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1709. 44 évènements, 7 chroniques

L’année 1709 prend place dans la Guerre de succession d’Espagne (1701-1714). Partie 1 : 7 chroniques du blog. Partie 2 : 44 évènements de 1709.

664ème chronique d’Histoires d’universités sur le 18ème siècle. Pour chaque année, évolution des relations internationales (alliances, mariages, guerres, traités de paix, échanges commerciaux). Évènements climatiques, politiques, économiques, scientifiques, artistiques.

Partie 1. 1709, 7 chroniques du blog

1709-1778. Jean Girardet, peintre (chronique du 29 novembre 2021).

Le tombeau du peintre Jean Girardet se trouve dans l’église Saint-Sébastien de Nancy (Meurthe et Moselle). Diaporama de 24 photos. L’église construite sous le règne du duc Léopold est certainement l’œuvre majeure de l’architecte nancéien Jean-Nicolas Jennesson (1686-1755). Il a trouvé le meilleur parti architectural pour construire une église de grandes dimensions, entourée par quatre rues, tout en conservant la tour élevée en 1682.

A table ! L’art du bon goût (chronique du 3 octobre 2022). Diaporama de 25 photos sur les productions de quelques manufactures de porcelaine en Allemagne dont celle de Meissen.

L’appellation porcelaine de Saxe recouvre les productions de plusieurs manufactures allemandes de la région de Saxe à partir du début du XVIIIe siècle, selon le procédé découvert et mis au point en 1709 par le chimiste Frédéric Böttger (1682-1719). Cette porcelaine dure utilise le kaolin qui provient des mines de kaolinite situées au nord-ouest de la ville de Meissen.

Porcelaine de Vienne (Autriche) (chronique du 10 février 2023).

Elle provient de la manufacture du palais Augarten, à Leopoldstadt, dans les environs de Vienne en Autriche. Fondée en 1718 par un privilège accordé à Claude-Innocent Du Paquier, elle est la plus ancienne manufacture de porcelaine d’Europe après celle de Meissen.

La première manufacture de porcelaine en Europe, celle de Meissen, est fondée en 1709. Elle a le monopole du secret de la fabrication de la porcelaine dure.

Faiences Hannong. Petit et grand feu (chronique du 1 avril 2023).

Faïences Hannong au musée Unterlinden de Colmar. Diaporama de 43 photos. La famille Hannong s’installe à Strasbourg vers 1709 ; elle ouvre une petite fabrique de pipes en terre dans la rue du Foulon. Charles-François fait partie de la corporation des maçons. En 1718, il est nommé échevin par la corporation des maçons unie à celle des potiers.

Chambéry, peintures du 18ème. Diaporama de 31 photos (chronique du 19 juin 2023).   .

Giuseppe Zaïs (1709-1784). Né le 22 mars 1709 à Forno di Canale, il est un élève de Marco Ricci et Zuccarelli. Il est actif à Venise où il s’inscrit comme membre de la Fraglia de 1749 à 1759, et de l’académie des beaux-arts en 1774. Il suit Zucarelli dans l’exécution de paysages arcadiens en vogue à l’époque, ne trouvant son indépendance que dans quelques scènes de bataille. Son œuvre majeure reste la décoration en fresques de la Villa Pisani à Stra, avec des vues de villes italiennes et des paysages ou la fantaisie se mêle au réalisme.

Élisabeth-Charlotte d’Orléans (1676-1744), duchesse de Lorraine (chronique du 4 août 2023).

La duchesse et les Arts. 1709, la salle d’opéra. Parmi les plaisirs appréciés à la cour, le théâtre tient une place de choix : les pastorales, les comédies-ballets, les farces italiennes, mais aussi les œuvres de Corneille, Racine et Molière, ainsi que les opéras de Quinault et Lully.

Si le XVIIIe siècle fut une époque particulièrement faste pour l’histoire du théâtre en France, au début du règne de Léopold, il n’y avait ni salle de spectacle, ni artistes de métier, attachés à la cour  : une scène provisoire était installée à chaque représentation. Le duc, qui aimait profondément le faste de Versailles, décida peu après l’arrivée de Henry Desmarest de construire à côté du palais de Nancy une salle d’Opéra, inaugurée le 9 novembre 1709.

1709. La bataille de Malplaquet (chronique du 13 novembre 2023).

La Bataille de Malplaquet (11 septembre 1709). Partie 1. Victoire du Patriotisme Français. Partie 2. La bataille de Malplaquet 1709. L’effondrement de la France évité.

Partie 2. Éphéméride de l’année 1709 : 44 évènements sur Wikipédia (France, Amérique, Asie, Europe), et sur Kronobase.

Années déjà publiées sur le blog.

janvier : le gouverneur de Gand La Mothe remet la ville à Marlborough et au prince Eugène.

1 janvier : L’expédition malouine mouille dans la baie de Raheitan (Yémen). Le « Curieux » et le « Diligent », envoyés par la Cie des marchands de St-Malo arrivent à Moka (1ers bateaux français). Merveille rend visite au gouverneur Saleh el Hareby. Merveille, armateur français, et le gouverneur de Moka, Saleh el Hareby, signent un traité commercial : il autorise notamment l’exportation directe de café à un prix stable. 20 août : L’expédition française quitte Moka pour St-Malo.

6 janvier : début de la vague de froid qui touche l’Europe et particulièrement la France. C’est le début du Grand Hiver de 1709, auquel sont liées la dernière grande famine et une crise financière. La Seine gèle et la température reste inférieure à -10 degrés pendant 18 jours.

Une observation météorologique est réalisée à l’aide d’un instrument : le thermomètre de Réaumur affiche 15 degrés et un quart (soit -19°C).

11 janvier : maximum de froid à Montpellier avec -16.1°. L’étang de Thau gèle et on va sur la glace de Balaruc à Sète.

13 janvier : température record à Paris avec -23.1°. Le vin gèle dans les tonneaux, il est débité à la hache.

17 janvier : le prince Eugène et Marlborough prennent Bruges, évacuée sans combat par les troupes françaises. Le Flandre espagnole est perdue. Boufflers organise la défense de la frontière nord de la France.

20 janvier : après être légèrement remontée le 15 janvier, la température à Paris tombe à -20.4°, puis de -20.6°. Selon la Palatine, 24 000 personnes seraient mortes de froid à Paris durant le mois de janvier.

15 mars : début de la fonte des neiges, qui provoque une importante inondation de la Seine, qui rend encore impossible le ravitaillement de Paris. L’historien Marcel Lachiver estime à 100 000 la surmortalité de janvier à mars 1709 et à 630 000 le nombre total des victimes en 1709-1710. Les prix du blé sont multipliés par six dans le nord de janvier à mai, par deux dans le sud. De nombreuses émeutes de la faim éclatent en mars et avril. Point culminant de l’impopularité de Louis XIV.

27 mars. Rameau signe un contrat de 6 ans comme organiste du chapitre de Notre-Dame à Dijon, où il succède à son père Jean.

5 avril : bloqué par les rigueurs de l’hiver, Paris est approvisionné pour la première fois depuis trois mois.

19 avril : Lourenço obtient un brevet pour une « machine volante » qui peut, d’après lui, parcourir 1 km (Portugal). Il commence la fabrication de sa machine aéronautique. Une démonstration publique est prévue pour le 24 juin (jour de la fête du roi Jean V). Le roi Jean V étant malade, la démonstration de la machine aéronautique est reportée.

29 avril : le corsaire Français Jacques Cassard combat 24 heures durant devant Tabarka avec deux bateaux face à cinq navires britanniques afin de permettre le passage d’un convoi de 25 bateaux de blé en provenance de Tunisie à destination de Marseille, sauvant ainsi la Provence de la famine.

Avril : crise financière. Les billets du financier Samuel Bernard et de son associé Nicolas sont refusés à Lyon et à Marseille. La faillite provisoire de Samuel Bernard, due à la conjoncture et à l’effort de guerre, entraîne la banqueroute de la place financière de Lyon.

1er mai : ouverture des pourparlers de paix à La Haye, sans succès.

12 mai : manifeste d’Abraham Mazel qui précise son projet de soulever les protestants du Vivarais.

14 mai : édit du contrôleur général des finances Nicolas Desmarets ordonnant une refonte générale des monnaies, combinée avec une diminution des billets de monnaie.

17 mai : émeute à Caen contre un commissaire de police nommé Hébert, que la rumeur accuse d’accaparer les blés, de connivence avec l’intendant Foucault de Magny. Celui-ci, malmené par la foule, réprime vigoureusement la sédition, mais est révoqué moins de trois mois après.

28 mai : propositions de paix signées par le grand pensionnaire Heinsius, Marlborough et le prince Eugène. Restitution ou démilitarisation de Lille, Strasbourg, Dunkerque et Naples. Louis XIV devra éventuellement contribuer à chasser son petit-fils du trône d’Espagne (article 4) ; en contrepartie, un armistice lui sera accordé (article 37). Le 7 juin, Louis XIV refuse l’ultimatum et le lendemain envoie des circulaires à tous les gouverneurs de province pour leur exposer les raisons de sa conduite.

Juin : Galland est nommé à la chaire d’arabe au Collège de France.

9 juin : limogeage de Chamillart, secrétaire d’État à la Guerre. Voysin lui succède et devient ministre d’État le 12 juin.

11 juin : combat de Gilhoc entre les camisards d’Abraham Mazel et les Suisses du régiment de Courten retranchés dans l’église.

12 juin : appel de Louis XIV au peuple qui est lu dans toutes les églises du royaume. L’appel est entendu et l’effort de guerre est maintenu malgré l’urgence de la disette.

15 juin : l’intendant du Languedoc Basville et le gouverneur Roquelaure interviennent en Vivarais.

22 juin : victoire des camisards d’Abraham Mazel à La Bâtie près de Saint-Pierreville.

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1792-1815. Département Mont-Blanc

1792-1815. Le département du Mont-Blanc

Sources.

  • Visages de la Savoie par Paul Guichonnet, Maurice Morel, Henri Ménabréa, Emile Vesco, Éditions des Horizons de France, Paris, 1947, 207 pages : le 84ème département, pp. 92-93.
  • Extraits de l’article de Wikipédia.
  • Giulano Ferretti (sous la direction de), les États de Savoie, du duché à l’unité d’Italie (1416-1861), Classiques Garnier, 2019, pages 457 à 514, La Révolution et l’Empire (1792-1814).

Partie 1. Les grandes dates

« A partir de 1792, les sociétés savoyardes et piémontaises ont été confrontées à l’expansion militaire de la France, qui a fait de la péninsule italienne (Piémont et Milanais en particulier) l’un de ses terrains prioritaires.

23 septembre 1792. Entrée des troupes françaises dans Chambéry. Réactions locales : entre consentement, adaptation et refus.

27 novembre 1792. Décret d’annexion et création du département du Mont Blanc.

1796. Bonaparte avance jusqu’à Cherasco en Piémont. Victor Amédée, par le Traité de Paris, renonce à la Savoie et au comté de Nice.

28 août 1798. Formation du département du Léman avec Genève comme chef-lieu. Fin de la  république de Genève, État indépendant ayant existé de 1541, date de la ratification par le Conseil général des ordonnances ecclésiastiques de Jean Calvin, jusqu’à 1798, date de son annexion par la France, puis de décembre 1813, date de sa restauration, à mai 1815, l’État genevois devenant alors la république et canton de Genève au sein de la Confédération suisse.

17 février 1800. Perte du massif du Mont-Blanc au profit du département du Léman.

Mars 1802. Charles-Emmanuel IV signe un traité d’alliance avec la France et renonce à tous ses États de Terre ferme, quitte le Piémont, se retire en Sardaigne, revient sur sa décision puis abdique une deuxième fois, après la paix d’Amiens.

30 mai 1814. Traité de Paris : suppression du département du Léman. Genève rejoint la Confédération suisse. Chambéry et Annecy sont occupées par les troupes autrichiennes.

20 novembre 1815. Traité de Paris : suppression du département du Mont Blanc. Chambéry et Annecy sont rendues aux Sardes.

24 mars 1860Par le traité de Turin, Nice et la Savoie reviennent à la France. Napoléon III obtient ces deux territoires en récompense de son intervention militaire contre l’Autriche, aux côtés du royaume du Piémont, et en échange de l’annexion de l’Italie centrale par le Piémont.

Partie 2. Les trois périodes du département du Mont-Blanc (source : Wikipédia)

« Le Mont-Blanc est un département ayant existé de 1792 à 1815 et dont le chef-lieu était Chambéry.

La nouvelle circonscription administrative fait suite au duché de Savoie envahi en septembre 1792 et définitivement incorporé à la République française par la loi du 27 novembre, selon les vœux de l’Assemblée des Allobroges.

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La Savoie au 18ème siècle

Histoire de la Savoie au 18ème siècle.

1703. Lors de la guerre de Succession d’Espagne, le duc de Savoie Victor-Amédée II soutient le roi d’Espagne Philippe V, puis fait volte-face. Le duché ainsi que le comté de Nice sont occupés par la France en 1703.

1713. Les traités d’Utrecht mettent fin à l’occupation. Le duc de Savoie obtient la même année, en échange de son soutien aux autres puissances, le royaume de Sicile.

1720. Il échange toutefois avec la maison d’Autriche ce royaume contre celui de Sardaigne par le traité de Londres, sous la pression de la Grande-Bretagne. L’échange est effectif en 1720, à la fin de la Guerre de la Quadruple-Alliance.

Partie 2. Succession de père en fils au 18ème siècle. Source : article de Wikipédia.

« Victor-Amédée II (1666-1732) a fait preuve de nombreux talents diplomatiques, en adhérant à la Ligue d’Augsbourg, en s’alliant avec le Saint-Empire romain germanique, puis en renversant son alliance en faveur de la France de Louis XIV. Ses variations ont abouti à une importante expansion territoriale ».

« Au total, le duc Victor-Amédée II de Savoie, signataire du traité d’Utrecht, obtient en 1713 la libération des États de Savoie qui vont être évacués par les armées du roi Louis XIV. Certaines terres font leur retour à la couronne : une partie du Milanais, le Montferrat, Alexandrie et Valenza. Le royaume de Sicile fait partie en 1713 des attributions accordées, (moyennant finances), à Victor-Amédée II. Ce dernier peut désormais afficher un titre royal que la Maison de Savoie convoitait depuis longtemps.

Victor-Emmanuel II de Savoie, nouveau et éphémère roi de Sicile, échange son île de Sicile contre l’île de Sardaigne avec l’empereur Charles VI d’Autriche. La Sardaigne ayant le statut de royaume, il portera désormais le titre de Roi  de Sardaigne.

Le duc Victor-Amédée II de Savoie, prince de Piémont et nouveau roi de Sardaigne, abdique en 1730 en faveur de son fils, Charles-Emmanuel.

« Charles-Emmanuel III de Sardaigne (1701-1772) succède en 1730 à son père, Victor-Amédée II qui a abdiqué en sa faveur, le 3 septembre 1730. Le roi de Sardaigne est confronté à deux conflits : la Guerre de Succession de Pologne, puis la Guerre de succession d’Autriche« .

« Charles-Emmanuel III effectue les nouvelles réformes pour moderniser son pays. Il dote le royaume d’une armée de 30 000 hommes, et il peut ainsi se passer du concours de la noblesse féodale. Il accorde de plus en plus de pouvoirs à ses fonctionnaires, aux dépens de ceux des communautés d’habitants.

En vue d’instituer un impôt le plus juste possible, et donc le plus efficace, il met sur pied en 1728 l’immense chantier de la Mappe sarde, c’est-à-dire un cadastre à l’échelle 1:2400. De passage à Chambéry à cette époque, c’est en travaillant aux services du cadastre que Jean-Jacques Rousseau gagnera sa vie. En 1746, une monnaie papier est créée. Enfin, l’édit du 15 février 1755 permet d’uniformiser le rapport entre les différentes monnaies (or et argent), définissant désormais le titre des monnaies et un poids précis pour celles-ci dans l’ensemble du royaume.

En 1770, Charles-Emmanuel III va promulguer une nouvelle version de la Royale Constitution de 1723, mise au point par Jacques Salteur et François-Xavier Maistre, respectivement Ier président et second président du Sénat de Savoie.

L’œuvre de modernisation du royaume de Sardaigne sera prolongée par la suppression avec indemnisation des droits seigneuriaux, qui sera entreprise dès 1778 par son successeur, Victor-Amédée III. Le Royaume de Sardaigne a ainsi pris une avance de 7 ans sur l’abolition des droits féodaux votée par la France révolutionnaire lors de la Nuit du 4 août 1789« .

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Bataille de Minorque (mai-juin 1756)

Bataille de Minorque, au début de la Guerre de sept ans.

Partie 1. La bataille de Minorque ou bataille de Port Mahon. Source : extraits d’un article de Wikipédia.

Résumé. La bataille de Minorque ou bataille de Port Mahon est un affrontement naval et terrestre qui a lieu en mai et juin 1756 au début de la guerre de Sept Ans. Cette bataille oppose la France et l’Angleterre pour le contrôle de l’île de Minorque en Méditerranée occidentale.

Le combat naval, le 20 mai 1756, met aux prises l’escadre française de Toulon, commandée par La Galissonière, à celle de John Byng, arrivé de Gibraltar pour secourir l’île où vient de débarquer l’armée du maréchal de Richelieu.

La Galissonnière

Duc de Richelieu

John Byng

La retraite de l’escadre anglaise provoque le 29 juin la reddition de l’île qui va rester entre les mains de la France jusqu’à la fin de la guerre. L’opinion française considère cette victoire comme une revanche sur les attaques de la Royal Navy en période de paix.

Port Mahon Minorque 20 mai 1756 par le peintre Jean-Baptiste Martin le jeune (1700-1778)

En Angleterre, cette défaite provoque une grave crise dans la marine et le gouvernement. Elle culmine avec la condamnation à mort de John Byng et le retrait du premier ministre Newcastle en 1757 au profit de William Pitt, partisan d’une guerre totale contre la France, et qui devient l’homme fort du nouveau gouvernement britannique. La prise de Minorque sera aussi la seule victoire navale importante de la France pendant la guerre de Sept Ans.

Extraits. « Les historiens jugent aujourd’hui sévèrement cette bataille. Étienne Taillemite parle d’un « combat mollement mené de part et d’autre. Michel Vergé-Franceschi n’y voit qu’une modeste canonnade. L’affrontement, il est vrai, a été livré à bonne distance par deux chefs prudents et respectueux des manœuvres ritualisées de la ligne de bataille. Byng, sollicité pendant le combat par un de ses officiers pour tenter de s’approcher du centre français, en a rejeté l’idée – comme La Galissonière – se rappelant qu’en 1744, l’un de ses prédécesseurs, l’amiral Matthews, avait été condamné pour avoir rompu sa ligne lors de la bataille du cap Sicié (guerre de Succession d’Autriche).

Comme dans l’escadre anglaise, les Français n’ont qu’un seul vaisseau endommagé. Les pertes sont faibles : 38 morts et 184 blessés côté français, 45 morts, 162 blessés côté anglais. Quoi qu’il en soit, même si la bataille a été tactiquement indécise, la retraite anglaise offre de facto la victoire à la France : laissé sans secours, le fort Saint-Philippe est condamné, même si ses défenseurs offrent encore une belle résistance.

Au milieu des opérations militaires, on avait appris l’ouverture officielle des hostilités : le 23 mai, trois jours après le combat naval, George II avait signé l’entrée en guerre de l’Angleterre (la nouvelle de la bataille n’était pas encore arrivée dans les deux capitales). Le 9 juin, alors que le siège du fort Saint-Philippe bat son plein, Louis XV prend acte de la rupture définitive et signe à son tour la déclaration de guerre française

La Galissonière, c’est-à-dire la Marine, a rempli son rôle d’escorteur. À Richelieu – l’armée de terre – de remplir le sien, c’est-à-dire s’emparer de la forteresse Saint-Philippe, but de l’expédition.

Le fort Saint-Philippe, bien commandé par William Blakeney oppose une résistance acharnée. Il faut prendre un par un les bastions. Le 29 juin, après plus de deux mois de siège, la garnison hisse le drapeau blanc. Blakeney capitule avec les honneurs de la guerre. Les Anglais ont eu 400 morts ou blessés, les Français ont perdu 1 600 hommes, tués ou morts de maladie, et déplorent 2 000 blessés.

La Galissonnière, couvert d’éloges, reçoit la grand-croix de l’ordre de Saint-Louis avec une forte pension. Des honneurs dont ne profite guère le vieux chef. À 63 ans, sa santé, déjà chancelante avant l’expédition (les médecins lui avaient déconseillé d’embarquer), se dégrade encore. Épuisé, il renonce fin août à commander la nouvelle escadre qui vient d’être armée pour la suite de la campagne. On le réclame à la cour. Il prend la route malgré l’hydropisie qui le mine et meurt en chemin, à Montereau, le 26 octobre 1756, dans d’horribles souffrances au fond de son carrosse. Louis XV s’apprêtait à faire de lui un maréchal de France. Sa mort prive en pleine guerre la Marine royale d’un de ses chefs les plus capables ».

Michel Vergé-Franceschi, Un tricentenaire : 1693-1993. M. De La Galissonnière (1693-1756), le vainqueur de Minorque (1756), Histoire, économie & société, Année 1997, 16-1 / pp. 99-116.

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1679-1790. Des marines de guerre

L’essor des marines de guerre européennes (1670-1790), Martine Acerra, André Zysberg, Les espaces maritimes, E-book  PDF, SEDES, 1997, 298 pages.

Vaisseaux et Frégates

Partie 1. Le sujet du livre (4ème de couverture). « On connaît mieux les batailles navales et les amiraux que les ports, les vaisseaux et leurs équipages. Les deux auteurs proposent d’inverser l’approche traditionnelle de l’histoire de la marine de guerre au moyen d’une nouvelle démarche combinant le quantitatif et le qualitatif. Il s’agit de montrer le cheminement technologique, mais aussi économique et culturel, qui conduisit à l’émergence au cours des années 1650-1680, puis à l‘essor des flottes de combat dans l’Europe des Lumières.

Ces flottes sont devenues les instruments très élaborés d’une politique de prestige et de puissance au service des souverains, les vecteurs d’une véritable force de frappe déjà capable, vers 1760, d’intervenir partout dans le monde, de la mer de Chine aux Caraïbes, et du Spitzberg aux Malouines… Mais cette modernité se conjuguait avec le respect très conservateur des savoir-faire traditionnels qui remontaient aux premières navigations hauturières et aux chantiers ancestraux des maîtres d’hache.

Les problèmes de mise en œuvre des flottes et de mobilisation navale sont abordés aussi concrètement que possible : comment un vaisseau de ligne est construit et armé ; qu’est-ce que la gestion d’un port-arsenal, la logistique, le recrutement des équipages ; qu’est-ce qu’un matelot trouve dans sa gamelle, comment il travaille et se divertit. Ce livre est conçu dans une perspective largement européenne et comparative, qui propose des synthèses et des séries statistiques souvent inédites.

L’étude du développement des marines de guerre montre des convergences certaines, au plan des techniques de la marine en bois et de l’organisation de la vie à bord des grands voiliers. Elle révèle aussi des divergences et des écarts : le long duel franco-anglais, cette seconde « guerre de Cent ans », ne peut se comprendre si l’on ne possède pas les courbes et les statistiques montrant en parallèle l’évolution de la Royale et la Navy, que le lecteur trouvera réunies dans ce livre. C’est pourquoi le mot Marine s’écrit ici au pluriel : les marines« .

Partie 2. Les marines de guerre dans le dernier tiers du 17ème siècle. Source : citations du Chapitre V. Les Hommes de l’art et de la prévision (pages 121 à 132)

Entre le charpentier expérimenté du 17ème siècle et l’ingénieur mathématicien du 18ème siècle se retrace la longue intégration au service de la marine militaire d’un monde initialement indépendant et libre de toute emprise étatique (page 122).

1671 (mars). Un Conseil de construction est instauré dans chaque arsenal ; il est destiné à examiner les devis des charpentiers.

1689. Ordonnance instaurant un début de hiérarchie professionnelle dans les arsenaux. Chaque arsenal doit comprendre dans son personnel permanent un maître charpentier.

La formation pratique des charpentiers du 17ème siècle est fondée sur le lien familial et la caution professionnelle d’un aîné dans le métier… Il en résulte l’existence parfois séculaire de charpentiers qui se maintiennent dans un port ou essaiment dans l’ensemble des arsenaux.

Tels les Mallet à Rochefort. Telle la famille des Coulomb à Toulon. L’association père-fils est fréquente sur les chantiers de construction.

Pour aller plus loin : Eric Rieth, Le Livre de construction des vaisseaux du maître charpentier toulonnais François Coulomb (1654-1717), Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2002, 124-7, pp. 31-55.

La domination des dynasties de charpentiers s’accompagne de la présence imposée de maîtres charpentiers étrangers, chargés d’imprégner de leurs connaissances les pratiques locales (page 125).

1690-1714. Louis Phélypeaux (1643-1727), comte de Maurepas (1687) et de Pontchartrain (1699), secrétaire d’État à la marine de 1690 à 1699, chancelier de France de 1699 à 1714. Il repère deux constructeurs curieux et avides de connaissances, Blaise Geslain et Joseph Blaise Ollivier. Il les destine à des missions d’observation. Il fait ainsi entrer la Marine royale dans l’ère des bouleversements.

Partie 3. Les marines de guerre sous Louis XV et Louis XVI. Source : citations du Chapitre V. Les Hommes de l’art et de la prévision (pages 121 à 132).

1727, 1737, 1739. Blaise Geslain et Joseph Blaise Ollivier (1701-1746) partent espionner les marines hollandaises et anglaises. Leurs séjours sont rendus fructueux par leurs capacités à interpréter les plans, à capter visuellement des différences de carènes. Ils les amènent à proposer de nouvelles maximes de construction dont l’essentielle est la normalisation ; pour y parvenir, il faut uniformiser la formation  des charpentiers constructeurs.

Buste de Blaise-Joseph Ollivier par Yves Collet

La première forme d’uniformisation de la formation consiste à obliger les jeunes gens qui se destinent à la construction navale de se rendre de leur arsenal d’origine à celui de Brest afin de se former aux nouvelles techniques, sous la direction de Joseph Blaise Ollivier (pages 125-126).

La seconde forme sera la création d’une école.

1741. La petite École de Construction de Paris, devenue la Grande École en 1748.

L’origine de l’École remonte à 1741, date à laquelle Henry-Louis Duhamel du Monceau, inspecteur général de la Marine, créa une école à Paris destinée aux maîtres-charpentiers de marine.

Portrait de Duhamel du Monceau par François-Hubert Drouais. Posés devant lui, les Éléments d’architecture navale sont présentés comme son œuvre majeure.

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Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) est l’un des principaux représentants du style rococo français. Source principale : extraits de l’article de Wikipédia.

Peintre d’histoire, de genre et de paysages, il se spécialise assez rapidement dans le genre libertin et les scènes galantes.

Diaporama de 43 photos (13 œuvres, cartels et détails).

Musées de Besançon, de Strasbourg, du Louvre, du Petit Palais, Cognacq-Jay, Jacquemart-André.

Jean-Honoré est fils de François Fragonard, garçon gantier, et de Françoise Petit. Après la mort, à dix mois, de son petit frère Joseph, il reste enfant unique. Il quitte sa ville natale à l’âge de six ans pour s’installer avec sa famille à Paris, où se déroule la plus grande partie de sa carrière.

1745 (13 ans). Les dispositions artistiques de Fragonard sont précoces et c’est le notaire chez qui il devient clerc à treize ans qui remarque ses dons artistiques.

1746 (14 ans). Après avoir quelque temps travaillé avec Jean Siméon Chardin, il entre comme apprenti, à l’âge de quatorze ans, dans l’atelier de François Boucher. C’est grâce à lui que le jeune Fragonard affirme ses dons et apprend à copier les maîtres.

1752 (20 ans). Boucher le présente bientôt au prestigieux grand prix de peinture de l’Académie royale qu’il remporta en grâce à son tableau Jéroboam sacrifiant aux idoles.

1752-1755 (20-23 ans). Une carrière dans la peinture d’histoire lui semble alors toute tracée. Il entre ainsi durant trois années à l’École royale des élèves protégés alors dirigée par le peintre Charles van Loo.

1756-1761 (24-29 ans). Fragonard effectue son Grand Tour et part en 1756 pour l’Académie de France à Rome en compagnie de son ami Hubert Robert (un autre peintre ayant remporté le prix de Rome) et l’architecte Victor Louis. Il y résidera jusqu’au mois d’avril 1761 et y est notamment influencé par le peintre Giambattista Tiepolo et le style baroque de Pierre de Cortone,

1761-1762. Cascatelles de Tivoli (musée du Louvre). Legs du Docteur Louis La Caze. L’attribution ancienne à Hubert Robert illustre les liens entre les deux artistes qui ont parfois dessiné côte à côte dans la campagne italienne, auprès de l’abbé de saint-Non, à qui a peut-être appartenu ce tableau.

Jean-Claude Richard de Saint-Non devient, à cette époque, son protecteur et principal commanditaire. Il quitte dès lors la Ville éternelle pour la France après avoir achevé en septembre un long périple qui l’a vu traverser les villes de Florence, Bologne et Venise notamment. Il obtient un atelier au palais du Louvre où il vit et est chargé de décorer la galerie d’Apollon5.

1765 (33 ans). Son tableau Corésus et Callirhoé, commandé pour la manufacture des Gobelins pour la tenture des amours des dieux, le fait entrer à l’Académie et remporte un grand succès au Salon.

Mais, désespérant d’atteindre le premier rang dans ce genre classique, il le quitte pour des scènes de genre érotiques qui obtiennent le plus grand succès auprès de la Cour de Louis XV. Il devient bientôt le peintre à la mode, peint des paysages illusionnistes et des portraits puis des tableaux de cabinets.

1765-1770 (33-38 ans). Le triomphe de Vénus (musée des Beaux-arts de Besançon ). Fragonard s’est, à quelques reprises, essayé à la grande peinture décorative.

« Notre tondo constitue justement un témoignage exceptionnel des quelques essais menés par le peintre dans ce contexte[…], nous sommes bien là en présence d’un projet pour la décoration d’un plafond, peut-être d’une coupole. Le sujet représente un traditionnel triomphe de Vénus dans le ciel, couronnée par une Renommée, la déesse de l’amour charnel est accompagnée de putti, de suivantes et de colombes qui animent la composition. Un thème somme toute bien conforme à l’esprit de Fragonard pour une forme bien étrangère à ses habitudes picturales » (source : De Bellini à Bonnard).

1769 (37 ans). Fragonard épouse une peintre en miniature également originaire de Grasse, Marie-Anne Gérard, sœur de Marguerite Gérard. La même année naît leur première fille Rosalie (1769-1788).

Portrait de Fantaisie, autrefois identifié à tort comme un portrait de Denis Diderot.

Le temps du portrait chez Fragonard et Diderot, Anthony Wall, dans Littérature, 2013/3 (n°171), pages 88 à 101.

« En juin 2012 paraît sur le marché de l’art un dessin singulier dans lequel l’expert en tableaux Hubert Duchemin reconnaît fort heureusement la main de Jean-Honoré Fragonard. Sur une petite feuille de papier vergé comportant dix-huit croquis (la plupart d’entre eux montrant un portrait de fantaisie  déjà connu) on croirait voir l’effigie de Denis Diderot. Sous le croquis d’un personnage feuilletant un livre, Fragonard a pourtant écrit non le nom Diderot, mais celui d’un littérateur beaucoup moins connu, beaucoup moins éclatant aussi : Meusnier. En décembre 2012, Carole Blumenfeld publie un ouvrage détaillant les révélations rendues possibles par ce dessin  : outre la surprise, peut-être même la déception, de découvrir que Diderot a irrémédiablement disparu des portraits de fantaisie, nous découvrons un chapitre sur la théorie du portrait que Fragonard met en œuvre avec cette feuille-ci et, plus généralement, dans bon nombre de ses portraits peints et dessinés ».

1769 (37 ans). Portrait de l’abbé de Saint-Non, amateur d’art, dessinateur, graveur, ami de l’artiste.

L’abbé de Saint-Non (1727-1791) est l’un des plus fidèles admirateurs de Fragonard. Une étiquette ancienne, au dos de l’œuvre : portrait de Mr. l’abbé de St Non, peint par Fragonard en 1769, en une heure de temps.

1770 (38 ans). Perrette et le pot au lait (musée Cognacq-Jay). Le lait tombe : adieu, veau, vache, cochon, couvée !

« Le jupon s’envole et laisse apparaître deux jambes dénudées. Perrette, sens dessus dessous, pleure sa vertu perdue ou ses rêves de fortune. Les représentations du faux-pas, de la chute abondent au XVIIIe siècle et sont prisées pour leurs associations érotiques sous-jacentes. Le lait ainsi répandu, ce sont tous les gains liés à sa vente qui se volatilisent, représentés sous forme de nuées tourbillonnantes s’échappant de la cruche ».

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1786. Réorganisation des arsenaux

La réorganisation des arsenaux. Ordonnance du roi pour diviser les forces navales en neuf escadres. Source en ligne : Gallica BnF. Ordonnance promulguée par le ministre de la Marine de Castries le 1er janvier 1786. 5 escadres à Brest, 2 à Toulon, 2 à Rochefort.

A suivre. Chroniques et photos du blog Histoires d’universités sur l’Arsenal de Rochefort.

Partie 1. Histoire de la marine française sous Louis XIV et Louis XV. Source Wikipédia : bonnes feuilles sur la réorganisation des arsenaux.

« Tirant les premières leçons du conflit [Guerre d’indépendance des États-Unis], de Castries ordonne dès 1783, une réorganisation des arsenaux car ceux-ci ont eu du mal à suivre l’effort de guerre prolongé ».

De Castries, par Joseph de Broze

Arsenal de Brest. « Le premier concerné est celui de Brest. La guerre a mis en lumière son engorgement avec de trop nombreuses tâches à accomplir : assurer la subsistance des escadres et des matelots ; réparer en trois mois d’hiver une armée de 25 vaisseaux ; armer plus de 300 voiles. Les ingénieurs se sont aperçus qu’aucun bassin de radoub de Brest ne peut recevoir les vaisseaux à trois-ponts, voire ceux de 80 canons, sauf aux marées exceptionnelles. La répartition interne de l’arsenal n’est pas commode. Les magasins touchent à la montagne. Les quais sont trop étroits, les cales mal aérées et trop proches les unes des autres. Les services réciproques des ateliers sont constamment mêlés. Dans la perspective d’un nouveau conflit qui semble inévitable à moyen terme, il faut littéralement repenser l’arsenal de Brest, ainsi que la plupart des autres.

Les ordres du maréchal de Castries du 9 août 1783 et du 20 mars 1784 envoyés aux commandants et intendants de chaque arsenal exigent d’eux la confection d’un plan d’aménagement réglé sur les forces navales destinées à chaque base. Les plans d’aménagement et les textes qui les accompagnent révèlent une redistribution spatiale imposée par la rationalisation des procédés de fabrication et de stockage, ainsi que par un meilleur découpage des phases de production et de montage. L’arsenal est modelé, organisé en aires, terrasses, rampes, bassins où s’effectuent des types précis de travaux. L’accumulation des stocks de matières premières et d’agrès oblige à la multiplication des structures de conservation : magasins, halles, hangars, fosses. Les fonctions de construction développent le nombre de bassins, de cales, d’amarrages. L’arsenal est redessiné en fonction de la rapidité et de l’aisance du service, ainsi qu’en fonction du nombre de navires à traiter simultanément. Il devient aussi une zone de communication et de mouvements où homme, matériaux et vaisseaux doivent passer d’un point à un autre selon un ordre et un sens de circulation précis ».

Partie 2. Construction de l’Arsenal de Cherbourg. « En réalité, les plans élaborés ne sont pas immédiatement appliqués sur le terrain. Les réaménagements demandent de nombreuses années car l’Histoire, les habitudes, la géographie et les infrastructures existantes ralentissent l’évolution. C’est Cherbourg, construit à partir de 1783, qui mobilise toute l’attention du ministère et qui bénéficie d’une organisation entièrement pensée sans avoir à tenir compte du passé. Créer une grande base dans la Manche face à la Grande-Bretagne est une préoccupation centenaire depuis Vauban, Le Havre et Dunkerque étant incapables d’accueillir les gros vaisseaux à fort tirant d’eau. Après hésitation entre deux rades, celle de la Hougue et celle de Cherbourg, le choix se fixe sur cette dernière. Cherbourg est à ce moment là une modeste bourgade de pêche donnant sur une rade foraine, c’est-à-dire complètement ouverte. L’idée est de construire un arsenal donnant directement sur la mer, et non plus enfermé dans une rivière comme Rochefort ou au fond d’un goulet protecteur comme Brest.

Pour édifier l’arsenal et le protéger des attaques britanniques (comme en 1758), il faut créer un site artificiel de relâche en fermant la rade par une immense digue capable d’accueillir entre 60 et 100 vaisseaux français et espagnols. Louis XVI approuve les plans de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Louis-Alexandre de Cessart qui propose de construire 90 caissons coniques en chêne devant être immergés et placés à une soixantaine de mètres les uns des autres. Chaque caisson mesure 20 mètres de haut pour 50 mètres de diamètre à la base et doit être lesté de pierres et de moellons, relié à son voisin par des chaines et filets de fer puis complété par des amas de pierres perdues. La digue, qui doit passer à 4 km au large doit être longue elle-même de 4 km à peu près puis être garnie de batteries d’artilleries. Ce projet original, gigantesque, est estimé à 30 millions de livres, sans commune mesure avec la digue de La Rochelle imaginée par Richelieu en son temps ».

« Après des essais effectués au Havre, le premier caisson est remorqué puis coulé le 6 juin 1784 devant une foule de 10 000 personnes massées sur tout le rivage de Cherbourg, alors que la rade est couverte d’embarcation chargées d’autres spectateurs. Cette même année, de Castries vient voir les travaux. »Après des essais effectués au Havre, le premier caisson est remorqué puis coulé le 6 juin 1784 devant une foule de 10 000 personnes massées sur tout le rivage de Cherbourg, alors que la rade est couverte d’embarcation chargées d’autres spectateurs. Cette même année, de Castries vient voir les travaux.

En mai 1786, c’est au tour du comte d’Artois, frère du roi, de faire de même. En juin, c’est Louis XVI, sur proposition de Calonne, qui vient inspecter le chantier en compagnie du ministre de la Guerre et de la Marine. Le roi, qui suit avec passion le développement de sa marine voit la mer pour la première fois. Le 23 juin, Louis assiste à l’immersion du neuvième caisson en présence de l’escadre d’évolution, sous les vivats des équipages, de la foule et des salves des batteries côtières. Le roi déjeune sur la plate-forme de l’un des caissons précédemment immergé puis monte à bord du Patriote, vaisseau neuf de 74 canons aux ordres d’Albert de Rions. Il prend à bord deux autres repas et étonne les officiers par l’étendue de ses connaissances navales.

Le 24, Louis préside à la revue navale depuis le Patriote et assiste à des exercices de tir. Le 25, il inspecte la pointe de Querqueville où un fort doit s’élever puis visite à l’improviste plusieurs corvettes et frégates. L’enthousiasme populaire ne faiblit pas. Marie-Antoinette – qui n’est pas présente car elle est enceinte – décrira ce voyage comme la démarche la plus marquante que le roi ait faite pendant son règne. Dans les faits, il s’agit effectivement de l’une des dernières grandes manifestations d’attachement populaire envers Louis XVI dans les années qui précèdent la Révolution. Au comte d’Hector, commandant de la Marine à Brest qui a fait le voyage à Cherbourg, Louis annonce qu’il a l’intention de visiter tous ses ports. Les évènements vont en décider autrement ».

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1717. Assemblée des communautés

1717. Aix, Assemblée des communautés.

Partie 1. Source : Ekaterina Martemyanova, La représentation imparfaite en Provence au XVIIIème siècle, un potentiel d’innovation ? pages 193-209.

Article publié dans La représentation avant le gouvernement représentatif, Presses Universitaires de Rennes, Collection Histoire, octobre 2020, 366 pages.

Le cas d’Aix-en-Provence, garante de l’indépendance provençale et maîtresse de la représentation. Source : Bibliothèque Méjanes, pièce 4835, Lettres patentes en faveur des États de Provence, enserrées dans la lettre circulaire aux membres du corps de la noblesse, Aix, 1717, p.5.

Bonnes feuilles de l’article d’E.katerina Martemyanova, pages 193, 206 et 2007.

Diaporama de 5 photos.

Allivrement : fixation du revenu net imposable dans l’établissement de la contribution foncière, après inscription sur la matrice cadastrale et classification des parcelles (Dictionnaire Larousse)

Affouagement : dénombrement de tous les feux ou ménages, usité particulièrement en Provence, pour la répartition des impôts (Dictionnaire Littré).

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1735. Corse, 1ère indépendance

Source. Version abrégée de l’article d’André Larané, 30 janvier 1735. Déclaration d’indépendance des Corses, Hérodote.net, janvier 2020.

« Le 30 janvier 1735, une assemblée corse, la Consulta d’Orezza, rejette la domination de Gênes, qui remonte à la bataille de La Meloria (1284). Elle ébauche aussi un projet de Constitution en 22 articles, une première dans l’Histoire moderne ». Page 2 de la chronique : les 9 premiers articles

« L’initiative attire l’attention des élites de Paris mais aussi des Treize Colonies anglaises qui, à leur tour, proclameront unilatéralement leur indépendance sous le nom des États-Unis…

La République de Gênes tente de reconquérir l’île. C’est le début d’une Guerre de quarante ans. Mais sans s’en douter, les insurgés travaillent pour la France qui ambitionne de prendre pied sur l’île et d’en chasser les Génois.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir. Source. République de Gênes in Wikipédia

De l’insurrection à l’indépendance unilatérale

Une première révolte a éclaté le 27 décembre 1729 lorsqu’un magistrat prétend soutirer une pièce à un berger du village du Borziu sous prétexte d’impôt. Un an plus tard, la révolte paysanne est relayée par les notables.

Gênes obtient des renforts de l’empereur allemand tandis que les Corses entament la guerre avec un énergique général, Giacinto Paoli (le père du futur dirigeant corse Pasquale Paoli).

C’est alors que se réunissent à Orezza les délégués de toute l’île. Ils rejettent officiellement la souveraineté génoise et adoptent une Constitution du Royaume de Corse d’avant-garde, qui introduit la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs. 

L’assemblée se met par ailleurs en quête d’un monarque et offre la couronne de Corse au roi d’Espagne mais celui-ci la refuse. Plus volontaire, un personnage surgi de nulle part, le baron Théodore de Neuhoff, postule pour la couronne et offre sa fortune en contrepartie mais sa tentative fait long feu.

Un rêve avorté

Seuls les Anglais se montrent intéressés à aider les insurgés. C’est qu’ils veulent tirer parti de l’insurrection pour prendre pied en Corse.

Le Premier ministre français, le cardinal Fleury, riposte en apportant son aide aux Gênois en 1737.

Battus, les insurgés reprennent les armes en 1755 sous la conduite de Pasquale Paoli (30 ans), qui prend la relève de son père et soulève le peuple. Il crée un Royaume de Corse indépendant… et sans roi. Lui-même est proclamé général en chef à la consulta.

Lasse de la guerre, Gênes cède provisoirement ses droits sur la Corse à la France par le traité de Versailles du 15 mai 1768″.

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La Marseillaise dans l’Histoire

Suite de la chronique du 7 novembre 2021, 1792. Rouget de Lisle, La Marseillaise. Cabinet des dessins et estampes de Strasbourg. Source : gravures EV15 11-21. Diaporama de 31 photos (Pierre Dubois, octobre 2021).

Exposition du MAMCS de Strasbourg (5 novembre 2011 au 20 février 2022).

Années 1791-1792. 25 septembre 1791, fête de la proclamation de la Constitution française à Strasbourg. 25 avril 1792, création de la Marseillaise à Strasbourg par Rouget de Lisle. 22 juillet 1792, enrôlement de volontaires. 1792, départ du Bataillon des Marseillais. 30 juillet 1792, arrivée des Marseillais à Paris. 10 août 1792, prise du palais des Tuileries. 20 septembre 1792, bataille de Valmy.

Années 1845-1939. Artistes ayant commémoré la Marseillaise, Rouget de Lisle et le Baron de Dietrich : David d’Angers (1845), Isidore Pils (1849), Gustave Doré (après 1871), Auguste Pinelli (1875), Manufacture de Saxe (vers 1889), Jean-Jacques Scherrer (1909), Joseph Ponti (1939).

Source : extrait de la présentation de l’exposition. du MAMCS. « Lorsque le maire de Strasbourg commande en 1792 le chant de guerre à Rouget de Lisle, la guerre vient d’être déclarée aux ennemis de la Révolution française susceptibles de vouloir restaurer la monarchie. Paroles et musique sont destinées aux troupes de l’Armée du Rhin. Parvenu à Marseille, il accompagne la montée des fédérés sur Paris. Dès lors ce chant de guerre, devenu L’air des Marseillois, retentit lors des conflits menés par la France.

Plus qu’un hymne guerrier, La Marseillaise devient le chant révolutionnaire lors des fêtes civiques et retentit désormais à chaque révolution. Elle conquiert le monde et est de toutes les rébellions : dès 1793 en Amérique du Sud, en 1794 en Pologne, au XIXe siècle elle accompagne les opposants au tsar, après 1850 elle est revendiquée par les Espagnols républicains. Au XXe siècle on la chante lors de la révolution russe de 1917, elle accompagne la longue Marche de Mao. En 1989 on l’entend sur la place Tienanmen et lors de la chute du mur de Berlin.

La Marseillaise sera consacrée hymne national français en 1879/80. Au XXe siècle, elle est instrumentalisée mais n’en demeure pas moins l’expression de la démocratie française. Entre les deux guerres elle est revendiquée par le Front populaire et utilisée contre le parti communiste. Pétain tentera de la réduire au silence. Elle rassemble les résistants en France, en Espagne mais aussi dans les camps de concentration. Après-guerre, tous les partis s’en réclament »

Source : extrait de la présentation de l’exposition du MAMCS.

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