Quels impacts des crises sanitaires, climatiques, politiques et énergétiques (guerre en Ukraine) sur les trajectoires professionnelles des diplômés et des non-diplômés, 30 mois après leur sortie d’une formation supérieure, entreprise immédiatement après le baccalauréat ?
L’enquête CEREQ, réalisée en 2020 auprès de la Génération 2017 et dont les résultats viennent d’être publiés (partie 1 de cette chronique) ne peut apporter qu’un début de réponse (impact du 1er confinement au printemps 2020). Par contre, elle enregistre la poursuite de deux tendances de fond : la progression du nombre de sortants de l‘enseignement supérieur privé, du nombre de sortants qui ont bénéficié de l’alternance (contrat d’apprentissage ou de professionnalisation).
Par contre, les enquêtes Génération ne se sont jamais donné les moyens de mesurer l’impact des réformes organisationnelles dans le Supérieur, la dernière en date étant la création par regroupement d’établissements au sein d’un Établissement Public Expérimental.
Cette chronique comprend 5 parties. Pour aller plus loin : toutes les chroniques du blog sur l’insertion, sur la méthode des suivis de cohorte.
Partie 1. Enquête 2020 auprès de la Génération 2017. Sortants du supérieur : le niveau de diplôme
ne résume pas les trajectoires d’insertion. Fanette Merlin, Emmelie-Louise Wieru, Céreq Bref, n°426, septembre 2022. Extraits.
« Le début de carrière des jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2017 ne déroge pas à la règle : il est d’autant plus favorable que leur niveau d’études est élevé. Il varie néanmoins selon la spécificité de chaque diplôme, celle de la formation suivie et les caractéristiques des publics concernés. Pour la Génération 2017, les débuts dans la vie active se heurtent également au premier confinement, dont les effets varient alors davantage en fonction des segments d’emploi que du niveau de diplôme.
En 2017, environ 745 000 jeunes ont quitté le système éducatif et parmi eux, 59 % sont sortis d’une formation de l’enseignement supérieur. Les jeunes sortants de ces formations sans y avoir obtenu aucun diplôme représentent 22 % des sortants de l’enseignement supérieur (soit 96 701 sortants).
En 2017, trois grands niveaux de sortie rassemblent un peu plus de la moitié des sortants de l’enseignement supérieur (cf. encadré 2) : les non-diplômés de l’enseignement supérieur (22 %), les diplômés de BTS (14 %), et les diplômés de master (21 %). D’autres niveaux de sortie sont désormais marginaux : seuls 2% des sortants ont comme plus haut diplôme un DUT, conséquence probable de
la réforme LMD et préfiguration de celle du BUT. En lien avec l’élévation générale du niveau d’éducation autant qu’avec la professionnalisation de l’enseignement supérieur, 7 % seulement sortent avec une licence générale.
Quant aux spécialités, ce sont les formations de langues, lettres, sciences humaines et sociales (LLSH) et du tertiaire qui prévalent : dans l’ensemble, elles concernent 66 % des sortants de l’enseignement supérieur.
Conséquence d’une série de réformes entamée il y a trente ans et visant à faciliter l’accès à l’alternance, cette voie d’enseignement occupe désormais une place non négligeable au sein de l’enseignement supérieur, puisqu’un jeune sur cinq en est issu. L’alternance concerne particulièrement la licence professionnelle (la moitié des sortants) et le BTS (presqu’un tiers des sortants) mais ne se cantonne plus au supérieur court. Ainsi, 40 % des sortants de master économie, gestion ou AES, 31 % des sortants d’école de commerce et 20 % des ingénieurs ont quitté une formation en alternance en 2017″.
Profil des jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2017
Conclusion du Bref. « Au cours des trois premières années de vie active, le niveau de diplôme et les multiples facettes de la formation suivie (spécialité de formation, alternance ou voie scolaire, secteur
d’enseignement) ont une influence très forte sur les parcours d’insertion des sortants du supérieur. Néanmoins, ils ne suffisent pas à expliquer la dégradation des conditions de travail ressentie par les jeunes au début de la crise sanitaire. À l’exception de la situation spécifique des diplômés de la santé, celle-ci s’avère principalement liée aux modifications des modalités du travail lors du premier confinement. Cette dégradation subjective des conditions de travail s’est inscrite dans la durée pour quasiment la moitié des jeunes issus de l’enseignement supérieur l’ayant déclarée, puisqu’elle persiste encore après six mois de crise sanitaire selon 49 % d’entre eux.
Alors que les indicateurs statiques d’emploi ne restituent qu’une dimension partielle de l’insertion
des jeunes (situation à l’instant T), l’appréhension de leurs trajectoires sur trois ans rend compte de la complexité et de la non-linéarité du processus. Pour le quart des jeunes sortis de l’enseignement
supérieur en 2017, trois ans d’observation ne suffisent pas à déterminer le sens de ces trajectoires
d’insertion. Leur réinterrogation en 2023 sera l’occasion de suivre l’évolution de celles-ci six ans
après la sortie des études, et d’affiner, à travers des questions plus détaillées sur la situation familiale
et sur les diplômes obtenus en formation post-initiale, l’analyse de leurs déterminants.
Partie 2. Pour aller plus loin. Évolution de l’insertion à 3 ans des sortants de l’enseignement supérieur, de la Génération 1998 à la Génération 2010.
Partie 3. L’insertion des diplômés de master. Université Gustave Eiffel, OFIPE – Essentiel, n°20, mai 2022.
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