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UHA, 50 ans en 2025

En 2025, l’Université de Haute-Alsace fêtera ses 50 ans. Source. Site de l’université de Haute-Alsace : Historique (partie 2 de cette chronique)

Chroniques et photos du blog Histoires d’universités sur l’Université de Haute Alsace

Partie 1. Présidents de l’UHA

Pierre-Alain Muller, dit PAM, a été élu Président de l’UHA le 26 janvier 2021 ; il en est le 8ème. Il devrait se représenter pour un second mandat (2025-2029).

En 2012 (photo ci-dessous), PAM, pour la 1ère fois candidat à la présidence de l’université, est entouré d’une partie de son équipe. Il est battu par Christine Gangloff-Ziegler, nommée en juillet 2020, après deux mandats présidentiels, rectrice de la région académique de la Guadeloupe.

PIerre-Alain Muller continue à penser à l’avenir. Il saisit l’opportunité de devenir l’un des vice-présidents de la nouvelle présidente : vice-président à l’innovation. Il avait été Premier vice-président de l’UHA, chargé de la politique numérique de 2007 à 2010).

PAM est passionné par les innovations. Quand, en février 2014, mon blog Histoires d’universités est dissocié (… censuré) par mon éditeur d’alors (Educpros du groupe l’Étudiant), il me donne l’idée d’un blog indépendant. Il le crée (j’en aurais été bien incapable !).

Cette nouvelle version du blog a parfaitement tenu la route, est fort bien référencée, n’a jamais bugué. Elle fête cette année ses 10 ans. 6 380 chroniques à ce jour.

10 ans : très sincère merci, cher Pierre-Alain !

Partie 2. Histoire de l’UHA.

« En 2025, l’Université de Haute-Alsace fêtera ses 50 ans. Que retenir de toutes ces années de formation, de recherche, de partenariats et de vie universitaire ? Quels points forts et quelle identité a développé l’UHA pour se distinguer dans le paysage universitaire français et international ? Quel est le socle qui a permis à l’Université d’être ce qu’elle est aujourd’hui ?

Née des besoins industriels et scientifiques, l’UHA est une université fortement professionnalisante qui a fait de son environnement transfrontalier (Suisse et Allemagne) un atout majeur. Elle place l’innovation au cœur de ses priorités répondant ainsi aux exigences du monde professionnel et institutionnel.

L’histoire de l’UHA est ancienne puisque, même si elle est devenue de plein exercice en 1975, elle s’est construite au fur et à mesure à partir de ses composantes (facultés, IUT, écoles d’ingénieurs) qui ont été réunies pour constituer l’établissement aux côtés des laboratoires de recherche et des services.

Création de la première école de chimie de France et de l’école textile

L’histoire de l’Université de Haute-Alsace est liée à la création en 1822 de l’école de chimie et en 1861 de celle de l’école textile. Ces deux écoles sont associées au passé industriel de Mulhouse, au textile, aux indiennes, à la chimie des colorants et à la mécanique.

En effet, dès 1822, les futurs pères fondateurs de la Société Industrielle de Mulhouse (SIM) ont créé des cours du soir en chimie doublés d’un laboratoire d’analyse chimique ayant pour mission d’apprécier la qualité des mélanges de colorants naturels qui étaient destinés à l’industrie textile.

Cette prise de conscience de l’intérêt de former sur place les techniciens indispensables dans l’industrie manufacturière ainsi que la crainte de la concurrence britannique aboutiront donc à la création de la SIM mais aussi à celle de plusieurs composantes de l’UHA.

Dès 1861, les industriels de la SIM créent la première école de tissage et de filature de France, en partenariat avec la Ville de Mulhouse et la Chambre de Commerce. Ce qui deviendra plus tard l’école textile s’apprête donc à former des contremaîtres, puis des techniciens et enfin des ingénieurs.

Ces deux écoles connaîtront ensuite un rayonnement international important : l’école de chimie par exemple fournira quasiment le monde entier et particulièrement la Russie, le Mexique et l’Espagne, les cadres de l’industrie et de l’indiennerie.

Développement de l’enseignement supérieur à Mulhouse et Colmar

Dès 1958, une volonté forte de création de nouvelles filières d’enseignement supérieur apparaît et de nouveaux bâtiments sont construits pour répondre à ces besoins. À cette occasion, le Collège Scientifique Universitaire de Mulhouse est créé : il dépend de la Faculté des Sciences de Strasbourg. De même, un Collège Littéraire Universitaire voit le jour en 1966 sous l’égide de la Faculté des Lettres de Strasbourg. En 1968, la future université s’étend à Colmar avec la création de l’Institut Universitaire de Technologie de Mulhouse-Colmar (qui se séparera plus tard en un IUT de Colmar et un IUT de Mulhouse).

En 1970, l’ensemble de ces composantes se regroupent au sein du Centre Universitaire du Haut-Rhin (CUHR).

Naissance de l’Université du Haut-Rhin le 8 octobre 1975

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Beaumarchais. 30 ans en 1762

Beaumarchais (1732-1799 ) : 30 ans en 1762.

Source 1. Maurice Lever, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Fayard, Tome 1, L’irrésistible ascension (1732-1774), 565 pages, 1999.

Source 2. Extraits d’un article du Point.

1732. Naissance à Paris de Pierre Augustin Caron.

« Né le 24 janvier, il est l’unique garçon d’André-Charles Caron et de sa femme Louise Pichon. Dix enfants naîtront de cette union, dont six seulement devaient vivre.

Le père, issu d’une famille d’horlogers huguenots, était lui-même devenu maître-horloger, après avoir abjuré le protestantisme le 7 mars 1721 dans l’église des Nouvelles Catholiques, se convertissant de fait au catholicisme ; c’est un artisan reconnu, amateur d’art et créateur de la première montre squelette.

Une montre squelette est une montre mécanique, où l’intérieur du boîtier et ses parties mobiles sont visibles sur la face avant ou arrière de la montre. Le boîtier est en général protégé de la poussière par une ou deux lames de verre.

Le terme squelette vient du fait qu’il est possible à toute personne de voir l’intérieur sans aucun démontage. La véritable squelettisation ne garde que les composants essentiels et supprime tout métal superflu du pont, de la platine, des rouages ou toute autre partie mécanique de la montre, et ne laisse qu’un squelette minimaliste nécessaire au fonctionnement de la montre.

1742 à 1745. Pierre-Augustin suit des études dans une école d’Alfort.

1745 (13  ans). Il entre en apprentissage dans l’atelier paternel. Il donne du fil à retordre à son père, qui le chasse quelque temps de la maison familiale, mais il finit par devenir un artisan compétent.

1753-1754 (21-22 ans). Il invente un nouveau mécanisme d’échappement, dit à hampe ou à double virgule. L’échappement transmet les informations du balancier aux aiguilles et fournit au dispositif régulateur l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Il permet que toute l’énergie que contient le ressort ne soit pas libérée d’un seul coup, mais petit à petit.

Ce sera l’occasion d’une première controverse : l’horloger du Roi Jean-André Lepaute s’attribue l’invention. Et Beaumarchais doit faire appel à l’Académie des sciences pour que lui soit reconnue la propriété de l’invention.

Cette affaire le fait connaître à à la Cour. Il devient fournisseur de la famille royale.

1755 (23 ans). II achète la charge de contrôleur de la bouche et surveille désormais la viande de Sa Majesté.

Jean-Marc Nattier réalise le portrait du jeune horloger.

1756 (24 ans). Il ne tarde toutefois pas à abandonner l’horlogerie. Jean-Antoine Lépine le remplace dans l’atelier paternel, épouse sa sœur Fanchon, et devient l’associé en 1756, puis le successeur d’André-Charles Caron.

1756. Il se marie le 27 novembre avec Madeleine-Catherine Aubertin, veuve de Pierre-Augustin Franquet, seigneur de Bosc Marchais (dit Beaumarchais). Il a 24 ans. Son épouse est plus âgée que lui, mais possède une fortune considérable.

1757 (25 ans). Le jeune Caron se fait appeler de Beaumarchais, du nom du fief de Bosc Marchais, qui appartient à son épouse et qui donne l’illusion de la noblesse.

Sa femme meurt à l’âge de 35 ans, avant d’avoir réglé la succession en sa faveur.

Le jeune veuf se voit dans une position inconfortable, car accusé de l’assassinat de sa femme, et il se trouve confronté au premier de la longue suite de procès et de scandales, qui marqueront son existence.

1757 – 1758 (25-26 ans). Il écrit des parades pour Lenormand d’Etioles. Parades pour des théâtres privés : Les Bottes de sept lieues, Zirzabelle mannequin, Léandre, marchand d’agnus, médecin et bouquetière, Jean Bête à la foire). Elles jouent sur le comique de mots du langage populaire des Halles de Paris.

1759 (27 ans). Faveur insigne, il est nommé professeur de harpe de Mesdames, les quatre filles du roi Louis XV, qui résident à la Cour.

1760 (28 ans). Malgré les ennuis de sa vie privée, il commence à être connu. Il se lie d’amitié avec le financier de la Cour Joseph Pâris Duverney, qui favorise son entrée dans le monde de la finance et des affaires. Il se lance alors dans les spéculations commerciales et s’y déploie avec génie.

1761 (29 ans). En peu d’années, il acquiert une grande fortune et il achète une charge de secrétaire du roi, qui lui confère la noblesse.

Patronné par un prince du sang, Louis-François de Bourbon, prince de Conti, il devient bientôt lieutenant général des Chasses royales« .

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Abbé Grégoire : former les citoyens

Diaporama de 12 photos

Partie 1. Former les citoyens, pages 127 à 138, in Caroline Chopelin, Paul Chopelin. L’obscurantisme et les Lumières. Itinéraire de l’abbé Grégoire, évêque révolutionnaire, Éditions Vendémiaire, 2013, 238 pages.

Partie 2. Le religieux au service de l’instruction publique. Source : extraits de la notice de Wikipédia

« Henri Jean-Baptiste Grégoire, dit l’abbé Grégoire, né le 4 décembre 1750 à Vého et mort le 28 mai 1831 à Paris, est un prêtre catholique, curé rouge, évêque constitutionnel et homme politique français, ainsi que l’une des principales figures de la Révolution française.

Le religieux au service de l’instruction publique

Dès le 13 août 1790, l’abbé Grégoire, membre de la Constituante, lance une importante enquête relative « aux patois et aux mœurs des gens de la campagne ». Puis, à partir de 1793, pendant la Convention, au sein du Comité d’instruction publique où il se montre très actif, il lutte pour l’éradication de ces patois. L’universalisation de la langue française par l’anéantissement, non seulement des patois, mais des langues des communautés minoritaires (yiddish, créoles) est pour lui le meilleur moyen de répandre dans la masse les connaissances utiles, de lutter contre les superstitions et de « fondre tous les citoyens dans la masse nationale », de « créer un peuple ». En ce sens, le combat de Grégoire pour la généralisation (et l’enseignement) de la langue française est dans le droit fil de sa lutte pour l’émancipation des minorités.

En 1794, l’abbé Grégoire présente à la Convention son Rapport sur la Nécessité et les Moyens d’anéantir les Patois et d’universaliser l’Usage de la Langue française, dit Rapport Grégoire, dans lequel il écrit :

« On peut uniformiser le langage d’une grande nation […]. Cette entreprise qui ne fut pleinement exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté. »

Grégoire s’occupe de la réorganisation de l’instruction publique en étant un des membres les plus actifs du Comité de l’Instruction publique. Dans le cadre de ce comité, il entreprend une grande enquête sur les « patois » pour favoriser l’usage du français. Il contribue aussi à la création, en 1794, du Conservatoire national des arts et métiers pour « perfectionner l’industrie nationale », du Bureau des longitudes et de l’Institut de France.

Il participe également à la sauvegarde contre les pillages de certains lieux, comme la basilique de Saint-Denis, au motif qu’ils font partie de l’histoire de France. À ce titre, il invente le terme « vandalisme », en précisant : « J’ai créé le mot pour tuer la chose. » Cet engagement préfigure la création du statut de monument historique, qui est effective à partir de 1840. Cependant, là non plus, il ne faut pas prendre à la lettre ses déclarations post-thermidoriennes, comme l’ont montré James Guillaume puis Serge Bianchi. D’après le premier, notamment, en l’an II, il agit en osmose avec le comité de salut public qu’il accuse par la suite d’avoir organisé le vandalisme : protection des monuments patrimoniaux, exigée par le comité et destruction de toutes les pièces royales ; sous réserve qu’elles ne symbolisent pas un acte régicide. Ainsi le 14 fructidor an II-31 août 1794 (donc après la chute de Robespierre) il qualifie d’agents de l’Angleterre des vandales qui venaient de détruire une estampe de l’exécution de Charles Ier en 1649. Et de regretter l’absence d’estampes de ce type pour chacun des rois de France.

Pour aller plus loin : Dominique Julia, Michel de Certeau, Jacques Revel, Une ethnographie de la langue : l’enquête de Grégoire sur les patois, Annales, Année 1975, 30-1, pp. 3-4.

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Vergennes, l’équilibre des forces

1774-1787. Vergennes, l’équilibre des forces.

Partie 1. Vergennes : La gloire de Louis XVI. Bernard de Montferrand, Paris, Tallandier, 2017, 448 pages.

4ème de couverture. « Le traité de Versailles (1783), préparé par Vergennes, constitue la plus belle réussite politique de l’Ancien Régime à son couchant. Non contente d’affaiblir l’Angleterre, la France porte un coup d’arrêt à la domination de la Royal Navy sur les mers et impose en Europe un équilibre des forces qui lui est très favorable. Le royaume est à son apogée et jouit alors d’un grand moment de prestige. Cette gloire, c’est à Vergennes que le roi Louis XVI et le royaume la doivent.

Avec ses origines provinciales, son atavisme protestant, sa formation de juriste, son train de vie modeste, sa force de travail et son insensibilité aux modes, Vergennes est un non-conformiste. Peu soucieux de faire sa Cour à Versailles, il est d’abord un diplomate de terrain et occupe plusieurs grands postes. Dévoué seulement aux institutions de la monarchie, il prend des positions courageuses et sert sans états d’âme en ne répugnant pas aux basses œuvres (ambassadeur à Stockholm, il prête la main à un coup d’état pro-français). C’est un grand novateur. A  l’hégémonie, il préfère le concept d’équilibre des forces, s’appuie sur le droit public et estime que les traités de commerce facilitent les relations internationales.

De sa nomination aux Affaires étrangères en 1774 jusqu’à sa mort en 1787, il est la solidité  de Louis XVI en exerçant sur lui une influence sans guère de partage. Mais si, en politique extérieure, il le délivre de son indécision pathologique, l’autorité du roi sera trop faible pour qu’il réussisse à réformer la monarchie ».

Partie 2. Charles Gravier, comte de Vergennes, Homme d’État et diplomate français (Dijon 1719 – Versailles 1787). Source : Encyclopédie Larousse.

« Il est ambassadeur à Constantinople (1754-1768), où il améliore les relations franco-turques, puis en Suède (1771-1774). Secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1774), il veut rétablir le prestige de la France, terni après la guerre de Sept Ans. Il conclut une alliance avec les États-Unis insurgés (6 février 1778), ce qui lui permet par le traité de Versailles (3 septembre 1783) de recouvrer le Sénégal et Tobago perdus en 1763. Il s’attache ensuite au maintien de la paix et de l’équilibre en Europe, conclut un traité de commerce avec l’Angleterre (septembre 1786).

Tout en gardant l’alliance franco-autrichienne, il empêche Joseph II d’annexer la Bavière, mais il refuse tout agrandissement français vers les Pays-Bas. Il s’oppose au partage de l’Empire ottoman, projeté par l’Autriche et la Russie. À sa mort (1787), la France est redevenue l’arbitre de l’Europe ».

Partie 3 . Charles Gravier de Vergennes. Source : extraits de la notice de Wikipédia.

« Charles Gravier, comte de Vergennes est un diplomate et ministre français, né le 29 décembre 1719 à Dijon et mort le 13 février 1787 à Versailles. Secrétaire d’État des Affaires étrangères de Louis XVI du 21 juillet 1774 à sa mort, il fut, selon le jugement de l’historien Albert Sorel, le plus sage ministre que la France eût rencontré depuis longtemps, et le plus habile qui se trouvât aux affaires en Europe.

Origine et jeunesse

Charles Gravier, comte de Vergennes, naît à Dijon, dans une famille de noblesse de robe anoblie en 1681 à la suite de l’achat de la charge de trésorier en cette ville.

Son père était maître ordinaire en la Chambre des comptes de Bourgogne et son grand-père trésorier général de France à Dijon. Son frère, le marquis Jean Gravier de Vergennes, fut président en la Chambre des comptes de Bourgogne et ambassadeur.

Il étudie au collège des Jésuites de sa ville natale puis à la faculté de Droit.

Sa carrière de diplomate du Roi

Il est formé à la diplomatie par son grand-oncle, Théodore de Chavigny, ambassadeur à Lisbonne en 1740, puis il le suit à Munich en 1743 au moment de la guerre de Succession d’Autriche. Il s’initie alors aux arcanes de la politique du Saint-Empire romain germanique.

Sa défense réussie des intérêts français à la cour de Trèves et Hanovre entre 1751 et 1754 l’amène à être envoyé à Constantinople en 1755, d’abord en tant que ministre plénipotentiaire, puis en tant qu’ambassadeur. Il y reste 14 ans et se convainc de l’impérieuse nécessité du maintien de l’empire ottoman pour la défense des intérêts français.

Il est rappelé en 1768, officiellement pour avoir épousé Anne Duvivier (1730-1798) (fille d’Henri Duvivier et de Maria Bulo de Péra et veuve de Francesco Testa, membre de l’une des plus anciennes et distinguées familles latines de Péra), sans l’autorisation de Choiseul et de Louis XV. Les mauvaises langues la prétendaient une ancienne esclave.

Durant trois années, il se retire dans la ville bourguignonne d’Autun. Il connaît quelques années de disgrâce à cause de ses mauvaises relations avec Choiseul. Celui-ci est cependant renvoyé en 1770. Louis XV, conseillé par le comte de Broglie, envoie alors le comte de Vergennes comme ambassadeur à Stockholm de 1771 à 1774 pour aider le parti aristocratique des  Chapeaux avec des conseils et de l’argent. La révolution au travers de laquelle Gustave III de Suède raffermit son pouvoir est un grand succès diplomatique pour la France.

Ministre des Affaires étrangères pendant la guerre d’Indépendance américaine

Avec l’accession de Louis XVI au trône de France en 1774, Maurepas, sur les conseils de l’abbé de Véri, choisit Vergennes comme Secrétaire d’État des Affaires étrangères. Devant tout à Maurepas, ce dernier escompte qu’il lui sera fidèle. Il a alors pour politique d’être en relations amicales avec l’Autriche, de limiter l’ambition de l’empereur Joseph II, de protéger la Turquie et de s’opposer à la Grande-Bretagne.

Pour lui, l’équilibre sur le continent doit permettre d’effacer le désastre du traité de Paris. La France affaiblie veut éviter les erreurs de la politique française entre 1743 et 1758 de l’équipe Antoine Louis Rouillé, le cardinal de Bernis, du parti de madame de Pompadour menant au désastre de la guerre sur un double front, maritime et terrestre. Il s’agit d’attendre l’occasion favorable pour battre l’Angleterre tout en s’efforçant de maintenir une politique d’équilibre européen. Il réorganise les services de la diplomatie française, sait travailler avec les ambassadeurs et sait s’entourer.

Sa haine des Britanniques et son désir de venger les défaites de la guerre de Sept Ans l’amène à soutenir les colons américains révoltés et à faire entrer la France dans la guerre d’indépendance des États-Unis. Ce soutien se fait notamment par le biais de publications, comme le journal Les Affaires de l’Angleterre et de l’Amérique, destinées à orienter l’opinion.

Il cède à la demande de Beaumarchais de procurer secrètement des armes et des volontaires aux Nord-Américains. En 1777, il déclare la France prête à former une alliance offensive et défensive avec le nouveau pays que forment les treize colonies. Il signe ce traité d’alliance franco-américaine le 6 février 1778.

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Les Récollets dans la Révolution

1789-1790. Les Récollets dans la Révolution

Diaporama de 8 photos. Source : Cabinet des estampes et dessins de Strasbourg.

Partie 1. Frédéric Meyer. Pour faire l’histoire des Récollets en France (XVIe – XIXe siècles), 2 | 1995, Varia, p. 83-99.

« Dans le paysage religieux de l’ancien régime, et encore davantage de la France du siècle dernier, les Franciscains récollets restent mal connus et peu d’études universitaires leur ont été consacrées. L’ombre des Capucins, à la définition très (trop) voisine, les écrase aujourd’hui encore dans l’historiographie, comme elle le fit autrefois dans la société.

Les Récollets sont le rameau réformé de l’arbre franciscain au XVIe siècle pour l’ensemble franco-germano-flamand. Stricts observants de la règle de saint-François d’Assise, ils sont issus du mouvement de récollection né dans la péninsule ibérique au XVe siècle et structuré solidement par Pierre d’Alcantara au XVIe siècle. A côté des Alcantarins ibériques et des Riformati italiens, les Récollets se divisent eux mêmes en deux Nations : les Récollets français et les Récollets germano-belges ».

Partie 2. 2 novembre 1789. Décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« Le décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation est un décret pris le 2 novembre 1789, au cours de la Révolution française, par l’Assemblée constituante. Adopté par 568 voix contre 346 sur la proposition de Talleyrand, évêque d’Autun, il disposait que les biens du clergé de l’Église catholique devaient être mis à la disposition de la Nation pour rembourser les dettes de l’État. En contrepartie, celui-ci prenait à sa charge les frais de culte, payait un salaire à ses ministres. Les prêtres reçurent 1 200 livres par an, alors que ceux (la majorité) qui étaient réduits à la  portion congrue n’en touchaient que 750. Le Décret pourvoyait également à l’entretien des hôpitaux et au soulagement des pauvres. Cette décision fut à l’origine de multiples difficultés que rencontra la France révolutionnaire.

Texte du décret : L’Assemblée nationale décrète :

1° Que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la nation, à la charge de pourvoir, d’une manière convenable, aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres, et au soulagement des pauvres, sous la surveillance et d’après les instructions des provinces ;

2° Que dans les dispositions à faire pour subvenir à l’entretien des ministres de la religion, il ne pourra être assuré à la dotation d’aucune cure moins de 1 200 livres par an, non compris le logement et les jardins en dépendant.

Les biens du clergé devenus biens nationaux furent en partie mis en vente pour renflouer les caisses de l’État (assignats).

L’État mit fin à l’entretien des ministres du Culte à partir de 1795, par le décret du 2 sansculotides an II (18 septembre 1794) qui supprimait le budget de l’Église constitutionnelle.

Partie 3. 12 juillet 1790. Constitution civile du clergé. Source : extraits de l’article de Wikipédia.  

« La Constitution civile du clergé est un décret adopté le 12 juillet 1790 au début de la Révolution française (1789-1799) par l’Assemblée nationale constituante, concernant l’organisation de l’Église de France, notamment en raison de la nationalisation des biens de l’Église en novembre 1789″.

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Bordeaux, Trésor de Saint-André

Bordeaux. Le Trésor de la cathédrale Saint-André

Diaporama de 44 photos (11 œuvres, cartels, détails).

Chroniques précédentes sur Bordeaux :

Octobre 1793, la fin des Girondins

Monument aux girondins

Oeuvres du 18ème siècle  et du 1er quart du 19ème

Bordeaux, promenades dans la ville et croisière sur la Garonne. Architectures civiles (18ème).

Partie 1. La cathédrale primatiale Saint-André de Bordeaux, située sur la place Pey-Berland, est le lieu de culte le plus imposant de la ville. Source : article de Wikipédia.

« Consacrée le 1er mai 1096 par le pape Urbain II, en tournée pour prêcher la Première Croisade, elle est reconstruite dans le style gothique du XIIe au XVIe siècle.

Dans cette église furent célébrés deux mariages royaux : en 1137, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine, alors âgée de quinze ans, avec le futur Louis VII, roi des Francs ; et en novembre 1615, le mariage d’Anne d’Autriche, Infante d’Espagne, et de Louis XIII, roi de France et de Navarre.

En 1305, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, accède au trône de Saint Pierre sous le nom de Clément V. Il ne parvient pas à enraciner son influence à Rome, et décide d’installer le siège de la papauté en France, à Avignon, c’est le début de la papauté avignonnaise. Il n’oublie cependant pas ses origines gasconnes et libère des fonds importants pour l’extension et l’embellissement de la cathédrale. Sous son action, l’ancienne cathédrale romane prend l’aspect d’un édifice gothique,

Le chœur et les chapelles rayonnantes ont été réalisés au XIVe siècle. C’est aussi à cette époque que furent érigées les façades des bras du transept. Le gros-œuvre était alors entièrement réalisé. Le clocher, les tours et les flèches du transept sud furent terminés au XVe siècle. On commença aussi à pourvoir l’édifice d’une ceinture d’arcs-boutants, achevée au siècle suivant.

Un tremblement de terre provoque l’effondrement d’une partie des voûtes le 2 février 1427.

Par ses lettres patentes, Louis XI confirme les privilèges de cette église, d’abord après son sacre en 1461, puis, à la suite de la mort du duc de Guyenne, son frère, en 1472« .

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Saint-Maurice, abbaye depuis 515

Chronique en 3 parties. Biographie de Saint Maurice, Histoire de l’abbaye (partie 2), Trésor de l’abbaye (partie 3).

Diaporama de 30 photos : la Basilique (extérieur et intérieur).

Diaporama de 42 photos : le Trésor de l’abbaye (11 œuvres, cartels, détails).

Partie 1. Biographie de Saint Maurice d’Agaune. Source : extraits de l’article de Wikipédia. 

« Maurice d’Agaune, ou saint Maurice, et ses compagnons coptes venus de Thèbes (soldats thébains), martyrs du Valais, sont des chrétiens morts pour leur foi sous l’empereur Dioclétien au début du IVe siècle (vers 303) ».

« Le récit de leur martyre est, en partie seulement, altéré de légende. Celle-ci est née de l’invention de corps de martyrs, de la tradition de saint Maurice d’Apamée importée peut-être par le moine Jean Cassien, mais aussi du souvenir encore vivant de la legio Felix. Cependant la thèse de l’École des chartes de Jean-Marie Theurillat a précisé les évènements historiques en les dégageant du merveilleux dont la piété les avait enjolivés ; une meilleure connaissance du remaniement des structures de l’armée romaine à la fin du IIIe siècle a fait tomber les objections historiques et techniques, et surtout les fouilles archéologiques entreprises au pied du rocher d’Agaune ont pleinement confirmé l’existence et le rôle de l’ensemble funéraire édifié par saint Théodore pour recueillir les restes des martyrs entre 370 et 380.

Pendant la persécution de Dioclétien, les soldats de la légion thébaine, venus d’Égypte, auraient reçu l’ordre de tuer tous les habitants près d’Octodure (Martigny) au nord des Alpes, qui avaient été convertis au christianisme par saint Materne. Maurice et les soldats de sa légion refusèrent d’obéir à cet ordre et furent condamnés à mort.

Selon une autre version, peut-être mieux attestée, les troupes romaines étaient envoyées par Dioclétien pour réprimer en Gaule une révolte de bagaudes (entre 286 et 304). Faisant étape à Agaune, leur commandant, Maximien Hercule, césar de Dioclétien, décida d’organiser à Octodure, la ville proche, un sacrifice à Jupiter. Maurice et ses compagnons refusèrent d’y participer. Furieux, Maximien fit décimer la Légion thébaine sans entamer sa résolution. Une nouvelle décimation n’ayant pas eu davantage de résultat, il fit exécuter la totalité de cette troupe.

Saint Sigismond, souverain du royaume des Burgondes et plus tard le premier roi chrétien canonisé au nord des Alpes, fonde le monastère de Saint-Maurice d’Agaune qu’il dote puis, le 22 septembre 515, y inaugure la louange perpétuelle du martyr.

Cette fondation en fait le plus ancien établissement monastique d’Occident chrétien toujours en activité, ayant été occupé en permanence. Situé sur la via Francigena, voie de pèlerinage qui mène au tombeau de saint Pierre à Rome, l’abbaye fait partie des plus importants monastères créés au nord des Alpes durant le haut Moyen Âge ».

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Carte de Prusse en 1740 et 1786

Prusse : carte en 1740 et 1786

Extension de la Prusse entre 1740 et 1786. Source : extraits de l’article de Wikipédia dédié à Frédéric II Le Grand

Frédéric II Le Grand (1712-1786) est l e fils de Frédéric-Guillaume Ier de Prusse (dit le  Roi-Sergent) et de Sophie-Dorothée de Hanovre. Il naît le 24 janvier 1712, sous le règne de Frédéric Ier, dont il est le petit-fils.

Il règne de 1740 (première année  de la guerre de Succession d’Autriche, 1740-1748). Il est impliqué dans la guerre de Sept Ans (1756-1763) et dans celle de Succession de Bavière (juillet 1778 – mai 1779), ainsi que dans le premier partage de la Pologne (1772).

Sous le règne de Frédéric II, la Prusse passe du statut de puissance émergente à celui d’une puissance de premier plan en Europe. Son territoire, dispersé et de petite taille relative, gagne en population, en espace, en continuité comme l’indiquent les deux cartes ci-dessous.

À la mort de Frédéric, le 17 août 1786, la population de la Prusse passe de 2,2 millions de sujets à 6 millions (sur 195 000 km2) et Berlin triple sa population à près de 150 000 habitants.

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Rousseau. Le discours rebelle

1750. Rousseau. Le discours rebelle

Prix de l’Académie de Dijon en l’année 1750 sur la Question proposée par la même Académie :

Si le rétablissement des Sciences et des Arts a contribué à épurer les mœurs.

Rousseau  répond négativement à la question et obtient le Prix. Le succès de librairie est foudroyant. Mais des flots de critiques se déversent sur l’auteur, Siècle des Lumières et Encyclopédie obligent.

Partie 1. Discours sur les Sciences et les Arts. Source : texte intégral dans Les Échos du Maquis, v. 1,0, avril 2011.

NOTE SUR CETTE ÉDITION

« Texte intégral du Discours qui valut à Rousseau le prix de l’Académie de Dijon en 1750. Le manuscrit de la version originale de ce texte a disparu. Le Discours tel qu’on le connaît est basé sur une version corrigée plus tard par Rousseau et destinée à une éventuelle édition des Œuvres complètes. Dans la Préface, l’auteur rend compte de ce qui peut distinguer cette nouvelle version de la première.

Rousseau ajoute également, lors de la réalisation de cette version corrigée, un Avertissement, qui se lit ainsi: Qu’est-ce que la célébrité? Voici le malheureux ouvrage à qui je dois la mienne. Il est certain que cette pièce qui m’a valu un prix et qui m’a fait un nom est tout au plus médiocre et j’ose ajouter qu’elle est une des moindres de tout ce recueil. Quel gouffre de misères n’eût point évité l’auteur, si ce premier livre n’eût été reçu que comme il méritait de l’être? Mais il fallait qu’une faveur d’abord injuste m’attirât par degrés une rigueur qui l’est encore plus.

PRÉFACE

« Voici une des grandes et belles questions qui aient jamais été agitées. Il ne s’agit point dans ce Discours de ces subtilités métaphysiques qui ont gagné toutes les parties de la littérature, et dont les programmes d’Académie ne sont pas toujours exempts; mais il s’agit d’une de ces vérités qui tiennent au bonheur du genre humain.

Je prévois qu’on me pardonnera difficilement le parti que j’ai osé prendre. Heurtant de front tout ce qui fait aujourd’hui l’admiration des hommes, je ne puis m’attendre qu’à un blâme universel; et ce n’est pas pour avoir été honoré de l’approbation de quelques sages que je dois compter sur celle du public: aussi mon parti est-il pris; je ne me soucie de plaire ni aux beaux esprits, ni aux gens à la mode. Il y aura dans tous les temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de leur pays, de leur société: tel fait aujourd’hui l’esprit fort et le philosophe, qui par la même raison n’eût été qu’un fanatique du temps de la Ligue. Il ne faut point écrire pour de tels lecteurs, quand on veut vivre au-delà de son siècle.

Un mot encore, et je finis. Comptant peu sur l’honneur que j’ai reçu, j’avais, depuis l’envoi, refondu et augmenté ce Discours, au point d’en faire, en quelque manière, un autre ouvrage; aujourd’hui, je me suis cru obligé de le rétablir dans l’état où il a été couronné. J’y ai seulement jeté quelques notes et laissé deux additions faciles à reconnaître, et que l’Académie n’aurait peut-être pas approuvées. J’ai pensé que l’équité, le respect et la reconnaissance exigeaient de moi cet avertissement ».

EXORDE

« Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs? Voilà ce qu’il s’agit d’examiner. Quel parti dois-je prendre dans cette question? Celui, Messieurs, qui convient à un honnête homme qui ne sait rien, et qui ne s’en estime pas moins. »Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs? Voilà ce qu’il s’agit d’examiner. Quel parti dois-je prendre dans cette question? Celui, Messieurs, qui convient à un honnête homme qui ne sait rien, et qui ne s’en estime pas moins.

Il sera difficile, je le sens, d’approprier ce que j’ai à dire au tribunal où je comparais. Comment oser blâmer les sciences devant une des plus savantes compagnies de l’Europe, louer l’ignorance dans une célèbre Académie, et concilier le mépris pour l’étude avec le respect pour les vrais savants? J’ai vu ces contrariétés; et elles ne m’ont point rebuté. Ce n’est point la science que je maltraite, me suis-je dit, c’est la vertu que je défends devant des hommes vertueux. La probité est encore plus chère aux gens de bien que l’érudition aux doctes. Qu’ai-je donc à redouter? Les lumières de l’Assemblée qui m’écoute? Je l’avoue; mais c’est pour la constitution du discours, et non pour le sentiment de l’orateur. Les souverains équitables n’ont jamais balancé à se condamner eux-mêmes dans des discussions douteuses; et la position la plus avantageuse au bon droit est d’avoir à se défendre contre une partie intègre et éclairée, juge en sa propre cause.

À ce motif qui m’encourage, il s’en joint un autre qui me détermine: c’est qu’après avoir soutenu, selon ma lumière naturelle, le parti de la vérité, quel que soit mon succès, il est un prix qui ne peut me manquer: je le trouverai dans le fond de mon cœur »…

Pages 10 et 11. « Telle est la pureté que nos mœurs ont acquise. C’est ainsi que nous sommes devenus gens de bien. C’est aux lettres, aux sciences et aux arts à revendiquer ce qui leur appartient dans un si salutaire ouvrage. J’ajouterai seulement une réflexion; c’est qu’un habitant de quelque contrée éloignée qui chercherait à se former une idée des mœurs européennes sur l’état des sciences parmi nous, sur la perfection de nos arts, sur la bienséance de nos spectacles, sur la politesse de nos manières, sur l’affabilité de nos discours, sur nos démonstrations perpétuelles de bienveillance, et sur ce concours tumultueux d’hommes de tout âge et de tout état qui semblent empressés depuis le lever de l’aurore jusqu’au coucher du soleil à s’obliger réciproquement; c’est que cet étranger, dis-je, devinerait exactement de nos mœurs le contraire de ce qu’elles sont.

Où il n’y a nul effet, il n’y a point de cause à chercher: mais ici l’effet est certain, la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection. Dira-t-on que c’est un malheur particulier à notre âge? Non, Messieurs; les maux causés par notre vaine curiosité sont aussi vieux que le monde. L’élévation et l’abaissement journalier des eaux de l’océan n’ont pas été plus régulièrement assujettis au cours de l’astre qui nous éclaire durant la nuit que le sort des mœurs et de la probité au progrès des sciences et des arts. On a vu la vertu s’enfuir à mesure que leur lumière s’élevait sur notre horizon, et le même phénomène s’est observé dans tous les temps et dans tous les lieux »….

Page 15. « Peuples, sachez donc une fois que la nature a voulu vous préserver de la science, comme une mère arrache une arme dangereuse des mains de son enfant; que tous les secrets qu’elle vous cache sont autant de maux dont elle vous garantit, et que la peine que vous trouvez à vous instruire n’est pas le moindre de ses bienfaits. Les hommes sont pervers; ils seraient pires encore, s’ils avaient eu le malheur de naître savants »…

Pages 17 et 18. « Que de dangers! que de fausses routes dans l’investigation des sciences? Par combien d’erreurs, mille fois plus dangereuses que la vérité n’est utile, ne faut-il point passer pour arriver à elle? Le désavantage est visible; car le faux est susceptible d’une infinité de combinaisons; mais la vérité n’a qu’une manière d’être. Qui est-ce d’ailleurs, qui la cherche bien sincèrement? même avec la meilleure volonté, à quelles marques est-on sûr de la reconnaître? Dans cette foule de sentiments différents, quel sera notre criterium pour en bien juger ?

Et ce qui est le plus difficile, si par bonheur nous la trouvons à la fin, qui de nous en saura faire un bon usage?

Si nos sciences sont vaines dans l’objet qu’elles se proposent, elles sont encore plus dangereuses par les effets qu’elles produisent. Nées dans l’oisiveté, elles la nourrissent à leur tour; et la perte irréparable du temps est le premier préjudice qu’elles causent nécessairement à la société. En politique, comme en morale, c’est un grand mal que de ne point faire de bien; et tout citoyen inutile peut être regardé comme un homme pernicieux en saura faire un bon usage? »

Pages 26 et 27. « Mais si le progrès des sciences et des arts n’a rien ajouté à notre véritable félicité; s’il a corrompu nos mœurs, et si la corruption des mœurs a porté atteinte à la pureté du goût, que penserons-nous de cette foule d’auteurs élémentaires qui ont écarté du temple des Muses les difficultés qui défendaient son abord, et que la nature y avait répandues comme une épreuve des forces de ceux qui seraient tentés de savoir? Que penserons-nous de ces compilateurs d’ouvrages qui ont indiscrètement brisé la porte des sciences et introduit dans leur sanctuaire une populace indigne d’en approcher, tandis qu’il serait à souhaiter que tous ceux qui ne pouvaient avancer loin dans la carrière des lettres, eussent été rebutés dès l’entrée, et se fussent jetés dans les arts utiles à la société. Tel qui sera toute sa vie un mauvais versificateur, un géomètre subalterne, serait peut-être devenu un grand fabricateur d’étoffes. Il n’a point fallu de maîtres à ceux que la nature destinait à faire des disciples. Les Vérulam, les Descartes et les Newton, ces précepteurs du genre humain n’en ont point eu eux-mêmes, et quels guides les eussent conduits jusqu’où leur vaste génie les a portés? Des maîtres ordinaires n’auraient pu que rétrécir leur entendement en le resserrant dans l’étroite capacité du leur. C’est par les premiers obstacles qu’ils ont appris à faire des efforts, et qu’ils se sont exercés à franchir l’espace immense qu’ils ont parcouru. S’il faut permettre à quelques hommes de se livrer à l’étude des sciences et des arts, ce n’est qu’à ceux qui se sentiront la force de marcher seuls sur leurs traces, et de les devancer. C’est à ce petit nombre qu’il appartient d’élever des monuments à la gloire de l’esprit humain ».

Partie 2. Autre version intégrale du Discours sur les Sciences et les Arts. Libretti, Le Livre de poche, 2021, 93 pages. Édition présentée et annotée par Jacques Berchtold.

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Chambéry, cathédrale, trompe-l’œil

Chambéry. La cathédrale et son trompe-l’œil.

« Le trompe l’œil s’est particulièrement développé à Chambéry au XIXème siècle. Parce que la Savoie a toujours aimé les décors peints, mais aussi parce qu’il permet, à moindre frais, de compléter les décors, de créer des perspectives, des mouvements »…

Partie 1. Cathédrale Saint-François-de-Sales, métropole de l’archidiocèse de Chambéry, Maurienne et Tarentaise. Source : Article du site Savoie-Mont-Blanc.

« Les travaux débutèrent en 1418 à l’initiative des Franciscains et l’église fut achevée en 1587. Elle devient cathédrale en 1779 puis métropole en 1817 lorsque Chambéry est élevé au rang d’archevêché. Derrière une sobre façade, elle abrite un vaste ensemble de peintures en trompe-l’œil.

La façade n’offre pas la grandeur habituelle des cathédrales. Ceci s’explique par la modestie franciscaine mais aussi par le sous-sol marécageux qui a nécessité l’installation de plus de 30000 pilotis de mélèze. De telles fondations n’ont pas permis la construction d’une structure élancée ».

« L’intérieur, en revanche, frappe par sa grandeur et par son style gothique flamboyant très simple.

La caractéristique principale de la cathédrale Saint François de Sales reste cependant les peintures en trompe-l’œil qui recouvrent les murs et les voûtes. Elles furent réalisée en 1834 par Casimir Vicario qui privilégia le style gothique troubadour alors très populaire en Savoie ».

« Son orgue romantique datant de 1847 est une œuvre du manufacteur Augustin Zeiger. Avec ses 50 registres, c’est l’un des plus important de la région Rhône-Alpes ».

« Depuis 2010, une réplique à l’identique du Saint Suaire est exposée à la cathédrale Saint François. Elle a été offerte à la ville par l’archevêque de Turin à l’occasion du 150e anniversaire de la réunion de la Savoie à la France ».

Partie 2. Saint François de Sales (1567-1622). Source : extraits d’un article de Wikipédia.

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