Suite des chroniques sur les Pôles universitaires de proximité. Je terminais ma chronique d’hier, me demandant « pourquoi Figeac avait autant de formations post-bac » ?
Michel Abhervé, dans un commentaire, a posé la question : « avant d’être élu à la présidence de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy a été maire de Figeac. Y aurait-il un lien entre les dates de ses responsabilités ministérielles et l’implantation des formations dans sa ville » ? J’ai posé la question à mes différents interlocuteurs et la réponse a été : « sans Martin Malvy, Figeac n’aurait pas connu un tel développement de l’enseignement supérieur« . Martin Malvy sur Wikipédia : 74 ans, membre du Parti socialiste, 40 années de responsabilités politiques, élu à tous les niveaux et bel exemple de cumul de mandats : maire de Figeac de 1997 à 2001 (aujourd’hui adjoint au maire et président de la communauté de communes), conseiller général du Lot de 1970 à 2001, conseiller régional depuis 1986 et président de la région depuis 1998, 3 mandats de député entre 1978 et 1998, secrétaire d’Etat ou ministre sous les deux mandats présidentiels de Mitterrand.
Président de région, un poste clé pour le développement des lycées et de leurs classes supérieures (BTS, CPGE), pour le développement de sites universitaires dans les villes moyennes. Ce à partir du Plan Universités 2000, puis du Plan U3M, et aujourd’hui dans le cadre des Contrats de projets Etat-Région (CPER). CPER 2007-2013 en Midi-Pyrénées : ici. Projet 1 : 240 millions d’euros pour le soutien de la compétitivité économique régionale (pôles de compétitivité, filières d’excellence, innovation). Projet 2 : 357 millions pour le renforcement des efforts de recherche et la modernisation des structures de l’enseignement supérieur (construction et rénovation de bâtiments universitaires – IUT de Figeac mentionné en page 24 -, amélioration de la vie étudiante et des conditions de logement).
Mardi 28 septembre 2010. J’arrive vers 10 heures au lycée agricole de la Vinadie, entretien avec le proviseur, Hassein Samr ; après-midi, entretiens à l’IUT de Figeac. Retour à Figeac le jeudi 30 septembre : le matin, entretien avec le proviseur des lycées Champollion, madame Bousquet, et l’après-midi, entretien avec le directeur de l’IUT, Olivier Drouard-Pascarel. Je les remercie ici pour leur fort sympathique accueil et pour leur confiance. J’ai également l’occasion de faire quelques centaines de photos (mais jeudi, pluie !).
Chronique d’aujourd’hui : le soutien financier des collectivités territoriales aux constructions pour le Sup, aux conditions de vie et d’études des élèves et étudiants. Le lycée agricole de la Vinadie se situe à 5 kilomètres de Figeac, en haut d’une colline qui surplombe la rivière Célé. Le cadre est presque bucolique. Les bâtiments me paraissent fort modernes, bien espacés les uns des autres ; les terrains de sport sont en travaux. Le proviseur m’explique la structuration et la restructuration de l’enseignement agricole : il est ainsi directeur du LEGTA Figeac mais aussi directeur de l’EPL Figeac (ici). Cela demeure un peu compliqué pour moi. Le lycée gère par exemple une exploitation pédagogique agricole (ici), forte de 120 hectares, de 50 vaches, 90 truies, 350 brebis, sous la houlette d’un directeur d’exploitation et de 3 salariés ; le budget de l’exploitation, intégré dans le budget de l’EPL, doit être en équilibre (par la vente des produits et des animaux en particulier). Une nouvelle stabulation, financée par la région, a été inaugurée en avril 2009, en présence de… Martin Malvy : ici et ici pour regarder la vidéo.
Les conditions de vie et d’études à la Vinadie. Le lycée n’est pas un « gros » établissement : 240 élèves, dont 40 dans le BTS ACSE « Analyse et conduite des systèmes d’exploitation ». Ils sont encadrés par 35 enseignants (27 ETP) et une dizaine d’agents territoriaux administratifs et techniques ; je n’ai vu aucun vélo et je le comprends : le dénivelé est important à partir du centre ville ! 170 élèves sont logés dans l’internat ; les élèves de BTS, faute de logements adaptés, n’en sont pas bénéficiaires (ils trouvent leur logement en ville), mais ils sont demi-pensionnaires.
Comme le lycée agricole, l’IUT est situé sur les hauteurs entourant Figeac. Pas de vélos mais de nombreuses voitures garées sur les parkings des personnels et des étudiants (voitures immatriculées dans plus de 10 départements et de nombreux logos A », jeunes conducteurs »). Il est quand même un enseignant, spécialiste de VTT, qui vient travailler en vélo : la dernière pente d’accès est assassine, même en voiture ! Le transport public, organisé par la ville, est gratuit : « il dessert l’IUT et s’adapte aux heures de cours. Ainsi, il n’est plus indispensable d’avoir un véhicule personnel. Vous souhaitez en savoir plus sur un itinéraire, des horaires, n’hésitez pas à appeler. Le service fonctionne tous les jours, du lundi au samedi » (ici). L’AQVUF (ici) « propose un service de restauration le midi, au tarif CROUS » [grâce à des subventions des collectivités territoriales (ici)]. Le logement (ici) : « 137 studios et T1, dont 50 sur le campus de l’IUT, sont à la disposition des étudiants. Ces logements sont gérés par les HLM de Cahors [et non par le CROUS], et conventionnés APL ».
L’IUT est récent : sa construction a été assurée en 2 phases de financement régional. Les infrastructures pédagogiques (salles informatiques, multimédia, audio-vidéo, CAO DAO…) sont importantes et modernes (ici). Dans l’atelier, des machines pour le DUT GMP et les licences professionnelles industrielles : pour la démonstration du centre d’usinage grande vitesse 3 axes, cliquer ici.
A la différence du LEGTA agricole et de l’IUT, les lycées Champollion se situent en centre ville ; ils accueillent 950 élèves pour une capacité de 1.500. Devant ce lycée comme à l’entrée du LEGTA la Vinadie, une très grande affiche « La région Midi-Pyrénées construit, équipe et entretient ses lycées« . C’est la 3ème année, explique tout de go Madame Bousquet, proviseur du lycée, que le lycée est en « chantier permanent« . Je vais le vérifier lors de la visite des lieux ! Aménagement d’un plateau technique pour l’électronique et l’électrotechnique, d’un plateau pour la productique (en cours) ; restructuration interne d’un certain nombre de bâtiments avec les déménagements qu’ils impliquent, les nettoyages permanents, les craintes que certaines salles ne puissent être ouvertes le jour dit. Et ce n’est pas fini : « le 3ème étage va bientôt être cassé ».
14 millions d’euros d’investissement de la région. « Le chef de travaux me dit que la région fait un très grand effort depuis cinq ans ; le nouvel équipement est d’une qualité exceptionnelle ». Je le constate, même avec ma faible connaissance des machines. L’assistant d’éducation qui me fait visiter les lieux ne paraît pas impressionné ; il préfère me montrer le « Foyer« , lieu de détente des élèves et effectivement fort fréquenté, et me mentionner les activités de différents clubs ; ce sont les élèves qui, par exemple, ont « tagué » le long mur de la cour (vidéos sur le site du lycée). Le logement : un internat de 380 places, mais seulement 210 sont occupées ; sa structuration en petits dortoirs peut sembler obsolète.
Premier bilan après les visites et les entretiens. Les collectivités territoriales, surtout la ville et la région, ont investi et investissent beaucoup pour le développement de l’enseignement supérieur en lycée et en IUT. Investissements en contructions et reconstructions, en équipements et subventions pour les étudiants. Les conditions d’études, de vie et de travail, pour les personnels comme pour les étudiants, sont très nettement supérieures à celles observées dans le cycle « Licence » des universités installées en centre ville. Larges bureaux pour les personnels, salles de cours et de TD bien aménagées et équipées, parkings, accès au logement, à la restauration, au transport public subventionné par les collectivités. Tout est mis en oeuvre pour attirer les étudiants dans les formations supérieures dispensées.
Le pari de l’impulsion de l’attractivité par des moyens variés est-il pour autant gagné ? La réponse est « oui et non » : toutes les filières de formation ne fonctionnent pas à leur pleine capacité d’accueil. La question de la pertinence de l’offre de formation et de l’organisation de cette offre par les différents établissements se pose donc. Les coopérations existent entre eux, des mutualisations commencent à être mises en oeuvre, des projets communs sont explorés. Aller encore plus loin ? Chronique à suivre…
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