Archives mensuelles : octobre 2010

Figeac. Le soutien de la Région

Suite des chroniques sur les Pôles universitaires de proximité. Je terminais ma chronique d’hier, me demandant « pourquoi Figeac avait autant de formations post-bac » ?

Michel Abhervé, dans un commentaire, a posé la question : « avant d’être élu à la présidence de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy a été maire de Figeac. Y aurait-il un lien entre les dates de ses responsabilités ministérielles et l’implantation des formations dans sa ville » ? J’ai posé la question à mes différents interlocuteurs et la réponse a été : « sans Martin Malvy, Figeac n’aurait pas connu un tel développement de l’enseignement supérieur« . Martin Malvy sur Wikipédia : 74 ans, membre du Parti socialiste, 40 années de responsabilités politiques, élu à tous les niveaux et bel exemple de cumul de mandats : maire de Figeac de 1997 à 2001 (aujourd’hui adjoint au maire et président de la communauté de communes), conseiller général du Lot de 1970 à 2001, conseiller régional depuis 1986 et président de la région depuis 1998, 3 mandats de député entre 1978 et 1998, secrétaire d’Etat ou ministre sous les deux mandats présidentiels de Mitterrand.

Président de région, un poste clé pour le développement des lycées et de leurs classes supérieures (BTS, CPGE), pour le développement de sites universitaires dans les villes moyennes. Ce à partir du Plan Universités 2000, puis du Plan U3M, et aujourd’hui dans le cadre des Contrats de projets Etat-Région (CPER). CPER 2007-2013 en Midi-Pyrénées : ici. Projet 1 : 240 millions d’euros pour le soutien de la compétitivité économique régionale (pôles de compétitivité, filières d’excellence, innovation). Projet 2 : 357 millions pour le renforcement des efforts de recherche et la modernisation des structures de l’enseignement supérieur (construction et rénovation de bâtiments universitaires – IUT de Figeac mentionné en page 24 -, amélioration de la vie étudiante et des conditions de logement).

Mardi 28 septembre 2010. J’arrive vers 10 heures au lycée agricole de la Vinadie, entretien avec le proviseur, Hassein Samr ; après-midi, entretiens à l’IUT de Figeac. Retour à Figeac le jeudi 30 septembre : le matin, entretien avec le proviseur des lycées Champollion, madame Bousquet, et l’après-midi, entretien avec le directeur de l’IUT, Olivier Drouard-Pascarel. Je les remercie ici pour leur fort sympathique accueil et pour leur confiance. J’ai également l’occasion de faire quelques centaines de photos (mais jeudi, pluie !).

Chronique d’aujourd’hui : le soutien financier des collectivités territoriales aux constructions pour le Sup, aux conditions de vie et d’études des élèves et étudiants. Le lycée agricole de la Vinadie se situe à 5 kilomètres de Figeac, en haut d’une colline qui surplombe la rivière Célé. Le cadre est presque bucolique. Les bâtiments me paraissent fort modernes, bien espacés les uns des autres ; les terrains de sport sont en travaux. Le proviseur m’explique la structuration et la restructuration de l’enseignement agricole : il est ainsi directeur du LEGTA Figeac mais aussi directeur de l’EPL Figeac (ici). Cela demeure un peu compliqué pour moi. Le lycée gère par exemple une exploitation pédagogique agricole (ici), forte de 120 hectares, de 50 vaches, 90 truies, 350 brebis, sous la houlette d’un directeur d’exploitation et de 3 salariés ; le budget de l’exploitation, intégré dans le budget de l’EPL, doit être en équilibre (par la vente des produits et des animaux en particulier). Une nouvelle stabulation, financée par la région, a été inaugurée en avril 2009, en présence de… Martin Malvy : ici et ici pour regarder la vidéo.

Les conditions de vie et d’études à la Vinadie. Le lycée n’est pas un « gros » établissement : 240 élèves, dont 40 dans le BTS ACSE « Analyse et conduite des systèmes d’exploitation ». Ils sont encadrés par 35 enseignants (27 ETP) et une dizaine d’agents territoriaux administratifs et techniques ; je n’ai vu aucun vélo et je le comprends : le dénivelé est important à partir du centre ville ! 170 élèves sont logés dans l’internat ; les élèves de BTS, faute de logements adaptés, n’en sont pas bénéficiaires (ils trouvent leur logement en ville), mais ils sont demi-pensionnaires.

Comme le lycée agricole, l’IUT est situé sur les hauteurs entourant Figeac. Pas de vélos mais de nombreuses voitures garées sur les parkings des personnels et des étudiants (voitures immatriculées dans plus de 10 départements et de nombreux logos A », jeunes conducteurs »). Il est quand même un enseignant, spécialiste de VTT, qui vient travailler en vélo : la dernière pente d’accès est assassine, même en voiture ! Le transport public, organisé par la ville, est gratuit : « il dessert l’IUT et s’adapte aux heures de cours. Ainsi, il n’est plus indispensable d’avoir un véhicule personnel. Vous souhaitez en savoir plus sur un itinéraire, des horaires, n’hésitez pas à appeler. Le service fonctionne tous les jours, du lundi au samedi » (ici). L’AQVUF (ici) « propose un service de restauration le midi, au tarif CROUS » [grâce à des subventions des collectivités territoriales (ici)]. Le logement (ici) : « 137 studios et T1, dont 50 sur le campus de l’IUT, sont à la disposition des étudiants. Ces logements sont gérés par les HLM de Cahors [et non par le CROUS], et conventionnés APL ».

L’IUT est récent : sa construction a été assurée en 2 phases de financement régional. Les infrastructures pédagogiques (salles informatiques, multimédia, audio-vidéo, CAO DAO…) sont importantes et modernes (ici). Dans l’atelier, des machines pour le DUT GMP et les licences professionnelles industrielles : pour la démonstration du centre d’usinage grande vitesse 3 axes, cliquer ici.

A la différence du LEGTA agricole et de l’IUT, les lycées Champollion se situent en centre ville ; ils accueillent 950 élèves pour une capacité de 1.500. Devant ce lycée comme à l’entrée du LEGTA la Vinadie, une très grande affiche « La région Midi-Pyrénées construit, équipe et entretient ses lycées« . C’est la 3ème année, explique tout de go Madame Bousquet, proviseur du lycée, que le lycée est en « chantier permanent« . Je vais le vérifier lors de la visite des lieux ! Aménagement d’un plateau technique pour l’électronique et l’électrotechnique, d’un plateau pour la productique (en cours) ; restructuration interne d’un certain nombre de bâtiments avec les déménagements qu’ils impliquent, les nettoyages permanents, les craintes que certaines salles ne puissent être ouvertes le jour dit. Et ce n’est pas fini : « le 3ème étage va bientôt être cassé ».

14 millions d’euros d’investissement de la région. « Le chef de travaux me dit que la région fait un très grand effort depuis cinq ans ; le nouvel équipement est d’une qualité exceptionnelle ». Je le constate, même avec ma faible connaissance des machines. L’assistant d’éducation qui me fait visiter les lieux ne paraît pas impressionné ; il préfère me montrer le « Foyer« , lieu de détente des élèves et effectivement fort fréquenté, et me mentionner les activités de différents clubs ; ce sont les élèves qui, par exemple, ont « tagué » le long mur de la cour (vidéos sur le site du lycée). Le logement : un internat de 380 places, mais seulement 210 sont occupées ; sa structuration en petits dortoirs peut sembler obsolète.

Premier bilan après les visites et les entretiens. Les collectivités territoriales, surtout la ville et la région, ont investi et investissent beaucoup pour le développement de l’enseignement supérieur en lycée et en IUT. Investissements en contructions et reconstructions, en équipements et subventions pour les étudiants. Les conditions d’études, de vie et de travail, pour les personnels comme pour les étudiants, sont très nettement supérieures à celles observées dans le cycle « Licence » des universités installées en centre ville. Larges bureaux pour les personnels, salles de cours et de TD bien aménagées et équipées, parkings, accès au logement, à la restauration, au transport public subventionné par les collectivités. Tout est mis en oeuvre pour attirer les étudiants dans les formations supérieures dispensées.

Le pari de l’impulsion de l’attractivité par des moyens variés est-il pour autant gagné ? La réponse est « oui et non » : toutes les filières de formation ne fonctionnent pas à leur pleine capacité d’accueil. La question de la pertinence de l’offre de formation et de l’organisation de cette offre par les différents établissements se pose donc. Les coopérations existent entre eux, des mutualisations commencent à être mises en oeuvre, des projets communs sont explorés. Aller encore plus loin ? Chronique à suivre

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L'enseignement supérieur à Figeac

Suite des chroniques sur les « Pôles universitaires de proximité » : les projets de Valérie Pécresse, BTS, DUT, CPGE en Midi-PyrénéesRocamadour, 26 septembre 2010, des vacances après les vacances scolaires… J’ai l’intention d’explorer l’enseignement supérieur dans la région, l’appareil photos en bandouillère. Site « admission post-bac« , critère « Département » pour la recherche. Le Lot tout d’abord (ici) : 46 formations à Cahors, Figeac, Gramat et Souillac. Puis la Corrèze (ici) ; 41 formations dont 21 à Brives-la-Gaillarde. Figeac ou Brives-la-Gaillarde ? Des DUT et des BTS dans les deux villes, mais pas de Prépas. Je m’interroge : pourquoi Figeac, ville de moins de 10.000 habitants, possède-t-elle autant de formations supérieures ? Autre intérêt potentiel de la ville : la présence d’un lycée agricole avec un BTSA, d’un lycée privé également avec un BTS. Je consulte Via Michelin : 44 kilomètres de Rocamadour, moins d’une heure de route. Ma décision est prise : ce sera FigeacSites des collectivités territoriales : Ville de Figeac (ici), Figeac Communauté (ici), Conseil général du Lot (ici), Région Midi-Pyrénées (ici).

Lundi 27 septembre 2010. Analyse des sites de trois établissements de Figeac pour en connaître l’histoire, en repérer les formations, les noms et coordonnées des responsables de filières ; je laisse tomber le lycée privé Jeanne d’Arc. IUT de Figeac : le site dont l’architecture, qui remonte à 2004, mériterait d’être refondé. La revue de presse est encore en construction. L’historique est arrêté en 2004 (la présentation de l’IUT sur le site de l’université est encore plus obsolète : ici). 1995, ouverture du premier département (Génie mécanique et productique, GMP). 1997, deuxième département (Techniques de commercialisation, TC). 2001, troisième département, Carrières sociales. Trois départements, la possibilité de devenir un IUT de « plein exercice ». C’est chose immédiatement faite, l’IUT demeurant une composante de l’université de Toulouse le Mirail.

Les diplômés de DUT sont de plus en plus nombreux à poursuivre des études : fort logiquement, l’IUT de Figeac demande et obtient de préparer et de délivrer des licences professionnelles : 2 dès 2003, une 3ème en 2005, deux autres encore en 2009. 2008, création d’un diplôme d’université en partenariat avec deux universités chinoises. Ce n’est pas tout : « en lien avec le département génie mécanique de l’IUT, le CUFR d’Albi organise, sur le site de Figeac et en L3, un parcours de la licence « Physique, Chimie, Ingénieurie » (ici).

En dehors des sciences : une équipe de recherche non labellisée : Laboratoire de recherche pluridisciplinaire du Nord-Est de Midi-Pyrénées (LRPmip). La rubrique « Chiffres-clés » est pauvre de contenu. Combien d’étudiants ? 360 en 2009. Le nombre d’enseignants : le décompte est arrêté en 2002. Les locaux : 5.330 m². Juin 2010, la Dépêche annonce fièrement : « première soutenance de thèse à l’IUT de Figeac. Les premières informations collectées, je téléphone et j’annonce mon passage pour le lendemain. Post-nouvelles : Le Lot en action annonce que, le 20 octobre 2010, 105 étudiants de l’IUT contre 35 ont voté le blocage des bâtiments ; La Dépêche du 22 octobre mentionne une marche funèbre.

Les lycées Champollion, lycée d’enseignement général et technologique d’une part et lycée professionnel d’autre part, sont des lycées anciens en centre ville. Le site commun a une allure « moderne » car illustré par un certain nombre de vidéos. Mais la page d’accueil bascule aussitôt et de manière assez surprenante vers l’agenda de la semaine (de la semaine dernière en l’occurrence… puisque ce sont les vacances !). Des rubriques du menu à gauche n’ont pas de contenu. Les BTS ? Deux BTS. Le BTS Systèmes électroniques (BTS SE) et le BTS Industrialisation des produits mécaniques (voie scolaire ou par apprentissage) (BTS IPM) (on croit que ces deux liens mènent directement vers la formation, ce n’est pas le cas). La présentation des deux diplômes est claire ; elle se termine par les poursuites d’études possibles mais le schéma de référence date d’avant le LMD ! Les résultats aux examens de BTS figurent dans une autre rubrique, la rubrique éponyme : ils datent malheureusement de 2008. La Dépêche fait son travail d’information locale : « Une belle affluence au lycée Champollion pou les journées portes ouvertes » (21 mars 2010). Je téléphone pour prendre rendez-vous avec madame le Proviseur ; ce sera pour jeudi.

Le Lycée d’enseignement général et technologique agricole (LEGTA) de la Vinadie (le site) a fêté son 30ème anniversaire en novembre 2009. Première impression en cette fin septembre 2010 : le site fait « vieillot » et n’est pas actualisé. En page d’accueil : « les Journées Portes ouvertes du 20 mars 2010 » ; la rubrique « Actualités » est arrêtée en 2009 ; la rubrique « La Vinadie dans la presse » est vide. Une présentation plus « moderne » est faite sur le site du ministère : ici. L’offre de formation : 3 bacs professionnels, 1 baccalauréat technologique, 1 brevet de technicien supérieur agricole (BTSA ACSE, Analyse et conduite des systèmes d’exploitation). La page du BTSA est plutôt bien faite : un diagramme présente les situations professionnelles diversifiées de 300 titulaires du diplôme ; présentation nationale du BTSA ACSE : ici. Le blog des élèves, en soi une fort bonne idée, ne fait pas preuve d’une grande vitalité. Et La Dépêche ? : « Max Delpérié passe le relais à Hassein Samr » (2 septembre 2009), « 30ème anniversaire pour le lycée agricole » (11 novembre 2009), « Portes ouvertes à la Vinadie pour les futurs étudiants de BTS » (21 janvier 2010). Deux autres BTSA (production animale, service en epasce rural) sont organisés en apprentissage par le CFA agricole à Gramat et Cahors ; le BTSA vinicole est mis en veilleuse faute de demandes.

Point commun des sites Internet des 3 établissements : ils peuvent beaucoup mieux faire ! La communication n’est pas un point fort, mais j’ignore encore qui s’en charge. Un ou des bénévoles ? Et déjà une première réflexion : à Figeac, ce sont les formations post-bac du secteur de la production qui dominent, en BTS et en licence professionnelle. Pourquoi ? Je recherche quelques informations sur l’histoire industrielle de Figeac. Le passé et la maison Ratier (ici). Le présent et le futur : la présence de Figeac-Aero, « le partenaire des grands industriels de l’aéronautique », sur la zone industrielle (le site). Et puis, il y a la Mecanic Vallée organisée en réseau d’entreprises (le site). 

Mardi 28 septembre. En route pour Figeac, guidage au GPS vers le lycée agricole de la Vinadie. Je ne sais toujours pas pourquoi Figeac a autant de formations post-bac. A suivre… 

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LRU et PRES : le 2/11 à Bordeaux

Sur l’invitation de Patrice Brun, Président de Bordeaux 3 Michel de Montaigne, je participerai mardi 2 novembre 2010 à 17 heures 30 à une table ronde sur la LRU et les PRES : cliquer ici.

La LRU (la gouvernance des universités, les RCE, la dévolution du patrimoine immobilier) et les PRES : points forts, points faibles, opportunités, menaces

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BTS, DUT, CPGE en Midi-Pyrénées

L’académie de Toulouse (ici), la région Midi-Pyrénées (ici), ce sont 8 départements : Ariège (09), Aveyron (12), Haute-Garonne (31), Gers (32), Lot (46), Hautes-Pyrénées (65), Tarn (81), Tarn et Garonne (82). La région est fort étendue : 255 kilomètres entre Souillac (46) au nord et Foix (09) au sud, 230 kilomètres entre Auch (32) à l’ouest et Rodez (12) à l’est. En Midi-Pyrénées comme ailleurs, l’enseignement supérieur est sous une double tutelle pour ce qui concerne les financements, l’offre de formation, la carte des formations : l’Etat et la Région (interventions de celle-ci dans le supérieur :cliquer ici). Pour reprendre les termes en vigueur dans l’évaluation : c’est peu efficient et peu efficace.

En 2010, dans l’académie de Toulouse, 11.717 élèves ont obtenu un baccalauréat général et 5.524 un baccalauréat technologique ; le nombre de bacheliers professionnels n’est pas encore publié par la DEPP (résultats provisoires du bac 2010). En 2009, il y avait eu 22.132 bacheliers (note d’information, n°10-06, avril 2010) : 11.786 bacheliers généraux, 5.489 bacheliers technologiques, 4.857 bacheliers professionnels.

Que sont devenus les bacheliers 2010 qui ont poursuivi des études supérieures en septembre 2010 ? 418 formations supérieures de 1ère année leur étaient proposées sur le site admission post-bacOui, 418 possibilités ! Comment choisir ? Pourquoi choisir cette formation plutôt que celle-là ? Cette ville plutôt qu’une autre ? Personne ne pourra nier que l’offre de formation de 1ère année est peu lisible, pour ne pas dire illisible. Quelle que soit la performance du système d’orientation (« matérialisé » ou « dématérialisé »), des salons, des journées portes ouvertes, des campagnes de communication coûteuses, il y a forcément de la pagaille. L’idée de Pôles universitaires de proximité, soumise avant-hier par Valérie Pécresse (chronique : « Pôles universitaires de proximité« ) ou celle d’Instituts d’enseignement supérieur (IES) qui m’est chère (tag IES) doit être explorée attentivement et rapidement !

Etat des lieux du Supérieur en Midi-Pyrénées. En 2009-2010, l’académie de Toulouse comptait 113.651 étudiants (note d’information, n°10.08, octobre), soit une progression de 3,6% par rapport à l’année précédente. L’académie vient en 7ème position pour le nombre d’étudiants après les 3 académies franciliennes, et après Lyon, Lille et Nantes. C’est, fort logiquement et vu l’existence de 3 cycles, l’université (hors IUT) qui accueille le plus d’étudiants (62.233) ; 11.160 étudiants sont par ailleurs inscrits en STS et 6.555 en IUT. Combien en CPGE ? Le tableau 4 de la note ne permet pas de le savoir.

3 universités à Toulouse et un Centre universitaire (CUFR) en région Midi-Pyrénées. L’université de Toulouse III Paul Sabatier vient en tête pour les effectifs en 2009-2010 : 26.912 étudiants (+2% par rapport à 2008-2009) et 5.430 étudiants entrants en 1ère année (note d’information, n°10-09, octobre 2010). Toulouse II le Mirail est en deuxième position avec 23.000 étudiants (-2% par rapport à l’année précédente) et 3.429 entrants. Toulouse I Capitole est troisième : 18.267 étudiants (+8%) et 3.114 entrants. Le CUFR ne compte que 2.707 étudiants (+9% et 824 entrants). Le prochain contrat quadriennal des universités : 2011-2014 ; les rapports d’évaluation de l’AERES ont été mis en ligne cet été (cliquer ici). J’ai parcouru le rapport d’établissement sur Toulouse le Mirail ; le président Filâtre (chronique du 4 juin 2009), dans sa réponse, critique fortement les analyses de l’AERES !

C’est quoi le CUFR, dénommé Jean-François Champollion ? Un pôle universitaire de proximité ou quatre pôles ? Le CUFR est en effet implanté dans 4 villes à l’est et au nord-est de Toulouse, Castres, Albi (siège social), Rodez, Figeac. Figeac est éloigné de Castres de 178 kilomètres soit 2 heures 50 par la route (via Michelin). Création par décret du 27 avril 2002. Le statut du CUFR : celui d’un établissement public administratif (EPA). Le directeur, nommé pour 3 ans par arrêté du ministre : Jean-Louis Darréon (ici). Les atouts du CUFR selon son site : « dans une logique d’université de proximité, le CUFR entend affirmer son positionnement par la valorisation de ses principaux atouts distinctifs : taille humaine, qualité du cadre de vie, accessibilité des services, ouverture des campus sur leur environnement« . Et même, « Albi, la meilleure université de France » (la Dépêche du 27 avril 2010) !

Qu’enseigne-t-on dans le CUFR aux 2.700 étudiants ? Offre de formation : toutes les disciplines sont représentées (au moins sur un des sites mais lequel ?), tous les niveaux (de bac+2 à bac+5), tous les types de diplôme sauf les DUT (outre les licences et les masters, il y a des licences professionnelles, des formations d’ingénieur, des diplômes d’université). 4 villes seulement ? Non, en fait 8 car des licences professionnelles sont organisées avec des lycées à Millau, Revel, Saint-Affrique et Aubin (cliquer ici). Un CUFR, un être étrange qui complexifie le panorama de l’enseignement supérieur en Midi-Pyrénées, l’orientation des bacheliers. Une bizarrerie institutionnelle issue d’une volonté politique de quelques collectivités territoriales.

Quid des 418 « première année » de Licence, STS, IUT, CPGE, formations du secteur sanitaire et social proposées aux bacheliers 2010 ? Elles sont inégalement réparties dans les départements et les villes. 1. 8 formations (seulement des BTS) dans l’Ariège dont 2 à Foix (chef-lieu du département, 9.100 habitants). 2. 44 formations dans 8 villes de l’Aveyron dont 24 à Rodez (23.700 habitants) : 11 BTS ou BTSA, 4 départements d’IUT (IUT de Rodez, rattaché à Toulouse 1 Capitole), 4 premières années du secteur paramédical et social, 5 premières années de licence (dont 3 en STAPS). 3. 18 formations dans 5 villes du Gers dont à 12 à Auch (21.900 habitants) : 8 BTS ou BTSA, 4 départements d’IUT (rattachés à l’IUT Paul Sabatier ; Auch n’a pas d’IUT de plein exercice. 4. 23 formations dans 4 villes du Lot dont 9 BTS ou BTSA à Cahors (20.000 habitants), 6 à Figeac (9.600 habitants) (chronique à venir) : 2 BTS, 1 BTSA, 3 départements d’IUT (IUT de Figeac rattaché à Toulouse II Le Mirail).

5. 40 formations dans 4 villes des Hautes-Pyrénées dont 35 à Tarbes (46.400 habitants) : 21 BTS, 5 départements d’IUT (IUT de Tarbes rattaché à Toulouse 1 Paul Sabatier). 6. Tarn. 59 formations dans 8 villes dont 33 à Albi (46.300 habitants) : 16 BTS ou BTSA, 12 L1 (celles du CUFR), 3 CPGE, 1 département d’IUT, 1 Soins infirmiers, et 13 à Castres : 8 BTS, 4 départements d’IUT, 1 CPGE (43.500 habitants). 7. Tarn-et-Garonne. 15 formations dans 3 villes dont 12 à Montauban (51.900 habitants) : 9, BTS ou BTSA, 2 L1, 1 Soins infirmiers.

8. Haute-Garonne. A lui seul, le département offre 211 formations soit la moitié des formations de l’enseignement Supérieur en région. Toulouse (390.300 habitants) se taille la part du lion avec 188 formations dont 22 classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). La région compte 34 CPGE : 27 en Haute-Garonne, 4 dans le Tarn (Albi et Castres), 3 dans les Hautes-Pyrénées (Tarbes). 5 des 8 départements de la région n’ont pas de Prépas. Le désert de CPGE dans les villes moyennes du territoire est un obstacle à la démocratisation de l’accès aux études longues. Les Pôles universitaires de proximité, et a fortiori les Instituts d’enseignement supérieur, ne sauraient se contenter de filières professionnelles limitées à la licence ; ils doivent inclure des préprations aux études longues (des CPGE transformées).

Reportage à Figeac,Lot, 28 et 30 septembre 2010 : Lycées Champollion (lycée général et technologique, lycée professionnel), LEGTA Vinadie (lycée d’enseignement général et technologique agricole), IUT de Figeac (université Toulouse II Le Mirail). Chronique à suivre.

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Pôles universitaires de proximité

Lors de la commission élargie pour le budget 2011 de la MIRES (cliquer ici et chronique : « GVT : le pied de nez de Valérie« ), la Ministre a annoncé, en réponse à une question de Monsieur Marc, une révolution dans l’organisation de l’enseignement supérieur : la création d’un premier cycle universitaire fondamental au sein de pôles universitaires de proximité (PUP), intégrant des CPGE, des BTS, des DUT, des licences dont des licences professionnelles. 

Je demande à voir, mais cette nouvelle structuration commence à ressembler aux Instituts d’enseignement supérieur (IES), dont le lecteur assidu sait qu’ils constituent le projet politique de ce blog (pour les chroniques sur les IES, cliquer sur le tag). Un des points importants de l’annonce est l’intégration de CPGE dans ces pôles. Il faudra suivre avec une grande attention les premières esquisses de ce projet encore imprécis. Une différence demeure entre le PUP et l’IES, le premier émanerait des universités, le second serait un type nouveau d’établissement public d’enseignement supérieur, distinct des lycées et des universités. Je pense qu’il faut « sortir » le cycle « Licence » de l’université, comme, à l’ère moderne, le baccalauréat a été « sorti » de l’université (des collèges des jésuites de la fin du 16ème au lycée napoléonien). Il faut franchir aujourd’hui cette étape historique.  

Valérie Pécresse : « en même temps que nous cherchons à faire émerger des pôles universitaires à visibilité mondiale, nous souhaitons consolider les pôles universitaires de proximité. Nous travaillons ainsi à la mise en place d’un premier cycle universitaire fondamental qui réunirait les classes préparatoires, les classes de BTS, les IUT, les licences, jusqu’à la licence professionnelle, et aurait vocation à dynamiser l’enseignement supérieur dans les villes moyennes. C’est toute la logique de l’expérimentation en cours avec les BTS, du plan de sauvegarde et de développement des IUT, du plan de développement des licences professionnelles, de la création de classes préparatoires dans des villes qui jusqu’à présent n’en avaient pas. Nous avons besoin de ces pôles de proximité, qui seront des pôles de professionnalisation et devront travailler en réseau avec les grands centres universitaires régionaux, dont ils seront une émanation. Nous travaillons à l’élaboration des schémas universitaires régionaux avec les conseils régionaux, les préfets et les recteurs. Nous espérons pouvoir vous en rendre compte d’ici à la fin de l’année ».

La ministre poursuit quelques minutes plus tard. « Quand j’évoque les pôles universitaires de proximité, je n’entends pas les universités de moins de dix mille étudiants, mais les IUT, les BTS et les centres universitaires des villes moyennes qui résultent du démembrement de certaines universités – comme à Châlons-sur-Marne [sic]. Je pense qu’il faut regrouper toutes ces formations de niveau bac + 2, voire les intégrer dans des cursus de niveau bac + 3, du type de la licence professionnelle ». Cette seconde intervention est déjà moins précise que la première : « regrouper, voire intégrer ».

Pôles universitaires de proximité ? Qu’en est-il aujourd’hui de la situation de l’ enseignement supérieur de proximité en Midi-Pyrénées ? Quelques enseignements tirés d’un reportage dans deux lycées et à l’IUT de Figeac dans le Lot, fin septembre 2010 : chronique à suivre.

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Le chiffre ne peut ignorer la loi

La DEPP publie en même temps trois Notes d’information sur les effectifs de l’enseignement supérieur et leur évolution : cliquer ici. Ces Notes deviennent si rares qu’elles en sont d’autant plus délectables à lire. Je ne boude pas mon bonheur, et pourtant ! La Note 10.07 (Octobre 2010, Nicolas Bignon), « Projections des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées de 2010 à 2019« , est décevante et pour tout dire inutile : pas de scoop. Plus gravement, elle ignore la loi sur l’école de 2005 et les lois de finances, celle de 2011 et son programme 150 « Formations supérieures et recherche universitaire » (cliquer ici et lire page 24) : « La loi sur l’école fixe pour objectif à l’horizon 2015 de porter la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur à 50% d’une génération. Actuellement, ce pourcentage s’élève à 44,7% (2008) et la stratégie de performance mise en oeuvre ambitionne d’atteindre la cible de 50% dès 2012″.

Comment expliquer qu’une statistique projective ne prenne pas en compte les deux dates qui figurent dans la loi de finances (2012 et 2015) et ne se centre pas sur l’objectif des 50% : « Où en est-on du pourcentage de diplômés du supérieur dans les jeunes générations (d’ailleurs, d’où sort le taux de 44,7% pour 2008 ?) ? Quelle évolution peut-on prévoir » ?, « Les 50% vont-ils être atteints et quand » ? La Note n’explore en fait que deux types de données chiffrées : les effectifs inscrits dans les différentes filières de l’enseignement supérieur (cursus L, M, D des universités, IUT secondaire et tertiaire, CPGE, STS de la production et des services, écoles d’ingénieurs, écoles de commerce…), les taux de poursuite d’études des bacheliers dans chacune d’entre ellles. Elle bâtit un scénario tendanciel (poursuite des tendances observées dans les années récentes) et un scénario alternatif, misant sur des politiques plus attractives mises en oeuvre par les universités ; en fait, l’impact du scénario alternatif sur les effectifs des universités en 2019 est peu important.

Quelques données projetées pour 2019. Elles vont satisfaire toutes les filières car chacune d’entre elles, y compris l’université mais à une exception près, va gagner des effectifs au cours de la prochaine décennie. 1.349.976 étudiants inscrits à l’université (hors IUT) en 2009, 1.414.700 en 2019 (+4,8% en dix ans), mais une diminution des effectifs est prévue en licence : 743.695 inscrits en 2009, 736.800 en 2019.

Comment est expliquée cette progression encourageante des effectifs étudiants pour toutes les filières ? Elle prend en compte différents facteurs. 1. L’évolution démographique n’exercera pas d’influence : les effectifs des générations qui vont parvenir à l’âge du baccalauréat vont d’abord baisser puis remonter au niveau actuel (indicateur 1.4 des RRS 2010) ; la présence d’un nombre plus ou moins important d’étudiants étrangers à l’horizon 2009 n’est pas évoquée.

2. Le nombre de bacheliers est effectivement un facteur qui va jouer en faveur de la progression des effectifs, non parce que le taux de succès au baccalauréat va progresser (la projection le suppose stable dans la décennie qui vient ; il faut dire qu’il est déjà particulièrement élevé !), mais parce que la réforme de 2009 du baccalauréat professionnel va produire plus de bacheliers professionnels dont une partie va poursuivre des études, d’où un impact positif attendu pour les effectifs du supérieur, en particulier pour les STS.

3. Le taux de poursuites d’études après le baccalauréat. C’est aussi un facteur-clé, décomposé en deux éléments par la Note. Les choix d’orientation sont considérés comme constants dans le scénario tendanciel (d’où l’impact : « les effectifs de toutes les filières progressent ») et les taux de poursuites d’études selon le type de baccalauréat. Ceux-ci sont considérés comme tendanciellement à la baisse pour les bacheliers généraux et pour les bacheliers technologiques (tableau 2 de la Note) et à la hausse pour les bacheliers professionnels (à cause de la réforme du bac pro). Ce qui veut dire : dans les années récentes, les bacheliers généraux et technologiques ont été de moins en moins nombreux à poursuivre immédiatement des études supérieures dans l’une des 4 filières (université, STS, IUT, CPGE) et cela va continuer. Pourquoi ? Pas d’hypothèses formulées par la Note. Des chiffres : 99,7% des bacheliers généraux de 1990 ont poursuivi des études dans l’une des 4 filières ; le taux est descendu à 94,6% en 2000, à 86,9% en 2009 ; il devrait n’être plus que de 82,3% en 2019. Même érosion pour les bacheliers technologiques. Et globalement, tous types de bacs confondus : 87,5% de poursuites d’études en 1990, 74,3 en 2000, 69,3 en 2009, 61,7 en 2019. Cela paraît évidemment incroyable mais s’explique par une très grande faiblesse méthodologique de la Note : les taux de poursuites d’études dans les autres filières de l’enseignement supérieur (dont les facultés privées et les écoles paramédicales et sociales) ne sont pas pris en compte, faute sans doute de pouvoir être estimés.

4. Le taux de réussite au diplôme. Les projections d’effectifs dans les cycles de master et de doctorat dépendent des taux de réussite en licence, du taux de poursuite d’études après la licence, du nombre d’années passées en M et en D. Curieusement, la Note fait une impasse sur ce quatrième facteur, ce qui affaiblit à mes yeux sa portée prospective.

En définitive, cette Note d’information ne répond pas à la question soulevée par la loi : quid du taux actuel et futur de jeunes qui obtiendront un diplôme du supérieur ? Il dépend du taux de jeunes qui obtiennent le baccalauréat, puis du taux de bacheliers qui poursuivent des études supérieures, puis enfin du taux de succès dans les formations qui conduisent à un premier diplôme (le DUT, le BTS, la licence). La Note ne fait aucune allusion au taux de bacheliers dans une génération et à son évolution ; elle fait état des taux de poursuites d’études des bacheliers mais oublie la poursuite d’études en dehors des 4 filières (licence universitaire, BTS, DIT, CPGE) ; enfin, elle ignore l’incidence du taux de succès. Je pense que cette Note a mobilisé inutilement des énergies.

De plus, cette Note n’éclaire pas les objectifs fixés par la loi de 2005 et par les lois de finances. C’est un comble ! Autant j’ai pris l’habitude de critiquer l’usage politique (partial, partiel ou incompétent) de données statistiques, autant j’estime que c’est le politique, éclairé par des conseils scientifiques indépendants, qui doit fixer le cahier des charges des institutions statistiques, les données à receuillir, leur calendrier. Je me pose donc des questions. Qui a commandé cette Note de projection des effectifs dans l’enseignement supérieur à l’horizon 2019 et pourquoi ? Nicolas Sarkozy ? François Fillon ? Valérie Pécresse ? Luc Chatel ? Michel Quéré, directeur de la DEPP ? Patrick Hetzel, directeur de la DGESIP ? ou personne ? Cette Note est-elle le fruit d’une absence de pilote dans les services statistiques du ministère ? J’attends une Note qui réponde aux vraies questions. Le chiffre ne peut ignorer la loi.

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GVT : le pied de nez de Valérie

Assemblée nationale, 26 octobre 2010, Commission des finances élargie, PLF 2011, crédits de la mission Recherche et de la mission Enseignement supérieur (MIRES), questions des rapporteurs, des députés. Réponses de Valérie Pécresseversion écrite. Beaucoup de questions sur des points fort divers. La Ministre est à l’aise, agite volontiers les bras et le stylo, a réponse à tout ; elle connaît ses dossiers et n’hésite jamais sur les chiffres. Un leitmotiv : « nous avons fait et nous faisons beaucoup financièrement pour la recherche et l’enseignement supérieur ».

Sa réponse sur le GVT est fort intéressante. Rappelons que le « Glissement Vieillesse Technicité » a des impacts automatiques sur l’évolution de la masse salariale de la fonction publique : celle-ci augmente mécaniquement parce que les fonctionnaires sont promus à l’ancienneté, au choix et/ou par changement de grade. Pour les fonctionnaires employés dans les universités, c’était le budget de l’Etat qui prenait en charge cette contrainte financière.

Il n’en va plus de même pour les universités autonomes, passées aux responsabilités et compétences élargies. La masse salariale de leurs fonctionnaires a été transférée dans leur budget. A elles maintenant de gérer leurs ressources humaines, de faire de la gestion prévisionnelle des emplois incluant l’impact du GVT. La loi a fixé deux limites à l’autonomie financière : elle s’exerce dans le cadre d’un plafond d’emplois et d’un plafond de masse salariale, définis pour chaque université. Valérie Pécresse est extrêmement claire : pas question pour les universités autonomes de quémander une enveloppe supplémentaire pour un GVT qui exploserait une année donnée ; pas question non plus pour la CPU de demander, comme cette année, une rallonge d’une dizaine de millions d’euros pour le GVT 2011.

Valérie Pécresse rappelle que le passage aux RCE a été accompagné financièrement par son ministère ; dit autrement, celui-ci n’a pas lésiné sur le montant de la masse salariale transférée. Les universités autonomes ont perçu une sorte de « bonus financier« . La ministre rappelle, devant la commission, comment les universités ont utilisé la marge de manoeuvre financière ainsi acquise. Elle en est d’ailleurs elle-même très satisfaite : repyramidage d’emplois, versement d’indemnités d’un montant plus élevé, d’aides sociales, embauches supplémentaires (plus 1.000 emplois selon elle), recrutement de telle ou telle personnalité scientifique… Un exemple de GRH autonome : « Luc Johann, président de Metz« .

Valérie Pécresse, pour les universités et les personnels qui n’auraient pas encore compris, insiste ! Les quelques années prochaines, avec le départ en retraite des babyboomers, vont desserrer temporairement la contrainte du GVT. Les universités ne vont pas alors proposer de rendre de l’argent au ministère ! Mais… ce sera pareil le jour où la contrainte du GVT deviendrait forte : pas question d’obtenir alors une rallonge du ministère !

Imaginons quelques scénarii de gestion prévisionnelle des emplois, des compétences et des salaires dans les universités autonomes, scénarii prenant en compte les effets du GVT. 1. Inciter les vieux enseignants et non-enseignants à partir au plus tôt en retraite mais inciter comment ? Par des primes de départ anticipé ? Un tel scénario sera d’ailleurs de plus en plus difficile à mettre en oeuvre car le recrutement en tant que fonctionnaire – et de ce fait la promotion à l’ancienneté – se fait à un âge de plus en plus élevé. Difficile de pousser dehors des personnels qui n’auront pas encore atteint leur indice maximum ou le nombre minimum de trimestres pour percevoir une retraite de fonctionnaire. Scénario improbable également car le nombre de trimestres pour prendre la retraite à taux plein ne va pas manquer de progresser.

2. Ne plus embaucher de fonctionnaires mais seulement des contractuels ; il n’existe pas encore de convention collective pour gérer la carrière de ces contractuels et donc pas de contrainte de GVT. 3. Diminuer le nombre des emplois tout en gardant les mêmes activités, la même efficience et la même efficacité. Plus facile à dire qu’à faire !

Autre « bonne » nouvelle pour les universités autonomes : la réforme de la retraite prévoit une hausse des cotisations « patronales » pour la retraite (égalisation des taux dans le public et dans le privé). Les universités autonomes doivent dès maintenant anticiper cette charge qui représente plus de 2% de leur masse salariale. J’imagine que Valérie, en direct de la commission parlementaire, adresse alors un pied de nez à la caméra et dise : « eh, oui, le passage aux RCE, ce n’est pas que du gâteau ! Je vous ai bien eus, non » !

Actualisation 28 octobre 2010. Lionel Collet, président de la CPU dans une déclaration à l’AEF : « l’État doit couvrir l’évolution du GVT des universités. Sa non couverture systématique par l’État serait antinomique avec la notion de responsabilité« . Est-ce un bras de fer qui s’engage entre la CPU et la ministre ? Ou une réaction de principe de la CPU ? Paradoxal : pour les universités non encore passées aux Responsabilités et compétences élargies (RCE), l’Etat assume encore le GVT !

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Volontaires en service civique

Le service civique a été réformé par la loi du 10 mars 2010 (chronique du blog « Service civique : la loi« ). Une agence du service civique a été créée en mai 2010 (cliquer ici) ; elle est présidée par Martin Hirsch. Objectif : un jeune sur dix en 2015, 10.000 en 2010. On est encore loin du compte ! 

Deux associations expérimentées recherchent actuellement des volontaires pour la réalisation de projets proposés par des partenaires : UnisCité (cliquer ici), et Animafac (cliquer ici). Sur les sites, on peut tout savoir sur le service civique. Exemples de services civiques réalisés, présentés par ce blog : UnisCité Reims (cliquer ici).

Plusieurs étudiants et diplômés de la licence professionnelle « Management des organisations de l’économie sociale » de l’UMLV (LP MOES) ont été ou sont impliqués dans l’une ou l’autre de ces deux associations (stages, apprentissage, salariés). Ahmed El Khadiri, délégué général adjoint d’Animafac, est titulaire de cette licence.

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Mon copié-collé à moi

Je soumets actuellement à quelques collègues amis des extraits de livres dont certaines parties présentent des similitudes fortes, voire absolues. Celles-ci m’ont été communiquées par un lecteur du blog. Que peut-on faire et jusqu’où aller dans la dénonciation de la pratique de copiés-collés ? « Elle semble apparaître, certains s’appropriant sans vergogne les écrits d’autres auteurs et, sous prétexte de les commenter, changent seulement quelques mots. Ils considèrent alors apparemment que le « nouveau » texte ainsi créé peut être livré à leur lecteur sans préciser qu’il emprunte tout ou presque à l’auteur censé être commenté et qui n’est guère que… reproduit » (extrait du texte ci-dessous). Blogs de référence : Michelle Bergadaà : « Internet. Fraude et déontologie selon les acteurs universitaires » ; Jean-Noël Darde : « Archéologie du copier-coller« .  

Alain Quemin, professeur de sociologie à Marne-la-Vallée, m’autorise à publier sa réaction ironique sur les « copiés-collés » que je lui ai soumis. « Mon copié-collé à moi ou comment recycler sans scrupules le travail des autres et étoffer son propre dossier scientifique en présentant comme production personnelle et originale le simple changement d’un mot de ci de là dans le texte d’un autre auteur et cela pour ne pas être obligé d’utiliser des guillemets« .

« Je vous invite à découvrir en avant-première le premier paragraphe du manuscrit d’un ouvrage que je projette de publier sous le titre « Lire Les règles de la méthode sociologique de Durkheim au 21ème siècle » ou « Durkheim, Les règles de la méthode, un commentaire contemporain » et qui figurera en bonne place dans ma liste de publications ».

« On est tellement peu habitué, comme le souligne Durkheim, à traiter les faits sociaux scientifiquement que certaines des propositions contenues dans son célèbre ouvrage Les règles de la méthode sociologique risquent de surprendre le lecteur. Cependant, s’il existe une science des sociétés, il faut bien s’attendre à ce qu’elle ne consiste pas –  mais alors pas du tout – dans une simple paraphrase des préjugés traditionnels, mais nous fasse voir les choses autrement qu’elles n’apparaitraient au vulgaire ; car l’objet de toute science est de réaliser des découvertes et toute découverte déconcerte plus ou moins les opinions reçues. A moins donc qu’on ne prête au sens commun, en sociologie comme en d’autres sciences sociales, une autorité qu’il n’a plus depuis longtemps dans les autres sciences – et on ne voit pas (du tout) d’où elle pourrait lui venir – il faut que le savant prenne résolument son parti de ne pas se laisser intimider par les résultats auxquels aboutissent ses recherches, si elles ont été méthodiquement conduites. Si chercher le paradoxe est d’un sophiste, s’en écarter, quand il est imposé par les faits, est d’un esprit sans courage ou sans aucune foi dans la science ».

Certains d’entre vous auront peut-être remarqué une parenté troublante avec le texte original de Durkheim. Mais comment aurais-je pu mettre des guillemets, puisque j’ai changé, de ci, de là, quelques mots sans aucun intérêt pour le propos, mais qui, avec une malhonnêté intellectuelle criante, devraient me permettre de me considérer comme le véritable auteur de cet texte ! Voici le texte original de Durkheim et chacun conviendra qu’il faut des guillemets !!!

« On est si peu habitué à traiter les faits sociaux scientifiquement que certaines des propositions contenues dans cet ouvrage risquent de surprendre le lecteur. Cependant, s’il existe une science des sociétés, il faut bien s’attendre à ce qu’elle ne consiste pas dans une simple paraphrase des préjugés traditionnels, mais nous fasse voir les choses autrement qu’elles n’apparais­sent au vulgaire ; car l’objet de toute science est de faire des découvertes et toute découverte déconcerte plus ou moins les opinions reçues. A moins donc qu’on ne prête au sens commun, en sociologie, une autorité qu’il n’a plus depuis longtemps dans les autres sciences – et on ne voit pas d’où elle pourrait lui venir – il faut que le savant prenne résolument son parti de ne pas se laisser intimider par les résultats auxquels aboutissent ses recherches, si elles ont été méthodiquement conduites. Si chercher le paradoxe est d’un sophiste, le fuir, quand il est imposé par les faits, est d’un esprit sans courage ou sans foi dans la science ».

« Si notre communauté laisse se développer ce type de pratique sans les dénoncer comme des impostures, l’évaluation des textes et des dossiers scientifiques s’apparentera bientôt au jeu des sept erreurs« .

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Brèves du 25 octobre 2010

Les Brèves reprennent des communiqués, des annonces de manifestations, des nouvelles de telle ou telle université, des informations que je reçois par courrier électronique. Classement alphabétique par mots-clés. Brèves du 5 octobre, Brèves du 25 septembre.

Mastérisation. Ce qu’elle signifie par Sauvons l’Université, newsletter n°29, 25 octobre 2010. Une analyse remarquable (et qui donne froid dans le dos) des différentes dimensions en interaction de la mastérisation à l’oeuvre : conditions de travail et de formation des stagiaires reçus aux concours 2010, fragilité juridique des masters (arrêtés d’avril 2002 sur le LMD) et risque que les « masters enseignement » soient le cheval de Troyes pour détruire toute idée de diplôme national. Les masters enseignement « réussissent le tour de force de ne pouvoir être réellement professionnalisants ni de permettre une véritable initiation à la recherche dans le cadre imposé… Enfin, ils ne permettent pas une meilleure insertion professionnelle ; produisant, d’une part, une nouvelle catégorie (« les reçus collés ») et soumettant, d’autre part, la nomination comme fonctionnaires-stagiaires des reçus aux concours à des conditions supplémentaires désormais extérieures à ces derniers : la réussite au diplôme de Master »…

Plagiat in Drôle d’En-Droit. Cinq séances du séminaire du Centre d’études et de recherches de Sciences administratives et politiques (CERSA) du 12 novembre au 10 décembre 2010. Objectif : préparation d’un colloque international (octobre 2011) et d’un ouvrage sur le plagiat de la recherche. Prochain séminaire : 12 novembre, Les droits du plagié. Un cas de plagiat analysé par le plagié, Jacques Bolo : cliquer ici. Sites de référence sur le plagiat. Blog de Michelle Bergadaà  : « Internet. Fraude et déontologie selon les acteurs universitaires » ; lettre n°36 de ce jour. Blog de Jean-Noël Darde : « Archéologie du copier-coller« ). Prochainement sur ce blog : « un enseignant-chercheur de sociologie « copie » des parties de l’ouvrage d’un autre sociologue et les « colle » dans son propre livre !

Plan de réussite en licence. Valérie Pécresse à Alain Fauconnier (Sénat, 3 juin 2010, signalement par Miichel Abhervé). Question : « le plan Licence a-t-il permis de diviser par deux le taux d’échec en première année » ? La réponse de Valérie Pécresse est symptomatique : elle met en valeur le financement du Plan, décrit les actions des universités (encadrement pédagogique, accueil des nouveaux étudiants, soutien des étudiants en situation de décrochage…), mentionne les évaluations du Comité de suivi et de l’Inspection, … mais elle ne répond pas à la question posée : quid du taux de succès au terme de la 1ère année de licence après 3 années de Plan ? Valérie Pécresse doit encore apprendre ce qu’est l’efficience et l’efficacité en évaluation.

Recherche. ANRT, Appel à contributions pour le Prix Futuris 2011 (6.000 et 2.000 euros). Délai de candidature : 15 décembre 2010. L’objectif est de recueillir des textes combinant analyse, vision prospective, pistes de réflexion, propositions sur des sujets d’actualité et/ou d’intérêt collectif au carrefour de la recherche, de l’innovation et de la société »

Stages hors cursus. Michel Abhervé analyse, à plusieurs reprises, sur son blog, la question des stages : les stratégies de contournement du décret d’août 2010 par des officines de formation et par des universités (création d’un diplôme d’université pour qu’il puisse y avoir « convention de stage ») ; pour le professeur associé de Marne-la-Vallée, la ministre entretient la confusionEducPros parle de casse-tête pour les universités. Est-ce plus clair depuis le 20 octobre ? Valérie Pécresse, Assemblée nationale, réitère une vision extensive du stage hors-cursus : « un diplômé qui a terminé ses études doit avoir un contrat de travail ; un étudiant en cours d’études doit pouvoir faire autant de stages qu’il le souhaite, que ces stages soient obligatoires ou non ». Interfaces & Compétences, 25 octobre : « Stages volontaires vs stages hors-cursus, enfin la fin ? ». L’Association paraît se satisfaire de la déclaration de Valérie Pécresse, mais aurait préféré que le décret interdise et sanctionne clairement les stages post-cursus (et non hors-cursus).

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