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Classement de Shanghai : STOP !

Lors de la création du blog Histoires d’Universités en 2009, j’ai consacré une chronique critique à ce classement : Pamphlet contre Shanghai. J’ai récidivé chaque année qui a suivi : le marronnier de Shanghai. Cette fois, je dis STOP !

Partie 1 : Ne plus se référer au classement de Shanghai.

Le Ministère de l’Enseignement Supérieur de Rechercher doit donner l’exemple, doit cesser de publier des communiqués d’autosatisfaction. Depuis 2009, celui-ci, qu’il soit de droite ou de gauche, mène la même politique : les établissements doivent se regrouper, voire fusionner, pour progresser dans le classement.

Cette politique, encore accentuée par la création d’Établissements Publics Expérimentaux en 2019, va conduire à la mort des universités publiques et de leurs valeurs séculaires : la démocratie universitaire y est sacrifiée (les personnels et les étudiants ne sont plus majoritaires dans le conseil d’administration), la défense de l’intérêt collectif est combattue. Domine l’intérêt individuel des présidents dont certains resteront accrochés à leur fonction bunkerisée pendant deux tiers de leur vie professionnelle, jusqu’à leur retraite.

Extraits du Communiqué du MENESR de juillet 2022 : le classement thématique de Shanghai 2022 conforte l’excellence des établissements de l’enseignement supérieur.

« Mme Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche se félicite de ces reconnaissances, et de la prise en compte dans ce classement des nouveaux périmètres des établissements publics expérimentaux (EPE) créés en 2022 (Montpellier, Lille et Nantes). 11 EPE, sur les 14 officiellement créés à ce jour, figurent dans le classement thématique de Shanghai.

Ces résultats confortent la politique d’investissement de l’État en recherche sur le temps long avec les centres d’excellence IDEX/ISITE et les programmes de France 2030 comme Excellences. De plus, les leviers mis à disposition des établissements dans le cadre de la loi de programmation de la recherche (création de chaires de professeur junior, augmentation des crédits alloués à l’ANR et aux laboratoires, valorisation du doctorat) permettront d’améliorer à la fois la production scientifique de nos laboratoires et l’attractivité de nos établissements pour les chercheurs internationaux ».

Extraits du Communiqué du 15 août 2022. La stabilité de la France dans le classement général de Shanghai illustre le rayonnement scientifique français à l’international.

« Comme en 2021, 4 établissements sont classés dans le Top 100 dont 3 dans le Top 50.  Le classement de l’Université Paris-Saclay au rang de 16e université mondiale (1re université française et 3e européenne) permet également à la France de conserver pour la 3e année consécutive sa 3e place mondiale, sur la base du nombre d’établissements dans le Top 20. Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, félicite les 28 établissements classés. Elle salue également le passage dans la tranche supérieure des universités de Toulouse 3 Paul Sabatier (201-300), Lille (301-400), Paris Est Créteil (801-900) et de l’INSA Toulouse (701-800) ainsi que la prise en compte des nouveaux périmètres des établissements publics expérimentaux (EPE), y compris ceux créés en 2022 (Université de Montpellier, Université de Lille et Nantes Université) »

Partie 2.  L’université Paris Saclay, 1ère université française pour Shanghai, est un exemple de politique de transports publics ratée ; elle est responsable du dérèglement climatique dans sa zone géographique (riches terres agricoles du plateau de Saclay mangées par des immeubles de faible hauteur et des parkings pour voitures). Parkings à vélos inutiles : pour monter sur le plateau, il faut être un cycliste amateur de bon niveau.

L’université Paris Saclay selon Wikipédia

« L’université Paris-Saclay est une université française créée le 6 novembre 2019 par décret paru au Journal officiel en tant qu’établissement expérimental public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Elle est l’une des douze universités parisiennes, héritière de l’université Paris-Sud-XI, créée le 1er janvier 1971.

Elle est membre et coordonne l’alliance universitaire européenne European University Alliance for Global Health depuis le 1er septembre 2019 et de Udice depuis 2020.

Jusqu’en novembre 2019, l’université Paris-Saclay était une communauté d’universités et d’établissements (ComUE). Sa création a pour but initial de constituer le pôle de formation et de recherche de la grappe industrielle Paris-Saclay.

L’université Paris-Saclay succède à l’université Paris-Sud, supprimée le 1er janvier 2020, et intègre l’École normale supérieure Paris-Saclay, CentraleSupélec, l’Institut d’Optique et AgroParisTech en tant que établissements-composantes ; ainsi que l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) en tant qu’organisme de recherche.

Elle a pour perspective à terme (en 2025) de fusionner avec ses deux universités membres-associés, l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et l’université d’Évry-Val-d’Essonne« .

2025, une année horribilis en perspective : la fusion avec ses deux membres associés va mécaniquement plomber la place de Paris-Saclay dans le classement de Shanghai. Raison de plus pour oublier tout de suite ce classement international.

Partie 3. 1976, l’École Polytechnique s’installe en bordure du plateau de Saclay

« Le transfert de l’École polytechnique à Palaiseau est un épisode connu dans ses principaux aspects : décision de principe en 1961, inscription dans le Ve Plan en 1965, confirmation par le général de Gaulle en 1968, début des travaux en 1970, début de la construction en 1972, installation de l’École à Palaiseau en 1976 » …

Alain Piffaretti, Les Échos, Polytechnique à Palaiseau : un transfert mouvementé, 10 août 2021.

« 30 Août 1976. La promotion 76 des élèves découvre les locaux flambant neufs de la toute nouvelle école Polytechnique à Palaiseau. En pénétrant sur l’immense espace de 152 hectares, ils n’ignorent surement pas que ce jour marque la fin d’un long processus d’une quinzaine d’années. L’installation aura en effet connu plusieurs rebondissements politiques et essuyé une résistance acharnée. Car le déménagement sur le plateau de Saclay de la prestigieuse école constitue aux yeux de nombreux anciens élèves une véritable déchéance ».

Partie 4. Le serpent de mer des transports publics de grande capacité.

Chronique du blog du 31 octobre 2019. Paris Saclay, Empreinte Carbone. « Un communiqué final qui me laisse pantois… Novlangue de bois, défis modernistes consensuels, banalités grandiloquentes, méthode Coué. Et concrètement ? Rien ?

Rien ? Non ! à part une contribution au réchauffement climatique…

  • quelle Empreinte carbone laissée par 300 participants dont la plupart sont venus par avion, en provenance de quatre continents !
  • quelle Empreinte carbone laissée par plusieurs milliers de voitures stationnant sur les parkings créés sur le plateau de Saclay, en l’absence de transports en commun performants et/ou en cas d’incidents? Le 5 juillet 2019, HDR au CEA Saclay Neurospin. Temps mis entre la gare de Strasbourg et la gare de l’Est : 1 heure 48 ; temps mis entre la gare de l’Est et le CEA Saclay, en passant par Denfert-Rochereau et Massy-Palaiseau : 2 heures 25.

Le Métro – ligne 18 du Grand Paris Express… en 2030

« La future ligne de métro 18 s’inscrit dans le projet du Nouveau Grand Paris. Cette ligne automatique, qui reliera Orly à Versailles, en passant par la Communauté d’agglomération Paris-Saclay, sera réalisée en deux phases : d’Orly Aéroport au CEA Saint-Aubin, au plus tard en 2027, et du CEA Saint-Aubin à Versailles Chantiers, en 2030.

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Sylvie Retailleau, ministre de l’ESR

Toutes les chroniques d’Histoires d’universités sur Sylvie Retailleau, nommée ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche le 20 mai 2022, après avoir été Présidente de l’université Paris-Sud Orsay (2016-2020), puis présidente de l’Université Paris-Saclay (2020-2022), créée par le décret du 5 novembre 2019.

Biographie de Sylvie Retailleau sur le site du MESR.

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EPE Université Paris Cité

L’université de Paris devient Université Paris Cité. Décret n° 2022-327 du 4 mars 2022 portant dénomination d’établissement public expérimental (EPE).  

Partie 1. Histoires de dénominations. De Sorbonne Paris Cité (PRES puis COMUE) à Paris Cité. De 2011 à 2017, quelques dizaines de chroniques de ce blog sur Sorbonne Paris Cité (SPC).

2002-2007. « La constitution de Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) est un des  instruments de coopération proposés par la loi de programme pour la recherche du 18 avril 2006. Elle correspond à un besoin ressenti par toute la communauté concernée de mettre fin à l’émiettement territorial de la carte universitaire et de recherche ».

2007-2012. Sorbonne Paris Cité est le nom choisi pour former le PRES associant 4 universités, Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Paris 5 René Descartes, Paris 7 Denis Diderot, Paris 13 Villetaneuse.

2012-2017. Le nom Sorbonne Paris Cité ne change pas quand aux PRES sont substituées les COMUE à la Fioraso. Mais un détail qui n’en est pas un : les universités de Paris 3 et de Paris 13 se retirent, ou plutôt sont poussées hors de la COMUE, car elles représentent un boulet pour obtenir le label Initiative d’excellence des Investissements d’avenir.

2017-2022. Paris 5 René Descartes et Paris 7 Denis Diderot fusionnent sous le nom d’Université de Paris, puis optent pour le statut d’Établissement public expérimental (décret du 20 mars 2019).

Décembre 2021. L’université de Paris est rappelée à l’ordre par un arrêt du Conseil d’Etat en date du 29 décembre qui annule son décret fondateur et la somme de changer de nom.

  • Dans ma chronique du 3 janvier 2022, j’avais suggéré que le nouveau nom  soit Université de Paris Quartier Latin, son siège social se trouvant dans ce quartier historique et non dans l’île de la Cité.  
  • Dans ma chronique du 6 janvier 2022, je montrai en quoi le choix du statut d’établissement public expérimental par l’université de Paris, devenue aujourd’hui université Paris Cité, faisait d’elle Une bureaucratie +++

Partie 2. Texte du décret du 4 mars 2022.

Publics concernés : usagers et personnels de l’établissement public expérimental créé par le décret n° 2019-209 du 20 mars 2019, initialement dénommé université de Paris, et de l’Institut de physique du globe de Paris.

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Université de Lille : encore un EPE !

Où va la toute nouvelle Université de Lille ? Source. Introduction d’un article de Médiacités.

« L’Établissement public expérimental (EPE), fruit d’un rapprochement étroit avec quatre grandes écoles, suscite controverses et inquiétudes en interne. À la fois dans le fonctionnement des instances, le mélange de cultures universités-écoles, mais aussi le recours aux cabinets de conseil – dont certains prônent un modèle très libéral ».

Tympan du bâtiment de la Faculté des Lettres, devenue Sciences Po Lille

« C’est une période de tension à l’université de Lille. Le 18 février, l’établissement saura en effet si sa labellisation I-site est confirmée. Cette labellisation est accordée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, sur proposition d’un jury international. À Lille, la confirmation du label permettrait de pérenniser la subvention de 15 millions d’euros par an accordée à l’université.

Mais l’enjeu n’est pas que financier, il est aussi symbolique. Le rejet du projet lillois entraînerait une véritable crise politique au sein d’un site universitaire qui a vécu des bouleversements majeurs ces dernières années : deux échecs à l’obtention du label d’excellence Idex, la fusion des trois universités lilloises en 2018 et, enfin, la structuration du site universitaire en Établissement public expérimental (EPE) regroupant l’Université de Lille, l’École nationale supérieure des arts et industries textiles, l’École supérieure de journalisme de Lille, Sciences Po Lille et l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage ».

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Université Paris Lumières, So Skilled

Partie 1. Université de Paris Quartier Latin (chronique du 3 janvier 2022). « Le problème n’est pas tant celui de la dissémination du terme Paris dans les titres de la plupart des 17 universités franciliennes, que celui de la complexification anarchique du tissu universitaire en région francilienne. Subsiste une première strate historique : celle des trois formes de regroupement de la loi Fioraso : fusion, communauté d’établissements (COMUE), association d’établissements. Se dessine une seconde strate, celle de la loi sur la Société de confiance qui permet la création d’EPE (Établissements Publics Expérimentaux).

L’Université Paris Lumières (PLUM) a le statut d’une Comue. Elle se dit au cœur des Sciences Humaines et Sociales, mais elle ne mentionne pas sur son site l’existence du Campus Condorcet, ses deux universités-mères (Paris VIII et Paris X) figurant pourtant parmi les 11 établissements cofondateurs de ce Phare sans Lumière des SHS à Aubervilliers (Campus Condorcet : la Cour des comptes accuse). Pourquoi PLUM n’a-t-elle pas profité de la loi sur la Société de confiance pour rechercher le statut d’Établissement Public Expérimental ».

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Partie 2. Fabienne Brugère, a été réélue présidente de la Comue Université Paris Lumières, le 10 mars 2021, par le CA de l’établissement, au 1er tour avec 24 voix sur 43 suffrages exprimés.  Dans une décision rendue publique le 18 décembre 2020, le Tribunal administratif de Paris avait en effet enjoint la Comue de procéder à une nouvelle élection de la présidence…

« Fabienne Brugère est une philosophe spécialisée en esthétique et en philosophie de l’art, histoire de la philosophie moderne, philosophie morale et politique, études de philosophie anglo-américaine et théorie féministe« . Cette dernière thématique semble l’emporter dans son dernier essai : on ne naît pas femme, on le devient (Stock, Collection puissance des femmes, 2019, 224 pages).

« Professeure à l’université Bordeaux-Montaigne et vice-présidente déléguée aux relations internationales de cette université, elle a rejoint l’université Paris-VIII, depuis septembre 2014, pour une chaire de philosophie des arts modernes et contemporains« .

Partie 3. Édito de Fabienne Brugère, dans La lettre de l’Université Paris Lumières, février 2022.

Partie 4. « L’UPL est lauréate de la première vague du 3ème Programme d’investissement d’avenir (PIA 3) portant sur les appels à projets Nouveaux Cursus à l’Université (NCU).

C’est ainsi que le NCU So Skilled mise sur la valorisation des capacités et savoir-faire de l’étudiant en lui proposant plusieurs dispositifs pédagogiques innovants qui peuvent évidemment se conjuguer aux dispositifs d’accompagnement des étudiants à la construction de leur orientation et de leur insertion professionnelle.

Il participera ainsi à la transformation progressive du premier cycle des études supérieures dont l’objectif premier est de favoriser l’épanouissement et la réussite étudiante ».

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Rennes Université : la désunion

Rennes Université (projet UNIR) : la désunion institutionnalisée. En conclusion de cette chronique : les deux tentatives de regroupement d’établissements, au niveau de la Bretagne (en 2007), puis au niveau de la Bretagne et des Pays de Loire (en 2016) !

David Alis, né le 7 mars 1968, professeur de sciences de gestion, est réélu, en juin 2020, président de l’Université de Rennes 1. pour la mandature 2020-2024. Le président sortant a été réélu au premier tour de scrutin à la majorité absolue des voix (il a recueilli 23 voix, Yvan Lagadeuc 5 voix et 7 administrateurs se sont abstenus).

Entre 2008 et 2016, David Alis a été premier vice-président et vice-président du conseil d’administration de Rennes 1, en charge des ressources humaines depuis 2012. Chronique d’Histoires d’universités relative à la situation financière (1 mars 2017) : Rennes 1 : encore des efforts !

Si le projet UNIR (Université de Rennes) voit le jour en janvier 2023, si David Alis en est élu président et s’il est réélu 4 ans plus tard, il aura alors occupé les plus hautes fonctions administratives dans l’université de Rennes pendant une durée cumulée de 23 ans. En 2031, il aura 63 ans, bénéficiera d’une année sabbatique et pourra partir en retraite.

La loi française permet à un enseignant-chercheur de ne plus l’être durant la seconde partie de sa vie active. Faut-il changer la loi pour ne plus avoir de présidents, élus à l’âge de 40 ans, et qui sont désireux et décidés à l’être à vie ? Ma réponse est : OUI !

Les statuts du projet UNIR n’ont pas encore été votés. Certains Conseils d’administration des établissements, parties prenantes d’UNIR, vont peut-être entrer en résistance. La prétention d’UNIR de réunir sept établissements ne résiste pas aux faits : UNIR institutionnalise la désunion.  

Mercredi 19 janvier 2022, les deux universités et les cinq grandes écoles rennaises ont annoncé la création de l’Université de Rennes, un établissement public expérimental (EPE) qui verra le jour le 1er janvier 2023.

  • l’Université de Rennes 1 se transforme en EPE, ses composantes de formation et de recherche ainsi que ses services deviennent ceux de l’Université de Rennes,
  • l’École nationale supérieure de chimie de Rennes, l’ENS Rennes et Sciences Po Rennes se positionnent comme établissements-composantes au sein de l’EPE et conserveront à ce titre leur personnalité morale et juridique.

A quoi correspond le statut d’établissement-composante ?

  • l’Université Rennes 2, moteur pour l’interdisciplinarité sur le site, souhaite devenir université associée,
  • l’INSA Rennes opte pour le positionnement d’établissement associé,
  • l’EHESP envisage de devenir établissement-composante ou établissement associé de l’EPE et se positionnera d’ici la fin du premier trimestre.

Pour comprendre le constat de la désunion, il faut lire deux dossiers, disponibles sur le site de Rennes 1 : le modèle rennais et le dossier de presse qui l’accompagne.

La désunion, c’est la juxtaposition de cinq types d’établissements. Rennes 1 est seule à demander le statut d’établissement public expérimental (EPE), l’université de Rennes 2 n’étant qu’associée (c’est-à-dire sans aucune obligation réelle). L’échec de la fusion entre les deux universités va donc être gravé dans le marbre de la loi. 14 ans de retard pour UNIR ; les trois universités de Strasbourg n‘ont-elles pas fusionné au début de 2009 ?

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Jean Castex, la CPU et l’innovation

Jean Castex, la CPU et l’innovation. Suite de ma chronique critique du 2 décembre 2021, Innovation : le serpent de mer.

Par définition, un serpent de mer se montre très régulièrement. C’est encore le cas en ce mois de décembre : il a réussi à se glisser entre les variants Delta et Omicron du Covid.

Le 1er ministre, Jean Castex, a rendu visite à la Conférence des présidents d’université : accélérer le transfert technologique, valoriser le rôle des universités dans l’innovation.

Communiqué de la CPU et textes des discours de Jean Castex et du président de la CPU, Manuel Tunon de Lara.

  • 50ème anniversaire de la CPU : lire aussi les 250 chroniques d’Histoires d’universités sur la CPU, publiées depuis 2009.
  • « Le jeudi 16 décembre 2021, Jean Castex a longuement échangé avec les présidentes et présidents d’université, et lancé trois dispositifs liés à France 2030 pour accélérer le transfert de technologie, les stratégies de développement des établissements d’enseignement supérieur et la formation aux métiers d’avenir ».

Le plan France 2030 ?

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Innovation : le serpent de mer

Cinq  établissements pilotes viennent d’être labellisés, à titre expérimental et pour l’année 2022, à charge pour eux de configurer, sur leur territoire, un Pôle Universitaire d’Innovation (PUI).

« Dans cette perspective, un budget de 9,5 millions d’euros est alloué. Ces pilotes contribueront à la rédaction du cahier des charges en vue d’un déploiement national. Une évaluation au terme de la 1ère année d’expérimentation sera menée avant le déploiement du dispositif qui concernera à terme une quinzaine de sites ».

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Plan de cette chronique. Page 1. A. Le cadre légal. B. Le rapport du Sénat. Page 2 (cliquer ici). C. Le communiqué du MESRI. D. Communiqués des 5 labellisés.

A. Le cadre légal. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la LOI n° 2020-1674 du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur.  

Le compte rendu du Conseil des ministres du 22 juillet 2020 précise les trois ambitions principales de la loi : « mieux financer et évaluer notre recherche publique, améliorer l’attractivité des métiers de la recherche et replacer la science dans une relation ouverte avec l’ensemble de la société« .

La 3ème ambition de la loi est l’objet de son article 15. Il faut le replacer dans la longue histoire de la France en faveur de l’Innovation, du transfert de technologie, de création de nouvelles entreprises innovantes, du partenariat public-privé. Problème : cette histoire est devenue progressivement un serpent de mer. La France est un pays innovateur qui a été à même de créer un nombre important de structures dans ces champs, mais qui a été toujours incapable de fermer celles qui n’avaient pas atteint leur objectif.

Surprenant dans cette histoire à la française : le PUI est chargé d’encadrer un magma complexe de structures et de dispositifs existant sur un territoire donné. C’est nouveau : le PUI se superpose à toutes les structures existantes sans avoir de pouvoir hiérarchique ou financier sur elles. Il n’a pas pour mission de faire le ménage, d’évaluer l’efficience et l’efficacité. De plus, être au sommet d’une pyramide ne permet pas forcément de se faire une idée de la solidité des pierres la constituant et de l’utilité des recoins vides, voire cachés.

Et les 9,5 millions d’euros ? Ils vont vraisemblablement se perdre dans un PUI sans fond. Le PUI comprend tellement de partenaires que chacun d’entre eux va toucher  peu d’argent, ce qui sera une raison légitime de ne pas s’en faire. La tête du serpent de mer va le faire paraître inoffensif.

B. Le rapport du Sénat annexé au projet de loi précise également que « les moyens nouveaux dégagés avec la trajectoire financière permettront de :

a) créer 500 start-ups de haute technologie par an à partir de 2030, à comparer à environ 170 aujourd’hui ;

b) labelliser 15 Pôles universitaires d’innovation valorisant les actions de transfert de connaissances et de technologies des universités vers les entreprises, qui s’ajoutent aux SATT ;

c) financer d’ici à 2027 une hausse de 50 % des conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE), dispositif subventionnant l’emploi de doctorants en entreprise pour effectuer des travaux de recherche en lien avec leurs thèses ;

d) financer la création de conventions industrielles de mobilité en entreprise des chercheurs (CIMEC), équivalent des conventions Cifre mais pour les chercheurs ;

e) doubler les financements consacrés par l’ANR aux différents dispositifs de recherche partenariale (public/privé) :

  • Chaires industrielles : subventions versées à des projets de R&D du secteur privé en lien avec les laboratoires publics),
  • Labcom : subvention versée pour la création de laboratoires communs entre un laboratoire public et une PME ou une ETI,
  • Instituts labellisés Carnot : mécanisme de subvention aux laboratoires publics permettant aux laboratoires très impliqués dans la recherche partenariale avec les entreprises d’obtenir un financement supplémentaire, qui sera « plus que doublé ».
  • Ces dispositifs s’ajoutent aux structures de recherche partenariale créées par le PIA (IRT et ITE) et dont le financement est poursuivi dans le cadre du PIA 4.
  • Enfin, le rapport annexé évoque « une réflexion [qui] sera […] engagée en vue de renforcer de façon sélective, en lien avec les régions, les plateformes technologiques publiques et de développer leurs liens avec les PME et les ETI ». Il conviendrait de conforter cette orientation, l’exemple des plateformes régionales de transfert technologique lancées par le CEA ayant fait ses preuves ».

Pour le rapporteur au Sénat, cet effort est tout à fait bienvenu. Mais deux remarques critiques lui paraissent nécessaires :

– « la priorité affichée au rapprochement entre la recherche publique et les entreprises se heurte à une mesure figurant au projet de loi de finances pour 2021 et consistant à supprimer le doublement d’assiette pour les dépenses sous-traitées par des entreprises à des laboratoires publics dans le cadre du crédit d’impôt recherche ;

– de nombreux interlocuteurs ont attiré l’attention du rapporteur sur la nécessité de rehausser l’ambition poursuivie par le Gouvernement sur le renforcement des moyens octroyés aux conventions Cifre et aux Instituts Carnot. Il apparaît en effet que les premières font face à une demande importante qui ne peut actuellement pas être financée, pour un besoin financier relativement limité – de l’ordre de 3 à 4 millions d’euros dès 2021.

Les seconds font face à une diminution croissante du taux moyen de l’abondement versé par l’ANR, qui était de 30 % en 2006 et est descendu à 11,8 % en 2019, en raison de l’augmentation du nombre d’instituts Carnot à enveloppe quasi-constante. Le label Carnot est un moyen vertueux d’inciter la recherche publique à se rapprocher des entreprises : il faut les doter à la hauteur des besoins ».

Le rapporteur aurait pu émettre d’autres critiques dont l’absence de mention explicite des

  • 13 SATT (sociétés d’accélération de transfert de technologies), créées lors de la première vague des investissements d’avenir (PIA 1)
  • Pôles de compétitivité
  • Incubateurs
  • Fondations pour la recherche

Le rapporteur oublie également que toutes les structures mentionnées fonctionnent déjà en réseau pour tenter de se faire mieux connaître par les réseaux de communication, par les médias.

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Lyon 1. Des élections pour rien ?

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Pourquoi organiser des élections aux conseils centraux de Lyon 1 Claude Bernard (elles ont eu lieu le 6 février 2020 : résultats dans la chronique à suivre) et à la présidence de cette université (elle aura lieu le 9 mars 2020) quand on sait d’avance que les mandats des administrateurs et du président seront écourtés, à cause du projet d’Université cible ?

Pourquoi la nécessite d’élections ? Les deux schémas ci-dessous illustrent un contexte et un calendrier inédits dans l’histoire des universités françaises.

  • Nécessité d’élections parce que les mandats des administrateurs et du président sortant, Frédéric Fleury, sont arrivés à échéance.
  • Nécessité d’élections parce que le projet de statuts de l’Université cible n’a pas été voté en décembre 2019, entrainant l’impossibilité de publier au 1er janvier 2020 le décret créant la dite-université.
  • Pour éviter une vacance de gouvernance, il aurait donc fallu que le ministère nomme un administrateur provisoire à Lyon 1. Il ne l’a pas fait.
  • Nécessité d’élections parce que le projet d’Université cible peut encore évoluer parce qu’il n’est pas encore clair pour toutes et tous, et en particulier pour les deux candidats qui s’affrontent pour accéder à une présidence de courte durée : Frédéric Fleury, président sortant, et le virologue Bruno Lina veulent encore débattre, le gagnant espérant pouvoir peser davantage sur les votes des administrateurs pour mettre en œuvre « son université cible à lui ».

Un autre évènement important s’est imposé à Université Lyon 2020, obligeant ces élections ubuesques : c’est l’IDEX Université de Lyon. Le schéma ci-dessus en indique le très long calendrier, faute d’accord au fil du temps entre toutes les parties a priori concernées : labellisation en février 2017 mais il a fallu attendre décembre 2018 pour parvenir à l’accord de Consortium. En 2019, Lyon 2 Louis Lumière a maintenu son hostilité à la fusion. L’INSA Lyon s’est retiré du projet d’université-cible en fin d’année 2019.

Contre toute attente, le gouvernement, sur avis du jury international, a confirmé, le 28 novembre 2019, la labellisation de février 2017. La cohérence aurait été que le jury y fût hostile puisque Lyon 2 et l’INSA Lyon étaient sortis du projet.

Deux communiqués commentent l’avis favorable. Le 1er est de la-dite Université de Lyon 2020, le 2nd émane de Frédéric Fleury, président sortant de Lyon 1. Le 1er ne précise pas une chose importante : laquelle ! Quiz en 5 secondes !

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Fusion. Cergy Paris Université

Il s’en passe des drôles de choses dans les regroupements d’établissements de l’enseignement supérieur public et privé du Val d’Oise. Une fusion inédite, à nulle autre pareille. Et une université fusionnée qui demeure incomplète, sans Faculté de médecine et pharmacie. See why !

A. CY Cergy Paris Université (communiqué de presse, 15 juillet 2019). « Les avancées collectives ont permis de déterminer le nom de l’université : CY Cergy Paris Université (CY se prononce à l’anglaise : See why), un nom qui ancre dans le territoire (Cergy et l’Ile de France), assoit résolument l’identité universitaire (université), tout en imprimant d’un signe fort (CY) – au sens propre comme au sens figuré – l’élan et la vocation d’un projet tourné vers l’international autour de ce qui constitue la racine commune de ses écoles et alliances ».

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« Depuis l’obtention de l’initiative d’excellence (I-SITE Paris Seine) en février 2017, et afin de mettre en œuvre cette feuille de route, la COMUE Université Paris Seine prépare sa mutation institutionnelle : une université publique, porteuse de la politique de site, fusion de l’UCP, de l’EISTI et de la COMUE (qui donc disparait), à laquelle s’associe l’ESSEC dans le cadre de l’initiative d’excellence, et formant le cœur du dispositif.

La nouvelle Grande École interne est quant à elle dénommée CY Tech. L’initiative d’excellence Paris Seine est rebaptisée CY Initiative, et l’alliance de site CY Alliance« .

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