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1679-1790. Des marines de guerre

L’essor des marines de guerre européennes (1670-1790), Martine Acerra, André Zysberg, Les espaces maritimes, E-book  PDF, SEDES, 1997, 298 pages.

Vaisseaux et Frégates

Partie 1. Le sujet du livre (4ème de couverture). « On connaît mieux les batailles navales et les amiraux que les ports, les vaisseaux et leurs équipages. Les deux auteurs proposent d’inverser l’approche traditionnelle de l’histoire de la marine de guerre au moyen d’une nouvelle démarche combinant le quantitatif et le qualitatif. Il s’agit de montrer le cheminement technologique, mais aussi économique et culturel, qui conduisit à l’émergence au cours des années 1650-1680, puis à l‘essor des flottes de combat dans l’Europe des Lumières.

Ces flottes sont devenues les instruments très élaborés d’une politique de prestige et de puissance au service des souverains, les vecteurs d’une véritable force de frappe déjà capable, vers 1760, d’intervenir partout dans le monde, de la mer de Chine aux Caraïbes, et du Spitzberg aux Malouines… Mais cette modernité se conjuguait avec le respect très conservateur des savoir-faire traditionnels qui remontaient aux premières navigations hauturières et aux chantiers ancestraux des maîtres d’hache.

Les problèmes de mise en œuvre des flottes et de mobilisation navale sont abordés aussi concrètement que possible : comment un vaisseau de ligne est construit et armé ; qu’est-ce que la gestion d’un port-arsenal, la logistique, le recrutement des équipages ; qu’est-ce qu’un matelot trouve dans sa gamelle, comment il travaille et se divertit. Ce livre est conçu dans une perspective largement européenne et comparative, qui propose des synthèses et des séries statistiques souvent inédites.

L’étude du développement des marines de guerre montre des convergences certaines, au plan des techniques de la marine en bois et de l’organisation de la vie à bord des grands voiliers. Elle révèle aussi des divergences et des écarts : le long duel franco-anglais, cette seconde « guerre de Cent ans », ne peut se comprendre si l’on ne possède pas les courbes et les statistiques montrant en parallèle l’évolution de la Royale et la Navy, que le lecteur trouvera réunies dans ce livre. C’est pourquoi le mot Marine s’écrit ici au pluriel : les marines« .

Partie 2. Les marines de guerre dans le dernier tiers du 17ème siècle. Source : citations du Chapitre V. Les Hommes de l’art et de la prévision (pages 121 à 132)

Entre le charpentier expérimenté du 17ème siècle et l’ingénieur mathématicien du 18ème siècle se retrace la longue intégration au service de la marine militaire d’un monde initialement indépendant et libre de toute emprise étatique (page 122).

1671 (mars). Un Conseil de construction est instauré dans chaque arsenal ; il est destiné à examiner les devis des charpentiers.

1689. Ordonnance instaurant un début de hiérarchie professionnelle dans les arsenaux. Chaque arsenal doit comprendre dans son personnel permanent un maître charpentier.

La formation pratique des charpentiers du 17ème siècle est fondée sur le lien familial et la caution professionnelle d’un aîné dans le métier… Il en résulte l’existence parfois séculaire de charpentiers qui se maintiennent dans un port ou essaiment dans l’ensemble des arsenaux.

Tels les Mallet à Rochefort. Telle la famille des Coulomb à Toulon. L’association père-fils est fréquente sur les chantiers de construction.

Pour aller plus loin : Eric Rieth, Le Livre de construction des vaisseaux du maître charpentier toulonnais François Coulomb (1654-1717), Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2002, 124-7, pp. 31-55.

La domination des dynasties de charpentiers s’accompagne de la présence imposée de maîtres charpentiers étrangers, chargés d’imprégner de leurs connaissances les pratiques locales (page 125).

1690-1714. Louis Phélypeaux (1643-1727), comte de Maurepas (1687) et de Pontchartrain (1699), secrétaire d’État à la marine de 1690 à 1699, chancelier de France de 1699 à 1714. Il repère deux constructeurs curieux et avides de connaissances, Blaise Geslain et Joseph Blaise Ollivier. Il les destine à des missions d’observation. Il fait ainsi entrer la Marine royale dans l’ère des bouleversements.

Partie 3. Les marines de guerre sous Louis XV et Louis XVI. Source : citations du Chapitre V. Les Hommes de l’art et de la prévision (pages 121 à 132).

1727, 1737, 1739. Blaise Geslain et Joseph Blaise Ollivier (1701-1746) partent espionner les marines hollandaises et anglaises. Leurs séjours sont rendus fructueux par leurs capacités à interpréter les plans, à capter visuellement des différences de carènes. Ils les amènent à proposer de nouvelles maximes de construction dont l’essentielle est la normalisation ; pour y parvenir, il faut uniformiser la formation  des charpentiers constructeurs.

Buste de Blaise-Joseph Ollivier par Yves Collet

La première forme d’uniformisation de la formation consiste à obliger les jeunes gens qui se destinent à la construction navale de se rendre de leur arsenal d’origine à celui de Brest afin de se former aux nouvelles techniques, sous la direction de Joseph Blaise Ollivier (pages 125-126).

La seconde forme sera la création d’une école.

1741. La petite École de Construction de Paris, devenue la Grande École en 1748.

L’origine de l’École remonte à 1741, date à laquelle Henry-Louis Duhamel du Monceau, inspecteur général de la Marine, créa une école à Paris destinée aux maîtres-charpentiers de marine.

Portrait de Duhamel du Monceau par François-Hubert Drouais. Posés devant lui, les Éléments d’architecture navale sont présentés comme son œuvre majeure.

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Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) est l’un des principaux représentants du style rococo français. Source principale : extraits de l’article de Wikipédia.

Peintre d’histoire, de genre et de paysages, il se spécialise assez rapidement dans le genre libertin et les scènes galantes.

Diaporama de 43 photos (13 œuvres, cartels et détails).

Musées de Besançon, de Strasbourg, du Louvre, du Petit Palais, Cognacq-Jay, Jacquemart-André.

Jean-Honoré est fils de François Fragonard, garçon gantier, et de Françoise Petit. Après la mort, à dix mois, de son petit frère Joseph, il reste enfant unique. Il quitte sa ville natale à l’âge de six ans pour s’installer avec sa famille à Paris, où se déroule la plus grande partie de sa carrière.

1745 (13 ans). Les dispositions artistiques de Fragonard sont précoces et c’est le notaire chez qui il devient clerc à treize ans qui remarque ses dons artistiques.

1746 (14 ans). Après avoir quelque temps travaillé avec Jean Siméon Chardin, il entre comme apprenti, à l’âge de quatorze ans, dans l’atelier de François Boucher. C’est grâce à lui que le jeune Fragonard affirme ses dons et apprend à copier les maîtres.

1752 (20 ans). Boucher le présente bientôt au prestigieux grand prix de peinture de l’Académie royale qu’il remporta en grâce à son tableau Jéroboam sacrifiant aux idoles.

1752-1755 (20-23 ans). Une carrière dans la peinture d’histoire lui semble alors toute tracée. Il entre ainsi durant trois années à l’École royale des élèves protégés alors dirigée par le peintre Charles van Loo.

1756-1761 (24-29 ans). Fragonard effectue son Grand Tour et part en 1756 pour l’Académie de France à Rome en compagnie de son ami Hubert Robert (un autre peintre ayant remporté le prix de Rome) et l’architecte Victor Louis. Il y résidera jusqu’au mois d’avril 1761 et y est notamment influencé par le peintre Giambattista Tiepolo et le style baroque de Pierre de Cortone,

1761-1762. Cascatelles de Tivoli (musée du Louvre). Legs du Docteur Louis La Caze. L’attribution ancienne à Hubert Robert illustre les liens entre les deux artistes qui ont parfois dessiné côte à côte dans la campagne italienne, auprès de l’abbé de saint-Non, à qui a peut-être appartenu ce tableau.

Jean-Claude Richard de Saint-Non devient, à cette époque, son protecteur et principal commanditaire. Il quitte dès lors la Ville éternelle pour la France après avoir achevé en septembre un long périple qui l’a vu traverser les villes de Florence, Bologne et Venise notamment. Il obtient un atelier au palais du Louvre où il vit et est chargé de décorer la galerie d’Apollon5.

1765 (33 ans). Son tableau Corésus et Callirhoé, commandé pour la manufacture des Gobelins pour la tenture des amours des dieux, le fait entrer à l’Académie et remporte un grand succès au Salon.

Mais, désespérant d’atteindre le premier rang dans ce genre classique, il le quitte pour des scènes de genre érotiques qui obtiennent le plus grand succès auprès de la Cour de Louis XV. Il devient bientôt le peintre à la mode, peint des paysages illusionnistes et des portraits puis des tableaux de cabinets.

1765-1770 (33-38 ans). Le triomphe de Vénus (musée des Beaux-arts de Besançon ). Fragonard s’est, à quelques reprises, essayé à la grande peinture décorative.

« Notre tondo constitue justement un témoignage exceptionnel des quelques essais menés par le peintre dans ce contexte[…], nous sommes bien là en présence d’un projet pour la décoration d’un plafond, peut-être d’une coupole. Le sujet représente un traditionnel triomphe de Vénus dans le ciel, couronnée par une Renommée, la déesse de l’amour charnel est accompagnée de putti, de suivantes et de colombes qui animent la composition. Un thème somme toute bien conforme à l’esprit de Fragonard pour une forme bien étrangère à ses habitudes picturales » (source : De Bellini à Bonnard).

1769 (37 ans). Fragonard épouse une peintre en miniature également originaire de Grasse, Marie-Anne Gérard, sœur de Marguerite Gérard. La même année naît leur première fille Rosalie (1769-1788).

Portrait de Fantaisie, autrefois identifié à tort comme un portrait de Denis Diderot.

Le temps du portrait chez Fragonard et Diderot, Anthony Wall, dans Littérature, 2013/3 (n°171), pages 88 à 101.

« En juin 2012 paraît sur le marché de l’art un dessin singulier dans lequel l’expert en tableaux Hubert Duchemin reconnaît fort heureusement la main de Jean-Honoré Fragonard. Sur une petite feuille de papier vergé comportant dix-huit croquis (la plupart d’entre eux montrant un portrait de fantaisie  déjà connu) on croirait voir l’effigie de Denis Diderot. Sous le croquis d’un personnage feuilletant un livre, Fragonard a pourtant écrit non le nom Diderot, mais celui d’un littérateur beaucoup moins connu, beaucoup moins éclatant aussi : Meusnier. En décembre 2012, Carole Blumenfeld publie un ouvrage détaillant les révélations rendues possibles par ce dessin  : outre la surprise, peut-être même la déception, de découvrir que Diderot a irrémédiablement disparu des portraits de fantaisie, nous découvrons un chapitre sur la théorie du portrait que Fragonard met en œuvre avec cette feuille-ci et, plus généralement, dans bon nombre de ses portraits peints et dessinés ».

1769 (37 ans). Portrait de l’abbé de Saint-Non, amateur d’art, dessinateur, graveur, ami de l’artiste.

L’abbé de Saint-Non (1727-1791) est l’un des plus fidèles admirateurs de Fragonard. Une étiquette ancienne, au dos de l’œuvre : portrait de Mr. l’abbé de St Non, peint par Fragonard en 1769, en une heure de temps.

1770 (38 ans). Perrette et le pot au lait (musée Cognacq-Jay). Le lait tombe : adieu, veau, vache, cochon, couvée !

« Le jupon s’envole et laisse apparaître deux jambes dénudées. Perrette, sens dessus dessous, pleure sa vertu perdue ou ses rêves de fortune. Les représentations du faux-pas, de la chute abondent au XVIIIe siècle et sont prisées pour leurs associations érotiques sous-jacentes. Le lait ainsi répandu, ce sont tous les gains liés à sa vente qui se volatilisent, représentés sous forme de nuées tourbillonnantes s’échappant de la cruche ».

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1786. Réorganisation des arsenaux

La réorganisation des arsenaux. Ordonnance du roi pour diviser les forces navales en neuf escadres. Source en ligne : Gallica BnF. Ordonnance promulguée par le ministre de la Marine de Castries le 1er janvier 1786. 5 escadres à Brest, 2 à Toulon, 2 à Rochefort.

A suivre. Chroniques et photos du blog Histoires d’universités sur l’Arsenal de Rochefort.

Partie 1. Histoire de la marine française sous Louis XIV et Louis XV. Source Wikipédia : bonnes feuilles sur la réorganisation des arsenaux.

« Tirant les premières leçons du conflit [Guerre d’indépendance des États-Unis], de Castries ordonne dès 1783, une réorganisation des arsenaux car ceux-ci ont eu du mal à suivre l’effort de guerre prolongé ».

De Castries, par Joseph de Broze

Arsenal de Brest. « Le premier concerné est celui de Brest. La guerre a mis en lumière son engorgement avec de trop nombreuses tâches à accomplir : assurer la subsistance des escadres et des matelots ; réparer en trois mois d’hiver une armée de 25 vaisseaux ; armer plus de 300 voiles. Les ingénieurs se sont aperçus qu’aucun bassin de radoub de Brest ne peut recevoir les vaisseaux à trois-ponts, voire ceux de 80 canons, sauf aux marées exceptionnelles. La répartition interne de l’arsenal n’est pas commode. Les magasins touchent à la montagne. Les quais sont trop étroits, les cales mal aérées et trop proches les unes des autres. Les services réciproques des ateliers sont constamment mêlés. Dans la perspective d’un nouveau conflit qui semble inévitable à moyen terme, il faut littéralement repenser l’arsenal de Brest, ainsi que la plupart des autres.

Les ordres du maréchal de Castries du 9 août 1783 et du 20 mars 1784 envoyés aux commandants et intendants de chaque arsenal exigent d’eux la confection d’un plan d’aménagement réglé sur les forces navales destinées à chaque base. Les plans d’aménagement et les textes qui les accompagnent révèlent une redistribution spatiale imposée par la rationalisation des procédés de fabrication et de stockage, ainsi que par un meilleur découpage des phases de production et de montage. L’arsenal est modelé, organisé en aires, terrasses, rampes, bassins où s’effectuent des types précis de travaux. L’accumulation des stocks de matières premières et d’agrès oblige à la multiplication des structures de conservation : magasins, halles, hangars, fosses. Les fonctions de construction développent le nombre de bassins, de cales, d’amarrages. L’arsenal est redessiné en fonction de la rapidité et de l’aisance du service, ainsi qu’en fonction du nombre de navires à traiter simultanément. Il devient aussi une zone de communication et de mouvements où homme, matériaux et vaisseaux doivent passer d’un point à un autre selon un ordre et un sens de circulation précis ».

Partie 2. Construction de l’Arsenal de Cherbourg. « En réalité, les plans élaborés ne sont pas immédiatement appliqués sur le terrain. Les réaménagements demandent de nombreuses années car l’Histoire, les habitudes, la géographie et les infrastructures existantes ralentissent l’évolution. C’est Cherbourg, construit à partir de 1783, qui mobilise toute l’attention du ministère et qui bénéficie d’une organisation entièrement pensée sans avoir à tenir compte du passé. Créer une grande base dans la Manche face à la Grande-Bretagne est une préoccupation centenaire depuis Vauban, Le Havre et Dunkerque étant incapables d’accueillir les gros vaisseaux à fort tirant d’eau. Après hésitation entre deux rades, celle de la Hougue et celle de Cherbourg, le choix se fixe sur cette dernière. Cherbourg est à ce moment là une modeste bourgade de pêche donnant sur une rade foraine, c’est-à-dire complètement ouverte. L’idée est de construire un arsenal donnant directement sur la mer, et non plus enfermé dans une rivière comme Rochefort ou au fond d’un goulet protecteur comme Brest.

Pour édifier l’arsenal et le protéger des attaques britanniques (comme en 1758), il faut créer un site artificiel de relâche en fermant la rade par une immense digue capable d’accueillir entre 60 et 100 vaisseaux français et espagnols. Louis XVI approuve les plans de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Louis-Alexandre de Cessart qui propose de construire 90 caissons coniques en chêne devant être immergés et placés à une soixantaine de mètres les uns des autres. Chaque caisson mesure 20 mètres de haut pour 50 mètres de diamètre à la base et doit être lesté de pierres et de moellons, relié à son voisin par des chaines et filets de fer puis complété par des amas de pierres perdues. La digue, qui doit passer à 4 km au large doit être longue elle-même de 4 km à peu près puis être garnie de batteries d’artilleries. Ce projet original, gigantesque, est estimé à 30 millions de livres, sans commune mesure avec la digue de La Rochelle imaginée par Richelieu en son temps ».

« Après des essais effectués au Havre, le premier caisson est remorqué puis coulé le 6 juin 1784 devant une foule de 10 000 personnes massées sur tout le rivage de Cherbourg, alors que la rade est couverte d’embarcation chargées d’autres spectateurs. Cette même année, de Castries vient voir les travaux. »Après des essais effectués au Havre, le premier caisson est remorqué puis coulé le 6 juin 1784 devant une foule de 10 000 personnes massées sur tout le rivage de Cherbourg, alors que la rade est couverte d’embarcation chargées d’autres spectateurs. Cette même année, de Castries vient voir les travaux.

En mai 1786, c’est au tour du comte d’Artois, frère du roi, de faire de même. En juin, c’est Louis XVI, sur proposition de Calonne, qui vient inspecter le chantier en compagnie du ministre de la Guerre et de la Marine. Le roi, qui suit avec passion le développement de sa marine voit la mer pour la première fois. Le 23 juin, Louis assiste à l’immersion du neuvième caisson en présence de l’escadre d’évolution, sous les vivats des équipages, de la foule et des salves des batteries côtières. Le roi déjeune sur la plate-forme de l’un des caissons précédemment immergé puis monte à bord du Patriote, vaisseau neuf de 74 canons aux ordres d’Albert de Rions. Il prend à bord deux autres repas et étonne les officiers par l’étendue de ses connaissances navales.

Le 24, Louis préside à la revue navale depuis le Patriote et assiste à des exercices de tir. Le 25, il inspecte la pointe de Querqueville où un fort doit s’élever puis visite à l’improviste plusieurs corvettes et frégates. L’enthousiasme populaire ne faiblit pas. Marie-Antoinette – qui n’est pas présente car elle est enceinte – décrira ce voyage comme la démarche la plus marquante que le roi ait faite pendant son règne. Dans les faits, il s’agit effectivement de l’une des dernières grandes manifestations d’attachement populaire envers Louis XVI dans les années qui précèdent la Révolution. Au comte d’Hector, commandant de la Marine à Brest qui a fait le voyage à Cherbourg, Louis annonce qu’il a l’intention de visiter tous ses ports. Les évènements vont en décider autrement ».

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1717. Assemblée des communautés

1717. Aix, Assemblée des communautés.

Partie 1. Source : Ekaterina Martemyanova, La représentation imparfaite en Provence au XVIIIème siècle, un potentiel d’innovation ? pages 193-209.

Article publié dans La représentation avant le gouvernement représentatif, Presses Universitaires de Rennes, Collection Histoire, octobre 2020, 366 pages.

Le cas d’Aix-en-Provence, garante de l’indépendance provençale et maîtresse de la représentation. Source : Bibliothèque Méjanes, pièce 4835, Lettres patentes en faveur des États de Provence, enserrées dans la lettre circulaire aux membres du corps de la noblesse, Aix, 1717, p.5.

Bonnes feuilles de l’article d’E.katerina Martemyanova, pages 193, 206 et 2007.

Diaporama de 5 photos.

Allivrement : fixation du revenu net imposable dans l’établissement de la contribution foncière, après inscription sur la matrice cadastrale et classification des parcelles (Dictionnaire Larousse)

Affouagement : dénombrement de tous les feux ou ménages, usité particulièrement en Provence, pour la répartition des impôts (Dictionnaire Littré).

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Frédérique Vidal, l’arroseuse arrosée

Frédérique Vidal, l’arroseuse arrosée.

Partie 1. Le projet avorté de reconversion de Frédérique Vidal éclaire son positionnement ministériel, 22/10/2022, par Michel Abhervé, Blog Alternatives économiques.

Texte in extenso. « Quand Frédérique Vidal a été nommée en 2017 ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, elle était présidente de l’Université de Nice où sa carrière fut plus marquée par de nombreuses fonctions administratives montrant des méthodes de direction managériales à l’américaine que la recherche (aucune direction de thèse, un seul article scientifique).

Demeurant cinq ans en poste, elle ne montra guère de soutien aux fondements de l’Université, s’égarant même dans une tentative d’instrumentation du CNRS au service de son combat contre l’islamo-gauchisme qui a conduit Emmanuel Macron à prendre nettement ses distances en faisant dire que le président de la République est profondément attaché à l’indépendance des enseignants-chercheurs, qui est un des fondements de notre république et que nous devons garantir.

On comprend mieux un certain nombre de ses positions quand on sait qu’après avoir quitté le gouvernement, elle n’a pas voulu retourner à l’Université mais s’est fait recruter par l’école de commerce Skema Business School comme directrice de la stratégie du développement.

Ou plutôt voulait occuper cette fonction, avant que la HAVTP, Haute autorité pour la transparence de la vie publique, ne l’interdise en termes particulièrement clairs dans sa délibération :  le projet de Madame Vidal est incompatible avec les fonctions gouvernementales qu’elle a exercées au cours des trois dernières années, sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les risques déontologiques.

La HATVP,  qui  observe que la subvention accordée pour l’année 2021 a fait l’objet d’une augmentation de 20%, affirme qu’elle relève un risque que Madame Vidal soit regardée comme ayant accompli, au cours des trois dernières années, des actes mentionnés à l’article 432-13 du code pénal à l’égard de l’association Skema Business School qu’elle souhaite rejoindre.

Va-t-elle devoir revenir comme enseignante-chercheuse à l’Université ? » Réponses dans la partie 3 de cette chronique.

Partie 2. Autres extraits de la délibération de la HAVTP (4 pages)

« La compatibilité des activités envisagées avec les fonctions publiques exercées au cours des trois dernières années.

Article 7.  Skema Business School a reçu, en 2015, par arrêté du ministre chargé de l’enseignement, la qualification d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général et a conclu, à ce titre, un contrat pluriannuel avec l’État, fixant le soutien financier apporté par ce dernier et les contreparties correspondantes de l’établissement. Cette qualification a été renouvelée par arrêté du 23 décembre 2019 et un nouveau contrat a été conclu pour la période 2020-2024.

Par ailleurs, les conventions financières conclues par l’État annuellement avec l’établissement font ressortir que Skema Business School a perçu 1 985 200 euros de subventions pour l’année 2021, 1 637 000 euros pour l’année 2020 et 1 636 800 euros pour l’année 2019″.

« Article 8. Le premier alinéa de l’article 432-13 du code pénal punit de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 200 000 euros le fait, pour un agent public, de prendre ou de recevoir une participation par travail, conseil ou capitaux, dans une entreprise privée dont il a assuré la surveillance ou le contrôle, ou avec laquelle il a conclu un contrat ou donné un avis sur un contrat dans le cadre de ses fonctions, ou encore à l’égard de laquelle il a proposé à l’autorité compétente de prendre des décisions relatives à des opérations de cette entreprise ou formulé un avis sur de telles décisions avant l’expiration d’un délai de trois ans suivant l’accomplissement de ces actes.

Le deuxième alinéa de cet article punit des mêmes peines toute participation par travail, conseil ou capitaux dans une entreprise privée qui possède au moins 30 % de capital commun ou a conclu un contrat comportant une exclusivité de droit ou de fait avec l’une des entreprises mentionnées au premier alinéa ».

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1735. Corse, 1ère indépendance

Source. Version abrégée de l’article d’André Larané, 30 janvier 1735. Déclaration d’indépendance des Corses, Hérodote.net, janvier 2020.

« Le 30 janvier 1735, une assemblée corse, la Consulta d’Orezza, rejette la domination de Gênes, qui remonte à la bataille de La Meloria (1284). Elle ébauche aussi un projet de Constitution en 22 articles, une première dans l’Histoire moderne ». Page 2 de la chronique : les 9 premiers articles

« L’initiative attire l’attention des élites de Paris mais aussi des Treize Colonies anglaises qui, à leur tour, proclameront unilatéralement leur indépendance sous le nom des États-Unis…

La République de Gênes tente de reconquérir l’île. C’est le début d’une Guerre de quarante ans. Mais sans s’en douter, les insurgés travaillent pour la France qui ambitionne de prendre pied sur l’île et d’en chasser les Génois.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir. Source. République de Gênes in Wikipédia

De l’insurrection à l’indépendance unilatérale

Une première révolte a éclaté le 27 décembre 1729 lorsqu’un magistrat prétend soutirer une pièce à un berger du village du Borziu sous prétexte d’impôt. Un an plus tard, la révolte paysanne est relayée par les notables.

Gênes obtient des renforts de l’empereur allemand tandis que les Corses entament la guerre avec un énergique général, Giacinto Paoli (le père du futur dirigeant corse Pasquale Paoli).

C’est alors que se réunissent à Orezza les délégués de toute l’île. Ils rejettent officiellement la souveraineté génoise et adoptent une Constitution du Royaume de Corse d’avant-garde, qui introduit la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs. 

L’assemblée se met par ailleurs en quête d’un monarque et offre la couronne de Corse au roi d’Espagne mais celui-ci la refuse. Plus volontaire, un personnage surgi de nulle part, le baron Théodore de Neuhoff, postule pour la couronne et offre sa fortune en contrepartie mais sa tentative fait long feu.

Un rêve avorté

Seuls les Anglais se montrent intéressés à aider les insurgés. C’est qu’ils veulent tirer parti de l’insurrection pour prendre pied en Corse.

Le Premier ministre français, le cardinal Fleury, riposte en apportant son aide aux Gênois en 1737.

Battus, les insurgés reprennent les armes en 1755 sous la conduite de Pasquale Paoli (30 ans), qui prend la relève de son père et soulève le peuple. Il crée un Royaume de Corse indépendant… et sans roi. Lui-même est proclamé général en chef à la consulta.

Lasse de la guerre, Gênes cède provisoirement ses droits sur la Corse à la France par le traité de Versailles du 15 mai 1768″.

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La Marseillaise dans l’Histoire

Suite de la chronique du 7 novembre 2021, 1792. Rouget de Lisle, La Marseillaise. Cabinet des dessins et estampes de Strasbourg. Source : gravures EV15 11-21. Diaporama de 31 photos (Pierre Dubois, octobre 2021).

Exposition du MAMCS de Strasbourg (5 novembre 2011 au 20 février 2022).

Années 1791-1792. 25 septembre 1791, fête de la proclamation de la Constitution française à Strasbourg. 25 avril 1792, création de la Marseillaise à Strasbourg par Rouget de Lisle. 22 juillet 1792, enrôlement de volontaires. 1792, départ du Bataillon des Marseillais. 30 juillet 1792, arrivée des Marseillais à Paris. 10 août 1792, prise du palais des Tuileries. 20 septembre 1792, bataille de Valmy.

Années 1845-1939. Artistes ayant commémoré la Marseillaise, Rouget de Lisle et le Baron de Dietrich : David d’Angers (1845), Isidore Pils (1849), Gustave Doré (après 1871), Auguste Pinelli (1875), Manufacture de Saxe (vers 1889), Jean-Jacques Scherrer (1909), Joseph Ponti (1939).

Source : extrait de la présentation de l’exposition. du MAMCS. « Lorsque le maire de Strasbourg commande en 1792 le chant de guerre à Rouget de Lisle, la guerre vient d’être déclarée aux ennemis de la Révolution française susceptibles de vouloir restaurer la monarchie. Paroles et musique sont destinées aux troupes de l’Armée du Rhin. Parvenu à Marseille, il accompagne la montée des fédérés sur Paris. Dès lors ce chant de guerre, devenu L’air des Marseillois, retentit lors des conflits menés par la France.

Plus qu’un hymne guerrier, La Marseillaise devient le chant révolutionnaire lors des fêtes civiques et retentit désormais à chaque révolution. Elle conquiert le monde et est de toutes les rébellions : dès 1793 en Amérique du Sud, en 1794 en Pologne, au XIXe siècle elle accompagne les opposants au tsar, après 1850 elle est revendiquée par les Espagnols républicains. Au XXe siècle on la chante lors de la révolution russe de 1917, elle accompagne la longue Marche de Mao. En 1989 on l’entend sur la place Tienanmen et lors de la chute du mur de Berlin.

La Marseillaise sera consacrée hymne national français en 1879/80. Au XXe siècle, elle est instrumentalisée mais n’en demeure pas moins l’expression de la démocratie française. Entre les deux guerres elle est revendiquée par le Front populaire et utilisée contre le parti communiste. Pétain tentera de la réduire au silence. Elle rassemble les résistants en France, en Espagne mais aussi dans les camps de concentration. Après-guerre, tous les partis s’en réclament »

Source : extrait de la présentation de l’exposition du MAMCS.

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Mourir à 25 ans : Marie Bashkirtseff

A. Close Up, exposition de la Fondation Beyeler (Riehen, Suisse), jusqu’au 2 janvier 2022.

« L’exposition présente des œuvres de femmes artistes dont l’œuvre occupe une position éminente dans l’histoire de l’art moderne depuis 1870 jusqu’à aujourd’hui. C’est l’époque où, pour la première fois, il devint possible à des femmes en Europe et en Amérique de développer une activité artistique professionnelle sur une large base.

Au centre de l’exposition figurent neuf artistes qui ont en commun leur intérêt pour la représentation d’êtres humains, le portrait dans ses différentes déclinaisons, et l’autoportrait.

Berthe Morisot, Mary Cassatt, Paula Modersohn-Becker, Lotte Laserstein, Frida Kahlo, Alice Neel, Marlene Dumas, Cindy Sherman, Elizabeth Peyton ».

Pourquoi le nom de Marie Bashkirtseff (1858-1884) ne figure-t-il pas dans la liste, alors que deux de ses toiles – l’Académie Julian (1881) et son autoportrait à la palette (1883) – sont exposés en salle 10 du Musée ?

Diaporama de 19 photos. Deux œuvres en détail : L’Atelier Julian, L’autoportrait à la palette.

1881. L’Atelier des Femmes ou L’Atelier Julian. « En 1877, Marie Bashkirtseff fait son entrée au secteur destiné aux élèves femmes de l’Académie Julian. Fondée par Rodolphe Julian en 1868, elle était l’unique établissement permettant aux femmes d’étudier la peinture.

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La possibilité que les jeunes filles puissent peindre la figure humaine à partir de modèles nus était difficile à assimiler pour la mentalité victorienne de l’époque. Dans cette œuvre, dont Marie n’était pas très satisfaite, elle se peint, de dos au spectateur » (en bas à droite du tableau).

1884. L’autoportrait à la palette

Quatre autres œuvres de Marie Bashkirtseff sont exposées au Musée d’Orsay (Paris).

B. Brève biographie de Marie Bashkirtseff (1858-1884) : peintre et diariste. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« Marie Bashkirtseff, née dans le Gouvernement de Poltava (aujourd’hui en Ukraine) dans l’Empire Russe, le 11 novembre 1858 et morte à Paris, le 31 octobre 1884, est une diariste, peintre et sculptrice.

Marie Bashkirtseff, née dans une famille noble et fortunée, grandit à l’étranger, voyageant avec sa mère à travers l’Europe. Elle parle couramment, outre l’ukrainien, le français, l’anglais, l’italien et le russe. Sa soif de connaissance lui fait étudier les auteurs classiques et contemporains. Elle étudie la peinture en France à l’Académie Julian, l’une des rares en Europe à accepter les femmes ».

C. Le Journal. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

« Quelques mois avant sa mort, entrevoyant, malgré les dénégations de son entourage, qu’elle est condamnée par sa maladie, la tuberculose, elle s’avise de relire son Journal, les pages écrites au jour le jour, très librement, très franchement, qui constituent son histoire.

Écrit d’abord uniquement pour elle-même, elle y ajouta une sorte d’introduction, en mai 1884 (elle mourra au mois d’octobre suivant, le 31.

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Marseille, 1720. L’abattoir et la peste

Marseille, 1720. L’abattoir et la peste. La chronique d’aujourd’hui est la seconde chronique du blog sur l’épidémie de peste de 1720 à Marseille. La première datait du 19 mai 2020 : 1720, la peste arrive à Marseille.

Bernard Carrière, ancien président de l’université Louis Pasteur, Strasbourg, m’a par ailleurs signalé l’ouvrage écrit par son père, professeur à l’Université de Provence : Charles Carrière, Marcel Courdurié, Ferréol Rebuffat, Marseille ville morte : la peste de 1720, Éditions Jeanne Laffitte, réédition 2016. Compte-rendu de l’ouvrage dans la Revue d’Histoire de la Pharmacie.

A. Extraits de Chroniques de la peste, 1720, Musée d’Histoire de Marseille.

« La peste de 1720 est la dernière grande épidémie de ce type en France. Elle se déclare à Marseille avec l’arrivée du Grand Saint-Antoine le 25 mai 1720 (navire marseillais qui revient des Échelles du Levant). Le fléau s’étend au terroir puis gagne la Provence. À Marseille, environ la moitié de la population est décimée. Trois cents ans après, il apparaît incontournable de revenir sur ce tragique évènement qui marque encore la mémoire collective.

Les trois auteurs, cités ci-dessous, ont vécu en ville durant la peste et y ont survécu.

Jean-Baptiste Bertrand (1670-1752) était un médecin marseillais célèbre en son temps et il fut l’un des fondateurs de l’Académie de Marseille. Son récit s’achève en juin 1721 et comprend des observations médicales relatives aux pestiférés qu’il a soigné. La relation de Bertrand vise à rendre une place honorable aux médecins marseillais et à contester l’action des médecins de Montpellier.

  • Bertrand (Jean-Baptiste), Relation historique de la peste de Marseille en 1720, J. Mossy éditeur, Amsterdam, 1779, 439 p. ; in-12.

Le Père Paul Giraud, Trinitaire Réformé, qui fut Ministre du couvent et Provincial de l’Ordre, a écrit la relation la plus longue et la plus détaillée. Transcrit par Fleur Beauvieux, Docteur ès Lettres, titulaire d’une thèse d’histoire relative à la peste, il sera prochainement publié.

  • Giraud (Paul), Journal historique de ce qui s’est passé en la ville de Marseille et son terroir, à l’occasion de la peste, depuis le mois de mai 1720 jusqu’en 1723, Manuscrit de la BMVR de Marseille, fonds patrimoniaux, Ms 1411, folios 144-348. 

Nicolas Pichatty de Croissainte, avocat, procureur du roi de la police, Conseil orateur de la Communauté durant la peste, publia dès 1720 un texte très bref et ultérieurement remanié par les soins du censeur royal. Cette source officielle, émanant du pouvoir local en charge de la gestion de l’épidémie, a pour but prioritaire de justifier l’action des échevins.

  • Nicolas Pichatty de Croissainte, Journal abrégé de ce qui s’est passé en la ville de Marseille depuis qu’elle est affligée de la contagion, Paris, chez Henry Charpentier et Pierre Prault, 1721.

B. Le cuir de la Tuerie, vecteur de propagation du mal.

Extraits. « La tuerie, c’est-à-dire l’abattoir de la ville, fut une source de préoccupation sérieuse durant l’épidémie. Elle était située à l’intérieur de l’enceinte urbaine, à l’ouest de la Porte de la Joliette, sur le promontoire du Cap Titol, c’est-à-dire d’une part, à proximité immédiate des bergeries par où, arrivaient du nord les moutons et, d’autre part, des tanneries et autres manufactures qui étaient le débouché de leurs sous-produits.

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1753-1765. Vernet, ports de France

« Joseph Vernet (1714-1789) s’installe à Marseille en 1753, après avoir longtemps vécu en Italie. Or, si la ville est riche et dynamique, elle est loin du rôle de capitale artistique. Vernet comprend qu’il ne saurait trouver là une clientèle suffisante. Dès juillet, il part pour Paris où, le 23 août, il est reçu à l’Académie royale de peinture ».

Source 1. Vernet. Vues des ports de France (Wikipédia).

« En 1753, Abel-François Poisson de Vandières, frère de la marquise de Pompadour, propose à Louis XV de faire réaliser par Joseph Vernet une série de tableaux illustrant les différents ports de France et glorifiant leurs richesses. Vernet reçoit ainsi commande de 24 tableaux, payés chacun 6 000 livres. Pour chaque tableau, Vernet reçoit un cahier des charges précis ; on lui demande ainsi de représenter au premier plan les activités spécifiques à la région.

La commande doit être exécutée en commençant par un tableau concernant le port de Marseille, avec la quantité considérable de bâtiments de commerce de toutes espèces et de toutes nations qui s’y trouvent continuellement.

Entre 1753 et 1765, Joseph Vernet se déplace dans dix ports : Marseille, Bandol, Toulon, Antibes, Sète, Bordeaux, Bayonne, La Rochelle, Rochefort et Dieppe. La commande reste inachevée. En 1791, Jean-François Hue, élève de Vernet, se voit confier la tâche de terminer la série : entre 1792 et 1798, il exécute une série de six tableaux sur le thème des ports de Bretagne

À leur réalisation, les quinze tableaux sont exposés à Paris au Salon de peinture et de sculpture. Joseph Vernet en fait imprimer de longues descriptions, dans un but didactique. Leur diffusion est assurée à partir de 1758 par une série d’estampes gravées par Charles-Nicolas Cochin et Jacques-Philippe Le Bas ; ces estampes rencontrent un grand succès.

Après cette commande, Joseph Vernet peut vendre très avantageusement ses marines. De fait, la liste de ses commanditaires est aussi variée et internationale que prestigieuse ; elle comprend, entre autres figures célèbres, Catherine II« .

Le 16 octobre 1753, Vernet est de retour à Marseille et se met à la tâche.

Tableau, 1754. L’Intérieur du Port de Marseille, musée national de la Marine, Huile sur toile, 165 x 263 cm.

Commentaires par l’Institut de l’Océan (Sorbonne université). Vidéo de 7 minutes 56

« Architecture du Port de Marseille. La vue est prise du haut du pavillon de l’Horloge dominant l’actuel quai des Belges. Devant, s’étale le bassin du vieux port, fermé à droite par la tour du fort Saint-Jean. Des voiliers encombrent le quai et les mâtures dissimulent la plupart des façades. Vernet a toutefois pris soin de dégager celle de l’hôtel de ville, aux frontons triangulaires et son médaillon sculpté par Pierre Puget (1620 – 1694). De l’autre côté de la passe, large de quarante mètres, se dresse la butte de la Tête de More, à l’emplacement de l’actuel parc du Pharo.

Au premier plan, plongée dans l’ombre, se situe la façade de l’arsenal des galères, véritable ville dans la ville. En réalité, il ne reste plus alors à Marseille que onze galères car, depuis 1748, Toulon détient la suprématie en matière de marine militaire.

Un port de commerce international. En revanche, Marseille demeure le premier port de commerce de France. La quantité de navires amarrés n’est sans doute guère exagérée par Vernet ; certaines années, jusqu’à deux mille bateaux de commerce transitent dans le port.

Les orientaux, qui semblent tous porter des costumes turcs, sont nettement reconnaissables. Marseille entretient d’excellents rapports avec la Sublime Porte, et détient le monopole des échanges avec les pays sous domination ottomane, de l’Égypte à la Grèce. Marseille commerce également avec les Echelles de Barbarie, c’est-à-dire la Libye et l’Afrique du Nord, ainsi que l’Italie et l’Espagne.

Les petits métiers. Sur le quai un navire débarque du blé, car la Provence, faible productrice de céréales, en importe du sud de l’Italie et du Levant. Près du bateau, un homme crible le grain. Il appartient à la corporation des gabeleurs-jurés, chargés par la ville du triage des produits pouvant contenir des impuretés.

Vernet représente d’autres métiers liés à la vie du port, comme les peseurs. Placés sous la protection royale, ils ont le droit de porter l’épée. L’un d’eux, en veste rouge, apparaît sur la gauche. Les portefaix, pieds nus, également nommés « gagne-deniers », détiennent le privilège du transport des marchandises embarquées ou débarquées.

A gauche, un homme vêtu de noir, mais portant manches de dentelles, surveille le marquage d’un ballot. A droite du groupe de turcs, un autre homme, vêtu de façon similaire, vérifie les attaches d’un paquet de toile. Ils pourraient appartenir à la chambre de commerce, laquelle jouait le rôle d’intermédiaire entre le pouvoir royal et les Échelles.

Derrière les orientaux, un homme passe, portant un thon sous le bras. La corporation des pêcheurs compte alors deux cent soixante quatre bateaux et où travaillent deux mille hommes ».

1755. Ces deux vues (extérieur et intérieur du port) sont exposées au Salon.

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