L’UNEF crache dans la soupe

UNEF, Dossier de presse, 14 août 2015, Rentrée 2015 : enquête sur le coût de la vie étudiante, 16 pages.

Éditorial : augmentation du coût de la vie de 1,1%, un chiffre cinq fois supérieur à celui de l’inflation. Les principales dépenses. Une précarité grandissante pour les étudiants. Les revendications de l’UNEF. Pour que cette hausse du coût de la vie étudiante ne se traduise pas par un renforcement de la sélection sociale dans l’accès à l’enseignement supérieur, l’UNEF demande au gouvernement de réagir dès la rentrée. Il ne serait pas acceptable que la rentrée 2015 soit la première du quinquennat sans aucune mesure pour soutenir le pouvoir d’achat étudiant.

P1360596Ces cinq affirmations de l’UNEF sont critiquables.

1.« Augmentation du coût de la vie de 1,1% ». Chaque rentrée universitaire produit le même marronnier : le coût de la vie étudiante progresse. Pour la rentrée 2015, l’UNEF en produit un atteint par la chenille goulue ou chenille mineuse. L’UNEF en se répétant n’est plus crédible. Une augmentation de 1,1% dans un budget étudiant « restant à charge » est une augmentation inférieure à 5 euros par mois pour la plupart des étudiants. Ne pourraient-ils faire une économie minime sur d’autres dépenses (cigarettes, loisirs, informatique)…

2. « Les principales dépenses » sont celles pour le logement et pour le transport. Elles sont tellement différentes d’un étudiant à l’autre (elles peuvent être nulles pour un étudiant habitant chez ses parents dans une ville universitaire) qu’il n’y a aucun sens à calculer une moyenne d’augmentation du coût de la vie (1,1%). L’UNEF devrait cesser de pleurnicher et oser écrire que le coût de la vie étudiante a baissé en région parisienne (et non pas seulement « s’est stabilisé ») : encadrement des loyers, frais d’agence, tarif unique de transport pour les zones 1 à 3.

3. « Une précarité grandissante pour les étudiants ». L’UNEF confond précarité et pauvreté. La précarité est définie par rapport à la situation d’emploi ; la pauvreté est définie par rapport au revenu disponible. Combien d’étudiants pauvres ?

4. « Pour que cette hausse du coût de la vie étudiante ne se traduise pas par un renforcement de la sélection sociale dans l’accès à l’enseignement supérieur, l’UNEF demande au gouvernement de réagir dès la rentrée ». L’UNEF ne lutte pas contre la sélection sociale ; au contraire, elle fait le jeu des classes aisées en n’exigeant pas la mise sur la table de l’ensemble des aides sociales aux étudiants (aides au logement, quotient familial et impôt sur le revenu, droits d’inscription peu élevés).

5. « Il ne serait pas acceptable que la rentrée 2015 soit la première du quinquennat sans aucune mesure pour soutenir le pouvoir d’achat étudiant ». L’UNEF crache dans la soupe : faut-il rappeler que pour la 1ère fois dans l’histoire contemporaine des universités, les droits d’inscription annuels ont été gelés. L’UNEF mentionne à peine cette décision démagogique du gouvernement.

5 Commentaires

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5 réponses à “L’UNEF crache dans la soupe

  1. François

    1) Je vous invite à aller consulter les sites de recherche de logement (SeLoger.com, PAP, Leboncoin, etc.) : l’encadrement des loyers est loin d’être réellement appliqué : les appartements proposés à la location sont bel et bien chers et souvent bien au delà de ce qui est autorisé (et les quartiers autrefois un peu abordables de Paris sont en train de s’aligner sur les autres).

    2) Le seuil de pauvreté en France est à 987€ par mois. Combien d’étudiants pauvres ? Une immense majorité.

    3) Mentionner le gel des frais d’inscription de 55 centimes ? Ce serait réellement démagogique quand près de la moitié des étudiants auraient besoin d’au moins 100€ de plus par moi pour survivre décemment ou rater moins de cours par nécessité d’aller travailler pendant ce temps….

  2. Alain Quemin, université Paris-8

    Cela fait bien longtemps que je ne crois plus que l’UNEF défende les étudiants. L’UNEF défend avant toute autre chose les intérêts de ses dirigeants pour leur assurer ensuite de jolies carrières au sein du PS. Une flamboyante machine bien huilée visant à produire des apparatchiks, petits nababs en puissance. Il faut les avoir vu dealer leurs voix, lors des élections à Paris-8, pour connaître leur manque total de convictions politiques. Ou voir aujourd’hui, le premier adjoint à la mairie de Paris voler au secours d’un gouvernement israélien d’extrême droite et d’extrême extrême droite lors des protestations contre Tel Aviv sur Seine, sans penser renier en rien ses convictions (?) (d’homme de gauche ?). La maison UNEF n’est plus à une ou deux propositions démago près pour attirer les voix sur lesquelles ses dirigeants pourront ensuite capitaliser à titre personnel…

    • romain

      effectivement on peut s’interroger sur les motivations de la bureaucratie syndicale, tant pour les organisations étudiantes que celles des salariés…
      quant aux valeurs de gauche du PS…depuis 1983 elles sont aux oubliettes…
      romain

    • François

      Et donc cela voudrait dire que le coût de la vie étudiante n’augmente pas et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
      Le problème est pourtant simple et reconnu par les acteurs institutionnels concernés : les aides sociales en faveur des étudiants sont insuffisantes et cette insuffisance participe au processus de reproduction sociale qui a lieu à l’université.

      En prenant la chose par le petit bout de la lorgnette du marronnier estival, l’UNEF ne fait que mettre la question à l’agenda d’une manière qui permette une reprise large par les médias (car étrangement, hors marronniers, quand il s’organise une manifestation rue Descartes comme le 5 mars dernier, elle est passée sous silence).

      Les péripéties individuelles de untel ou machin, les turpitudes électorales ne changent rien au fait qu’il y a aujourd’hui un problème de pauvreté étudiante et qu’il s’agirait de faire quelque chose, bon sang !

  3. Tristan

    Bonjour Cette enquête est fort critiquable, mais je ne partage pas vos critiques. Cette enquête n’est ni scientifique, ni « sérieuse » (agrégation de données non comparables en un indicateur flou). L’Unef n’en a ni les moyens, ni le besoin. D’abord parce que, même mal foutu, tous ces indicateurs sont crédibles. Les étudiants sont « pauvres » car, sans une famille un peu aisée derrière, ils sont en dessous du seuil de pauvreté. L’objectif de l’Unef est de communiquer sur ses revendications et sur son existence même. Ces revendications s’appuient sur une certaine interprétation de la réalité que l’indicateur vient confirmer, il n’est donc qu’ornemental (mais nécessaire). L’Unef est en crise. Son syndicalisme de masse supposé repose sur les bataillons de L1 à qui elle « fait une carte ». D’où l’utilité d’une présence médiatique avant la rentrée. Sur le fond du problème maintenant, oui le gouvernement est démago quand il gèle les frais universitaires (mais augmente le ticket RU par exemple). Oui l’UNEF est démago en répétant des revendications usées, exclusivement national. Et, sur le terrain, ces gens ne se bougent pas. Exemple local : les transports lillois sont chers. Mais la classe politique toute entière (Front de Gauche exclu) a voté des nouveaux tarifs, « plus solidaires » mais globalement plus chers. Les gratuités pour les chômeurs ou handicapés et le tarif « boursiers » sont passés à la trappe. Il y aura peut-être des gagnants mais beaucoup de perdants. Mais il n’y a personne pour s’indigner, même dans le monde étudiant local (à part SUD). Or, le transport est, pour certains étudiants, et notamment à Lille (où nombre d’étudiants habitent chez leurs parents et doivent payer le train et le métro), un poste de dépenses importants qu’il serait facile de réduire (je renvoie ici aux multiples argumentaires chiffrés sur la gratuité des transports en commun).