1774-1778. Voltaire se meurt

François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) est un écrivain, philosophe et encyclopédiste qui a marqué le XVIIIe siècle.

Musée Antoine Lecuyer, Saint-Quentin. Cliquer sur les images pour les agrandir

Sources : Extraits d’articles de Wikipédia : Voltaire (1694-1778), D’Alembert (1717-1783), Condorcet  (1743-1794). 

Voltaire par Quentin de la Tour, vers 1735

Partie 1. Correspondance secrète entre Voltaire, D’Alembert, Condorcet : 150 lettres entre 1770 et 1778, publiées par Linda Gil en 2021, chez Payot-Rivages.

Bonnes feuilles pour les lettres de l’année 1774 : diaporama de 16 photos.

1773. Depuis le début de février, Voltaire, exilé à Ferney, souffre d’un cancer de la prostate (diagnostic rétrospectif établi de nos jours grâce au rapport de l’autopsie pratiquée le lendemain de son décès). La dysurie est majeure, les accès de fièvre fréquents ainsi que les pertes de connaissance.

Le 8 mai, il informe d’Alembert : Je vois la mort au bout de mon nez. Les mictions sont difficiles. L’été 1773, des forces reviennent.

1774. Mais la crise de rétention aiguë d’urines de février 1773 le reprend en mars.

1774 (10 mai). Louis XV meurt de la petite vérole. Louis XVI lui succède.

Lettre 69 (15 juin 1774), Voltaire à D’Alembert. « Le feu roi ne voulait et ne pouvait vouloir que le bien, mais il s’y prenait mal. Son successeur semble inspiré par Marc Aurèle. Il veut le bien et il le fait ».

Lettre 71 (22 juillet 1774), Condorcet à Voltaire. « Vous savez sans doute le nomination de M. Turgot. Il ne pouvait rien arriver de plus heureux à la France et à la raison humaine. Jamais il n’est entré dans aucun conseil de monarque d’homme qui réunit à ce point la vertu, le courage, le désintéressement, l’amour du bien public, les Lumières et le zèle pour les répandre ».

Lettre 75 (28 septembre 1774), Voltaire à D’Alembert et Condorcet. « Le chevalier de La Barre (1745-1766) subit en personne son horrible supplice, et le fils du président d’Etallonde fut exécuté en effigie sous les yeux de son père qui demanda aussitôt pour lui la confiscation du bien que le jeune homme tenait de sa mère ; il garda ce bien, et n’a jamais assisté son fils. Il y a de belles âmes ».

« Ce martyr alla se faire soldat à Wesel… Le roi de Prusse lui a donné une sous-lieutenance et me l’a envoyé au mois d’avril dernier. Vous saurez que ce jeune homme est le plus sage, le plus doux, le plus circonspect que j’aie jamais vu… Je voulais lui faire obtenir sa grâce par la protection du feu roi ; celui-ci mourut au mois de mai… Je m’adressai à M. le chancelier de Maupeou (1714-1792) qui me promit la grâce, qui arrangea tout pour favoriser pleinement d’Etallonde ».

Mais aussitôt il est envoyé en exil pour Roncheroles. « Sur les conseils de Maurepas, Louis XVI renvoie Maupeou en lui retirant les sceaux le 24 août 1774, rappelle les anciens magistrats de leur exil et rétablit, deux mois plus tard, les Parlements dans leur état antérieur, anéantissant la réforme du chancelier » (chronique d’Histoires d’Universités, 15 décembre 2020, 1771. Maupéou réforme la Justice).

Dans l’affaire d’Etallonde, Voltaire perd aussi le soutien de Turgot.

1776 (13 mai). « Avec tous ces ennemis, la chute de Turgot (1727-1781) est certaine, mais il tente de rester à son poste assez longtemps pour finir son projet de la réforme de la Maison du roi, avant de démissionner. Cela ne lui est même pas accordé : le 12 mai, on lui ordonne d’envoyer sa démission. Il se retire, dès le 13 mai 1776, partant pour La Roche-Guyon au château de la duchesse d’Enville, puis retourne à Paris, où il consacre le reste de sa vie aux études scientifiques et littéraires ».

Les autres lettres de 1774 portent également sur les affaires De La Barre et Etallonde.

Pour aller plus loin : Christiane Mervaud, Voltaire et Frédéric II : une dramaturgie des Lumières, 1736-1778, compte-rendu par Desné Roland, Dix-Huitième Siècle, Année 1986, 18, pp. 532-533.

Diaporama de 4 photos.

Partie 2. 1778, La dernière année : la reconnaissance inespérée, le retour à Paris, une confession et un  enterrement rocambolesques. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Musée de la Folie Marco, Barr (67)

1778 (février). « Les nouvelles autorités font comprendre à ses amis qu’on fermerait les yeux si Voltaire  se rendait aux répétitions parisiennes de sa dernière tragédie. Après beaucoup d’hésitations, il décide de rallier la capitale en février à l’occasion de la création d’Irène à la Comédie-Française. Il arrive le 10 février et s’installe dans un bel appartement de l’hôtel du marquis de Villette.

Voltaire a la surprise de voir des dizaines de visiteurs envahir la demeure du marquis de Villette qui va devenir pendant tout son séjour le lieu de rendez-vous du Tout-Paris Philosophe ».

1778 (30 mars). « C’est le jour de son triomphe à l’Académie, à la Comédie-Française et dans les rues de Paris. Sur son parcours, une foule énorme l’entoure et l’applaudit. L’Académie en corps vient l’accueillir. Il assiste à la séance, assis à la place du directeur. À la Comédie-Française, l’enthousiasme redouble. Le public est venu pour l’auteur, non pour la pièce. La représentation d’Irène est constamment interrompue par des cris. À la fin, on lui apporte une couronne de laurier dans sa loge et son buste est placé sur un piédestal au milieu de la scène. La foule s’exclame : Vive le défenseur des Calas !

Buste de Voltaire, atelier de Jean-Baptiste Lemoyne, non daté. Musée Antoine Lecuyer

Voltaire peut mesurer ce soir-là l’indéniable portée de son action, même si la cour, le clergé et l’opinion antiphilosophique lui restent hostiles et se déchaînent contre lui et ses amis du parti philosophique, ennemis de la religion catholique ».

1778 (mars). Voltaire a 83 ans. Atteint d’un mal qui progresse insidieusement pour entrer dans sa phase finale, Voltaire se comporte comme s’il était indestructible. Son état de santé et son humeur changent pourtant d’un jour à l’autre. Il envisage son retour à Ferney pour Pâques, mais il se sent si bien à Paris qu’il pense sérieusement à s’y fixer. Madame Denis, ravie, part à la recherche d’une maison. Il veut se prémunir contre un refus de sépulture. Dès le 2 mars, il fait venir un obscur prêtre de la paroisse de Saint-Sulpice, l’abbé Gaultier, à qui il remet une confession de foi minimale (qui sera rendue publique dès le 11 mars) en échange de son absolution.

1778 (28 mars). Il écrit à son secrétaire Wagnière les deux lignes célèbres : Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, et en détestant la superstition.

1778 (à partir du 10 mai). « Malgré l’assistance du docteur Théodore Tronchin, ses souffrances deviennent intolérables. Pour calmer ses douleurs, il prend de fortes doses d’opium qui le font sombrer dans une somnolence entrecoupée de phases de délire.

La conversion de Voltaire, au sommet de sa gloire, aurait constitué une grande victoire de l’Église sur la Secte philosophique. Le curé de Saint-Sulpice et l’archevêque de Paris, désavouant l’abbé Gaultier, font savoir que le mourant doit signer une rétractation franche s’il veut obtenir une inhumation en terre chrétienne. Mais Voltaire refuse de se renier. Des tractations commencent entre la famille et les autorités soucieuses d’éviter un scandale. Un arrangement est trouvé. Dès la mort de Voltaire on le transportera comme malade à Ferney. S’il décède pendant le voyage, son corps sera conduit à destination.

1778 (30 mai). Voltaire meurt dans l’hôtel de son ami le marquis de Villette.  

1778 (31 mai). « M. Try, chirurgien, assisté d’un M. Burard, procède à l’autopsie ».

1 commentaire

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, BA. Photos, C. Ile-de-France, D. Suisse, E. Arts Lettres Langues, E. Sciences humaines et sociales

Une réponse à “1774-1778. Voltaire se meurt

  1. J’ignorais ces textes de Voltaire sur notre Turgot intendant du Limousin.

    La pomme de Lestre viendrait-elle de Leicester ?