Archives de Tag: Bibliothèques

Rousseau. Le discours rebelle

1750. Rousseau. Le discours rebelle

Prix de l’Académie de Dijon en l’année 1750 sur la Question proposée par la même Académie :

Si le rétablissement des Sciences et des Arts a contribué à épurer les mœurs.

Rousseau  répond négativement à la question et obtient le Prix. Le succès de librairie est foudroyant. Mais des flots de critiques se déversent sur l’auteur, Siècle des Lumières et Encyclopédie obligent.

Partie 1. Discours sur les Sciences et les Arts. Source : texte intégral dans Les Échos du Maquis, v. 1,0, avril 2011.

NOTE SUR CETTE ÉDITION

« Texte intégral du Discours qui valut à Rousseau le prix de l’Académie de Dijon en 1750. Le manuscrit de la version originale de ce texte a disparu. Le Discours tel qu’on le connaît est basé sur une version corrigée plus tard par Rousseau et destinée à une éventuelle édition des Œuvres complètes. Dans la Préface, l’auteur rend compte de ce qui peut distinguer cette nouvelle version de la première.

Rousseau ajoute également, lors de la réalisation de cette version corrigée, un Avertissement, qui se lit ainsi: Qu’est-ce que la célébrité? Voici le malheureux ouvrage à qui je dois la mienne. Il est certain que cette pièce qui m’a valu un prix et qui m’a fait un nom est tout au plus médiocre et j’ose ajouter qu’elle est une des moindres de tout ce recueil. Quel gouffre de misères n’eût point évité l’auteur, si ce premier livre n’eût été reçu que comme il méritait de l’être? Mais il fallait qu’une faveur d’abord injuste m’attirât par degrés une rigueur qui l’est encore plus.

PRÉFACE

« Voici une des grandes et belles questions qui aient jamais été agitées. Il ne s’agit point dans ce Discours de ces subtilités métaphysiques qui ont gagné toutes les parties de la littérature, et dont les programmes d’Académie ne sont pas toujours exempts; mais il s’agit d’une de ces vérités qui tiennent au bonheur du genre humain.

Je prévois qu’on me pardonnera difficilement le parti que j’ai osé prendre. Heurtant de front tout ce qui fait aujourd’hui l’admiration des hommes, je ne puis m’attendre qu’à un blâme universel; et ce n’est pas pour avoir été honoré de l’approbation de quelques sages que je dois compter sur celle du public: aussi mon parti est-il pris; je ne me soucie de plaire ni aux beaux esprits, ni aux gens à la mode. Il y aura dans tous les temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de leur pays, de leur société: tel fait aujourd’hui l’esprit fort et le philosophe, qui par la même raison n’eût été qu’un fanatique du temps de la Ligue. Il ne faut point écrire pour de tels lecteurs, quand on veut vivre au-delà de son siècle.

Un mot encore, et je finis. Comptant peu sur l’honneur que j’ai reçu, j’avais, depuis l’envoi, refondu et augmenté ce Discours, au point d’en faire, en quelque manière, un autre ouvrage; aujourd’hui, je me suis cru obligé de le rétablir dans l’état où il a été couronné. J’y ai seulement jeté quelques notes et laissé deux additions faciles à reconnaître, et que l’Académie n’aurait peut-être pas approuvées. J’ai pensé que l’équité, le respect et la reconnaissance exigeaient de moi cet avertissement ».

EXORDE

« Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs? Voilà ce qu’il s’agit d’examiner. Quel parti dois-je prendre dans cette question? Celui, Messieurs, qui convient à un honnête homme qui ne sait rien, et qui ne s’en estime pas moins. »Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs? Voilà ce qu’il s’agit d’examiner. Quel parti dois-je prendre dans cette question? Celui, Messieurs, qui convient à un honnête homme qui ne sait rien, et qui ne s’en estime pas moins.

Il sera difficile, je le sens, d’approprier ce que j’ai à dire au tribunal où je comparais. Comment oser blâmer les sciences devant une des plus savantes compagnies de l’Europe, louer l’ignorance dans une célèbre Académie, et concilier le mépris pour l’étude avec le respect pour les vrais savants? J’ai vu ces contrariétés; et elles ne m’ont point rebuté. Ce n’est point la science que je maltraite, me suis-je dit, c’est la vertu que je défends devant des hommes vertueux. La probité est encore plus chère aux gens de bien que l’érudition aux doctes. Qu’ai-je donc à redouter? Les lumières de l’Assemblée qui m’écoute? Je l’avoue; mais c’est pour la constitution du discours, et non pour le sentiment de l’orateur. Les souverains équitables n’ont jamais balancé à se condamner eux-mêmes dans des discussions douteuses; et la position la plus avantageuse au bon droit est d’avoir à se défendre contre une partie intègre et éclairée, juge en sa propre cause.

À ce motif qui m’encourage, il s’en joint un autre qui me détermine: c’est qu’après avoir soutenu, selon ma lumière naturelle, le parti de la vérité, quel que soit mon succès, il est un prix qui ne peut me manquer: je le trouverai dans le fond de mon cœur »…

Pages 10 et 11. « Telle est la pureté que nos mœurs ont acquise. C’est ainsi que nous sommes devenus gens de bien. C’est aux lettres, aux sciences et aux arts à revendiquer ce qui leur appartient dans un si salutaire ouvrage. J’ajouterai seulement une réflexion; c’est qu’un habitant de quelque contrée éloignée qui chercherait à se former une idée des mœurs européennes sur l’état des sciences parmi nous, sur la perfection de nos arts, sur la bienséance de nos spectacles, sur la politesse de nos manières, sur l’affabilité de nos discours, sur nos démonstrations perpétuelles de bienveillance, et sur ce concours tumultueux d’hommes de tout âge et de tout état qui semblent empressés depuis le lever de l’aurore jusqu’au coucher du soleil à s’obliger réciproquement; c’est que cet étranger, dis-je, devinerait exactement de nos mœurs le contraire de ce qu’elles sont.

Où il n’y a nul effet, il n’y a point de cause à chercher: mais ici l’effet est certain, la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection. Dira-t-on que c’est un malheur particulier à notre âge? Non, Messieurs; les maux causés par notre vaine curiosité sont aussi vieux que le monde. L’élévation et l’abaissement journalier des eaux de l’océan n’ont pas été plus régulièrement assujettis au cours de l’astre qui nous éclaire durant la nuit que le sort des mœurs et de la probité au progrès des sciences et des arts. On a vu la vertu s’enfuir à mesure que leur lumière s’élevait sur notre horizon, et le même phénomène s’est observé dans tous les temps et dans tous les lieux »….

Page 15. « Peuples, sachez donc une fois que la nature a voulu vous préserver de la science, comme une mère arrache une arme dangereuse des mains de son enfant; que tous les secrets qu’elle vous cache sont autant de maux dont elle vous garantit, et que la peine que vous trouvez à vous instruire n’est pas le moindre de ses bienfaits. Les hommes sont pervers; ils seraient pires encore, s’ils avaient eu le malheur de naître savants »…

Pages 17 et 18. « Que de dangers! que de fausses routes dans l’investigation des sciences? Par combien d’erreurs, mille fois plus dangereuses que la vérité n’est utile, ne faut-il point passer pour arriver à elle? Le désavantage est visible; car le faux est susceptible d’une infinité de combinaisons; mais la vérité n’a qu’une manière d’être. Qui est-ce d’ailleurs, qui la cherche bien sincèrement? même avec la meilleure volonté, à quelles marques est-on sûr de la reconnaître? Dans cette foule de sentiments différents, quel sera notre criterium pour en bien juger ?

Et ce qui est le plus difficile, si par bonheur nous la trouvons à la fin, qui de nous en saura faire un bon usage?

Si nos sciences sont vaines dans l’objet qu’elles se proposent, elles sont encore plus dangereuses par les effets qu’elles produisent. Nées dans l’oisiveté, elles la nourrissent à leur tour; et la perte irréparable du temps est le premier préjudice qu’elles causent nécessairement à la société. En politique, comme en morale, c’est un grand mal que de ne point faire de bien; et tout citoyen inutile peut être regardé comme un homme pernicieux en saura faire un bon usage? »

Pages 26 et 27. « Mais si le progrès des sciences et des arts n’a rien ajouté à notre véritable félicité; s’il a corrompu nos mœurs, et si la corruption des mœurs a porté atteinte à la pureté du goût, que penserons-nous de cette foule d’auteurs élémentaires qui ont écarté du temple des Muses les difficultés qui défendaient son abord, et que la nature y avait répandues comme une épreuve des forces de ceux qui seraient tentés de savoir? Que penserons-nous de ces compilateurs d’ouvrages qui ont indiscrètement brisé la porte des sciences et introduit dans leur sanctuaire une populace indigne d’en approcher, tandis qu’il serait à souhaiter que tous ceux qui ne pouvaient avancer loin dans la carrière des lettres, eussent été rebutés dès l’entrée, et se fussent jetés dans les arts utiles à la société. Tel qui sera toute sa vie un mauvais versificateur, un géomètre subalterne, serait peut-être devenu un grand fabricateur d’étoffes. Il n’a point fallu de maîtres à ceux que la nature destinait à faire des disciples. Les Vérulam, les Descartes et les Newton, ces précepteurs du genre humain n’en ont point eu eux-mêmes, et quels guides les eussent conduits jusqu’où leur vaste génie les a portés? Des maîtres ordinaires n’auraient pu que rétrécir leur entendement en le resserrant dans l’étroite capacité du leur. C’est par les premiers obstacles qu’ils ont appris à faire des efforts, et qu’ils se sont exercés à franchir l’espace immense qu’ils ont parcouru. S’il faut permettre à quelques hommes de se livrer à l’étude des sciences et des arts, ce n’est qu’à ceux qui se sentiront la force de marcher seuls sur leurs traces, et de les devancer. C’est à ce petit nombre qu’il appartient d’élever des monuments à la gloire de l’esprit humain ».

Partie 2. Autre version intégrale du Discours sur les Sciences et les Arts. Libretti, Le Livre de poche, 2021, 93 pages. Édition présentée et annotée par Jacques Berchtold.

Commentaires fermés sur Rousseau. Le discours rebelle

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, C. Bourgogne Franche-Comté, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), E. Arts Lettres Langues, E. Sciences, E. Sciences humaines et sociales

Femmes graveuses du 18ème siècle

Femmes graveuses du 18ème siècle.

Partie 1. La gravure au féminin. Partie 2. Femmes graveuses : œuvres entre 1763 et 1790. Partie 3. Ces femmes qui gravent. Féminisation d’une pratique et de son vocabulaire.

Partie 1. La gravure au féminin : une exposition pionnière à Strasbourg. Source : Musées de Strasbourg.

« Le Cabinet des Estampes et des Dessins de Strasbourg (responsable : Florian Siffer) a présenté pour la première fois (du 16 mars au 16 juin 2023) une exposition sur La gravure au féminin, panorama des femmes graveuses, XVIe – XIXe siècles, sélection de gravures sur bois, sur cuivre, lithographies ».

J’ai choisi de centrer cette chronique du blog Histoires d’universités sur les femmes graveuses du 18ème siècle (636 chroniques sur l’Histoire du 18ème siècle).

Diaporama de 45 photos (10 œuvres, cartels, détails).

« Actives d’abord grâce à leurs maris ou pères, les femmes graveuses se sont progressivement émancipées. Cet accrochage permet de découvrir certaines pionnières, comme Diana Mantuana ou la Strasbourgeoise Electrine Stuntz, probablement la première femme lithographe au monde.

Les premières graveuses se rencontrent au XVIe siècle en Italie, telle Diana Scultori, qui avait reçu un privilège du Pape pour imprimer et faisait de la gravure dite d’interprétation de dessins, de fresques ou de peintures. Sa liberté d’artiste résidait précisément dans son interprétation personnelle de l’œuvre originale. Une belle gravure sur cuivre est ici présentée, en parallèle à l’œuvre qu’elle a interprétée, et il est intéressant de jouer au jeu des Sept erreurs : l’image a été inversée, un bosquet ajouté.

Sa contemporaine Geronima Parasole venait d’une famille de graveurs. Le cabinet des estampes possède d’elle une rare gravure sur bois, d’après une grande planche de bois, de celles qui étaient fragiles. Elle aussi interprétait à loisir, ajoutant à un Combat de cavaliers d’Antonio Tempesta, du ciel, des végétaux, des éléments de musculature, des chevelures »…

Partie 2. Six femmes graveuses : œuvres entre 1763 et 1790

Angelica Catherina Kauffmann (1741-1807)

« Née le 30 octobre 1741 en Suisse) et morte le 5 novembre 1807 à Rome, est une artiste peintre autrichienne.

Elle est l’une des femmes peintres et portraitistes les plus célèbres du XVIIIe siècle. Son style est à mi-chemin entre le néoclassicisme et l’Empfindsamkeit.

 Connue pour ses portraits et ses autoportraits, Kauffmann se spécialise également dans la représentation de thèmes mythologiques.

C’est également une des premières et rares femmes peintres à avoir connu de son vivant un succès international, et l’une des plus éminentes représentantes de l’autoportrait féminin en peinture« .

1763. Suzanne et Les Vieillards.

1764. Portrait de Johann Jakob Winkelmann.

1780. Femme assise.

Marie-Rosalie Bertaud (1738-1er quart du 19ème siècle)

« Née à Paris en 1738 et morte dans les premières années du XIXe siècle, est une graveuse française.

Elle reçoit l’enseignement de maîtres en gravure que sont Pierre-Philippe Choffard et Augustin de Saint-Aubin.

1768. Les pêcheurs à la ligne.

« Devenue buriniste confirmée, elle produit avant la Révolution française, entre 1770 et 1785, pas moins de huit gravures d’après des tableaux de Claude Joseph Vernet, ses interprétations recevant alors de nombreux compliments et citations dans la Gazette de France et le Mercure de France.

Vers 1770, il est indiqué sur ces tirages qu’elle possède boutique près Saint-Germain-l’Auxerrois ».

Jeanne-Françoise Ozanne (1735-1795)

« Née le 10 octobre 1735 à Brest et morte le 2 février 1795 à Paris est une artiste graveuse française.

Elle est la sœur de Pierre Ozanne et de Nicolas Ozanne, tous deux dessinateurs de marine ; élève de Jacques Aliamet, elle est une artiste graveuse dont les œuvres représentent principalement des paysages et des animaux. Ses gravures évoquent principalement des paysages de sa Bretagne natale.

Jeanne-Françoise Ozanne reproduit notamment sur gravures les dessins de son frère Nicolas Ozanne. Elle prend part également aux cahiers de voyages et marines ».

1771. Vue prise dans le port de Dieppe.

Maria Katharina Prestel (1747-1794)

« Graveuse et peintre active à Londres. Elle se forme à l’eau-forte et à l’aquatinte auprès de Johann Gottlieb Prestel. Ils se marient en 1769, ont une fille, Ursula Magdalena Prestel, mais se séparent en 1786.

Elle part alors s’installer à Londres avec sa fille, où elle travaille pour John Boydell en réalisant des aquatintes.

La carrière de Prestel à Londres est couronnée de succès : elle produit plus de soixante-treize gravures d’après des œuvres d’artistes allemands, italiens et néerlandais. Elle est reconnue pour ses grandes gravures de paysages à l’aquatinte, dans lesquelles elle reproduit habilement les détails subtils de peintures de paysages romantiques ».

1782-1785. La Sainte Famille.

Marie-Catherine Riollet (1755-1788)

« Née rue Zacharie à Paris, fille d’un maître-tailleur, Marie-Catherine Riollet est graveuse à l’eau-forte et au burin. Son frère est Joseph Riollet, orfèvre rue Saint-Louis. Elle signe ses travaux Mlle Riollet. Elle fournit des planches pour des catalogues de particuliers, comme par exemple le Cabinet de M. Poullain (1780-1781), interprétant des tableaux de maîtres anciens (Jean Raoux, David Teniers, Jan Wijnants).

Elle a travaillé sous la direction de François-Denis Née d’après des dessins de J. Daubigny pour les Voyages pittoresques de la France (vers 1779-1780). Elle exécute le frontispice et les vignettes du recueil poétique d’Alix et de Mlle Dormoy, Les quatre âges de l’homme (Moutard, 1784) d’après Gois.

Elle épouse en troisièmes noces le graveur Jacques Firmin Beauvarlet le 9 juillet 1787 mais elle meurt l’année suivante ».

Le mauvais riche, d’après David Teniers Le jeune. Interprétation de la parabole de Lazare.

Marie Cosway (1760-1838)

« Née le 11 juin 1760 à Florence et morte le 5 janvier 1838 à Lodi, est une artiste peintre et graveuse, musicienne, active entre l’Italie et l’Angleterre.

« Elle a exposé à la Royal Academy à Londres.

1781, Maria Hadfield épouse Richard Cosway, miniaturiste connu. Ensemble, ils réunissent une fameuse collection d’art, La collezione Maria e Richard Cosway.

1790 (vers). Portrait de femme

Proche de David, elle a eu une carrière officielle remarquable.

1812. Elle fonde à Florence un collège pour filles anglaises ; il devient en 1830 l’Istituto delle Dame inglesi.

Elle installe ensuite son institution dans le nord de l’Italie, à Lodi.

Elle achète un couvent dans lequel elle s’établit avant qu’il n’abrite l’ordre religieux de la Dame anglaise.

Elle y meurt en 1838″.

Partie 3. Ces femmes qui gravent. Féminisation d’une pratique et de son vocabulaire.

Source : article de Rémi Mathis dans Nouvelles de l’Estampe,  24/6, 2 à 21.

Commentaires fermés sur Femmes graveuses du 18ème siècle

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, AF. Histoire 16-17èmes siècles, AH. Histoire 19-20èmes siècles, BA. Photos, D. Italie, E. Arts Lettres Langues, E. Mobilité internationale

Mme de Warens et J.J. Rousseau

Mme de Warens (1699-1762) et Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

Diaporama de 55 photos (juin 2023). La maison et le jardin des Charmettes (à 2,5 kms de Chambéry).

Partie 1. Rousseau et Mme de Warens aux Charmettes (maison construite en 1660). Source : ville de Chambéry.

« Une maison isolée au penchant d’un vallon fut notre asile, et c’est là que dans l’espace de quatre ou cinq ans j’ai joui d’un siècle de vie et d’un bonheur pur et plein (Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, 10e promenade).

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), philosophe, écrivain et musicien, souvent présenté comme un des pères de la Révolution Française avec son fameux Contrat Social, décrit Les Charmettes comme là où  commence le court bonheur de sa vie.

En 1728, il fugue de la ville de Genève où il est né. A Annecy, à peine âgé de 16 ans, il rencontre Madame de Warens. Celle-ci, divorcée, deviendra vite sa protectrice et marquera à jamais la vie du jeune homme en assurant son éducation.

Rousseau verra en elle une figure maternelle (il l’appelle d’ailleurs Maman et elle, Petit). Elle aura une grande influence sur lui. En effet, elle lui donnera une éducation sentimentale et le fera se convertir au catholicisme.

De 1736 à 1742, Jean-Jacques Rousseau et Madame de Warens vivront ensemble dans la maison des Charmettes. De son passage dans cette maison, il dira dans son livre VI des Confessions : Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire que j’ai vécu.

La période aux Charmettes a été pour l’auteur non seulement des années de plaisirs simples et de temps adonné à ses passions, un lieu où il se définit comme libre mais aussi là où il a constitué la base indispensable à son œuvre, la phase d’enseignement pure et essentielle qui donnera ensuite lieu à la critique et donc à l’écriture.

C’est aux Charmettes que Rousseau, suivant sa propre méthode de travail, créera son magasin d’idées pour se révéler quelques années plus tard aux yeux du monde à travers l’Émile, le Contrat Social, ses Confessions ou encore son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».

Autre source : article de Wikipédia sur les Charmettes.

« Jean-Jacques Rousseau et Madame de Warens découvrent vraisemblablement la maison de Monsieur Noëray à l’automne 1735. Ils y passeront au moins deux étés ensemble, 1736 et 1737. Deux autres séjours aux Charmettes se dérouleront durant l’hiver 1738-39, et les six premiers mois de l’année 1742. Mais Jean-Jacques est seul. Il étudiera beaucoup pour mûrir sa pensée :

En lisant chaque auteur, je me fis une loi d’adopter et de suivre les idées de chacun sans y mêler les miennes ni celles d’un autre. Je me dis : commençons par me faire un magasin d’idées, vraies ou fausses, mais nettes, en attendant que ma tête en soit assez fournie pour pouvoir les comparer et choisir.(…) Insensiblement je me sentis isolé et seul dans cette même maison dont auparavant j’étais l’âme, où je vivais pour ainsi dire à double. Je m’accoutumai peu à peu à me séparer de tout ce qui s’y faisait, de ceux mêmes qui l’habitaient, et pour m’épargner de continuels déchirements, je m’enfermais avec mes livres, ou bien j’allais soupirer et pleurer à mon aise au milieu des bois. Je sentis que la présence personnelle et l’éloignement de cœur d’une femme qui m’étaient si chère irritaient ma douleur, et qu’en cessant de la voir je m’en sentirais moins cruellement séparé (Les Confessions, livre VI).

Pour éloigner Jean-Jacques de Chambéry, Madame de Warens lui dénichera une place de précepteur à Lyon. Puis Rousseau gagnera Paris où il présentera, en 1742, un nouveau système d’annotation musicale, mis au point à Chambéry.

Partie 2. Madame de Warens (1699-1762). Source : extraits d’un article de Wikipédia.

« Françoise-Louise de la Tour, également connue sous les noms de Madame de, née le 31 mars 1699 à Vevey, en Suisse, et morte le 29 juillet 1762 à Chambéry, est une aristocrate suisse, manufacturière, prospectrice de filons miniers, épistolière, espionne et libertine.

Commentaires fermés sur Mme de Warens et J.J. Rousseau

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, C. Rhône-Alpes Auvergne, E. Agriculture, E. Arts Lettres Langues, E. Mobilité internationale

Chambéry, peintures 15 au 17ème

Chambéry, Musée des Beaux-arts, peintures du 15 au 17ème siècle

Diaporama de 38 photos (juin 2023) : 9 œuvres, cartels, détails.

Partie 1. Histoire du Musée. Source : extraits de l’article de Wikipédia.

Lire aussi. Monique Dacquin, le Musée des Beaux-arts, une construction laborieuse, Société des amis du Vieux Chambéry, BNF Gallica, texte en ligne.

« Propriété de la commune, le musée des Beaux-arts est installé au cœur du centre-ville dans le bâtiment de l’ancienne halle aux grains, complètement rehaussé en 1889 par l’architecte François Pelaz.

Le bâtiment Grenette. Cette halle aux grains, était située le long des remparts médiévaux de la cité ducale et bordée par la Leysse, rivière qui se jette dans le lac du Bourget. Désaffectée dès le XIXe siècle, elle servit de lieu de vote lors de la Réunion de la Savoie à la France. Le bâtiment fut transformé dans les années 1880 en musée-bibliothèque. Rénovés entre 2009 et 2011, les espaces ont retrouvé un caractère architectural très identifié, exploitant la diversité des trois étages : les piliers sous voute du rez-de chaussée, les éléments métalliques de type Eiffel du premier étage et les généreuses verrières du deuxième étage.

Le musée des Beaux-Arts de Chambéry doit sa collection à une succession de legs de collectionneurs privés. À l’origine, l’abbé de Mellarède fait don, par testament, de toute sa collection personnelle, ce qui constitue la somme des premières œuvres visibles au musée.

Par la suite viennent s’ajouter les dons et legs du baron Garriod, un collectionneur savoyard établi à Florence qui fait don d’environ 250 œuvres parmi lesquelles se trouvent la Vierge à l’Enfant, œuvre maniériste de Pier Francesco Foschi et le Portrait de jeune homme attribué à Domenico Veneziano.

Le peintre et académicien Benoît Molin (1810-1894) a dirigé le musée à partir de 1850.

Après le musée du Louvre, le musée des Beaux-arts de Chambéry possède la seconde plus grande collection de peintures italiennes présentes en France, avec notamment des œuvres du Trecento, du Quattrocento et de la Renaissance, et des œuvres maniéristes et baroques, de l’école florentine, de l’école napolitaine et de l’école siennoise, de l’école bolonaise. Le développement des collections italiennes est notamment dû à la dation Daille, en 1980, qui a permis l’entrée dans le musée de la collection de primitifs siennois de l’écrivain français Paul Bourget.

Le parcours chronologique permet au visiteur d’évoluer à travers différents mouvements de l’histoire de l’art – Primitifs, Renaissance, Maniérisme, Baroque, Néoclacissisme – et de découvrir différents genres: peinture religieuse, historique, portraits, paysages ».

Partie 2. Peintures du 15ème au 17ème siècle. Source principale : plate-forme pop.culture.gouv

Jacquelin de Montluçon (Bourges, vers 1463-1505). Le martyre de Sainte Catherine (1496-1497), panneau double face.

« L’empereur Maxence, désespéré d’impuissance, déchire ses vêtements; à côté de lui, un homme vêtu de noir, au beau visage passif, se désigne lui-même de la main : peut-être s’agit-il du donateur? L’artiste s’est représenté coiffé d’un bonnet de peintre, à droite dans le fond du tableau, l’œil fixé sur la sainte impassible, agenouillée au premier plan, tout près de la roue qui éclate et déchiquette ses bourreaux. Catherine porte sur la tête une couronne d’or fleurdelisée et est vêtue d’une superbe robe de brocart recouverte d’un justaucorps de velours garni d’hermine ».

Jan Van Dornike (1470-1527). L’Adoration des Mages, vers 1520. Cartel du musée.

Stefano Pieri (Florence, 1542-1629). Déposition de croix, vers 1587

« Le tableau de Chambéry a été identifié grâce à une autre version conservée au Musée des Offices, qui porte un monogramme et la date 1587. Elle est très semblable à celle de Chambéry, les principales différences étant la position du bras droit de la Vierge et la présence supplémentaire, dans le fond, de deux visages masculins. Proche d’une déposition de Santi di Tito conservée au musée de Minneapolis ».

Santi di Tito (1536- 1603). Crucifixion, vers 1595.

« Le thème choisi est celui de la crucifixion. Nous sommes le Vendredi Saint, il est trois heures de l’après-midi : c’est l’instant de la mort du Christ qu’indique l’éclipse. Il porte déjà sur son côté droit la plaie faite par le coup de lance. La Vierge est présentée debout, les mains jointes. Elle est vêtue d’un manteau vert sur une robe rouge et porte un voile blanc. Devant elle, saint Jean, vêtu de rose, est agenouillé. Marie-Madeleine, tout en enlaçant la croix, essuie de ses cheveux les pieds du Christ. Elle porte un manteau rouge sur une robe verte. A droite de la représentation saint François de Paule a les mains croisées et prie. Il s’appuie sur un bâton. En arrière plan, on aperçoit une ville sensée être Jérusalem mais qui ressemble fortement à San Miniato al Monte, près de Florence, d’où proviendrait le tableau. A. Matteoli croit en effet reconnaître le couvent des Olivetains, l’église et le palais crénelé, ainsi que le campanile reconstruit en style roman dans la première moitié du XVIe siècle ».

Commentaires fermés sur Chambéry, peintures 15 au 17ème

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, AF. Histoire 16-17èmes siècles, AI. Art médiéval et moderne, BA. Photos, C. Rhône-Alpes Auvergne, D. Italie, E. Arts Lettres Langues, E. Ingénierie, Architecture, E. Mobilité internationale

Olympe de Gouges (1748-1793)

La bande dessinée du réel, une nouvelle forme de journalisme ? Exposition à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg jusqu’au 25 juin 2023. 

Catel & Bocquet, Olympe de Gouges, Casterman, roman graphique, septembre 2021, 488 pages.

Diaporama de 16 photos

Partie 1. Biographie. Source : article de Wikipédia.

Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, née le 7 mai 1748 à Montauban et morte guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris, est une femme de lettres, devenue femme politique. Elle est considérée comme l’une des pionnières françaises du féminisme.

Rédactrice en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civils et politiques des femmes (partie 2) et de l’abolition de l’esclavage des Noirs (partie 3).

Partie 2. DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE. Source : Gallica.

Femme de lettres et femme politique, Olympe de Gouges est considérée comme une pionnière du féminisme. Très investie dans la révolution française, elle rédige en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qu’elle adresse à la reine Marie-Antoinette, en écho à celle de 1789. Elle lutte pour l’émancipation de la femme, pour la reconnaissance de sa place sociale et politique. Elle milite également pour l’abolition de l’esclavage. Proche de Condorcet, elle rejoint les Girondins en 1792. Condamnée par le Tribunal révolutionnaire, elle est guillotinée le 3 novembre 1793.

« À décréter par l’Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature.

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer dans une déclaration solemnelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.

En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits suivans de la Femme et de la Citoyenne.

La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et impreſcriptibles de la Femme et de l’Homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et sur-tout la résistance à l’oppression.

Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les loix de la nature et de la raison.

Les loix de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n’est pas défendu par ces loix, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.

La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personellement, ou par leurs représentans, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, & sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, & détenue dans les cas déterminés par la Loi. Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse.

La loi ne doit établir que des peines strictement & évidemment nécessaires, & nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes.

Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la Loi.

Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la Loi.

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfans. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l’avantage de tous, & non pour l’utilité particulière de celles à qui elle est confiée.

Pour l’entretien de la force publique, & pour les dépenses d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.

Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes, ou par leurs représentans, la nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l’admission d’un partage égal, non-seulement dans la fortune, mais encore dans l’administration publique, et de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt.

La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration.

Toute société, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation, n’a pas coopéré à sa rédaction.

Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés ; elles ont pour chacun un droit inviolable et sacré ; nul ne peut en être privé comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité ».

 

Postambule. « Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste t-il donc ? La conviction des injustices de l’homme ».

« La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinent, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être Suprême.

Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir. Passons maintenant à l’effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société ; et puisqu’il est question, en ce moment, d’une éducation nationale, voyons si nos sages Législateurs penseront sainement sur l’éducation des femmes.

Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis ; elles commandaient au crime comme à la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l’administration nocturne des femmes ; le cabinet n’avait point de secret pour leur indiscrétion ; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat, cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à l’ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé ».

Partie 3. Olympe de Gouges : sa lutte contre l’esclavage. Source : Théâtre de I’Odéon

« Il aura fallu plus de deux siècles, alors qu’en 2014 le président François Hollande suggérait son entrée au Panthéon, pour qu’on reconnaisse à Olympe de Gouges la dimension de pionnière de l’égalité des droits, elle qui rédigea en septembre 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Mais elle n’est peut-être pas encore assez connue pour sa lutte contre l’esclavage.

Issue de la bourgeoisie aisée de Montauban, Olympe de Gouges arriva à Paris après la mort de son mari, et fréquenta aussitôt les salons littéraires. Elle commence alors à écrire, en particulier des pièces de théâtre, et monte sa propre troupe.

Indépendamment de son théâtre politique qui fut joué dans des théâtres privés à Paris et en province pendant la Révolution – comme L’Homme généreux, dénonçant l’aspect déplorable du peuple –, la pièce qui rendit célèbre Olympe de Gouges est L’esclavage des Noirs, ou l’heureux naufrage, qu’elle avait donné en lecture à la Comédie-Française en 1785 sous le titre de Zamore et Mirza, ou L’heureux naufrage.

La pièce narre l’histoire de l’esclave Zamore qui, après avoir tué l’intendant qui avait tenté de violer sa fiancée Mirza, subit les pires brimades. Le propos en est clair : dénoncer les conditions de vie faites aux esclaves dans les colonies. L’auteure espère éveiller la bienveillance de l’opinion publique sur ces victimes de la cupidité. Pour la première fois dans l’histoire du théâtre, elle choisit comme personnages principaux des esclaves noirs et multiplie dans sa pièce, tant au niveau des décors, des costumes, des maquillages que des figurants, les notes qui donnent une véritable couleur locale à la représentation.

La pièce n’a cependant été jouée sur la scène du nouveau théâtre des Comédiens Français (devenu Théâtre National en juillet 1789 − l’actuel Odéon) qu’en décembre 1789, il y a tout juste 230 ans, et ce malgré l’insistance de l’auteure auprès des comédiens, et les modifications et adoucissements qu’elle avait apportés au texte publié dans l’intervalle, enrichi d’une préface dénonçant clairement l’esclavage et prônant l’égalité entre tous les individus : Réflexions sur les hommes nègres« .

Commentaires fermés sur Olympe de Gouges (1748-1793)

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, C. Outre-Mer, E. Droit et Sciences politiques

De Boissieu (1736-1810), graveur

Jean Jacques De Boissieu (1736-1810), un graveur lyonnais génial.

2 décembre 2022. Visite guidée du fonds De Boissieu au Cabinet des Dessins et des Estampes de Strasbourg par Aude-Marie Fritz, médiatrice au musée des Beaux-arts, et Florian Siffer, responsable du CDES.

Prochaine visite guidée : janvier 2023.

Diaporama de 44 photos (œuvres, cartels, détails).

Jean Jacques de Boissieu, autoportrait, 1796

Partie 1. Des prédécesseurs de De Boissieu : le comte de Caylus (1692-1765) et Edme Bouchardon (1698-1762) : un dessinateur et un graveur. Chronique d’Histoires d’universités (30 septembre 2020), Estampes 1737-1746. Les cris de Paris.

« Les Cris de Paris. La veine populaire, âpre et parfois à la limite de la caricature, adoptée par les artistes bolonais, fait place dans les Cris de Paris gravés d’après les dessins d’Edme Bouchardon (1698-1762) à une vision plus empreinte d’humanité. Chroniques sur Bouchardon.

Le comte de Caylus (1692-1765) est le graveur et l’instigateur de cette série, la plus ambitieuse du genre, qui regroupe cinq suites de douze estampes, publiées entre 1737 et 1746. Conjuguant observation et bienveillance à l’égard du petit peuple parisien de l’Ancien Régime, Bouchardon se garde des conventions pour rechercher au contraire le naturel des postures ».

Partie 2. Jean Jacques de Boissieu (1736-1810), un graveur lyonnais génial. Source : extraits d’un article de Wikipédia et présentations lors de la visite guidée.

« De Boissieu est un dessinateur, graveur et peintre, né le 30 novembre 1736 à Lyon. Il est le fils de Jacques de Boissieu, médecin. Il mourra à Lyon le 1er mars 1810.

Jouissant de son vivant d’un grand renom en France comme en Europe, surnommé par certains le Rembrandt français, il est considéré comme un des fondateurs de l’École lyonnaise de peinture.

Il se spécialise dans les portraits, les paysages et scènes de la vie quotidienne de la région lyonnaise. Son style se rattache, par son souci du réalisme, à l’école hollandaise.

1758 (22 ans). Très jeune, De Boissieu aurait cherché à imiter les tableaux que possédait son aïeul maternel. Il publie six feuilles de croquis à l’eau-forte : Livre de griffonnements inventés et gravés par de Boissieu.

1760. Il est en relations de correspondance avec le graveur Jean-Georges Wille. Il produit des eaux-fortes, des dessins d’une grande acuité aux crayons et des lavis. Avec des portraits expressifs, il a dessiné des paysages, soit au crayon (mine de plomb, sanguine, pierre noire), soit au lavis. Son œuvre gravée se compose de 140 planches.

1760. Vue du pont de la Guillotière à Lyon (aquarelle).

1761-1764. Boissieu parfait son éducation artistique par un séjour à Paris où il fréquente les artistes Claude Joseph Vernet, Claude-Henri Watelet« .

1763. Desmarest, Inspecteur des manufactures de la généralité de Limoges découvre dans l’Auvergne la même espèce de pierre (basalte), aussi en prismes réguliers, avec les mêmes détails curieux qu’on admirait comme un phénomène unique dans le Pavé des Géants (Irlande). De Boissieu  réalise deux  planches pour l’Encyclopédie de Diderot.

« 1765-1766 (30 ans). Boissieu part faire le traditionnel Grand Tour en Italie en compagnie de son protecteur François XII Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld. Les deux compagnons séjournent à Rome, Gênes, Naples, où Boissieu dessine dans les musées et surtout d’après nature.

Revenu à Lyon, il poursuit son œuvre artistique avec grand succès : Goethe collectionne ses œuvres (chroniques du blog sur Goethe). Le frère du roi de Prusse vient visiter son atelier.

1767. Claude-Henri Watelete acquiert un lot d’eaux-fortes de Rembrandt qu’il admirait, et s’en inspire pour graver ses propres estampes.

Des connaisseurs d’art ouvrent leurs cabinets et galeries à de Boissieu et lui permettent de copier les tableaux de leur collection de son choix ».

1770-1772. Plusieurs portraits.Vieillard au front chauve (1770)

Commentaires fermés sur De Boissieu (1736-1810), graveur

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, BA. Photos, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), C. Rhône-Alpes Auvergne, D. Italie, E. Arts Lettres Langues, E. Mobilité internationale

Saverne, la Régence épiscopale

Partie 1. Saverne, siège de la Régence de la principauté épiscopale.

Celle-ci compte plus de 200 villages, regroupés sous l’autorité administrative de 20 baillis. Chaque maillon de l’administration fait l’objet d’une description (cf. Partie 2. La désignation d’un garde-chasse au XVIIIe siècle).

Cliquer sur les images pour les agrandir

Octave Meyer, La régence épiscopale de Saverne, 1935

Reproduction d’un dessin de F.P. Barbier représentant Saverne et le parc du château vers 1760. Source, Cabinet des Estampes et des Dessins de la ville de Strasbourg

Partie 2. La désignation d’un garde-chasse au XVIIIe siècle

Philippe Jéhin, professeur d’histoire au lycée Bartholdi à Colmar et chargé de cours à l’Université de Haute Alsace. Source : livre d’or de la chasse en Alsace, Strasbourg, Nuée bleue, 2008, en collaboration avec Gilbert Titeux

« A l’automne 1721, un garde-chasse est désigné pour les villages d’Eguisheim et de Wettolsheim, mais celui-ci éprouve quelques difficultés à obtenir les gratifications d’usage. A l’extinction de la lignée des comtes d’Eguisheim en 1225, l’évêque de Strasbourg entre en possession de la ville d’Eguisheim et du village voisin de Wettolsheim qu’il conserve jusqu’à la Révolution.

Il en est donc le seigneur territorial, représenté par un bailli qui réside au château d’Eguisheim, au cœur de la ville, jusqu’en 1752. Eguisheim et Wettolsheim possèdent un finage varié et giboyeux dominé par les silhouettes des Trois Châteaux. Leur territoire s’étire de la plaine occupée par les champs de céréales, à la montagne couverte de forêts, en passant par les collines sous-vosgiennes consacrées au vignoble.

Commentaires fermés sur Saverne, la Régence épiscopale

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, BA. Photos, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), E. Droit et Sciences politiques

Sorbonne Nouvelle a, à la peine

Sorbonne Nouvelle a, à la peine. De Censier à Nation, peines en chaine.

Chroniques du blog Histoires d’universités sur Sorbonne Nouvelle. La plus ancienne de ces chroniques (mars 2011) : Sorbonne nouvelle en photos. Les photos ? Elles sont disparues en 2015 quand Picasa a été arrêté pour céder la place à Google Photos.

Chacune des 5 parties de la chronique débute par un bref commentaire de ma part.

Partie 1. Une adresse Google pour le site de l‘université

  • Mon commentaire. C’est à ma connaissance la première emprise visible de Google, entreprise privée, sur une université publique. Je n’ai pas trouvé trace de contrat entre Google et Sorbonne nouvelle. Cette association « innovante » ne ternit-elle pas l’image de l’université ?

Le campus Nation en dates

Cliquer sur les images pour les agrandir. L’architecte

Le campus en chiffres

Le campus, Plan général

  • Commentaires. Une surface importante pour la Bibliothèque Universitaire ; Sorbonne Nouvelle n’est-elle pas, depuis 2010, membre fondateur du Campus Condorcet et de son Grand Équipement Documentaire ? Comment les collections sont-elles réparties entre les deux sites ?
  • des bâtiments d’enseignement (C) adossés au Restaurant Universitaire. Sorbonne Nouvelle, université des cultureset des odeurs culinaires de tous les pays ?

Partie 2. La Sorbonne Nouvelle en danger : la présidence est responsable. Le campus Nation est trop petit. Blog de la CGT FERC Sup Paris3, 8 juillet 2022.

Mon commentaire. La CGT a eu raison avant les autres parties prenantes. Le problème est qu’elle est de plus en plus rarement entendue.

« Le campus Nation est trop petit : depuis plus de 8 ans, la CGT le dit et le redit (voir nos communications envoyées dès 2013 sur ce sujet). La direction de l’université a persévéré dans le déni toutes ces années (“Ça passera, ça rentrera”). Le comparatif avant/après (Censier + autres sites/Nation) avait pourtant été fourni au président par le secrétaire du CHSCT dès le début de son mandat. Peine perdue.

Maintenant, ça y est, nous y sommes. D’un coup, en juin-juillet, la révélation, ils découvrent ce qui leur avait été répété depuis des années : le campus Nation est trop petit ! Il n’y a pas assez de salles de cours.

Mais il est trop tard… Alors quoi ?

Eh bien, on n’a qu’à supprimer des cours, en faire passer un tas d’autres en distanciel, décrète brutalement l’équipe présidentielle, alors que le mois de juillet est déjà bien entamé, que les emplois du temps ont souvent été achevés à marche forcée au gré d’injonctions contradictoires, fluctuantes et toujours urgentes, que les chargé·es de cours ont été recruté·es et leurs cours casés sur des horaires fixes, que les services des enseignant·es ont été établis »…

Lire la suite…

Partie 3. Sorbonne-Nouvelle quitte le Quartier latin, sur fond de polémique, Jessica Gourdon, Le Monde, 19 juillet 2022.

  • Mon commentaire. Le Monde ne mâche pas ses mots : « climat social fortement dégradé. Projet datant de 9 ans et plusieurs fois reporté. La rentrée s’annonce houleuse. Bombe à retardement ».

« Sur son nouveau campus, l’université n’a pas assez de salles pour tous ses cours. Elle jongle pour établir les emplois du temps, dans un climat social fortement dégradé.

Censier, clap de fin. Cet été, l’université Sorbonne-Nouvelle quitte définitivement ses bâtiments du Quartier latin, amiantés et à bout de souffle. Elle vient d’emménager sur un campus tout neuf, près de la place de la Nation. Enfin ! Neuf ans que ce projet, reporté à plusieurs reprises, avait été annoncé par le ministère de l’enseignement supérieur.

En septembre, les 17 000 étudiants de cette université parisienne (anciennement Paris-III), connue pour ses formations en langues, civilisations, théâtre et cinéma, franchiront les portes de ce bel ensemble vert-jaune-bleu tout en courbes et trapèzes, conçu par l’architecte Christian de Portzamparc.

Mais la rentrée s’annonce houleuse : le nouveau campus, bien que de surface équivalente à l’ancien, ne dispose pas d’assez de salles pour tous les cours prévus. Une partie de l’espace a été absorbée par la salle de spectacle et par le restaurant du Crous, dont l’ancien site était dépourvu. De fait, l’établissement comptera, à la rentrée, une trentaine de salles en moins.

La bombe à retardement avait été signalée depuis plusieurs années par les syndicats. « A mon arrivée, j’avais aussi signalé à ma tutelle que le compte n’y était pas », abonde Jamil Dakhlia, le président de l’université. Il fallait toutefois « faire avec ». Alors, la direction a réussi à produire des simulations certifiant que « tout rentrait », grâce à une optimisation de l’utilisation des locaux et des emplois du temps – avec des cours le samedi et le soir jusqu’à 21 heures. Mais ces estimations ne prenaient pas en compte tous les paramètres, notamment que certains cours ne pouvaient pas avoir lieu en même temps, car s’adressant aux mêmes étudiants »…

La suite : seulement pour les abonnés

Partie 4. Petite histoire du site historique qui jouxte le Campus Nation

Article de Sylvie Chalaye, Institut de Recherche en Études Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle.

  • Mon commentaire. Une analyse de la Révolution à sens unique, qui se limite à la période de la Terreur. Ne fallait-il pas d’abord mentionner la date du 4 août 1789 : abolition des privilèges et des droits féodaux, triomphe du principe d’égalité devant la loi ? … Qui a validé cet article réducteur et qui ne permet aucune droit de réponse ?

Commentaires fermés sur Sorbonne Nouvelle a, à la peine

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, AA. Universités : billets d'humeur, C. Ile-de-France

7% de Samouraïs à la fin du 18ème

Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, exposition Samouraïs. Guerriers et Esthètes (jusqu’au 13 juillet 2022).

Diaporama de 46 photos (16 œuvres, notices, détails).

Page 1 de la chronique : Brève histoire des Samouraïs du 12ème au 19ème siècle.

Page 2. Des Samouraïs Esthètes : Katsukawa Shunshō (1726-1792), Tōshūsai Sharaku, actif de 1794 à 1795, Hokusai Katsushika (1760-1849).

Cliquer sur les images pour les agrandir

Le Japon. Avènement des Tokugawa. Source : extraits de l’article de Wikipédia sur les Samouraïs au 2ème millénaire :

« 12ème siècle. Après leur victoire, les Minamoto fondèrent en 1185 un nouveau régime politique à Kamakura dans les provinces orientales… Le chef de ce régime, le Shôgun, fut reconnu par l’empereur comme seul responsable de l’ordre militaire et policier…

14ème et 15ème siècles. Le Shogunat se déplaça à Kyoto vers 1336 et s’installa en 1378 définitivement dans le quartier de Muromachi…. Cette structure bicéphale qui réunit l’est et l’ouest du Japon correspond à une alliance entre la noblesse de la cour de Kyoto, les grands monastères bouddhistes et les grands vassaux guerriers du shôgun… Cette alliance fonctionna  avant son délitement avec les guerres seigneuriales d’Ônin (1467-1477) et laissant place à une franche anarchie politique.

16ème, 17ème et 18ème siècles. Avec la pacification de la Période Edo, la fonction combattante des guerriers diminue et ceux-ci deviennent des fonctionnaires.

Armure du 18ème siècle

Ils vont laisser le côté guerrier pour les cérémonies, et commencer à s’intéresser aux arts (surtout l’écriture). Néanmoins, probablement pour se redonner de la valeur, des règles très strictes sont codifiées, sous le nom de bushido (voie du guerrier, mise en place dès le 16ème siècle). Le suicide rituel du seppuku — aussi connu sous le nom de hara-kiri (littéralement : ouvrir le ventre) — devra être interdit à certaines périodes par le shogun (seigneur militaire du Japon).

En effet, pour sauvegarder son honneur, un samouraï devait se faire seppuku s’il arrivait malheur à son maître, à sa famille, ou simplement s’il avait fait une faute grave, son seigneur pouvait lui commander à n’importe quel moment le seppuku s’il ne s’estimait pas satisfait. Ce rite provoquait parfois des ravages dans les rangs des samouraïs.

À la fin du 18ème siècle, les samouraïs représentent environ 7 % de la population japonaise« .

  • John Whitney Hall and alii, The Cambridge History of Japan : Volume 4 : Early Modern Japan, Cambridge University Press, 1991, 831 pages. Lire en ligne.

Demi-masque et gorgerin pour protéger la partie basse du visage et la gorge (18ème siècle)

« 19ème siècle. La période des Tokugawa amène un certain renfermement du Japon sur lui-même, peu ouvert aux pays étrangers. Cet isolement prend fin avec l’intervention du commodore Matthew Perry qui force le pays à s’ouvrir au commerce extérieur à partir de 1854. Des changements majeurs surviennent alors, avec notamment la reprise en main du pays par l’empereur.

La restauration de Meiji en 1867 entraîne avec elle toute une série de mesures. Les samouraïs sont également frappés par les réformes. Ils sont privés du droit d’usage exclusif des noms de famille, de porter le sabre, et de tuer les roturiers sous prétexte de manque de respect » (suite page 2).

Commentaires fermés sur 7% de Samouraïs à la fin du 18ème

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, AF. Histoire 16-17èmes siècles, BA. Photos, E. Arts Lettres Langues, E. Sciences humaines et sociales

Campus Condorcet : la Cour accuse

L’Établissement Public Campus Condorcet, Cour des comptes, 27 janvier 2022.

« Annoncé en septembre 2009, le projet de création d’un campus consacré aux sciences humaines et sociales (SHS) devait être l’instrument de la relance de cette discipline en France. L’établissement public Campus Condorcet (EPCC), souvent présenté comme le pendant de l’opération Paris-Saclay, est le résultat d’un projet partenarial regroupant onze établissements, écoles, universités et organismes de recherche.

Le Grand équipement documentaire (GED) a, lui, été conçu comme une plateforme documentaire et numérique mutualisée de niveau international, dont la vocation était de fédérer l’ensemble.

Or, la Cour relève que la mise en service de cet établissement public fait aujourd’hui face à des difficultés majeures : son mode de fonctionnement (entre coopération, mutualisation et coordination) n’a pas été défini précisément, et sa capacité à appuyer les chercheurs dans leurs travaux – outre l’accès aux équipements qu’il leur offre – reste à développer.

Le risque est grand que cet établissement, bien en deçà des attentes initiales, soit réduit à un rôle de gestionnaire d’un projet immobilier à ce jour inachevé ».

Je note pour ma part que les 11 établissements :

  • n’ont pas la même localisation : aucun n’a son siège sur le Campus d’Aubervillers. La majorité des présidences se situent dans Paris intra-muros.
  • n’ont pas le même statut. Parmi eux, 5 universités qui ne peuvent sélectionner à l’entrée, qui subissent les faiblesses structurelles d’un premier cycle hypertrophié.
  • n’ont pas la même offre de formation (offre couvrant les trois cycles ou seulement deux) et donc les mêmes besoins documentaires. Le GED ne peut remplacer les BU de proximité, les BU disciplinaires sur chacun des campus de chaque établissement. Par ailleurs, les revues SHS (tout au moins leurs numéros anciens) sont en Open source ; idem pour Google Books.
  • et surtout n’ont pas les mêmes objectifs du point de vue des coopérations avec d’autres. Par exemple l’École Pratique des Hautes Études affiche sur sa page d’accueil son appartenance à l’élite, l’université Paris Sciences Lettres…
Cliquer sur les images pour les agrandir

Retour sur les deux chroniques publiées en décembre 2021 par Histoires d’Universités.

4 décembre 2021, Campus Condorcet, un chaos durable

« Le Campus Condorcet Paris-Aubervilliers (Cité des sciences humaines et sociales) a été créé par le décret n° 2017-1831 du 28 décembre 2017 relatif à l’organisation et au fonctionnement de l’établissement public.

Le projet date en fait de 2008. Le chaos d’aujourd’hui a demandé beaucoup de temps pour se mettre en place. Surprenant !

Deux parties dans cette chronique. Revendications des personnels et préavis de grève. Le Campus : le projet stratégique, les 11 établissements, les instances (conseil d’administration, comité de site), le rapport d’activité 2020″.

16 décembre 2021, Condorcet. GED ouvert 2 jours par semaine

« Poursuite du mouvement social au Campus Condorcet. Le communiqué du SNPTES aborde la question du GED. Vous avez dit GED ? GED = l’acronyme insensé de Grand Équipement Documentaire. Pourquoi pas BNSHS, comme  BNF, BNUS

Le constat est partagé, il manque 40 Emplois Équivalent Temps Plein. Le GED est le joyau des SHS en France, il se doit d’être ouvert 5 jours / 5 jours. Les chefs d’établissements doivent rendre d’ici cette fin de semaine une copie avec un nombre significatif de postes offerts au GED pour garantir cette ouverture. Les profils de postes restent à définir à ce stade… 20 postes GED et 5 en support. Ce sont des conditions sine qua pour réussir à ouvrir plus de 2 jours par semaine !

Par comparaison, la BNUS Strasbourg est ouverte 7 jours sur 7, 80 heures par semaine.

Rapport de la Cour des comptes, L’Établissement Public Condorcet. Le risque d’échec d’une grande ambition pour les sciences humaines et sociales, Rapport public thématique, Janvier 2022, 111 pages.

Sommaire

Liste des 9 recommandations de la Cour des Comptes : lire page 2.

Commentaires fermés sur Campus Condorcet : la Cour accuse

Classé dans AA. Universités : billets d'humeur, C. Ile-de-France, E. Sciences humaines et sociales