Master : commission d’enquête

Proposition de résolution tendant à créer une commission d’enquête sur le diplôme du master en France, présenté par Huguette Bello (Assemblée nationale, 6 octobre 2014).

Sélection à l’entrée du M1 ou du M2 ? Huguette Bello tourne autour du pot, mais finit par écrire : « le temps est venu de réformer les procédures d’accès aux formations conduisant au diplôme du master en vue de permettre à tous les étudiants qui le souhaitent de poursuivre leurs études« .

Proposition démagogique pour trois raisons. La France ne doit pas se transformer en armée mexicaine, avoir plus de jeunes qui entrent sur le marché du travail avec un bac + 5 que de jeunes avec un bac +3. Ce qui est déjà malheureusement le cas ! Huguette Bello veut-elle qu’il y ait, dans quelques années, plus de cadres que de professions intermédiaires dans les entreprises ? Pourquoi une telle faiblesse de raisonnement ?

La progression du nombre de bacs+5 à l’entrée du marché du travail, progression continue et importante depuis la seconde moitié des années 90, a abouti au déclassement de nombre de diplômés, et surtout des diplômés issus des classes populaires. Huguette Bello souhaite-t-elle l’accroissement des inégalités sociales dans l’accès à l’emploi, à niveau de diplôme identique?

L’instauration du LMD a ajouté une année de plus au cursus d’enseignement supérieur (bac+3 au lieu de bac+2, bac+5 au lieu de bac +4). Huguette Bello se rend-elle compte que sa proposition de faire disparaître toute sélection ferait progresser de manière insoutenable la dépense d’État pour l’enseignement supérieur ? L’année de M2, c’est plus d’1,5 milliard d’euros par an !

Extraits de la proposition. « La solution, souvent préconisée, qui consiste à avancer la sélection à l’entrée du master 1, est loin de faire l’unanimité auprès des universitaires mais surtout des organisations représentant les étudiants. Pour l’UNEF, syndicat majoritaire chez les étudiants, la solution serait de supprimer la sélection aussi bien pour l’accès au M1 que pour l’accès au M2 afin que les étudiants puissent aller le plus loin possible dans leur cursus ».

« Puisque le master est devenu le diplôme de référence, qu’il est reconnu comme un puissant vecteur d’insertion professionnelle et qu’une nouvelle nomenclature plus simple et plus lisible vient d’être élaborée, le temps est venu de réformer les procédures d’accès aux formations conduisant au diplôme du master en vue de permettre à tous les étudiants qui le souhaitent de poursuivre leurs études ».

3 Commentaires

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3 réponses à “Master : commission d’enquête

  1. LB

    L’UNEF dirige l’enseignement supérieur et parle au nom des enseignants chercheurs et des enseignants ….Chercher l’erreur dans le système Français …Bien sur on dira c’est mieux à Oxford et au MIT etc ….Mais qui va taper du point sur la table et dire STOP à ce syndicat qui prône la médiocratie.
    Que ces étudiants retournent à leurs études et nous laisse faire notre métier. Oui il faut SELECTIONNER séverement en master 1/master2 sinon il y aura surproduction de docteurs s…et bien sur des docteurs chomeurs

  2. Nust

    « « Puisque le master est devenu le diplôme de référence, qu’il est reconnu comme un puissant vecteur d’insertion professionnelle (…), le temps est venu de réformer les procédures d’accès aux formations conduisant au diplôme du master en vue de permettre à tous les étudiants qui le souhaitent de poursuivre leurs études ».

    Le plus surprenant (et inquiétant) est que ces personnes n’arrivent pas à faire le lien entre la sélection à l’entrée du M2 et le fait que le Master soit devenu le diplôme de référence. Ces personnes (censées diriger la nation !) raisonnent d’une façon telle que l’on pourrait changer ce que l’on souhaite dans le contenu sans changer en rien les résultats, en dehors de l’effet directement recherché !!! C’est consternant. Si on change les règles du jeu, on change l’issue du jeu à plusieurs niveaux. Enlevons tout concours d’entrée à l’Ecole Polytechnique et nous verrons si elle sera toujours considérée de la même façon.

    Sinon, à propos de l’UNEF qui serait majoritaire chez les étudiants, c’est ne pas tenir du rejet massif par les étudiants eux-même de ces organisations censées les représenter. 90% des étudiants n’apportent pas leur vote aux élections de leurs « représentants » aux conseils des universités. Quand on parle de représentativité de l’UNEF, il faut savoir que seulement 3 à 4 % des étudiants inscrits ont voté pour elle. Quand 97% des étudiants n’ont pas mis un bulletin UNEF dans l’urne, je ne vois pas comment on peut parler d’une représentativité quelconque. La soit disant démocratie étudiante est rejetée en premier lieu par les étudiants eux-mêmes.

  3. Erwann

    Depuis 10 ans, j’assure un module de cours en 9° semestre dans une Université Française en tant qu’intervenant industriel.
    Initialement DESS, aujourd’hui Master 2, je ne peux que constater le déclin du niveau général des étudiants. Je compatis sincèrement au quotidien de mes collègues enseignants-chercheurs …
    Au cours de ces 10 années, mon étudiant le plus brillant fût Ukrainien et il avait seulement rejoint la France pour faire son Master ! …

    Le manque de sélection tant au cours des années de licence qu’à l’entrée en M1 conduit à un manque certain de « mordant » et de volonté de la part des étudiants. Je ne pense pas qu’ils soient fondamentalement plus mauvais que par le passé, ils n’ont tout simplement pas appris à être exigeants avec eux-mêmes.
    Mon fils fait ses études hors de France (en Europe). L’obligation de réussite est constamment présente. Aucun jury ne se réunit en fin de semestre pour arrondir les notes afin de valider des matières ou la note minimale n’aurait pas été atteinte. En conséquence, tout le monde travaille dur car chacun sait qu’aucun Deus ex Machina n’interviendra en fin de semestre pour transformer un échec en succès, ni aucun alchimiste ne viendra transformer le plomb en or.

    Les études scientifiques et techniques requièrent de la rigueur. Sans rigueur, le chercheur n’obtiendra pas de résultats valables et signifiants, l’ingénieur ne pourra maîtriser son « art » avec compétence et de manière fiable.

    Le laxisme dans la sélection et dans la notation (cf. l’indécent taux de réussite au bac) conduit à un appauvrissement intellectuel qui est en train de devenir fatal pour le pays.
    Nous avons perdu nos points forts – bon niveau de formation, scientifiques et ingénieurs compétents – et nous avons accentué nos faiblesses : en particulier une ostracisation toujours plus violente de la libre entreprise, de la réussite et de la valeur ajoutée.

    Nous perdons toute crédibilité aux yeux de nos partenaires commerciaux par manque de compétence, de souplesse, de combativité, de réactivité, et d’opiniâtreté.
    Quel gâchis pour nos enfants !