La COMUE au nom usurpé

CNESER du 17 mars 2015 : examen du projet de décret portant approbation des statuts de l’université confédérale Léonard de Vinci. Sept membres de la COMUE : 5 universités (La Rochelle, Limoges, Orléans, Poitiers, Tours), École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique, INSA Centre Val de Loire.

Le CNESER doit voter contre ces statuts pour de très nombreuses raisons, et d’abord parce qu’il y a usurpation de titre. Ce n’est pas parce que Leonardo di ser Piero da Vinci a vécu les trois dernières années de sa vie (1516 à 1519), au château du Clos Lucé donné par François 1er, que des universités françaises ont le droit de s’approprier le nom d’un génie. Elles se ridiculiseraient d’ailleurs parce que Léonard n’a brillé en France que par l’organisation de fêtes et de réceptions pour la Cour ; aucun des projets de construction qu’il y a conçus n’a vu le jour. Une université pour faire continument la fête ! Une drôlerie de mauvais goût.

Est-il nécessaire de rappeler que le séjour français de Léonard est à l’origine de « la dispersion et de la perte des deux tiers des cinquante mille documents originaux multidisciplinaires, rédigés en vieux toscan et cryptés par Leonardo » (parmi le tiers non perdu, le Codex Atlanticus).

Les 5 universités se ridiculiseraient également aux yeux du monde entier, contrairement à leur objectif d’être une « université en réseau de dimension européenne et de visibilité internationale ». Enfin, le nom qu’elles veulent usurper est déjà pris, non seulement par le Pôle universitaire privé Léonard de Vinci, mais surtout par une université italienne (Unidav).

Critiques de cette COMUE par des élus au CA de l’université d’Orléans : lettre ouverte, critiques résumées dans un courriel du 12 mars 2015 : une COMUE sans enthousiasme, une COMUE sans nom, La pire COMUE de France? Cette COMUE  regroupe des actuelles régions Centre, Limousin et Poitou-Charentes, alors que deux de ces régions vont être absorbées par l’Aquitaine ! Soit une COMUE sur 13 départements mais sur une région et demie

Quelques commentaires critiques sur le projet de statuts. Dans le préambule, on trouve tous les poncifs pour justifier le regroupement, dont la fameuse subsidiarité ascendante.

Compétences de la COMUE (article 5) : elles sont potentiellement innombrables, mais deux des trois premières énoncées démontrent qu’il s’agit d’un regroupement à marche forcée, condition imposée par le Ministère pour espérer toucher des millions : élaboration et mise en œuvre du volet commun du contrat pluriannuel de site ; portage des projets du PIA2.

Démocratie représentative (article 8). Comme dans les autres COMUE, les enseignants (collège 4) sont minoritaires dans le CA (contrairement au CA de leurs universités membres – lois de 1968, 1984, 2013). Trois modes de scrutin différents ! Le CA de chacun des 7 établissements membres élira son représentant au CA de la COMUE ; scrutin direct pour l’élection des collèges 4 à 6 du CA ; scrutin indirect pour élire le Conseil académique.

Composition des listes de candidats enseignants (6 professeurs d’une part, 6 MCF d’autre part). Chaque liste de candidats au CA doit représenter au moins 3 des 4 secteurs disciplinaires, au moins cinq établissements membres et être composée alternativement d’un candidat de chaque sexe. Quadrature du cercle et belles pagailles en perspective.

Une innovation sévère pour éviter la multiplication des listes. La liste qui n’a pas obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 10% des suffrages exprimés n’est pas admise à la répartition.

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