Lorient, la Compagnie des Indes

Lorient : la Construction navale, la Traite négrière, la Compagnie perpétuelle des Indes (1719-1769), la Guerre d’Indépendance américaine.

Sources. Extraits d’un article de Wikipédia dédié à l’Histoire de Lorient. Pour aller plus loin : Les Compagnies des Indes, sous la direction de René Estienne, Gallimard, 2017.

Partie 1. La Marine royale et la construction navale

Marine royale et construction navale s’implantent sur le site de Lorient sous l’impulsion du Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, fils de Colbert, qui a hérité de la charge de secrétaire d’État de la Marine de son père. Des corsaires venant de Saint-Malo y trouvent également refuge à la même époque.

1687. L’opération d’adaptation du port démarre.

1688-1710. Le chantier est réquisitionné pour la Marine royale en 1688 lorsque la guerre de la Ligue d’Augsbourg éclate et, en 1690, les premiers navires de guerre y sont armés. La construction de plusieurs navires y est également assurée et, de 1690 à 1708, dix-huit bâtiments militaires sortent du chantier. Ces chantiers drainent entre 800 et 900 ouvriers, principalement des Provençaux, des Normands, des Basques ou des Nantais. La Compagnie des Indes doit également céder plusieurs structures à la Royale : le magasin général, la corderie et la voilerie sont cédés en 1689, ainsi qu’une partie des logements l’année suivante.

1700. La ville se développe en dehors du périmètre de l’Enclos dans le respect d’un arrêt de 1700 qui oblige les populations à quitter les abords de celui-ci pour s’installer sur la grande lande du Faouédic.

1702. La ville compte alors quelque 6 000 habitants, mais les activités de la Compagnie des Indes orientales comme celles de la Marine royale restent réduites et la ville commence à décliner.

Partie 2. 1719-1769. Lorient, active dans la traite négrière, siège d’une Compagnie des Indes.

La ville connaît un nouvel essor lorsque John Law de Lauriston crée la Compagnie perpétuelle des Indes en achetant plusieurs autres compagnies commerciales et qu’il choisit Lorient comme base pour ses opérations. La Marine royale est peu disposée à laisser les installations de l’Enclos à la nouvelle compagnie, mais le Conseil de marine ordonne à celle-là le 28 juin 1719 de libérer les lieux, ce qui est effectif à la fin de la même année.

1720. Malgré l’effondrement du système de Law, la ville connaît une nouvelle phase de développement. Par la ville transitent annuellement en moyenne 400 000 livres de poivre, 500 000 livres de thé, 1,5 à 2 millions de livres de café, 150 000 pièces de cotonnades et de mousselines et 150 000 pièces de porcelaines de Chine.

1720-1790. C’est pendant cette période que la ville prend part au commerce triangulaire et que 156 navires y participent entre 1720 à 1790 en déportant quelque 43 000 esclaves. À l’époque où la traite nantaise marque le pas et où la Compagnie des Indes obtient le privilège exclusif de faire le commerce de Guinée, ce qui comprend la traite négrière , Lorient s’affirme comme le premier port négrier français entre 1723 et 1725.

1732. La Compagnie perpétuelle des Indes décide de transférer de Nantes à Lorient le siège de toutes ses ventes, et demande à l’architecte Jean-Charles Gabriel de construire de nouveaux bâtiments en pierre de taille pour accueillir ces activités et embellir l’espace de l’Enclos. Les ventes s’y réalisent à partir de 1734 et on y traite jusqu’à vingt-cinq millions de livres tournois. Le monopole de la Compagnie est cependant aboli avec la disparition de celle-ci en 1769 sous l’influence des physiocrates.

Les capacités de construction navale augmentent avec la mise en chantier en 1728 d’une cale et un premier vaisseau de 600 tonneaux, le Philibert, en sort en 1730. À partir de 1732, trois navires en sortent chaque année, permettant un renouvellement total de la flotte de la compagnie en douze ans. En 1755, trois nouvelles cales sont ouvertes à Caudan sur l’autre rive du Scorff.

La ville profite de la prospérité de la Compagnie. Elle compte 14 000 habitants en 1738 et 20 000 en incluant la population des faubourgs de Kerentrech, de Merville, de La Perrière, de Calvin et de Keryado. La population de la ville vient majoritairement de Bretagne.

1735. De nouvelles rues tirées au cordeau sont tracées intra-muros.

Sous sa première forme, la Tour de la Découverte est élevée entre 1737 et 1744 ; cette première tour ne faisait que 25 mètres de haut. Elle fut reconstruite de 1785 à 1786 après avoir été touchée à deux reprises par la foudre.

En 1738, la ville acquiert le statut de communauté de ville. Des travaux d’embellissement commencent alors, comme le pavage des rues, la construction de quais et de cales en bordure du ruisseau du Faouédic, ou encore la démolition de chaumières remplacées par des maisons calquées sur les modèles de l’Enclos.

1744. Des murailles sont érigées pour fermer la ville, et sont mises à contribution dès septembre 1746 par un raid britannique contre la ville (siège de Lorient). Un hôpital municipal, l’Hôtel-Dieu, est ouvert en 1740 grâce au don d’une philanthrope à la ville.

Dès 1754, la ville et la Compagnie perpétuelle des Indes projettent la construction d’un établissement de santé commun. Celui-ci est obtenu en 1766 par la fusion de la structure municipale et d’une autre structure de la compagnie et, en 1771, il accède au rang d’hôpital de deuxième classe.

1769. La disparition de la Compagnie perpétuelle des Indes provoque une diminution de l’ordre d’un septième de la population de la ville.

Grâce au statut de communauté de ville accordé en 1738, la ville peut envoyer des représentants au parlement de Bretagne. Elle y obtient entre 1738 à 1751 quelque 170 000 livres afin de moderniser ses installations portuaires, ainsi qu’une baisse de sa capitation (impôt par tête) entre 1746 et 1750 à la suite du raid britannique contre la ville. Le poids administratif et politique de la ville reste cependant en deçà de son poids économique et elle dépend d’autres villes proches comme Hennebont pour la justice ou d’autres aspects.

1764. Carte de la ville et de ses fortifications en 1764.

Partie 3. Lorient et la guerre d’indépendance américaine.

1775. La guerre d’indépendance américaine amène à la ville un surcroît d’activité et plusieurs corsaires utilisent la ville comme port d’attache. John Paul Jones utilise à partir de 1778 la ville et son port comme lieu d’attache pour son navire, le Bonhomme Richard et plusieurs de ses prises de guerre y sont rapatriées. Au total, 121 prises effectuées sur les Britanniques par John Paul Jones et par d’autres sont acheminées puis vendues à Lorient.

1783. À la fin de la guerre, plusieurs lignes transatlantiques sont ouvertes de Lorient vers les États-Unis.

1769-1785. La ville commence sa reconversion avec l’achat par le roi des installations de la Compagnie pour 17 500 000 livres tournois pour y installer sa marine. La construction navale privée se développe et, entre 1769 et 1777, l’équivalent de 13 000 tonneaux sont ainsi mis en chantier. Le tonnage construit par la Compagnie puis par la Royale ne représente plus que 39 % de la production totale lorientaise. Le commerce privé se développe dans le même temps et, entre 1769 et 1785, date de la création de la Compagnie de Calonne, Lorient compte pour 57 800 des 151 955 tonneaux armés en France.

Dès 1785, à la demande de Charles Alexandre de Calonne, contrôleur général des Finances, une nouvelle compagnie commerciale est créée, la Compagnie des Indes orientales et de la Chine, qui s’installe à Lorient.

1788. Une bourgeoisie commence à émerger et représente 6 % de la population lors de la capitation de 1788. Celle-ci est issue pour 24 % de la construction navale et pour 43,7 % du commerce. Son développement induit l’éclosion d’une vie culturelle : une salle de spectacle est ouverte en 1778 et compte 790 places. L’année suivante, la ville compte une troupe de théâtre permanente. La loge maçonnique lorientaise est influente à l’époque et compte 105 membres en 1786. Celle-ci est liée initialement à la présence de la Compagnie des Indes.

Partie 4. Lorient et le soutien à la Révolution.

La Révolution française et les guerres contre le Royaume-Uni qui suivent mettent fin aux activités commerciales à Lorient pour près de deux décennies.

La ville est l’une des rares dans le Morbihan à soutenir la Révolution. La bourgeoisie marchande y joue un rôle important dans la diffusion de ses idées et la présence importante d’ouvriers liés à la construction joue un rôle dans la radicalisation du mouvement dans la ville. La ville acquiert grâce à son soutien à la Révolution le titre de chef-lieu de canton en 1790 ainsi qu’un bagne en 1795.

1793-1795. La municipalité prend parti pour les Girondins contre les Montagnards, ce qui entraîne l’arrestation de son maire et l’éviction du conseil de la ville au profit d’éléments plus favorables aux Montagnards. La Terreur touche la ville en 1793-1794 et trente personnes, dont quinze prêtres réfractaires, sont exécutées.

1795. Les campagnes du département sont agitées par une révolte paysanne qui s’estompe fin mars 1793, avant de renaître avec l’arrivée du général Georges Cadoudal, chouan, au printemps 1794 et avec les conséquences de l’expédition de Quiberon de l’été 1795. Les activités commerciales du port continuent jusqu’à la mise en place du blocus britannique en 1793.

À partir de cette date, la construction maritime pour le compte de la République prend le relais des activités de la ville. Ainsi, entre 1793 et 1815, 96 nouveaux navires sont mis en chantier et 86 sont mis en service.

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