Diktats de Simone Bonnafous

Geneviève Fioraso a prononcé, le 28 avril 2014, de belles et bonnes paroles du haut de la Tour centrale de Paris 10 Nanterre. La Secrétaire d’État rétrogradée est allée « à la rencontre des étudiants et personnels du campus, pour y évoquer notamment les initiatives innovantes en matière d’éco-campus, de pédagogie numérique, d’entrepreneuriat social étudiant ou le projet de musée de la BDIC » (compte-rendu sur le site de l’université). Poudre aux yeux ! Un témoignage insolent sur cette visite par Bernard Lacroix, professeur de Sciences Politiques.

La réalité de Paris 10 est autre. Son existence en tant qu’université, qui fête ses 50 ans cette année, est menacée.

COMUE Université Paris Lumières et Contrat de site 2014-2019. 24 avril 2014, lettres d’attention de Simone Bonnafous, directrice de la DGESIP, à Jean-François Balaudé, président de l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense (UPOND) et à Danièle Tartakowsky, présidente de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis (UPVS).

La lettre à Jean-François Balaudé et celle à Danièle Tartakowsky constituent une rupture avec la politique contractuelle fondée à la fin des années 80. Désormais, le contrat, devenu quinquennal, ses objectifs et ses actions détaillées sont imposés par le Ministère. Finie l’autonomie de ces deux universités. Le temps est venu de leur pilotage direct par la bureaucratie de l’administration centrale. Simone Bonnafous, super-présidente de Paris-Lumières ? Qu’en dit le président Pascal Binczak, ex-président de Paris 8, ci-devant président en titre de cette COMUE, ex-Pres, l’un des derniers créés par décret du 1 octobre 2012.

Pour oser ce coup de force sans précédent, Simone Bonnafous s’appuie sur l’article 62 de la loi ESR qui « réaffirme le rôle stratégique et régulateur de l’État qui s’incarne notamment dans la mise en place d’une organisation territoriale coordonnée, visant au regroupement des établissements d’enseignement supérieur ».

Simone Bonnafous laisse certes l’illusion d’un minimum d’autonomie laissée aux deux universités de la COMUE (les statuts n’en sont pas encore votés !), mais c’est un leurre. « Je vous invite à finaliser un texte de 5 à 10 pages qui comprendra une proposition de jalons permettant de marquer les différentes étapes dans la réalisation calendaire de vos engagements… Ces jalons permettront également de s’assurer du maintien de la soutenabilité financière des actions conduites. Je vous saurais gré de bien vouloir me faire parvenir ce document dans le délai d’un mois ». Ces propos de la DGESIP dépassent l’entendement : finaliser des actions, en fixer le calendrier pour les 5 ans à venir, sans être assuré d’un financement (pas d’indication, même sommaire, sur l’enveloppe financière globale du contrat de site), c’est obliger les deux présidents à s’arracher les cheveux.

Avec l’appui de leur CA, ils devraient refuser ces diktats et demander à la DGESIP d’écrire elle-même le contrat ! Cela ferait gagner du temps à tout le monde ! Geneviève Fioraso et Simone Bonnafous ne devraient toutefois pas oublier que Nanterre et Vincennes ont guidé les révoltes universitaires à la fin des années 60 !

Pour aller plus loin. Chroniques sur la COMUE Université Paris Lumières, sur le président Balaudé, sur la présidente Tartakowsky, sur le président Binczak, sur la DGESIP Bonnafous.

3 Commentaires

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3 réponses à “Diktats de Simone Bonnafous

  1. Alain Quemin, université Paris-8

    On se souvient d’Edgar Faure et de son célèbre « Enrichissez les gauchistes ». Aujourd’hui comme hier, pour faire passer les réformes dans l’enseignement supérieur, il suffit de distribuer les bâtons de maréchal en maintenant ou créant des postes sans réel pouvoir mais très confortables – en particulier financièrement – pour ceux qui les occupent…. Voilà comment on amadoue les niveaux de pouvoir local élevé et comment on en fait les zélés serviteurs du Ministère…

  2. Martinville

    Fioraso ou la réforme bottée, à coup de triques…et de médailles pour les collabos…

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