Sphinx, Sphinges sur l’université

Sculptures de Sphinx ou de Sphinges sur les frontons du Palais Universitaire et de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg (BNUS) ? Je penche pour deux sphinges car ces puissants animaux androcéphales semblent avoir des seins. Album de 12 photos.

Copie de P1090419Questions que se pose l’auditeur libre n°21410029, inscrit en 1ère année de Licence d’Histoire de l’Art. Deux bâtiments prestigieux : quelle symbolique du Sphinx/Sphinge ?

Est-ce délibérément que les architectes de la BNUS (bâtiment de 10 ans postérieur à celui du Palais U) ont décidé de placer leur Sphinge, seule au sommet du fronton, alors que sur le Palais U, c’est Athéna qui occupe la place centrale ? Si oui, pourquoi ? La Sphinge est-elle une meilleur invitation, initiation au savoir ? Questions subsidiaire : qui sont les sculpteurs des sphinges? Je n’en ai trouvé de trace indirecte que pour le Palais U.

Marie-Noëlle Denis in Revue des sciences sociales. Le décor sculpté sélectionné par Michaelis, maître de l’archéologie grecque, et Baumgarten, historien, fait délibérément référence à l’Antiquité. Au fronton, au-dessus de l’élégante frise, une haute attique est ornée d’un groupe de cinq figures plus grandes que nature. Pallas Athénée, la Protectrice de la science se tient devant son trône, dans une attitude calme et solennelle, élevant son flambeau de la main droite, tenant de la main gauche abaissée une couronne. Des deux côtés du trône, les personnifications de la Philosophie et des Sciences naturelles occupées d’instruire chacune un jeune homme étendu à ses pieds. L’un des jeunes gens cherche à soulever le voile du sphinx, sous l’incitation de la muse plus âgée, tandis que la jeune sœur explique à l’autre élève un problème scientifique à l’aide du compas et d’un cristal.

Copie (2) de P1280644Histoires de symbolique : 4 sources. Égypte et Grèce. Le sphinx, énigme par excellence, est aussi le symbole du symbolisme, car en lui l’esprit s’efforce de sortir de la forme brute, sans y parvenir. Les sphinx sont des statues d’animaux accroupis, dont la partie supérieure se dresse, généralement surmontée d’une tête de femme et quelquefois d’une tête de bœuf (les Grecs y ajoutent parfois des ailes, comme dans le tableau de Gustave Moreau, Oedipe et le sphinx). On les trouve en Egypte en nombre infini, placées par centaines les unes à côté des autres. Elles sont faites d’une pierre très dure, polie, couverte hiéroglyphes. Certaines sont d’une si colossale grandeur que leurs ongles ont la taille d’un homme. Selon Hegel, ce sont des symboles typiques, c’est-à-dire des figures de l’esprit qui s’efforce de s’élever, tout en restant mêlé à des éléments étrangers. Ils sont énigmatiques, mystérieux, comme tout l’art égyptien. Accumuler des connaissances sur eux, les décrire dans le détail, n’ont pas permis aux savants modernes de percer leur énigme – et d’ailleurs ils étaient probablement aussi énigmatiques pour les Égyptiens eux-mêmes qu’ils le sont pour nous.

Force et Raison. Le sphinx est l’union de la force et la férocité extrêmes représentées par le corps du lion ; puis l’intelligence, la réflexion et la prudence représentées par la tête humaine ; alors quand il s’agit de la tête d’un Pharaon, le sphinx dans ce cas là représente un souverain fort et puissant, mais cette puissance est raisonnée par l’intelligence humaine. Le terme « sphinge » est actuellement donné aux sphinx de forme féminine (comme c’est le cas des sphinx ailées féminines de Gouzana en Syrie et de la Grèce) et aux sphinx de forme égyptienne à buste de femme (sphinge du jardin de Tuileries).

Le Sphinx est le symbole de l’initié. Très peu d’hommes sur terre peuvent revendiquer la qualité d’Initié, et moins encore de Maître de l’Initiation : NEB-MAAT. Car il faut souvent plusieurs existences, c’est à dire plusieurs réincarnations pour y parvenir. Il est impossible de faire croire à tout le monde qu’on est un Initié, si on n’en est pas un. Car non seulement les vrais Initiés qui possèdent des qualités supérieures, se rendront compte immédiatement de la supercherie. Mais aussi ceux qui ne possèdent pas encore ces qualités finiront par le découvrir, car une loi de la morale cosmique veut que les êtres n’obéissent et ne s’inclinent que devant quelqu’un qui leur est spirituellement supérieur. Ainsi, on ne peut pas abuser indéfiniment de la crédulité des autres… Le sphinx est le symbole de l’homme parvenu à la maîtrise totale de sa nature inférieure. Il permet ainsi à la Nature Divine d’agir librement et puissamment à travers lui.

Au Moyen-Age, le Sphinx était représenté par un lion ailé accroupi à tête et buste féminins. C’était aussi bien le gardien du seuil d’un lieu sacré ou d’une tombe que le symbole de la Connaissance difficile à acquérir.

1 commentaire

Classé dans C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), D. Allemagne

Une réponse à “Sphinx, Sphinges sur l’université

  1. Madeleine Zeller

    Venez découvrir l’exposition Métamorphoses, qui présente l’histoire architecturale de la BNU en même temps que les transformations de l’écrit (http://www.bnu.fr/action-culturel/agenda/metamorphoses-un-batiment-des-collections).
    Elle présente notamment les plans et dessins d’exécution depuis l’origine, le programme sculpté des médaillons à portrait, les restructurations successives jusqu’à la toute dernière (2011-2014).
    Le décor extérieur auquel appartient la sphinge surmontant le fronton de la façade principale est dû Johannes Riegger (1855-1916), sculpteur originaire de Baden et installé à Strasbourg qui avait décoré notamment le Parlement régional (actuel TNS).
    Comme le montre l’exposition, la dernière restructuration a redonné au décor sculpté son éclat originel (rénovation complète pour la façade principale, nettoyage pour les trois autres façades). Le catalogue de l’exposition reprend toutes les étapes des métamorphoses du bâtiment ainsi que celles de l’écrit.
    Madeleine Zeller, BNU (co-commissaire de l’exposition Métamorphoses)