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Joseph II, empereur de 1765 à 1790

Joseph de Habsbourg-Lorraine, puis Joseph II, né le 13 mars 1741 à Vienne et décédé le 20 février 1790 dans la même ville, était un Empereur du Saint-Empire Romain Germanique de 1765 à 1790. Source : extraits de l’article de Wikipédia. Lire aussi : François Fejtö, Joseph II, Un Habsbourg révolutionnaire, Librairie Académique Perrin, 1982, 384 pages.

« Joseph  était le fils aîné de François de Lorraine et de Marie-Thérèse d’Autriche. De ses deux mariages, il n’eut pas d’enfant qui ait survécu ».

« Il est élu empereur des Romains à la mort de son père en 1765 et devient corégent des possessions héréditaires des Habsbourg d’Autriche dont il hérite en 1780, à la mort de sa mère ».

« Joseph II se montra un souverain moderne et réformiste. Mais ses réformes, trop rapides, n’ont été ni comprises ni acceptées par ses sujets. Il s’allia à la Prusse et à l’Empire russe pour dépecer la Pologne (1772) et faillit déclencher une guerre européenne en 1778 en voulant s’emparer de la Bavière. Il tenta d’influencer la politique étrangère de la France grâce à sa sœur Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI. Il essaya également de démembrer l’Empire ottoman en s’alliant à l’Empire russe ».

« Baptisé par un historien d’empereur révolutionnaire, l’œuvre réformatrice de Joseph II est énorme : il publia plus de 6 000 décrets et 11 000 lois en 10 ans. Elle touche tous les domaines. Sitôt maître absolu, il voulut imposer ses réformes en commençant par mettre fin à cette république de femmes qu’était la cour et il renvoya ses deux sœurs Marie-Anne et Marie-Élisabeth dans leurs couvents. D’abord religieuses, inspirées de l’Aufklärung, les réformes politiques consistaient à soumettre l’Église à l’État : réduction du nombre de séminaires, suppression de congrégations et d’ordres contemplatifs jugés inutiles, tolérance à l’égard des chrétiens non catholiques… Ces réformes inquiétèrent si fortement le Saint-Siège que le pape Pie VI fit en personne le voyage depuis Rome pour inciter l’empereur à revenir sur ses intentions.

Il achève de démanteler l’arsenal juridique dédié à la magie noire et la sorcellerie en 1787, achevant l’œuvre entamée par sa mère Marie-Thérèse dès 1740 avec le décret spécifiant que toutes les affaires de sorcellerie relèvent uniquement de la juridiction impériale. En 1766, ce décret avait été renforcé par une Ordonnance générale sur l’attitude à adopter.

Parmi les autres réformes entreprises par ce roi inspiré par l’esprit des Lumières, il faut citer sa réforme territoriale de l’administration, la création d’un statut de la fonction publique réservée aux titulaires de titres universitaires et non plus à la noblesse du royaume, une réforme totale de l’enseignement imitée de Frédéric II, l’instauration d’un mariage civil, la suppression des jurandes, l’abolition du servage et des monopoles de vente seigneuriaux, la possibilité du rachat des corvées, l’accession à la propriété des paysans en tenure.

La réforme la plus audacieuse pour l’époque fut l’institution d’un impôt de quotité (par tête) payable par tous les propriétaires, sans exception, et basé sur un cadastre général. Joseph II entreprend par là de supprimer les privilèges de la noblesse et du clergé. Cette réforme passe généralement comme inspirée par les idées fiscales de la physiocratie et Joseph est parfois même qualifié par les historiens d’empereur physiocrate. En réalité, il mène des réformes principalement mercantilistes et connaît assez mal les théories des physiocrates.

Par ses réformes, il sème le trouble dans la monarchie habsbourgeoise. Ses successeurs reviendront sur la plupart d’entre elles, profitant de son décès le 19 février 1790, d’autant que la Révolution française inquiète de plus en plus l’élite autrichienne et que s’amorce une réaction contre les événements parisiens.

Menant une vie austère et sans fastes, voyageant incognito sans protocole, Joseph II, souverain absolutiste et réformateur, est un exemple parfait de despote éclairé. D’ailleurs, il était admiré par les physiocrates, partisans du despotisme légal.

Il mourut en 1790, à quarante-huit ans, dans la tristesse, sans postérité, incompris, ayant fait l’unanimité contre lui ».

Faute de descendance, il a été suivi sur le trône par son frère Léopold II, jusque-là grand-duc de Toscane. Il ne sera empereur qu’un an et 6 mois. Son fils aîné lui succédera : FRANÇOIS II (1768-1835) empereur germanique (1792-1806), puis FRANÇOIS Ier empereur d’Autriche (1804-1835).

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Tutelle financière royale à Toulouse

Dans la seconde moitié du 18ème siècle (sous Louis XV et Louis XVI), la tutelle financière royale est exercée par le Contrôleur général  des finances, qui a rang de ministre : Machault d’Arnouville (1745-1754), Terray (1769-1774), Turgot (1774-1776).

Comment s’articulent la tutelle royale et les pouvoirs municipaux (le Capitoulat) et provinciaux (États du Languedoc, Parlement) ? Cette chronique apporte des premiers éléments de réponse.

Partie A. La tutelle royale est relayée par l‘Intendant dans chacune des provinces.

Intendants du Languedoc

La résistance à une pression fiscale accrue peut être menée par la ville siège des États (Toulouse ou Montpellier), par les États (de Languedoc en l’occurrence), voire par le Parlement siégeant à Toulouse

Le trésorier de la ville est l’interlocuteur de l’Intendance.

Partie B. Toulouse et la tutelle financière royale au XVIIIe siècle : l’exemple d’une résistance (1688-1789), article de Mathieu Soula, Annales du Midi, Année 2007, 119-259, pp. 309-338. Article en ligne.

« Au cours du dernier siècle de l’Ancien Régime, la monarchie tente de rationaliser la pratique budgétaire des villes et des communautés dans l’espoir d’optimiser l’acquittement des impôts royaux, en s’appuyant prioritairement sur les intendants. Mais, à Toulouse, elle se heurte à la résistance des capitouls, jaloux de leurs prérogatives financières et peu enclins à accepter le contrôle de leur pratique budgétaire. La mainmise de l’intendant dépend surtout du degré de soumission du trésorier de la ville à son autorité. Ce rouage essentiel de l’administration capitulaire est ainsi, tout au long du XVIIIe siècle, l’enjeu d’une lutte de pouvoir à laquelle se mêle aussi le Parlement, créé au XVème ».

Bonnes feuilles de la 3ème partie de l’article (1748-1789). Une soumission négociée. Un consensus dans le choix des trésoriers (pages 331 à 338).

Début des Bonnes feuilles. « De 1748 à la Révolution, Toulouse n’a connu que deux trésoriers : Cominihan jusqu’en 1761, puis Prévost de Fenouilhet.

Leur nomination a chaque fois été l’occasion pour le pouvoir central de réaffirmer sa tutelle financière. À l’annonce de la prochaine démission d’Antoine Costos, le comte de Saint-Florentin (1705-1777) écrivit à l’intendant pour lui recommander Cominihan, homme qui a été subdélégué de l’intendance, avec une grande distinction, un grand nombre d’années sous M. de Bernage, plusieurs fois chef du Consistoire, et dans toutes les situations où il s’est trouvé, il a toujours été regardé comme un homme à talents et qui joignait à la probité et au désintéressement une capacité non commune.

Protégé par un ministre, estimé par l’ancien intendant, bon connaisseur de l’administration capitulaire pour avoir été capitoul à de nombreuses reprises (en 1719, 1728, 1739, 1740) et chef du Consistoire, Cominihan apparaissait comme l’homme idoine à une reprise en main des finances de la ville par le pouvoir central. Le Nain accéda naturellement à la requête du comte de Saint-Florentin et écrivit aussitôt aux capitouls pour leur demander de le nommer trésorier.

Joseph de Cominihan était issu d’une ancienne famille noble de Toulouse. Son arrière-grand-père, Mathieu de Cominihan, était receveur payeur général des gages. Il y eut plusieurs Cominihan avocats et docteurs en droit aux XVe et XVIe siècles, mais aussi trésoriers généraux aux XVIIe et XVIIIe siècles »…

Partie C. Le capitoulat toulousain à l’époque moderne.

« Le capitoulat de Toulouse est la forme d’administration communale qui a dirigé la ville de Toulouse aux périodes médiévales et modernes, de 1147 à 1789. Les magistrats de la ville étaient les capitouls, élus chaque année par les différents quartiers (ou capitoulats) de la ville, afin de constituer le conseil municipal ou Consistoire ».

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Présider durant 2/3 de sa vie active

Président durant les 2/3 de la vie active ?

Par arrêté en date du 6 avril 2022, Gilles Roussel a été nommé membre et président du Comité éthique et scientifique de la plateforme Parcoursup (chronique : En finir avec Parcoursup ?)

Gilles Roussel, né en 1968, a été élève à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm (1988-1992), et a obtenu son doctorat en informatique en 1994. De 1994 à 2007 (durant 13 ans), il a été enseignant-chercheur à temps plein et a exercé en fin de période la responsabilité de directeur du laboratoire d’informatique de l’université de Marne-la Vallée. Il a été promu professeur en 2004 (à l’âge de 36 ans).

Il a été 8 ans président de l’université de Marne-la-Vallée (élu en 2012 après avoir été vice-président depuis 2007). 4 ans président de la Conférence des Présidents d’université (décembre 2016 à décembre 2020). Depuis janvier 2021, il est président de l’université Gustave Eiffel, pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois ; il était seul candidat à cette fonction.

Billet d’humeur. Gilles Roussel, vice-présidences et présidences en continu de 2007 (39 ans) à 2031 (63 ans) ? A cet âge, il devra encore trouver une noble tache pour ne pas devoir retourner faire le professeur devant les étudiants de 1er cycle. Se faire attribuer un poste de membre Senior à l’Institut Universitaire de France, pour une période de 5 ans ?

Je n’ai guère d’empathie pour le président Roussel et pour ses collègues qui construisent une très longue trajectoire administrative analogue à la sienne, dans le cadre de la création d’un EPE, Établissement Public Expérimental.

Est-il concevable qu’un enseignant-chercheur, recruté ces dernières années entre 25 et 35 ans, puisse demeurer à la tête d’un établissement de plusieurs dizaines de milliers d’étudiants et de plusieurs milliers d’enseignants et de BIATSS pendant les 2/3 de sa vie active ?

Comment en finir avec ces présidents quasi à vie ? Diminuer drastiquement la longueur des mandats (deux ans de vice-présidence et deux ans de présidence). Pas de réélection possible. Les présidents ne sont pas des Directeurs généraux des services ; ils n’en ont pas les compétences.

Les universités n’ont pas besoin de présidents technocrates, bureaucrates, beaux-parleurs, thuriféraires de leur ministre de tutelle, prisonniers enfermés dans leur tour d’ivoire, déconnectés du terrain, assassins de la démocratie universitaire.

J’ai vu à l’œuvre Gilles Roussel sur le terrain de l’université de Marne-la-Vallée, pendant ma dernière année universitaire (2007-2008). En 2007, il était déjà vice-président. Nous étions collègues, en dépit de la différence d’âge (24 ans).

En mai 2022, Gilles Roussel est patron de l’université Gustave  Eiffel et il a du temps libre : il a accepté de faire le président de CESP Parcoursup.

Je l’imaginais plutôt prendre du temps pour aller visiter chacun des campus de formation de Gustave Eiffel, les 5 campus métropolitains et les 7 implantations secondaires.

En janvier 2009, j’ai commencé à faire le blogueur d’Histoires d’Universités. Gilles Roussel : entre 2009 et 2022, aucune autre personnalité de l’enseignement supérieur et de la recherche n’a fait l’objet d’autant de chroniques de ma part. Quelques dizaines, dont les trois suivantes. Elles sont critiques : un blog doit voir les verres à moitié vides plutôt que les verres à moitié pleins.

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Qui succédera à P. Mutzenhardt ?

Pierre Mutzenhardt a été élu président de l’université de Lorraine une 1ère fois en mai 2012, une 2nde fois en mai 2017. Toutes les chroniques d’Histoires d’universités sur Pierre Mutzenhardt. Photos.

« De nouvelles élections des conseils centraux de l’Université de Lorraine ont eu lieu mardi 5, mercredi 6 et jeudi 7 avril 2022 sur la plateforme en ligne.

Le 23 mai 2022, sera élu le nouveau président de l’Université. Seuls les 30 administrateurs participent à son élection : 20 membres du CA élus (dont 4 étudiants élus le 24 mars 2021) ; 10 personnalités désignées : 7 par les directeurs de collégium et de pôle scientifique, 3 par la Région Grand Est, l’Eurométropole de Metz et la Métropole du Grand Nancy ».

Les résultats des élections de 2022 aux Conseils centraux

Ils sont publiés sur Factuel, le Journal d’information en ligne.

Ils ne sont en aucun cas des procès verbaux réglementaires, distincts selon les trois collèges électoraux (2 pour les enseignants, 1 pour les personnels BIATSS). L’opacité de Factuel sur les résultats explique mon choix d’en faire un Billet d’humeur.

Certes, présenter également les résultats selon les deux grands sites géographiques (Nancy et Metz) aurait attiré l’attention sur les tensions passées et présentes entre les deux métropoles lorraines.

Les PV réglementaires doivent exister mais ils ne sont pas accessibles au commun des mortels. Le service d’authentification fait barrage. Pourquoi ?

Le monde économique, le monde politique, les citoyennes et les citoyens ne sont-ils pas sommés régulièrement de se mobiliser davantage pour l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation ?

Sur Factuel : « 6 920 électeurs étaient appelés à voter (personnels administratifs, enseignants, chercheurs et enseignants-chercheurs). Près de 60 % des personnels ont participé à ce scrutin. L’Université de Lorraine, avec son statut de grand établissement (décret du 22 septembre 2011), renouvelle ses conseils tous les 5 ans ».

Ce taux moyen de participation (près de 60% des personnels) est faible. Il l’est d’autant plus  que le scrutin a duré 3 jours et qu’il s’est déroulé sur une plate-forme en ligne. Il cache en fait des différences importantes de taux de participation dans les collèges enseignants (A et B) et BIATSS. Dans les universités, ce sont les enseignants et chercheurs de rang A (professeurs et directeurs) qui votent le plus (des scores de plus de 75% voire 80% sont banals). Qu’en a-t-il été chez les rangs A de Nancy et de Metz ?

Sur Factuel. « Dans le cadre de ces élections universitaires, les personnels de l’Université de Lorraine ont élu les nouveaux représentants du Conseil d’Administration, du Conseil Scientifique, du Conseil de Formation, Conseil de la Vie Universitaire, Sénat Académique.

Les résultats des élections au scrutin de liste avec répartition des sièges restant à la représentation proportionnelle au plus fort reste des membres du Conseil d’Administration :

  • La liste Avec Hélène Boulanger, pour une Université de Lorraine Solidaire, Ambitieuse et Responsable soutenue par SGEN-CFDT obtient 7 sièges sur 30 ;
  • La liste Confiance 2022 portée par Christophe Schmitt, candidat à la Présidence de l’université obtient 3 sièges ;
  • La liste UL-Ensemble avec Jean-Marc MARTRETTE obtient 2 sièges ;
  • La liste ESPOIR- Enseignement supérieur public ouvert, inclusif et rassembleur soutenue par CGT FERC Sup, SNESUP, SNASUB, SNCS, SUD-Education obtient 2 sièges ;
  • La liste EQUILIBRE obtient 0 siège ;
  • La liste SNPTES obtient 1 siège ;
  • La liste PERSONNELS BIATSS, MOBILISONS-NOUS pour ne plus être les 50% d’oubliés de l’université de Lorraine soutenue par UNSA ITRF BIO – A&I UNSA – SNIES UNSA EDUCATION obtient 1 siège ».

Deux candidats à la succession du Président Pierre Mutzenhardt

Christophe Schmitt (la liste qui le soutient a obtenu 3 sièges au Conseil d’administration), Hélène Boulanger (7 sièges au CA).

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Campus Condorcet. Balaudé écarté

Vendredi 1 Avril 2022, Jean-François Balaudé, Président de l’Établissement Public Campus Condorcet, a adressé un courriel à tous les personnels : Nouvelles concernant les instances de l’EPCC.

Décret n° 2017-1831 du 28 décembre 2017 relatif à l’organisation et au fonctionnement de l’établissement public Campus Condorcet :

  • Article 6. Le conseil d’administration comprend huit personnalités qualifiées désignées de façon paritaire entre le nombre d’hommes et de femmes par le président de l’établissement après avis des autres membres du conseil.
  • Article 8. Le président de l’établissement public est élu à la majorité absolue des membres en exercice du conseil d’administration parmi les administrateurs, sur proposition des établissements et des organismes membres, pour un mandat de quatre ans. Il ne peut pas exercer plus de deux mandats consécutifs.

Décret no 2021-1315 du 8 octobre 2021 relatif à l’établissement public Campus Condorcet dans le cadre de la loi no 2020-1674 du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à
2030.

  • S’agissant de sa gouvernance, l’établissement public Campus Condorcet est administré par un conseil d’administration et dirigé par un président, lesquels sont assistés par un conseil scientifique.
  • Le président de l’établissement, suppléé par un directeur général dans l’exercice de la fonction d’ordonnateur, est désormais nommé par décret pris sur le rapport des ministres de tutelle ;
  • ces derniers siègent au conseil d’administration
  • et désignent les personnalités qualifiées siégeant au conseil d’administration.

Point très important : un changement décisif concernant la liste des personnalités qualifiées : celles-ci ne sont plus désignées par le président de l’établissement après avis des autres membres du Conseil d’administration mais par les ministres de tutelle. Une centralisation étonnante qui va à l’encontre d’une autonomie minimale de l’établissement.

Partie 1. Deux extraits du courriel du Jean-François Balaudé. Chroniques d’Histoires d’universités sur l’ancien président de l’université Paris-Nanterre.

Paragraphe 1 du courriel. « Dans le nouveau cadre statutaire de l’EPCC, le CA est constitué d’élus, de représentants des membres, de représentants institutionnels, de personnalités qualifiées désignées par le ministère, et de 2 représentants de l’État« .

Paragraphe 4. « Bien que cette liste de Personnalités qualifiées ne soit pas encore stabilisée, j’ai été informé que je n’en ferais pas partie. Par conséquent, mon mandat en cours s’achèvera le jour où le nouveau président sera nommé par décret ».

Commentaire. Pour être élu président de l’EPCC, il faut être administrateur (sur ce point, le décret de 2021 ne change pas celui de 2017). Le président actuel de l’EPCC ne peut être futur administrateur qu’en tant que personnalité qualifiée. Il dit qu’il a été informé qu’il ne figurerait pas dans la liste de ces personnalités.

Il est donc privé d’une possibilité de réélection à la présidence du campus Condorcet sans que l’on sache ce que les ministres de tutelle lui reprochent. La démocratie universitaire n’est plus qu’un ersatz ; la clique des princes et consorts étend sa toile asphyxiante.

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Rennes Université : la désunion

Rennes Université (projet UNIR) : la désunion institutionnalisée. En conclusion de cette chronique : les deux tentatives de regroupement d’établissements, au niveau de la Bretagne (en 2007), puis au niveau de la Bretagne et des Pays de Loire (en 2016) !

David Alis, né le 7 mars 1968, professeur de sciences de gestion, est réélu, en juin 2020, président de l’Université de Rennes 1. pour la mandature 2020-2024. Le président sortant a été réélu au premier tour de scrutin à la majorité absolue des voix (il a recueilli 23 voix, Yvan Lagadeuc 5 voix et 7 administrateurs se sont abstenus).

Entre 2008 et 2016, David Alis a été premier vice-président et vice-président du conseil d’administration de Rennes 1, en charge des ressources humaines depuis 2012. Chronique d’Histoires d’universités relative à la situation financière (1 mars 2017) : Rennes 1 : encore des efforts !

Si le projet UNIR (Université de Rennes) voit le jour en janvier 2023, si David Alis en est élu président et s’il est réélu 4 ans plus tard, il aura alors occupé les plus hautes fonctions administratives dans l’université de Rennes pendant une durée cumulée de 23 ans. En 2031, il aura 63 ans, bénéficiera d’une année sabbatique et pourra partir en retraite.

La loi française permet à un enseignant-chercheur de ne plus l’être durant la seconde partie de sa vie active. Faut-il changer la loi pour ne plus avoir de présidents, élus à l’âge de 40 ans, et qui sont désireux et décidés à l’être à vie ? Ma réponse est : OUI !

Les statuts du projet UNIR n’ont pas encore été votés. Certains Conseils d’administration des établissements, parties prenantes d’UNIR, vont peut-être entrer en résistance. La prétention d’UNIR de réunir sept établissements ne résiste pas aux faits : UNIR institutionnalise la désunion.  

Mercredi 19 janvier 2022, les deux universités et les cinq grandes écoles rennaises ont annoncé la création de l’Université de Rennes, un établissement public expérimental (EPE) qui verra le jour le 1er janvier 2023.

  • l’Université de Rennes 1 se transforme en EPE, ses composantes de formation et de recherche ainsi que ses services deviennent ceux de l’Université de Rennes,
  • l’École nationale supérieure de chimie de Rennes, l’ENS Rennes et Sciences Po Rennes se positionnent comme établissements-composantes au sein de l’EPE et conserveront à ce titre leur personnalité morale et juridique.

A quoi correspond le statut d’établissement-composante ?

  • l’Université Rennes 2, moteur pour l’interdisciplinarité sur le site, souhaite devenir université associée,
  • l’INSA Rennes opte pour le positionnement d’établissement associé,
  • l’EHESP envisage de devenir établissement-composante ou établissement associé de l’EPE et se positionnera d’ici la fin du premier trimestre.

Pour comprendre le constat de la désunion, il faut lire deux dossiers, disponibles sur le site de Rennes 1 : le modèle rennais et le dossier de presse qui l’accompagne.

La désunion, c’est la juxtaposition de cinq types d’établissements. Rennes 1 est seule à demander le statut d’établissement public expérimental (EPE), l’université de Rennes 2 n’étant qu’associée (c’est-à-dire sans aucune obligation réelle). L’échec de la fusion entre les deux universités va donc être gravé dans le marbre de la loi. 14 ans de retard pour UNIR ; les trois universités de Strasbourg n‘ont-elles pas fusionné au début de 2009 ?

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Université de Paris, bureaucratie ++

Suite de la chronique sur le changement de nom de l’Université de Paris : Université de Paris Quartier Latin. La sommation du Conseil d’État et la polémique qui s’en est suivie n’auraient pas dû exister.

Le problème n’est pas tant celui de la dissémination du nom de Paris dans les titres des universités que celui de la complexification pitoyable du tissu universitaire en région francilienne. Subsiste une première strate historique : celle des trois formes de regroupement de la loi Fioraso : fusion, communauté d’établissements (COMUE), association. Se dessine une seconde strate, celle de la création en 2018 d’Établissements Publics Expérimentaux.

L’université de Paris est un EPE. Une histoire pas drôle de gouvernement par les bureaux.

Université de Paris. Le décret fondateur du 20 mars 2019 crée une pléthore de structures qui constituent un écheveau organisationnel inextricable, entraînant des coûts de coordination élevés, une centralisation des décisions dans les équipes de direction et les services centraux. L’université de Paris, une bureaucratie galopante… en excellente santé. Un établissement expérimental pour arriver à un résultat confondant. Tout ça pour ça !

Le décret et son annexe statutaire sont très longs pour ne pas dire bavards. Croyant pouvoir anticiper toutes les facettes de la réalité universitaire, le décret fait rentrer les détails de l’organisation dans un processus centralisateur. Ce faisant, il commet une analyse organisationnelle erronée : les détails fixés en amont de l’existence de l’université bloquent d’emblée les expérimentations qu’elle voudrait tenter pour prendre en compte telle ou telle évolution de son environnement. Il est d’ailleurs paradoxal d’avoir glissé l’Établissement Public Expérimental dans une loi sur la Société de confiance ; l’effet produit est l’inverse de celui recherché : les détails institutionnalisent une Société de méfiance.

Pire : des soi-disant détails, cachés sous le tapis, ont un effet dévastateur quand leur contenu est révélé. Ainsi en va-t-il de l’affaire du « charnier » de Descartes révélée en particulier par Le Monde. « Frédéric Dardel, l’ex-président de l’université de 2011 à 2019, a été mis en examen, le 4 juin, du chef d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre portant sur les conditions de conservation et de mise à disposition des corps au sein du Centre du don des corps (CDC). Situé rue des Saints-Pères, dans le 6arrondissement de la capitale, le CDC est le plus grand centre anatomique de France, fondé en 1953 et rattaché à l’université de Paris (Descartes)« . Le CDC n’est évidemment pas mentionné dans le décret statutaire.

L’évolution des universités vers une centralisation et une présidentialisation renforcée de leur gouvernance n’est pas nouvelle. Nous l’avions observée en France et en Italie lors de notre recherche sur les Présidents français et les Rettori italiens, il y a près de 20 ans (article en  ligne : Pierre Dubois, Stefano Boffo, La faiblesse de l’instance législative dans les universités. Le cas de la France et de l’Italie, Revue Internationale des Sciences Administratives, Vol 71 (1), mars 2005, pp. 35-54).

Attention : lire la suite en cliquant sur les pages 2, 3, ou 4.

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Valérie, ne me quitte pas !!!

Blog Histoire d’universités, 13 novembre 2010.

Oui, chères lectrices et chers lecteurs, cette chronique date bien du 13 novembre 2010. J’ai un vif plaisir à la republier.

Valérie, ne me quitte pas !

Remaniement ministériel, selon France Inter, hier matin. Parmi les ministres mutants et/ou promus : Valérie Pécresse serait nommée dans un ministère régalien, la Justice. Luc Chatel verrait son ministère de l’Education nationale étendu à la Recherche et à l’Enseignement supérieur. Ce sont deux très mauvaises nouvelles.

Ne me quitte pas, Valérie. Reste à l’enseignement supérieur et à la recherche ! N’as-tu pas compris que le ministère de la Justice ne peut servir ton ambition politique. Rachida Dati s’y est cassé les dents et a dû s’exiler comme député européen… à Strasbourg. Michèle Alliot-Marie n’est pas parvenue à se servir de sa garde des sceaux pour se hisser sur une marche plus haute, Matignon. Une troisième femme à la Justice ! Féminisation de la fonction : signe d’une dévalorisation, d’une perte de prestige !

Ne me quitte pas, Valérie. Tout peut s’oublier. Oublie mes poissons d’avril. Oublie mes impertinences, mes moqueries et mes critiques. Oh, quand même, si tu restes… : n’oublie pas de peaufiner tes arguments pour faire passer la dévolution du patrimoine auprès des universités ! Ce que tu as répondu à André Schneider le 10 novembre 2010 à l’Assemblée nationale ferait se gausser un agent immobilier débutant : les universités « pourront vendre des locaux vétustes, louer leurs amphis au secteur privé, récupérer le loyer acquitté pour l’implantation des antennes de téléphonie sur leurs toits. Bref, elles auront tout le bénéfice de la nouvelle autonomie immobilière ».

Ne me quitte pas, Valérie. Tu es une femme énergique, sans cesse sur le terrain. Tu connais tous les responsables du Sup. Tu as une capacité de travail à revendre. Et tu communiques, et tu communiques encore, et plus encore qu’encore. Luc Chatel, lui, t’oubliera, et tout de suite. Il jettera aux oubliettes ton idée qui pourrait s’avérer révolutionnaire : créer des Pôles universitaires de proximité dans toutes les villes moyennes. Toi, tu vises l’intérêt général. Luc, lui, n’aura de cesse que de créer, à Chaumont, un IUT de plein exercice, voire un centre universitaire d’excellence avec des internats éponymes.

Ne me quitte pas, Valérie. Oublier le temps des malentendus. « Oublier ces heures qui tuaient parfois à coups de pourquoi ». Reste au MESR, Valérie. Après 3 ans de LRU, de Plan Licence et Campus, de Labex et d’Investissements d’avenir, tu mérites de contempler la belle récolte dont tu as semé les grains dans les universités. « Il est, paraît-il, des terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril ».

Ne me quitte pas, Valérie. Tu n’as pas peur, j’espère ! Ne fuis pas tes responsabilités. C’est dans les deux années qui viennent que tu vas savoir si les financements « exceptionnels » que tu as mobilisés pour les universités se sont réellement transformés en espèces sonnantes et trébuchantes ou s’ils n’étaient que beaucoup de vent et paroles, paroles et paroles. Sois patiente, Valérie, attends encore, moins de deux ans sur la montagne Sainte-Geneviève, il y a pire comme endroit. Attends le spectacle. Il va peut-être y avoir du sang : elles ne seront pas belles les universités fracassées sur le mur d’un GVT mal calculé ; elles broieront du noir celles qui comptaient sur les RCE pour développer une politique indemnitaire plus favorable au personnel. « Ne me quitte pas. Et quand vient le soir, pour qu’un ciel flamboiele rouge et le noir ne s’épousent-ils pas » . 

Ne me quitte pas. Évite le gaspillage d’argent public, les coûts inutiles qu’entraîneraient ton départ à la Justice et l’absorption de ton ministère par Luc Chatel. Tu connais les coûts de communication qui résulteraient de cette fusion : relooker les sites, changer les chartes graphiques et les logos, faire réimprimer tous les documents… Tu as déjà connu les coûts de coordination entraînés par la séparation de deux ministères. N’oublie pas les difficultés que tu as eues avec Xavier Darcos pour couper en deux l’administration centrale de l’Educ.

Coûts de communication et de coordination. Inerties et paralysies. Pertes de temps. Angoisses des personnels de la Centrale. Ne nous quitte pas : « on a vu souvent rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux ». Crois-y ! Garde le MESR, Valérie !

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Le bureau de la CPU. Tristesse !

Communiqué de presse. Le 17 décembre 2020, l’assemblée générale de la Conférence des Présidents d’Université (CPU) a élu les trois membres de son bureau. Ils étaient les seuls candidats et ont été élus avec 90% des voix (ne sont pas indiqués le nombre d’électeurs inscrits, d’exprimés, le mode de scrutin – en présentiel, à distance, par correspondance). Liste unique et score à la soviétique : bonjour tristesse !

La profession de foi, en annexe du communiqué d’hier, me rend en effet fort triste, triste bien sûr à cause de la fermeture inédite des universités pendant deux confinements successifs. Elle ne comprend aucune proposition d’avenir, aucune innovation qui prendrait en compte les premières leçons de la pandémie. Résumé : « les défis auxquels sont confrontées les universités aujourd’hui sont majeurs. Le nouveau Bureau en a listé les principaux : des urgences liées à la crise sanitaire, en direction principalement des étudiants, et dont les effets se feront sentir sur toute l’Université ; l’insuffisante autonomie des universités françaises et leur retard de financement ; la nécessité de redonner à l’Université la place qu’elle mérite dans la société et sur la scène internationale ; son rôle actuel et à venir dans les territoires ; l’importance d’un dialogue exigeant avec l’État ; la nécessité pour la CPU, d’être l’interlocutrice des agences, conseils nationaux et des établissements qui interviennent dans les différentes missions portées par l’Université et celle de représenter les universités et de relayer leur parole auprès d’autres institutions ou organisations nationales ou internationales« .

L’idée de tenir des Assises sur l’avenir de l’enseignement supérieur – une idée qui ne mange pourtant pas de pain – n’est pas venue à l’esprit du bureau nouvellement élu. Est-ce étonnant ? En fin de mandat à la CPU, dans deux ans, les trois présidents auront été aux manettes de leur université depuis plus de 10 ans. Se sont-ils fait élire au bureau de la CPU parce qu’ils s’ennuyaient dans l’exercice de leurs responsabilités locales ? Ou pour envisager une nomination comme Recteur d’académie (chronique du 7 février 2020 : Sale temps pour les Recteurs), ou comme Inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), voire une carrière politique ? Chronique du 16 mars 2020 : Municipales : échec de 8 ex-présidents ?

Quant à penser l’avenir en terme d’Instituts d’Enseignement Supérieur dédiés au 1er cycle et d’une quinzaine d’universités de recherche dédiées au Master et au Doctorat, j’imagine que l’idée ne mobilisera pas les pensées des 3 membres du nouveau bureau. Chronique du 6 janvier 2012 : les IES en 20 propositions. 216 chroniques du blog sur les IES depuis 2009.

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Lionel Larré, un nouveau président

Communiqué de l’université. Ce mercredi 20 mai 2020, Lionel Larré a été élu président de l’Université Bordeaux Montaigne à l’issue du 1er tour de scrutin. Il succède à Hélène Vélasco-Graciet, présidente depuis 2016 qui ne se représentait pas. Lionel Larré prend immédiatement ses fonctions, son mandat est de 4 ans.

  • La large victoire de Lionel Larré était pronostiquée dans la chronique du blog du 6 mai 2020, Qui présidera Bordeaux Montaigne ?
  • Les élus étudiants (5 sur 6) et les personnalités extérieures élues (4 sur 4) ont fait l’élection du président. Il y a là un problème de gouvernance dans les universités : 11 des 22 voix recueillies par Lionel Larré émanent d’administrateurs ne faisant pas partie des personnels de l’université ; Patrick Baudry n’en a recueilli que 2.
  • Nicolas Champ (MCF d’Histoire contemporaine) a été élu VP du Conseil d’Administration. Sa thèse. Religion et territoire. L’espace public entre présence confessionnelle et sécularisation dans la France du XIXe siècle. Le cas de la Charente-Inférieure (1801-1914).

« Les représentants des personnels et représentants des étudiants élus en février 2020, ainsi que les personnalités extérieures désignées en mars 2020 qui composent le nouveau Conseil d‘administration de l’université (36 membres) ont élu ce 20 mai 2020 le président de l’Université Bordeaux Montaigne.

Étaient candidats à cette élection

  • Lionel Larré, professeur de civilisation américaine, directeur de l’UFR Langues et civilisations
  • Patrick Baudry, sociologue, professeur en sciences de l’information et de la communication, directeur de la MSHA

Les votes

  • 22 voix pour Lionel Larré
  • 11 voix pour Patrick Baudry
  • 3 votes blancs »

Qui est Lionel Larré ? Quelle est la profession de foi de la liste qui a soutenu sa candidature à la présidence ?

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