite que cet engagement, résultat d’un coup de tête, est une erreur. Le comte Orlov lui a confié ses doutes sur la future campagne militaire et sur les chances de victoires. Ces prévisions pessimistes sont très vite confirmées. Les Turcs l’emportent sur l’île de Ténédos et la guerre russo-turque de 1768-1774 prend fin pour le jeune Chambérien : si une partie des soldats du régiment réussissent à rembarquer et à s’échapper, Leborgne fait partie de ceux qui sont capturés. Emmené à Constantinople, il devient esclave et doit effectuer de basses besognes durant de nombreuses semaines. Son calvaire prend fin lorsque son propriétaire turc a recours à sa connaissance de l’anglais, acquise au sein du régiment irlandais, pour commercer avec un anglais, lord Algernon Percy. Ce dernier, surpris de voir un Européen esclave d’un Turc, fait en sorte de le faire libérer par l’intermédiaire de l’ambassade anglaise.

L’appel des Indes. Il décide de se rendre à Smyrne, qui connaît à l’époque une période de prospérité. Le centre portuaire de la ville est en plein essor. Sur place, Leborgne rencontre plusieurs marchands venus de tous horizons, en particulier des Indes. Ces derniers lui font le récit de leurs voyages. À l’époque les terres indiennes étaient créditées de fabuleuses richesses et beaucoup d’aventuriers s’y rendaient en vue d’y faire fortune. On citait notamment les nombreuses mines de diamants de Golconde, les saphirs de Ceylan. Certains de ces marchands lui exposent également leurs théories sur l’existence de voies commerciales passant par le nord des Indes. Il est question d’exploration du Haut-Cachemire ou de passage le long des glaciers du Karakoram. Enfin, les marchands expliquent au Savoyard que beaucoup de rajahs recherchent régulièrement des officiers européens afin d’y organiser et d’y commander leurs armées.

1777 (26 ans). Leborgne entame un voyage fertile en péripéties. Après avoir tenté de passer par la voie terrestre, il renonce et décide de rejoindre sa destination par la voie maritime. Durant son trajet vers l’Égypte, ses affaires, dont les précieuses lettres d’accréditation, sont emportées par la mer au cours d’une tempête. Ne pouvant revenir en arrière, il se résout à se rendre au consulat d’Angleterre où il parvient à rencontrer George Baldwin. Après de nombreuses discussions, on lui conseille de prendre du service à la Compagnie anglaise des Indes orientales, et on lui remet une lettre de recommandation à cet effet.

1778 (27 ans). Leborgne débarque aux Indes dans le port de Madras. Bien qu’émerveillé et enchanté par ce pays si différent, le futur comte de Boigne connaît des jours difficiles. Pour survivre, il donne des cours d’escrime, qui lui permettent de rencontrer un neveu du gouverneur Rumbold. On lui propose d’être enseigne au 6e bataillon de cipayes, une troupe composée d’indigènes levée par la Compagnie Anglaise. Il accepte l’offre afin d’assurer sa subsistance. Durant cette période de garnison, il s’initie aux mœurs locales et forme les troupes cipayes.

1778-1782 (31 ans). Durant quatre ans, sa vie à Madras se déroule sans gloire militaire, ce qui bientôt lasse le Savoyard qui a de plus grandes ambitions. On lui explique qu’il pourrait trouver ce qu’il recherche en se rendant à Delhi dans le nord du pays, où l’empereur moghol Shah Alam tient sa cour. En effet, les seigneurs mahrattes et râjputs s’entourent d’Européens et leur confient le commandement de leurs armées. Le nouveau gouverneur, lord Mac Cartney, lui remet des lettres le recommandant auprès du gouverneur de la province du Bengale à Calcutta. Leborgne s’y rend par voie maritime.

Il y découvre un pays accablé par une chaleur insupportable dont les habitants vivent dans un dénuement extrême. Dès son arrivée, il est suivi par une nuée de mendiants. Il rencontre le gouverneur Warren Hastings qui approuve le projet d’exploration du Savoyard.

Une nouvelle fois des lettres lui sont remises à destination d’Asaf-ud-Daulah, le rajah d’Aoudh dont la capitale est Lucknow et qui est un vassal des Anglais. Il se met en route. Sur le trajet, il traverse de nombreux villages d’une extrême pauvreté tout en se familiarisant avec la vie culturelle et religieuse indienne. Il constate la présence de quartiers musulmans et hindouistes distincts.

Il change de nom et se fait appeler désormais Boigne, plus facile à prononcer que Borgne par les anglais. Il est désormais bilingue.

1783, août (32 ans). Il obtient l’autorisation de quitter Aoudh et sa capitale pour se diriger vers le nord à la recherche de nouveaux passages. Son voyage, effectué à cheval, l’amène dans la ville de Delhi en. Au cours du trajet, il découvre le Taj Mahal mais aussi des hauts lieux de la vie indienne, des petits royaumes, des tribus. Arrivé à Delhi, Anderson, un résident anglais, propose au Savoyard de lui obtenir une audience auprès de l’empereur Shah Alam qui tient sa cour au Fort Rouge. Très rapidement, de Boigne et son ami sont convoqués en audience. Lors de cette rencontre, il expose à l’empereur Shah Alam II son projet d’exploration. L’empereur repousse sa décision. De Boigne séjourne dans la ville en attendant une réponse favorable. Au même moment la situation de l’empereur se trouve radicalement modifiée. En effet, le lendemain de l’audience, un édit impérial attribue à Madahaji Sindhia le gouvernement des provinces de Delhi et d’Âgrâ. En d’autres termes, le Mahratte devient régent impérial et le réel détenteur du pouvoir temporel alors que l’empereur Shah Alam, sans être déchu, n’a plus aucun pouvoir politique et n’est plus qu’un souverain d’apparat ».

Partie 2. Repères biographiques pour les années postérieures à 1783

« 1795 (44 ans), après vingt ans de séjour aux Indes, sa santé se dégradant, Boigne abandonne son commandement, installe à sa place son homme de confiance Pierre Cuillier-Perron et organise son départ pour l’Europe. À la fin de sa carrière aux Indes, il est à la tête d’une armée de près de cent mille hommes organisée sur le modèle européen. La Confédération mahratte est ainsi le dernier État autochtone de l’Hindoustan à résister aux Anglais.

1796, novembre (45 ans). Le général savoyard quitte les Indes, accompagné de sa famille et de certains de ses serviteurs indigènes les plus fidèles. Il vend sa garde personnelle aux Anglais avec l’accord de ses hommes pour un prix équivalent à 900 000 francs-or germinal« .

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Carte du Piémont-Savoie en 1700

Suite de la chronique : Histoire la Savoie au 18ème siècle

Carte du Piémont-Savoie vers 1700

Chronique à venir : Comte Benoît de Boigne (1751-1830), savoyard, né et mort à Chambéry.

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La Savoie au 18ème siècle

Histoire de la Savoie au 18ème siècle.

1703. Lors de la guerre de Succession d’Espagne, le duc de Savoie Victor-Amédée II soutient le roi d’Espagne Philippe V, puis fait volte-face. Le duché ainsi que le comté de Nice sont occupés par la France en 1703.

1713. Les traités d’Utrecht mettent fin à l’occupation. Le duc de Savoie obtient la même année, en échange de son soutien aux autres puissances, le royaume de Sicile.

1720. Il échange toutefois avec la maison d’Autriche ce royaume contre celui de Sardaigne par le traité de Londres, sous la pression de la Grande-Bretagne. L’échange est effectif en 1720, à la fin de la Guerre de la Quadruple-Alliance.

Partie 2. Succession de père en fils au 18ème siècle. Source : article de Wikipédia.

« Victor-Amédée II (1666-1732) a fait preuve de nombreux talents diplomatiques, en adhérant à la Ligue d’Augsbourg, en s’alliant avec le Saint-Empire romain germanique, puis en renversant son alliance en faveur de la France de Louis XIV. Ses variations ont abouti à une importante expansion territoriale ».

« Au total, le duc Victor-Amédée II de Savoie, signataire du traité d’Utrecht, obtient en 1713 la libération des États de Savoie qui vont être évacués par les armées du roi Louis XIV. Certaines terres font leur retour à la couronne : une partie du Milanais, le Montferrat, Alexandrie et Valenza. Le royaume de Sicile fait partie en 1713 des attributions accordées, (moyennant finances), à Victor-Amédée II. Ce dernier peut désormais afficher un titre royal que la Maison de Savoie convoitait depuis longtemps.

Victor-Emmanuel II de Savoie, nouveau et éphémère roi de Sicile, échange son île de Sicile contre l’île de Sardaigne avec l’empereur Charles VI d’Autriche. La Sardaigne ayant le statut de royaume, il portera désormais le titre de Roi  de Sardaigne.

Le duc Victor-Amédée II de Savoie, prince de Piémont et nouveau roi de Sardaigne, abdique en 1730 en faveur de son fils, Charles-Emmanuel.

« Charles-Emmanuel III de Sardaigne (1701-1772) succède en 1730 à son père, Victor-Amédée II qui a abdiqué en sa faveur, le 3 septembre 1730. Le roi de Sardaigne est confronté à deux conflits : la Guerre de Succession de Pologne, puis la Guerre de succession d’Autriche« .

« Charles-Emmanuel III effectue les nouvelles réformes pour moderniser son pays. Il dote le royaume d’une armée de 30 000 hommes, et il peut ainsi se passer du concours de la noblesse féodale. Il accorde de plus en plus de pouvoirs à ses fonctionnaires, aux dépens de ceux des communautés d’habitants.

En vue d’instituer un impôt le plus juste possible, et donc le plus efficace, il met sur pied en 1728 l’immense chantier de la Mappe sarde, c’est-à-dire un cadastre à l’échelle 1:2400. De passage à Chambéry à cette époque, c’est en travaillant aux services du cadastre que Jean-Jacques Rousseau gagnera sa vie. En 1746, une monnaie papier est créée. Enfin, l’édit du 15 février 1755 permet d’uniformiser le rapport entre les différentes monnaies (or et argent), définissant désormais le titre des monnaies et un poids précis pour celles-ci dans l’ensemble du royaume.

En 1770, Charles-Emmanuel III va promulguer une nouvelle version de la Royale Constitution de 1723, mise au point par Jacques Salteur et François-Xavier Maistre, respectivement Ier président et second président du Sénat de Savoie.

L’œuvre de modernisation du royaume de Sardaigne sera prolongée par la suppression avec indemnisation des droits seigneuriaux, qui sera entreprise dès 1778 par son successeur, Victor-Amédée III. Le Royaume de Sardaigne a ainsi pris une avance de 7 ans sur l’abolition des droits féodaux votée par la France révolutionnaire lors de la Nuit du 4 août 1789« .

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Gribeauval révolutionne l’artillerie

1764-1789. Gribeauval révolutionne l’artillerie

Source. Larges extraits de l’article. Le système Gribeauval ou la question de la standardisation au XVIIIe siècle, Héloïse Berkowitz, Hervé Dumez, Annales des Mines – Gérer et comprendre, N°125, 2016/3, pages 41 à 50, Éditions Institut Mines-Télécom.

Résumé de l’article. De la Révolution à l’Empire, les armées françaises dominent la scène militaire européenne.

Elles le doivent essentiellement à la standardisation de l’artillerie qu’a mise au point l’officier et ingénieur Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715-1789) à la fin du XVIIIe siècle. Ce processus de standardisation a porté sur les calibres des canons et la conception des affûts (roues et essieux). Il a supposé au préalable la mise au point de techniques de production et de mesure et impliqué la formation des officiers d’artillerie aux sciences fondamentales et appliquées. Tout a dû bouger en même temps : la doctrine militaire, l’industrie, les techniques. Ce mouvement fortement controversé a entraîné, à l’instar de la querelle des Bouffons en matière d’opéra, l’un des grands débats publics de la fin de l’Ancien Régime, la querelle dite des Rouges et des Bleus (en référence à la couleur des uniformes des artilleurs avant et après la réorganisation de cette arme). Gribeauval a d’abord été soutenu par le pouvoir royal, puis a été éclipsé, avant de revenir aux commandes pour mener à bien sa réforme.

… « Gribeauval se décide pourtant à défier le diable et lance une réforme d’une ampleur exceptionnelle. Son point de départ consiste à distinguer l’artillerie de place de celles de siège, de côtes et de marine, ainsi que de l’artillerie de campagne. Concernant cette dernière, l’idée générale est de concevoir un système mobile et d’une grande puissance de feu, ce qui paraît alors contradictoire. Si l’on veut alléger les canons sans réduire le poids des boulets qu’ils tirent, la solution la plus simple est de raccourcir le fût. Il est donc décidé que les fûts seront fixés à 18 calibres (c’est-à-dire que la longueur des fûts représentera dix-huit fois le diamètre d’un boulet).

Les Prussiens avaient opté pour un rapport de 15, mais Gribeauval maintint celui de 18 pour favoriser la solidité, et la suite lui donna raison (certains canons fondus sous le règne de Louis XV équipaient encore la Grande Armée). Mais si l’on raccourcit le fût, le tir se disperse, et il porte moins loin. Or, il est convenu de conserver une efficacité de tir à 500 toises (environ 1 kilomètre). Pour garder les qualités de tir, il faut donc que les boulets soient plus parfaitement sphériques et que le vent (cette différence entre la circonférence du boulet et le diamètre de l’âme du canon) soit réduit : un problème technique et industriel considérable.

Gribeauval s’adresse à un fondeur d’origine suisse, le Bernois Johann Maritz, qui propose un système révolutionnaire. Jusqu’alors, les canons étaient coulés dans un moule intégrant une partie occupant le trou central (coulage à noyau). Une fois le coulage réalisé, on retirait la barre correspondant au calibre du canon, et on alésait l’âme pour que celle-ci fût la plus régulière possible.

L’idée générale de la réforme Gribeauval est de concevoir un système mobile et d’une grande puissance de feu, ce qui paraît alors contradictoire.

Maritz se fait fort de couler le canon en plein, puis de forer l’âme dans un second temps. Il prétend même être arrivé à un intérieur de canon parfaitement régulier et précis au millimètre près, ce qui est une gageure. Pour cela, il a inventé une machine totalement inédite. Restait alors à améliorer la sphéricité des boulets si l’on voulait disposer de canons plus courts, et donc plus légers, mais assurant une distance de tir et une précision au moins égales à celles des pièces traditionnelles, qui, elles, étaient bien plus longues et donc plus lourdes. Les premières pièces du nouveau système voient le jour : elles semblent donner satisfaction.

Fin avril 1764, Choiseul ordonne à Gribeauval de se rendre à Strasbourg et d’y procéder à un essai comparatif entre les nouveaux canons et les anciens. Il sait très bien qu’une grande partie du corps de l’artillerie est hostile à l’idée même du nouveau système : tout sera donc organisé avec le plus grand soin (la commission en charge de rédiger le rapport comportera notamment bon nombre d’opposants à Gribeauval).

Le test est rigoureusement conçu. Deux rangées de piquets de bois espacés de dix toises en dix toises sont plantées. La distance de tir de chacun des canons sera établie de manière précise, ainsi que la dispersion. Tous les officiers de la garnison sont invités à assister à la démonstration. Un compte rendu d’expérimentation est adressé en août au ministre. La différence de distance de tir entre les pièces légères et les pièces lourdes est faible (de 5 à 10 %, en fonction des conditions). En rehaussant d’un demi-degré l’inclinaison de tir des pièces légères, la distance obtenue est équivalente à celle des pièces lourdes. La dispersion est faible. On pousse alors les canons à l’extrême, en leur faisant tirer neuf cents coups d’affilée, comme dans les conditions de guerre. On craignait en effet que les canons allégés ne s’échauffassent beaucoup plus rapidement que les canons lourds. L’expérience montre que ce n’est pas le cas.

Gribeauval a fait la démonstration que les nouveaux canons étaient aussi efficaces que ceux du système de 1732, tout en étant considérablement plus légers et plus maniables. Il estime qu’il ne faut retenir que les pièces de 12, de 8 et de 4 (la pièce de 3 étant jugée inefficace). Les pièces de 16, trop lourdes, seront mises en réserve au cas où une fortification particulièrement résistante serait rencontrée, mais elles n’accompagneront pas les mouvements des armées en campagne (les pièces de 12 devaient amplement suffire pour renverser les fortifications habituelles de l’époque).

Mais Gribeauval ne s’arrêta pas là. Si l’on voulait que ces canons légers produisent sur le champ de bataille une supériorité réelle, c’était tout le système qu’il fallait repenser.

Si le canon est en position de tir lorsqu’on le transporte, le poids est alors mal réparti. Les affûts adoptent donc la solution autrichienne qui consiste à pouvoir placer différemment le fût du canon en position de transport et en position de tir. Mais beaucoup d’améliorations techniques vont bien au-delà de ce que les Autrichiens avaient imaginé : les essieux de bois sont remplacés par des essieux en fer ; le coin (cheville de bois) qui, plus ou moins enfoncé, permettait de régler la hausse est remplacé par une vis ; il est rajouté, sur l’affût, un compartiment logeant des boulets et de la poudre, ce qui permet à la pièce de tirer dès qu’elle est en place sans avoir à attendre les caissons de transport des munitions (ces caissons sont par ailleurs allégés), et tous les véhicules sont dotés eux aussi d’essieux d’acier. Bien que considérablement plus solides que les essieux en bois, ils peuvent néanmoins casser lors d’une campagne, il est donc prévu d’ajouter aux unités d’artillerie des forges de campagne. Les roues de ces divers véhicules (affûts, caissons, forges) sont standardisées en deux tailles. Un système est imaginé pour que le canon puisse être désolidarisé de l’attelage qui le tire sans avoir à dételer les chevaux, ce qui fait gagner un temps considérable lors de sa mise en batterie ».

« Excellent fondeur, Maritz était aussi un remarquable mécanicien : il a conseillé Gribeauval sur tous les éléments du système. Le rapport fait par Gribeauval à Choiseul sera amendé et complété jusqu’en 1789, mais il ne sera pas substantiellement changé : tous les éléments du système Gribeauval sont en place en 1764, et le resteront jusqu’à la Révolution.

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